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interview

briefing

Michel Roux, Banque Populaire « Nous nous projetons déjà dans le monde de demain » Objectifs de conquête sur le segment des particuliers, ambitions sur les cibles jeunes et professions libérales, etc. La Banque Populaire souhaite en 2014-2015 poursuivre son développement en misant notamment sur les outils de la banque de demain, tels que la signature électronique, les réseaux sociaux, ou encore le mobile. Michel Roux, directeur du développement des Banques Populaires, s’exprime sur le positionnement de l’entité. PROPOS RECUEILLIS PAR ANDRÉA TOUCINHO PHOTOS T. GOGNY / BPCE

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briefing interview

« Notre objectif est d’être du côté, et non pas seulement aux côtés, des entrepreneurs. » Le réseau des Banques Populaires est caractérisé par une forte notoriété notamment dans le segment des professionnels et des entreprises. Pourquoi ce positionnement ? Le réseau des Banques Populaires est effectivement fortement ancré dans le paysage et fait partie des marques préférées des Français. Nous bénéficions d’une position de leader sur le segment des professionnels et des entreprises et nous continuons à avancer en cultivant cette singularité dans le monde bancaire. 41 % des entreprises en France ont une relation bancaire élargie avec les Banques Populaires, selon une étude TNS Sofres datant de juin 2013. Cela nous

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donne une responsabilité vis-à-vis de nos clients. Dès fin 2012, nous nous sommes par exemple engagés à mettre à leur disposition une enveloppe de crédit de 7 Md€ et à fin 2013 nous leur avons accordé plus de 9 Md€. Cette démarche a été très appréciée car elle contribue à envoyer des signaux de confiance en période de difficulté. Nous avons également lancé le prêt « Innov & Plus » pour financer les innovations car nous pensons qu’on ne peut pas offrir des produits classiques aux entreprises. Notre objectif est d’être du côté, et non pas seulement aux côtés, des entrepreneurs. Cela passe également par la prise en considération du chef d’entreprise qui a besoin de sur-mesure. C’est

pourquoi, nous avons mis la banque et les flux dans la poche du chef d’entreprise. Nous misons également sur nos partenariats avec les organisations professionnelles ainsi que sur la réactivité de nos 6 400 conseillers, dans nos 3 300 agences et nos 156 centres d’affaires : un maillage d’expertise coûteux et assumé qui vise à mettre une organisation réactive à la disposition du chef d’entreprise. Quid de votre positionnement sur les autres segments ? Un de nos autres marchés phares est celui des jeunes. Banque Populaire est la banque choisie par les jeunes avec un taux de pénétration qui dépasse la clientèle des

particuliers, notamment chez des étudiants et les jeunes actifs. Cela est notamment lié à notre démarche affinitaire qui repose sur des partenariats solides comme NRJ et la LMDE. A titre d’exemple, plus de 70 % des jeunes conquis il y a cinq ans lors du lancement de la carte NRJ Banque Pop’ sont encore aujourd’hui clients des Banques Populaires. Nous sommes également fortement représentés chez les apprentis via le financement des études, du kit d’outillage et de l’avance premiers salaires. Notre objectif est de ne pas gérer la relation clients de façon industrielle mais de proposer des solutions individuelles pour répondre à des besoins uniques. Par ailleurs, dans cette période où les occasions de bouger pour les jeunes sont nombreuses, nos 17 agences e-BanquePopulaire peuvent aussi leur apporter la souplesse attendue. Justement, quel est votre positionnement sur le Web et le mobile ? Le groupe BPCE est également fortement positionné sur la dématérialisation et la signature électronique. Où en êtes-vous sur ces initiatives ? 2 000 agences Banques Populaires proposent à ce jour la signature électronique en agence, solution que nous déployons également pour les ventes à distance comme pour les achats en ligne. Le même process est utilisé dans les trois cas, le client ayant des usages cross canal. Pour sécuriser la procédure, nous misons sur une authentification forte via saisie du code PIN de la CB sachant que le contrat numérique est ensuite archivé dans nos systèmes. Nous aurons terminé le déploiement avant la fin de l’année 2014. Nous sommes présents évidemment


interview sur Internet et avons une application de m-banking. Quid de votre stratégie sur les réseaux sociaux ? Quels autres axes de communication développez-vous ? La politique des réseaux sociaux s’inscrit dans le renforcement du territoire de marque des Banques Populaires. Banque Populaire compte au total 300 000 fans Facebook, répartis entre la page de la marque, celles des Banques Populaires régionales, de la carte NRJ Banque Pop’ et de la voile. Nous sommes aussi présents sur YouTube, Twitter et Linkedin. Nous avons également signé un partenariat avec « The Voice », début 2014, qui nous permet de renforcer notre présence en TV et sur le digital à travers les dispositifs « Le 5ème coach » et « Twitter Amplify ». Le secteur des paiements est actuellement caractérisé par une forte évolution. Quelle est votre stratégie dans ce marché ? Nous voulons être partout ! Nous venons par exemple de lancer la solution de mPOS Dilizi qui est actuellement testée sur 170 utilisateurs à la Banque Populaire Rives de Paris. Nous sommes également positionnés sur le wallet avec V.me by Visa et nous comptons près de 100 % de cartes et mobiles équipés en technologie sans contact. Ce dynamisme nous est facilité par le fait que nos solutions sont propriétaires. C’est également ce qui explique que nous comptons à ce jour 90 % de SDD dans le cadre de la migration SEPA. Nous nous projetons déjà dans le monde de demain. Quelles sont vos priorités en 2014-2015 ? Nous souhaitons nous renforcer dans le segment

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« 2 000 agences Banques Populaires proposent à ce jour la signature électronique en agence, solution que nous déployons également pour les ventes à distance comme pour les achats en ligne »

des jeunes et avons des ambitions sur les professionnels, notamment les professions libérales. Rappelons ainsi que nous comptons un million de clients professionnels et que nous sommes le deuxième banquier des professions libérales. Sur les particuliers, nous sommes sur une dynamique de conquête avec un taux de progression de 2 % et souhaitons être un véritable bancassureur avec un objectif d’un client sur trois équipé en assurance. La gestion privée constitue également un axe important dans notre plan stratégique : nous voulons réintermédier les avoirs détenus par nos clients à l’extérieur en misant notamment sur les dirigeants

d’entreprise et sur une organisation autour de la proximité et du conseil. Nous recrutons 100 conseillers en gestion privée ainsi que des ingénieurs patrimoniaux et avons notamment inauguré un nouvel espace Banque Privée à Bordeaux et allons en ouvrir un en mai à Lyon. Comment la fusion avec les Caisses d’Epargne a-t-elle impacté l’activité des Banques Populaires ? Quels bénéfices en tirez-vous ? La fusion nous donne des opportunités de partage notamment sur la réglementation, les socles techniques, la digitalisation et les process. La relation,

elle, reste spécifique car c’est toute la force des réseaux et des Banques Populaires.

CHIFFRES CLÉS À FIN 2013 19 Banques Populaires (dont Casden Banque Populaire et Crédit Coopératif) 8,9 millions de clients 3,9 millions de sociétaires 3 330 agences bancaires 17 e-agences 207 Md€ d’encours d’épargne 166 Md€ d’encours de crédits 6,4 Md€ de produit net bancaire

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l’événement

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DĂŠmatĂŠrialisation

des titres restaurant Vers de nouveaux usages

Longtemps attendu, le dÊcret sur l’ouverture à la dÊmatÊrialisation des titres restaurant marque le passage à une nouvelle O E Ō E

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E M Ăƒ Ť les professionnels, ce texte ouvre la porte Ă de nouveaux usages dans un contexte de dĂŠmatĂŠrialisation des transactions.

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pportunitĂŠ Âť. C’est le terme utilisĂŠ par CĂŠdric Peltier, manager, Kurt Salmon, pour qualifier l’Êvolution suscitĂŠe par la publication du dĂŠcret sur la dĂŠmatĂŠrialisation des titres restaurant entrĂŠ en vigueur en avril 2014. Longtemps attendu dans l’Hexagone, ce texte marque officiellement le passage Ă une ère ĂŠlectronique pour des titres longtemps hĂŠbergĂŠs sur le support papier. Rappelons ainsi que le GIE CB a fait ĂŠvoluer ses statuts en juin 2013 pour rĂŠpondre Ă cette ĂŠvolution (lire numĂŠros prĂŠcĂŠdents). ÂŤ Le groupement CB a organisĂŠ l’activitĂŠ titres restaurant dĂŠmatĂŠrialisĂŠs Ă cĂ´tĂŠ du système cartes CB. Ainsi, le collège A, dĂŠdiĂŠ au système CB, coexiste avec le collège B ouvert Ă tous les acteurs opĂŠrant des titres restaurant dĂŠmatĂŠrialisĂŠs Âť, indique Caroline FageBesnard, chef de marchĂŠ marketing stratĂŠgique CB.

L’intÊressÊe ajoute que nous allons  vers une modularitÊ plus forte du service proposÊ par CB avec l’Êvolution des rÊfÊrentiels d’Êmission CB et l’enrichissement du rÊfÊrentiel des paiements .

2014 : ÂŤ ANNÉE CHARNIĂˆRE Âť Et pour cause, l’acquisition elle-mĂŞme ĂŠvolue sous l’impulsion de cette nouvelle donne comme le rappelle Vincent Toche, prĂŠsident de Conecs, organisation regroupant les acteurs historiques du titre restaurant. ÂŤ 2014 est l’annĂŠe charnière des titres restaurant dĂŠmatĂŠrialisĂŠs. L’homogĂŠnĂŠitĂŠ s’oppose Ă la spĂŠcificitĂŠ de ces titres, s’agissant de prĂŠpayĂŠ avec contraintes particulières Âť. D’oĂš la crĂŠation de la solution Conecs qui propose une double-instanciation : application paiement CB et application paiement Conecs. Le système repose sur une ÂŤ mutualisation de la partie acquisition Âť, indique Vincent Toche. OpĂŠra-

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l’événement qui a d’ores et déjà été entamée notamment grâce à la création d’une application mobile accompagnant la carte et proposant notamment des bons plans géolocalisés. Et pour cause, « Moneo Resto vise 10 % de part de marché en 2017 », révèle Serge Ragozin.

tionnelle depuis avril 2014, la plate-forme fonctionnera au niveau national en septembre 2014. De quoi confirmer la déclaration de Serge Ragozin, directeur général de Moneo Applicam, d’ores et déjà positionné sur ce marché avec la carte Moneo Resto : « Le décret modernise le secteur des titres restaurant en France ». Parmi les opportunités citées par cette évolution : la possibilité de créer une « relation directe » avec les restaurateurs et des « services à la carte » pour les entreprises et les salariés. « Le décret assoit la crédibilité de Moneo Resto et ouvre la voie aux nouveaux entrants », indique-t-il. Rappelons ainsi que la société a d’ores et déjà signé des accords avec des syndicats de restaurateurs afin d’étendre l’acceptation de la carte Moneo Resto. « Une étude Opinionway de décembre 2013 indique que 64 % des salariés souhaitent adopter la carte », précise-t-il, ajoutant que le sans contact a bien évidemment sa place sur ce type de support et arrivera lorsque Moneo Resto aura atteint une taille critique. De même pour la transition vers le mobile,

« EVOLUTION NATURELLE » Côté acteurs historiques, la dématérialisation des titres restaurant apparaît comme une évolution naturelle. A l’instar d’Edenred qui s’est positionné sur la carte, Chèque Déjeuner, qui propose déjà des supports dématérialisés dans sept pays avec des technologies et des modèles différents, estime que le délai consacré à cette transition est justifié par le fait que « le titre restaurant est un dispositif social », selon l’expression de Youssef Achour, directeur général France de Chèque Déjeuner. « Le décret est le fruit d’un large consensus et pérennise la vocation sociale du titre », poursuit-il. La société mise ainsi sur une R&D au service des bénéficiaires, des commerçants, des partenaires et des clients avec notamment des projets en termes de géolocalisation et bons plans et de wallet. « Nous misons sur l’accompagnement de nos clients car il y a une opportunité à développer avec nos clients entreprises, une relation complémentaire », indique Youssef Achour. « Nous sommes sereins par rapport à ce qui va se passer. Les pouvoirs publics se sont donné un an pour voir comment la dématérialisation va se passer. Un bilan sera fait avec les autorités pour voir comment le produit peut évoluer au regard de son acceptation et de son utilisation. D’où l’importance de la rigueur dans l’application des règles », ajoute-t-il. A suivre. AT

CM-CIC et Natixis Intertitres se positionnent sur la carte Les banques n’ont pas perdu de temps. Quelques semaines après l’entrée en vigueur du décret sur la dématérialisation des titres restaurant, le groupe CM-CIC et Natixis Intertitres ont annoncé le lancement de deux offres dans ce marché. Baptisées respectivement Monetico Resto pour CMCIC et Apetiz pour Natixis Intertitres, les deux solutions reposent sur une carte de paiement. Côté CM-CIC, il s’agit d’une carte nominative prépayée MasterCard valable trois ans et rechargeable mensuellement par l’employeur et acceptée sur tous les terminaux de paiement des restaurateurs et commerçants affiliés. « Elle fonctionne sur l’ensemble du

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territoire français et est dotée d’un code confidentiel qui sécurise les transactions. Les salariés bénéficiaires peuvent faire opposition 24 heures sur 24 en cas de perte ou de vol », précise l’entité. « La carte Monetico Resto permet de régler le montant des repas au centime près dans la limite de 19 € par jour et selon le solde disponible du bénéficiaire. Son utilisation n’est pas possible les dimanches et jours fériés conformément à la réglementation - à l’exception des cartes des salariés qui travaillent ces jours-là », ajoute-t-elle, indiquant que l’outil est adossé à un espace personnel recensant notamment toutes les informations liées à la carte, permettant la mise

en opposition et offrant un service pour consulter le solde du compte et les dernières transactions. Il sera également lié à l’application MRESTO bientôt disponible gratuitement sur iPhone et Android autorisant la géolocalisation des restaurants les plus proches. De son côté, Natixis Intertitres a lancé, mi-avril 2014, son offre de titres restaurant dématérialisés Apetiz, dont la première déclinaison sur le marché est une carte. « Elaborée avec Natixis Paiements, c’est la seule carte titre restaurant du marché bénéficiant de l’expertise d’un groupe bancaire. La carte Apetiz, acceptée dans 180 000 points de

restauration, fonctionne sur les terminaux de paiement des restaurateurs affilés et permet de régler son addition au centime d’euros près dans la limite de 19 € par jour travaillé - », indique l’entité. « Assortie d’un bouquet de services digitaux destinés aux utilisateurs - alertes e-mail, système de géolocalisation des affiliés…, Apetiz garantit aux restaurateurs un remboursement entre 48 et 72 heures », ajoute-telle. La carte Apetiz pourra être commercialisée par les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne dès l’automne prochain et dispose d’un site Internet dédié www. apetiz.com. A suivre. AT


« Pour que l’évolution réussisse, il faut trouver un compromis sans pénaliser les restaurateurs » Dominique Bénézet, délégué général du syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide (Snarr), réagit à l’entrée en vigueur du décret sur la dématérialisation des titres restaurant. En tant que syndicat de la restauration, comment accueillez-vous le décret relatif à la dématérialisation des titres restaurant? La dématérialisation des titres restaurant est une très bonne chose ! Cette évolution naturelle permet de gagner du temps en termes de gestion de ces titres papier. Ainsi, la carte à puce permet d’éviter les inconvénients matériels et de ramener dans le circuit l’utilisation parfois hors cadre des titres restaurant. Rappelons ainsi qu’en 2013, 20 % des titres restaurant sont utilisés hors du cadre de la restauration alors même que ces titres ont été créés pour offrir aux salariés la possibilité de se restaurer dans le cadre de leur travail selon les mêmes avantages que la restauration collective. Comment évoluent vos échanges avec les acteurs historiques de ce marché ? Difficilement. La plupart des enseignes de restauration rapide sont soumises à une commission de 1 % pour un délai de remboursement de 21 jours. Or, les émetteurs partent du principe que le titre restaurant dématérialisé est caractérisé par un délai de remboursement 48h similaire au moyen de paiement par carte bancaire ce qui pénalise les restaurateurs. Le modèle économique des

pour les restaurateurs et que la dématérialisation permette d’utiliser les solutions en place.

émetteurs historiques évolue mais ce ne sont pas aux restaurateurs d’en payer les frais. Quid des nouveaux entrants ? Nous avons signé un accord avec Moneo Resto fin 2013 et notre partenariat est satisfaisant. Nous n’avons pas encore discuté avec Resto Flash mais ça ne saurait tarder. Quelles sont vos attentes sur ces supports ? Certains acteurs, comme Moneo Applicam et Edenred, se positionnent sur la carte

tandis que d’autres, à l’instar de Resto Flash, passent directement au mobile. Quel est votre avis sur la question ? Notre seule et unique recommandation est que les moyens utilisés respectent la réglementation en place à savoir le plafond de 19 € par jour et une utilisation limitée aux jours de la semaine travaillés dans les établissements agréés par la CNTR. Nous n’avons aucune préconisation sur les systèmes utilisés si ce n’est le fait qu’ils ne doivent générer aucun équipement supplémentaire

Quelles sont vos prévisions sur l’évolution de ce marché au regard de la nouvelle donne réglementaire ? Si les commissions appliquées par les émetteurs de titres restaurant sont trop élevées, nous refuserons la carte ! Les émetteurs doivent trouver une solution qui ne pénalise pas les restaurateurs. D’ailleurs, cette exigence et la logique voudraient que les deux systèmes – papier et dématérialisé – perdurent pendant un certain temps afin d’assurer une transition. Nous craignons également une réticence du côté des salariés en raison de l’obligation de respecter le cadre réglementaire dans la mesure où la dématérialisation ramène le titre restaurant à sa vocation initiale et rend difficile toute utilisation hors circuit comme le fait de donner un titre restaurant à son enfant. La volonté de passer au titre restaurant dématérialisé ne date pas d’hier et est en discussion depuis trois ans mais pour que cette évolution réussisse, il faut trouver un compromis sans pénaliser les restaurateurs. PROPOS RECUEILLIS PAR ANDRÉA TOUCINHO

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points majeurs l’événement

Un tournant pour la sécurité de la banque à distance ?

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Sophistication croissante des attaques, esquisses de protection non intrusive du terminal client‌ le paysage de la sĂŠcuritĂŠ de la banque Ă distance change. En revanche, l’espionnage de la Ę˜ Ť ĹŚ Ť Ť !.( tŤ Ť Ę˜M? pour l’heure du moins, les pratiques des banques.

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points majeurs

Assurer la sécurité de la banque à distance sans imposer de smartphone au moment où les cyberattaques deviennent

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a sécurité des infrastructures informatiques des banques a été sous les projecteurs de l’actualité depuis les révélations d’Edward Snowden à la presse allemande. La branche «Follow the Money» de la NSA aurait accédé aux données des transactions du réseau Visa ainsi que du réseau Swift afin d’alimenter une base de données financières de plusieurs millions d’enregistrement. Quel impact ces révélations ontelles eu sur les pratiques de sécurité des banques françaises ? Aucun pour le moment. « Cette absence de réaction nous a fortement surpris » confie à ce sujet Renaud Bidou, directeur technique de l’éditeur français Deny All. Ces révélations ont pourtant montré clairement que certains équipements d’origine américaine comportaient des « backdoors » facilitant des écoutes indiscrètes. Pour l’heure, les banques françaises continuent de déployer certains équipements montrés du doigt. Faudra-t-il attendre que l’ANSSI intervienne pour qu’elles engagent une réflexion de fond sur ce sujet sensible ? Les mois prochains apporteront de premiers éléments de réponse. Un récent sondage du prestataire de services managés de sécurité NTT Communications auprès de mille DSI dans le monde montre en effet que les trois quarts d’entre eux

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vont réétudier de fond en comble les modalités de protection de leurs données. En marge de cette péripétie, loin d’être anodine, les infrastructures réputées ultra-sécurisées des banques subissent de plus en plus d’attaques ciblées particulièrement sophistiquées. « Ce sont surtout les attaques par déni de service distribué qui inquiètent les banques pour le moment » explique Thierry Karsenti, directeur technique pour l’Europe chez CheckPoint, pionnier du firewall. Et pour cause : la disponibilité du service en ligne conditionne la confiance du client et la réputation de l’établissement. Jusque là, les banques gardaient les bases de données dans leur datacenters et déportaient le frontal de l’application Web chez un hébergeur disposant d’une large bande passante afin de résister aux attaques DDoS. Cette architecture est remise à plat depuis que les cybercriminels lancent des attaques de type « slow & low ». Ce sont des attaques de plus courte durée et de plus faible amplitude afin de ne pas être détectées de suite avant l’effondrement du service. Les cybercriminels en profitent alors pour demander des rançons. « Répondre à ce type d’attaque nécessite d’installer de nouveaux équipements sur le réseau et d’apprendre à s’en servir » précise Thierry Karsenti. Les banques françaises ne sont plus à l’abri non plus de campagnes de phishing avec des emails écrits dans un français sans faute. « La France est moins épargnée qu’elle ne le fut à une époque » constate François Marchessaux, associé en charge du secteur bancaire chez Colombus Consulting, cabinet de conseil en stratégie et management. Près de 70 % du phishing financier visait des banques de premier plan l’an dernier, en hausse de 20 %. La France échappe de moins en moins à ces attaques. Les banques vont-elles continuer à jouer la surprotection ? Peu probable, car cette politique, adaptée à la protection périmétrique, coute cher et ne répond plus aux récentes évolutions technologiques. « Une protection plus sélective et plus dynamique, centrée sur les données, va prendre progressivement le relais » estime François Marchessaux. Il est vrai que les nouvelles attaques ciblées remettent en cause la protection périmétrique par


contrainte au client qui s’y connecte à partir de son PC ou son plus ciblées ressemble fort à la quadrature du cercle

leur niveau de sophistication. « Pour y faire face, de nombreuses banques françaises ont mis en place des équipes afin de travailler sur des projets dédiés à ce nouveau contexte » explique Loïc Guézo, évangéliste Sécurité de l’information pour l’Europe du Sud chez Trend Micro, l’un des éditeurs les plus avancés dans la détection de ce type d’attaques. « Même s’il n’y a pas eu de nouvelles familles d’attaques sur les infrastructures des banques à distance ces dernières années, leur sophistication n’a cessé de progresser » confirme Renaud Bidou. Les vecteurs d’attaque, les techniques d’évasion pour ne pas être détecté et l’impact ont connu d’importantes innovations ces deux dernières années. Ainsi, même si les attaques de Cross Site Scripting XSS datent de plus dix ans, elles deviennent plus difficiles à bloquer car elles utilisent pour vecteur du texte, de l’image ou du plug-in flash. Elles font appel à des codes non alphanumériques ou de l’encodage et servent à faire des captures d’écran ou de keylogger. Elles prennent aussi des navigateurs comme relais ou établissent des réseaux de botnets. Idem en ce qui concerne l’injection SQL ou d’autres familles d’attaques largement connues, mais que ces nouvelles sophistications rendent plus dangereuses. Quelle est la réponse des banques face à ces nouveaux phénomènes ? Les plus proactives en matière de sécurité mettent en place des solutions spécialisées. Les moins proactives se contentent de solutions généralistes moins ciblées. Ces dernières sont plus économiques et ne remettent pas en cause la formation des experts du département sécurité.

LA PROTECTION DU TERMINAL DU CLIENT RESTE UN PROBLÈME Assurer la sécurité de la banque à distance sans imposer de contrainte au client qui s’y connecte à partir de son PC ou son smartphone au moment où les cyberattaques deviennent plus ciblées ressemble fort à la quadrature du cercle. « Les banques se cherchent encore, partagées entre la sécurité et l’expérience client, deux exigences parfois contradictoires » explique Soraya Menaï, Partner, marché banque, chez Sopra Consulting. Elle tire sa conviction d’un travail de veille permanent mené par Sopra Consulting sur la banque digitale en France et dans le monde. « La montée en charge des transactions bancaires est inexorable, mais elle nécessite de changer le mode de pensée informatique » estime pour sa part David Milot, directeur EMEA solutions du constructeur Unisys. Le problème de la sécurité du poste client est d’autant plus crucial que plus de 45 % de ceux qui gèrent leurs finances à distance sont convaincus que leur banque les remboursera en cas de vol. Tel est du moins le

résultat d’une enquête réalisée par B2B International pour l’éditeur russe Kaspersky Lab. Cette croyance a de quoi surprendre à l’heure où les malwares sont capables de contourner les outils de sécurité mis en place par les banques afin de dérober de l’argent en ligne. Le danger ne vient pas que des malwares visant le terminal du client : une page Web de phishing sur quatre imite le site d’une banque ou d’un service de paiement. L’objectif reste inchangé : inciter le client à divulguer ses données bancaires. « Il n’est guère surprenant que les cybercriminels préfèrent s’attaquer aux terminaux des utilisateurs plutôt qu’à l’infrastructure informatique ultra-sécurisée des banques » remarque Tanguy de Coatpont, directeur général de Kaspersky Lab en France. La tâche du hacker est d’autant plus facile que le client ignore souvent les risques réels et néglige les mesures élémentaires de sécurité lorsqu’il se connecte. L’étude indique que 28 % des clients ne vérifient pas l’authenticité du site Web sur lequel ils saisissent leurs données confidentielles. 34 % ne prennent aucune précaution pour éviter leur interception sur les réseaux Wi-Fi publics alors que la fraude à distance est en constante progression. Face à ce problème, les banques ont mis au point diverses techniques pour protéger le client, notamment avec l’authentification. Cependant, remarque Tanguy de Coatpont, « une protection complète ne peut être assurée que par des solutions dédiées, conçues pour répondre à la nature spécifique des cybermenaces financières ». C’est pourquoi l’éditeur a créé la plateforme Kaspersky Fraud Prevention à destination des banques. Elle accepte les terminaux Windows, Mac, Android et iOS. Avec cette solution, le poste client est sécurisé sans intrusion puisque la plate-forme scanne sa vulnérabilité et lance un mode « secure browser » qui évite l’injection de code SQL, la copie du clavier virtuel, vérifie l’URL et les certificats et active une fonctionnalité antiphishing. La sécurité est ainsi assurée de bout en bout jusqu’au poste client. Cette approche n’est pas nouvelle : le français Deny All propose depuis deux ans un mode sécurisé sur les principaux navigateurs…mais qui n’a rencontré aucun écho commercial auprès des banques ! La plate-forme Kaspersky Lab intègre également des composants serveurs capables d’identifier les activités frauduleuses, même si le client n’a pas installé la solution de sécurité sur son équipement. « Cette solution permet aux banques de protéger leurs clients et de sauvegarder au passage leur propre réputation » précise Tanguy de Coatpont. La banque équatorienne Pichincha Bank, qui compte 750 000 clients, a déployé la solution de Kaspersky Lab. « Les banques françaises sont très intéressées par cette solution de sécurité de bout

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La plupart des banques françaises tournent le dos Ă une ĹŚ Ę˜ Ť ĹŚ >

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en bout Âť affirme Tanguy de Coatpont. Ce type de solution sera-t-il adoptĂŠ par les banques ? La question reste posĂŠe. ÂŤ La meilleure approche serait d’installer sur le poste client un bureau virtuel qui fonctionnerait comme un sas pour accĂŠder au site de la banque en ligne Âť affirme Renaud Bidou. Cette approche serait moins lourde que d’en passer par l’authentification forte. ÂŤ Les banques ne veulent pas d’une authentification forte qui serait ressentie comme trop contraignante du point de vue du client Âť remarque Soraya MenaĂŻ, avant d’ajouter que ÂŤ l’expĂŠrience client questionne en permanence les processus de sĂŠcuritĂŠ et vice versa Âť. La plupart des banques françaises tournent le dos Ă une authentification forte, lourde Ă gĂŠrer, en termes logistiques comme en termes financiers. Elles se contentent du clavier virtuel, et pour les transactions du mot de passe SMS et parfois d’un token. ÂŤÂ Cet arsenal atteint ses limites depuis que les hackers sont capables de compromettre le PC et le mobile d’un client Âť estime Thierry Karsenti. Quoiqu’il en soit, d’ici peu, ÂŤ le client va ĂŞtre de plus en plus impliquĂŠ dans les processus de sĂŠcuritĂŠ sur PC ou sur mobile, notamment depuis l’entrĂŠe en vigueur du SEPA qui desserre les montants des virements Âť estime François Marchessaux. Pour le moment, les banques fran-

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çaises complètent leurs mĂŠthodes d’authentification par des outils de scoring qui analysent les transactions. De tels outils sont proposĂŠs par Nice Actimize ou SAP. ÂŤÂ L’analyse du comportement client grâce Ă des algorithmes et des outils de modĂŠlisation est utilisĂŠe dans de nombreuses institutions financières dans le monde Âť confirme Jean-Michel Schneider, directeur de la filiale française rĂŠcemment crĂŠe de l’Êditeur amĂŠricain Fico. Sa solution Falcon Fraud Manager est opĂŠrationnelle dans des ĂŠtablissements europĂŠens comme Deutsche Postbank, Absa Bank, Tesco Bank, EnterCard, Garanti, Swisscard et Bayern Card Services. Elle a ĂŠtĂŠ ĂŠgalement implĂŠmentĂŠe chez Intesa Sanpaolo Card, institution financière italienne qui traite les transactions de onze rĂŠseaux bancaires dans le monde. Avec Falcon Fraud Manager, les pertes liĂŠes Ă la fraude ont ĂŠtĂŠ rĂŠduites de 85 % la première annĂŠe au Canada et de 44 % au BrĂŠsil. L’outil a permis de centraliser les ĂŠquipes qui gèrent la fraude avec une amĂŠlioration de ses analyses de 400%. Ces outils qui fonctionnent Ă base de règles mĂŠtier analysent chaque transaction et ĂŠmettent des alertes si le taux de scoring dĂŠpasse un certain seuil. En cas de suspicion, la banque peut aussi envoyer un SMS Ă son client pour lui demander de valider que c’est bien lui qui a rĂŠalisĂŠ telle ou telle opĂŠration. Autre possibilitĂŠ : un serveur vocal appelle le client et demande de taper tel chiffre pour valider l’opĂŠration. La conclusion est claire : l’exposition des banques Ă toutes ces attaques augmente Ă mesure qu’elles dĂŠploient le modèle digital et que les terminaux d’accès et les navigateurs se multiplient. ÂŤ ConsĂŠquence, le coĂťt de la sĂŠcuritĂŠ devrait exploser si on sĂŠcurise tout de la mĂŞme façon comme cela s’est fait jusque lĂ Â Âť explique François Marchessaux. Comment alors maĂŽtriser les coĂťts dans ce nouveau contexte ? Quelle sera la nouvelle structure des coĂťts ? OĂš faudra-t-il investir ? VoilĂ quelques unes des nouvelles questions que les banques se poseront lorsque la banque digitale sera devenue rĂŠalitĂŠ. JO COHEN


ŤE Ę˜ŌŤ ? E Ĺł M ? E virtuel, et pour les transactions du mot de passe SMS et parfois Karsenti, directeur technique pour l’Europe chez CheckPoint.

La banque mobile est particulièrement visĂŠe Sur les portails mobiles, les risques sont structurellement plus importants car la gĂŠnĂŠration Y, qui vit en symbiose avec le smartphone, y est dominante. Or, selon une ĂŠtude TNS Sofres commanditĂŠe par Axa PrĂŠvention, si 76 % des moins de 25 ans afďŹ rment connaĂŽtre les risques du phishing et 72 % ceux de l’usurpation d’identitĂŠ, 25 % d’entre eux stockent nĂŠanmoins leurs donnĂŠes bancaires sur leur smartphone et seulement 54 % d’entre eux verrouillent leur appareil avec un code. Pire, seulement 60 % de cette classe d’âge vĂŠriďŹ e systĂŠmatiquement ses comptes, 25 % ne le faisant que pour les grosses sommes et 13 % jamais. Le problème des malwares bancaires visant ces mobiles devient une vraie menace dans un ĂŠcosystème oĂš les banques ont peu d’expĂŠrience et oĂš elles se contentent de rĂŠpliquer les mĂŞmes modèles de fraudes et les mĂŞmes stratĂŠgies de prĂŠvention. ÂŤ Cette menace est en très forte croissante car les appareils, les systèmes d’exploitation, les rĂŠseaux sans ďŹ l et les applications inconnues augmentent rapidement, tandis que la sĂŠcuritĂŠ et la

sĂťretĂŠ sont souvent mises de cĂ´tĂŠ car les consommateurs comme les banques n’ont qu’une idĂŠe : adopter Ă tout prix les paiements et les services bancaires mobiles Âť commente Joram Borenstein, ďŹ nancial crime & fraud management chez Nice Actimize. RĂŠsultat : la question de savoir qui est responsable de la sĂŠcuritĂŠ, la banque, l’opĂŠrateur de mobile, le fabricant du smartphone, le dĂŠveloppeur de l’application ou le client de la banque est toujours sans rĂŠponse. MalgrĂŠ l’inquiĂŠtante croissance des chevaux de Troie bancaires visant Android et iPhone, portĂŠs par deux millions d’applications

compromises, les banques restent convaincues que les portails mobiles seront Ă terme une source de revenus supplĂŠmentaires. Le Tower Group estime que 17 milliards de transactions se feront sur mobile dès 2015. Grand public et professionnels sont demandeurs. Reste Ă amĂŠliorer la sĂŠcuritĂŠ des accès. ÂŤ Pour l’heure, on ne peut que constater la frilositĂŠ des banques françaises en matière de fonctionnalitĂŠs sur les portails mobiles Âť note Soraya Menai. La pression des clients risque de les obliger Ă forcer l’allure, le RSSI ne faisant que suivre. Aujourd’hui, jusqu’oĂš l’accès

du client Ă la banque mobile est-il protĂŠgĂŠ ? ÂŤ Comme l’a rĂŠvĂŠlĂŠ Edouard Snowden, tous les accès peuvent ĂŞtre contournĂŠs Âť rappelle David Milot, directeur EMEA Solutions d’Unisys, afďŹ rmant que ÂŤ les pirates peuvent monter en marche avec des utilisateurs lĂŠgitimes et atteindre de mobile en mobile les donnĂŠes critiques Âť. Les contrĂ´les pĂŠrimĂŠtriques sont ici clairement insufďŹ sants. Unisys propose sa solution Stealth pour protĂŠger le rĂŠseau des menaces internes en limitant le pĂŠrimètre de nuisance des hackers et en conďŹ nant les attaques dans un pĂŠrimètre restreint. Comme la solution Knox de Samsung, cette technique d’encapsulation des applications rend les points de terminaison invisibles pour les autres points de terminaison qui ne font pas partie de la communautĂŠ d’intĂŠrĂŞt.

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Monnaies locales Quelles opportunitĂŠs pour les banques ?

GallĂŠco, HĂŠol, Sol Violette, Abeille, Luciole... près d’une cinquantaine de monnaies locales sont crĂŠĂŠes ou en passe de l’être. CrĂŠdit Agricole, Caisse d’Êpargne, CrĂŠdit CoopĂŠratif... sont partenaires de ces monnaies complĂŠmentaires. Elles s’Êchangent contre des euros et Ĺł Ę˜ Ť ĹŚ

Ťż Ť ŤE sein d’un territoire. En quoi peuvent-elles ĂŞtre une opportunitĂŠ pour les banques ? Analyse Patrice Remeur

L

es monnaies locales fleurissent dans les rĂŠgions en rĂŠaction aux monnaies mondiales et Ă la crise. Plusieurs banques, notamment mutualistes, soutiennent ce type d’initiatives. L’ambition de ces monnaies est de stimuler l’Êconomie locale en encourageant les dĂŠtenteurs Ă dĂŠpenser la monnaie rapidement, dans un pĂŠrimètre gĂŠographique donnĂŠ, en vue de soutenir l’Êconomie locale. Ces outils ne sont pas nouveaux. Ils constituent un outil marketing original pour les acteurs du territoire. Ils visent Ă recrĂŠer du lien social et Ă sou-

tenir des valeurs ĂŠthiques en favorisant la proximitĂŠ. La monnaie locale, ne pouvant ĂŞtre dĂŠpensĂŠe que sur un territoire donnĂŠ, draine donc l’argent via la dĂŠpense vers le tissu ĂŠconomique local. L’ambition est de soutenir l’activitĂŠ, l’emploi et de limiter les pollutions en ĂŠvitant de longs dĂŠplacements des marchandises et des personnes. Plusieurs types de monnaies locales existent. Certaines n’ont pas de vocation ĂŠconomique. Ce sont les fameux systèmes d’Êchanges locaux (SEL). Ce sont des crĂŠdits mutuels. Les membres ĂŠchangent des biens ou des services. D’autres systèmes

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Monnaies locales et réglementation Peut-on réellement parler de « monnaie locale » ? « Le terme « monnaie » est un abus de langage » rappelle la Banque de France. L’institution considère « qu’une « monnaie locale » est un instrument de compte et d’échange créé par un groupe de personnes physiques ou morales, en vue de comptabiliser les échanges multilatéraux de biens et de services au sein de ce groupe. Ces « monnaies locales », lorsque le projet n’est pas jugé illégal , s’apparentent aux « vignettes », « bons », « coupons » et autres « souches » mis en circulation par les acteurs du projet. Les utilisateurs règlent leurs « achats » auprès des commerces qui acceptent la « monnaie locale » au moyen de bons d’échanges ». La monnaie locale n’a pas de remise de fonds et en conséquence de garantie de remboursement

dans la monnaie légale. « Il n’y pas d’intérêts perçus ou imposés mais surtout, il n’y a aucune garantie de convertibilité avec la monnaie ayant cours légal. En revanche, ses utilisateurs sont légalement tenus d’accepter parallèlement les billets et pièces en euros, qui eux ont cours légal », explique la Banque de France. Par ailleurs, pour rappel seuls les États disposent du pouvoir régalien d’émettre la monnaie. Ce n’est donc pas une monnaie. Les pratiques sont tolérées. Cependant, certaines peuvent constituer un moyen de paiement et donc être soumises à la réglementation et l’obtention d’un agrément auprès de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Le régulateur apprécie au cas par cas si une monnaie locale relève de « la qualification d’opérations de mise à disposition de la clientèle ou

de gestion des moyens de paiement ». D’une manière générale, les deux critères d’exemption d’agrément pour les structures qui proposent des services bancaires de paiement, des services de paiement ou de la monnaie électronique sont les suivants : qu’ils soient réalisés au sein d’un « réseau limité d’accepteurs » ou qu’elles portent sur un « éventail limité de biens ou services ». Cette notion devrait être précisée avec la future directive des services de paiement. «Les informations fournies par le marché montrent que les activités de paiement auxquelles est appliquée l’exemption relative aux «réseaux limités» brassent souvent des volumes et valeurs de paiement considérables et donnent aux consommateurs accès à des centaines, voire des milliers de produits et services différents, ce qui ne

d’échanges comptabilisent du temps. Le temps passé à délivrer un service est enregistré dans une banque de temps. Et chacun, en fonction du temps capitalisé, peut bénéficier en retour de services. L’objectif principal est de valoriser les savoirs et savoir-faire et de nouer des liens entre les membres sans aucune rémunération. D’autres encore visent à promouvoir des « bons gestes », notamment en faveur de l’environnement. Les banques ne sont pas, a priori, à ce jour, partie prenante dans ces dispositifs.

ILLUSTRER LA RSE DES BANQUES En revanche, les établissements bancaires mutualistes régionaux sont souvent partenaires dans les monnaies qui visent les échanges commerciaux et leur relocalisation. Ces monnaies lient plusieurs acteurs (collectivités, banques, commerçants, CCI ou CMA...) à un territoire. Elles constituent un atout certain en termes de communication pour gagner en proximité et véhiculer les valeurs éthiques, solidaires

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répond pas à la finalité de cette exemption telle qu’elle est prévue dans la directive 2007/64/CE », constatent les parlementaires européens. « ... Il est nécessaire de donner une description plus précise de ce qu’est un réseau limité », en suivant en cela la directive 2009/110/ CE. Ainsi, un instrument de paiement devrait être réputé utilisé à l’intérieur d’un réseau limité s’il peut servir uniquement à l’achat de biens et de services auprès d’un détaillant ou d’une chaîne de détaillants donné(e), ou pour un éventail limité de biens ou de services, quelle que soit la situation géographique du point de vente... L’application de l’exemption devrait être couplée à l’obligation pour les prestataires de services de paiement potentiels de déclarer les activités relevant de la définition du réseau limité ». Le moyen de paiement ne doit donc pas avoir une finalité universelle et les activités et usagers doivent être identifiables. Dans les autres cas, l’ACPR considère que les monnaies locales sur support papier

et du territoire. La monnaie devient alors un support qui « permet d’engager le dialogue entre les producteurs et les consommateurs, entre les associations, les entreprises, les banques, les collectivités et les citoyens. La monnaie devient un prétexte à l’échange, elle suscite la rencontre au lieu de diviser. Les circuits courts sont valorisés et les acteurs du réseau ont la possibilité de se rencontrer et d’apprendre à se connaître », selon la formule du site de la monnaie Sol-Violette à Toulouse soutenue par le Crédit Coopératif et le Crédit Municipal. Certaines monnaies peuvent être fondantes. C’est à dire qu’elles perdent de la valeur. Plus on la conserve, moins elle est intéressante. Si on l’épargne, elle ne vaut plus rien à terme. Ce dispositif devient alors un outil marketing visant à faciliter la consommation. La monnaie doit être dépensée rapidement pour éviter la perte de sa valeur initiale. Il est dans l’intérêt du consommateur de dépenser vite pour conserver la totalité du montant. Pour les entreprises, l’acceptation


relèvent d’un agrément, « lorsque les monnaies locales sont remboursables, fractionnables ou permettent un rendu de monnaie. L’émetteur doit alors être agréé en qualité d’établissement de crédit ». Si le coupon ne donne lieu à aucun rendu de monnaie, il n’entre pas dans le champ d’application. Quant aux monnaies locales sous forme scripturale, elles « relèvent de la fourniture de services de paiement qui est réservée aux prestataires de services de paiement ». Lorsque les monnaies locales alimentent des comptes et que le teneur de comptes acquiert des ordres de paiement du titulaire au profit des

commerçants accepteurs et réalise ensuite des virements en leur faveur en unité de monnaie locale. Le teneur de compte relève de la fourniture de services de paiement soumise à agrément. Pour les émetteurs de monnaies sous forme électronique, « la gestion de monnaie électronique est réservée aux émetteurs de monnaie électronique, c’est-à-dire établissements de crédit et établissements de monnaie électronique ». Lorsque les monnaies locales sont émises sous forme de carte ou sur un site Internet, contre remise d’euros, il s’agit d’émission et gestion de monnaie électronique.

d’un règlement en monnaie complémentaire peut donc être un accélérateur de ventes et permettre de toucher rapidement des publics nouveaux à moindre coût, comme de conserver les clients « enfermés » dans la monnaie. Pour les banques partenaires, c’est l’opportunité de traduire leur stratégie RSE en actes. Elles peuvent ainsi s’afficher auprès des commerçants partenaires, apporter une contribution à relocaliser les activités et soutenir une économie fondée sur les besoins réels et non spéculative. C’est aussi l’opportunité de toucher de nouveaux prospects et d’accroître la fréquentation des agences bancaires pour présenter des produits et services additionnels mais également amortir les coûts. A titre d’illustration, le Crédit Coopératif et le Crédit Agricole proposent d’échanger les euros contre des Gallecos aux habitants d’Ille-et-Vilaine. Le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne a développé dès 2011 le « Tooket », monnaie locale virtuelle, pour en faire un argument commercial. Face au succès, la

Caisse Régionale d’Aquitaine et la Caisse Régionale de Franche-Comté participent désormais au dispositif qui pourrait être repris par la moitié des Caisses régionales d’ici la fin de l’année. A chaque utilisation de la carte solidaire Tooket ou souscription d’un client sociétaire à un compte sur livret, les sociétaires reçoivent des Tookets et peuvent les redistribuer à l’association agréée de leur choix. L’association peut demander à la Caisse Régionale la conversion des dons de Tookets en euros. « Les Tookets condensent de nombreux atouts auxquels nous sommes très attachés en Caisse d’Aquitaine : Ils sont porteurs de valeur pour notre entreprise, nos clients et nos sociétaires. C’est une mise en œuvre concrète de notre politique de solidarité sur notre territoire. Ils soutiennent l’économie locale du secteur associatif par une monnaie solidaire. Il y a un aspect novateur et différenciant dans la création d’une nouvelle monnaie », affirme Françoise BoscusGalasso responsable du marketing de la banque. « Le programme Tookets est dans ce sens un accélérateur. Il est différenciant, impliquant et pro actif pour trois raisons : il favorise la reconnaissance du statut de sociétaire car seuls les sociétaires ont accès aux produits générateurs de Tookets. Il permet de sensibiliser les associations qui vont bénéficier des dons et les membres des associations qui vont pouvoir faire ses dons à leurs associations. Il structure la politique de mécénat de notre Caisse régionale ». La banque verte a ainsi séduit plus de 3 000 clients et touche à travers le « Tooket », aujourd’hui société coopérative, près de 250 000 utilisateurs et des centaines d’entreprises partenaires.

DOPER LES ÉCHANGES INTERENTREPRISES D’autres monnaies ont des vocations bien plus larges. Elles visent à créer un écosystème d’échanges. A titre d’exemple, la monnaie SoNantes est portée par l’Agglomération de Nantes et les acteurs économiques du territoire. Le Crédit Municipal de Nantes, qui est un établissement de Crédit, va prochainement créer un établissement de paiement dédié à la gestion de cette monnaie pour être totalement en conformité. La monnaie, qui devrait être mise en place cette année, servira aux particuliers à régler les emplettes mais aussi le parking, la crèche, le musée, le centre aéré... et deviendra un moyen de paiement quasi-universel. Seules les structures publiques ne pourront pas les accepter puisque la monnaie légale est l’euro. L’établissement de paiement sera chargé de sa gestion administrative, technique et financière. Émission de la monnaie, ouverture et gestion des comptes, délivrance et gestion des moyens de paiement, cantonnement des fonds, gestion des déploiements des solutions pour les entreprises... sont autant d’activités et de recettes possibles. «Ce qui est intéressant c’est que nous sommes établissement de crédit au service de la ville et nous avons une vocation sociale. Nous allons gérer l’intégralité du dispositif » explique Jacques Stern, directeur général du Crédit Municipal. « La réflexion commune a été engagée dans le cadre de l’Agenda 21 dès 2005. Puis, la crise a engendré des difficultés de trésorerie pour les entreprises. D’où la création d’un plan d’actions à l’initiative des collectivités territoriales ».

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Depuis 80 ans, la banque WIR fait recette avec sa monnaie complémentaire La banque suisse coopérative WIR est née en réaction à la crise 1929. Elle a créé une monnaie appelée « WIR » à destination des échanges interentreprises pour faire face à la pénurie d´argent liquide en circulation. Elle vient de souffler ses 80 ans d’existence et propose un modèle original de banque. Les fondateurs ont élaboré un système d’échanges permettant de faire des transactions directement entre les entreprises plutôt qu’avec l’argent de la banque. Les entreprises participantes disposent d’un compte classique avec des débits et des crédits et un découvert autorisé avec un plafond en fonction de l’historique et de la confiance en l’entreprise. Les écritures sont comptabilisées sur des comptes à partir d’une unité monétaire commune : le WIR.

Le fonctionnement du WIR est le suivant. Une entreprise A règle en partie son achat en WIR, par exemple 1000 WIR et 3000 francs suisses. L’entreprise B qui détermine le montant en paiement WIR, reçoit les 3000 francs et les 1000 WIR qui sont créés exnihilo. L’acheteur a alors une dette par rapport au système WIR. L’entreprise B achète à son tour un bien pour 4 000 francs à l’entreprise C, et décide de régler 1000 en WIR. Elle dépense les 1 000 WIR qu’elle possède et ouvre une ligne de crédit de 1 000 WIR auprès du système. La propagation du WIR est donc facilitée. La monnaie est scripturale et donc économique (pas de frais d’impression, de manipulation, ni de transport…), les membres n’ont pas besoin d’argent liquide. Ce qui évite aux entreprises et à la banque

de sortir des francs suisses. Elle permet ainsi d’économiser l’argent, de réduire le besoin en fonds de roulement, d’accélérer la réduction des délais de paiement et d’avoir la quasi-certitude d’être payé. Le système permet également aux entreprises d’acquérir à faible coût des clients qui sont membres du réseau. Les avoirs de WIR ne sont pas rémunérés. Le système incite ainsi à dépenser rapidement l’argent. Les participants ne peuvent dépenser que dans le circuit fermé des entreprises participantes. Ce qui intensifie les échanges, resserre ainsi les liens commerciaux et de coopérations entre les entreprises mais aussi contribue à réduire les coûts (grâce à une mutualisation des moyens sur une opération commune par

En effet, l’un des objectifs de cette monnaie est également de favoriser massivement les échanges interentreprises. L’ambition, à l’image de la banque suisse WIR, est de fournir une solution aux difficultés de trésorerie, d’encourager la coopération de proximité, d’améliorer la confiance et les collaborations. Le marché des échanges entre entreprises pour l’instant est embryonnaire en France. Il représentait 400 millions d’euros en 2009. Il pourrait devenir intéressant. Un rapport du Pôle Interministériel de Prospection et Anticipation des Mutations Économique (PIPAME) estime que « 540 000 entreprises pourraient devenir membres d’un réseau d’échanges pour un volume de transactions d’environ 15 milliards d’euros ». 65 % des entreprises françaises se déclarent être intéressées par les échanges de biens et de services, selon une étude réalisée par la junior entreprise EDC Consulting. « Nous souhaitons que 10 % des entreprises de notre territoire utilisent et ac-

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exemple). Ainsi regroupées autour du WIR, les entreprises réussissent par les synergies et dynamiques de relations commerciales engendrées à être plus compétitives face aux grands groupes internationaux. La banque WIR, qui gère également des francs suisses, dispose d’un modèle économique caractérisé par ses faibles coûts. Elle ne rémunère pas les fonds WIR. Concernant les crédits, contrairement à d’autres banques, elle ne prête pas l’argent de ses clients mais émet elle-même l’argent WIR, ce qui contribue à réduire

ceptent la SoNantes d’ici à cinq ans, soit 3 000 structures environ. Nous allons déployés prochainement une forte communication et embaucher des commerciaux pour impliquer les entreprises ». Pour faciliter la propagation de cette monnaie, la circulation passerait par les Comités d’entreprises et la municipalité mais aussi les entreprises qui pourront payer, en partie, leurs salariés en SoNantes ». Dans le Finistère, le Crédit Mutuel Arkéa avait engagé en 2009 une réflexion pour développer une monnaie locale avec le réseau produit en Bretagne et 230 entreprises dont 3 chaînes d’hypermarchés représentant un volume total de 15 milliards d’euros. Le projet n’a pas abouti. Le système est différent de celui de Nantes, ne faisant pas intervenir les aspects éthiques ni les acteurs publiques. Ces types d’initiatives devraient probablement se développer en raison de la crise mais aussi car elles sont encouragées par les décideurs européen et la Banque Européenne


les frais et à préserver les fonds en francs suisse tout en augmentant la capacité de prêts en monnaie nationale. Le prêt WIR constitue également un produit d’appel pour la vente d’un prêt en francs suisses et vice-versa. La banque peut ainsi faire varier ses intérêts sur l’un ou l’autre produit tout en « enfermant » le client dans le système. Les prêts WIR peuvent être à un taux attractif (bien que les taux soient actuellement faibles) pour le client du fait de leurs faibles coûts pour la banque (pas de coût lié à l’achat d’obligation ou autres produits, pas d’intérêts de remboursement ou frais...). Cependant, la banque est soumise aux règles des établissements de crédit et aux ratios réglementaires. La monnaie complémentaire permet à la banque d’autres recettes. Frais pour tenue de comptes, services financiers mais aussi des prestations originales pour une banque. Derrière chaque utilisation du WIR, la banque délivre un échange de biens et de services. Le WIR fonctionne ainsi comme une marque. Celle-

ci est nourrie par différentes opérations commerciales payantes pour les membres participants. Organisation et participation à des foires, mise en place de comptoirs WIR, publicités pour des annonceurs dans le journal destiné aux membres, accès au catalogue et annuaire des adhérents afin de faciliter les échanges et les affaires… sont autant de ressources de financement et l’occasion de créer de nouveaux services. La banque gère environ 820 millions de WIR. Le nombre de prêts progressent malgré la crise. La monnaie est approuvée par la banque mondiale et se voit délivrée un code conformément à la norme ISO 4217. Plus de 60 000 entreprises suisses, soit 20 % l’économie du pays, sont utilisatrices de cette monnaie qui vient en complément de la monnaie nationale pour financer autrement leur trésorerie ou en obtenir lorsqu’elles n’en n’ont plus. Avec l’expertise du métier de banquier, la banque WIR remet au goût du jour la traditionnelle « ardoise » des commerçants des siècles passés !

d’Investissement avec le projet JEREMIE (Ressources européennes conjointes pour les microentreprises et les PME). Cet instrument favorise l’utilisation d’instruments d’ingénierie financière pour améliorer l’accès des PME au financement par les interventions des Fonds structurels. En outre, au mois de février, la ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, et le ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire, Benoît Hamon ont confié à Jean-Philippe Magnen, vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire et Christophe Fourel, chef de la Mission Analyse Stratégique, Synthèses et Prospective à la Direction Générale de la Cohésion Sociale une mission d’analyse et de proposition sur les monnaies locales complémentaires afin d’en évaluer précisément les risques et les opportunités. Le rapport devrait être rendu d’ici au mois de juin 2014.

Plus de 5 000 monnaies complémentaires dans le monde Partout dans le monde, les monnaies locales se développent. Il y en aurait plus de 5 000. Outre-Manche, le Bristol Crédit Union, établissement financier inscrit à la FSA, participe depuis 2012 au « Bristol Pound », monnaie locale d’un quartier de Londres. Les détenteurs de cette monnaie peuvent dépenser leur argent dans plus de 600 entreprises ou encore payer leurs impôts locaux. La municipalité règle d’ailleurs en partie leurs employés en monnaie locale pour encourager son développement. Le « Bristol Pound » constitue la monnaie locale la plus importante au Royaume-Uni. Les règlements peuvent être effectués par SMS depuis son mobile. En Hollande, Rabobank accompagne la monnaie « Sudiste » pour les habitants du sud de « Rotterdam ». Elle se gagne en aidant les autres et se dépense chez les entreprises partenaires. En Uruguay, la « Banco de la República Oriental del Uruguay », le

gouvernement, des ONG et entreprises ont mis en place depuis plusieurs années une monnaie locale « sociale » baptisée C3. Le système fonctionne comme un système d’échanges sur la base d’une promesse de règlement interentreprises. A titre d’exemple, une entreprise sollicite un crédit auprès d’une institution, elle fournit une garantie (bien, terrain...). L’institution fait la demande à la Cooperacion National de Desarrollo qui gère le système. Elle donne son accord ou pas. En cas d’autorisation, l’entreprise voit son compte crédité en monnaie complémentaire et peut payer ses fournisseurs. Elle peut également les convertir en monnaie nationale avec un malus. Les institutions publiques acceptent le règlement des impôts avec cette monnaie complémentaire. Lorsque le crédit est dû, l’emprunteur rembourse en monnaie nationale et s’il n’est pas remboursé, un système de fonds de garantie intervient pour couvrir les dettes.

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