Lettre ouverte de Nicolas PISAPIA, « Lette écrite depuis le centre de détention d’Anamuya, Higuey, République dominicaine. A diffuser le plus largement possible pour faire connaître ma situation et pour faire savoir ce qui se passe en République Dominicaine. J’ai décidé de m’adresser directement à la presse pour rompre le silence dans cette affaire qui fait que très peu de journalistes n’ont jusqu’à présent cherché à recueillir mon point de vue et à écrire un article impartial. Depuis le début je clame mon innocence. Dans la plupart des articles ou reportages télévisés, des propos calomnieux et diffamatoires ont été diffusés jusqu’à présent. Ces articles et reportages me présentent tous comme étant le propriétaire des valises, alors qu’elles n’ont jamais été enregistrées à mon nom, ni au nom de quelqu’un d’autre ; j’ai passé les différents contrôles à l’aéroport de Punta Cana avec mon seul bagage à main, et mon passeport a été validé par les autorités dominicaines sans aucun problème. Nous sommes aujourd’hui le 20 mars 2014 et cela fait exactement un an que je suis en prison préventive ; la justice dominicaine n’a aucun élément de preuve contre moi, ni d’ailleurs sur les autres français incarcérés comme moi. Cette détention préventive devait cesser ce jour. Malgré que le « cas de Punta Cana » ait été « déplacé » depuis le 4 février 2014 à la capitale à Santo Domingo (cela aurait dû se faire depuis bien plus longtemps car la demande de « transfert de ce cas » est arrivée au tribunal d’Higuey le 4 décembre 2013), la sordide détention continue. Je suis toujours enfermé, il s’agit d’une séquestration illégale, abusive contraire aux lois, au code pénal et la constitution de la République Dominicaine. Vous vous documenterez sûrement sur ce cas. Sur ce qui a été écrit, dit, diffusé, par les médias depuis un an ; il y a du bon mais beaucoup du mauvais, de la diffamation et du mensonge, du vrai et du faux. Face à cela je cris ma colère. Des interrogations sur cette affaire tout le monde en a. Mais la presse doit dénoncer les abus qui sont faits en matière de droits fondamentaux dans un pays où il est impossible de s’élever contre les institutions qui sont corrompues. Je cris mon innocence depuis le début de cette affaire, ou plutôt depuis le jour où j’ai pu le faire, prenant conscience du rôle de bouc émissaire que tout le monde, voudrait me faire jouer. Par l’intermédiaire de mes parents et de mes avocats, j’ai pu raconter et diffuser ce qui se passait ici, mais jusqu’à présent la plupart des journaux de la presse écrite et la télévision sont restés sourds à mes appels. Savoir ce qui s’est réellement passé, chercher le pourquoi du comment, connaître et révéler les manigances des personnes réellement responsables de ce montage et de la fabrication complète du cas de Punta Cana devraient pourtant être des choses essentielles pour des journalistes cherchant à diffuser une information la plus complète et la plus impartiale possibles. A croire que la vérité ne les intéresse pas. Je mets à votre disposition tout ce que j’ai pu écrire et envoyer à mes parents et à mes avocats sur la situation et les détails de celle-ci. Aujourd’hui je suis un homme en colère, blessé, fatigué, épuisé, qui a été montré du doigt, stigmatisé, calomnié sans pouvoir me défendre, et qui a tout perdu depuis un an: ma famille (mon enfant de cinq dont je n’ai plus de nouvelle et dont je ne sais pas où il se
trouve), mon travail ; je n’ai plus de vie sociale, sans parler de la torture psychologique et la douleur permanente de se retrouver du jour au lendemain en prison, loin de sa famille, et des gens que l’on aime. En vous écrivant directement, je ne cherche ni à vous convaincre de mon innocence, ni à vous attendrir sur ma situation et sur mon sort, mais à vous faire connaître mon point de vue sur une affaire qui a été montée de toute pièce et qui a mis ma famille et moi-même en danger! J’ai tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme ; il n' y a pas eu de réaction suffisante à mon avis de la part des autorités françaises. Je la tire encore aujourd’hui pour me faire entendre et surtout pour que l’on ne m’oublie pas, car tout seul ici, sans aide et soutien, c’est la mort qui m’attend. Merci en diffusant cette lettre de me redonner l’espoir de vivre et de sortir libre, de retrouver mon fils, mes parents, ma famille mes amis et les gens que je connais et qui me soutiennent. Mon fils est ce que j’ai de plus cher au monde, il me manque chaque jour, et je sais que je lui manque à chaque instant. » Bien à vous. Nicolas PISAPIA, le 20 mars 2014.