Où est la limite?

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O첫 est la limite ? Recherche sur les liens financiers entre cinq groupes bancaires et des entreprises qui violent les droits humains


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Ce rapport s'inscrit dans le cadre de la campagne "Mon argent. Sans scrupules ?"

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TABLE

D E S MATIÈRES

Introduction ....................................................................................................................................................5 Chapitre 1 : Les banques et les régimes dictatoriaux ..........................................................................................7 1.1. Introduction..............................................................................................................................................7 1.2. Violations des droits humains en Birmanie ..................................................................................................9 1.3. L'appel à l'arrêt des investissements en Birmanie ......................................................................................10 1.4. Les multinationales et leurs investisseurs en Birmanie ................................................................................11 1.5. Conclusion ............................................................................................................................................16 Chapitre 2 : Les banques et les violations graves des droits du travail ................................................................17 2.1. Introduction............................................................................................................................................17 2.2. Les droits fondamentaux du travail de l'OIT, une partie importante des droits humains ..................................19 2.3. Violations des droits du travail dans les zones de libre échange ..................................................................19 2.4. Les multinationales responsables de violations des droits du travail et leurs investisseurs ..............................20 2.5. Conclusion ............................................................................................................................................27 Chapitre 3 : Les banques et les violations des droits humains lors de projets de grande ampleur ..........................29 3.1. Introduction............................................................................................................................................29 3.2. Le pipeline pétrolier BTC et ses financeurs ................................................................................................32 3.3. D'autres projets controversés et leurs financeurs ........................................................................................35 3.4. Conclusion ............................................................................................................................................37 Chapitre 4 : Votre banque et ses investissements dans des violations des droits humains : cinq portraits et une photo de groupe ..............................................................................................................39 4.1. Introduction............................................................................................................................................39 4.2. AXA ......................................................................................................................................................41 4.3. Dexia ....................................................................................................................................................43 4.4. Fortis ....................................................................................................................................................45 4.5. ING ......................................................................................................................................................47 4.6. KBC ......................................................................................................................................................49 4.7. La photo de groupe : schéma récapitulatif ................................................................................................51 Chapitre 5 : Une autre approche est souhaitable ..............................................................................................57 5.1. Des signaux positifs en provenance du secteur financier ............................................................................59 5.2. Les clients veulent que les droits humains soient respectés ........................................................................59 5.3. Une sous-commission de l'ONU déclare que les droits humains s'appliquent aussi aux entreprises..................60 5.4. Alternatives ............................................................................................................................................62 5.5. Revendications de la campagne ..............................................................................................................64 Aperçu des tableaux ......................................................................................................................................68 Annexe ........................................................................................................................................................69 Colophon......................................................................................................................................................76

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I NTRODUCTION ◗ Une multinationale construit un pipeline gazier en Birmanie, un pays dirigé par un régime dictatorial tout-puissant. L'entreprise utilise des militaires birmans, connus pour leur brutalité extrême pour libérer le trajet du pipeline et en assurer la sécurité. Des violations graves des droits humains en sont la conséquence logique. ◗ Une grande chaîne de distribution menace des représentants syndicaux, se fait livrer des produits bon marché qui ont été produits dans des conditions déplorables pour des salaires de misère et viole toutes sortes de droits des travailleurs. L'entreprise "gagne" régulièrement des prix comme "l'entreprise la plus irresponsable en matière de droits du travail". ◗ Un consortium d'entreprises construit un gigantesque pipeline pétrolier qui traverse plusieurs pays. Le consortium chasse illégalement des gens de leurs terres. L'opposition à ces travaux est violemment réprimée.

Toutes ces entreprises offrent une bonne rentabilité. Pourtant, peu de gens seront enclins à investir leur argent dans des entreprises qui violent de cette manière les droits humains. Pour tous ces gens, ce rapport n'a vraiment rien de rassurant. Les exemples ci-dessus sont en effet basés sur des pratiques concrètes d'entreprises existantes dans lesquelles cinq groupes bancaires investissent sans le moindre problème. Netwerk Vlaanderen a étudié pendant six mois les investissements des groupes bancaires AXA, Dexia, Fortis, ING et KBC. Dans ce rapport, vous pourrez lire les résultats déconcertants de cette enquête. Ces cinq groupes bancaires, qui disposent de la plus grande partie du marché en Belgique, investissent dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains. Dans ce rapport, on trouvera pour plus de huit milliards de dollars d'investissements. Et ce n'est même pas étonnant lorsqu'on se penche sur la politique de ces groupes bancaires en matière d'investissements. Le respect des droits humains n'est apparemment vraiment pas leur plus grande préoccupation. De cette manière, l'argent épargné ou placé par des clients qui ne se doutent de rien est investi contre l'intérêt d'autres personnes et leurs droits. Il est dès lors grand temps que le monde financier change son fusil d'épaule. Différentes études montrent que les clients veulent que les droits humains soient respectés. Faire des affaires en respectant les droits humains est possible, comme le montrent plusieurs alternatives sur les marchés financiers. La campagne "Mon argent. Sans scrupules ?" de Netwerk Vlaanderen revendique donc que les groupes bancaires mettent un terme à leurs investissements dans des violations graves des droits humains. Netwerk Vlaanderen revendique également que les groupes bancaires communiquent de manière ouverte et claire quant à leur politique en matière de droits humains et autorisent un contrôle externe sur la mise en œuvre de cette politique.

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CHAPITRE 1:

« Observer les hommes d'affaires qui viennent en Birmanie pour s'enrichir revient un peu à observer des promeneurs qui, dans un verger, couperaient des rameaux fleuris pour leur beauté fragile, aveugles à la laideur des autres branches, oubliant le fait que par leur action, ils mettent en péril la future récolte commettent une injustice à l'égard des propriétaires légitimes des arbres ». Aung San Suu Kyi Lettres de Birmanie

Les banques et les régimes dictatoriaux. 1. 1. INTRODUCTION De nombreuses sociétés multinationales travaillent dans des pays dotés de gouvernements non démocratiques ou dans des régions où sévissent des conflits armés. Bien que l'investissement étranger puisse avoir un impact positif sur la population locale, il arrive que les activités de ces sociétés conduisent à une détérioraOù est la limite?

tion grave de la situation. Nombreuses sont les dictatures qui subsistent grâce à l'apport de devises étrangères. Les régions en conflits où les multinationales sont à l'œuvre se caractérisent par un climat général d'abaissement des normes et des violations des droits humains. Par leur comportement, ces sociétés abusent ou perpétuent de cette situation dans certains cas. Dans ce chapitre, nous prendrons comme exem7


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ples les activités commerciales en Birmanie. Nous décrirons les violations des droits humains dans le pays et débattrons de l'appel au boycott des investissements en Birmanie lancé par l'opposition démocratique et la lauréate du prix Nobel, Aung San Suu Kyi. Et qu'en est-il des banques belges ? Investissentelles notre argent dans des sociétés aux politiques douteuses, dans l'un des régimes les plus brutaux du monde?

graves des droits humains. Le bilan des leaders militaires qui ont formé le gouvernement depuis 1962 est lamentable.

Investir dans des dictatures. Quel est le probleme ? Des sociétés actives dans des pays non démocratiques assurent, par le truchement de leurs activités : • un support financier à la dictature militaire ; • le recours aux forces policières ou militaires pour garder leurs sites ; • une légitimité ou un soutien au régime ; • un encouragement au conflit armé et à l'oppression. Elles reçoivent le soutien des banques qui investissent en achetant dans leurs actions.

1.2. VIOLATIONS D E S DROITS HUMAINS E N B IRMANIES La Birmanie (Myanmar) est une dictature militaire depuis 1962. A la suite de la répression violente des manifestations étudiantes de 1988, une nouvelle génération de militaires a organisé des élections en 1990. L'opposition non violente, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), a remporté ces élections avec plus de 80% de voix. Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991, est la figure de proue de l'opposition démocratique. Suite à la victoire de la LND, la junte militaire birmane s'est résolument opposée au transfert du pouvoir. Depuis lors, la démocratie est encore en recul. Contrairement à ce que voudraient faire croire certaines firmes étrangères actives en Birmanie, on peut dire que la situation y est désespérée. Une transition vers la démocratie à l'initiative de la junte militaire semble moins probable que jamais. Entretemps le pays se caractérise par un régime sanglant. Le gouvernement birman impose le travail forcé, il se livre à la torture et à d'autres violations Où est la limite?

◗ Les citoyens doivent travailler sur des projets tels que la construction de routes et de ponts ou l'entretien et l'approvisionnement des camps militaires. Ce travail forcé (environ 800.000 victimes) a été reconnu comme un crime contre l'humanité par l'Organisation Internationale du Travail (OIT).1,2 , ◗ Il y a en Birmanie plus de 1300 prisonniers politiques dont beaucoup sont régulièrement torturés3. On compte bon nombre de membres de la LND parmi ces prisonniers. ◗ Entre 600.000 et 1,000.000 de personnes ont été forcées de quitter leurs terres sans aucune compensation financière4. ◗ Le viol est largement pratiqué comme arme de guerre à l’encontre des femmes et des enfants des minorités ethniques . ◗ La Birmanie dispose de l'une des plus grandes armées d'Asie en dépit du fait qu'elle ne doit faire face à aucune menace extérieure6. Environ 50% du budget national sont consacrés aux dépenses militaires alors qu'une fraction seulement de ce montant est consacrée à la santé et à l’éducation.7 ◗ L'armée birmane recrute de nombreux enfants sol9


dats, contrairement aux déclarations officielles faites à ce sujet.8 L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch estime que les enfants soldats représentent entre 33 et 45% des nouvelles recrues de l'armée. Les enfants sont enlevés et enrôlés dans l'armée, traités brutalement durant leur formation ; ils doivent participer au travail forcé et font l'objet de pressions pour prendre part aux combats9.

L'Europe a elle aussi décrété différentes sortes de sanctions : retrait du statut d'échanges commerciaux préférentiels (1997) ; interdiction de délivrer des visas aux autorités ; gel des actifs ; interdiction de voyages ; embargo sur les armes (2002) ; suspension des programmes d'aide non humanitaire et des programmes de développement (2003)11. Depuis 2004, l'Europe a interdit certains investissements en Birmanie. La France, appuyée par l'Allemagne et l'Autriche, a réussi à obtenir des exemptions à l'interdiction d'investir pour certains secteurs et c'est ainsi que le pétrole, le gaz et le bois de construction échappent aux sanctions.12 Quoi qu'il en soit, la dictature militaire exerce un contrôle quasi complet sur l'économie officielle. En Birmanie, la distinction entre les sociétés gouvernementales et les sociétés privées n'a guère de sens. Les deux sont établies dans l'intérêt de la junte soit directement, soit indirectement. En outre la loi stipule que des sociétés étrangères ne peuvent pas acheter d'actions de sociétés birmanes. Si une société étrangère veut exercer des activités en Birmanie, elle doit presque toujours participer à une joint-venture. L'une des conséquences de ce contrôle exercé par la dictature militaire sur l'économie birmane est que les sociétés étrangères sont obligées de traiter avec la junte militaire ou ses protégés. Pire encore, les bénéfices générés par ces joint-venture apportent un soutien financier à la dictature. Ces rentrées sont à leur tour utilisées pour agrandir l'armée, laquelle porte un maximum de responsabilités dans les violations des droits humains13.

Villageois forcé de travailler pour l'armée birmane. Après avoir été blessé, il réussit à s'enfuir. Il n'a pas osé rentrer chez lui par crainte d'être puni, enlevé ou tué. Photo : Earth Rights International

Par suite des violations graves et systématiques des droits humains, un nombre croissant d'institutions internationales et de pays particuliers condamnent le régime militaire. Cette condamnation prend la forme de sanctions ou de mots. A l'heure actuelle, ce sont les Etats-Unis qui exercent les sanctions les plus strictes. Depuis 2003, l'importation de tous produits birmans est interdite! Les avoirs des dirigeants de la junte ont été gelés. Les Etats-Unis s'opposent à ce que des prêts multilatéraux soient accordés au pays. Depuis 1997, il est interdit d'investir dans le pays et toute aide bilatérale autre qu'humanitaire a été suspendue10. 10

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1.3. L’A P P E L

A L’ ARRET D E S

INVESTISSEMENTS E N

B IRMANIE

Pour toutes ces raisons, le seul représentant légitime du peuple birman, le parti démocratique d'opposition LND (Ligue Nationale pour la Démocratie) a lancé un appel au retrait de tous les investissements en Birmanie. Aung San Suu Kyi, dirigeante de ce parti et prix Nobel, demande au monde des affaires et aux sociétés étrangères de quitter la Birmanie et aux touristes de ne pas visiter le pays . Elle espère ainsi réduire les revenus des dirigeants militaires. Le régime est dépendant des investissements étrangers et du commerce pour une part substantielle de ses revenus. L'appui le plus soutenu à cet appel s'est manifesté le 20 juin 2005 dans un article paru dans « Le Soir » et «De Standaard ». L'article était signé par 23 docteurs honoris causa de l'Université catholique de Louvain (UCL) en ce compris d'éminentes personnal-


ités comme Jacques Delors, Lionel Jospin, Carla del Ponte et Jean-Luc Dehaene. Ces personnalités soutenaient l’appel fait par leur consoeur docteur honoris causa.15

1.4. LE S

MULTINATIONALES E T

L E U R S INVESTISSEURS E N

B IRMANIE En raison de cet appel et de la pression exercée par la communauté internationale, la plupart des sociétés occidentales se sont déjà retirées de Birmanie, parmi elles figurent British American Tobacco, Heineken, Triumph International, Levi Strauss Inc, Aon Corporation et Premier Oil. Quelques sociétés continuent de travailler dans le pays. Nous prenons Total comme exemple, mais nous montrons également que d'autres sociétés sont actives en Birmanie. Aung San Suu Kyi a qualifié Total de premier soutien du régime militaire birman16.

1.4.1. Total Active dans plus de 130 pays, Total17se place au 4ième rang mondial des sociétés pétrolières et gazières. Cette société est l'investisseur étranger le plus important de Birmanie. Deux mois après les élections de 1990, Total a signé un contrat avec les responsables militaires du pays pour procéder à des études et à des tests en

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Birmanie. En 1992, Total a obtenu un contrat pour l'extraction du gaz le long de la côte birmane et a reçu le droit d'exploiter le champ gazier de Yadana, dans le golf de Martaban, à 350 km de la côte birmane. L'opération fut menée en joint-venture avec la MOGE (firme birmane contrôlée par la junte), une société thaïlandaise18 et Unocal19. Le gaz extrait n'est pas seulement acheminé par un pipeline sous-marin, mais aussi via un pipeline terrestre long de 63km de la côte birmane à la Thaïlande. Le gouvernement a commencé a militariser la région avant la construction du pipeline. Les conditions de vie des fermiers, des ouvriers des plantations et des pêcheurs en ont été dramatiquement modifiées. La construction du pipeline s'est accompagnée de graves violations des droits humains et notamment : travail forcé, relocalisation forcée, service militaire obligatoire, torture, viol et recours à l’utilisation de citoyens pour dégager les champs de mines20. Des milliers de soldats, connus pour leur extrême brûtalilé, étaient stationnés le long du tracé du pipeline et patrouillaient dans la région21. Au terme du contrat signé avec son partenaire MOGE, Total stipulait que l'armée birmane serait responsable de la sécurité du pipeline. Total rémunérait ces services et les unités militaires stationnées le long du pipeline furent affublées du surnom de « bataillons Total ». L'armée exigea que des villageois participent à la construction de l'infrastructure militaire le long du pipeline. Total fut obligé de verser des compensations à certaines victimes du travail forcé. Cela n'a pas empêché Total d'être accusée devant des tribunaux français et belges d'implication dans des violations des droits humains. Unocal, son partenaire américain a connu le même sort aux Etats-Unis22. Les revenus de l'extraction gazière ont aussi été liés à l'achat d'armes par le régime militaire, spécialement l'achat d'hélicoptères russes MIG et d'avions de combat23. Le projet Total prévoit un soutien financier substantiel au profit de la junte. Les estimations tournent autour de 400 millions de $US par an24. Total est la plus grosse société française ayant un impact très important sur le gouvernement français, ce qui a conduit la France à bloquer des sanctions plus sévères de l'Union Européenne à l'encontre de la Birmanie.

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« Au début des années quatre-vingtdix, Total fit miroiter l'espoir de revenus substantiels à une junte militaire qui venait de s'emparer du pouvoir par la force. L'implication de Total était importante pour ouvrir la voie à d'autres investisseurs. Le pipeline Yanada est aujourd'hui devenu l'orgueil de la dictature. De plus, cet investissement lui permet de légitimer son pouvoir (...) Nous nous opposons aux investissements étrangers dans le pays à cause de la situation politique et parce que seuls les militaires et un petit groupe d'hommes d'affaires en retirent du profit. Total a pris la responsabilité d'investir massivement en Birmanie tandis que d'autres décidaient de se retirer pour des raisons éthiques. Cette société doit en supporter les conséquences. Le pays ne sera pas éternellement gouverné par des dictateurs ». Aung San Suu Kyi Nouvel Observateur 18 - 24 mai 2000

Les bataillons Total Selon des témoins, le bataillon responsable de la sécurité de la conduite de gaz de Total et les sept autres bataillons Total perçoivent de TotalFinaElf une compensation mensuelle ainsi que des avantages en nature. C'est ce que révèlent des entretiens accordés à un correspondant du journal belge « De Morgen »25. Ces reportages donnent une idée de quelques unes des conséquences des agissements de Total en Birmanie sur la population locale. …Le commandant Zaw Lwin a refusé de donner la moindre indication sur l'ampleur de ces « largesses » mais ses soldats ont été moins discrets. Thein est un étudiant qui fut forcé de rejoindre l’armée birmane, la Tatmadaw, en 1989. Depuis l991, il est responsable de la protection du pipeline TotalFinaElf. « Tous les mois » dit-il, « le commandant reçoit de l'argent mais également de la nourriture, des médicaments, des vêtements et des chaussures pour ses soldats ». Un déserteur du 402ème bataillon est encore plus précis : « Notre commandant Aung Than Hoo, a reçu deux voitures de Total. De même, » dit-il « il lui suffit d'envoyer un message radio pour qu'un hélicoptère de la société vienne livrer des munitions à ses hommes. A maintes reprises, notre bataillon a reçu des grenades de 60 et 81 mm, ainsi que des caisses de munitions pour nos mitrailleuses. » Ces fournitures ont été effectuées au paroxysme de la terreur, provoquée par l'armée gouvernementale en territoire Karen. Un villageois qui s'était enfui de la zone du pipeline vers la Thaïlande raconte : « En novembre 1999, le commandant Kyaw Soe et quelques hommes du 273ème bataillon chargés de la sécu-

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rité du personnel de Total sont arrivés dans notre village. Ils ont obligé tous les hommes à prendre part à la construction d'une route entre Kanbauk et Ongpin Gwin. Non seulement les hommes étaient forcés de construire la route sans compensation, mais en outre, chaque famille du village devait fournir à ses frais des matériaux de construction. Durant tout un mois, dit le réfugié, nous avons cassé des cailloux et travaillé sur une route qui n'est utilisée que par les voitures de Total . Refuser de travailler, c’était la prison, et obéir aux ordres des militaires signifiait : je ne pourrai pas donner à manger aux enfants vu que l'on devait travailler sans interruption de six heures du matin à cinq heures du soir « Fuir » décida l'homme, « était la seule alternative qui nous restait » ». Selon plusieurs histoires confirmées, des dizaines de petits villages proches du pipeline ont été rasés et les habitants chassés de leurs terres. Yé, un déserteur du 402ème bataillon raconta : « On leur disait simplement qu'ils devaient quitter la région dans les trois jours et que s'ils n'obtempéraient pas, on reviendrait mettre le feu à leurs maisons ». Quand il apprit que TotalFinaElf déniait avoir jamais forcé des gens à quitter leurs terres, Yé a déclaré : « Je ne suis pas d'accord. J'ai participé personnellement à de telles opérations quand je travaillais pour eux à Thepye Chaung ». Selon un villageois qui avait fui la région « les gens prétendaient que nous devions nous réjouir du projet Total, car c'était bénéfique pour le développement de la région, mais nous ne retirons aucun avantage du pipeline, contrairement à Total et à l'armée ». TotalFinaElf a qualifié les accusations de cet article de « dépassées et non fondées ». La société affirme que la sécurité de ses projets en Birmanie, tout comme dans les autres pays, relève de la responsabilité militaire. Ce pipeline s'étend sur 60km et traverse des zones peu peuplées qu, ce faisant, selon TotalFinaElf ne sont guère susceptibles d'induire des relocalisations de populations et encore moins du travail forcé. La société affirme également que chaque année, elle distribue 2 millions de $ US pour aider la population. Les populations dépossédées de leurs biens par le pipeline Total sont chassées de leurs terres et obligées de prendre part au travail forcé. Des organisations de défense des droits humains et de nombreux pays occidentaux ont condamné le travail forcé au Myanmar.

Des travailleurs construisent le gazoduc de Yadana dans la région de Tenasserim Où est la limite?

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Liens entre Total et les groupes bancaires

Liens entre Petronas et les groupes bancaires

Les groupes bancaires objet de l'enquête investissent26 les montants suivants dans Total: 27

Trois groupes bancaires (AXA, ING et KBC) sur lesquels ont porté l’enquête, investissent32 les montants suivants dans Petronas.

Tableau I : Investissements dans Total28 Nombre d’actions AXA DEXIA FORTIS ING KBC Total

Tableau 2 : Investissements dans Petronas33

Valeur des % actions en des actions US dollar dans Total

Nombre d’actions

4.966.019 1.100.671.093 1.165.429 258.303.089 896.414 198.679.203 2.892.216 616.331.230 971.300 215.276.769

0,78% 0,18% 0,14% 0,46% 0,15%

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

10.891.378 2.389.261.384

1,72%

Total

Les cinq groupes bancaires objet de l'enquête investissent un montant combiné de presque 2,4 milliards de $ US, soit 1,72% des actions de la société. En janvier 2005, Total Capital SA a émis des obligations à 6 ans sur le marché des capitaux du Bénélux pour une valeur totale de 100 millions de $ australiens (56 millions d'Euro). Fortis Banque a géré l'opération29

1.4.2. Les autres multinationales en Birmanie 1.4.2.1. Le secteur de l'énergie En 1989 le ministre birman de l'énergie a ouvert le marché aux sociétés étrangères. Total, de même que Mitsui, Nippon Oil, Petronas et d'autres sociétés américaines et asiatiques ont répondu à cette offre.

Valeur des % actions en des actions US dollar Petronas

972.000 0 0 17.000 107.200

1.069.200 0 0 31.763 200.295

1.096.200

1.301.258

0,10%* 0,00%** 0,15%**

* = investissements dans Petronas Gaz ** = investissements dans Petronas Dagangan. La société japonaise MITSUI34 entretient des relations suivies avec les autorités birmanes. Elle a développé des projets comprenant un zoning industriel réservé à des sociétés japonaises en coopération avec le gouvernement35. Mitsui est également impliquée dans le projet d'extraction de gaz de Yadana. Elle est parvenue à un accord avec le gouvernement pour la construction d'une centrale et d'une unité de production de fertilisants à Rangoon, la capitale birmane. Mitsui peut assurer la coordination de ce projet de +/- 700 millions de $ US et installer un gazoduc de 250km entre les champs gaziers de Yadana et ces sociétés.36 Liens entre Mitsui et les groupes bancaires Les groupes bancaires objet de l'enquête investissent37 les montants suivants dans Mitsui Tableau 3 : Investissements dans Mitsui38

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Petronas , société malaisienne, travaille via des filiales telles que Petronas Gaz et Petronas Dagangan dans différents pays où les droits humains posent problème. Petronas Gaz est propriétaire d'une société qui recherche et produit du pétrole et du gaz en Birmanie. Cette société possède une part du gazoduc de Yetagun, proche du gazoduc de Yadana (projet de Total et Unocal) et elle a conclu différents accords de fourniture et d'exploitation avec le gouvernement birman. Petronas a également été critiquée par les organisations défendant les droits humains pour ses activités au Soudan, au Tchad et en Thaïlande .31

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Nombre d’actions AXA DEXIA FORTIS ING KBC Total

Valeur des % actions en des actions US dollar dans Mitsui

8.601.220 274.000 969.930 424.000 137.000

77.809.202 2.478.775 8.774.593 3.835.769 1.239.388

0,54% 0,02% 0,06% 0,03% 0,01%

10.406.150

94.137.727

0,66%


La Nippon Oil39, également japonaise, a aussi des intérêts non négligeables dans les secteurs du gaz et du pétrole birmans. La Nippon Oil a acquis une participation de 19% d'un projet avec la société gouvernementale MOGE, un distributeur de gaz Thaïlandais et Petronas. Le projet fournit du gaz à des sociétés d'électricité en Thaïlande40. Liens entre Nippon Oil et les groupes bancaires Quatre groupes bancaires (AXA, DEXIA, ING et KBC) investissent41les montants suivants dans la Nippon Oil. Tableau 4 : Investissements dans Nippon Oil42 Nombre d’actions

Valeur des % actions en des actions US dollar Nippon Oil

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

1.673.275 274.000 0 1.822.000 691.650

11.054.250 1.810.142 0 12.036.780 4.569.286

0,11% 0,02% 0,12% 0,05%

Total

4.460.925

29.470.458

0,30%

1.4.2.2 Le secteur du bois. L'industrie du bois représente également une importante source de revenus pour le gouvernement birman. Ce sont en premier lieu des sociétés chinoises et thaïlandaises qui exploitent et commercialisent le bois. La qualité supérieure du teck birman est connue dans le monde entier. Ce bois est utilisé dans la fabrication de meubles de jardin et des revêtements de ponts de bateaux, de même que dans d'autres applications. L'industrie forestière est gérée par la junte et ses proches. Elle se caractérise par la corruption, l'illégalité et la destruction des forêts à grande échelle. Les habitants des zones forestières sont chassés de leurs terres et forcés de travailler pour les militaires. Des centaines de milliers d'entre eux cherchent asile dans les camps de réfugiés de Thaïlande. La déforestation se développe à un rythme alarmant, le rythme le plus rapide de l'Asie du sud-est. En 1999 - 2000, les exportations officielles de bois birman étaient do 806.000 m3, tandis que les pays importateurs annonçaient un chiffre de 1,72 millions de m3. La différence donne un aperçu de l'étendue de la déforestation illégale dont la valeur est estimée à 200 millions de $ US43. Le bois de Birmanie arrive sur le marché sous le label internationalement accepté le «bois de conflit » 44. Où est la limite?

De nombreuses sociétés exploitant le bois birman sont chinoises ou thaïlandaises ; elles restent dans l'ombre et ne sont pas cotées en bourse. En contraste, des sociétés internationales bien connues font le commerce international de ce bois. En dépit de l'illégalité de cette industrie forestière et de ses conséquences sociales et écologiques pour la population birmane, ces sociétés poursuivent leur commerce de bois birman. DLH, firme danoise de commerce du bois45, joue un rôle mondial dans la distribution du teck birman. Elle fait l’objet d’une pression internationale pour qu'elle cesse de commercialiser ce bois mais refuse toute autre mesure que l'instauration d’un quota d'importation de teck birman. En Belgique, de nombreux distributeurs de bois continuent de commercialiser le teck birman46. Liens entre DHL et les groupes bancaires L'un des groupes bancaires objet de l'enquête(AXA)47 investit dans DLH. Tableau 5 : Investissements dans DLH48 Nombre d’actions

Valeur des % actions en des actions US dollar dans DHL

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

11.400 0 0 0 0

1.049.680 0 0 0 0

0,66% -

Total

11.400

1.049.680

0,66%

1.4.2.3 : Le secteur minier. Une autre source importante de revenus est l'industrie minière. La Birmanie est riche en ressources naturelles telles que l'argent, le plomb, le zinc, le cuivre et les pierres précieuses. Les mineurs traditionnels extraient les réserves depuis des siècles. Précédemment, la Birmanie ne disposait pas des capitaux ni de l'expertise nécessaires pour exploiter ces ressources sur une grande échelle. Le régime militaire sait très bien qu'il a besoin de l'aide internationale pour accéder aux réserves non encore exploitées. C'est pour cette raison qu'au début des années nonante, il s’est ouvert au partenariat avec des sociétés internationales. Friedland, un entrepreneur canadien, a commencé à travailler avec les généraux. Ivanhoe Mines , l'une de ses nombreuses sociétés, exploite actuellement la 15


mine de cuivre de Monywa. Il s'agit de l'investissement minier le plus important en Birmanie et comme les autres investissements étrangers, il est fait en partenariat avec le gouvernement birman. Ivanhoe Mines49a investi environ 60 millions de $ US en Birmanie. Alors que s'accentue la pression sur les sociétés occidentales en Birmanie, Ivanhoe accroît ses engagements dans le secteur minier birman et continue de chercher d'autres projets. Tout, comme 1'industrie du pétrole et du gaz, l'industrie minière birmane recourt au travail forcé pour installer ses infrastructures50. La mine de Monywa est financée en partie par la société japonaise Marubeni qui, avec la firme Nissho Iwai Corp, a financé à hauteur de 90 millions de $US la réalisation de la première phase du projet51. Marubeni52 travaille activement dans des secteurs tels que le pétrole, le gaz, l'habillement et le bois. Elle a obtenu du gouvernement des contrats pour la fourniture de pétrole brut53 et pour la construction de machines. Comme à l'époque de ces contrats il était interdit que la Birmanie reçût du Japon des prêts officiels de développement, le gouvernement birman a conclu avec Marubeni un arrangement qui différait de trois ans la date de paiement54. La société possède une filiale en Birmanie et entretient des liens étroits avec le gouvernement birman .55 Liens entre Marubeni et les groupes bancaires Quatre groupes bancaires (AXA, DEXIA, ING et KBC) investissent56 les montants suivants dans Marubeni : Tableau 6 : investissements dans Marubeni57

16

Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Marubeni

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

3.323.000 187.000 0 52.000 147.000

10.637.300 598.608 0 166.458 470.564

0,22% 0,00% 0,00% 0,00%

Total

3.709.000

11.872.930

0,25%

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1. 5. CONCLUSION A notre surprise, la plupart des sociétés citées cidessus entrent dans le portefeuille des banques belges sur lesquelles a porté l'enquête. Ce n'est semble-t-il pas un problème pour les banquiers de placer les économies ou les investissements de leurs clients dans des sociétés travaillant en Birmanie et ce, en dépit du consensus international qui veut que l'on ne fasse pas des affaires en Birmanie. Cette forme d'investissement étranger contribue aux violations des droits humains perpétrées dans l'une des dictatures les plus dures du monde.

ANNEXE : Les représentants du peuple birman demandent aux banques belges de désinvestir. Par la voix de Daw San San, une parlementaire qui (comme ses collègues) fut écartée lors du coup militaire, la Ligue Nationale pour la Démocratie demande aux banques belges de ne pas investir en Birmanie. Le parti d'Aung San Suu Kyi considère que les banques belges ne devraient apporter aucune forme de soutien aux sociétés qui refusent de se retirer du pays. « J'ai cru comprendre qu'un certain nombre de banques belges n'ont pas de politique en place empêchant les investissements dans ces sociétés. Je suis convaincue que cela n'est pas dû à un manque de volonté d'intégrer les principes d'éthique dans votre politique financière et de crédit. Je ne doute pas que vous admettiez que la violation des droits humains élémentaires doit être prise en compte quand s'effectue le choix des sociétés dans lesquelles vous investissez. Je vous demande dès lors d'élaborer une politique qui empêche tous liens financiers avec les firmes qui travaillent encore en Birmanie. » Déclaration de Dawn San San. (La lettre complète de Daw San San est en annexe de ce dossier)


CHAPITRE 2:

Les banques et les violations graves des droits du travail 2. 1. INTRODUCTION En 1890, la population d’Alost travaillait dans des conditions effroyables dans des usines de textile : les travailleurs étaient exploités et manipulés par les directeurs d'usines appâtés par le profit. Nous connaissons tous "Daens", la perle cinématographique belge qui décrit cette situation dramatique. Mais que diriez-vous si vous appreniez que de telles conditions de travail existent toujours. Pas à Alost, mais à

Où est la limite?

Guadalajara ou à Dongguan. Les gains ne profitent plus aux "directeurs d'usines", mais à des épargnants et investisseurs du monde entier par le biais de leurs banques. Dans ce chapitre, Netwerk Vlaanderen étudie dans quelle mesure les banques belges ont des liens financiers avec des entreprises actives dans les zones de libre échange de pays appliquant des bas salaires. Les banques étaient-elles actionnaires de ces entreprises au moment où des violations des droits du travail ont été constatées ?

17


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Investir dans des zones de libre échange. Quel est le problème ?

coupables de violations graves des droits du travail. Elles ne respectent pas les droits humains.

Les entreprises actives dans les zones de libre échange de pays appliquant des bas salaires violent parfois les droits des travailleurs parce que :

Principes et droits fondamentaux au travail Droit d'association et de négociation collective (conventions 87 et 98 de l'OIT) Elimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire (conventions 29 et 105 de l'OIT) Abolition du travail des enfants (conventions 138 de l'OIT) Elimination des discriminations sur le lieu de travail (conventions 100 et 111 de l'OIT)

• les groupes qui défendent les intérêts des travailleurs, comme les syndicats indépendants, y sont souvent interdits ou opprimés • les autorités locales n'interviennent pas contre les mauvaises conditions de travail dans ces zones de production • les salaires et la sécurité d'emploi des travailleurs y sont extrêmement bas. Les banques profitent des gains que ces entreprises engrangent grâce à de telles conditions de travail.

2.2. LE S

DROITS FONDAMENTAUX

D U TRAVAIL D E L ' O I T , U N E P A RT I E IMPORTANTE D E S DROITS HUMAINS Un être humain passe une partie importante de son temps au travail. Les violations de ses droits de travailleur, comme le travail forcé ou le manque de sécurité, sont des violations des droits humains.58 Mais quels sont précisément ses droits sur le lieu de travail ? L'Organisation Internationale du Travail (OIT)59, une organisation internationale faisant partie des Nations Unies, répond à cette question. Depuis sa création, l'OIT a rédigé près de 200 conventions relatives aux conditions de travail. Ces conventions mettent en lumière les droits des travailleurs. Pour définir les fondements du droit du travail, l'OIT a promulgué en 1998 l'importante "Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail". Cette déclaration formule quatre normes fondamentales liées au travail qui se retrouvent dans huit conventions de l'OIT. Le travail des enfants, le travail forcé, les discriminations sur le lieu de travail et la persécution ou l'interdiction des syndicats sont strictement prohibés. En outre, la "Déclaration de principes tripartite de l'OIT sur les entreprises multinationales et la politique sociale"’61 définit un certains nombre de normes complémentaires importantes, parmi lesquelles la responsabilité des entreprises. Les entreprises qui transgressent systématiquement une ou plusieurs de ces normes fondamentales sont

Où est la limite?

Principes pour les entreprises multinationales et la politique sociale Droit à la sécurité de travail Droit à un salaire vivable (conventions 26 et 131 de l'OIT) Droit à des conditions de travail sûres et saines (convention 155 de l'OIT) Prise en compte du nombre maximal d'heures de travail (48+12) (convention 1 de l'OIT)

2.3. VIOLATIONS

D E S DROITS D U

TRAVAIL D A N S L E S Z O N E S D E LI B R E É C H AN G E Depuis les années septante, on compte de plus en plus de zones de libre échange ou de zones franches pour l'exportation dans les pays appliquant des bas salaires. L'OIT définit ces zones de libre échange comme "des zones industrielles bénéficiant de stimuli spéciaux afin d'attirer les investisseurs étrangers où des matériaux importés subissent un certain degré de transformation avant d'être à nouveau exportés".62 Les stimuli spéciaux sont accordés par les pays d'accueil qui espèrent que les zones de libre échange créeront de l'emploi et généreront des revenus. Dans ces zones, les faveurs vont d'une législation plus souple, entre autres en matière de droits du travail et de protection de l'environnement, à des exemptions d'impôts. En 2004, le monde comptait déjà 5.174 zones de libre échange, dans lesquelles travaillent environ 42 millions de personnes (en grande majorité des femmes).63 Plus de la moitié de ces travailleuses sont employées en Chine. Les entreprises installées dans les zones de libre échange fabriquent principalement du textile et du matériel électronique pour les marchés occidentaux.64 Les zones de libre échange contribuent de manière substantielle à l'emploi dans de nombreux pays, et beaucoup d'entreprises actives dans ces zones travail19


lent de manière raisonnable selon les normes locales. Pourtant, certaines zones franches pour l'exportation ont une mauvaise réputation. Personne ne peut oublier les images de la Campagne Vêtements Propres montrant des jeunes filles qui travaillent 16 heures par jour pour un salaire de misère. Mais les longues journées de travail et les bas salaires ne sont pas tout. Ces dix dernières années, on a constaté des violations graves de toutes les normes de base de l'OIT dans les zones de libre échange.65 Travail forcé, travail des enfants, interdiction des syndicats et des négociations collectives, incertitude du travail, discrimination à l'embauche ou sur le lieu de travail et conditions de travail dangereuses. Tout cela se produit dans ces énormes zones de production. Les raisons de ces infractions aux normes du travail sont nombreuses. Tout d'abord, il n'est pas difficile de trouver des travailleurs qui veulent travailler soi-disant volontairement dans des conditions inhumaines. Dans le monde entier, un milliard de personnes vivent avec moins d'un euro par jour, et la malnutrition touche presqu'autant de personnes. En outre, les autorités (locales) de nombreux pays pratiquant des bas salaires n'interviennent pas contre les infractions aux droits du travail. Ces autorités disposent d'une législation sociale inadéquate ou ne peuvent pas mettre en pratique leur fonction régulatrice en raison d'un manque de moyens ou de volonté. Ces dernières années, les infractions aux droits du travail ne diminuent pas dans les zones de libre échange, au contraire.66 Cette situation s'explique par la concurrence accrue sur le marché des sous-traitants et par les pressions exercées par les grands clients comme Nike ou Wal-Mart afin de réduire les coûts de production. Une chaine comme Wal-Mart achète ses produits auprès de milliers de sous-traitants dans des

une travailleuse du textile dans une zone de libre échange 20

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pays pratiquant des bas salaires.67 Ces producteurs sont en concurrence pour s'attirer les faveurs de WalMart. Le dernier coût sur lequel les sous-traitants peuvent épargner est celui du travail.68 Et les travailleurs ont très peu de possibilités pour s'opposer à cette situation, surtout lorsqu'ils ne disposent pas de syndicats indépendants, qui sont interdits dans de nombreuses zones de libre échange, comme au Bangladesh et en Chine. Tout cela a pour conséquence que les investissements dans des zones de libre échange sont pour le moins risqués et souvent controversés en matière de respect des droits humains.

2.4. LE S

MULTINATIONALES

RESPONSABLES D E VIOLATIONS D E S D R O I TS D U TR AVAI L E T L E U R S INVESTISSEURS La plupart des produits en provenance des zones de libre échange sont vendus sur les marchés occidentaux. Dans de nombreux cas, les installations de production dans des pays pratiquant des bas salaires ne sont pas la propriété des entreprises multinationales qui vendent les produits. Mais comme l'affirment avec insistance les institutions internationales et les organisations de défense des droits humains, la responsabilité en matière de conditions de travail s'inscrit en parallèle avec l'intérêt commercial.69 Les multinationales qui veulent organiser leur production au prix le moins élevé possible à l'échelle mondiale mais refusent d'endosser la moindre responsabilité pour les conditions de travail qui en découlent témoignent d'une attitude proche de celle du "capitalisme sauvage" du 19ème siècle. Nous avons repris dans ce rapport des entreprises qui, outre les violations des droits du travail chez leurs sous-traitants, ont commis des violations graves de ces mêmes droits en leur sein même. Il s'agit d'entreprises qui ont été mises en cause par des rapports internationaux parce qu'elles ont commis des infractions graves aux droits du travail dans des zones de libre échange ou dans d'autres installations de production installées dans des pays pratiquant des bas salaires ou en Occident. Nous avons vérifié à chaque fois si les cinq groupes bancaires étudiés possédaient des actions de ces entreprises. Cela fait en effet un certain temps que les infractions des normes de base de l'OIT commises par ces entreprises sont largement connues. Outre les multinationales étudiées dans ce rapport, des dizaines d'autres ont été mises en cause pour des pratiques du même genre dans les zones de libre échange.


Un exemple récent prouve que les banques se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond et qu'elles ne peuvent pas laisser leurs clients dans l'ignorance lorsque les choses tournent mal. Un article publié le 19 août dernier dans le South China Morning Post a dévoilé que six grandes banques, parmi lesquelles ING, étaient les principaux actionnaires de Henan Rebecca Hair Products.70 Cette entreprise cotée en bourse est le numéro un du marché des perruques en Chine et exporte vers l'Occident. Selon les preuves avancées par le journaliste, une partie de la production de Henan est fabriquée dans des camps de rééducation chinois. Le travail effectué dans ces camps est décrit par l'OIT, Human Rights Watch et d'autres organisations comme du travail forcé. Quatre jours après ces révélations, ING a réagi par le biais d'un courrier au site Business & Human Rights Resource Center, où les données relatives à cette affaire sont rassemblées.71 Mme de Wolff-Janssen, Head Corporate Responsibility d'ING, écrit : "Forced labour is regarded as unacceptable by the international community. Several international treaties (e.g. UDHR) strictly forbid the use of forced labour.(…) In this particular case ING has passed on all relevant information about the alleged controversial activities of the company to all clients invested in the company and has been informed that the clients are now urgently reviewing the situation." Avec une telle attitude d'ouverture dans ce cas spécifique, ING a été la plus progressiste de toutes les banques mises en cause. Nous sommes curieux de voir si, à l'avenir, les banques feront de cette ouverture en matière de violations des droits du travail une politique permanente plutôt qu'une solution d'urgence lorsque les choses tournent mal.

2.4.1. Wal-Mart La première entreprise sur laquelle nous nous penchons est Wal-Mart. Wal-Mart Stores est la plus grande chaîne de distribution au monde, avec un chiffre d'affaires de 285 milliards de dollars en 2004. L'entreprise emploie 1,6 millions de personnes dans 3600 supermarchés, principalement aux Etats-Unis.72 En raison des conditions de travail lamentables chez Wal-Mart et ses fournisseurs, l'entreprise a gagné en janvier 2005 le Public Eye Award 2005 de l'entreprise la plus irresponsable en matière de droits du travail.73 WalMart a été porté candidat pour ce prix par la Campagne internationale Vêtements Propres. Auparavant, Wal-Mart avait déjà gagné trois fois sur quatre le prix peu reluisant de Sweatshop retailer of the year attribué par le Maquila Solidarity Network.74 Où est la limite?

Le cynisme involontaire du logo de Wal-Mart

Ces cinq dernières années, Wal-Mart a commis entre autres les infractions suivantes bien documentées aux normes de base de l'OIT : ◗ Le Labor Department du gouvernement américain a visité 25 supermarchés de Wal-Mart entre 1998 et 2001. Dans ces magasins, 85 mineurs étaient employés à des tâches dangereuses. Pour ces infractions à la loi sur le travail des enfants, WalMart a reçu début 2005 une amende de 135.540 dollars.75 ◗ Toujours aux Etats-Unis, des dizaines de procédures sont en cours pour "union-busting". Des gérants de Wal-Mart enregistrent, menacent et licencient régulièrement de manière illégale des militants syndicaux et mettent tout en œuvre pour rendre la vie dure aux syndicats. Le syndicat qui suit ces procédures est le United Food and Commercial Workers Union (UFCW). Entre 1998 et 2003, cela a entraîné le dépôt de 45 plaintes par le National Labor Relations Board (NLRB) contre Wal-Mart pour des infractions à la législation du travail en matière de droit de libre association et de négociation collective. Wal-Mart a déjà été condamné par le Labor Department dans dix affaires, huit ont été réglées par un accord entre les parties et les autres sont toujours en cours.76 ◗ En 2001, six femmes originaires de Californie ont déposé une plainte contre Wal-Mart parce qu'elles n'entraient pas en ligne de compte pour des promotions et étaient moins payées que des hommes pour le même travail. Cette plainte est devenue la plus grande procédure judiciaire en matière de discrimination de l'histoire des Etats-Unis : 1,6 millions de femmes, anciennes ou actuelles employées de Wal-Mart, se retournent contre l'entreprise.77 ◗ Le 16 janvier 2003, des milliers de travailleurs de la zone de libre échange de Ruaranka, au Kenya, 21


se sont mis en grève pour une journée. Ils ont introduit 16 plaintes auprès du ministère du travail, entre autres pour des problèmes de paiement des salaires, la répression du syndicat, des intimidations sexuelles, des heures de travail excessives et des heures supplémentaires non payées. Ils s'étaient organisés légalement mais, le 3 février 2003, ils ont trouvé les portes de leurs usines fermées avec le message qu'ils étaient tous licenciés. Plus de 8.000 travailleurs ont ainsi perdu leur emploi. Par après, les travailleurs non affiliés au syndicat ont été à nouveau engagés. Cette infraction évidente aux normes de base du travail a été étudiée par la Campagne Vêtements Propres.78 Sur les cinq usines visées, trois fournissaient des produits à Wal-Mart : Baraka, Kentex et Jar. ◗ janvier 2001 et mars 2002, l'entreprise salvadorienne Cofecciones Ninos, active dans la zone de libre échange de San Marcos, a entre autres fourni des produits à Wal-Mart. Human Rights Watch y a constaté les violations suivantes des droits du travail : discrimination illégale du syndicat et des militants syndicaux, licenciements illégaux, pas de paiement ou paiement tardif des salaires et des primes de licenciement et absence de paiement des heures supplémentaires et de la prime de fin d'année légalement obligatoire.79 ◗ Une plainte équivalente a été déposée en janvier 2003 par le Lesotho Clothing and Allied Workers Union (LECAWU), qui dénonçait les problèmes constatés dans 21 usines collaborant avec WalMart. Les infractions aux normes du travail allaient de journées de travail trop longues à des intimidations verbales et physiques en passant par le mauvais traitement des femmes enceintes et les infractions à la liberté d'association. Les travailleurs des ateliers y gagnent 54 dollars par mois.80 Au Malawi, les salaires atteignaient même un minimum absolu de 14 dollars par mois.81 ◗ Le 13 septembre 2005 a été lancée en Californie une nouvelle procédure judiciaire contre Wal-Mart parce que, selon les plaignants, les conditions de travail dans des usines en Indonésie, au Bengladesh, en Chine, au Nicaragua et au Swaziland enfreignent le code de conduite que Wal-Mart même prétend respecter.82 La militante des droits du travail Aisha Bahadur a résumé comme suit l'attitude de Wal-Mart : "After years of informing Wal-Mart of labour conditions in its supply chain and urging the multinational to 22

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take responsability for and change its policy, amend its code of conduct and make sure its code is implemented, Wal-Mart has hardly ever responded to allegations and has hardly taken any action to correct terrible labour conditions. They lag far behind other companies in this regard."83 L'histoire de Lucy Lucy, une femme kenyane avec deux enfants, cout des jeans pour Wal-Mart dans une zone de libre échange. Elle raconte : "L'année dernière, j'ai travaillé pendant 48 heures sans interruption parce que le patron nous a obligé à respecter le délai de livraison. Mon mari est parti, ce qui fait qu'il m'est difficile de payer le loyer de mon appartement et que mes enfants grandissent maintenant chez mes parents. Ca fait six mois que je ne les ai pas vus. Si on me traitait plus correctement dans la zone de libre échange, j'aurais droit à un congé de temps en temps et je pourrais rendre visite à mes enfants. (…) A l'atelier, des surveillants nous menacent régulièrement et nous crient des mots comme "taisez-vous, même un enfant pourrait faire votre travail". En tant que femmes, nous nous sentons terriblement menacées parce qu'étant donné que nous ne pouvons pas garantir notre travail via un syndicat, nous devons acheter cette garantie par le sexe." 84 Les liens entre Wal-Mart et les groupes bancaires Les institutions bancaires étudiées investissent85 les montants suivants dans Wal-Mart. Tableau 7: Investissements dans Wal-Mart86 Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Wal-Mart

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

18.500.638 872.740 564.345 14.096.764 782.203

873.785.133 41.206.758 26.654.014 665.790.164 36.943.448

0,44% 0,00% 0,00% 0,33% 0,00%

Total

34.816.690 1.644.380.517

0,82%

Aucun de ces groupes bancaires ne voit dans la réputation lamentable de Wal-Mart en matière de respect des droits du travail une raison pour se retirer. Tous possèdent des actions dans cette énorme chaîne de distribution, avec une valeur totale d'environ 1,6 milliards de dollars... AXA et ING sont en tête de groupe, avec des investissements pour plusieurs centaines de millions de dollars.


2.4.2. Flextronics, Solectron, Sanmina Sci, Jabil et Celestica De nombreuses zones de libre échange fabriquent des composants et des produits pour l'industrie électronique. En matière d'exportation des pays en développement vers les pays occidentaux, c'est le secteur des composants et des produits électroniques qui a connu la croissance la plus rapide ces dernières années. En outre, pour les pays en développement, la valeur ajoutée de ces exportations est beaucoup plus grande que celle des produits textiles, par exemple.87 Les conditions de travail dans les ateliers de fabrication de chaussures ou de vêtements destinés aux marchés occidentaux ont déjà reçu énormément d'attention médiatique, mais il n'en va pas de même pour les entreprises qui fabriquent des composants pour produits électroniques. En 2004, l'ONG britannique CAFOD88 a publié le rapport d'enquête ‘Clean up your computer. Working conditions in the electronics industry’.89 Une primeur. Ce rapport est basé sur un travail de recherche au Mexique, en Thaïlande et en Chine et met en lumière des infractions aux droits du travail chez les sous-traitants d'IBM, HP et Dell. De cette manière, CAFOD voulait mettre sous pression ces fabricants informatiques et les autres entreprises concernées afin d'améliorer les conditions de travail chez leurs sous-traitants et sous-contractants. En effet, trois quarts du processus de production des ordinateurs n'a pas lieu dans les installations des grandes marques, mais chez ces sous-traitants et sous-contractants. Les plus importants sous-traitants sont les entreprises cotées en bourse suivantes : Flextronics, Solectron, Sanmina Sci, Jabil et Celestica.90 C'est dans les usines de ces sous-traitants à Guadalajara (Mexique) et dans le Delta de la Rivière de Perles (Chine) que CAFOD a constaté diverses infractions aux normes de bases de l'OIT : ◗ Jabil, Sanmina et Flextronics possèdent des installations de production dans la province de Jalisco, au Mexique, ainsi que dans la ville de Guadalajara et ses alentours. La plupart des travailleuses de ces usines sont recrutées et employées par des agences locales de recrutement. Les pratiques discriminatoires de ces agences mises en lumière par le rapport de CAFOD frisent l'invraisemblable. Un psychologue ayant pris part aux entretiens d'embauche a cité les raisons suivantes comme cause d'un refus d'embauche en 2002 et 2003 : "Reasons for rejection in psychological interview include has brought labour claims, homosexual, socially inadequate, does not agree with policies of

Où est la limite?

IBM, signs of lesbianism, more than two tattoos, doesn’t respect authority, conflictive person, belongs to a political party as an active member, not disposed to work overtime, father is a lawyer, has a qualification in law, worked for a lawyer, worked for a union, transvestite, has earrings, has long hair." En outre, les femmes enceintes et les personnes de plus de 30 ans étaient systématiquement refusées. Des tests de grossesse ont été pratiqués de manière illégale, des travailleurs ont reçu des contrats de courte durée et ont été licenciés lorsqu'ils s'organisaient.91 ◗ Le 10 mai 2004, un petit incendie s'est déclaré dans l'installation de production de Sanmina SCI à Guadalajara, au Mexique, dégageant des vapeurs chimiques toxiques dans l'usine. Cependant, parce que les managers ne voulaient pas perdre de temps, ils ont fait rentrer les travailleurs dans l'usine à peine une heure après l'incendie. Une vingtaine de travailleurs ont été étourdis par les vapeurs, pris de vertiges ou de vomissements. Deux personnes ont été admises à l'hôpital avec des problèmes respiratoires et nerveux.92 ◗

Jabil, Solectron, Sanmina SCI, Flextronics et Celestica possèdent des installations de production dans le Delta de la Rivière de Perles, en Chine. Etant donné que la Chine n'autorise pas de syndicats indépendants et libres, les conditions de travail enfreignent souvent les normes de base de l'OIT. CAFOD a mis en lumière les infractions au droit du travail suivantes chez les fabricants d'ordinateurs du Delta de la Rivière de Perles :

-

En 2002, le salaire mensuel de base tournait autour des 35 dollars par mois, un montant inférieur au minimum légal de 54 dollars par mois. Ce n'est qu'en travaillant plus de 12 heures par jour que les travailleurs parvenaient à gagner le salaire minimum. Lors de la haute saison, les heures supplémentaires montaient jusqu'à 120 heures par mois et les travailleurs devaient travailler 7 jours sur 7. A cause de toutes sortes de systèmes de créances, de paiement retardés et de sanctions financières, les

-

Une ouvrière chez un soustraitant de matériel électronique en Asie 23


travailleurs continuaient docilement à travailler mais pouvaient être licenciés à tout moment en raison de l'absence de contrats. Conditions de travail dangereuses : des travailleurs qui soudaient des composants ont été soumis à des vapeurs chimiques entraînant des irritations de la peau et des problèmes respiratoires. D'autres devaient travailler pendant 11 heures par jour et tester 150 écrans par heure.

-

Suite à la controverse entraînée par la publication du rapport de CAFOD, HP, IBM, Dell, Solectron, Sanmina SCI, Jabil, Celestica et Flextronics ont rédigé et signé en octobre 2004 un Electronic Industry Code of Conduct.93 Ce code a entraîné quelques améliorations, par exemple en ce qui concerne les pratiques des agences de recrutement. Néanmoins, même si CAFOD s'est félicité de la création de ce code, l'organisation y a constaté quelques manquements fondamentaux. Le code a été récemment adapté, mais sans apporter de réponses aux principales critiques des investisseurs, des ONG et des syndicats. Ainsi, le code ne fait pas référence au droit aux négociations collectives tel que mentionné dans les normes de l'OIT, les heures supplémentaires obligatoires restent possibles et les exceptions à la semaine des 60 heures ne sont pas exclues.94,95 Sans une adaptation du code tenant compte de ces remarques et sans un contrôle strict de son application, le risque persiste que les droits du travail soient violés dans l'industrie informatique. Les liens entre Flextronics, Solectron, Sanmina SCI, Jabil, Celestica et les banques Quatre des institutions bancaires étudiées (AXA, Dexia, ING et KBC) investissent96 les montants suivants dans Flextronics.

Les institutions bancaires étudiées investissent98 les montants suivants dans Solectron. Tableau 9 : Investissements dans Solectron Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Solectron

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

280.641.829 1.024.342.676 70.302 256.602 409.884 1.496.077 1.543.336 5.633.176 37.757 137.813

28,87% 0,01% 0,04% 0,16% 0,00%

Total

282.703.108 1.031.866.344

29,08%

Les institutions bancaires étudiées investissent100 les montants suivants dans Sanmina Sci. Tableau 10 : Investissements dans Sanmina Sci Nombre d’actions

AXA DEXIA FORTIS ING KBC Total

24

30,49% 0,05% 0,00% 0,06%

174.247.521 2.226.883.574

30,61%

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Valeur des % des actions en act. dans US dollar Sanmina Sci

100.514.234 72.302 6.360 1.262.929 48.326

512.622.593 368.740 32.436 6.440.938 246.463

19,13% 0,01% 0,00% 0,24% 0,01%

Total

101.904.151

519.711.170

19,39%

Les institutions bancaires étudiées investissent102 les montants suivants dans Jabil. Tableau 11 : Investissements dans Jabil103

Valeur des % des actions en act. dans US dollar Flextronics

173.601.615 2.218.628.640 310.109 3.963.193 0 0 8.200 104.796 327.617 4.186.945

101

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

Tableau 8 : Investissements dans Flextronics98 Nombre d’actions

99

Nombre d’actions AXA DEXIA FORTIS ING KBC Total

Valeur des % des actions en actions US dollar dans Jabil

353.125 11.397 4.479 829.057 20.645

10.321.844 333.134 130.921 24.233.336 603.453

0,17% 0,01% 0,00% 0,41% 0,01%

1.218.703

35.622.688

0,60%


Quatre des institutions bancaires étudiées (AXA, Dexia, ING et KBC) investissent104 les montants suivants dans Celestica. Tableau 12 : Investissements dans Celestica105 Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Celestica

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

4.333.713 17.529 0 82.800 15.820

54.665.980 221.113 0 1.044.449 199.555

2,31% 0,00% 0,04% 0,00%

Total

4.449.862

56.131.097

2,37%

Les cinq multinationales étudiées produisent principalement dans des zones de libre échange installées dans le monde entier. Comme on peut le lire sur leurs sites internet, leur réseau de production s'étend du Mexique à la Chine en passant par la Hongrie. C'est dans des zones de libre échange installées dans ces pays pratiquant des bas salaires que des infractions graves aux droits du travail ont été constatées. Mais même si la production se fait ailleurs, l'argent vient principalement d'Occident, et c'est surtout la position de AXA qui saute aux yeux. AXA possède plus d'un cinquième des actions de Flextronics, Solectron et Sanmina Sci. Avec des participations de cet ordre de grandeur dans ces fabricants controversés de composants informatiques, AXA aurait pu faire pression en faveur du développement d'une politique responsable en matière de droits du travail avant que le rapport d'enquête de CAFOD fasse bouger les choses ! Il ressort du reste de ces chiffres qu'aucune autre banque belge n'exclut les investissements dans ces entreprises, même si le pourcentage d'actions qu'elles possèdent est beaucoup plus petit.

2.4.3. Pou Chen et Yue Yuen Le groupe Pou Chen a été fondé en 1969 à Taïwan par la famille Tsai et s'est concentré sur la production et le commerce de chaussures. Au fil des années, la production proprement dite a été principalement confiée à l'entreprise Yue Yuen, dont environ 70% des actions sont entre les mains de Pou Chen et de la famille Tsai. Yue Yuen est le plus grand fabricant de chaussures (de sport) au monde, avec une part de marché évaluée à 16%. Yue Yuen fabrique entre autres pour Nike, Adidas, Reebok, Puma et d'autres grandes marques.

Où est la limite?

A la fin des années 80, les sites de production ont quitté Taïwan pour la Chine, et plus tard pour l'Indonésie et le Vietnam. En 2004, ces sites employant 250.000 travailleurs fabriquaient 167 millions de paires de chaussures par an.106 Une grande partie des violations des droits du travail mises en avant à partir de la moitié des années 90 se sont produites dans des usines de Pou Chen ou Yue Yuen. Les plaintes les plus fréquentes des travailleurs concernent les méthodes de gestion militaristes, des intimidations sexuelles, des heures supplémentaires forcées, des salaires inférieurs au minimum légal, un environnement de travail dangereux, des contrats illégaux et des intimidations et répression contre les syndicats.107 Un témoin a décrit les gigantesques unités de production de Yue Yuen, où souvent plus de dix mille travailleurs habitent et travaillent sur un terrain entouré de grillage rassemblant usines et dortoirs, comme des prisons bien gérées. Mais cette description est peutêtre encore trop optimiste : les travailleurs y reçoivent un salaire moyen de 35 cents de dollar par heure, moins que ce que des détenus belges gagnent lorsqu'ils travaillent en prison !108 Malgré le fait que Pou Chen et Yue Yuen ont modifié leurs méthodes sous la pression des grandes marques, les violations suivantes des normes de travail de l'OIT ont encore été mises en lumière ces dernières années :

Des gardiens à l’entrée d’une usine dans une zone de libre échange

◗ Dans l'usine PT Nikomas Gemilang située à Java, en Indonésie, 24.000 travailleurs sont employés par Pou Chen. Dans deux rapports successifs, Like cutting Bamboo (2000) et We are not machines (2002)109, le chercheur Timothy Connor a étudié les conditions de travail dans cette usine par le biais d'interviews de longue durée avec des travailleurs. Les plaintes les plus fréquentes concernent les salaires extrêmement bas, les intimidations visant à interdire la formation de syndicats et

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les traitements inhumains infligés par la direction. En 2001, les travailleurs recevaient un salaire de base variant entre 37 et 44 dollars par mois qui, selon leurs propres dires, ne leur permettait pas de couvrir leurs besoins de base. Ils ne pouvaient survivre qu'en faisant des heures supplémentaires. En 2002, en vertu d'une nouvelle loi du gouvernement indonésien sur les salaires minimum, le salaire est monté à 57 dollars par mois, mais les prix ont également augmenté drastiquement durant la même période. En raison des bas salaires, jusqu'à la moitié des enfants ne peuvent pas habiter avec leurs parents et sont éduqués par d'autres membres de leur famille à la campagne. Entre autres cas d'intimidations, on compte l'attaque non encore élucidée contre un dirigeant syndical par un groupe d'hommes armés de machettes à la sortie de l'usine (21/03/2001), l'intervention de militaires indonésiens pour des contrôles sur le lieu de travail et les actes de violence de ces militaires contre des travailleurs.111

l'OIT. Dans PouYuen F travaillent 3.000 personnes. Le National Labor Commitee et China Labor Watch y ont constaté les conditions de travail suivantes en 2004 :113 Temps de travail obligatoire entre 13,5 et 16,5 heures par jour et au moins 6 jours de travail par semaine Un salaire oscillant autour des 35 cents de dollar par heure et un salaire mensuel entre 50 et 70 dollars par mois. Les travailleurs qui s'expriment contre leur surveillant, qui proposent des améliorations dans la gestion de l'usine, qui parlent ou qui commencent à travailler avec 5 minutes de retard sont fortement punis ou licenciés. Les salaires sont arbitrairement réduits si les objectifs de production ne sont pas atteints.

L'histoire de Leily, ouvrière dans l'usine de Nikomas Gemilang112 Leily a commencé à travailler dans l'usine en juillet 1997. En 1998, son équipe n'est pas parvenue à atteindre les objectifs de production à deux reprises. Un surveillant lui a lancé une semelle de chaussure à la figure et, comme punition, elle a dû nettoyer le sol de l'usine d'une manière humiliante. Lors du passage à l'an 2000, elle a été menacée de licenciement parce qu'elle avait participé à une réunion de travailleurs. Des gardiens ont ouvert de force son armoire personnelle dans le dortoir installé dans l'usine même à la recherche d'un compte-rendu de cette réunion. Depuis lors, elle n'a plus osé participer aux réunions. En octobre 2000, une amie de Leily est tombée gravement malade. Le manager a obligé cette personne à continuer à travailler. Elle n'a été emmenée à l'hôpital que lorsqu'elle s'est évanouie. Leily a également été témoin de violences contre d'autres travailleurs, mais elle n'a pas osé en parler de peur de perdre son travail. Ces dernières années, les surveillants traitent mieux le personnel, mais Leily se plaint quand même encore du fait qu'elle n'a pas pu prendre ses douze jours de congé par an parce que le surveillant ne lui en a pas donné l'autorisation. ◗ L'usine F de Pou Yuen est une des sept usines d'un énorme parc industriel de Pou Chen à Dongguan, en Chine. 30.000 travailleurs sont employés dans le parc industriel. En Chine, les syndicats libres et indépendants sont interdits et les conditions de travail ne respectent donc pas les normes de base de 26

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Un dortoir de travailleuses dans une zone de libre échange en Chine


Les liens entre Pou Chen et Yue Yuen et les banques

2.5. CONCLUSION

Trois des institutions bancaires étudiées (AXA, ING et KBC) investissent114 les montants suivants dans Pou Chen.

Ces dernières années, les violations des droits du travail dans des entreprises installées dans des pays pratiquant des bas salaires ont régulièrement fait les titres de l'actualité. Néanmoins, les groupes bancaires étudiés n'ont apparemment pas le moindre problème à investir dans Wal-Mart, une entreprise connue pour ses violations graves des principaux droits du travail. Ce chapitre démontre également qu'elles investissent dans d'autres entreprises coupables de violations graves de ces droits. La politique d'investissements de ces groupes bancaires traite de manière pour le moins négligente la question des droits du travail. Plus grave encore, si des entreprises comme Wal-Mart passent à travers les mailles du filet, on peut probablement même parler d'un manque total de politique en la matière.

Tableau 13 : Investissements dans Pou Chen115 Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Pou Chen

AXA DEXIA FORTIS ING KBC

62.000 0 0 50.669 219.200

50.812 0 0 41.526 179.646

0,00% 0,00% 0,01%

Total

331.869

271.984

0,02%

Les institutions bancaires étudiées investissent116 les montants suivants dans Yue Yuen. Tableau 14 : Investissements dans Yue Yuen117

AXA DEXIA FORTIS ING KBC Total

Nombre d’actions

Valeur des actions en US dollar

% des act. dans Yue Yuen

263.000 70.000 224.200 307.000 186.000

763.138 203.117 650.553 890.811 539.710

0,02% 0,00% 0,01% 0,02% 0,01%

1.050.200

3.047.329

0,06%

Sous l'influence des campagnes menées depuis des années contre les conditions de travail inhumaines dans l'industrie des chaussures de sport, les consommateurs on pu modifier leur comportement d'achat. Par contre, les groupes bancaires n'ont pas trouvé nécessaire de faire connaître ou de modifier leurs participations dans le plus grand fabricant de chaussures de sport au monde. Il s'agit de deux entreprises qui sont connues pour leurs méthodes de gestion militaristes et pour de nombreuses infractions aux principaux droits du travail. Même si les banques belges ne possèdent pas beaucoup d'actions de ces deux entreprises taïwanaises, chaque banque possède des actions d'une ou des deux entreprises.

Où est la limite?

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CHAPITRE 3:

Les banques et les violations des droits humains lors de projets de grande ampleur 3. 1. INTRODUCTION Chaque pays a droit au développement économique. Mais les avis diffèrent fortement sur ce à quoi doit ressembler ce développement. Là où les associations de défense de l'environnement et les groupes de défenses des droits civils plaident pour

Où est la limite?

des initiatives à petite échelle et des investissements locaux, de nombreux gouvernements et entreprises internationales choisissent des gros projets d'exploitation et énergétiques. Exploitation minière à grande échelle, extraction de pétrole et de gaz et création d'énergie par le biais de barrages sont généralement considérés comme une étape logique dans le développement d'un pays. Mais 29


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la construction et la présence de pipelines, de barrages et d'autres projets de grande ampleur entraînent un certain nombre de problèmes sérieux. Outre l'impact environnemental, il faut également tenir compte d'un grand risque d'augmentation des tensions régionales, de la répression contre les opposants au projet, de la militarisation du site ou de la région où les travaux sont menés, de l'extraction des richesses locales au détriment de la population et d'une escalade des conflits locaux. Les protestations de la population locale, des groupes environnementaux et des organisations de défense des droits humains contre ces projets n'empêchent pas que des groupes financiers internationaux trouvent toujours intéressant de financer ces projets. Il s'agit en effet d'investissements relativement sûrs au niveau financier, souvent soutenus par des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et d'autres banques de développement, ce qui diminue fortement le risque de pertes pour les investisseurs. Pour cette raison, ces investisseurs ferment plus facilement les yeux sur les violations de droits humains ou les dégâts environnementaux liés à ces projets. Financement de projet ? Le terme "financement de projet" apparaît principalement dans le cadre de projets de grande envergure, comme des pipelines pétroliers, la construction de barrages et les gros travaux d'infrastructure. Les entreprises qui mettent ces projets sur pied vont à la recherche de financeurs sur le marché international. Ils peuvent obtenir des prêts sur base des prévisions de bénéfices qui seront réalisés lorsque les travaux seront achevés, par exemple par le biais de la vente d'électricité ou de pétrole. Les banques qui accordent un prêt comptent sur le succès du projet pour le remboursement. Le financement s'effectue la plupart du temps par le biais d'un syndicat de banques, c'est-àdire un groupe de banques qui accorde le prêt sous la direction d'un ou plusieurs financeurs principaux. Petit à petit, le monde financier se rend compte que certains projets ne peuvent pas être financés sans la moindre objection. En juin 2003, dix banques ont lancé les Principes de l'Equateur ("Equator Principles").118 Sous l'impulsion de Citigroup, ABN AMRO, Barclays et West LB, les banques ont présenté une approche commune des risques sociaux et écologiques liés au financement de projets de grande ampleur. L'initiative a connu un départ en fanfare. Les premières banques à signer les principes étaient entre autres ABN AMRO, Barclays, Citigroup, Crédit Lyonnais, Crédit Suisse FB et Rabobank. Deux ans après le lancement, 31 institutions financières ont ratiOù est la limite?

fié les Principes de l'Equateur, parmi lesquelles les plus importants acteurs sur le marché du financement de projets, comme BNP Paribas, Société Générale et Sumitomo Mitsui Banking.119 Les signataires des Principes de l'Equateur promettent de tenir compte de considérations sociales et écologiques dans leurs décisions de financement. Les projets sont répartis en différentes catégories en fonction du degré de risques sociaux et écologiques. Un système de rapportage pour les dangers en matière d'environnement est prévu pour les projets les plus risqués. Ce rapport environnemental doit entre autres documenter l'utilisation de substances nuisibles, les déménagements forcés, l'impact sur les populations autochtones, les menaces pour la santé et les dégâts causés au patrimoine culturel. Les banques attendent que ce rapport soit pris en compte lors de la planification et de l'exécution du projet. C'est la première fois que des banques adoptent une position commune quant à leur responsabilité dans le financement de projets potentiellement négatifs en matière d'impact social. Un vaste groupe d'organisations non gouvernementales plaide depuis longtemps déjà pour ce type d'initiatives. En 2003, une coalition internationale d'organisations de défense de l'environnement et des droits humains a lancé la "Déclaration de Collevecchio sur les institutions financières et la durabilité", dans laquelle les banques sont appelées à ne pas laisser primer le profit sur le respect des hommes et de l'environnement.120 Sous les ailes de l'organisation BankTrack, les organisations font pression sur les banques commerciales afin qu'elles n'investissent pas dans des entreprises et projets controversés et nuisibles. BankTrack a accueilli la déclaration relative aux Principes de l'Equateur avec un enthousiasme prudent. Ces déclarations entraîneront-elles un changement réel ?121 Le premier test important pour les Principes de l'Equateur a été le pipeline pétrolier Bakou-TbilissiCeyhan (BTC) en Asie centrale. Au moment du lancement des Principes, ce projet controversé était à la recherche de prêts sur le marché financier international. Des organisations non gouvernementales ont averti les banques de l'impact négatif du projet sur la population locale et des dégâts environnementaux potentiels. Ces organisations ont constaté que les plans étaient en contradiction totale avec les Principes de l'Equateur et d'autres normes internationales et ont appelé les banques à ne pas accorder de prêt.122 Cela n'a pas empêché différentes banques d'accorder leur soutien au projet BTC.

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Investir dans des projets de grande ampleur. Quel est le problème ? Les banques financent des projets pétroliers, gaziers et miniers de grande ampleur, la construction de barrages et d'autres travaux d'infrastructure. Ces projets sont critiqués pour les raisons suivantes : • problèmes environnementaux graves • déménagements forcés de la population de la région concernée • dédommagement inexistant ou insuffisant des victimes • menace sur les sources alimentaires et le milieu de vie des populations autochtones • militarisation de la région où le projet est développé • répression des opposants • escalade des conflits armés

3. 2. LE PIPELINE PÉTROLIER B T C E T S E S FINANCIERS 3.2.1. Le projet Le pipeline pétrolier Bakou-Tbilissi-Ceyhan est le plus grand et le plus complexe projet transnational d'infrastructure au monde et le plus important investissement étranger dans chacun des pays concernés. Le pipeline BTC a pour but de transporter le pétrole brut de la Mer Caspienne vers la Mer Méditerranée. Le pétrole est pompé en Azerbaïdjan et est transporté sur 1.700 km à travers la Géorgie jusqu'à la ville côtière turque de Ceyhan, à partir de laquelle le pétrole est envoyé par bateau dans le monde entier. Le pipeline, qui est enterré sur tout le trajet, a une capacité d'un million de barils de pétrole par jour. La production a commencé en mai 2005, avec l'inauguration de la pompe principale en Azerbaïdjan par les présidents de Géorgie, d'Azerbaïdjan et de Turquie. Le gouvernement américain soutient la construction du pipeline, qui permet à British Petroleum (BP) de transporter des quantités énormes de pétrole et de gaz de l'Asie centrale vers la Mer Méditerranée sans devoir passer par la Russie ou l'Iran.

British Petroleum dirige le consortium BTC, qui est propriétaire et exploitant du pipeline. En Turquie, la construction est menée par BOTAS, une entreprise turque nationalisée. Même si des observateurs affirment que BP et les autres sociétés pétrolières impliquées peuvent financer ce type de projet avec leurs propres moyens, une grande partie du capital nécessaire est fournie par des institutions financières internationales.

3.2.2. Le danger pour les droits humains Au fil de l'évolution des plans pour le pipeline, les organisations de défense des droits humains et de l'environnement se sont rendus compte de plus en plus clairement que le projet pourrait s'avérer un soutien pour des régimes non démocratiques, pourrait réveiller des conflits régionaux et mener à des violations des droits humains et à une destruction de l'environnement. Dès le lancement du projet, Amnesty International a averti des risques qui y sont liés. Ainsi, la mise en œuvre de l'accord entre BP et le gouvernement turc pourrait entraîner l'expropriation forcée de près de 30.000 villageois et des atteintes graves à la santé et à la sécurité de la population locale.

3.2.2.1. Des protestations impossibles Opposants et victimes ont peu de moyens pour protester contre le pipeline BTC. Les pays concernés ont en effet mauvaise réputation en matière de liberté d'expression. Quelques jours avant la cérémonie d'ouverture de la station de pompage de Bakou, la police azérie a empêché la tenue d'une manifestation pacifiste en

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affirmant qu'une telle manifestation n'était pas appropriée au vu de la présence d'invités étrangers pour cet évènement. Trente membres de l'opposition ont été arrêtés préventivement, quarante-cinq manifestants ont été arrêtés pendant la manifestation et des dizaines d'autres ont été victimes de violences graves commises par les forces de l'ordre.124 L'Azerbaïdjan est dirigé par un régime autoritaire. Le gouvernement mené par Aliyev a été transmis de père en fils après des élections considérées comme frauduleuses.125 Les dirigeants de l'opposition ont été poursuivis après avoir été accusés d'avoir organisé les protestations et les violences qui les ont accompagnées. Dans son discours de nomination, Aliyev a promis de renforcer l'armée et a utilisé un langage menaçant à propos du conflit territorial avec l'Arménie.126 Quelques semaines plus tard a éclaté en Géorgie voisine une révolution généralement considérée comme une réaction au régime corrompu de Chevardnadze. La Géorgie aussi a encore beaucoup de chemin à faire dans son processus de démocratisation. L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch fait état de tortures dans les prisons contre lesquelles les autorités ne prennent pas la moindre mesure.127 Le pays est également frappé par la corruption et les conflits territoriaux armés. Malgré cela, des citoyens géorgiens ont manifesté pour protester contre le pipeline. Jusqu'à décembre 2003, 80 manifestations et barrages routiers ont été organisés sur le trajet du projet, principalement organisés par les populations touchées et par des travailleurs mécontents des compensations et des conditions de paiement.128 En Turquie vivent 15 millions de Kurdes, qui sont privés de leurs droits humains et culturels fondamentaux. Le pipeline parcourt des régions du Nord-est de la Turquie où les Kurdes représentent 40 pourcent de la population. Dans ces régions, l'état turc a commis de graves violations des droits humains, notamment l'oppression du droit à la liberté d'expression ainsi que des tracasseries et des arrestations contre des représentants kurdes élus démocratiquement et des membres des partis politiques kurdes.129 Une mission internationale d'observation qui a visité la partie turque du projet BTC a rapporté une surveillance constante par des agents de sécurité en civil et des policiers en uniforme, différentes arrestations et des manœuvres d'intimidation par les troupes de sécurité. Les membres de la mission n'ont pas pu réaliser leurs interviews en toute sécurité et ont exprimé leur inquiétude quant au traitement réservé à leurs interlocuteurs après leur départ. Un des membres de la mission a déclaré : "Ce qui est arrivé à la mission pendant notre visite nous donne une petite indication de ce que la population locale de cette Où est la limite?

région doit endurer quotidiennement. Cela rend ridicule les affirmations de BP selon lesquelles il n'y a pas de problème de sécurité le long de la partie turque du pipeline. Le manque flagrant de liberté d'expression pose des questions graves quant à la légitimité de l'ensemble du processus de consultation." 130En outre, de sérieuses inquiétudes sont exprimées quant au fait que la Gendarmerie turque est chargée de la protection du pipeline. BTC a passé un accord avec le gouvernement turc selon lequel les services de sécurité turcs interviennent en cas de "guerre civile, sabotage, vandalisme, barrages, révolution, révolte, troubles civils, terrorisme,... et autres évènements destructeurs."131 Nick Hildyard, de The Cornerhouse132, affirme que "le manque de précision énorme du terme 'troubles civils' devrait déjà être assez inquiétant dans une région avec une telle réputation en matière de respect des droits humains." En 2002, le Conseil de l'Europe a condamné par le biais d'une résolution les violations graves et persistantes de droits humains commises par les services de sécurité turcs et a désigné la Gendarmerie comme un des services devant être réformé de toute urgence.133

3.2.2.2. Militarisation et escalade des conflits armés Outre le fait que les pays impliqués dans le BTC ne sont pas des anges en matière de respect des droits humains, BP court également le risque d'être impliqué dans l'escalade des conflits armés qui frappent la région.134 Le pipeline traverse ou passe à côté de sept zones de conflit différentes. Le trajet passe à proximité du Nagorny-Karabach, la région d'Azerbaïdjan occupée par l'Arménie où un conflit sanglant a coûté la vie à au moins 25.000 personnes et a fait fuir un million d'habitants. Le trajet passe ensuite par la Géorgie, toujours instable avec des mouvements séparatistes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Quant au conflit tchéchène, il se joue juste de l'autre côté de la frontière avec la Russie. En Turquie, le trajet passe le long d'une région connaissant un conflit entre l'état turc et le mouvement kurde PKK. L'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie poursuivent leur militarisation en utilisant l'argument de ces conflits persistants. Les grandes puissances occidentales qui veulent assurer la sécurité de leurs intérêts pétroliers stratégiques accordent un soutien militaire aux états concernés, ce qui, selon les opposants, renforce la position de ces régimes non démocratiques. Ces opposants expriment également leur inquiétude quant à la militarisation poussée du trajet du pipeline, qui est la cible de mouvements séparatistes.135

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3.2.2.3. Expropriations Le pipeline traverse une zone très étendue dont de nombreuses parties sont utilisées pour l'agriculture. Les conditions de vie difficiles et les hivers rudes dans la partie turque du projet limitent les possibilités de développement agricole et de croissance industrielle. La prospérité de nombreuses communautés de la région ne tient qu'à un fil et de nombreuses familles parviennent tout juste à garder la tête hors de l'eau. Cela signifie que des perturbations tels que la confiscation de pâtures pour le bétail, l'interruption de l'accès à une source ou la perte d'une récolte en raison de travaux de construction sur les terres agricoles peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la population. L'impact physique et social du pipeline BTC pour ceux qui connaissent déjà des difficultés économiques est d'autant plus problématique que les compensations pour la perte de terres sont faibles. Des observateurs internationaux ont constaté à plusieurs reprises que des habitants qui vivent de terres réquisitionnées pour la construction du pipeline sont insuffisamment ou pas du tout dédommagées pour le dommage subi. Le rapport de la mission d'observation mentionnée ci-dessus, qui a visité une des zones concernées, publie des témoignages de villageois qui ont déclaré avoir reçu 1 million de livres turques par mètre carré de terrain, un montant qui "n'est même pas suffisant pour acheter un paquet de cigarette bon marché."136 Les propriétaires de terres qui veulent aller en appel contre les expropriations n'ont souvent pas les moyens de se défendre juridiquement en raison du manque d'avocats indépendants et de leur peu de moyens financiers pour mener les procédures. En outre, toute résistance entraîne intimidation et arrestations. Par exemple, un membre d'un parti kurde local qui défend les intérêts des propriétaires de terrains expropriés dans sa région a été emprisonné et torturé.137 En janvier 2004, un groupe international de représentants d'organisations non gouvernementales a rassemblé des déclarations de villageois le long du trajet du pipeline. Leur initiative a mené à une procédure devant la Cour européenne des Droits de l'Homme lancée par 38 personnes qui portent plainte contre le projet BTC pour de multiples violations de la Convention européenne des Droits de l'Homme.138

3. 2. 3. Les financiers du BTC Le consortium BTC et British Petroleum ne sont pas les seuls dans la ligne de mire. Les banques qui participent au financement du pipeline sont également

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critiquées pour leur rôle dans sa construction. Déjà pendant la phase de planification, les financeurs potentiels ont été prévenus des risques liés au projet BTC. En octobre 2003, une dizaine d'organisations, parmi lesquelles Friends of the Earth, Kurdish Human Rights Project, Platform et Netwerk Vlaanderen, ont informé différentes banques des dangers liés au pipeline BTC. Plusieurs de ces banques – parmi lesquelles KBC, Dexia et ING – ont signé les Principes de l'Equateur. Ce code de conduite volontaire définit à quelles conditions sociales et économiques un projet doit répondre s'il veut entrer en ligne de compte pour un financement. Selon les organisations, le projet BTC ne respecte pas ces principes.139 Malgré cela, les banques n'ont pas tenu compte de l'appel à ne pas financer le pipeline. L'investissement total est estimé à 20 milliards de dollars. Septante pourcent des coûts du projet sont couverts par des prêts de banques publiques de développement et de banques commerciales.140 Outre la Banque mondiale, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) et différentes agences de crédit et d'assurance à l'exportation (Export Credit Agencies, ECA’s), plusieurs banques commerciales participent également au financement. En février 2004, le dirigeant du projet a annoncé que 15 grandes banques commerciales avaient accordé un prêt. Les principaux acteurs de ce prêt groupé sont ABN AMRO (NL), Citibank (US), Mizuho (Japon) et Société Générale (Fr). Parmi les autres financeurs, on trouve entre autres KBC, Dexia et ING, qui ont tous trois souscrit aux Principes de l'Equateur.141 L'encre des contrats n'était pas encore sèche que BTC était à nouveau mis en cause. Cette fois, BP était accusé d'avoir caché des informations cruciales lors de la recherche de financement. Il s'agit du rapport d'un conseiller en matière de construction de pipelines. Il a été contacté par BP afin d'analyser le "coating" utilisé lors de la construction du pipeline. Ce coating est une sorte de peinture qui protège les joints du pipeline contre la corrosion, un élément vital pour éviter les fuites. L'avis du conseiller ne faisait pas dans la dentelle : il a déclaré qu'il avait déjà vu beaucoup de problèmes en 41 ans de carrière, mais que cette situation était "unique". Selon lui, l'utilisation de ce coating entraînerait des problèmes graves. L'utilisation de peinture peut entraîner des fuites de pétrole pouvant à leur tour causer une catastrophe écologique. En outre, le Sunday Times a fait état de fraudes. Par le biais de son bureau de consultance, le


responsable du choix de la peinture était également représentant du fabricant du coating.142 Sous la pression des critiques persistantes contre le projet BTC, un des financeurs, l'italienne Banca Intesa, s'est entretemps retiré du syndicat de banques. Selon Greg Muttit, de PLATFORM, organisation membre d'une coalition d'organisations de défense de l'environnement et des droits humains qui ont contrôlé le projet BTC ces trois dernières années, "cette décision extraordinaire montre combien les inquiétudes relatives à la sécurité du BTC sont aujourd'hui répandues. Lorsqu'un des principaux soutiens privés se retire d'un projet, cela suggère que quelque chose ne va vraiment pas : le secteur privé ne décide pas de faire des pertes financières sur ses investissements sans une très bonne raison." 143 Néanmoins, KBC, Dexia et ING continuent à soutenir BTC. En 2004, Proyecto Gato, une organisation non gouvernementale belge, a déposé une plainte contre les trois banques belges en raison d'infractions aux directives de l'OCDE pour les entreprises multinationales.144 Ces directives stipulent que les entreprises qui investissent à l'étranger doivent respecter un certain nombre de normes minimales en matière de respect de l'environnement et des droits humains. Jan Capelle, porte-parole de Proyecto Gato, affirme que la Belgique, en tant que pays signataire de ces directives, s'est engagée à encourager les banques actives sur son territoire à respecter les directives en cas d'investissements à l'étranger.145

2005 une installation de production de gaz naturel et un pipeline s'y rapportant. Ce pipeline doit transporter le gaz naturel du Golfe de Thaïlande jusqu'à la terre, où le LPG est séparé du gaz et vendu en Thaïlande. Le gaz naturel purifié est ensuite transporté par un pipeline jusqu'à la frontière malaisienne, où il est distribué via le réseau du gaz. Le projet a pris du retard en raison des oppositions à son développement. La population locale des régions du Sud de la Thaïlande où passe le pipeline ont protesté dès le début contre ce projet. Ils affirment que le pipeline menace leur mode de vie, détruit leurs sources d'alimentation et hypothèque la sécurité alimentaire du pays. Les habitants s'inquiètent des eaux usées et des échappements de gaz. Les petits pêcheurs et les éleveurs d'oiseaux chanteurs dépendent fortement de la pureté de l'air et de la propreté de l'eau.146

Malgré les protestations contre l'implication de banques belges dans le projet de pipeline BTC, celles-ci ne se montrent jusqu'à présent pas prêtes à se retirer du projet.

3.3. D'AUTRES

PROJETS C O N-

TROVERSÉS E T LEURS FINANCEURS Le pipeline BTC n'est qu'un des nombreux projets de grande ampleur qui sont mis en cause en raison de violations des droits humains. Des problèmes similaires apparaissent dans d'autres projets financés par des banques. Quelques exemples.

3.3.1. Le pipeline Trans-ThaïlandeMalaisie Les sociétés pétrolières malaisiennes et thaïlandaise Petronas (voir également chapitre 1) et PTT ont lancé en 1999 un projet commun visant à construire d'ici à

Où est la limite?

Phoowis To-Lee a été battu par la police lors d'une action de protestation contre le pipeline TTM le 11 novembre 2003

Plusieurs manifestations et barrages ont été violemment réprimés par l'armée et la police thaïlandaise, avec des blessés et des arrestations à la clé. Les manifestants font l'objet de lourdes poursuites judiciaires. Hina Jilani, qui a visité la région en mai 2003 en tant qu'observateur des droits humains pour les Nations Unies, a critiqué les tracasseries et les intimidations visant à créer un "climat de peur" dont font l'objet les habitants qui utilisent leur droit à la liberté d'expression.147 Depuis lors, la situation ne s'est pas améliorée. En novembre 2003, le nombres de 35


policiers chargés de surveiller le projet en permanence a été porté à 400.148 Malgré les protestations, le projet a tout de même trouvé un financement. Barclays (Grande-Bretagne) mène un projet de financement d'une valeur de 524,3 millions de dollars lancé en avril 2004. Barclays ellemême a fourni 257,1 millions de dollars et 13 autres banques ont fourni chacune un montant plus petit. Fortis a fourni 13,03 millions de dollars, ING et KBC chacune 19,55 millions de dollars. ING et KBC ont souscrit aux Principes de l'Equateur.149

3.3.2. Sakhalin II De quoi s'agit-il ? Le projet Sakhalin consiste au développement de deux champs pétroliers et gaziers qui ont été découverts dans les années 80 au large de l'île russe de Sakhalin. Les responsables du projet se gaussent de la présence de plus d'1 milliard de barils de pétrole brut et de plus de 500 milliards de m3 de gaz dans cette zone.150 Les premiers barils de pétrole ont été produits en 1999. La phase 2 (Sakhalin II) est aujourd'hui en plein développement. Deux plateformes gazières offshores sont reliées à l'île par des pipelines. Ensuite, le gaz sera transporté par voie terrestre via un pipeline jusqu'à un port au sud de l'île, d'où part le transport vers les acheteurs. Shell est l'actionnaire principal de Energy Investment Company, qui exécute la deuxième phase du projet Sakhalin. D'autres partenaires sont Mitsui (voir également chapitre 1) et Mitsubishi, deux entreprises japonaises. Sakhalin II est le plus grand investissement étranger direct en Russie, un projet de plusieurs milliards de dollars pour lequel les responsables sont partis à la recherche d'investissements sur le marché financier international. Des banques internationales publiques comme la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la U.S. Export Import Bank et la Banque japonaise pour la Coopération internationale soutiennent le projet. ABN AMRO et Crédit Suisse travaillent comme conseillers. Ces banques sont constamment critiquées pour leur implication dans Sakhalin. Problèmes Sakhalin II est critiqué en raison de la menace qu'il

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fait peser sur la survie de la plus rare sorte de baleine grise et des dégâts causés aux réserves de poissons et à l'environnement naturel de la population locale de l'île. Depuis le lancement de Sakhalin, la population autochtone a témoigné des conséquences négatives du projet, entre autres l'énorme mortalité de poissons dans les environs de la plateforme de forage de Shell et une forte diminution des populations de poissons dans la zone où des déchets sont rejetés dans l'eau. Ils craignent que la construction des pipelines entraîne des dégâts supplémentaires. Le pipeline de Sakhalin II est construit en plein milieu d'un cimetière sacré et le bruit de la construction a obligé les caribous à déserter leurs lieux de vêlage traditionnels. Un taux de mortalité plus élevé a été constaté chez les caribous nouveau-nés. Les bergers expliquent que ces problèmes sont dus aux projets pétroliers et gaziers. Des pêcheurs témoignent que, ces dernières années, le poisson sent ou goûte souvent le pétrole ou d'autres substances inconnues : "produits chimiques", "médicaments", "drogues" ou "foin en décomposition" selon les propres mots des pêcheurs. Le poisson doit régulièrement être jeté parce qu'il est impropre à la consommation.152

Action locale de protestation contre le projet Sakhalin

Les populations touchées ont tenté d'apporter des améliorations au projet par le biais de lettres et en participant à des réunions publiques avec les entreprises et les instances publiques. Lorsqu'elles ont constaté que ces initiatives n'avaient pas le résultat espéré, elles ont décidé de passer à l'action directe.153 Par le biais de manifestations et de barrages routiers, elles ont montré leur mécontentement. "As we continue our blockades and resistance to this devastating project on our land, we call on all financial institu-


tions, especially those who have signed on to the Equator Principles, to reject this project," affirme Dmitry Lisitsyn, de Sakhalin Environment Watch, une organisation locale de défense de l'environnement. "The future of our land and our way of life is at risk and there is a clear opportunity here to invest in the long term health of communities and our environments rather than the short term profits generated from destructive oil projects".154

ABN AMRO et ING (Pays-Bas), Hypovereinsbank et West LB (Allemagne), et Royal Bank of Scotland.

3.4. CONCLUSION Quatre des banques étudiées (DEXIA, Fortis, ING et KBC) sont impliquées dans le financement d'un ou plusieurs des projets controversés décrits ci-dessus.

Les financeurs de Sakhalin Une coalition internationale d'organisations de défense des droits humains et de l'environnement demande au monde bancaire de ne plus soutenir ce projet. Tous les financeurs potentiels ont été interpellés par courrier. Le groupe bancaire Crédit Suisse, conseiller du projet, a reçu à plusieurs reprises la visite d'activistes. En juin 2005, 8 organisations ont publié une publicité sur une page complète dans le Financial Times avec l'appel à Crédit Suisse First Boston (CSFB) de concrétiser son engagement de durabilité et de mettre un terme à sa relation avec Sakhalin. Cette publicité allait de pair avec de nouvelles manifestations et barrages ainsi qu'avec une semaine d'actions de solidarité à New York, Londres et Moscou. L'Assemblée générale de Shell à Londres et les bureaux du Crédit Suisse à Moscou ont été confrontés à des actions directes. "Sakhalin II is an environmental time bomb," a déclaré Ilyse Hogue, directrice de la Global Finance Campaign menée par le Rainforest Action Network. "This type of radical resource extraction is exactly the type of project that the Equator Principles were designed to prevent. The Shell-led cartel is exhibiting a reckless disregard of the precautionary principle in this clear-cut case of business choosing oil over life. Credit Suisse First Boston and all other Equator Banks have no other ethical choice but to completely withdraw support and assistance for Sakhalin II." 155 Immédiatement après l'annonce par Shell que le projet Sakhalin II coûterait 20 milliards de dollars, deux fois l'estimation initiale, toutes les banques ont à nouveau été appelées à ne pas financer le projet.156 C'était la troisième fois que 25 financeurs potentiels ont été informés des inquiétudes écologiques et sociales liées à Sakhalin II. Néanmoins, jusqu'à présent, aucune banque ne s'est formellement distanciée de ce projet controversé. Selon la publication Project Finance International, 8 banques seraient mises en avant comme leaders potentiels du groupes de financeurs de Sakhalin II : Bank of Tokyo Mitsubishi, Mizuho, SMBC (Japon), Où est la limite?

Tableau 15 : Implication dans le financement de projets controversés

Pipeline BTC Pipeline Trans-Thaïlande-Malaisie Sakhalin II

AXA Dexia Fortis ING KBC X X X X

X X?°

X

° En octobre 2005, les financeurs de Sakhalin II n'étaient pas encore connus. Néanmoins, ING est sur la liste restreinte des 8 banques parmi lesquelles seront prochainement choisies les 4 banques qui dirigeront le financement par le biais d'un syndicat de

Apparemment, les banques en question ont peu de problèmes à financer de gros projets qui ne respectent pas les droits humains de la population locale. Même des banques qui ont souscrit aux Principes de l'Equateur, comme KBC, ING et Dexia, continuent à injecter de l'argent dans de tels projets. L'appel des populations locales et des organisations de défense des droits humains à ne pas soutenir certains projets ou à au moins les influencer dans le bon sens, tombe malheureusement souvent dans l'oreille d'un sourd. Pourtant, le financement de projets offre aux groupes financiers la possibilité de faire la différence. Si une banque ne veut pas perdre la face auprès de ses clients, elle doit veiller à appliquer les normes éthiques les plus strictes. Elle peut concrétiser son engagement en n'accordant pas de prêt à certains projets. Et si elle choisit quand même de financer un projet malgré les critiques, elle peut utiliser son pouvoir de financeur pour veiller à ce que la population concernée tire avantage du projet. La relation à long terme avec les entreprises concernées, ainsi que les revenus futurs qui en dépendent, fait qu'un financeur a tout intérêt à ne pas prendre de risque et à suivre de très près les exécutants du projet. De cette manière, il est possible d'éviter que des habitants soient chassés de leurs terres, que leurs sources de revenus soient volées ou qu'ils soient victimes de répression ou de violences.

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CHAPITRE 4:

Votre banque et ses investissements dans des violations des droits humains : cinq portraits et une photo de groupe 4. 1. INTRODUCTION Le client qui veut savoir si sa banque tient compte des droits humains dans ses décisions en matière d'investissements trouvera rarement une réponse claire sur le site internet de sa banque. Des recherches plus poussées sont nécessaires pour en apprendre plus. Dans les chapitres précédents, vous en avez appris plus sur notre enquête sur les liens financiers entre les cinq grands groupes bancaires présents en Belgique et des entreprises impliquées dans des violations des droits humains. Vous avez déjà vu les résultats ahurissants de cette enquête. Les cinq groupes bancaires investissent dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains. Où est la limite?

Dans ce chapitre, nous nous penchons sur la politique appliquée par les grandes banques. Pour ce faire, Netwerk Vlaanderen a étudié en détail les rapports annuels, les rapports de durabilité et les codes déontologiques de AXA, Fortis, KBC, Dexia et ING. Ces groupes bancaires ont également reçu un questionnaire dans lequel il leur était demandé d'expliquer de quelle manière leur politique d'investissement tient compte des droits humains. Dans ce chapitre, nous vous présenterons leur (manque de) politique et la mettrons en parallèle avec les investissements que nous avons identifiés dans les chapitres précédents. Après nous être concentrés sur chaque groupe bancaire de manière distincte, nous réaliserons une photo de groupe du secteur financier. En effet, les groupes bancaires étudiés représentent plus de 80% du marché. 39


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4.2. AXA

relation d'investissement s'il a vent de violations graves des droits humains. Les droits humains sont-ils pris en compte ?

4.2.1. Courte présentation AXA157 est un groupe de banque et assurance actif dans le monde entier. En 2004, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 72,2 milliards d'euros en gérant 869 milliards d'euros et a réalisé un résultat opérationnel de 2,7 milliards d'euros.158

4.2.2. Les droits humains dans la politique générale de AXA En février 2003, AXA a souscrit aux principes Global Compact159 des Nations Unies. Le rapport annuel 2004160 de AXA affirme que les signataires de Global Compact s'engagent à soutenir des principes universels en matière d'emploi, de droits humains, d'environnement et de corruption. Le rapport de durabilité mentionne que : "AXA a créé un Département de Développement Durable. Ce département est responsable du développement d'une politique et de la coordination de sa mise en œuvre. Des experts en matière de droits humains sont également consultés pendant le processus de développement." 161 On peut également lire que la direction de AXA a fait effectuer un audit externe de sa politique de durabilité et des pratiques de AXA s'y rapportant. Les droits humains y ont également été abordés.162 On ne sait pas si ces initiatives ont eu la moindre influence sur la politique d'investissement.

4.2.3. Les droits humains dans la politique d'investissement Les violations des droits humains sont-elles exclues ?

Crédits En ce qui concerne les crédits, nous avons reçu pour réponse une mention du fait que chaque offre de crédit est soumise à des règles déontologiques et à la législation. En outre, il faut veiller à ce que l'objet du crédit ne soit pas un moyen de détourner des dispositions légales. Selon AXA, de cette manière, le respect de la législation sociale et des droits humains est garanti.163 Placements et assurances AXA ne nous a en aucune manière montré clairement qu'il accorde une attention particulière aux violations des droits humains lors de la sélection des placements et du replacement des réserves d'assurance. AXA IM est même très explicite : "AXA IM n'intègre pas le critère des droits de l'homme dans les critères utilisés pour la sélection de ses effets".164 Tout qui veut que les droits humains soient pris en compte est renvoyé vers les produits de placement durables de AXA. Engagement165 AXA affirme vouloir être un actionnaire responsable par le biais de l'utilisation de son droit de vote. Dans sa réponse écrite à Netwerk, AXA déclare que le droit de vote est un moyen efficace pour sanctionner les entreprises qui ne respectent pas les dix principes de base de Global Compact.166 Pourtant, sur le site internet167 qui donne des explications sur la politique suivie en matière de vote, il n'est pas question de droits humains ou de Global Compact. Il est principalement question d'éléments liés à la Corporate Governance : présence de personnalités indépendantes dans les organes de gestion, émoluments de la direction, problèmes en cas de reprises,... Les informations disponibles sur les votes exprimés ne permettent pas d'apprendre si AXA a à la moindre reprise voté sur base d'une inquiétude en matière de droits humains.

AXA ne déclare nulle part de manière explicite que les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains sont contraires aux principes de l'entreprise. Le groupe ne déclare nulle part qu'il mettra un terme ou réduira sa

Où est la limite?

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4.2.4. Les investissements de AXA Tableau 16 : Investissements de AXA dans des entreprises qui violent les droits humains168 Nombre d’actions

Valeur des % des actions en act. de US dollar l’entreprise

Dictaturen (Birmanie) Total 4.966.019 Nippon Oil 1.673.275 Mitsui 8.601.220 Petronas 972.000 DLH 11.400 Marubeni 3.323.000 Violations des droits du travail Wal Mart 18.500.638 Flextronics 173.601.615 Solectron 280.641.829 Sanmina Sci 100.514.234 Jabil 353.125 Celestica 4.333.713 Pou Chen 62.000 Yue Yuen 263.000

1.202.290.725 1.100.671.093 11.054.250 77.809.202 1.069.200 1.049.680 10.637.300

0,78% 0,11% 0,54% 0,10%° 0,66% 0,22%

4.695.180.816 873.785.133 2.218.628.640 1.024.342.676 512.622.593 10.321.844 54.665.980 50.812 763.138

0,44% 30,49% 28,87% 19,13% 0,17% 2,31% 0,00% 0,02%

TOTAL

5.897.471.541

AXA investit dans toutes les entreprises présentées dans ce rapport pour un montant total de près de 5,9 milliards de dollars. AXA possède également des intérêts très élevés dans certaines entreprises : 30,49% dans Flextronics, 28,87% dans Solectron et 19,13% dans Sanmina Sci. L'investissement de 1 milliard de dollars dans Total saute également aux yeux. AXA ne participe pas au financement direct des grands projets d'infrastructure controversés décrits dans ce rapport.

4.2.5. Conclusion AXA n'offre pas suffisamment de garanties que votre argent ne sera pas utilisé pour des investissements dans des violations des droits humains. Cela ressort tant de l'absence d'une politique spécifique en la matière que des investissements que nous avons constatés dans des entreprises controversées.

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4.3. DE X I A

4.3.1. Courte présentation Dexia169 est un acteur important dans le secteur de la ‘Public & Project Finance’ et des services financiers aux administrations locales. Grâce à ses fusions avec Artesia et Bacob, la banque est également devenue un acteur important en matière de services aux particuliers et a renforcé sa position en matière d'assurances, de marchés financiers, de "social profit",... Le groupe Dexia a un chiffre d'affaires total de 389 milliards d'euros et a réalisé en 2004 un bénéfice de 1,8 milliards d'euros170.

4.3.2. Les droits humains dans leur politique générale Le rapport de durabilité mentionne la souscription aux Global Compact Principles171. Ni dans leur rapport annuel, ni dans le rapport de durabilité nous n'avons trouvé la moindre mention explicite des droits humains dans le cadre de leur politique de financement. La meilleure indication allant dans cette direction se trouve dans cette phrase de l'administrateur délégué tirée de l'avant-propos de leur rapport de durabilité pour l'année 2004 : "Tout comme notre dimension européenne, notre vision à long terme et notre attachement aux valeurs humanistes, le développement durable fait partie du fondement commun des valeurs sur lesquelles notre identité est bâtie"172.

4.3.3. Les droits humains dans leur politique de financement ? Les violations des droits humains sont-elles exclues ?

graves des droits humains. Dexia a mis sur pied une initiative baptisée Portfolio21, qui offre la possibilité aux sociétés d'assurances d'éviter que les réserves d'assurance soient placées dans des entreprises ou des régimes impliqués dans des infractions graves aux normes de base du travail. Les réserves des sociétés affiliées à Portfolio21 ne sont pas placées dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits de base du travail ou dans des régimes qui n'ont pas ratifié les accords relatifs aux droits du travail. Une grande partie des sociétés d'assurance du groupe Dexia ont choisi cette méthode de travail. Donc, si vous souscrivez une assurance qui participe au système Portfolio2, vous avez la garantie que les réserves de l'assurance ne sont pas placées dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits du travail ou dans des régimes qui n'ont pas ratifié les accords en la matière. Les droits humains sont-ils pris en compte ? Crédits Ni le rapport annuel, ni le rapport de durabilité ni nos questions ne permettent de voir clairement si et de quelle manière les droits humains sont pris en compte dans le domaine des crédits. Financement de projets Dexia a souscrit aux Principes de l'Equateur 173.174 Placements Le groupe Dexia n'indique pas qu'il tient compte des droits humains pour les placements normaux des fonds de placement qu'il propose et ou gère et/ou pour les placements qu'il fait pour son propre compte. Tout qui souhaite une telle prise en compte est renvoyé vers les produits durables de Dexia. Engagement Dexia exerce son droit de vote pour les fonds qu'il gère sur base d'un certain nombre de principes. Le respect des droits humains n'est pas pris en compte pour les entreprises financées par ces fonds. C'est par contre le cas pour leurs "fonds durables".175

Dexia ne déclare nulle part de manière explicite que les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains sont contraires aux principes de l'entreprise. Le groupe ne déclare nulle part qu'il mettra un terme ou réduira sa relation d'investissement s'il a vent de violations Où est la limite?

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4.3.4. Les investissements de Dexia Tableau 17 : Investissements de Dexia dans des entreprises qui violent les droits humains176 Nombre d’actions

Valeur des % des actions en actions de US dollar l’entreprise

Dictatures (Birmanie) Total 1.165.429 Nippon Oil 274.000 Mitsui 274.000 Petronas 0 DLH 0 Marubeni 187.000 Violations des droits du travail Wal Mart 872.740 Flextronics 310.109 Solectron 70.302 Sanmina Sci 72.302 Jabil 11.397 Celestica 17.529 Pou Chen 0 Yue Yuen 70.000

263.190.614 258.303.089 1.810.142 2.478.775 0 0 598.608

0,18% 0,02% 0,02% 0,00%

46.552.657 41.206.758 3.963.193 256.602 368.740 333.134 221.113 0 203.117

0,00% 0,05% 0,01% 0,01% 0,01% 0,00% 0,00%

TOTAL

309.743.271

Dexia investit dans 11 des 14 entreprises présentées dans ce rapport pour un montant total de près de 310 millions de dollars. Dexia participe également au financement du très controversé pipeline BTC. Le montant de ce financement n'est pas connu.

4.3.5. Conclusion Dexia n'offre pas suffisamment de garanties que votre argent ne sera pas utilisé pour des investissements dans des violations des droits humains. Cela ressort des investissements que nous avons constatés dans des entreprises controversées. Les explications fournies quant à la politique n'offrent également pas suffisamment de garanties. Pourtant, Dexia n'est pas complètement indifférent, comme le montre l'initiative Portfolio-21 et la signature des Principes de l'Equateur, même si cette signature n'empêche pas le financement du pipeline BTC

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4.4. FO R T I S

4.4.3. Les droits humains dans la politique de financement Les violations des droits humains sont-elles exclues ?

4.4.1. Courte présentation Fortis177 est un prestataire de services banque et assurance de niveau mondial. Son offre est centrée tant sur les particuliers que sur les clients commerciaux et institutionnels. Avec une capitalisation de marché de 26,5 milliards d'euros et un chiffre d'affaires total de 571 milliards d'euros, Fortis est une des 20 plus grandes institutions financières d'Europe. Fortis emploie 51.000 personnes dans le monde entier.178 Le groupe a réalisé un bénéfice de 3,3 milliards d'euros en 2004 .179

4.4.2. Les droits humains dans la politique générale Dans le Governance Statement de Fortis, nous lisons entre autres la règle de conduite générale suivante : "Nous sommes d'avis que le respect des Droits de l'Homme tels que décrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 est une condition pour une société durable. Nous appliquons ces droits de l'homme dans notre relation avec nos collaborateurs et nous reconnaissons notre responsabilité afin de promouvoir l'application des droits humains dans tous les cas où nous pouvons, en tant qu'entreprise privée, apporter une contribution sensée". Le rapport de durabilité 2004 relatif aux développements en dehors du Benelux explique que Fortis applique ce principe dans le monde entier.180 Fortis affirme également travailler en concertation et chercher conseil auprès d'ONG spécialisées en matière de droits humains, aborder le thème des droits humains avec d'autres entreprises et accorder une place importante au thème des droits humains sur leur site intranet consacré à la Corporate Sustainablility.181

Fortis ne déclare nulle part de manière explicite que les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains sont contraires aux principes de l'entreprise. Le groupe ne déclare nulle part qu'il mettra un terme ou réduira sa relation d'investissement s'il a vent de violations graves des droits humains. Les droits humains sont-ils pris en compte ? Crédits normaux Le rapport de durabilité de Fortis mentionne que « en 2005 et 2006, une politique de crédit générale sera implémentée en matière de durabilité et des liens seront cherchés avec les normes internationales". 182 Fortis mentionne également que leur ‘Global Credit Policy on Sustainability’ cite les droits humains (dans diverses dimensions).183 Fortis n'explique pas de quelles dimensions il s'agit. Financement de projets Le financement d'exportations et de projets n'est pas une activité de petite ampleur. Fortis possède un département spécialisé baptisé Global Export & Project Finance, qui est actif dans le monde entier. Fortis n'a pas signé les Principes de l'Equateur, un code de conduite consacré au financement de projets rédigé par le secteur financier. Fortis suit sa propre voie en la matière. En matière de financement d'exportations et de projets, Fortis déclare qu'il n'investit que dans des projets intéressants au niveau économique, qui satisfont aux exigences internationales en matière d'environnement et fournissent une contribution socio-économique. Fortis déclare explicitement que cet équilibre n'exclut pas des financements critiqués par des organisations de défense de l'environnement.184 Placements pour compte propre et assurances Fortis n'indique pas de quelle manière les droits humains sont pris en compte pour ces produits. Placements Il n'y a pas que dans ses produits durables que Fortis tient compte des droits humains. Ces deux dernières années, Fortis Investments, le

Où est la limite?

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gestionnaire de patrimoine de Fortis, a intégré systématiquement des indicateurs de durabilité dans ses processus de gestion185. Les facteurs suivants ont été intégrés en matière de droits humains : contrôle de la politique sociale des fournisseurs, collaboration avec des régimes autoritaires, procédures en cas de nonrespect des droits humains, systèmes de contrôle et vérification externe en matière de droits humains.186 Fortis Investments affirme qu'il quantifie ces risques et détermine s'ils sont suffisamment pris en compte dans la valeur de marché actuelle des actions. Fortis a choisi ces facteurs parce que le groupe estime qu'ils peuvent avoir une influence sur le cours des actions à moyen terme. Nous pensons pouvoir déduire de ces déclarations que d'autres facteurs liés aux droits humains, qui selon eux n'influent pas le cours des actions, n'entrent pas en ligne de compte. En outre, le poids donné aux constatations dépendra en premier lieu de considérations de rendement. Ce n'est pas la gravité des (potentielles) violations des droits humains qui sera déterminante, mais l'influence que ces violations peuvent avoir sur le rendement. Engagement Fortis Investments exerce son droit de vote dans les assemblées d'actionnaires des entreprises dans lesquelles il investit. Le rapport de durabilité explique que ce droit de vote est entre autres utilisé pour approuver ou rejeter les rapports consacrés aux questions de durabilité. On fera entre autres attention au rapportage en matière d'environnement, de ressources humaines et de politique sociale extérieure.187 En matière de violations des droits humains, accorder uniquement de l'attention au "rapportage" n'est pas un grand pas en avant. Espérons que ce n'est pas tout. Mais nous ne le saurons que lorsque Fortis aura transformé ses intentions en actes. En effet, le Governance Statement affirme : "Jusqu'à présent, Fortis Investments n'a pas publié d'aperçus standards du comportement de vote, mais a pris la résolution de le faire dans un futur proche".188 Politique par rapport aux états Par rapport aux pays où Fortis ou ses relations sont actifs, Fortis affirme qu'il prend en compte divers "problèmes" liées aux droits humains189. Sans entrer dans les détails sur ce qu'il entend par là, Fortis affirme recourir à des "standards et indices reconnus au niveau international"

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190

.

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4.4.4. LE S

INVESTISSEMENTS

Tableau 18 : Investissements de Fortis dans des entreprises qui violent les droits humains191 Nombre d’actions

Valeur des % des actions en actions de US dollar l’entreprise

Dictatures (Birmanie) Total 896.414 Nippon Oil 0 Mitsui 969.930 Petronas 0 DLH 0 Marubeni 0 Violations des droits du travail Wal Mart 564.345 Flextronics 0 Solectron 409.884 Sanmina Sci 6.360 Jabil 4.479 Celestica 0 Pou Chen 0 Yue Yuen 224.200

207.453.796 198.679.203 0 8.774.593 0 0 0

0,14% 0,06% -

28.934.001 26.654.014 0 1.496.077 32.436 130.921 0 0 650.553

0,00% 0,04% 0,00% 0,00% 0,01%

TOTAL

236.387.797

Fortis investit dans 7 des 14 entreprises présentées dans ce rapport pour un montant total de plus de 235 millions de dollars. Fortis finance à hauteur de 13,03 millions de dollars le très controversé pipeline Trans-Thaïlande-Malaisie. Fortis a également mené en janvier 2005 une émission d'obligations d'une valeur de 56 millions d'euros pour Total.

4.4.5. Conclusion Dans ses explications sur sa politique, Fortis indique qu'il travaille à l'intégration des droits humains dans sa politique d'investissement, tant en matière de crédits qu'au niveau des placements. Un premier pas dans la bonne direction, mais pas suffisant. La politique ne garantit pas l'exclusion des investissements dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains, ce qui ressort également des investissements que nous avons constatés dans des entreprises controversées.


4.5. ING

4.5.1. Courte présentation ING192 est un prestataire de services financiers à l'échelle mondiale d'origine néerlandaise. Ses 113.000 collaborateurs sont actifs dans plus de 50 pays. Ils accordent des crédits, fournissent des assurances, assurent la gestion de patrimoines,... Ils travaillent tant pour des particuliers que pour des entreprises ou des services publics. En termes de valeur boursière, ING est une des 20 plus grandes institutions financières au monde et appartient au top 10 européen.193 Leur chiffre d'affaires total s'élève à 866 milliards d'euros. En 2004, ING a réalisé un bénéfice de 5,9 milliards d'euros.194

4.5.2. Les droits de l'homme dans leur politique générale En termes généraux, les Business Principles de ING affirment : "Dans toutes nos activités commerciales, nous sentons également notre responsabilité pour le développement durable de la société. Les conditions que nous posons pour nos activités principales sont avant tout de nature économique. En tenant compte des souhaits de nos clients, nous accordons également de l'importance aux aspects sociaux, éthiques et environnementaux".195 Dans le rapport social de ING, intitulé "ING dans la société", nous lisons : "C'est notre responsabilité de mener nos activités d'une manière durable au niveau social et environnemental".196

4.5.3. Les droits de l'homme dans leur politique de financement Les violations des droits humains sont-elles exclues ? ING ne déclare nulle part de manière explicite que les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains sont contraires aux principes de l'entreprise. Le groupe ne déclare nulle part qu'il mettra un terme ou réduira sa relation de financement s'il a vent de violations graves des droits humains. Les droits humains sont-ils pris en compte ? Crédits ING affirme avoir développé une politique spécifique pour les crédits aux entreprises impliquées dans des affaires ne correspondant pas aux normes sociales, éthiques et environnementales de ING. Cette politique concerne également les droits humains.199 Le contenu concret de cette politique n'est pas clair. Dans sa réponse à Netwerk, ING se limite à une clarification procédurière200. Financement de projets ING a souscrit aux Principes de l'Equateur en juin 2003. Leur rapport social affirme : "avec l'application des Principes de l'Equateur, nous insistons sur le fait que nous voulons que des aspects environnementaux et sociaux pèsent également sur nos financements de projets"201. Placements et assurances ING n'indique pas qu'il tient compte des droits humains pour les placements normaux des fonds de placement qu'il propose et ou gère et/ou pour les placements qu'il fait pour son propre compte. ING propose des produits de placement durables.

ING a élargi ses Business Principles en 2004 avec une définition concrète des droits humains197. Sous le titre "nous stimulons le développement durable et respectons les droits humains", on trouve : "ING soutient les objectifs de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et tente d'appliquer les principes qui y sont décrits à l'ensemble de ses activités dans le monde entier" 198.

Il est également intéressant de noter que ING a pris l'initiative d'informer ses clients concernés à propos d'une question spécifique liée aux droits de l'homme. En effet, une entreprise chinoise dans laquelle des clients avaient investi par l'intermédiaire de ING avait été mise en cause en raison de violations des droits humains.202 Engagement ING déclare que sa ‘Global Voting Policy’ stipule que les entreprises de son portefeuille doivent agir de manière responsable par rapport à toutes les personnes concernées. Cela implique entres autres que leurs

Où est la limite?

47


décisions doivent tenir compte des questions sociales et liées aux droits humains dans les régions où elles sont actives. ING affirme utiliser ses droits d'actionnaire pour y parvenir dans l'intérêt d'un rendement à long terme pour les actionnaires. Nous n'avons pas reçu d'informations sur ce que cela veut dire dans la pratique.

4.5.4. Les investissements de ING Tableau 19 : Investissements de ING dans des entreprises qui violent les droits humains204 Nombre d’actions Dictatures (Birmanie) Total 2.892.216 Nippon Oil 1.822.000 Mitsui 424.000 Petronas 17.000 DLH 0 Marubeni 52.000 Violations des droits du travail Wal Mart 14.096.764 Flextronics 8.200 Solectron 1.543.336 Sanmina Sci 1.262.929 Jabil 829.057 Celestica 82.800 Pou Chen 50.669 Yue Yuen 307.000 TOTAL

Valeur des % des actions en actions de US dollar l’entreprise 632.402.000 616.331.230 12.036.780 3.835.769 31.763 0 166.458

0,46% 0,12% 0,03% 0,00% 0,00%

704.179.196 665.790.164 104.796 5 .633.176 6.440.938 24.233.336 1.044.449 41.526 890.811

0,33% 0,00% 0,16% 0,24% 0,41% 0,04% 0,00% 0,02%

1.336.581.196

ING investit dans 13 des 14 entreprises présentées dans ce rapport pour un montant total de plus de 1,3 milliard de dollars. Les investissements de plus de 600 millions de dollars dans Total et Wal-Mart sautent particulièrement aux yeux. ING finance des pipelines très controversés : le pipeline BTC et le pipeline Trans-Thaïlande-Malaisie. Le premier montant n'est pas connu, le deuxième concerne un financement de 19,55 millions de dollars. ING est également sur la liste finale des banques qui pourraient devenir le "lead arranger" pour le financement du projet Sakhalin II.

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4.5.5. Conclusion Dans ses explications sur sa politique, ING indique qu'il travaille à l'intégration des droits humains dans sa politique d'investissement, tant en matière de crédits qu'au niveau du financement de projets. Un premier pas dans la bonne direction, mais pas suffisant. La politique ne garantit pas l'exclusion des investissements dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains, ce qui ressort également des investissements que nous avons constatés dans des entreprises controversées. La signature des Principes de l'Equateur n'a pas non plus empêché ING de financer des projets controversés comme le pipeline BTC et le pipeline Trans-ThaïlandeMalaisie.


4.6. KBC

4.6.3. Les droits humains dans leur politique de financement

4.6.1. Courte présentation Les violations des droits humains sont-elles exclues ?

KBC205est une banque et assureur principalement actif dans le secteur des services aux particuliers et aux PME. KBC est principalement actif en Belgique et en Europe Centrale. KBC emploie 46.500 personnes à travers le monde206. Avec une capitalisation de marché de 17,6 milliards d'euros et un chiffre d'affaires total de 250 milliards d'euros, il ne s'agit certainement pas d'un petit poucet sur le marché européen.207 En 2004, KBC a réalisé un bénéfice de 1,8 milliards d'euros.208

4.6.2. Les droits humains dans leur politique générale Le rapport annuel 2004 ne contient pas de mention explicite des droits humains. Ni dans leur déclaration de politique, ni dans la ligne de conduite du Groupe KBC ni dans les principes de KBC en matière d'entreprenariat dans un contexte social nous n'avons trouvé non plus de référence explicite aux droits humains. Au moment de la rédaction de ce rapport209, KBC n'avait pas encore de rapport de durabilité. Les éléments suivants, tirés du chapitre du rapport annuel intitulé "Entreprendre dans un contexte social – personnel", vont peut-être dans cette direction. "KBC souhaite contribuer au progrès économique et social des régions en respectant les lois et règlements en vigueur. A cet effet, il tient compte de l évolution de la conscience des normes dans notre société, qui anticipe généralement la législation." "KBC prend en compte les effets économiques, sociaux et culturels, tant à court terme qu'à long terme. Le respect de ce principe est surveillé par diverses directives et codes de conduite." 211

Où est la limite?

Oui pour les crédits KBC ne finance des transactions que lorsqu'on peut raisonnablement supposer que les normes éthiques, légales et fiscales classiques sont respectées. Les activités criminelles et autres activités socialement inacceptables sont exclues.212 Cela ne veut évidemment pas dire grand chose. L'explication donnée par KBC dans sa réponse à Netwerk est donc essentielle. Dans ce courrier, KBC affirme littéralement : "Nous n'accordons pas de crédits à des clients à propos desquels nous savons qu'ils ne respectent pas les droits humains". "Cette politique concerne non seulement les entreprises, mais également les régimes".213 Les droits humains sont-ils pris en compte ? Financement de projet KBC a signé les Principes de l'Equateur. KBC affirme que les dossiers de crédit qui ne tombent pas sous le coup des Principes de l'Equateur sont également contrôlés, ce qui signifie que tous les crédits doivent satisfaire à ces principes. Placements - assurances KBC n'indique pas qu'il tient compte des droits humains pour les placements normaux des fonds de placement qu'il propose et/ou gère et/ou pour les placements qu'il fait pour son propre compte. KBC propose des produits de placement durables. Engagement KBC décide prochainement si et comment il utilisera son droit de vote.

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4.6.4. Les investissements de KBC Tableau 20 : Investissements de KBC dans des entreprises qui violent les droits humains214 Nombre d’actions

Valeur des % des actions en actions de US dollar l’entreprise

Dictatures (Birmanie) Total 971.300 Nippon Oil 691.650 Mitsui 137.000 Petronas 107.200 DLH 0 Marubeni 147.000 Violations des droits du travail Wal Mart 782.203 Flextronics 327.617 Solectron 37.757 Sanmina Sci 48.326 Jabil 20.645 Celestica 15.820 Pou Chen 219.200 Yue Yuen 186.000

221.756.302 215.276.769 4.569.286 1.239.388 200.295 0 470.564

0,15% 0,05% 0,01% 0,15% 0,00%

43.037.033 36.943.448 4.186.945 137.813 246.463 603.453 199.555 179.646 539.710

0,00% 0,06% 0,00% 0,01% 0,01% 0,00% 0,01% 0,01%

TOTAL

264.793.335

KBC investit dans 13 des 14 entreprises présentées dans ce rapport pour un montant total de près de 265 millions de dollars. KBC finance également deux pipelines très controversés : le pipeline BTC et le pipeline Trans-ThaïlandeMalaisie. Le premier montant est inconnu, le second concerne un financement de 19,55 millions de dollars.

4.6.5. Conclusion Dans ses explications sur sa politique, KBC indique que, pour autant qu'il le sache, il n'accorde pas de crédit à des clients qui ne respectent pas les droits de l'homme. Un pas important, mais pas suffisant. La politique ne garantit pas l'exclusion des investissements dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains, ce qui ressort également des investissements que nous avons constatés dans des entreprises controversées. La signature des Principes de l'Equateur n'a pas non plus empêché KBC de financer des projets controversés comme le pipeline BTC et le pipeline Trans-Thaïlande-Malaisie.

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4.7. LA

PHOTO D E GROUPE

4.7.1. Présence des droits humains dans la politique générale des grandes banques En matière d'"entreprenariat socialement responsable" aussi on pratique de plus en plus l'image-building. C'est en soi une bonne affaire que les institutions financières veulent se différencier de la concurrence à ce niveau, reconnaissent leur responsabilité,... Mais l'image n'est évidemment pas tout. Si on se base uniquement sur les déclarations politiques générales, on pourrait penser que tout va bien. En effet, chaque groupe bancaire écrit d'une manière ou l'autre qu'il souhaite contribuer à la réalisation des droits de l'homme. Mais en conclure que ces groupes bancaires ne sont pas impliqués dans des investissements dans des violations graves des droits humains est une grave rerreur. Les groupes bancaires étudiés n'en sont qu'à leurs premiers pas en la matière. Et il y a encore beaucoup de raisons de s'inquiéter.

4.7.2. Les droits humains dans la politique d'investissement Les implications sérieuses dans des violations des droits humains ne sont pas exclues !! Aucun groupe bancaire ne déclare explicitement qu'il rejette les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains. Aucun d'entre eux ne garantit que votre argent ne sera pas utilisé pour investir par exemple dans : ◗ des entreprises qui exploitent des enfants ou violent d'autres droits du travail de base ◗ des entreprises qui collaborent avec des régimes dictatoriaux ◗ des projets qui expulsent contre leur volonté des peuples de leur territoire légitime KBC est le seul groupe bancaire qui exclut explicitement le financement des violations des droits humains. Mais seulement pour ses crédits. Et pour autant qu'ils le sachent. Il est dès lors frappant que précisément la politique générale de KBC contienne les mentions les moins "ronflantes" en matière de droits humains. L'initiative Portfolio21 assure que de nombreuses

Où est la limite?

réserves d'assurance du groupe Dexia ne sont pas placées dans des entreprises ou des régimes qui violent les droits du travail de base. Aucun des groupes bancaires étudiés ne peut garantir à ses clients qu'il exclut les investissements dans des violations graves des droits humains pour tous ses produits. Les droits humains sont-ils pris en compte ? Si les violations des droits de l'homme n'entraînent pas une exclusion du financement (dans presque tous les cas donc), peut-être ces violations sont-elles prises en compte, à côté d'autres critères, pour la sélection des entreprises dans lesquelles les groupes bancaires investissent ou pour l'attribution de crédits ? Nous avons constaté que les grandes banques en sont à leurs premiers pas en la matière, ce qui ne suffit vraiment pas pour soulager nos inquiétudes. Un aperçu. Crédits Outre KBC, seuls ING et Fortis indiquent explicitement qu'ils tiennent compte des droits humains en matière d'attribution de crédits, mais ils s'expriment en termes très sommaires qui ne nous en apprennent pas beaucoup.215 Presque pas d'attention pour les droits humains en matière de placements AXA, Dexia, Fortis, KBC et ING ne recourent pas à des critères liés aux droits humains pour la sélection des entreprises dans lesquelles ils investissent. Tous font référence pour cela à leurs produits de placement durables ou à leur service sur mesure pour les gros clients. Lorsque vous choisissez un produit de placement ou d'assurance classique, vous n'avez donc pas de garantie que votre argent n'est pas utilisé pour financer des entreprises ou des régimes impliqués dans des violations graves des droits humains, ni même qu'une attention particulière est accordée à cette question. Il y a deux exceptions à la règle ci-dessus. Le Groupe Fortis est le seul qui indique qu'il intègre les droits humains dans une partie216 de ses portefeuilles d'actions standards. Mais ce que cela implique concrètement lorsqu'il s'agit de prendre une décision quant à un investissement n'est pas clair. Avec Portfolio21, Dexia accorde une attention particulière aux droits du travail. Financement de projets Dexia, ING et KBC ont souscrit aux Principes de 51


l'Equateur, un code de conduite rédigé par le secteur pour le financement de grands projets. Les signataires s'engagent entre autres à tenir compte des situations en matière de droits humains pour l'attribution d'un financement. Un pas en avant, mais insuffisant. Les Principes de l'Equateur semblent être la couverture idéale pour quand même continuer à financer. En effet, on retrouve les signataires parmi les financiers de projets très inquiétants (voir chapitre 3). Le fait que ces principes se basent sur des directives relativement faibles de l'IFC217et pas par exemple sur les Normes de l'ONU sur la Responsabilité des entreprises (voir chapitre 5) pourrait en être la cause. BankTrack estime que les directives de l'IFS sont faibles en matière de droits humains et ne fournissent donc pas une couverture correcte aux banques participantes en la matière218. Le code de conduite est encore jeune et peut encore évoluer, mais il y a encore énormément de travail.

4.7.3. Engagement sérieux ou simple alibi ? A part KBC, toutes les institutions bancaires étudiées mentionnent qu'elles utilisent leur droit de vote. Mais cela ne veut pas dire que les droits humains y jouent un rôle important. Fortis affirme faire attention au rapportage en matière de politique sociale externe (incluant un certain nombre d'aspects liés aux droits humains). Dexia indique que l'engagement en matière de droits humains ne joue un rôle que pour ses produits durables. AXA et ING indiquent explicitement que les questions de droits humains peuvent jouer un rôle dans leur attitude en matière de vote mais ne spécifient pas comment ni dans quels cas concrets. C'est évidemment une bonne affaire que les institutions financières veulent faire un usage plus actif de leur droit de vote pour aborder, entre autres, des questions sociales. Mais il faut replacer les choses dans leur contexte et faire preuve d'un certain réalisme. Les pratiques actuelles montrent que les droits humains ne sont pas vraiment un "hot item" lorsqu'il s'agit d'exercer son droit de vote. En outre, une connaissance de dossier spécifique et une volonté de dialogue supplémentaire sont nécessaires pour que le droit de vote puisse avoir un impact sur la politique d'une entreprise. Le temps nécessaire n'est pas toujours disponible. Et même s'il l'est, cela n'est tout de même pas une garantie de succès. Les institutions financières ont un pouvoir, mais elles ne sont pas toutes puissantes.

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Dans le cas de violations graves des droits humains, il est irresponsable de maintenir simplement la situation existante en place si il n'y a pas d'indications suffisantes que l'"engagement" peut contribuer réellement à une solution. L'engagement est un instrument supplémentaire qui peut être utilisé pour l'élaboration d'une politique de placement correcte. Néanmoins, l'engagement ne peut pas remplacer une évaluation critique de la situation en matière de droits humains avant de prendre une décision d'investissement. Dans ce cas, l'engagement n'est qu'un alibi qui doit rendre socialement acceptable les profits réalisés grâce à des violations des droits humains. Des déclarations comme celle de AXA, "nous choisissons le dialogue plutôt que l'exclusion", sonnent évidemment très bien. Mais en y regardant de plus près, elles ressemblent fortement à un alibi pour continuer à gagner de l'argent en investissant dans des pratiques peu reluisantes. En effet, AXA n'indique pas que des entreprises sont privées d'investissements sur base de questions liées aux droits humains.

4.7.4. Manque de transparence Manque de précision quant à la politique choisie et à sa mise en œuvre Les informations fournies par les groupes bancaires ne sont pas taillées pour le client. Aucun groupe bancaire ne donne sur son site internet ou dans tout autre document public un aperçu coordonné qui indique clairement la place accordée aux droits humains dans sa politique d'investissement. Ces informations sont réparties de ci de là dans les rapports annuels, les rapports de durabilité, des codes,... En outre, elles sont très incomplètes et peuvent facilement induire le client en erreur. Ainsi, un client qui lit les principes généraux en matière de droits humains ne peut pas s'attendre à ce que la politique d'investissements concrète accorde en fait si peu d'attention au sujet. Nous avons dès lors demandé aux banques de décrire leur politique par écrit. Tous les grands groupes bancaires nous ont répondu et, il faut le dire, ces réponses ont été rédigées avec l'attention nécessaire. Nous avons reçu plus d'informations que ce qu'un client normal reçoit en réalité. Néanmoins, nous devons constater que les réponses fournies sont insuffisantes. Des références à des "règles déontologiques" non expliquées ou con-


crétisées ne veulent rien dire. Nous n'en apprenons pas beaucoup plus de réponses comme "notre global credit policy on sustainability intègre les droits humains dans diverses dimensions" ou "nous appliquons une politique de crédit distincte pour les entreprises impliquées dans des affaires ne correspondant pas à nos normes (e.a. les droits humains)". De telles réponses n'apporte pas de clarté à des questions pertinentes comme : ‘l'argent de mon épargne ou de mes placements sera-t-il investi dans : ◗ des entreprises qui exploitent des enfants ou violent d'autres droits du travail (de base) ? ◗ des entreprises qui renforcent des régimes oppresseurs ? Des régimes qui recourent au travail forcé ? ◗ des projets de grande ampleur qui entraînent des déplacements forcés de population, la négation du droit de codécision des populations locales, ... et d'autres violations des droits humains de la population autochtone ?’ Les investissements tombent dans un trou noir A l'exception des fonds de placement, les institutions financières ne rendent pas publique la liste des entreprises et régimes dans lesquels elles investissent. Les financements dévoilés dans ce dossier ont nécessité un véritable travail de recherche. Pourtant, ce sont surtout les investissements concrets qui permettent de voir clairement quel est le résultat concret de la politique menée. Pas d'information sur les votes exprimés Les groupes bancaires qui utilisent leur droit de vote dans des entreprises ne donnent pas suffisamment d'informations sur la manière dont ils ont utilisé leur vote au service des droits humains. Les données concrètes font défaut.

Où est la limite?

53


4.7.5. Les financements constatés Tableau 21 : Investissements de cinq groupes bancaires dans des entreprises qui violent les droits humains (Valeur des actions en dollars)219

Dictatures (Birmanie) Total Nippon Oil Mitsui Petronas DLH Marubeni Schendingen van arbeidsrechten Wal Mart Flextronics Solectron Sanmina Sci Jabil Celestica Pou Chen Yue Yuen TOTAAL

AXA

Dexia

Fortis

ING

KBC

1.202.290.725 1.100.671.093 11.054.250 77.809.202 1.069.200 1.049.680 10.637.300

263.190.614 258.303.089 1.810.142 2.478.775 0 0 598.608

207.453.796 198.679.203 0 8.774.593 0 0 0

632.402.000 616.331.230 12.036.780 3.835.769 31.763 0 166.458

221.756.302 215.276.769 4.569.286 1.239.388 200.295 0 470.564

4.695.180.816 873.785.133 2.218.628.640 1.024.342.676 512.622.593 10.321.844 54.665.980 50.812 763.138

46.552.657 41.206.758 3.963.193 256.602 368.740 333.134 221.113 0 203.117

28.934.001 26.654.014 0 1.496.077 32.436 130.921 0 0 650.553

704.179.196 665.790.164 104.796 5 .633.176 6.440.938 24.233.336 1.044.449 41.526 890.811

43.037.033 36.943.448 4.186.945 137.813 246.463 603.453 199.555 179.646 539.710

5.897.471.541

309.743.271

236.387.797

1.336.581.196

264.793.335

Les groupes bancaires investissent ensemble plus de 8 milliards de dollars dans des entreprises impliquées dans des pratiques controversées en matière de droits humains.

Quatre groupes bancaires sont impliqués dans le financement d'un ou plusieurs projets controversés.

Tableau 22 : Implication de cinq groupes bancaires dans le financement de projets controversés AXA pipeline BTC pipeline TransThaïlande- Malaisie Sakhalin II

Dexia

Fortis

X X

ING

KBC

X

X

X

X

X?°

° En octobre 2005, les financiers de Sakhalin II n'étaient pas encore connus. ING est cependant sur la liste réduite de 8 banques dans laquelle seront choisies les 4 banques qui dirigeront le financement par le biais d'un syndicat de banques.

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4.7.6. La photo de groupe : schéma récapitulatif Tableau 23 : La photo de groupe AXA

Dexia

Fortis

ING

KBC

+

+

+

+

+/-

-

-

-

-

-

-

(a)

-

-

+ -

-

-

+/-

+/-

+/-

+/-

+ (a) -

+/+/+/-

+ +/-

+ -

JA JA NEE

JA JA JA

JA JA JA

JA JA JA

JA JA JA

-

-

-

-

Les droits humains dans la politique générale Signature des Compact Principles ou volonté de’ "contribuer à la réalisation des droits humains" présente dans d'autres documents officiels La politique contient une référence aux Normes de l'ONU sur la Responsabilité des entreprises ou aux droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques Les droits humains dans la politique d'investissement Exclusion du financement de violations des droits humains • Pour les crédits • Pour les placements et assurances (b) Attention particulière pour les droits humains • Dans les crédits • Dans le financement de projets - signature des Principes de l'Equateur - autres points d'attention • Dans les placements et/ou assurances (b) Engagement (avec une attention pour les droits humains) (b) Investissements concrets dans des violations des droits humains • Entreprises actives en Birmanie • Violations des droits du travail • Financement de projets controversés Transparence • Politique d'investissements en matière de droits humains clairement visible sur le site internet • Publication des investissements faits

-

(a) exclu pour une partie des assurances et uniquement en matière d'infractions aux droits du travail de base (b) il s'agit ici des placements et assurances classiques, pas des produits durables ou éthiques. Ces derniers feront l'objet d'un prochain rapport. +/- Cela signifie : présent mais manque de clarté quant à ce que cela signifie concrètement.

Ce rapport montre clairement que la politique menée présente de graves lacunes : manque de limites, manque de clarté pour le client, absence d'une attention spéciale pour les droits humains dans de nombreuses pratiques d'investissement,... Les manquements de cette politique sont confirmés par les investissements que nous avons constatés. Ces investissements montrent de manière exemplaire Où est la limite?

que le rendement financier du client du groupe bancaire est également obtenu par le biais d'investissements dans des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains. Il y a donc suffisamment de raisons de s'inquiéter. Néanmoins, tous ces manques et lacunes sont également des opportunités. Des opportunités pour les 55


institutions financières de se distinguer de la concurrence aussi à ce niveau, des opportunités de prendre leurs responsabilités. A elles de saisir ces opportunités. Evidemment, nous continuerons à informer sur ce sujet dans les suites données à ce dossier.

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CHAPITRE 5:

une autre approche estsouhaitable Les paragraphes précédents montrent clairement que des changements sont nécessaires. Heureusement, Netwerk Vlaanderen n'est pas tout seul avec cette volonté de changement. Dans ce chapitre, nous illustrerons cette situation au moyen d'un certain nombre de signaux positifs en provenance du secteur ainsi que des épargnants et investisseurs. Et nous Où est la limite?

indiquerons également que des organes qui font autorité, comme par exemple les Nations Unies, souhaitent également que les entreprises considèrent les droits humains avec plus de respect. Le volet consacré aux alternatives montrera qu'une autre politique est possible. Cependant, comme vous 57


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le constaterez, l'offre d'alternatives est très limitée et le chemin est encore long. Il est donc urgent de passer à l'action. Pour cette raison, nous conclurons ce rapport avec les revendications de notre campagne.

5.1. DE S

SIGNAUX POSITIFS

E N PROVENANCE D U SECTEUR FINANCIER

franchi mais il faut aller plus loin car toutes les violations des droits humains n'ont pas une influence sur le rendement, loin de là. Un changement de mentalité est nécessaire pour infléchir cette situation.

5.2. LE S

CLIENTS VEULENT Q U E

L E S DROITS HUMAINS SOIENT RESPECTÉS

La libre circulation des capitaux n'a pas uniquement apporté des opportunités de financement supplémentaires, mais également des responsabilités sociales supplémentaires. Le capital peut circuler relativement librement dans le monde depuis déjà quelques décennies mais la prise en compte des nouvelles responsabilités qui y sont liées (e.a. en matière de droits humains) ne commence à devenir peu à peu réalité que maintenant : les rapports de durabilité deviennent plutôt la règle que l'exception, le respect des droits humains est inscrit dans les politiques générales, les premiers pas sont franchis vers l'intégration de critères liés aux droits humains dans les politiques d'investissement,… Les institutions financières commencent de plus en plus à réaliser que de mauvaises conditions de travail peuvent entraîner des conflits sociaux et donc des pertes de revenus, que les activités dans des pays dirigés par un régime dictatorial impliquent un risque financier,… Dans une enquête menée par CSR Europe, Deloitte et Euronext, 86% des investisseurs interrogés ont déclarés qu'une gestion des risques sociaux et écologiques a des effets positifs à long terme pour la valeur d'une entreprise sur le marché. Selon l'étude, le respect des droits humains serait le critère socioécologique le plus important dont ils tiennent compte lorsqu'ils doivent faire des choix ou des conseils d'investissement.220 ‘Who Cares Wins’ est un rapport qui se penche sur des sujets sociaux, écologiques et politiques et sur leur impact sur la valeur des actions. Sous l'égide des Nations Unies, de nombreux groupes bancaires de premier plan (e.a. AXA) ont collaboré à un rapport rempli de recommandations en vue d'une plus grande prise en compte de ces sujets dans les décisions d'investissement.221 Il y a donc suffisamment de raisons, ne fusse que pour des "considérations de rendement", pour accorder plus d'importance aux droits humains, et ce raisonnement fait clairement son chemin dans le monde financier. Il faut maintenant espérer que les actes se joindront aux paroles. Le premier pas est déjà

Où est la limite?

Les clients d'aujourd'hui ne souhaitent pas que leurs rendements soient atteints quoi qu'il en coûte. Des recherches supplémentaires sont souhaitables sur le sujet, mais nous voulons tout de même vous présenter les résultats des enquêtes déjà menées. Elles indiquent que le client moderne n'est pas si facilement prêt à accepter que son rendement soit atteint au moyen de l'exploitation et de l'oppression des ses semblables. Le respect des droits humains occupe le sommet de sa liste d'exigences.

5.2.1. Ethibel En 2004, Ethibel a mené une enquête auprès d'épargnants et d'investisseurs en demandant entre autres aux participants quel type d'entreprises ils préféreraient ne pas voir présentes dans leur portefeuille de placements. En tête des entreprises à éviter, on trouve celles qui sont impliquées dans la vente ou la fabrication d'armes. 84% des personnes interrogées ont déclaré trouver cela très important. En deuxième et troisième places sur la liste, on trouve les entreprises impliquées

59


dans des violations des droits humains. 78% des personnes interrogées estiment très important d'éviter le recours au travail des enfants et l'exploitation des travailleurs. 77% veulent éviter les entreprises qui collaborent avec des régimes qui violent les droits humains. D'autres pratiques à éviter sont entre autres la collaboration avec des régimes corrompus (66%) et la non-application des conventions de l'OIT (51%)

5.2.2. DSR Début 2004, Dutch Sustainability Research (DSR) a publié un rapport222 consacré à la manière dont les grandes ONG néerlandaises se positionnent face à la gestion de leur propre patrimoine. On leur a entre autres demandé quels éléments faisaient partie de leur politique de placement durable ou éthique. Le travail des enfants est le critère le plus fréquemment repris dans la politique de placement durable. Les thèmes suivants liés aux droits humains sont intégrés dans la politique de 50% ou plus des organisations interrogées : ◗ travail des enfants : 79% ◗ conditions de travail (en général) : 71% ◗ violations des droits humains (en général) : 61% ◗ corruption et collaboration avec des régimes dictatoriaux : 57% ◗ lutte contre la pauvreté, discrimination et conventions de l'OIT : 50% Egalement importants, mais dans une moindre mesure : ◗ travail forcé et liberté syndicale (41%) ◗ substances dangereuses pour l'environnement (33%) ◗ directives de l'OCDE (29%)

5.2.3. ING La banque ING a demandé à un public néerlandais non spécifié quels secteurs ou activités ils souhaiteraient voir exclus des investissements. 71% des personnes interrogées estimaient que des violations des droits humains devraient entraîner une exclusion des investissements.223 Dans ce "palmarès", les violations des droits humains n'étaient dépassées que par les infractions environnementales répétées.

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5.3. UN E S O U S- COMMISSION D E L ' O N U DÉCLARE Q U E L E S DROITS HUMAINS S ' APPLIQUENT A U S S I A U X ENTREPRISES En 2003, la "Sous-commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme de l'ONU’ a adopté à l'unanimité le projet de normes relatives à la responsabilité des entreprises (transnationales) en matière de droits humains.224 Ces Normes des Nations Unies sur la responsabilité des entreprises en matière de droits de l'homme rassemblent les normes internationales en matière de droits humains et les appliquent au monde des entreprises. Les Normes des Nations Unies ont été accueillies par de nombreuses organisations et ONG comme une étape nécessaire dans la définition des responsabilités des entreprises du monde entier. Elles offrent également aux institutions financières des critères permettant de mesurer le comportement des entreprises en vue de décisions d'investissement. Ces deux points sont brièvement expliqués ci-dessous.

5.3.1. Pourquoi des normes sont-elles nécessaires pour les entreprises ? La Charte des Nations Unies de 1945 et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 ont défini pour la première fois un certain nombre de droits humains. Ces droits ont été développés et complétés par après dans d'autres traités. Tous se rapportaient en premier lieu aux états. Il était et est attendu d'eux qu'ils respectent les traités et les intègrent dans la législation locale. Pourtant, dès les débuts de la Déclaration, on attendait également des états qu'"ils appellent chaque organe de la société (et donc aussi les entreprises) à garantir, respecter et promouvoir les droits humains". Depuis les années 80, la mondialisation économique et la libre circulation des capitaux ont augmenté le pouvoir des entreprises (multinationales). Leur attitude face aux droits humains devient toujours plus importante. En outre, ces dernières années, les médias ont révélé les pratiques douteuses d'entreprises qui se concentraient uniquement sur leurs intérêts commerciaux dans des régions en conflit et des régimes dictatoriaux, au détriment de la population locale. Cela n'a fait qu'augmenter l'urgence de la question de savoir comment on peut atteindre un équilibre entre les droits humains et la liberté et le pouvoir croissant des entreprises.


Nations Unies mais pas encore par le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme des Nations Unies. C'est principalement le monde des entreprises, qui continue à jurer par ses propres codes de conduite volontaires, qui fait de la résistance.

C'est pour cette raison que les Normes des Nations Unies partent de la conviction que – même si la responsabilité primaire repose toujours sur les états – les entreprises (transnationales) ont toujours l'obligation de favoriser le respect des droits humains et d'en contrôler l'application. Les Normes des Nations Unies veulent aller plus loin que les codes de conduite volontaires que certaines entreprises (mises sur la sellette) ont déjà développés. Les codes de conduite sont positifs parce qu'ils montrent que des entreprises veulent s'engager pour les droits humains, mais ils sont insuffisants. Ils sont trop divers, leur mise en œuvre est rarement garantie ou contrôlable et surtout... ils ne signifient rien pour les entreprises qui ne se soucient de rien et continuent leurs activités sans code volontaire. Le préambule des Normes des Nations Unies exprime la situation de manière diplomatique : "Noting also that transnational corporations and other business enterprises often are involved in human rights issues and concerns, such that further standard-setting and implementation are required.""225 Ainsi, le chemin est petit à petit pavé pour un instrument de droit international qui obligera les entreprises à respecter les droits humains et définira leur responsabilité. Cependant, nous n'en sommes pas encore là.

5.3.2. Le statut actuel et le contenu des Normes des Nations Unies Amnesty International considère les Normes des Nations Unies comme le fil conducteur pour les entreprises qui veulent entreprendre de manière responsable et durable. Elles forment l'instrument international par excellence, créé par une institution faisant autorité, qui donne de manière systématique et complète un aperçu des obligations en vigueur pour les entreprises internationales et de la manière dont ces obligations peuvent être appliquées.226 Néanmoins, les Normes des Nations Unies ne sont pas encore automatiquement juridiquement imposables. Elles ont été approuvées à l'unanimité par la Sous-commission pour les Droits de l'Homme des Où est la limite?

Outre un certain nombre d'obligations générales, les Normes des Nations Unies contiennent six "chapitres" de droits : non-discrimination, droit à la sécurité des personnes, droits fondamentaux du travail, respect de la souveraineté nationale, protection du consommateur et protection de l'environnement. Pour la mise en œuvre concrète des chapitres, on se base sur les normes internationales existantes. Ainsi, le chapitre sur les droits du travail se base sur les normes fondamentales de l'Organisation internationale du travail (OIT).227 En matière de droits du travail, les Normes des Nations Unis contiennent entre autres : l'interdiction du travail forcé et du travail des enfants, la nécessité d'un environnement de travail sûr et sain, le respect de la liberté d'association et de négociations collectives, mais également la nécessité d'un salaire permettant au travailleur d'atteindre un niveau de vie correct. Les Normes des Nations Unies se penchent également sur la mise en œuvre de ces droits et expliquent que toute entreprise doit avant tout calquer ses codes de conduite sur les normes, mais doit également faire rapport sur les progrès dans leur mise en œuvre, et ne peut entamer des relations commerciales qu'avec des entreprises qui respectent également les Normes des Nations Unies.

5.3.3. Les institutions financières doivent appliquer les Normes des Nations Unies dans leur politique d'investissements Les obligations générales228 des Normes des Nations Unies sont très claires sur ce qu'elles attendent des entreprises : within their respective spheres of activity and influence, transnational corporations and other business enterprises have the obligation to promote, secure the fulfillment of, respect, ensure respect of and protect human rights. Et pour ceux qui auraient encore des doutes, le commentaire joint à ces obligations rend toute échappatoire impossible : ◗ Transnational corporations and other business enterprises shall have the responsibility to use due diligence in ensuring that their activities do not contribute directly or indirectly to human abuses, 61


5.4. ALTERNATIVES 5.4.1. Un exemple à l'étranger : The Co-operative Bank The Co-operative bank est un groupe de banque et assurance britannique. Fin 2004, le groupe comptait plus de 7 millions de clients et près de 13.000 employés.229 Leur bénéfice avant impôt s'élevait à 132 millions de livres sterling.230

◗ and that they do not directly or indirectly benefit from abuses of which they were aware or ought to have been aware. On peut attendre d'une institution financière qui souhaite respecter les dispositions ci-dessus qu'elle intègre les Normes des Nations Unies dans sa politique d'investissements. Amnesty International l'exprime ainsi : "Evaluate companies in which you invest by using the UN Human Rights Norms for Businesses as a benchmark.and use the UN Human Rights Norms for Businesses in the development of criteria to assess the human rights impact of potential projects". Afin d'y parvenir, il faut définir si et dans quelle mesure des entreprises et régimes concrets répondent aux Normes des Nations Unies. Nous avons demandé aux fournisseurs et aux enquêteurs de produits financiers durables s'ils pouvaient garantir que les entreprises dans lesquelles ils autorisent des investissements respectent les Normes des Nations Unies. Un certain nombre d'enquêteurs et de fonds ont déclaré qu’ils pouvaient offrir une garantie relative en la matière à leurs investisseurs. Pourquoi ce qui est possible pour les produits de placement durables ne serait-il pas possible pour leurs produits classiques ? Amnesty International considère les Normes des Nations Unies comme le fil conducteur pour les entreprises qui veulent entreprendre de manière responsable et durable. Elles offrent pour la première fois un instrument international systématique et complet créé par une institution faisant autorité : les Nations Unies. Elles affirment en termes généraux que, dans leur sphère d'influence, les entreprises ont le devoir de promouvoir les droits de l'homme, de les respecter et d'assurer leur réalisation. Elles concrétisent ce devoir en traduisant en obligations pour les entreprises les éléments essentiels d'une trentaine de traités internationaux.

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The Co-operative Bank dispose d'une politique éthique très détaillée avec des implications importantes sur leur politique d'investissement. Ces implications concernent la manière dont le groupe tient compte des violations des droits humains, du commerce d'armes, des manipulations génétiques, de l'impact sur l'environnement, des tests sur des animaux,... De nombreuses entreprises impliquées dans de telles activités sont exclues des investissements.231 En matière de droits humains, cette banque britannique affirme entre autres : "Through our investments, we seek to support the principles of the Universal Declaration of Human Rights. In line with this, we will not invest in: ◗ any government or business which fails to uphold basic human rights within its sphere of influence. ◗ any business whose links to an oppressive regime are a continuing cause for concern."232 Cette politique est expliquée plus en détails sur leur site internet. Comparez ce que vous trouverez à ce sujet sur leur site internet233 avec ce que vous trouverez sur les sites internet des groupes bancaires que nous avons étudiés. Vous serez d'accord avec nous : d'énormes progrès sont possibles, tant en ce qui concerne la politique menée par nos banques que pour ce qui est communiqué à propos de cette politique.

5.4.2. En Belgique : des produits qui excluent les violations des droits humains des investissements Pour les clients qui veulent éviter que l'argent de leur épargne et/ou de leurs placements soit utilisé pour investir dans des violations graves des droits humains, nous proposons quelques alternatives. Fin décembre, nous publions un rapport plus détaillé sur le sujet. Ci-dessous en tout cas un premier jet.


tiatives lancées par l'économie sociale. Vous trouverez des exemples sur notre site internet : www.netwerkvlaanderen.be. De cette manière, vous êtes certain à cent pourcent que votre argent ne finance pas des violations des droits humains.

Comptes d'épargne Les produits d'épargne suivants offrent la meilleure garantie que votre argent ne sera pas utilisé pour financer des entreprises ou des régimes impliqués dans des violations graves des droits humains. ◗ les comptes d'épargne et à terme de la Banque Triodos ◗ l'Epargne Cigale de Fortis ◗ le Solidariteitsspaarrekening (compte d'épargne de solidarité) de VDK Tous ces produits appliquent des critères qui rendent presque impossible un financement d'entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains. En outre, ils sont suffisamment transparents ou disposent de l'un ou l'autre contrôle externe qui vérifie et rend public le respect de la promesse d'investissement.234 Pour plus d'explications sur ces produits, consultez notre site internet : www.netwerkvlaanderen.be. Placements Investir dans l'économie sociale Vous pouvez choisir vous-même une initiative dans laquelle vous voulez investir. Ceci comporte certains risques : connaissez-vous suffisamment l'initiative, si cela tourne mal vous risquez de perdre (une partie de) votre argent, le rendement financier correspond-il à ce que vous souhaitez,... ? Mais peut-être l'école de vos parents veut-elle faire des rénovations avec un prêt de quelques parents, peut-être l'association dont vous êtes membre a-t-elle besoin d'un prêt pour son secrétariat, ou peut-être quelques-uns de vos amis ont-ils besoin d'argent pour lancer une petite entreprise sociale,... ? Vous seriez étonné de découvrir combien d'associations et de petites entreprises gardent la tête hors de l'eau grâce à des prêts de leurs sympathisants. Vous pouvez également investir dans des organisations qui sont spécialisées dans le financement d'iniOù est la limite?

Fonds de placements et produits d'assurance Sur notre site internet, vous trouverez un aperçu de tous les produits de placement et d'assurance proposés sur le marché belge dans les catégories "durable", "éthique", "socialement responsable",... Globalement, ces produits offrent un rendement financier comparable à celui de leurs équivalents "classiques". Attention, ces produits sont également des investissements. Vous n'avez donc pas de rendement garanti et vous courrez un risque de perte. Tous les groupes bancaires étudiés dans ce rapport proposent de tels produits, tout comme un certain nombre d'institutions plus petites. La majeure partie de ces produits tient compte de critères liés aux droits humains dans la sélection des entreprises et/ou régimes dans lesquels ils investissent. Cependant, ils ne le font pas tous et pas tous de manière très correcte. La bonne nouvelle est que les chercheurs et les gestionnaires de fonds d'un certain nombre de ces produits offrent une garantie raisonnable que votre argent n'est pas investi dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains. La mauvaise nouvelle est qu'ils ne le garantissent pas tous et que le client ne peut pas toujours le déduire des informations disponibles à propos du produit. Des recherches supplémentaires sont également nécessaires à ce sujet, c'est ce qui nous occupe pour le moment. Nous en publieront les résultats dans le futur. En attendant, le client conscient n'a pas d'autre choix que de demander expressément produit par produit au fournisseur s'il peut garantir que les investissements dans des entreprises impliquées dans des violations des droits humains en sont exclus.

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5.5. REVENDICATIONS

DE LA

CAMPAGNE 5.5.1. Revendications aux groupes bancaires Les revendications de la campagne ◗ Arrêt des investissements dans des violations graves des droits humains Netwerk Vlaanderen demande que les groupes bancaires se penchent sur leurs investissements dans des entreprises mises en cause en raison de violations graves des droits humains et y mettent un terme. Les violations graves des droits humains suivantes ont été documentées dans ce rapport de Netwerk Vlaanderen : collaboration inquiétante avec des régimes dictatoriaux, violation des droits fondamentaux des travailleurs et violations des droits des populations locales. ◗ Une politique d'investissement claire et contrôlable Parce que les investisseurs et les épargnants ne peuvent pas juger du profil de leur groupe bancaire en matière de droits humains sans informations claires, Netwerk Vlaanderen demande aux groupes bancaires : - la publication d'une politique claire en matière de droits humains et de la méthode d'implémentation - la publication des entreprises et des régimes dans lesquels ils investissent En outre, cette transparence ne doit pas être qu'une façade : les groupes bancaires doivent dire ce qu'ils font et faire ce qu'ils disent. Arrêt des investissements dans des violations graves des droits humains Netwerk Vlaanderen a étudié quelques violations des droits humains commises par des entreprises

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dans le monde entier. Nous avons démontré que des groupes bancaires actifs en Belgique investissent dans des entreprises qui soutiennent des dictatures, traitent leurs travailleurs de manière inhumaine, interdisent les syndicats, démembrent des communautés locales et commettent d'autres violations graves des droits humains. Ces exemples montrent que les groupes bancaires étudiés ne prennent pas leur responsabilité en matière de respect des droits humains. Pourtant, les institutions financières ont une grande responsabilité sociale. Elles façonnent la société en décidant qui reçoit un financement et qui n'en reçoit pas, et à quelles conditions. Si les institutions financières veulent se comporter de manière responsable au niveau social, c'est précisément avec des décisions d'investissement qu'elles peuvent faire la différence. Dans le contexte actuel, ces décisions d'investissement concernent des entreprises actives dans le monde entier. Etant donné qu'il n'existe pas encore de cadre juridique international contraignant qui règle le respect des droits humains par les entreprises, les banques se meuvent dans une zone grise. Elles investissent régulièrement dans des entreprises qui violent les droits humains selon les normes internationales. La position classique des institutions financières n'apporte ici aucun soulagement. Elles affirment que leurs investissements n'enfreignent pas la loi. Mais le problème est justement que, dans des pays qui ne se soucient pas des droits humains ou dans lesquels les droits humains ne sont pas intégrés dans une législation correcte, il est parfaitement légal pour des entreprises de violer les droits humains. Dans des dictatures comme la Birmanie, le régime collabore même activement à ces violations des droits humains. Même s'ils ne sont pas illégaux, on peut difficilement considérer comme souhaitables ou responsables des investissements dans des projets d'extraction qui vont de pair avec travail forcé, déménagements forcés et répression. Sortir de cette situation problématique est un des défis du 21ème siècle. Les libertés accordées à la libre circulation des capitaux dépassent de loin les obligations légales. Il n'y a pas encore de législation contraignante pour les entreprises en matière de droits humains mais il y a des normes, des règles de conduite. Celles-ci sont définies dans des standards internationaux. Les Normes des Nations Unies (voir chapitre 5.3.) en sont à l'heure actuelle l'exemple revêtant la plus grande autorité.


Nous demandons dès lors que les institutions financières utilisent ces Normes des Nations Unies comme ligne directrice pour leurs activités. Nous demandons qu'elles intègrent ces normes dans le processus de sélection des entreprises et des régimes pour leurs investissements. Amnesty International l'exprime ainsi : "Evaluate companies in which you invest by using the UN Human Rights Norms for Businesses as a benchmark.and use the UN Human Rights Norms for Businesses in the development of criteria to assess the human rights impact of potential projects"235.

l'argent de l'épargne pour accorder des crédits et pour investir pour son propre compte. Les fonds de placement placent l'argent reçu de l'investisseur entre autres dans des entreprises cotées en bourse et dans des titres publics. Les sociétés d'assurance en font de même avec les primes d'assurance reçues. Elles travaillent toutes avec l'argent de leurs clients. Le client a le droit de savoir ce qui se passe avec son argent et a également besoin de ces informations pour pouvoir faire un choix conscient. En effet, un client doit pouvoir décider si ce qui se passe avec son argent est bien en conformité avec ses convictions.

Les institutions financières qui agissent sérieusement de cette manière en arriveront à un point ou les infractions et/ou les doutes en matière de droits humains seront tels qu'elles devront déclarer : "nous ne voulons pas être mêlés à ça, nous n'investissons pas (ou plus) ici". Ces limites semblent presque inexistantes chez les groupes bancaires étudiés. A

La transparence demandée n'est pas nécessaire uniquement pour le client individuel, mais également pour la société. Comme nous l'avons déjà expliqué cidessus, les institutions financières jouent un rôle important dans la société. La société a le droit de savoir quel est ce rôle. Travaillent-elles à la réalisation de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Si oui, comment ? Continuent-elles à investir dans des contrevenants ? Les citoyens, les entreprises, les ONG spécialisées, les gouvernements,… doivent pouvoir travailler dans l'intérêt général. Ils doivent par exemple pouvoir vérifier dans quelle mesure les institutions financières contribuent à la réalisation de la Déclaration Universelle signée par la Belgique. Cela n'est possible que s'ils ont accès aux informations correspondantes en la matière.

l'exception des crédits chez KBC, les politiques étudiées n'indiquent pas si une limite existe et à quel niveau elle se situe. Même pour les plus graves des violations des droits humains décrites dans ce dossier, nous avons trouvé des investissements des groupes bancaires étudiés. C'est inacceptable. Dès lors, les institutions financières doivent développer une politique d'évaluation et d'arrêt des investissements dans des violations graves des droits humains.

Même si l'institution financière choisit des normes internationales (par exemple les Normes des Nations Unies) pour développer sa politique, la transparence reste nécessaire. Même ces Normes des Nations Unies ne sont pas univoques. C'est aux institutions financières elles-mêmes de définir dans quelle direction elles évolueront et comment elles interprèteront les Normes des Nations Unies. Un rapportage correct de la politique menée est nécessaire pour permettre à la société d'y apporter des améliorations.

Une politique d'investissement claire et contrôlable

Nous demandons dès lors la publication d'une politique d'investissement claire rédigée dans un langage clair et compréhensible pour tous.

Publication d'une politique d'investissement claire Il ressort de ce rapport que le client ne dispose pas de suffisamment d'informations sur ce qui se passe avec l'argent de son épargne et de ses placements (voir chapitre 4). Néanmoins, presque tout le monde place de l'argent dans une institution financière. La banque utilise Où est la limite?

En premier lieu, nous demandons la publication de données relatives à la limite inférieure. Quelles sont les violations graves des droits humains qui sont incompatibles avec les principes du groupe bancaire et qui mènent à l'exclusion en matière d'investissements ? Un bon début pourrait être la publication d'informa65


tions à propos de la politique menée quant à un certain nombre des violations des droits humains décrites dans ce dossier : ◗ renforcement d'un régime dictatorial ◗ violations graves et/ou systématiques des droits du travail ◗ non-respect des droits des populations autochtones En outre, nous demandons la publication des détails de l'implémentation concrète. En particulier, nous attendons la publication des éléments suivants : ◗ les normes internationales et les droits humains concrets qui sont pris en compte ◗ le mode d'enquête et la place accordée à des ONG spécialisées dans cette enquête ; ◗ le poids accordé aux risques et infractions constatés ; ◗ la portée de la politique : tout le groupe ? tous les produits ? … ; ◗ les responsables de la politique ; ◗ la manière dont le rapportage public est prévu. Le client et la société ne doivent pas avoir besoin d'un long travail de recherche pour obtenir toute la clarté sur le sujet. Un texte clair sur le site internet du groupe bancaire serait déjà un bon début. Une politique d'investissements contrôlable : publication des investissements et du comportement en matière de votes Ce n'est que lorsque les entreprises et régimes dans lesquels le groupe bancaire investit sont connus qu'on peut voir ce que la politique menée signifie dans la pratique. Ainsi, les investissements dévoilés dans ce rapport montrent clairement les manquements fondamentaux des groupes bancaires. Toute personne qui aurait encore des doutes sur base des déclarations de politique des groupes bancaires ne peut plus nier l'implication des institutions financières étudiées à la vue des investissements concrets dévoilés. Cependant, la mise en œuvre d'un tel contrôle est particulièrement difficile. En effets, les investissements concrets des institutions financières tombent dans une sorte de trou noir. Les grandes banques ne publient pas la liste des entreprises et des régimes auxquels elles accordent des crédits. Par contre, un certain nombre de banques plus petites le font. Il y a bien une instance qui dispose de ces données des banques, la centrale de crédits, mais elle non plus ne publie pas ces données. Le respect du caractère privé des entreprises prime ici à tort sur l'intérêt 66

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général. Au Etats-Unis par exemple, dans le cadre du Community Reïnforcement Act, on voit les choses autrement. Cette loi oblige les institutions financières à réinvestir dans une mesure suffisante l'argent récolté localement dans des projets locaux. Pour que ce fonctionnement puisse être contrôlé et transparent, les financements doivent être rendus publics. Les fonds de placement doivent quant à eux rendre publics les titres dans lesquels ils investissent. Le secteur financier décrit d'ailleurs de manière détaillée ces placements et commercialise ce traitement de données. Avec pour conséquence que l'accès à ces données coûte beaucoup d'argent. Les sociétés d'assurance et les fonds de pension n'ont pas d'obligation de transparence en la matière. Notre avenir et une partie de notre pension sont entre leurs mains. Mais nous n'avons pas la moindre idée des entreprises et des régimes sur lesquels reposent leurs espoirs. Malgré cela, en utilisant des méthodes de journalisme d'investigation, Netwerk Vlaanderen a pu mettre en lumière à titre d'exemple un certain nombre d'investissements controversés. Mais ce n'est pas la méthode qu'attendent le public et la société. Pour cette raison, nous demandons que les investissements concrets soient rendus publics. Le trou noir doit devenir une tour de verre. Enfin, nous souhaitons encore mentionner qu'on peut attendre des institutions financières qui utilisent leur droit de vote qu'elles expliquent publiquement quels votes elles ont exprimés en prenant les droits humains en compte. Dans ce cas aussi les clients et la société ont le droit à l'information. Des informations qui doivent servir pour leur choix en tant que clients conscients ou comme base pour le contrôle et d'éventuelles adaptations.

5.5.2. Revendications politiques de la campagne Autorités belges Une fonction d'exemple Netwerk Vlaanderen attend des différents niveaux de pouvoir (communes, régions, fédéral) qu'ils remplissent une fonction d'exemple. Il n'est pas acceptable qu'ils investissent leurs moyens dans des entreprises et/ou des régimes impliqués dans des violations graves des droits humains. Ce n'est pas compatible avec leur mission de service de l'intérêt général. Ainsi, en pratiquant de tels investissements, le gouverne-


ment fédéral ne contribue pas à la réalisation de la Déclaration Universelles des Droits de l'Homme qu'il a signée. Pour cette raison, les autorités doivent élaborer une politique d'épargne et de placement qui contribue à la mise en œuvre des traités internationaux, parmi lesquels la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. L'argent des fonds de pension (du personnel des services publics) devrait également placé en conformité avec les traités internationaux. Obligation de transparence et de justification La réglementation devrait prévoir un minimum de transparence et d'obligation de justification pour les questions écologiques, sociales et politiques. En outre, ces questions peuvent avoir une influence sur la valeur des actions des entreprises et devraient donc être portées à la connaissance de l'épargnant/investisseur. Leur publication facilite également l'intégration de ces éléments dans l'analyse financière.236 Quelques exemples : ◗ Les fonds de pension et de placement sont légalement obligés de rendre public si et comment ils intègrent les considérations sociales, écologiques et éthiques dans leur politique de placement. Cette obligation devrait également s'appliquer aux autres institutions financières, entre autres les banques et les sociétés d'assurance. ◗ Les fonds de pension doivent publier la liste des entreprises dans lesquelles ils investissent, les montants qu'ils investissent et l'utilisation qu'ils font de leur droit de vote. Cette obligation devrait également s'appliquer aux autres institutions et produits financiers.

droits humains ? Une limite minimale politiquement acceptable doit être définie et fixée au niveau juridique. International Transparence et responsabilité sociale Il va de soi que des initiatives doivent également être prises au niveau européen afin d'augmenter la transparence et la responsabilité sociale des institutions financières. Les attentes que nous avons exprimées au niveau national devraient également être prises en compte au niveau européen. Le gouvernement belge peut également insister auprès de ses divers représentants au niveau national (OCDE, ONU, …) pour qu'ils défendent les Normes des Nations Unies. Un cadre juridique international pour les entreprises A l'heure actuelle, il n'y a pour ainsi dire pas de base juridique pour traduire en justice les entreprises coupables de violations graves des droits humains et les faire payer pour les dégâts causés. Tant que les entreprises respectent la législation locale, il n'y a pas de problème. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour que les entreprises puissent être jugées responsables dans le monde entier pour leurs activités contraires aux droits humains. La référence aux Normes des Nations Unies et leur prise en compte dans diverses déclarations politiques et résolutions en sont un exemple.

◗ Les rapports annuels des entreprises cotées en bourse (en premier lieu) devraient expliquer en détails l'attention accordée aux questions sociales, écologiques, éthiques et politiques. Une plus grande responsabilité sociale Un minimum absolu est que les pouvoirs publics déclarent expressément que les entreprises actives sur leur territoire doivent agir conformément aux normes internationales et au droit international humanitaire. Ils doivent également travailler à la promotion de l'application des Normes des Nations Unies par les entreprises. Le monde politique doit également se pencher sur la question de savoir quelle est la responsabilité sociale minimale que les institutions financières doivent prendre. Est-il acceptable que des institutions financières financent des entreprises qui violent les Où est la limite?

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APERCU DES TABLEAUX Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau

1 : Investissements dans Total ......................................................................................................14 2 : Investissements dans Petronas ................................................................................................14 3 : Investissements dans Mitsui ....................................................................................................14 4 : Investissements dans Nippon Oil ..............................................................................................15 5 : Investissements dans DLH ......................................................................................................15 6 : Investissements dans Marubeni................................................................................................16 7: Investissements dans Wal-Mart ................................................................................................22 8 : Investissements dans Flextronics ..............................................................................................24 9 : Investissements dans Solectron ................................................................................................24 10 : Investissements dans Sanmina Sci ..........................................................................................24 11 : Investissements dans Jabil ......................................................................................................24 12 : Investissements dans Celestica ................................................................................................25 13 : Investissements dans Pou Chen ..............................................................................................27 14 : Investissements dans Yue Yuen ................................................................................................27 15 : Implication dans le financement de projets controversĂŠs ............................................................37 16 : Investissements de AXA dans des entreprises qui violent les droits humains ..................................42 17 : Investissements de Dexia dans des entreprises qui violent les droits humains ..............................44 18 : Investissements de Fortis dans des entreprises qui violent les droits humains................................46 19 : Investissements de ING dans des entreprises qui violent les droits humains ..................................48 20 : Investissements de KBC dans des entreprises qui violent les droits humains ................................50 21 : Investissements de cinq groupes bancaires dans des entreprises qui violent les droits humains (Valeur des actions en dollars) ................................................................................................54 Tableau 22 : Implication de cinq groupes bancaires dans le financement de projets controversĂŠs ......................54 Tableau 23 : La photo de groupe ................................................................................................................55

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Thailand, november 2005

To: the Board of Directors of AXA, Dexia, Fortis, ING and KBC cc: Call for disinvestment from Companies which are still active in Burma

Dear, As a democratically elected member of the National League for Democracy, I want to draw your attention to our call for disinvestment from Burma. My party, which won the elections in 1990 but was kept from power by the military, is convinced that banks should avoid any financial or moral support to one of the most oppressive regimes in the world. The Burmese government violates the basic human rights of its people. The military Junta, which seized power in 1990, is responsible for torture, forced labour, forced relocations and rape. These well documented and internationally condemned practices have led to several embargo's and economic sanctions. This is why the NLD calls for disinvestments. Our leader, the Nobel Price Winner Aung San Suu Kyi, states that international companies should stop investing in Burma. These companies perpetuate the violence by providing the military junta with substantial revenues and by giving moral support to the current regime. Several companies have already withdrawn from the country because of ethical reasons, but others have chosen to stay and are thus held responsible for support to the atrocities committed by the Burmese government. Amongst them are some well known companies like Total, Nippon Oil, Mitsui and Maribenu. I ask all companies to take up their responsibility and to stop all economic activities in Burma. I urge the Belgian banks and other investors to stop any financial support to companies which refuse to withdraw. I understood that you have no policy in place which avoids investments in these companies. I'm convinced that this is not due to a lack of willingness to integrate ethical principles in your credit- and financial policy. I'm sure that you agree that you have to take the violation of basic human rights into account when you decide which companies to invest in. Therefore, I want to ask you to develop a policy which avoids any financial links with the companies still active in Burma. Yours sincerely,

Daw San San Secretary NLD Elected as Member of Parliament in 1990 Founder and secretary of the Member of Parliament Union Imprisoned several times because of political activities Fled to Thailand after the Depayin massacre

O첫 est la limite?

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A NNOTATIONS 17 1

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Dexia, "Rapport développement durable 2004", p. 5 Dexia, "Rapport développement durable 2004", p. 3 Dexia, "Rapport développement durable 2004", p. 3 Dexia nous a fourni une description détaillée de ces principes et de la manière dont ils sont mis en oeuvre au sein de Dexiabezorgde ons een gedetailleerde beschrijving van de inhoud van deze principes en details over de wijze waarop ze binnen Dexia geïmplementeerd werden. Dexia,"Rapport développement durable 2004", p 19 Tant directement qu'indirectement. Par direct, nous entendons pour son propre portefeuille. Par indirect, nous entendons par le biais de fonds de placement proposés aux clients. www.fortis.com "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 4 "Rapport annuel Fortis 2004", p. 9 "Rapport de durabilité Fortis 2004", p.49 - 50 Réponse de Fortis à Netwerk Vlaanderen "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 6 Réponse de Fortis à Netwerk Vlaanderen "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 50 "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 25. Il s'agit de processus de gestion de tous les portefeuilles d'actions européen qui sont gérés par le Large Cap European Equity team. "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 25 "Rapport de durabilité Fortis 2004", p. 26 "Fortis Governance Statement", p. 66 Réponse de Fortis à Netwerk Vlaanderen Réponse de Fortis à Netwerk Vlaanderen Tant directement qu'indirectement. Par direct, nous entendons pour son propre portefeuille. Par indirect, nous entendons par le biais de fonds de placement proposés aux clients. www.ing.com "ING dans la société, rapport social 2004", p. 2 "Rapport annuel 2004 ING", p. 11 www.ing.com, business principles "ING dans la société, rapport social 2004", p.13-14 "Rapport annuel 2004 ING", p. 36 www.ing.com, business principles "ING dans la société, rapport social 2004", p. 13 "Les transations pour lesquelles il peut être question de violation des droits humains sont soumises pour avis au département Corporate Credit Risk Management (CCRM) et ne peuvent être jugées que par le comité de crédit le plus élevé au sein du Groupe ING. CCRM conseille le comité de crédit et pose si nécessaire des conditions pour une enquête due diligence complémentaire" ING dans la société, rapport social 2004", pp.13-14 Voir chapitre 2.4. Réponse de ING à Netwerk Vlaanderen


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Tant directement qu'indirectement. Par direct, nous entendons pour son propre portefeuille. Par indirect, nous entendons par le biais de fonds de placement proposés aux clients. www.kbc.com Exprimé en équivalents temps plein "Rapport annuel KBC 2004", Courte présentation + p. 92 "Rapport annuel KBC 2004", p. 109 début octobre 2005 "Rapport annuel KBC 2004", p. 88 "Rapport annuel KBC 2004", p. 89 "Rapport annuel KBC 2004", p. 89 Réponse de KBC à Netwerk Vlaanderen Tant directement qu'indirectement. Par direct, nous entendons pour son propre portefeuille. Par indirect, nous entendons par le biais de fonds de placement proposés aux clients. Voir leurs portraits ci-dessus tous les portefeuilles d'action européens gérés par le Large cap European Equity Team International Finance Corporation – Société Financière Internationale, une filiale de la Banque mondiale. "BankTrack, Unproven Equator Principles, A BankTrack statement", juin 2005, pp. 11-12. BankTrack est un mouvement international pour la durabilité dans le secteur financier. BankTrack suit entre autres de près l'implémentation des Principes de l'Equateur. Tant directement qu'indirectement. Par direct, nous entendons pour son propre portefeuille. Par indirect, nous entendons par le biais de fonds de placement proposés aux clients. Euronext: The European Survey on Socially Responsible Investment and the Financial Community The Global Compact, Who Cares Wins : Connecting Financial Markets to a Changing World DSR en ING Investment Management, "Duurzaam beleggen bij charitatieve instellingen", mars 2004 ING Investment Management, "position paper on The Defense Industry", 2003 "Norms on the responsibilities of Transnational Corporations and Other Business Enterprises with Regard to Human Rights" (VN dOC/E/CN.4/Sub.2/2003/12/Rev.1) voir www.unhchr.ch Dans ce rapport, nous utilisons principalement le terme raccourci 'Normes des Nations Unies". Voir "Norms on the responsibilities of Transnational Corporations and Other Business Enterprises with Regard to Human Rights" www.unhchr.ch Voir e.a. Amnesty International, "The UN Human Rights Norms For Business: towards Legal Où est la limite?

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Accountability", Amnesty International Publication, 2004 www.amnesty.org & VBO, Kauri, Amnesty et Business& Society, "Belgische ondernemingen en mensenrechten. Hoe kunnen Belgische ondernemingen greep krijgen op vraagstukken omtrent mensenrechten?", 2005, voir www.amnesty.be & Leen De Smet, "De VN ontwerpnormen inzake de aansprakelijkheid van transnationale ondernemingen en andere ondernemingen", http://www.law.kuleuven.ac.be voir chapitre 2 Amnesty International, "The UN Human Rights Norms For Business: towards Legal Accountability", Amnesty International Publication, 2004, pp.21-22 "A year in focus: Co-operative Financial Services Sustainability Report 2004" "A year in focus: The Co-operative Bank p.l.c. Financial Statements 2004" www.cooperativebank.co.uk/servlet/Satellite? cid=1077524332960&pagename=CoopBank% 2FPage%2FtplPageStandard&c=Page www.cooperativebank.co.uk/servlet/Satellite? cid=1077610044297&pagename=CoopBank% 2FPage%2FtplPageStandard&c=Page www.co-operativebank.co.uk/servlet/Satellite? cid=1077610044301&pagename=CoopBank% 2FPage%2FtplPageStandard&c=Page Le lecteur attentif de ce rapport notera que les comptes d'épargne et à terme de KBC ne sont pas repris, même si KBC affirme qu'ils excluent les violations des droits de l'homme de leurs crédits. Un pas très positif. Néanmoins, à l'heure actuelle, nous n'avons pas la garantie que ces déclarations sont traduites concrètement dans la pratique. KBC ne publie pas les noms des entreprises financées et aucun contrôle externe (connu) ne certifie cette affirmation. Amnesty International, "The UN Human Rights Norms For Business: Towards Legal Accountability", 2004, p. 16 Il s'agit d'ailleurs également d'une recommandation partagée par un groupe d'institutions financières de premier plan qui ont publié le rapport "Who Cares Wins" sous l'égide des Nations Unies.

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COLOPHON Auteurs Inez Louwagie, Luc Weyn en Mathias Bienstman (Netwerk Vlaanderen vzw) Remerciements: Anne Lindsay (Cafod UK) David Heller (Voor Moeder Aarde) Els Yperman (FOS – socialistische solidariteit) Frieda De Koninck (Schone Kleren Campagne) Karl Maeckelberghe (Netwerk Vlaanderen asbl) Benjamin Clarysse (Bond Beter Leefmilieu) Ronald Gijsbertsen (SOMO) Jan Willem Van Gelder (Profundo) Johan Frijns (BankTrack) Greg Muttit (PLATFORM) Jan Capelle (Proyecto Gato) Nyi Nyi Lwin (Arakan National Council) Larry Lohmann Nicholas Hildyard (The Cornerhouse) Rédaction finale : Christophe Scheire (Netwerk Vlaanderen asbl) Traduction française : Fabien Rondal Mise en page : Anne-Mie Carpentier • amcmail@xs4all.be Editeur responsable : Kristien Vermeersch, Netwerk Vlaanderen asbl Rue du Progrès, 333 b9, 1030 Bruxelles November 2005

manière respectueuse pour l'homme et l'environnement. Netwerk Vlaanderen asbl – Rue du Progrès 333b9 – 1030 Bruxelles – 0032 (0)2/201.07.70 – www.netwerkvlaanderen.be

Netwerk Vlaanderen est membre de BankTrack, un mouvement international pour la durabilité dans le secteur financier : www.banktrack.org Avec la campagne "Mon argent. Sans scrupules ?", Netwerk Vlaanderen et les autres organisations participantes veulent pousser le monde financier à prendre ses responsabilités. En effet, les banques travaillent avec votre argent. Elles investissent cet argent dans toutes sortes d'entreprises, y compris des fabricants d'armes ou des entreprises qui ne respectent pas les droits humains. Nous voulons que les banques jouent cartes sur table et rendent public le nom des entreprises qu'elles financent. Nous voulons également qu'elles mettent un terme à leurs investissements dans des fabricants d'armes et des entreprises impliquées dans des violations graves des droits humains. Autres publications de Netwerk Vlaanderen dans le cadre de la campagne "Mon argent. Sans scrupules ?"

Anders omgaan met geld

L'asbl Netwerk Vlaanderen fait la promotion d'une autre approche de l'argent. S'il est correctement utilisé, l'argent est un instrument qui peut favoriser une société durable et équitable. Depuis plusieurs années, Netwerk mène campagne sous le slogan "Mon argent. Sans scrupules ?" et souhaite de cette manière rendre publique la politique d'investissement des banques et permettre aux épargnants et aux investisseurs d'avoir leur mot à dire quant à la destination de leur argent. Netwerk est également un conseiller éthique sur le marché des formes d'épargne et de placement éthiques ou durables et soutient et conseille les organisations et les entreprises qui souhaitent utiliser leur argent de 76

www.netwerkvlaanderen.be/fr

Mijn Geld. Goed Geweten? – een onderzoek naar de financiële banden tussen banken en wapenproducenten, Christophe Scheire, octobre 2003 (en NL) Bombes à fragmentation, mines terrestres, bombes nucléaires et armes à uranium appauvri, Une recherche sur les liens financiers entre les banques et les producteurs de systèmes d’armements controversés, Christophe Scheire, avril 2004 Banks Disarm(ed). An Overview of the results of the campaign "My Money. Clear Conscience?", Christophe Scheire et Luc Weyn, avril 2005 (en anglais) van de campagne ‘Mijn Geld. Goed Geweten?’,Christophe Scheire en Luc Weyn, april 2005


O첫 est la limite?

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