MERCURE GALANT DEDIE1 A MONSEIGNEUR.
LE DAUPHIN.' N 0 VE MB RE
16S6.
A LYON, Chez THOMAS AMAULRY, rue Merciere , au Mercure Galanr. M.
D C L XXX VI.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
Bayerteche S r.Str;tsbibiioĂŽ*v?lc l
AU
LECTEUR.
Eux qui ne jugent des Ou. vrages que par le Titre, fans fe donner la peine d'en rien lire,& fansfai re mefine un infiant de reflexionfur ce qu'ils voyerit , pourrontfe rebuter d'abord du mot de Siam qu'ils trou veront Ă la tefie de la feconde Par tie de ce Mercure , & dire quecefl trop parler fur une mefme ma tiere j cependant avec une mefme matiere on fait tous les purs mille dofes diffĂŠrentes. Onfait des figu res d'Hommes ejr d'animaux avec du Marbre , avjfi bien que des colomnes , & tout ce qu'on veut faire
AU LECTEUR. reprefenter , & laf'ùte LÏvrt, bien quilait le mefme Titre, ne doit avoir que le Titre de commun avec \ ce qui l'a précedé. Il faut feparer ce qui regarde les Livres qui parlent de Siam en deux matieres , qui renferment deux K^émbaJ[ades,fçavoir t' Ambajfade de Monfieur le Chevalier de Chait m ont au Royau me de Siam, & celle des ^Ambaffadeurs du Roy de Siam en France, V kmbaffade de O^lonfuur le Cher valier de Chaumout a ejjlé faite? far luy-mefme en un feul Volume , & la mefme Ambaffade , ejr non la fuite, aejjlé m'fe dans IcMercure de Juillet, & dans un Volume entier qui luy fert de feconde Partie. On « traité le mefme fujet, parce qu'on * eu divers Memoires pour fai«v cette Relation plus amplc,& tout c* qui regarde cette /imbajfade eji finy dans ces trois Volumes, kinfi il
AU LECTEUR. nejlplus queftion que de Chmbaffade des Siamois en France. Cellela n'ejl point double , n ayant efté traitée que par le Jeul autheur du Mercure. Le premier Volume a pour Titre, Voyage des Ambafladeurs de Siam en France, contenant la Reception qui leur a efté faite dans les Villes où ils ont pafle , leur Entrée à Paris, les Ceremo nies obfervées dans l'Audience qu'ils ont eue du Roy , & de h Maifon Royale, les Complimen* qu'ils ont faits, la Defcription des lieux où ils ont efté , & ce qu'ils ont dit de remarquable fur tout ce qu'ils ont veu. Le fecond Volume ejl intitulé , Suite du Voyage des Ambaf04eurs de Siam en France , contenant ce qui s'eft paffé \ l'Audience de Madame la Dauphine ,des PriDcefles du Sang ,,
AU LECTEUR. & de m fficurs de Croiffy & de Seignplay , avec une Defcrtptiqa exaâc desChafteaux, Apparte nons , Iardins, & Fontaines de Verfailles , S. Germain , Marly, & Ugny ; de la Machine de Marly, des Invalides , de l'Obfervat.oire , & de ce que ces Ambafladeurs ont veu dans tous les autres lieux où ils ont efté depuis la pïemicre Relation » à quoy l'on a joint le pifeours qu'ils ontifaitau K.o.y. On peut voir par ces deux Titras, ' que ces Ouvrages ne parlent point des mefmes çhofes , mais on avertit baJfad&Mrs de Siaw Ayant toujours augmenté , & leur ayant fait de* manier l'fxpHcaùen de toM^kf qu'ils ont vtu , les matieres qu} font dans lefecond tournai de.ee tp Amhaffade , font traitées mûM$
AU -L ECTEUR. plus à fond que dans le premitp Volume , & Us Maifans ftoyafa » fur tout Verfatlies 3 yfont décrites aveœ toute fexacJitude fofjf&le , d'une manière à don ner autant d'intelligence aux cu rieux y que s'ils avoient , le ?J*P aie, çtaw. On peut dire que iVp . verra dans ce Volume lafeule Defr çription de Verfailles qui. ait efi4 jufquicy donnée au Public , les Lambeaux qm en -mt paru ne pou vant pas monter h la vingtième' partie de ce qu'on y trouvera, & les chofes mefme-s Ayant entiers ment change de figure depuis et tempsJà. Qn ne dit rien du refit dfrLiwe qui contient-fipt ou huit Autre*. .^articles aujfi curieux que nifrveau-x , <*ft\àMre , qui n'ontpoint ancore ejlé imprimez,. On peut croire que cette Ambafi f*4e ayant déja reptpfy deu>x: Vajfi~
AU LECTEUR. mes , on ne la laijfera pas imparfai te r^fans quoy ce quon a donné a» Public ne paffcroit que pour des Tragmens. Aïnfi après avoir fait un Journal de tout ce qui regarde les Ambajfadears depuis Breft , où on les a pris en débarquant , on les y . reconduit, afin que tous ces Volumes enfemble ne fojfènt quun corps de cette {^imbajjade, qui pourra tenir rang parmy les Voyages les plus cu rieux , ejr qui pourra efire utile a tous les Ambaffadeurs qui vien± dront en France , pour leur appren dre ce qu'ils doivent voir. Les Li vres d'AmbaJ/ades ont toujours efiè fort recherchez. , ejr nous ne ccnnoijfons point mieux la Chine que dans un Livre in folio remply de figures , qui décrit la grand* Am~ bajfade que les Hollandois yfirent 1655. dédié àfeu M, Colbert. On rioublierapas fans la feconde Par^
AU LECTEUR. ùe dè ce Journul le Voyage de Flan dres , qui a fait connoifhe aux *Ambaffadeurs la Grandeur du HPy . & qui f» faifant voir mille chofes qui regardent la Guerre , n'a pas laijfé d'ejlre tout remply de Fejtes ejr de galanteries. On ne marque point qtton ne laijfera rien à dire fur cette matiere , on peut voirfi Con a traité afond celle que renferment les deux Volumes de cette hmbaffude , dont le dernier vient de paroijlre avec celuy cy.
LIVRES NOWEAVX de Novembre i6%6. Vies desSaints, nouvelle Edition, fol. i', vol. Paris grand papier 16- liv. —* . Idem de papier ordinaire, il. liv, anal de Paris, fol. %. vol. Hiftoirc de la Morée avec fo. figures en tailles douce de toutes les Villes que les Ve nitiens ont emportées fut les Turcs» S. 4. liv. L'Efpion du Grand Seigneur & fes Rela tions fecrettes envoyées au Divan de Conftantinople découvertes à Paris, pendant le Regne de Louis le Grand , contenant les évenement les plus considerables de la Chrétienté & de la Erance indouze , 4. vol.*. liv. les trois derniers vollumes fe vendent feparé pour 4. liv.To. f. Hiftoire des Oracles par Monfïeur de Fon. tencllc , Authcur du Dialogue des Morts , 11. 30. f. Voyage des Ambalîadeuts de Siam en Fran ce , contenant la reception qui leur a efté faite dans les Villes où ils ont pafle, leur entré à Paris , les ceremonies obfervées dans l'Audiance qu'ils ont en du Roy & de la Maifon Royale, les complimens qu'ils ont faits, la defeription des lieux où ils ont efté , £c ce qu'ils on dit de remarquable fur tout ce qu'ils ont vû jufqu'à la fin de l'année 1 (< % 6 1 1.1. vol. 40. fols.le deuxième tome fe vend feparé pour 10. fols.
1 tournai des Saints pour les Congrégations qui fcrt de billets des Saints de mois en Latia la main 45. f. & en François aulfi 4 j. L'Homme inftruit par fa raifon 8c par fa Religion , Dialogue Moral & Chrétien, 8.I.I. Le nouveau Negotiant , contenant les re ductions toutes faites des mefures , Poids Se Moanoyes de France , reduite aux mefmes Poids & Monnoyes de direrfes Villes & Pais concernant le Negoce , par le fieur Ricard de Bordeaux , inquarto , 50. f. L'Efprit de la Religion , eu l'abregé du Li vre de la Science univcrfelle des faintes Ecri tures , 11. 10. f. Almanachde Milan 1^87. 1». 10. fols. «——.De Liege pour 1S87. 15. f. Connoiflance des temps pour K87. lo.f. Hiftoire du Siege de Bude avec tontes le* particularites fidelement écrite & circonftantié le tout jour par jour , avec une grande fi* gure en taille douce , par l'Autheur du Mer cure Galant , |t. 10. f. Lettre d'un Dodtetu en Theologie à un Mif» fionaire de la Chine, ix. 10. f. Livret que l'en Imprime & que l'on donnera inctjfamment. Les Grands Voyages de Moniteur Chardin , de la Perfe & des Iodes Orientâmes avec dixhuit grandes figures en taille douce , ta. a. gros vollumes. Le bon ufage du Thé , du Café & du Cho
cholat par M. de Blegny avec phifieurs figures en taille douce. L'a 'Nouvel le Methode accomplie du Blafoti du Pere Mirieftiier , indouze, Le Pontificat de S. Leon i d« M. Maimbour , L'Hiftoire 'd<t-: Louis douzième de Varillas & la fuite des" Hetefies aùffi de M- Varillas , les Annales -do. la Grèce de Madame de Villedieu,8c pluiïçurs autres dont je vous dooncray Avis.
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MERCURE
GALANT. N OPE MB R£
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E commençay ma Let tre du mois paiTé par une Epître en Vers, qui contenoit une vive peinture des vertus qui rendent Je Roy fi digne de l'Immortalité qu'il s'eft acquiUe. Quand on lit ces fortes d'Ouvrages , l'cfprit en eft tellement remply , & la Grandeur de Sa Majefté s'y trouNovembre 1686. A
z MERCURE ve fi bien dépeinte , qu'on croit que l'Autheur n'a rien oublié de tout ce qui peut la faire connoiflre. Cependant comme la matiere eft inépuifable , Se tou jours belle j lors qu'elle vienc à eftre traitée par un autre , elle nous paroift briller d'un nouvel éclat , Se l'on y découvre des beau tez que l'on n'a point en core veuès ailleurs, le ne doute pc int que vous n'en trouviez de grandes dans l'Ouvrage que vous allez lire. 11 eft de Monfieur l'Abbé de la Chaife. Quoy qu'il ait efté devancé dans ce deflein par beaucoup d'habiles Gens , il n'a regardé que la ma tiere , Se feur de l'abondance qu'elle fournit , il a fait parler la Gloire. Il fuppofe que cette Déefleeft au Temple de Me moire, où elle tient un pinceau,
G A L A N T.. >. } & regarde un Autel particulier qui luy eft dedié , & qui d'un codé a pour ornement un Ta bleau o"A.ugufte , & une Tablf d'aftentede l'autre, j . $1 $1
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POR TJt' A Ï t D E LOUIS LE
GUND
En paralelle avec celuy b'AUGUS^fe
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Auprès de cet Autel m je fuis adoree .., . *! Depuis le temps que j'^p/^cff " Augujle que fflyeis tYHce\ , Cette Table d'attente eft toâiours demeurée. . ; " <. A x
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MERCURE L,'Antiquite m'offrit en vain , Tour mettre en parnielle avec ce grand Romain , %es Heros qu'elle avoit la plus dignes d'envie ; Malgré cettefaujfe lueur Que la Fable ajoûtoit a l'éclat de leur vie , Aucun ne me parut meriter cet honneur. m Four trouver icy place au mefine rang qu'Augujle , C*eftpeu que d'ejlre Conquerant, Il faut qu'un Prince vraiment Grand y Soit vaillant , foit heureux , foit prudent , ferme , & ittfte , Qu'il foit l'Ame de fes Etats , Qu'il décide au Confeil, qu'il com mande aux Combats , Qu'ilfaffe tout mouvoir , foit en Paix , foit en Guerro ,
GALANT. 5 Et qu'apres avoir farmonté Tout ce qui luy refifte & fur Mer , & fur Terre , .7 . Ilforce les Vaincus d'admirer fa bonté. * . * « . ^ '. ; . Ilfautquel'Vniversle redoute & l'e/lime , : \ r . Et qu'adoré defes Sujets,--.-.s .;'.j Ilfoit l'ennemy des forfaits , Comme le Trptf0eur de. tous ceux qu'o» opprimé* : >\ £$efimefme on doute des droits £ùtlprétend contre ceux qui refoi» « < ventfes Loix > y.'- u<\ A Ilfaut qu'en leurfaveur luy.mefme il fe déclare. Dans Augure on vit s affembler Tofêtesces qualitez, par un concours -i- fi rare , £ue iufquau Grand LOyiS nul n'a pû l'égaler. .
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MERCURE
C'cjtce Heros François que doit fur cette Table . - i ; ^ .. \ :. Tracer aujourd'hui won Tinceau, Et te veux luyfaire un Tableau gui n'ait a tousfes traits qu Au\ Kgùfté'dïfemblaHè.. - \-\ » '.' " ' V kA la tejle du fet Guerriers , Comme \^Augkfte on t'a veit courbé fous lesLauriers y i - '-i. CèmbtiffrtififrmonteV, é'pVis eaL mer le monde ^ 'V Comme Oiugufie ilfait tout mouVans la Paix tdans la Guerre , <jr * '.' fur terre ejr fur l'onde . ' Sa conduite s'admire, & l'»n craint fon pouvoir. m: .? Comme \_Augujfe on l'eftimejm l ai.*. -'- me , on le revere $ Ses Alliez, toujours en luy Remontrent unfolide appuy
t 3 G A L A NT. 7 Et toujours fes Sujets y rencontrent un Pere. Ce Teuple avecfacilité "» L'aborde tônme Augujle ,ejr s'en voit écouté j \ Che\ luy ceux qu'on opprime ont >..^ toujours leur refuge .x ' ?. Comme Augufie-eàfcs interejls IIfuffit que lW Âfo/iW , il examine , £f têMre°Uy\ luy-mefme il donne
lepeindray donc ce Royfur le Char de Belionne . . i " \- .. triomphe des autres Sois , fe feindray leur ligue aux abois» gui reçoit à genoux lapaix comme il là donne. - . ..'. > 'v.i.--' « Après te* -mars qu'il a forcéZ^ Paris\d' un pinces» d'or ne peindray tesfifel, l'y peindray ce Vainqueur , mais qui rendra les armes, A
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MERCURE Moy mefmeaujfiiem'y peindray, Themis deformer* ce .Heros parfis chàti#ês.\\- : -s. t.Y. , ,: Et dans le mefme temps ie le cou ronneray. ; i'ay peint Augufte , cfc /Mr ce grand Ouvrages -'-...,«O l'emprunter*) tous [es beaux traits» , [faits, Mais ilfaut de ceux que f'ay Four ne m'y pas tromper , que ie fa(Je un triage. Tout le Tableau de ce Romain N'a pas e/é tracé par une mefme \\ . main # t,/.-. ; ù v:-, v<\ Je voy couler du fang quin'ejl pas de la mienne , Ces funeftes profcripthns, . Ce dur Triumvirat ,n ont rie» qui m'appartienne, Pour ces malheurs publics ie n<*y point de crayons.
GALANT.
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m C'cft ce qui de LOI) l S fera la difference D'avec ce fameux Empereur j Scus ce grand Roy iamais l'horreur '. D'un beau Sang immolĂŠ n'a fait fremir la Trance. Aucune viclime d'Etat N'a de fon Regne heureux iamais terny l'ĂŠclat , Jama is de fon couroux on ne l'a vA l'efclave ,, Et pour le bien reprefenter , te vieil Augufie feul,& non le jeune Offave , Me fournira les traits que je dois imiter. . . .v -
Mais dans le vieil kugufie il fe rencontre encore Des traits quifemblent ebfcurcis-> Vn tel Prince n'a point de Fils ,
te MERCURE Dmsfin plus grand éclatfin Sang *' le des-honore. L&VIS au contraire aujourd'huy Voit déja trois Neveux d'un Fils digne de luy , Voit Vhonneur de fa Cour dans leur ,JuguJle Mere , Et iepeindray tout à lafois, LOVIS un grand Heros, LOVIS 1 - îm heureux Pere , LOVIS le plusipuijfant & le incilleor des Itois. Ainfile Grand LOVIS remplira 1 cette place Stiks m caracterefi beau, Jgu'^ugujle » mefine enfin Ta bleau Des Sceptres àfies pieds qu'il faut que ïen ejface. ** Parla te voulois dejfigner Combien il furpajfoit tous ceux quon voit regner { "* r Mais ceft àLOF I S Jeui' q»e tes marquesfont deuès.
GALANT. h 7*# prêvoyois unfort pareil , ^uandfarton ordre , Augujle , on fondit tes Statues , Afin d'en enrichir le Temple dit Soleil. Quelques Eloges que tant de beaux Efprits zelez pourlagtoire de leur Prince, ayent donné à ce Monarque , aucun ne l'a encore loué fur l'Article que je vais vous donner pour nouvelle, mais on n'en doit pas eftre furpris , pnifque la vie de Sa Majefté eftant un continuel enchaî nement de merveilles , les Ac tions de grandeur & de pieté fe fuccedent tellement les unes aux autres » que fi on vouloit les renfermer toutes dans un Ou» vrage.il ne fortiroit jamais des mains deeeluy qui oferoit l'en* : treprendre. Ge. que j'ay à vous
n MERCURE dire de nouveau regarde la Paroiffede Verfaillesque ce Prin ce a fait élever à fes defpens , en forte que parles foins qu'il a pris d'en faire fournir les fonds necelTaires,ce grand Ouvrage, Ci digne de celuy qui l'a fait confiruire,a efté commencé Se ache vé en deux années, auflî - bien que les beaux & grands Logemens des Prêtres de la Mifîion, qui doivent deflervir l'Eglife, Toutes ebofes ayant efté mifes en eftat pour la confacrer,Monfieur rÀrchevefque de Paris donna permiffion le 16. Octobre dernier à Monfieur l'Evefque de Bethleem d'en faire toutes les Ceremonies. Le jour en fut in-, diqué le lendemain Dimanche au Profne de la grande Mefle , pourleMercredy 30. du mefme, mois. Le Lundy Monfieu*
;
GALANT. iî FEvefque fe rendit à Verfaille* accompagné de Meffieurs les Abbez de la Mothe & de la Ro che , l'un Archidiacre ,& l'au tre Chanoine de Noftre - Dame de Paris , tant pour obferver le Ieune qui avoit cfté ordonné pour le jour fuivant,à tous le» Paroiffiens de cette nouvelle Eglife,que pour faire dés la veil le toutes les chofes preferites parle Pontifical. Le 30. la Ce remonie fut annoncé au Peuple àquatre heures du matin par le fon des Cloches »& elle com mença fur les fept heures cm cette maniere. Monfieur l'Evefque de Bethleem s eftant ren du à l'ancienne Eglife Paroiffiale, y prit fes Habits Pontifi caux >. & precedé de plus de. quarante Preftres, de la Mifiîcri y & de Mon fie ur. Jolly.
i4 MERCURE leur General , outre plufieurs Curez des environs , il en fortit proceffionnelleraent, ayant tou jours prés de Iuy Monfieur l'Abbé de la Mothe revêtu de fon Surplis, avec une Etoile & fon Aumuffe. Il y Iaifla les Reli ques qu'on y avoit depofées le jour precedent , & aprés que l'on eut fait l'Eau-benifte à la porte de la nouvelle Eglife, on fit en dehors les Afperfionstout autours jufqu'à trois fois avec les Prieres propres pour une pa reille Ceremonie. En fuite on reïtera en dedans les mefmes Prieres , & les mefmes Afperfions avec l'Alphabet Grec ôc Latin que Monfieur l'Evefque écrivit avec le bout de faCrofle fur la cendre que l'on avoit ré panda ë en croix fur le pavé ; 6c aprés beaucoup de Prieres,
GALANT. 15 d'Afperfions & d'Encenfemens faits fept fois autour de l'Autel qui devoir cftre confacré , on retourna à l'ancienne Eglife prendre les Reliques de Saint julien & de Saint Jucombe MarÉirs, qui en eftoient les Patrons, & on les porta en Proceffion autour de la nouvelle. Avant que d'y entrer Monfieur l'EveHque fe mit fur un Fauteuil à la Porte, & fit un fort beau Difcours fur cette Ceremonie- 11 le finit par les Louanges du Roy," fit voir fa magnificence & fa li beralité , & exhorta les Peuples de joindre leurs Prieres aux fiennes pour la confervation d'un Grince qui furpaffbit les Conftantins & les Alexandres. Aprés cela on rentra dans l'Eglife, oit kîv Reliques furent enfermées dans le Sepulcre de i'A«tel,avec
16 M ERC URE une pierre que Moofieur l'Evefque fcella à chaux & à fable. La Confecracion ou Dedicaflc fut faite fous l'Invocation de la Vierge , en memoire de fa glorieufe Affbmption j & aprés d'autres Cerémonies aufquelles Monfieur Bontemps fut tou jours prefent , l'on retourna en core une fois à l'ancienne Eglife,. d'où l'on apporta le Saine Sa crement fous. un magnifique Dais. Les Rues eftoient tendues. des. Tapifleries dela Couronne, & les Recolets precederent le Clergé Seculier à cette Proceffion , à. laquelle tous les Confre res du Saint Sacrement affilie rent avec un Cierge blanc à la main. Madame la Marefchale dela.Mot-he & quantité d'autres perfonne de qualité s'y trouvetent , auflî bien qu'à la JMeCe
GALANT. 17 qui fut chantée Pontificalement par Monfieur l'Evefque de Be thleem , reveftu des Ornemens precieux que le Roy a donnez à cette Eglife. Le nombre de ces Ornemens au (fi bien que celuy de l'argenterie & du linge , fera connoiftre aux Siecles à venir la magnificence & la pieté de Louis le G r a n d< La Cere monie ne finit qu'à deux heures aprés midy. Vous ne ferez pas fâchée que j'ajoute à ce Détail la Defcription de cette nouvelle Eghfe. Elle eft fituée dans la Rue de Paris , en face de laRue.Dauphine , par laquelle on entre dans la Place du mefme nom. Elle a efte çonftruite de neuf de fond en comble ,de pierres de taille. Le Portail, en compre nant les deux Tourna dix- neuf
i8 MERCURE toifes de largeur. II eft décoré d'un Ordre Dorique de quatre colomnes de front, & qui portent auflî quatre colomnes Ioniques, couronnées d'un fronton. Les Tours font ornées de ce dernier Ordre, letouc avec dela fculpture. La longueur de l'Eglife hors œuvre eft de quarante toi fes, & dans œuvre, depuis le grand Aucel jufqu'à la grande Porte , elle a trente toifes. La largeur de la Nef eft de trentedeux pieds , & la longueur de Ja Croifée de dix • fept toifes. Les Arcades ont quatorze pieds & demy , & les bas coftez qui regnent au pourtour , en ont dix-huit.Les Chapelles ont neuf pieds de profondeur. Au milieu dela Croifée eft une Coupe, ou Cul de four , voûtée de pier re , de fix toifes & demie. La
GALANT. î» Lanterne a vingt pieds de dia metre, & porte par dehors fur un grand quarré de maçonnerie de huit toifes de largeurjla hau teur fous clef en dedans de la ^oûte eft de neuf toifes & de mie , 6c de la Coupe de la 'Lan terne ati pavé de l'Eglifeil y a dix- huit toifes. L'Ordre de de dans eû Dorique ;le grand Au tel eft enrichy de quatre colorâ tes Corinthiennes de Marbre , de deux pieds de diametre,couronnées de leurs entablemens & frontons. Tous les Autels font garnis de Tableaux des meil leurs Maiftres. A cofté dé cette Eglife , le Roy a fait auffi confttuire de fond en comble un grand Baftiment . pour le loge ment des Preftres qui la deffervent. Uconfifte en un corps de Baftiment paralelle au cofté de
io mercure l'Eglife , de quarante quatre toifes de longueur, & joint fur la rue à d'autres Bâticnens , ren ferme une baffe court de treize toifes en quarré. Le Baftimenta fix toifes deux pieds d epaiffeur, & renferme par bas un grand Corridor de quarante - trois toi fes fur douze pieds de large , avec cinq grandes Salles pour les Exercices. Le Refe&oire eft au pied du grand Efcalier. Le premier étage , & l'étage en galetas,ont chacun un grand Cor ridor. & renferme plus de foixante Cellules , & dix petits Appar tenons de deux pieces. Le tout , en y comprenant les pieces pour le lervice de la Maifon, com prennent plus de cent cinquante lieux difterens- Ce Baftiment, & l'Eglife dont je viens de vous parler, fontdu deffein de Mon-
GALANT. . iV fieurManfard , &. Monfieur de Louvois, qui comme Surinten dant & Ordonnateur des Baftimensde Sa Majefté, avoit fait conftruire en une année l'Eglife &: le Convent des Recolets , fituez dans le mefme Heu de Verfailles, voulant répondre au zele du Roy ,a pris de fi jûftes mefures , que non feulement tous cesBaftimens ont efté en tierement achevez en deux an-* nées, mais que tous les dedans fe font auflî trouvez faits , ainlî que toutes les Peintures qui em> belliffent l'Eglife. Le jour de fa confecration Monfieur l'Evefque de Bethléem , Meffieurs les Abbez de la Mothe & de la Roche , & tous ceux qui avoient efté employez à cette Ceremo» nie,ainfi que les Perfonnes de marque qui y affilierent, furent
ii MERCURE. conviez par MonfieurBontemps àdifocr avec les Miffionnaires dans leur nouvelle Maifon. Il y eue foixante Portions «chacun ayant mangé felon l'ufage du lieu où il eftoit. Tout fut fervy avec beaucoup de propreté, & un fort grand ordre. Vous n'en doutez pas , puis que Monteur Bontemps s'en raefloit } c'eft ce qui fit qu'il y eut mefme des Por tions de refte. Monfieur Magnin , toujours remply d'admiration pour les grandes chofes que fait le Roy, continué" à marquer fon zele par fes Ouvrages. Voicy trois Devifes avec un Sonnet de fa façon, qui meritent bien d'avoir place icy. Le corps de chaque Devife eft le Soleil. La premiere aces mots pour ame, Vidct & regit omnia joltts.
G A L A N Ti r 1$ Il remplit defa lumiere Le Monde de bout en bout ; Seul du haut de fa taniere Il voit tout ejr regi t tout. La feconde » forma , minute » nomme magnus. , .v ... LQVIS damfa pompeufe & briL lante carriere Bft csmme le Soleil $ En charmes , en vertus , en gran* deur , en lumiere. Il na point de pareil. Latroifiéme,£/ fies. & gltria rerum. mille corps divers Vne heureufc influence "Fait fentir fa puiffance\ Il ejl de lYnivers La gloire ejr l'efieranee.
LOUIS LE GR AND. ,*k\s* v.; - ; . j iv.st V .1 SONNET LEs loiianges q»on donne aux , Tejles couronnées, "Tandis que le Heros que l'on loue ejl vivant , Pajfent pour tin Encens mercenaire» ' ej?. fouvent Ce riejl pas fans raifon quelles font foupeonnées. . Mais celle qu'à mon Roy fay mille fois données , Ne viennent point d'un charme & feint ér decevant j Non , l'univers jamais n arien veu de (k grand , \ -,. r v= *.r, v t '\ Rien qui puijfe égaler fes belles de. fiin'ees. ;v,rr.i Si
GAL'AftîV fy»
A*.
«S* contredit à cette vè-
Qtfilparcoure avec moy toute CAn, tiquité, . .. .. ; i:„ -' i:,ih J'y trouveray dequoy Cinfiruire'\te mefemble.:. c.i.ù.r ..I Car parmy tant de Rots qui font î- évanouis. , --; -V'i'-'..-. „ - X?»'*/ /o/gw* les temps les plus v - 7 heureux enftmblè , * // X
formera pus le Regne de LOVIS. - s , . . -. - .'o *T-. ', V- -.. .* ' ." '
i . Sous ce Regne ,quia rendu la France fi glorîeufe ,on né voie de Mandians , que ceux qu'une faineantife volontaire empefche d'accepter le travail qui leur eft offert de toutes parts , Sa Majefté ayant mefme fouvent en trepris de faire faire des OuvraNovembre 1686. B
±6 MERCURE ges afin de les occuper, & comme Elle a veu lobftination de plufieurs à demeurer dans une oifiveté qui eft importune , & a charge au Public., elle a cru . pour le bien generai devoir faire la Déclaration fuivante. LOVIS, &c. L'application continuelle que Nom donnons h . tout ce qui regarde la Police gené rale ejr le bien de nos Sujets , Nous a porté à prendre m foin partieu. lierpour l'établtjfewent &Jiugmen. talion des Hôpitaux Generaux dans les Filles (jr gros Bourgs de nojlre Royaume, dans le[quels les fa», vres qui ne font en efiat de tra vailler , trouvent leur fubfifiance affeurée , avec. une occupation pro portionnel a leur ageifr à leur in firmite y é" quoy qu'au moyen de ces ctablfffemens il ne duft refier
j
GALANT.! 17 mcun de nes Sujets a charge a» Public , Nous avons cependant ejjlé informez, que plusieurs Valides qui ne font de la qualite à ejlre receut dans les Hêpitaux^au lieu de s'em ployer aux Ouvrages au (quels ils font propres , & qui leur produi roient leurfubfiflance , s'adonnent à la mendicité, & s'abandonnant à toifiveté , commettent des vols , ejr tombent malheureufement dans plufieurs autres crimes : A quoy voulant pourvoir , ejr empefvher un defordre fi cmfiderable. A et s t AU s E S . w confirmant nos Ordonnances $ Reglement cydevant faits contre les Mendians valides , Nous leur avens enjoint df enjoignons par ces Prefentes fignées de nofire main , de fe re tirer inceffamment dans les lieux & Provinces de leur natfftnce , ou sutres lieux , poury travaille* B
*
i* MERCURE aux ouvrages aufque Is ils voudront s'employer , leurfatftnt tres - exprejfes inhibitions & défenfes de mendierfous quelque pretexte que ce foiti & e» cm quacuns Vali des fujfent trouve^mendiant , huit jours après la publication des Prefentes , Voulons qu 'ils /oient pris (jr arrejlez , de l'Ordonnance de nos Baillifs , Senéchaux , leurs hieutenans ejr autres officiers , & par ks Trevofls de nos Coufins les Maréchaux de France, ty conduits és. Prifons les plus prochaines , pour fur le témoignage de. ceux qui les auront vit mendier, ou autre preu ve ejr notorieté fuffifante de leur mendicité , ejlre condamne^aux Galeres pour le temps de cinq ans. Si donnons en mandement, &c. î. ' a ' - -n - .\ . * ." Je ne fçay fi vous avez en tendu parler d'un petit Nain,
GALANT. z9 qui a fait icy plus de bruit que le plus grand homme. 11 a tren te-cinq ans avec une Mouftached'un doigt , & n'a que qua torze pouces de hauteur. Il eft de Bretagne, & a efté envoyé à Sa Majefté par Monfieur de Lavardin , Lieutenant de Roy de cette Province. C'eft ce qui adonné lieu au Madrigal que je vous envoye. On y fait parler le Nain. , " ' NOn je ne me plains peint de ce que la Nature M'a fait de petite jlrutfure , tfejl un bonheur pour moy qui par tout retentit. Je n'attrois pas la gloire fans feconde . , D* ejjlre au plus grand Homme du monde , . Si je n'eflois le plus petit. B
3
3o
MERCORE Rien n'eft plus jufte & plus agreable que ce Madrigal. Aufli a t'il receu plus d'applaudiffement que l'on D'en donne fourent a de grands Ouvrages. Il eft de Monfieur Vigner , ainfi que la Lettre que vous allez li»e. Vous y trouverez une Avani ture fort finguliere dont je vous puis garentir la verité , puis qu'il veut bien que je vous l'en voye , non feulement fous fon nom , mais encore de la manie re qu'il l'a écrite. Quoy qu'il c'y ait rien dans cette Avaruure qui puiffe choquer perfonne, & que la Nature foit feuleàblaf-. mer , je ne vous l'envoyerois pas, fi les chofes qui ont efté plaidées à l'Audicpce d'un Par lement , pouvoient ne pas de venir publiques.
GALANT.
a
A Mi LE BARON DE C***< PVifque malgré tant de belles refolutions la tentation enfin vous a pris de vous marier , ne vous laiffet^pas tant aveugler par vojlre pajfion que vous en foje\^la dupe, f'avois cru jufquà prefent que quand il efioit quejlion de choijîr une Femme riche ejr bien faite , il fuffîfoit de prendre garde afa tejle; mats aujourd'hui je vous dis qu'il faut mefme prendre garde à fes pieds , pour ne pas tomber dans ^inconvenient de ce Gentilhom me de Bourgogne , qui pour n avoir pas eu cefoin voulut ces jours paf fezfaire cajfer fort Mariage, c'ejl un hommefort riche , & qui fait ordinairement fa demeure à la Campagne proche de Dijon, ghtel B
4.
ja M E R CU R>E ques uns defes Amis ejlant venus luy rendre vifte , il leur propofa d'aller voir unefgtt belle' Maifan a trois lieues de la Jïenne ,ejr où il n'avoitiamais èfiê'. Vne Veuvé en tfloit Fermiere.Son Mary luy avoit lalffè en mourant de grands Biens ér deux fort belles Filles , mais là beauté de la Cadette {emportoit fur celle de l'^Aifnée. La Dame * receut ces Mejjîeurs fort hennejlement , leurfit voir tous les Appar-. temens du Chafleau les Avenues ejr les Jardins.Elleavoit donne for. ire à fes deux Filles de tenir la Collation prefte , de forte qu'au re tour de la Promenade la Compa gnie trouva une Table proprementcouverte des plus excellens fruits. de la Saïfon. On fe rangea autou* fans ceremonie , mais les deux Fil les voulurent fe retirer. Ces Mef~ fteurs coururent après , ejr dirent À
GALANT. 3J la Mere qu'ils s'en iroient fi elles ne s'y mettaient pas. Elles fe mirent donc a table ejr en firent les hon neurs; & la Cadette particulie rement iesfaifoit defi bonne grace, g que nofire Gentilhomme fengeoit bien moins à manger qu'àlaregarder , ou plùtofi a [admirer , & fi fies gens ne l'eujfent averty qu'il avoit trois lieues à faire & que la nuit approchoit , ilnauroitpas pen se a remenerfa Troupe chez. luy. le vous laiffe à juger , Monfitur , tout ce qui fut dit par le chemin en fa veur de ces dtux Belles ,ejr Cefiat ou le cœur de nofire Amant fe trot*' va quanti le lendemain [es Amis Uty eurent dit adieu. Ce fut avecpeine qu'il attendit jufqu'au ]oun fitivant à retourner voir ce qui- l'a* voit déja jetté dans des inquietu des extraordinaires. Il feignit dr faire un Voyage plus éloigné, afin*
34 MERCtf&E de pajfer chi\la Veuve. Lors qu'il. . en fut proche tl rencontra heureu sement celle qu'il cherchoit au bout d'une grande Allée , jufqu'où elle avoit conduit fa Mere qui èjloitallée à quelque Métairie voiftne. Cette aimable fille ne. fut point déconcertée de fa rencontre , ejr il trouva tant de fageffe , tant d'efprit , ejr tant d'agrement dans tou tesfes réponfes, qu'il s'en retouraa dans la refolutian de la demander en Mariage. Cette propojttion furprit la Fermiere. Elle crut d'abord que cejloit un railleur $ mais com mefa demande eftoip accompagnée. de ferment pour luy perfuader qu'il p-arloit ferieufement , elle fit fes efforts pour luy donner le chan ge ,& luy reprefenta qutl ejloit yufle que CAifnée paffaft devant fa Cadette , ejr qu'elle luy feroit tous les avantages po$bles pour,
GALANT. 35 reconnoijlre fhonneur qu'il faifoit à fa Famille j mais il falut ceder aux raiforts & à ?inclination de l Amant , qui d'ailleurs efioit un Party trop eonfiderable pour le refufer. La-Fille quinavoit rien oublié-' pour le détourner de penfçr a elle , luy avoiia ttifi» qu'eMe feroit la plus ingrate perfonne du monde fi elle n'ejlott pas touchée d'une aujfiforte pajfion que celle qu'il luy tèmoignoit , & le fuppliade croire que le refus d 'une aujji grande for tune que celle qui fe prefentoit en fa perfonne , ne provenoit que d'un défaut qu'elle avoit , ér qu'elle ne pouvoit vaincre. Le Gentilhomme la conjura de s'expliquer davan tage , & luy fit mille protefiationsde l'aimer paçonnement , quelquegrand que pufi efire ce défaut qui' fie vouloit oppofe'r a fon amour. ?>uifque vous le voulez fçavoir ,,
3é MERCURE dit* elle, avec un vermillon qui donnoit un nouvel éclat àfa beauté, %e vous diray , Monfieur , que la. Nature ma donné une telle aver tion pour les pieds nuis ,que je ne puis me[me [ouvrir la veuë des miens j cejl pourquoy fi vous defirez* fmtirement que j'aye l'honneur d'eftre vojlre Femme , il faut que vous me promettez, de coucher toute voftre vie chauffé , & de trouve* banque j'en faffe de me/me. Slî*°f que cela fuft. capable de faire refver un homme , il ne hefita pas ni*. moment a ie luy promettre , dr elle eut fuiet d'efire contente des affurances quil luy en donna, rfmjïpeu} de temps après on paffale Contrat de Mariage , par lequel il luyi fit tous les avantages que la Coù~. tume permet. La nuit tant dejtrée arriva. Le Gentilhomme ejr la Demsifellefe mirent au lit ichaujfc&
GALANT.' 37 Fan & Fnuire , & l'on ne vit ia~ mai; de Mariez plus ccntens qui/î le parurent le lendemain? au matinCe bonheur dura plufieurs années'^ mais il arriva qu'un tour ee Gentil hommefit une Partie de chaffe oh ilfut bleffé. Onbe reporta chez, luf toutfanglant-, se qui faifit telle mentfia Femme qui l'aimait forttendrement , qu'elle s'évanouit . On* fit tout ce que l'en pût pour la fioumlager , mais ilfalut en-venir à une' Saignée du pied qui découvrit lemyfiere quelle avoit caché avec tant de fitin. Ûn luy trouva dcspieds~ & des jambes de chevre dont- le Mary conçeut une telle hor-. reur , que dans cet infiant il eut' autant de haine. pour elle qu'ilavait. eu- d'amour. Il la fit ofie-r de fi» pufinee ne put fiuffrir depuis ce temps, la qu elle parufi devant: Luy? Il'-J>refient'a. enfuite Kequefi<e-fk
?8 MERCURE Mejjieurs du Parlement de Dijon four faire caffer [on Mariage , al leguant qu'il avait épousé un Monftre plâtojl qu'une Femme. Surquoy les "Parties appellées l'A vocat de la Dame parla le pre mier. 'D'abord ilfit voir qu'unefi grande défettuofité n'avoit point d'autre caufe que l'imagination de fa Mere, quife voyant gfoffe a elle;. s'avifa de faire alaioer f& Sœur aifitée par une chèvre , dont elle avoit foin de tenir les pieds de peur d'accident ; ejr il dit enfuite deschofesfifortes & fi touchantes en faveur de la Dame ,. que toute û Audience en fut émeiïè. Le Gen tilhomme mefme n'y. fût tefifler ; il en fut attendry , ejr comme il fortoit inceffamment fes regerds fur celle qu'il avoit aimée avec tant de pajjton , fes beaux yeux „ quoy que Unguiffans , ayantfene
GALANT. t9 frê [on cœur , il repaffa tout d'un coup de la haine a la tendreffe , e» forte qui'il défendit a fon Avocat de répondre.. La Cour fur celareri* dit fon. i_Arreft , & renvoya les Parties hors de Cour & de Procès. Le Gentilhomme plus amoureux que iamais conjura fa Femme d'où* blierfes fitblejjès & de retourner chez, luy \ mais elle n'ena voulu. rien faire iufqttàprefent. On croit que la- Cour rendra unfecond \^ér~ rejl qui portera , que ceux qui fe marieront à. Cavenir , ne couche ront point avec leurs Femmes qu'ils ne les ayent fait\ déchauffer , & qu'ils ne leur ayent fait laver les pieds devant eux , de peur qu'on ne leur lave la ttftt a eux-mef mes. le fuis Monfieur Vofire y ére-. Le{prit de l'homme efl: fi inventif, <ju'6d peut dire qu'en
40 MERCURE beaucoup de rencontres l'Art par fon moyen l'emporte fur la Nature. D'un cofté il po lit ce qu'elle nous donne de groffier , &c d'imparfait , & de l'autre il luy preftedes forces, & la fait pour ainfi dire revivre quand elle languit dans un Corps abbatu de maladie , & enfin il fçîit repouffer fes deffauts, & la fait en quelque forte rentrer en elle-mefujc ; comme nous voyons par le furprenanc Secret du Sieur Sigouneyçpxi de meure dans l'Ifle Noftre- Dame. \\ eft affez heureux pour pouvoir remettre les Tailles mal- faites des jeunes Enfans par de cer tains Corps à reffbrc dont il a trouvé l'invention > Si que per*fonne n'a pû encore contrefaire.. Plus les EnPans font jeunes plus il les redretfe y mais
GALANT/ 41. fort mal aifé qu'il en vienne à bout quand ils ont une fois at teint l'âge-de quinze. ans. Vous jugez bien qoe je ne mettray pas icy la Lifte des jeunes Per sonnes qui avoient des Tailles qui leur eftoiem à charge , & qui font prefentement audi' droites , quefî elles n'avoienc' jamais eu fujet de fe plaindre de la Nature. Quoy quelles' n'ayent plusaucune marque de ces deffauts , il y auroit peut-1 eftre des Maris aflez fantafques pour intenter Procés à leurs Femmes comme celuy dont je viens de vous parler , qui pourtant pourroit avoir eu plus de raifon de fe plaindre de fa Femme &de la Nature. On peut dire d'un autre cofté que lefprit de la Dame avoit fait en cette occafion tout ce que
4i MERCURE l'adrefle cft capable de produî-: re, pour luy cacher un défaut dont.etle ne devoit point eftre refponfable. C etoit l'unique party qu'elle avoit à prendre , puifque la Nature ne pouvoir eftre ny changée , ny corrigée , qu'il luy auroit efté inutile d'a voir recours à l'Art , comme celles qui font devenues plus droites qu'elles n etoient par le moyen des Corps àreflbrt. Parmy celles dont leSieut Sigouney a heureufement corrigé la tail le » il y en a d'aflez détachées^la monde pour vouloir bien ren dre témoignage à la verité , & dire en quel eftat elles eftoienc». ayant qu'il leur euft rendu ce bon office. Le grand nombre de Conqueftes eft quelque chofe de doux pour la vanité des Belles,
GALANT. 4> mais c eft bien fouvant un avan tage dont la fuite eft dahgereufe , & en voulant trop avoir, il eft à craidre quon ne garderien. L'Avamure que voui trouverez fous des noms d'Oifeaux dans la ÎFabie que je vous envoye , eft un. exemple fur lequel on pourra faire d'uti les reflexiarvs. V t •——.—-— . L A ;
——♦
PIN C Q NNE.
. .., FABLE.
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POur l'incertain abandonner tt feur Eft , « monfens , trait de feu defaCeft en un metjiavoirpas l'efprit meur , fejl s'oublier , & n avoir pas d'a-drejfe.
44 MERCURE Gensfont ajfe\qui manquent en ce point , . Et fottement donnent dans fappnrence , : Si dans ce cas ils ont peu de pru dence , feji - la le fait , & je »en doute point.' <-. '. i Si?ignorez, , jadis en une Table Far maints beaux dits Efope le prouva , Mais en ce jour Hijloire veritable Sous noms d'Oyfeaux, furprenante» agreable , Vous l'apprendra. Voiey comme il en va. Dans une Voliere charmante Fut une Pinçonne fringante , "Belle caufeufe,& qui nignoroit rien, Pleine d'efprit , de maniere enga geante y
GALANT. 45 Au rejle , Pinçonne de bien , Et qui farloi t Italien Comme fa Langue naturelle. Enfin tout ce qu'ilfaut avoir Pour ejlre parfaitement belle t Elle l'avoit , & qui pouvoit la voir Incontinent ejloit amoureux d'elle. Moult en ejloit , mais un tres.fa cheux cas Defefperoit j elle ejloit infidelle . Autant quefut iamais femelle , Faifant tout fon plaifir , quand on goutoit l appas De ce rtains tours fins de prunelle^ Tf infpirer de l'amour , & de n'en garderpas. Defes (^Amans grande ejloit lafequelle. On y voyoit un Perroquet Plein defçavoir ejr de caquet , Beau difeur\conteur de fleurette^ Mais de fon Bien le caleultrop toft fàt
...
4$
MERCURE N'avançoit pas fon amourette i Il faut du Bien , prou d'écus font effet. Ce fiefi pas pourtant que le droit Par beau maintien , & par belle parole , N*eufl tant fait peu gagné fort cœur. Mais quoj , tout change , ejr par malheur Changeante efieit nojlre mignon ne i Tfailleurs affez, bonne pcrfonne. Ce\changement i avoitfait enrager, Pejler , crter , il vouloit fe vanger , Mais comme enfin die tout onfe con' filf, . Au]f\sen confia tavisé Perroquet, Et tout hommefage ainfifait. Depuis lOyfeau \o'na fon rolle , En Oyfeau fage,ejr de bon jugement Prés AePmçonne ejîoit tneer un au tre Amant.
G A LA N T. ?47 fejloit maijlre Butor , de tous le m oin charmant , cx/«J/î jadis aimé , mais pour qui l'inconftante -> Ejloit alors affe\indijferente , Lors quun Pinçon de maniere éclatante , La voyant un beau jour , d'elle s'a mouracha , Ny feu ny prou ne la facha. Il ejloit beau , bienfaït> avoit une Efcareille Pleine £écus , item fprt grande Kyrielle De belles qualitez , plut ejloit de Maijsn , Avoit l'efprit tourné de la bonne façon , [ la Belle, Somme toute, il ejloit avenant pour Tous deux en ajfez, peu de temps L'un de l'autrefurent contens t Ils fe marquoient me tendreffe extrême y
48 MERCURE Si l'un iuroit d'aimer toâiours , L'autre aajfitojl fm[oit de mefmey Et promettoit ^éternelles amours. EloignezjIsfouffroient avec impa tience , . Çe nejloit que fanglots , que lar mes , que Joâpirs j . Se revoyant ce nejloit que plarfirs. Tous deux avoient mille dejïrs j Tour deviner fur quoy nef hefotn r. de fcience, t . '-« k m Tendant ce temps un autre Oyfeau E» donnant au Pinçon de ialoufes alarmes , De cet Amourfi.plein de charmes Mal à propos vint et eufer le tom.. kc&t^-.^ -.Vt .v.»îVi - ! . V» -certain. Rofjignol de noble pa rent agiv \boccage, -^Le mieux rente des Oifeaux du x^iyant veu par hasard Fjnçonne, enfut épris t .
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GALANT. 4» Il la choifit pourfa Cloris , Mit tout fon fçavoir en ufage , Vour luy donner l'amour qu'il a* voit fris. Vas ny faillit j l'éclat de fa rl.'naiffance^ D'un gros bien la belle apparence Ejlojent d'àjfîz putffans attraits, Outre mille autres galans traits . Dont il fçavoit âfftifonner lu thofty À *.\ x '"\ i* --. ' // en avoit croqué plus d'une h - moins de frais. C^efioit un maijlrei Sire , en Vers ainfi qu'en Vrofe r *. \ . ». îi l'emportoit , il ejloit ecouté , S'il parloit ,c ejloit un Oracle , S'il faifoit , c ejloit un mira* cle, -. ; !.. -. ^ïnçonne en luy ne trotivoit que beauté. K^dajfi rien n épargnait pour attendrirfoname , . . .\ novembre 168 6. C
50 MERpUTlCE, "Par mille empruntent il lu) mar quait fa ftAme , Sans ceffe ilfo^piroit , pleuroit mef. mefouvent , jlfin de la rendre plus douce. Mais en amour quelques foupirs qu'on pouffe , Autant en emporte le vent. Vinçonne cependant payoit de com ptaifane e [ Amdnt, Les petits foins de fon nouvel Et pleine de reconnoiffance Luy marquoit fon reffentiment. Pour luy d'abord on conceut de fefi time , De làfansy penfer on vint à l'ami* tiéy Enfuite fon fe fit un crime De ne le payer qu'à moitié. Il falloit plus 5 un Roffignolfi tendre , Merito'tt bien pourluy que l'on prifi , de l'amour ,
GALANT. 5ï Pinçonne ne s'en put defendre , Le Galant fçavoit plus d'un tout .'. .'. . Pour la contraindre de fe ren dre. Pinçon eut beau pkttrer & deman der raifon, - ...,...*--.--. * fïnçonne fut fourde a Pinçon > De Rojfigml elle tjloit trop . éprife. , Chaque Oyfem fe fcandalife De ce cruel changement , Mais ["ingrate fit ferment De n'enfaite quafa guife. . gu arriva - t- il f Le Pinfon de~ \yîprés avoir crié , parlé, . Maudit Pincorme ejr fa Mai grie » , .... . , >Par nojlre Perroquet à-< la fin con* folé, Traita, fon amour de manie , Refolut de changer Àe vie, C
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51 MERCURE Et de chercher dans une Antre Beauté plus de confiance ejr de fidelité. m Une Linotefmcere Dont il devint amoureux , Le rendit bien- tofi heureux, g/le efioit faite four flaire , comfloit parmyfies Ayeux Les Oyfeaux les plus fameux .> Tout conffiroit pour leur joye , Et les jours de ces Amans Sans fouets &fans tourment Varoijfoient filez, de foye. Un en ejtoit fas ainfi Des jours que pajfoit Vinçonne-, L'Amant d'abordfi tranfi En feu de temfs l'abandonne. Du nom d'Efoux point n efioit entefié \ . Outreflus , en Pfaçonne il ne trot*' voitfinance Convenable à fa qualité.
GALANT. 53 Etfans écus une beauté Ne mérite pas qu'on y pw/è, Rojfignol en faifant une infide lité , Fit voir à la Belle volage Quelle eujl ejlê cent fois plus f*ge> r Sifon cœurfatisfait d'un tendre emprejfement Eujl confervé pinçon pour fon *Amant , Sans en demander davantage.
I
On ne m'a point dit le nom de l'Auteur de cette Fable. le fçay feulement qu'il eft de Troyes , & qu'en l'envoyant à Mademoifelle C... il l'accompa gna de ce Madrigal. %
t
Ç*Ila Belle dont ils agit ^JJvoit eu vos yeux , vejlre efpriti .
C
3
54 MERCURY Et mille qualites. qu'en vous cha cun admire. -* Pinçon. malgré jon changement, Quelque chofe qu'en euji pu dire N'auroit jamais ceffé de l'aimer j un moment. 5 .' - . - . . Yotey un Air de Mon fie ur l'Abbé , de qui vous conno.iïTez le Genie par ceux que je vousay envoyez de fa compofition avant, qu'il fût étably à Rouen, où on l'a fait venir de Caên comme unhomme rare, 8c qui paflfe pour un des plus habiles Muficiens du Royaume , non feulements pour l'Art de. compofer , maif aufli pour la belle métode du Chant , qu'il enfeigne à tout ce qu'il y a de Perfonnes de quali té dans la Ville. .' <- *
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bofes 'effet eftrc s ent lors ii les puis seft ce la artin. Roy
54 Et T* P-
. 1 XhX le G env qu'i l'ai hon un
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GALANT.
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. AIR NOUVEAU. A douleur efi extrême, fe ne fuis le celer , , En perdant ce que j'aime Comment meconfoler? - , , Mon mal efi fans remede , il faut „' perdre la vie, Mourons mais du regret d'avoir . ; ferdu Sifoie. t.
. .'' * i Comme toutes les chofes dont la caufe eft bonne 8c l'effet agreable , doivent toujours eftrc eftimées ,quoy qu'arrivées en tre des particuliers fur tout lors qu'il font d'une qualité qui les diftingue , je croy que je puis vous faire fçavoir ce qui s'eft paJTé au Havre de Çrace la veille & le jour de S. Martin. La parfaite famé dont le Roy C 4
56 MERCURE joûiflfoit à Fontainebleau , & le fouvenir encore recent de la nai (Tance de Monfeigneur le Duc de Berry ayant difpofé tous les efprits à la joye , Mon teur le Duc de Saint Aignan quife trouva dans Ton Gouver nement , & dans la Ville du . Havre, où il ncs'eftoit encore rien fait d'aflez éclatant pour celebrer ces deux Feftes , & marquer le zele qu'il fçait fi bien infpîrer dans le cœur des Peuples , fur tout ce qui regarde Sa Majefté , donna un difner la veille de la S- Martin à Monfienr de Montmor , Intendant gene--' ral de la Marine de la Province de Normandie , que la délicatefle , l'abondance, 6i la propreté de la table qu'il tient ordinairement au Havre, ne rendirent pas moins dçli—
GALANT. 57 deux, que la Compagnie de Ca valiers & de Dames qui s'y ren contra. Le refte du jour fut em ployé en Concerts , promena des , & autres divertiffemens , qui ne manquent point dans la Maifon de ce Duc. Le lende main , jour de S. Martin.ce Gou verneur accompagné de Ma dame la Ducheflede S. Aignan, & d'une fuite nombreufe de. Gentilhommes,d'Officiers 8c de Dames des plus qualifiées de la Province , s'eftant rendu furies cinq heures du foir chez Monfieur de Montmor , où il eftoic prié de fouper , fut receu au fon des Tambours , Trompettes , Timbales , & d'un grand bruit d'Artillerie , par cinquante ou. foixante Officiers de Marine leftement veftus , qui l'attendoient dans la Place qui eft vis à vis la.
58 M E RCUR-B Maifon de Monfieur de Montmor ,où il vit avec une furprife agreable une tres belle Illu mination qui éclairoit toute la façade du logis. La Porte de cet Intendant eftoit ornée de Tro phées à la gloire de Sa Majeité» dont les Armes eftoient toutes brillantes de lumiere, & des plus fuperbes ornemens. Celles de ce Gouverneur & de Monfieur le Marquis de Seignelay eftoient au deffbus,6c il n'y avoit aucun lieu en toute la Maifon où il n'y euft des lumieres avec des Deyifes & des Emblèmes à la gloire decetAugufte Monarque. Les Armes de Monfieur le Duc 8t de Madame la Ducbefîe de S. Aignan eftoient encore dans la court avec plufîeurs ornemens). Le bruit des Trompettes & des Tambours cercfcr à une Sjnv *
CALANT. 5? pKonie charmante qui eftoit dans un Salon , d'où toute la Compagnie a efté conduite dans un A parlement richement meublé , elle trouva dans une des Salles un Theatre dont les Dé corations eftoient d'Azur femées. de Fleurs de Lys. On y reprefenta une Comedie. Les Dans ces qui fuivirent furent accom pagnées de Concerts mefiez de Simphoniequi durerent prés de deux heures , aprés quoy on defcendit dans une Salle tresparée & fort éclairée , oà eftoîe un Dais fous lequel on avoit mis le Portrait du Roy , & ou fe trouva un magnifique Buffet 8c deux Tables. L'une eftoit dé vingc-quatre Couverts, & Mon iteur le Duc de S. Ai'gnan s'y trouva feul d'homme entre tout ce qu'il y avoit. de Dames qui:
6o MERCURE eroient venues avec Madame ia Ducheflede S. AÏgoan.Tous les Officiers en grand nombre de meurerent derriere les Damés pour les fervir , quoy qu'il y euft une feconde Table pour eux. Us furent récompenfez par les Dames, qui leur rirent part de ce qu'on fervit dans ce Repas magnifique » où tout ce qu'on peut s'imaginer de plus deli eat & de plus rare dans la faifon , fe trouva. 11 y eut pendant le Soupe une Simpkonie de Flûtes & de Violons tres - agrea ble. Elle fut interrompue par les Timbales & par les Trompet tes qu'on entendoit lors qu'on beuvoit les Santez. Le Soupe ne fut pas plôtoft finy , qu'on preientaà Madame la Dutheffc de S.Aignan une Lance à feu avec laquelle elle alluma on Dragpo.
GALANT. ffi par la fcoeftre de la Salle. Ce Dragon alla embrafer un Feu d'artifice qui eftoit dans la courr, & aprés ce premier fpe&acle, on monta en haut pour voir lé Feu d'artifice qui étoit preparé dans la Place vis à vis la Maifon de Monfieur de Montmor , oà le Peuple attendoit patiemment en fe defalterant à des fontaines de vin qui eftoient attx coftez de h face du Logis, & en dançant au bruit de mille cris de joye. Kien n'eftoit mieux ima giné que ce Feu , dont les orne* mens & le deffein eftoient fur les Victoires du Roy , & parti culierement fur l'Extirpation de t'Herefie. La KeHgion.la Vi&oùre& la Renommée paroiïïbient en l'air tenant un Enfant couronné,dont le Maillot eftoit feme de Fleurs de Lis, qu'ils élevoient
6i MERCURE à un Soleil fort brillant , en luy montrant plufieurs a&ions me morables de LOUIS L E GRAND- Elles faifoient la Dé coration de ce feu avec plufieurs Anges , dont les Epées flam boyantes chaffbient l'Herefie & tous les Vices.Le Bal commença enfuite. II y eut plefieurs Entrées de Mafquestres galantes5 on y fhmefme des Sauts perilleux ,. & plufieurs jeunes gens de la Ville pour divertir cet Illuftrç Gouverneur qui efroit veftu f-rçs proprement , danferent des i>anfes qui font ordinaires fur les Ports de Mer,& qui luy parurent treS'divertiffantes. On y diftribua en abondance toutes fortes de liqueurs.,& tous ces plaifirs qui avoient commencé des cinq heures, ne finirent qu'aprés mi. nuit, Tout, le monde fortic de
"GALANT. S5 cette charmante Fefteavectanc de fatisfaction *que Monfieurle pucde S. Aignan toujours ga lant & fpirituel,dità Monfieur de Montmor , qu'il efioit impojfii. bled'efire jamais mal avfc celuy qui fcavoipfi bien unir les Blemens les plus oppofez, , puifqùon avoit veu lefeu avec l'air par les Fujêes volantes , & la Terre & l'Eaud'accord par la bonne intelligence des officiers de la Marine avec ceux de la Garnifon , & q» H ne pouvoit comprendre qu'on pufl tantmefier de plaifirs enfemble dans vingt - quatre heures feulement.. Tous ces Diveriiflemens eftant finis , ce duc fut conduit dans. la Citadelle avec lesTrompejtes. & lesTambours qui fe^mefloiênc; aux crisdeJoye,.& de Vive le. Roy que tout le Peuple pouflbit qui font les honneurs qu'©&
<?4 MERCURE rend fur les Vaiflfeaux de Sa Quoy quonfe mefle d'aimer àtoucâge jcen'eft pas du confentement de l'Amour , Ct l'on en doit croire ce Madrigal.
L'AGE D'ArMER. 02V iît que les Graces
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jour S'entretenant avec C Amour y Vinrent h à't[courir de tâge De ceux fui font receus àcompofer fa Cour. Chacune en tint divers langage^ Surquoj Cufidon À fin tour Fit cette réponfe tres fage. (X cheres Graces , nous difons> *Quepajje quarant ans tout Amant qui fiûgirt
GALANT. Doitejlre mis aux Petites Mai., Et que pour Us Beaute^ de noftre vajle Empire , Malgré les Difeurs de Pbehus , Et les Amateurs de grimaces , Six Lujlres écoulez, 'elles ne doivent plus . '; * Sinon regemer dans nos ttaffes. *" 'v y <. k ... Les belles Perfonnes ont im privilege particulier pour eftre de cette galante Cour, mais elles y font rarement fracas G leur beauté n'eft accompagnée des agrémens de l'efprit. Ainfi je ne doute point que vous ne foyez du fentiment de celuy qui a décide une Queftion que vous aurez fans doute ouy fouvent propofer , & quia efté faite en core depuis peu dans les termes que je vous l'envoye.
66.
MERCURE DEMANDE. Si vous aviez deffein d'aimer , £ni poitrroit flâtojl vous charmer , ^ .' , . .. Ou la Sotte qui feroit belle, Ou la Laide fptrituelle ? .. . Re.spo ns e. f La Bejlife ejl un Monftre affreux £>ui fait tout paroijtre hideux , Ce qu'on en voit atteint n'a rien qui ne de'p/aife , Et je dis hardiment de bouche .& par écrit» 4. gu un laid objet remplyd'efprit Me charmeroit plâtofi qu'une Beaute'niaife+ > t ' . . *' . * Celuy quia fait cette répon se a rendu raifon de Ton fentiment par ces autres Vers que vous trouverez d'une Mufe ai fée.
GALANT.
67
LA BELLE SOTTE. IE vous aimerois bien , Aminte , ,\ Mais s'il faut vous parler fans. feinte, ,». La hautéfans fefprit ne fcaurait me charmer , v v....*» Maigré tms vos, attraits , Sotte comme vous efles y . ' \ \- \ Je foûtiens que fmt tômk m ne peut vous aimer, Si c'en efi un d'aimer les Beftes, Fous me direz y belle Niaife * j^jf/ ce n'efl pas l'efprii qu'on . ' '^kmfe i \ Maisc'ejl la raifonner fort bejliav. x.lement; . <* - 3 Un Corp inanimé ne caufe point de jlame , ... Et vos ' meilleurs Amis confeffent hautement »
$8 MERCURE Que vous ejles un corps fans /une, m La pajfion n'eji poins émeu'è Par la beauté d'une Statué : Fuji, elle de la main du Dotfe Phidias. Comme on ne peut aimer des char mes en peinture, Vous n'ejles point , Aminte, un ob jet plein £appas , Fous n'en ejles que lafigure. -
Il rieft plus de Culte idolâtre Dne Divinitéde plâtre Varmy nous aujourd'huy n'a plus d'adorateurs j Vous pretende\en vain que cha cun vous cajole , On ne peut vous donner ny d'encens ny de coeurs , Puifquon ne feuffrc plus d'i dole.
GALANT.
69
m Vive la Belle Ingenieufe , Dont la Grace viclorieufe Gagne tout par fa veu'é & par et quelle dit. Ce font les qualite^ de ma chere Corine , "Dont la beautém enchante& l'ef. frit me ravit , Mais dont la rigueur majfaf. fine. Voicy la quatriéme fuite de l'Hiftoire des E (lampes 5 fi je Yvf interrompue le dernier mois, ce n'a efté que parce que je le voulois continuer par quelque chofe de curieux fur ce fujet. l'en fuis venu à bouc , & ce que je vous envoye eft d'un grand travail , d'une grande recherche & glorieux à la France , qui peuc fe vanter d'avoir chez-ellc
70 MERCURE d'auffi grands Hommes que le Siecle le plus renommé en a eu pour les beaux Arts.Celâ fe connoift dans ce que je vous envo ye , qui en vous. faifant voir Mortfieur le Brun prefque en tier , ne vous laiflera point dou ter que nous n'ayons en luy un de ces Genies merveilleux & univerfels qui n'ignorent rien. La France le doit au Roy, puifque Iedélîr qu'il a eu de plaire à ce Monarque pour qui il a fait un fi grand nombre d'ouvra ges , luy a donné de nouvelles lumieres Se une nouvelle force. Audi peut on dire qu'il a plus, travaillé luy feul que beaucoup des plus illuftres Anciens enfemble. le pafle à i'Hiftoirç de fes Eftampes -, qui vous apprendra mille choies cu-
GALANT. 7I Quoy qu'il y en aie un fort grand nombre que l'on a gra vées d'aprés fes Defleins Se Tes Tableaux, il y a lieu de s'é tonner qu'il s'en trouve enco re fi peu i quand on confidere tous les Ouvrages qu'il a faits en divers endroits. De toutes les Eftampes qui paroiflent au jour , le Roy en a fait graver une partie , dont les Planches font conferveésdans fa Bibliothèque. Moniteur le Brun en a fait gra ver une autre partie , 6c pluHeurs Soûtenans d'une qualité diftinguée ont fait graver les fujets de Thefe qu'il a faits pouc eux. Le peu d'exaâitude qu'il: a eu à faire valoir les Privileges que le Roy luy a accordez ,de faire luy feul graver fes Ouvra ges ,av,ecdeffenfes à toutes per*
7i MERCURE fonnes de l'entreprendre fans Ton confentemem , e(l caufe qu'il fe trouve encore plufieurs Eftampes d'aprés luy & fous Ton nom, dont ilauroit lieu de defavoùer une partie , à caufe du peu de foin que ceux qui les onc executées ont apporté à* leur donner quelque conformité avec les Originaux. : Les Eftampes que le Roy a iâit graver font celles de l'Hiftoixe d'Alexandre. La premiere qui eft gravée au Burin par Monfieur Edelink en deux Planches , cft celle où eft reprefentée la Vifitequ' Alexan dre accompagné d'Epheftion rendit à la Famille de Darius, aprés l'avoir vaincu prés de la Ville d'iffê , & comme Alexan.» dre marqua en cette occafion beaucoup de clemence envers cette
GALANT. 7j * cette Famille affligée , elle eft exprimée en ces termes au bas des EftampCs , i Sut vrcJoriœ indicat Regem. Il ejl £un Roy de Je vaincre ' foy mefme. Le Tableau d'aprés iequels cette Eftampe eft gravée eft le premier que Monfieur le Brun ait fait fur cette Hiftoire. \- JLe Roy en 1 66 i defiant connoiftre par luy- mefme fi le me rite de celuy qu'il avoit deftiné pour fan premier Peintre répondoit à l'eftime qu'il s'eftoit acquife dans le monde . luy donna ce Sujet, & comme Sa Majieftc vo-ulut le voir travailler.EHe. luy ordonna un Appartement dans le Ghafteau de Fontainç-bleau, où Elle luy faifoit l'honneur de le venir voir peindre dans des temps mefme imprevus , Se Elle 'Hsvembre 1686. D
74 MERCURE y psfloit plufieurs heures. Le Roy a fait prefentemept placee ce Tableau dans l'Anticham bre de Ton grand Appartement de Verfailles.il enaefté fait une Description par Monfieur Phelibien , ou l'on pourra voir le deflein que Monfieur le Brun a eu en traitant ce fujet , & la raU fondes pailîons qui s'y trouvent» Les quatre autres Eftampes delà fuite de cette H iftoire font gravées par Monfieur Au drap* & reprefentent. i .L'Entrée qu'Alexandre sou-? vrit dans laPerfe par je Paffage du Granique. La refi fiance qu'il y trouva par la multitude inombrable des Troupes qui eftoient de l'autre codé du Rivage , eft marquée au bas de l'Eftamp^ par ces mots» Virtm omni sbue major. *
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.
I
GALANT. 7Î La vertu , la valeur furmontc tout objlacle. î.Lafameufè Bataille d'Arbelles par laquelle Alexandre s'afflua l'Empire des Perfes.L'Eftampea cette Infcription au bas, Dignaorbis imperio virtus. La Vertu peut pretendre h l'Empire du monde. 3.Porus amené tout blcflTé qu'il eftoit aprés fa deffaite de vant Alexandre , & qui par la fermeté de Ton courage merita cTeftre traire en Roy par fon Vainqueur avec cette Infcrip tion au bas. Sic v'urtus éf <vi&a p lacet. La Vtrtu platfi quoy que vaincue. ^4. Le Triomphe d'Alexandre clans la Ville de Babilooe avec cet autre mot, Sic virtus evebit ardent, D
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MERCURE Ainfi par la Vertu s élevent les Heros. De ces quatresEftampes , les trois premieres font en quatre Planches , & la quatriéme en deux Planches. Les Tableaux d'aprés lefqnels elles ont efté gravées font placez dans le Ca binet du Roy au vieux Louvre, & font d'une grandeur au deflus de tous les Tableaux dont on aie connoiflance. Us font tous qua tre de lamefme hauteur de 6. pieds , & ont de longueur , le premier 30. pieds , le fecond 35». pieds cinq pouces , le troi siéme pareille longueur , & le quatriéme 21. pieds 5. pouces. Les Figures qui font fur le de vant , font plus grandes que nature. Monfieur le Brun a fait ces grands Tableaux dans les Gobe
GALANT. ' 77 lins peu de temps aprés 1 eta' bliflement qui y a efté fait des Manufactures Royales des meu bles de la Couronne , & dans le roefme temps qu'il eftoit occupé à la conduite de toutes les Pein tures qui fe faifoient pour le Roy en divers endroits , & à donner les deffeins de tous les Ouvrages quife font dans cet Hoîtel, en lorte que ces quatre grands mor ceaux parurent au jour fans que l'on fe fuft prefque apperçûque Monfieur le Brun euft pu. trou ver du temps pour y travailler. Comme ce font des Batailles, il feroittrop difficile d'en faire unedefeription , &c je ne penfe pas mefme qu'on puifle conce voir autrement qu'en les voyant, le grand mouvement qui s'y trouve ,1a grandeur de la con ception ,1a fertilité de l'inven
78 M£RCUR$ tîon Ja beauté de l'ordonnance, Ja correction du deflejn ,& l'induftrie de la diftribution des Jucnieres. Puifque les Eftampes font en beaucoup d'endroits, je croy qu'il vaut mieux vous inT yiter à les voir, que de s'imagi ner pouvoir vous en donner upe Mée par un recit qui réponde; dignement » Wkto teur. On a fait la diftribution des Eftampes dont je viens de vous parler pendant trois ou quatre années dams la Bibliotheque du Aoy, maison Ka diicontinuée , 6c elles fe trouvent feulement chez quelques Marchands d'EC* tampes , qui dans le temps de la Vente en ont fait proviftan Il a auffi efté gravé par le tnefme Sieur Audran une autre Eftampe en cinq Planches d'à
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GALANT. 79 pres la Coupe peinte à frefque dans la Chapelle du Chafteau de Sceaux. Monfieur Colbert l u y fit faire ce morceau comme uneflay avant que de faire l'Efcalier de Verfaillesqui eft peint auffi à frefquej mais il eft facile de juger par la force de cette frefque qui fe foûcient d'une maniere à durer toujours , que fon effay eft un coup de Maiftre. Lefujetde cette Chapelteeft le Baptefme du Sauveur du Mon de par Saint Jean , qui eft reprefenté fur l'Autel en deux figures de marbre plus grandes que na ture, 5c comme ce fut dans ce temps là que Dieu le Pere dé-. couvrit aux Hommesla Divinité de fon Fils par cette parole , cV/2 icy mon Fils bien aimé , eeft ce moment que Monfieur le Brun a voulu reprefenter dans la voûte. 9
4
So MERCURE La Fisurede Dieu le Pere eft dans le milieu foutenuë par trois ériges, dont les deux qui font plus basreprefententla Loy de Nature & la Loy de Moyfe>& le troifiéme la Loy de Grace. M6bfieurleBruna donné à ces trois Anges des caracteres qui con viennent à ce qu'ils fignifient. Celuy delaL«yde Nature eft prefque tout dans l'ombre, celoy de la Loy de Moyfe eft moins ombré, êç a les y eux éclairez" d'un rayon de lumiere , & tous deux tirent un grand Voile par lequel -eft figurée cette repara tion qui eftoit entre Dieu & lesHommes, & quiaefté levée par la Miflîon de Iefus.Chrift. Le troifiéme Ange , qui eft celuy dela Loy de Grace, eft tout éclairé. Cette voûte eft rem plie de plufieurs figures d'Anges
GALANT. i$ avec des Inftrumens de Mufique , & qui fufpendent leur Concert pour. entendre cette voix qui les étonne. D'autres enlevent les Vafesqui fervoient aux Sacrifices de l'ancienne Loy , l'Arche d'Aliance & le Chandelier , & déchirent le Voile du Temple. Les Saints Anges Michel Se Gabriel fembJent s'entretenir des Myfteres, qui s'operent en ce marnent , 8c un Ange qui reprefemela Cha rité ,eft accompagné de la Pu-. reté , de la Foy & de l'Obeiflance , toutes diftinguées par des Symboles qui leur font propres. Monfieur l'Abbé Talemand en a fait une description en Profe qui n'eft point encore au jour,. & Mademoifelle de Saint An- . dré une autre en Vers qui a eûé veuë. '
Si
MERCURE l/Eftampe dont je viens de vous parier eft gravée depuis deux à crois ans , mais elle n'a point encore paru , non plus quel'Eftampequj eft gravée eahuit Planches , qui toutes enfemble font neuf pieds de long,. par Monûeur Baudet d'aprèsles peintures a frefque de l'Efcalier de Verfaitle. Cet Efcalier eft un morceau connu , la beau té de la frefque répond à la grandeur de l'Ouvrage > je vous en ay mefme donné une defcription dans la feconde Partie de ma Lettre de Septembre 1680. ce qui fait que je ne la repeteray peint icy. ri s eft en^re^diftiribué dans. la Bibliotheque du Roy quel ques autres E ftampes gravées par Monfieur le Clerc d'après les Tapifferies qui fe font aux
G AL A N T* 83: Gobelins.Vous fçavez que c'eft dans ce lieu que Monficur le Brun fait faire les defleins de toutes les TapitTeries qui ont pour fu jet l'Hiftoire du Roy. . L'on avoit projette .d'en con tinuer la graveure pour les don-, ner au Publie , mais cet Ouvra ge a efté difeontinué. Les Eflampes qui font gravées font. La Deffaite du Comte de ftlarfin. La Prifede Douay.. . Celle de TournayL'Audience des Suidé;Les quatre Elemens. Les quatre Saifons. Les autres Hftampes que Monfieur le Brun a fiait graver, & dont il a les Planches en fa. pofleffion , font ,. _ , . ^ Celle du Palais du Soleil au* toux duquel l'année eft repre
84 MERCURE fentée fous la forme d'un Ser pent qui joint fa telle à fa queue. Le Triomphe de Conftantin. La Bataille de Conftantin contre Maxence. Le Martire de S. Eftienne, Une Prcfentation de la Vier ge au Temple. Le Maffacre des Innocens. Un S.Michel où. eft un Grou pe d'un Sujet de la cheute des Anges. Un Livre de Fontaines. Un Livfe de Frifes Mariti mes. Un Livre de Façades d' Ar chitecture faite pour Marly. L'Eftampedu Palais du Soleil eft de forme ovale , & gravée par Monlleur Audran en quatre Planche sàl eau forte retouchée Cv f\ _
GALANT. 85 au Burin , & eft dedieé au Roy, Elleaefté faite d'aprés un dcffein quidevott fervir d'exquiflô " à un Plat fond que Monfieur le Brun avoit projette de peindre dans une Salle du Chafteau do Vaux le Vicomte jmais qui n'a pûeftre executé. Le Soleil y eft reprelenté afljs fur le devant du Palais en* touré du Serpent qui joint fa tefte â fa queue, & qui figure le cours de l'année, ainlî que les Egyptiens la reprefentoienr. Les quatre Saifons font placées en quatre endroits , & formeni quatre Groupes principaux qui environnent le Palais.. L'fcfté eft placé au devant* L'Hyver eft derriere à l'oppofite. j i -.. t y, , ..ii . n Le Printemps eft à droite dans. ce Tableau, & à gauche dans
te MERCURE l'Eftampe, ce qui arrive ordi nairement à la graveure. L'Auronane eft à l'oppofite de l'autre cofté. MopGetir le Brun y a fait en trer Ici fspt Planettes , les figu~ res du Zodiaque , les vents, le» mois , les joues & les heures,. ce qui fait tout enfemble une merveilleufe harmonie dans l'Ordonnance. Le Triomphe de Conftantin eft gravé en quatre Planches, auffi à l'eau forte retouchée au Burin , parle mefme d'aprés un ftefiein fait pour une Tapiflerie qui devoir accompagner la Ba taille de Conftantin contre Maxcnce qui eft du deflein de Raphaël peinte par Iules Ro main , 8c ceft pour cela que Mon fie ur le Brun y a donné de^airs <jle tefte, U des fortes .
GALANT t7 de veftemeus qui ont rapport aux manieres de Iules Komaioj, elle eft dediée à Mondeux ..Colberc Conftanti» y. paroift dans Ie> milieu fur un Char tiré par plufieurs Chevaux. H eft cou ronné par la Vi&oire qui eft enpied derriere luy for le roefmc Char y & au deflfus de fa tefte font plufieurs Genies qui luy preparent de nouvelles Palmes, iJ eft accompagné & devaneé de tout ce qui faifoit la gloire du Triomphe ehez les- Ro mains r & eft fuivy des Efclave». les. plus qualifiez qu'il avoit vaincus. Il y paroift deux Arc» de Triomphe , l'un Lur le de vant qui eft celuy qui a efté éievé & la gloire de Couftaruiny d'oàil fort-, & dontiln'eft pas encore fort éloigné j & llauucd
88 MERCURE eft plus dans le lointain vers lequel il s'avance pour aller au Ca pitole. Ce deffein avoitefté fait pour t desTapifleries que faifoit faire Monfieur Fouquet. Monfieur le Cardinal Mazarin l'ayant veu un jour qu'il alla à Vaux , fut Ci fatisfait du deflein de ce Triom phe qu'il dit à Monfieur le Brun , qu'il auroic fouhaité de voir de luy une Bataille qui l'accompagnait, & c'eft ce qui luy donna lieu de faire l'autre deflein de la Bataille de Con fiant in contre Maxence, que Rahpacl avoir déja traînée mais qu'il a voulu. part icu tarifer davantage, a j - , .' Maxence avoit fait conftruirer u.n Pont , qui: pouvoir fe brifer facilement en relachant rér-u taini liens qui en faifoientTaf-
GALANT/ 89 femblage. Il avoit deffein d'y attirer Conftantin pour le faire perir en cet endroit , mais fa Machine n'eut pas une rétiflue conforme à ce qu'il avoit pro jette. Dés le commencement du Combat fon Armée fut pouffé par Conftantin , & vou lant fuir par deflus ce Pont en defordre , elle l'acabla de fon poids , tous ceux qui Ce trouve rent deflus y perirem,& Maxence luy-raefme fut noyé. '-'ii. C'eft ce deflein qui a efté gra vé en trois Planches comme 1 au tre & par le mefme } TEftampe eft auffi dédiée au Roy. '.. > Le Martyre de S. Eftienneà l'eau forte auflï de Monfieur Audran en une feule Planche , efl gravée d'aprés un Tableau que Monfieur le Brun a fait au trefois pour un May à Noftre
$o MERCURE Dame de Paris. L'on fçait la Loy que les Orfévres fe font faite d'y prefenter tous les ans un Ta bleau le premier jour de May, C'eft un employ que recher chent tous les Peintres qui veu lent fe faire connoiftre. Monfieurle Brun yen a fait deux , & celuy cyeft placé au deflus d'une des petites portes du Chœur à gauche en entrant Çoiîire la coûtume de tous ceux qui ont traité ce Sujet , il a reprefenté S. Eftienne avec des cheveux longs & une Aube blanche fans Dalmatique , en quoy il a fait voir combien il eftoit inftruitdescoûtumes,eftanc certain que dans ce premier temps du Chriftianifme les uiacres ne fe fervoient point de ces habillemens qu'ils ont pris depuis , & qu'ils portoient les
GALANT. 9t cheveux longs àcaufe du Vœu de Nazaréen que les Diacres faifoiepc , & fur io\)s ceux qui eftoient Juifs. L'Eftampe de la Prefentation de la Vierge au Temple eft gravée au Burin en une Planche par Monfieur Sertlin d'aprés un Tableau qui eft aux Capu cins du Faux-bourg S. Iacqnes. La Vierge $ efti genoux auj: wlcdf du Fïçft.«c , qui en avançant tes pnm ICiTiGlgr«S la joye qu'il à de la recevoir , 8ç elle y eft reprefentée dans une action qui marque tant de pu deur & de fimpUcàcé , qtt'H n'y «que les yeux qui en peuvent eftre les Juges. L'Eftampe eft dediée à Monfieur de Harlay Archevefique de Paris. L'Eftampe du Maflacre des Innocens eft en deux Planches.
$i MERCURE à TEau- forte , retouchée au Burin par Monfieur Loir , Orphévre , le Tableau d'aprés lequel elle eft gravée , n'eftoit prefque qu'ébauché lors qu'il eft forty de la main de Mon fieur le Brun, & il ne l'a ache vé que long-temps aprés , à la confideration de Monfieur du Metz , entre les'mains duquel il eft tombé. - oosio. La manierfc'avec laquelle le fujet eft traité , merite que l'on y admire la fagefle de celuy quil'afaic. 11 n'y avoitpas d'ap parence que dans le temps d'une telle cruauté , tanc de Meres 5c d'Enfans fe fuffent trouvez en un mefme lieu , fans y avoir efté conduits par quelque motif , puis qu'au contraire il n'y a point de doute qu'elles ne cherchaient les endroits les
GALANT. 93 plus reculez & les plus fecrets. C'eft pourquoy -Monfieur le Brun a peint plufieurs Tom beaux dans le lieu qui fert de champ à foo Tableau j & com me les Tombeaux eftoient facrez chez les Juifs , il feint que ces pauvres Femmes s'y eftoient rétirées pour mettre leurs Enfans à couvert de ceux qui les vouloient maflacrer , mais . inutilement , puis que deux MÏniftres d'Herodeaffis dans un Char • dont les chevaux foulent aux pieds des Meres, qui écrafent elles - mefmes leurs Enfans fous elles , viennent jufque dans ce lieu faire executer les ordres de leur Maiftre.Monfieurle Brun; y a peint des Femmes de diffe rentes conditions , pour avoir lieu d'y traiter des caracteres de douleur qui leur conviennent >
£4 UERCUHE Se l'on peut dire qu'il n'y a point dd difcoUrs, quelque éloquent qu'il fuft , qui puft rriieux excit§r la corcfpaffion & les larmes. L'Eftampe du S. Michel , & du Groupe de la cheuce des Anges,eft du mefme Mônfieur Loir^ Orphévre , a l'Eafù forte retour chée au Burin ,& eft dédiée à Monfieur de Louvois. Le fujet tout entier de la ch eu te des An ges âvoit efté fàît pour peindré' dans la Chapelle de Verfarlles , qui eftoit où eft prefentement l'EfcaHer de la Reyne. Il a efté fait uns Éx^uiffè du tqutenfembledansun tnodellede la voûte où il'devôit eftre executé, Se outré cette Exqtiifle, Monfieur le Brun en a peint le'Cârou'pë â&. milieu dans un Tableau- fore4finy , & d'aptes lequel cetté1 Eftampe a efté gravée. Dans cà,
GALANT. 91 fu je t il n'a point mis d'épées dans les mains des Angesqui execu tent les ordres du Ciel , comme ont fait tous ceux qui ont traité ce fujetj mais il a peint une groffe nuée fous les pieds de la figu re de la Divinité, qui eft dans le milieu du deffein , & cette nuée eft formée & groffie par les crimes des Anges rebelles , Se c'eft dejà que fortent tes fou dres qui les précipitent. Ils'eft bien fervy de plufieurs figures d'Anges , comme d'inftrumens de la vangeance , mais il les fait agir de maniere, que toute leur force eft tirée de la toute puiffance de Dieu , ne fe fervanc que des mefmes foudres qui fortent de la nuée , Se des Bou cliers qu'il leur a mis à la main , ou font écrites les vertus oppofées aux crimes capitaux. La
?6 MERCURE figure de Saint Michel , qui à le nom de Dieu fur Ton Bouclier, eft dans le milieu. Le nœud prin cipal du Groupe qui eft au def(bus de luy , eft un Dragon à fept Teftes , qui ont la figure des Animaux dont on fe fert pour representer lesfept Péchez capi taux. Ce Dragon entraîne avec liry un grand nombre d'Anges rebelles qui femblent fe vou lait férv.rrdé luy , comme d'un 6»ûtieh pour s'empêcher de tjomber.La Figure qui reprefente bi Divinité , eft tranquille , & ne fait que pouffer .la nuée , qui s'éleve jufqae devant elle , 6c dans le. Ciel, qu'il a fait un lieu de repos' pour eontrafter avec le defordre.c Au défions font pluHeurs autres Figures d'Anges de ceux qui font demeurez dans L'innocence , ils font un Sacri fice
GALANT. 97 fice à Dieu de leur fonmiflion S£ de leur obeïflance. Le Livre des Fontaines eft gra vé à l'Eau 'forte en plufieurs Planches par Monfieur de Ghaftillon. Monfieur le Brun en a fait un grand nombre de Deffeins ,dont la plufpart onc efté executez dans tes ïardinsde Verfailles , & il a fait un Recueil de celles qui n'ont point fervy pouc le donner au Public. Le Livre de oefleins & de Frifes maritimes eft ai ffi gravé parle mefme.en plufieurs Plan-. ches. - Celuy d'Architedure con tient les Façades qui ont efté faites pour les Pavillons de Marly , 6e dont on a executé une partie. Elles font gravées par Monfieur le Clerc. Monfieur Edeliok a gravé NoHvembrc x6H6. !>
«>8 MERCURE au Burin , en deux Planches depuis fept ou huit mois , un Crucifix entouré de plufieurs Anges. Le Tableaux fur lequel cette Eftampe a efté gravée, appartient au Roy , & a efté fait pour la Reyne Mere de Sa Majefté. Elle avoit eu en penfée de reprefenter le Sauveur du Monde expirant en Croix , Se environné de plufieurs Anges, qui entrant dans tous les féntimensde douleur, d'aneantiflementÔw d'amour qu'elle s'eftoic imaginé , compatifioient à cec Homme- Dieu mourant. Elle le propofa à Mr le Brun , qui entra fi bien dans fon femiment, qu'il avoua qu'il eftoit impofîible d'exprimer mieux fa penfée. Les defleins des Thefesque Monfieur le Brun a faits pour plufieurs perfonnes de confide
GALANT:99 ration,ont efté gravez par differcns Graveurs. Monfieur Rouffeleta gravé les premiers } Mon., fieur Pôilly en a gravé une au tre partie » & Monfieur Edelink a gravé les derniers qui ont paru. Il y en a un grand nombre , & fi j'en puis avoir une lifte , je vous fenvoyeray. le me contenteray de vous par ler icy des deux derniers , qui ont efté gravez au Burin par Monfieur fcdelink. Elle ont efté toutes deux prefentées au Royj la premiere par „*Monfieur le Coadjuteur de Rouen , & la fe conde par Monfieur le Marquis de Croifly. La premiere de ces Thefes reprefente le Roy à cheval, qui furœonte les efforts des trois formidables Puiflances qui s'eftoient liguée enfemble contre E
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IOo MERCURE f loy. La Providence qui eft au deflus do Roy , étend fon man teau comme pour le couvrir & le défendre contre les infuites defes Ennemis. La Gloire eft auprés d'elle, & une Victoire tient des Palmes 6c une Couron ne, pour couronner les Actions heroïques de Sa Majefté. Le Roy s'avance vers une Hydre à fept teftes excitée par l'Envie , &qui femble qu'une Aigle qui eftàcofté , ait couvée fous fes ailes. Il y a encore plufieurs au tres Figures qui conviennent au fujet , & qui marquent les efforts de fes Ennemis. Le bas de la Thefeeft un Rocher, fur lequel eft le Roy , d'où tom bent d'un côté la Rebellion , & de l'autre la Fourberie ; & dans lemifieu l'on avoit écrit les Por tions : mais elles ont efté effa
i GALANT. ioi Icées aprés avoir été foûtenues, \c l'on. y a mit à la place le ©efordre ou la Fureur de la Guerre , attaché à un Dragon qui tombe avec luy , 8c qui fous une de fes Serres eftoufe un en fant quiefl: le Simbole de l'In nocence. La Pieté & la Reli gion parotfifent fortir de l'obfcurité du rocher où. elles s'étoiene retirées pendant les troubles 8c regardent le Roy comme leur Liberateur. ^ Dans la feconde Thefe , le Roy eft reprefenté donnant la Paix à l'Europe d'une main, Se de l'autre retenant la Victoire qui luy montre de nouveaux Trouphées. La Gloire luy met 'une Couronne fur la tefte , & un petit Amour en tient une antre qui eft un peu plus élevée, & qui eft formée de plufietws *
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io* MERCURE étoilles. L'Europe eft au bas d'un cofté avec toutes les mar ques qui la font reconnoiftre. Elle tend les bras pour rece voir la Paix qui Iuy eft donnée fous la figure d'une belle Femme tenant en fa main un Caducée, & accompagnée de l'Abondan ce ; & de l'autre cofté eft la Philofophie qui foutient une draperie fur laquelle fontécrites les pofitions. Elle a le vifage éclairé du flambeau- d'un petit Genie , qui eft celuy du Soute nant. Au defïbus cft la Nature que la draperie où font écrites les Pofitions, lailTe voir à decou vert. Elle a dans fon fein , & eft accompagnée des animaux les plus féconds , & à les pieds eft un Vautour qui devore un Oifeau pour marquer la deftru&ion & la generation de toutes cho
GALANT. 103 fes. A coftédu Roy eft une Vi ctoire tenant un Etendard qui eft déployé par la Renommée , la Dédicace eft écrite dans cec Etendard. De l'autre cofté la Pieté 8c la Bonté ferment le Templedelanus , ce qui faifoie connoiftre chez les Romains que tout eftoit en paix. Il y a encore plufieurs autres Eftampes gravées d'aprés les ou vrages de Monfieur le Brun par divers Graveurs. ]e tâcberay d'en avoir un Memoire dans la fuite. Toutes les Eftampes dont je viens de vous parler , fe trou vent chez le Sieur Perou , Con cierge de l'Academie Royale de Sculpture & de Peinture, dans 4a Ruë de Richelieu. C'eft chez le mefme que fe vendent les belles Eftampes de Monfieur de Vandermeulen, E 4,
104 MERCURE donc je vous ay déja parlé , & qui reprefentent au naturel tou tes les Conquêtes du Roy deffinées fur les lieux par ce fameux Peintre. Il eft impoflible de mieux travailler en ce genre , & l'on peut dire que non feule ment il eft original pour ces fortes d'ouvrages, mais que nous ne voyons perfonne aujourd'huy qui travaille à le copier , tant il eft difficile d'y atteindre. Si vos amis fouhaitent avoir de ces Eftampes , vous devez leur dire qu'elles commencent à de venir rares , à caufe du grand nombre que les Etrangers en enlevent, Se qu'on en porte juf» qu'au fond des Indes, ces Peu* pies étant curieux de voir le! Conqueftesde Sa Majefté, qui ny font pas moins de bruit qu'el les en font dans toute 1 Europe.
GALANT. 105 Vousfçavez , Madame , que le Roy de Dannemarcs a donnéordrequ on relachât lesVaif, feaux qui apartenoient aux Ne gociant de Hambourg , & qui avoienc été arrêtez à Gluidïadr, & à Copenhague. Voicy en quels termes cet ordre a été conceu fui vaut la traduction littera le que Ton en a faite. SA Majejlé Royale de T>annt~ marck , Nord - Vveghe &c. ayant eu l'extreme clemence de fe faire reprefenter ce qui s'ejloit fajfé ejr enfuivy aux conferences qui fe font tenues jufquiey entre les Minijlres par Elle établis Cortimiffaires avec ceux de f Electeur de ^Brandebourg , des frinces de Lunebourg , ejr de Hejfe - Cajfel , fur les affaires de Hambourg , & la maniere. dont ils tut reitere leuts
ix>* MERCURE infiances en termes preffans , tou± chans & obligeons ,de la part de leurs Principaux ejr MaiFtres , Elle a bien voulu par une bonte' toute royale , negliger fin rejfent'tmeut , ejr y renoncer tout à fait envers ladite Ville de Hambourg 5 eny joU gnant encore par une grace fpeciale la reftttution & le relâchement des Navires , Marchandifes , ejr Effets , qui appartiennent aux Habitans ejr Dépendans de ladite Ville , le/quels Sa Ma^eflé avo'tt 'fait arrefier ér retenus jufques à prefent , & redonnant la pleine ejr entiere liberté du commerce de Hambourg en tous les lieux éf pl<*m ces où ilfe peut faire. Pour tout le rejle , ladite Majefiè veut bieiu senraporter à ce fui ejl dit dans te Traité de Pinnenberg , veu mefi nie que la Ville s'en ejf ainfi expliçjuéet& inflamment reqtm d&
GALANT. 107 taforte avec une profonde foumifi fion par fa Lettre du 16. de ce mois. Cefaifant,Sadite Souveraine & Royale Majejlé , a déclaré & declare par ces prefentes , que benignement & par fa pure bonté,, four témoigner d'autant plus fia inclination volontiers porté à ter» miner definitivement la refente? mefintelligence , & a procnrer le bien de ladite Ville , fi» trafic» commerce , profits ejr autres avantages , comme aujfi a faire tout ce qui peut contribuer au repos de* Peuples , Elle a bien voulu par un. pur effet de fa clemence Royale déroger a fin jujle refftnti* «£ touchant ^indignation & la hat ,c dijgrace que la Ville s'ejloit attirée auprès de Sa Majeftè , & **nfi l»f; rendre ér rèjlituer ce quily a d'ar reté de fis Navires ejr Effets , re-
Toi MERCURE mettant aux Conferences qui fe tiendront cy après , la fatisfaêfio» qu'Elle vouloit exiger de la Ville ,. tant pour l'hommage requis , qu'au, très griefs quifont en debat ; laifi font des à prefient la Ville ,fous la faveur d'une ^émnijlie generale , dans fapremiere liberté & joiiijpsnce du commerce par eau ; & par terre , en tout endroit , fans nulle interruption ny alteration , de forte qu'Elle la laiffe rentrer dans tous fis droits & dans les avantages quilvyont efié accordez, , ejr jlipp iez, par le Refultat de Pinnenberg $ k condition que ladite Ville de Hambourg en ufiera de mefine en vers les Sujets de fa Majejle , ejr de lettrs Mens & effets , pour. les rendre é" refiituer entierement , pour reftablir l ancienne & bonne carrefpondance qui ejloit entreux avec la mefme liberté aller &
GALANT. 109 venir , defaire & gerer comme au paravant pareillement que la Ml* licencier* & fera retirer les Trou pes Auxiliaires quelle avoit fait venir. Veut en outre Sa Alajejlé , fans attendre la Députat ion de la Ville , fuivant ce qu'elle avoit refolu ejr ce qu'elle en dit dans fa, feconde & tres - humble Lettre s agréer ainfi purement & fimplement fon Alliance , pourvcu que de fon cojié elle promette d'execu* ter avec foârntjfion ^exactement & ponctuellement toutes les clanfet tjr conditions quellefis trouve d'elle mefme obligée ejr engagée d'accom plir par ledit Traité de Pinnenberg.. En témoin de quoy Sa Majefé a fignè ces prefentes de fa propre main , ejr lès a confirmées de fon Cachet. Donné enfon chajleam de Gottorp.le , 8. Octobre i68tf»
no MERCURE Cet ordre de relâcher les Vaiiïeaux & tous les Effets apartenans à ceux de Ham bourg leur ayant efté envoyé par le Roy de Dannemarck, l'Infanterie de l'Electeur de Brandebourg partit de la Ville auffi bien que celles des Princesde la Maifon de Brunfvic. Tou te cette Milice faifoic environ quarante Compagnies. Le Com merce fut ouvert en mefmc temps avec ks Villes voifines, & le repos entierement rétably. Le i z. de ce mois on cele bra à Hambourg un jour folemnel d'Action de graces pour cet Accommodement , & il fut fuivy de rejoùiflances pu bliques. Comme rien n'égale l'exacti tude de Monfieur de Louvois pour toutes les choies qui l&
T
GALANT. ni regardent , il fit faire un Servi ce foleranel dans l'Eglifede S. Gervais pour feu Monfieur le le Chancelier le Tellierau bouc» de l'année, Si le mefme jour que ce Miniftre mourut- Il re- vint exprés de Fontainebleau* pour y affilier. On acheve auffi. un Maufoléede Marbre , que fa? Pieté & fa tendrefle pour ut* Pere fi digne d'un eternel fouvenir , l'ont engagé à faire éle ver dans la mefme Eglife. Le mefme jour que ce fervice dît bout de l'an fut celebré à S. Ger vais , Monfieur l'Archevefque de Rheims en fit faire un autre avec beaucoup de folemnité dans fon Eglife Metropolitaine*, auquel il officia en Habits Pon* ficaux. Il y fonda en mefme temps à perpetuité un Obit felemnel pour le repos de ï'Amq de ce Chancelier,
m MERCURE le crey Madame » que ny vous , ny vos amis de Province, ne pourrez donneraucun éclairciflement fur un Billet qui m'a été adrefle. Cependant on me" prie de l'employer dans ma Let tre de ce mois , pour voir fi par ce moyen, un jeune homme qui eft aujourd'hùy dans une tres grande inquietude , ne pourra point fortir d'embaras. Comme vous avez fouffert que toutes mes Letres devinflent publi ques , on efpere que celle - cy tombera entre les mains des perfonnes jqui jufqu'à prefenc ont pris intereft à l'état d'un, malheureux qui ne s'eft jamais connu. L'avanture eft finguliere. Voicy le fait dans toutes fes. circonftances.il y a dix neuf ou vingt ans que des hommes Ô£ des femmes qui paroiflbientétrc
GALANT. 113 de qualité, tant par leurs ma nieres que par l'équipage d'un Caroffe à fix Chevaux , arrive rent à Falaife , Ville de Norman die à fept lieues de Cacn. Ils amenoient un Enfans agé de £x naois , qu'ils mirent entre les mains de la Femme du Sr Guil laume Vinquenelle . Marchand Drapier dans le Faux bourg apellé Valdente » la priant de vouloir bien prendre foin de le nourrir & de 1 elever.Cette Mar chande leur dit qu'elle n'avoit plus de lait , & ils repondirent que l'Enfant n'ayant jamais teté, il fuffiroit qu'on luy donnât du lait chaud de vache , comme il enavoit toujours pris depuis qu'il eiloit au monde. Ils ajou rèrent qu'il s'apelloit laques du Plefiîs ,8c aprés luy avoir laifle de l'argent & toutes les chofes
ii4 MERCURE qui luy pouvoienteftre neceffaïres dans un fi bas âge , ils s'en retournerent , l'afleurant qu'el le auroit fouvent de leurs nou velles. En effet un Religieux de l'Abbaye du Val qui eft à vingt IieuësdeFalaife, venoit tous les mois payer la penfion de l'En fant , recommandoît toujours qu'on en eu 11 grand foin,Sc fourniffoit à Ton entretien avec abondance. Il ne le laïfloit man quer d'aucune chofe , & pen^. dant dix ans qu'il demeura dans cette maifon , il le fit toujours veftir en Enfant de qualité. Ce Religieux mourut ,5c apparem ment il trouva moyen de fe dé charger avant fa mort du fecret qui luy avoît efté confié , puifqu'auffi.toft un autre Religieux prit foin de l'Enfant. Ce dernier qui eftoit du petit S. Antoine
GALANT. 115 de Paris & s'apelloit le Pere Gotoo , le fit venir de Falaife dans la Voiture publique, & le mit d'abord chez Madame Gadois, qui tient Auberge à la Perle ruë des Noyers , où il le laifla un an. En fuiteil le fit loger chez une Veufve d'une grande pieté nom mée Madame le Fevre qui de meure rue Sainte Avoye pro che Monfieur le Prefidenc de Mefme. Il luy payoit penfion pour le jeune du Pleffis , qu'il entretenoit fort proprement com me un Enfans de naiflance. Il luy faifoit aprendre a1 écrire, fie à faire des Armes, & difoît tou jours que quand ils eroit un peu plus avancé en âge , il luy feroic avoir de femploy dans les Trou pes de fa Majefté. Les Armes efteient un exercice qui flatoic fort ce jeune homme , U l'in-
ji6 MERCURE clination qu'ils marquoit pour tout ce qui pouvoit regarder la Guerre , perfuadoit aifément qu'il eftoit né pour cette profeflîon.Pendant qu'il eftoit chez cette Veuve il eut une dangereufe maladie. On ne fçauroic exprimer avec quelle ardeur, & avee combien de foins le Pere Cotton le fie fecourir. Mede cins , remedes , rien ne luy foc épargné. Il eftoit fans ce (Te au prés de luy,5c un Laquais fans li vrée venoit tous les jours fçavoir en quel eftat eftoit le malade. Sa grande jeunefle le tira d'affaire, & le Laquais inconnu ne revint plus. Six ou feptans fepaflerent, & aprés ce temps , lors qu'il preflbit pour l'employ qu'on luy faifoit efperer fans luy vou loir découvrir lefecret de fa naïf» fance , le Pere Cotton fut 3p
GALANT. Uj pelle pour confefler un Malade à la Charité des hommes. Il y fut lurpris tout à coup d'Apo plexie , & ayant d'abord perdu la parole, il ne revint point de cet accident. Vous pourez juger combien ce jeune homme fentit vivement la mort de ce bon Religieux. Quelque affliéfcion qu'elle luy caufaft, il fe confola par l'efperance qu'il eut que ceux qui l'ont mis au monde continueroient à luy faire don ner du fecours, au moins par le eniniftere de quelque autre perfonne charitable a s'ils ne le vouloient pas fecourir par eux: mefmes. Ainfi il a attendu une année entiere fans découvrira perfonne l'eftat malheureux où il fe trouve , mais ne recevant aucun adouciflement dans Ton Qulheur , aprés tant de foins
n8 MERCURE qu'on a eus de luy depuis dixneuf ans i il croit que ceux qui ont bien voulu prendre intereft a fa fortune pendant un fi grand nombre d'années , font en peine mêmes de ce qu'il eft devenu, & par le Billet qu'il m'a fait ren dre , il me prie de leur declarer dans cette Lettre, fi par hazard elle tombe entre leurs mains, qu'ils fçauront de fes nouvelles s'adreffant au Pere Jerôme de Monceaux Capucin de la rué" S. Honoré, qui gardera le fecret aufll inviolable que celuy de la Confeflîon , à ceux qui vien dront loy parler de cette affaire. Onfçait qu'il eftle Refuge des pecheurs , & des affligez, & que fa vertu & fa probité répondent pour luy , qu'on ne court aucun perils à luy confier les plus importans feerets. l'a y feeu de ce*.
GALANT. M* Pere , car je n'ay voulu parler de cette avanture qu'apres lui avoir fait voir le Billet que j'ay receu , que ce qui inquiete le plus ce jeune homme, ceft de û'eftre pas certains s'il a receu le Batéme. Comme il a toujours efté entre les mains de Reli gieux, il s'eft repofé fur eux de toutes chofes , ôc n'a poinc fongé à. le demander. Ce ferupule le tourmente , & fi on ne luy donne au plutoft quelque éclairciflement là deffus, il efb refolu de fe faire baptifer fous condition. Ceux à qui il apartient , qui ne peuvent eftre que des gens de qualité , font d'au tant plus obligez à le tirer de la mifere où. il eft , qu'il eft tres digne du fecours qu'il leur de mande. Voicy le portrait que f^'en a fait le Pere de Monceaux*
no MERCURE Il a la taille tres belle, le vifage fort agreable , & un cettain air de grandeur , qui malgré la neceflké qu'il fou fre prefentement> fait éclater dans Ton port , dans fa démarche , & dans toutes fes manieres , je ne fçay quoy qui eft beaucoup au de (Tu s de fa for tune. Les qualitez de fon ame * Accompagnent avec avantage cet heureux exterieur. Il eft doux , affable , honnefte & civil, & n'a aucun des defauts d'une infinité de gens de fon âge. Sur tout , il fe fent le cœur fi bien placé , que pour ne pas faire af. j front à fon Pere & à fa Mere,il a mieux aimé jufqu'à prefent fe voir denué de toutes chofes, que de chercher du foulagementen fe mettant en fervice. 1 Iefouhaiteque l'avis que je don ne icy de fon malheur luy fq,t j util- ; I
GALANT. in utile , & qu'il produife l'effet qu'il y a fujet d'en efperer. le vous envoye les Armes des vingc fept Cardinaux de la Pro motion du fecond jour de Sep tembre dernier , felon l'ordre ôc l'ancienneté de leurs Dîgnitez. Des vingc-fept , il y en a vingt Preftres , fçavoir huit Archevefques, huitEvefques, & qua tre qui ne font point dans la Prenature. Lesfept derniers ne font que Diacres. le vay vous dire un mot de chacun , fuivant les Chifres marquez dans la Plan che. Le choix qu'en a fait Sa Sainteté ne peut biffer mettre en doute qu'ils ne foient tous d'un fort grand merite. i.Càiacomode Angelis. Ileft de Pife , Arcb.evefq.ue d'Urbin , & Vicegerent. Pife eft une Ville Tiovembre - . F
in MERCURE de Tofcane en Italie , tres an cienne >&divifée par la Rivie re d' A rne qu'on y pafle fur trois Ponts. Elle a Archevçfché & Univerfité , & a efté autrefois j une Republique puiflante qui a refifté aux Turcs , & qui a foumis les IflesdeCorfe & de Sardagne. Prefentement le*. Grands Ducs de Tofcane eû j font les Maiftres. L'UniverGté | futfondéeen 1471. par Laurent1 de Medicis. C'cft la refidence des Chevaliers de l'Ordre de Saint Eftienne qui s'y aflemblentdâns l'Egliie de ce Saint. Cofme de Medicis établit céc Ordre en 1561. On a tenu di vers Conciles dans Pife. Urbin eu la Capitale du Duché de ce mefme nom dans TEftat Ecclefiaftique. L'Eftat d'Urbin a efté poffedé par la Maifon de la
GARANT. it| Roaëre , & cette Famille a y a ne manqué , il eft dévoulu au Saine Siege fous te Pontificat d'Ur bain V I II. . ? ? M : i! 1^ Obizzo Pattavicmi. Il eft de Genes & Arcbevefque d'Ephefe. Il a efté Nonce à Colo gne , 8c prefentetnent iU'eû en Pologne. La Maifon Pallavicini eft Noble & fort ancienne en Italie , où elle a divetfes bran ches à Rome & à Genes. Il y a eu plufieurs Cardinaux de ce nom. Antoniot Pallavicini , Se Iean-Baptifte Pallavicini fon Neveu , qui eft oient tous deux Genois , furent faits Cardinaux, l'un en 1489. par Innoncenc VIII. & l'autre en 15 17. pat Leon X. Sforze Pallavicini lé* fiike , que le Pape Alexandre VII. fie Cardinal en 1659. ètmt de Rome. Lazare Pallavicini a efté auflî Cardinal. Il eftoit dc F
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ii4 MERCURE la Promotion de Clement IX. & eft mort depuis fix ans. Les Pallavicini de Genes ont efté dans une tres grande coofideration. Augùftiri- Paflavicini fut eleu Doge dela Republique en 1637. C eft le premier qui ait pris une Couronne Koyale. Il mourut en. 1649. Ephefe dont le nou veau Cardinal Pallavicini eft Archevefque , eft une Ville d'ionie dans l'Afie Mineure. Quelques- uns la nomment pre sentement Figena. Elle eft fituée fur la Mer Egée où elle a un Port affez commode. Cette Vil le eft fort celebre par le Temple de Diane , qu'on dit qui eftoic long de quatre cens vingt.cinq pieds, & large de deux cens vingt , & que brûla Eroftrate afin de rendre Ton nom immor tel. Le troifiéme Concile Gene
GALANT. 115 ral fut tenu à Ephefe l'an 43 t. fous le Pape Celeftin , contre les Erreurs de Neftorius , Patriar che de Conftantinople. 3. Angelo Ranuzzi. Il eft de Boulogne , Archevefque de Damiette, & Evefque de Fano. Il aefté Nonce en Pologne, Se il eft prefentement Nonce ex traordinaire à la Cour de France. Boulogne qu'on nomme or- ' dinairement la Grajfe , à cagfe de la bonté de fon Territoire qui eft aux extremitez de la Lom- " bardie , eft une des plus belles Villes d'Italie, &.la feconde de l'Etat Ecclefiaftiqne. La plufparc de fes Rues font en galerie par arcades , en forte qu'on y peuc ' marcher fans recevoir aucune incommodité du Soleil ny de la pluye. Elle eftoit foûmife aux Lombards dans le fixiémeSieF
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n6 MERCURE cîe , & le fut aux Empereurs aprés que Pepin & Cbarlemagne l'eurent tirée de la fervitude. Les Empereurs ayant tranfferé leur Siege en Allemagne, les differens qu'ils eurent avec les Papes furent caufe que Bou logne s'érigea en Republique. Cette Ville devenue pujflTante, foûtint plufieurs Guerres , & i aprés avoir eflTuyé la domination ; des BentivogIio,des Cannetules, & des Pepoli, qui fe chaflerent les uns les autres elle fe donna , au S. Siege. Comme elle s'eft foûmife elle-mefme à r£glife»el!e a un privilege particulier, qui eft ; d avoir un Arobaffàdeur ordinai re à Rome. Elle eft gouvernée par un Legat à Latere, que le Pape y envoye. Outre une cele bre Univerfné,elle a l'Academie appeîlée de gli otiofî. Ceux qui
G;ALANT. txj la compofeot ont voulu prendre le nom â'Otfifs , pour faire en tendre qu'ils ne le font jamais moins que lors qu'ils affe&ent de feftre. Damiette eft une Vil le d'Afrique en Egypte fur la Mer, & d'une grande importan ce à caufe de fon affiete. Les Chreftiens croifez* la prirent en 12 19. & la rendirent deux ans aprés au Sultan. Les Sarrafi ns l'abandonnerent au Roy Saint Louis , lors qu'il pa(Ta en Egypte en 1145). & ce Prince ayant efté fait Prifonnier l'année fuivante ,ta donna pour fa ran çon. Fano eft une Ville d'Italie: dans l'Etat Ecclefiaftique, fituée fur les bords de la Mer entre Senegalli & Pefaro , & proche du lieu où eftoit autrefois le Temple de la Fortune. Les Ro mains avoient fait. baftir ce > F 4
m8 MERCURE0 Temple en mémoire de la celè bre Bataille qu'ils gagnerent contre Afdrubal , Frere d'Annibal , qu'ils défirent avec cin quante mille hommes. C'eft pour cela que Fano s'appelle en Latin Fanant Fortune. On y voit un Arc triomphal de Mar bre qui a trame coudées de hau teur , & qui eft un des plus magnifiques Ouvrages d'Italie. Ie vous parleray de la Maifon & des Emplois de Monfieur le Cardinal Ranuzzi dans l'Article de la Ceremonie qui fut faite à Fotainebleau quand Sa Majefté luy donna le Bonnet. 4. Maximiliende Kiembourg,, Il eft Allemand , & Archevefque de Baltsbourg. C'eft une Ville d'Allemagne en Baviere, luuée fur la Riviere de Saltza, Elle eft belle 6c grande. L'Ar-
GALANT. chevefque en eft Seigneur, & a la qualité de Prince de l'Em pire. On y a celebré divers CorW ciles. 5. Veriflîmo d'Alencaftro. If eft de Portugal, & Inquifiteur General de ce Royaume. Il" ar efté Archevefque de Brague, 8c il l'eft prefentemenr de Lisbon ne. Brague eft une Vllle'de Por tugal fituée fur la Riviere dé Cavado un peu au deflus de forf emboucheure. Elle cft à cinq ïieuës de la Mer , &. a eHé au trefois dans la Galice. On tient que ce fut le Siegc des anciens RoisSueves , êc quelle a efté tres- confiderable fous les Gots, Elleaeu d'IUuftres Prelats, qui fc difent Primats d'Efpagne. Alphonfc 1. ayant tiré cette Vil.' le des mains des Maures ca .u40.tous.les Eyefques d'Efpa*
130 MERCURE^ gnefe foumirent alors à l'Eglife de Brague. C'eft un avantage que celle de Tolede luy dîfpute. 6. Marcello Durazzo. Il eft Genois, Frere du Doge, & Archevefque de Chalcedoine. Il a efte Nonce en Portugal, & il eft prefentement en Efpagne en la mefme qualité. Chalcedoine eft une Ville d'Afie dans la Bithinie , fituée fur le Bofphore ou Canal de la Mer Noire, prés de Scutari , 8t vis à vis de Conftantinople. Elle fut d'abord Ville (Epifeopiale fous Nicomedie , & enfuite on lerigea en Metropole, Procope »qui fe difoit defeendu de Julien l'Apoftat , s'éftanr emparé de Chal cedoine dans le quatriéme Sie cle , entra fecretemenc. dans Conftantinople , & fe rendit Maiftre de l'Empire. L'Empereur
6 AL A-NT. »jt Valens l'ayant fait mourir fie abâtre les murailles de Chalcedoine , qui eft celebre par ie Concile General qu'on y cele bra en 451. Il s'y trouva fix cens trente Evefque , qui s'af. femblerentdans l'Eglife de Sain te Euphemie- L'Herefie d'Eutichez y fut condamnée. ^ . 7. Horatio Mathei. Il eft Romain , Archevefque de Da mas , Auditeur de Rote & Ma jor -'dorae du pape. -Il avoic exercé la mefme Charge fous Clement X. Damas , autrefois Capitale de Syrie , & aujourd'huy dela phenicie, eft une des plus grandes & des plus riches Villes de tout le Levant, fille a efté la neuviéme Metropole fous le patriarchat d Antioche. Les' Turcs qui en font .les Maiftres depuis prés de deux cens ans, y
i3z MERCURE ont un Bacha , & la nomment' Scham. Elle eft fîtuée dans uneplaine tres fertile au pied du. Mont Liban , & enfermée de collines à la façon d'un Arc de Triomphe. Entre un fort grand nombre de Marchands les Juifsfont bon negoce. IL y a peu de» Seâes de Chreftiens Orientaux qui ne s'y foient établies. Ou y trouve auflî des Catholiques, 8c leS lefuites , les Cordeliers , &; les Capucins y ont chacun ua Hoipice. r; 8. Marc Antonio Barbarigo.. U eft A rcheyefque de Cor fou Cou fin du Cardinal Barbarigo„ Evefque de Padoue , & d'une tjes-noble Famille de Venife. Corfou eft la Capitale de l'ifle. dela Mer Ionienne qui porte ce nom y &. qui appartient aux
GALANT. ij* Venitiens. Elle eft aflez grande, bien peuplée , Se a deux Chaf-. teaûx qui la défendent , & que leur aflîete rend prefque impre nables. Les Habitans de Corr"ouv que les Anciens appelloient Corcire, Tant Chreftiens Latins Se Grecs. L'Arcfeevefque a pour Suffragans les Evefques de Ce'phalonie & de Zante. 5>. Carlo Ckeri. Il eft Evefqus de Corne , lieu de fa naiflaoce. Come eft une Ville d'Italie dans. le Milanez , grande , riche, 8c bien peuplée.Elle eft à vingt ou vingt.cinq milles de Millan,fut le bord d'un Lac auquel elle don ne Ton nom j & qui a environ) cent milles de tour. Elle a pro duit de grands Hommes jparmy; Ufqutls on compte le Poète Cecilius,Pline le Ieune, & Paul: lo ve. Is v ous ay parlé de M&
134; MERCURE le Cardinal Ciceri dans ma Let tre du mois pafle , en vous faifanc part dune Fefte que fit à Cavaillon un Gentilhomme de cette Famiile, lors qu'il eut ap pris fa Promotion, v io. Leopold , Comte de Colonits. Il eft Hongrois , & a efté Evefque de Iavarin. Il l'eft preientement de Neuftadt. Javarineft une Ville avec Forterefle au confluant du Raab 5C du Danube. Les Allemans l'ap pellent Raab. Elle fut prife par les Turcs en 1591. & reprifeen 1606. par Monfieur de Vaubecourc , François. Neuftadt eft u»e Ville d'Allemagne fur la Ri viere de Brifchave , à fix lieues de Vienne en Auft riche Paul II* fonda en 1468 l'Evefché de Neuftadt ,qui eftSutfragant de
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GALANT. 135 .: il. Eftiennele Camus. Il eft de Paris , Do&eur de Sorbonne,. Evefque de Grenoble , &. a efté Aumônier de Sa Majefté. Le foin tres. particulier qu'il a tou jours pris de Ton Diocefe eft connu de tout le monde. Meffieurs le Camus font d'une Fa mille des plus confiderables dans la Robe. Ce Cardinal. eft Frere de Monfieur te Camus, premier Prefidenten la Cour des Aydes de Paris , & de Monfieur le Camus. Lieutenant Civil. j 1 1. Jean , Baron de Goè'tz. It eft Allemand,Evefquede Gurk* & a efté Ambaffadeur plenipo» t en t taire de l'Empereur à la paix; de Nimegue. Gurkou Goritfc eft une Ville d'Allemagne dans là Carinthte. Gebbard , Archevefque de Saltzbourg , fonda l'tvefché de Gur* en 107 3 ~
rî« MERCURE L'Evefque eft aujourd'huy prin ce de l'Empire. » ii. Michel RadzievZKÎ. Il eflr polonois , & Evefque de Vvarmie. Vvarmie ou Vvarmeland , cft un Pays de Pologne, donc l'Evefque réfide à Brunfberg Ville de ce mefmeEtat , dans la Prufle Royale. 1 4. Pier. Matheo Pëtrocci. Il eft Evefque de Iefi , lieu de fa naiflance. Iefi , qu'on nomme JEfmm1 en Latin, eft une Ville d'Icalie; ij. Fr. Pedro de Salazar. Il eft Efpagnol, Evefque de Salamanque, & nommé à l'Eveché de Cordouë; 11 a efté Ge neral de la Mercy. Salamanque. eft une des plus grandes Villes d'Efpagne , dans le Royau-, coede Leon. Son Univerfité efttres-renornnjéeÇordaitf eftun£-
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GALANT. 137 autre Ville d'Efpagne dans l'Andaloufie,quiaeuautrefois titre de Royaume. Elle eft celebre par la naiffance des deux Seneques,du Poëte Lucain , & de Ferdinand Gonzales ou Gonzalve, appelle le grand Capitai ne , qui fervit à la conquête dit Royaume de Grenade fous les Rois Ferdinand & Ifabelle. Cet te Ville aefté tres - renommée fous la domination des Romains & des Maures. Ces derniers y firent bâtir une Mofquée , la plus belle qu'ils enflent aprés la Mecque. C'eft prefentement l'Eglife Epifcopale. Il y a eu un E (tienne de Salazar de Grenade, fameux par fon érudition , qui a laiffe divers Traiteï qu'on eftime. Il eft mort Chatreux. 11 y a eu auffideux Pierres de Sa lazar , dont l'un qui vivoit vers
1-38 MERCURE l'an 1570. a écrit en Efpagnol la Chroniquede T Empereur Char. lesquint , & I'Hiftoire de la , conquefte d'Afrique. L'autre eftoit Chanoine de Tolede en 1610. & a compofé divers Ou vrages. Les principaux font la. Vie de Dom Ieap Tavera, & celle du Cardinal Gonfaltz de Mendoza ,tous deux Archevefques de Tolede, la Chronique de la Mai Ton de Ponce de Léon, & l'Origine des Dignitez feculieres de Leon & de Caftille. 16. Guillaume Egon , Comte deFurftemberg. Il eft Evefque de Strafbourg , & je vous parlay de luy fort amplement lors qu'il fqtélea Evefque de cette Ville. Stràfbourg eft la Capitale de l'Alface , & une des plus belles Villes d'Allemagne, à un quart de lieue du Rhin. Elle eft fuuée
GALANT. iy9 au miiîeu d une grande Plaine , où elle reçoit les Rivieres d'il! & de Breufche. L'Evefché eft SufTragant de Mayence. Furftemberg , autre Ville d'Alle magne en Suabe , a donné Ton nom. à la Maifon de Furftemberg, qui eft feconde en grands Hommes , Se que l'Empereur a. faits Princes de l'Empire. Cet,te Maifon , qui tire fon origine de« puis le temps de Charlemagne , a eu divers Confeillers des Elec-. ceursde Mayence 8c de Colo gne , de grands Capitaines, quantité de Chanoines dans les, Eglifes de Trêves , Cologne Spire , & Munftcr , tous Amis des Lettres & Défendeurs de la, Foy , plufieurs Prelats d'un me rite fingulier , & grand nombre de Chevaliers & Commandeurs, tant de l'Ordre Theutonique ,
i4o" MERCURE que de celuy de Livonie. Guil laume de Furftemberg fut nom-' mé Grand Maiftre de ce dernier Ordre vers l'an 1535. 17. leanCafimirde Denhof. Il eft Polonois , Commandeur de l'Hofpital du S. Efprit , & Envoyé extraordinaire de Polo-gne à Rome. 18. Dom lofeph Saenz de Aguirre. Il eft Efpagnol , & Re ligieux Benediélin. Depuis plus de douze cens ans que l'Ordre de S. Benoift eft fi celebre dans l'Eglife , il loy adonné quantité de Papes , de Cardinaux, de Patriarches,& un tres- grand nom bre d'Archevefques & d'Evefques. Ce faint Patriarche qui l'établit fur le Mont-Caffin , y mourut en 543. 1 9. Le Pere Leandro Coloredo, Il eft natif du Frioul , Se
GALANT/ 14Ï preftre de l'Oratoire. C'eft un homme d'une vertu éminente, ft^d'une profonde érudition. Le Fnoùleft une province d'Italie, qui a eu autrefois titre de Du ché. Les Lombards le prirent fous leur Roy Alboïn ,qui vers llan 5 6 S. y établit fon Neveu Gifulfe en qualité de Duc Se de Gouverneur. Charlemagne ayant éteint le Royaume de Lombardie en 774. donna le Frioul à Rigaut , Seigneur Lom bard, à condition de l'hommage. Enfin aprés differentes révolu-' tions il fut donné vers IW1028. par l'Empereur Conrad II. à Po-. pon fon Chancelier , Patriar che d'Aquilée. Les Succefleurs de ce prelat en jouirent jufqu'en 1410. que Louis Techio s'étanc engagé témerairement à la Guerre contre les Venitiens,
i4ï M1EK CÛRE oeux.cy fe rendirent MaUtres do Frionl , Se l'ont toujours con forvé depuis. ' < -;. , io. Fortunato Caraffa. 11 eit prere du Grand Maiftre de la Religion de Malte. La Maifon deCaraffe eftune des plus no bles & des plus illuftres du Ro yaume de Naples,où elle fedi vi te en diverfes branches , d1 a riano , de Montorio,deRuvo, de Montebello , de Montenegro 6C d'Anza. Quelques-uns la font defeendred'un Roy de Pologne. Jean- Pierre CarafFc qui fut éle vé au pontificat en 15 5 5. fous le nomdepauliV. eftoitde cette Maifon, où l'on trouve neuf ou dix Cardinaux , autant d'xrcàevefques de Naples , & plufieurs Vicerois , Gouverneurs Qc Capitaines celebres. 21 . Dominico Maria de Cur-
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- GALANT. 143 ci. Il eft de Florence , & Audi teur de la Cbambre Apoftoli«ue- Florence eft la Capitale de Tofcane , & eft comptée en tre les plus grandes Villes d'Ita lie. On la nomme Florence la Belle, à caufe de la beauté de Tes Rués, pavées de pierres larges qui répond à celle de fes MaiTons, St à la magnificence defes Eglifes. C'eft où les Grands ducs font leur demeure. Lés peintures 8c les Statues du palais du Prince font des Chef d'oeu vres des meilleurs Maiftres , ce* il y adansfon Cabinet 8i dans la Gallerie de l'ancien palais , un tres -grand nombre de pieces que leur rareté ne rend pas moins confiderables que leur richefle. Cette Ville qui eft fer tile en hommes de Lettres» 8C dans laquelle s eft établie la ce
144 ME*RCURE lebre Academie de la. Griifca » a efté fous la domination de difr ferens Maîcres,jufqu'à. ce qu'el le fç foie foûcpife à la Maifon t|p Medicis. n.Gio. Francefco Negroni. Il eft de Genes, & Tréforier General de la Chambre. . r3. Fulvio Aftalli. Il eft Ro main , Clerc de Chambre 5c Neveu du Cardinal de ce mefme nom. i4.GafpardCavallieri. Il eft auffi Clerc de Chambre , & Ro main. 25. JoanGualceriusSlunus.il eft Liegeois & Secretaire des Brefs. Liege , ou Pays de Liege, eft un Duché en la haute Alle magne compris dans le Pays.bas. La Ville eft firuée fur la ivïeufe dans une agreable Vallée, en vi ronnée de belles Montagnes que divers
GALANT. j45 divers Vallons feparent avec des prairies arrofées de plufieurs petites Rivieres qui fe dechar gent dans la Meufe avant qu'el fe entre dans la Ville. La Cathe drale dediée à S. Lambert, efl: celebre par fon Chapitre , qui eft compofé de princes , de Car dinaux ,& deperfonnesdetresgrande qualité. L'Evefque prend Je titre de Duc de Baillon , de Marquis de Franchiraont , &de .Comte de Hoots & de Hasbain. Il eft Seigneur de tout le pays, & Prince du Saint Empire.Monfieur l'Abbé Sluze Frere de ce nouveau Cardinal eft Chanoine de Liege. Ainfi l'on ne peut dou ter dela Noblefle de cette Maifon , puis qu'on n'eft receu dans _ce Chapitre , qu'aprés avoir fait -des preuves inconteftubles. Ils font tous deux dans une tresbaute eftime. Nottvcmbre 16Î6. G
i46 MERCURE 26. François - Marie de Medicis. Il eft prerede Cofme lll. Grand duc de lofcane, qui en i.]6i. époufa Marguerite Loiiife d'Orleans, pille de Gafton.lean- Baptifte de France, Ducd Orleans, & de Margue* rite de Lorraine. La Maifon de Medicis s eft rendue extremément confiderablc dans ces derniers Siecles par Ton éleva tion & par Tes Alliances. Elle a donné quatre papes à l'Eglife, Leon X. ClementV 1.1. Pie I V. & Leon XL & deux Reines à la France Catherine de Medicis Femme de Henry 1I.& Meredes Rois François II. Charles IX. & Henry 111.2e Marie de Medicis, Meredu feu Roy. La fuccefllon de cette Maifon n' cft bien con nue que depuis Philip pes de Me dicis, que (a prudence avoit mis
GALANT. . 147 dans ime tres - grande reputa tion. Les Guelphes de Florence avoienc accoûtumé de le confulter dans tous les defifeins qu'ils faifoient contre les Gibelins leur Ennemis. Ceux cy voulant s'en vanger resolurent d'exter miner tous les Medicis , mais leur entreprife n'eut point de fuccez. Les Guelphes qui les batirent , ramenerent à Floren ce les Medicis triomphans , Se non feulement ils les y receurent Citoyens , mais ils les firent encore admettre dans les prin cipales Charges de la Republi que. Philippes de Medicis mou rut en iij8. 5c laiffa Everard pere d'Everard 1 1. qui eut Clariffime ou Sylveftre de Medicis qu'on fait tige des Medicis ou Mediquin. de Milan. C eft de cette branche que Pie I V. eftoic G z '
i48 MERCURE venu. Jean de Medicis , qui mourut en 1418. eut pour Fils Cofme Se Laurent. La branche de Cofme fut con tinuée jufqu'à Laurent 1 1. qui fut Pere de la Reyne Cathe rine de Medicis , & eut un Fils Naturel , nommé Ale xandre , que Charles - Quint fit Duc de Florence en 1531. Laurent de Medicis fon CouUn , defeendu de la bran che de Laurent fils puifné de Jean , le tua en 153". & mourut fans biffer d'tnfans , ayant toûjours affecté le nom de Populaire. Cofme I. de ce nom , venu d'un autre puif né de cette feconde branche , fut fait Grand duc de Tofcane en 1569. Jpar le Pape* Pie Y. H laifla François I. de
GALANT. Ï49 ce nom Grand Duc , qui de Jeanne d'Auftriche , fille de l'Empereur Ferdinand 1. eut un grand nombre d'Enfans , & entre autres Marie de mcdicis " Femme <le Henry I V. & Ferdinand I. Grand duc de Tofcane. Ferdinand époufa Chriftine de Lorraine , Fille de Charles II. duc de Lor raine , & de Claude ds Fran ce , & laifla Cofme 1 1. qui prie alliance avec Madelaine d'Au ftriche , Sœur de l'Empereur Ferdinand I I. Il en eut Fer dinand I f. qui mourut en 1670. C'eftoitleperede Cofme III. aujourd'huy Grand duc , & de François- Marie, qui eft le nouveau Cardinal dont je vous parle. .'.
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ijo MERCURE 17. Reinaido d'Eft. Il eft On cle du Duc de Modene. Eft ou e fte , Ville fort ancienne d'Italie dans le padoiian , a donné Ton nom à l'illuftre Maifon d'iOr. Borfo d'Eft, pils de Lionello Mar quis d'Eft & de Ferrare, ayant receu magnifiquement Frideric III. en Î451. cet Empereur le fit Duc de Modene, & de Reggio l'année fuivante , & en 1 47 1 . il fût fait Duc de Ferrare par le Pape Paul 1 1. Ses Succeflfeurs jouirent de ce dernier Duché Jufqu'à la mort d*Alron(e 1 1. qui ne Iai£Tà point de pofterité. Cefar d't:ft j petit Fils d'Alphonfe I. & de LauraEuftochia , l'une defes Maître fles qu'il avoitépoufée fccretement,fe mit en poûcffion de Ferrare, quoy que cet Eftac fuft dévolu à la Chambre Apoftolique > mais n'ayant pu
GALANT. mi refifter à l'Armée du pape, il fie fon.accommodemcnt,& fe con tenta de Modene èc de Reggio. M fut pere cI'aI fonce III. qui laifla François I. Ce dernier eue pour fils Alfbnce I V. Frere du nouveau Cardinal d'Eft. Il mou rut en 1661. & laifla de Lauro Martinozzî, Niece de Monfieur le Cardinal Mazarin » François II. duc de Modene & de Reggio, Marquis d^ft , prince de Carpiné le 6. Mars i<5o. Il faut prefentement vous par ler de ce qui fe paflale jour que Sa Majefté donna le Bonnet à Monfieur le Cardinal Ranuzzi. Monfieur l'Abbé Servient ,Car merier fecret du pape qui l'apportoit au Roy de la part de Sa Sainteté, avec ceux de Meflieurs les Cardinaux de Furftenberg , ôc le Camus, afin qu'ils leur fuf
15* MERCURE fent diftribuez felon les ordres de ce Monarque , eftant arrivé icyleié. du moispafle,en fie auffi tort donner avis à la Cour par un Courrier qu'il fit partir pour Fontainebleau. Le Roy qui a une eftime particuliere pour Monfieur le Cardinal Ranuzzi , refolut de luy donner le Bonnet luy-mefme , & choifit le Mercredy 6- de ce mois pour en fai re la Ceremonie. Ce Cardinal fe rendit le jour precedent à Fontainebleau avec Monfieur l'Abbé Servient, & logea dans le Château à l'appartement de Monfieur le Marquis de S.Heran qui eneft Gouverneur. Le len demain à dix heures du matin , Monfieur l'Abbé Servient alla feluerle Roy, qu'il complimen ta de la part du Pape. 11 luy prefenta le Bonnet deftiné pour ce
GALANT. i55 nouveau Cardinal avec un Bref de fa Sainteté , & s'eftant enfuite retiré avec le Bonnet , il alla le mettre dans la Chapelle du Chafteau fur une Credence du cofté de l'Autel , dans un Baffin de Vermeil. Il fe rendit de-là auprésde Son Eminence,que Mon« fleurie Prince Camille de Lor raine, fecond Fils de Monfieur Le Comte d'Armagnac, nommé par le Roy pour l'accompagner dans cette Ceremonie , & Mon sieur de Bonneuil, Introducteur des Ambafladeurs, vinrent pren dre dans les CarofTes de Sa Majefté & de Madame la Dauphine. Les Gardes Françoifes 8c Suiffes eftoient fous les armes avec les autres Gardes ordinaires,felon ce qu'on a couftume de pratiquer aux premieres Au diences des Nonces du Pape, §C
154 MERCURE des Ambaflfadeurs des Teftes couronnées. Monfieur le Cardi nal Ranuzzi fut conduit à la Chapelle du Chafteau , où Sa Majefté entendoit la Mcfle.Monfieur le Marquis de Bîainville , Grand Maiftre des Ceremonies, &r Monfieur de Saintot Maître des Ceremonies , le receurent à la porte, &. le conduifirentavec Monfieur l'abbé Servient au Prié Dieu du Roy,où ce Cardi nal , aprés luy avoir fait une tres profonde reverence, fe ran gea du côté gauche. Monfieuu l'Abbé Servient cjui fe rangea à la droite, prefenta à S. m. le Bon net qui eftoit dans le Baûni.couvertd'un Taffv tas cramoifi. Le Roy le prit,& le mit fur la tefte de ce nouveau Cardinal en luy difant d'une maniere obligeante, VoiUi Mo»Jl'jHr, ce qtte le Pape m**.
GALANT,. My envoyé pour vous donner. Vous ne 4eve%J>as douter que je ne le fajje avec un tres grand platfir , ayant autant d'ejlime que j'en ay pour yoftre perfonne.Ce Cardinal ayant fait une profonde inclination au Roy , Iuy fit fes remerciemens en peu de paroles par un compliment qui plut extrême ment à Sa Majefté , aprés quoy il alla à la Sacriftie changer fes habits de Nonce dont il eftoit encore reveftu , tn une Sou tane rouge , avec le Camail , le Rochet ôc le Manteler. Eendant ce temps, le Roy s'a vança vers la porte de la Cha pelle , & marcha fi doucement que Son Eminence eut le temps de le rejoindre avant qu'il en fût. forty. Monfieur le Cardinal Ranuzzi ayant abordé Sa Majefté la. faliia fort profondement. Le. G fi
i56 MERCURE Roy eftant hors de la Chappel"le , fe couvrit , & dit à ce Cardi nal qu'il mift'fon Bonnet , ce qu'il fit , accompagnant Sa Majefté à l'antichambre de l'appar tement de la Reyne où il devoit avoir l'honneur de difner avec Elle. On y avoit preparé la Ta ble. Elle eftoit d'environ dis pieds de long fur quatre de lar ge, a. trois pieds de diftance du haut bout de la table, étoit la Nef & le Couvert du Roy,avec fon Fauteuil vis-à-vis du Cou vert, tournant le dos à la che minée. A cinq pieds plus bas que le Couvert de Sa Majefté , étoit celuy de Monfieur le Car dinal , fans Cadenas avec un fiege pliant vis-à vis de fon Cou-. vert. Le Roy en prenant fa pla ce, dit à Son Eminence qu'elle p4c la ficnne. Monfteur l'evêauja
GALANT. tp d'Orleans , premier Aumônier de Sa Majefté , benit la Table. Le Roy receut la ferviette pour laver les mains, de fon premier Maître d'Hôtel , & Monfieur le Cardinal Ranuzzi , la receut de celles du Contrôleur General de quartier. Il fut fervy par les Officiers du Roy , & les fervices furent femblables. Le Roy ayant demandé à boire , dit qu'il faloit commencer par la Santé de Sa Sainteté, & lors qu'il eut le verre à la main , il_fe leva , ofta fon Chapeau , & dit en fe tour nant du cofté de ce Cardinal y. que eefioit à la Sante du Pape. Enfuite il remit fon chapeau, Se s'eftant affjs il but 5 aprés quoy il fere leva,ôta encore fon cbapeau & fe tourna de nouveau du côtéde Son Eminence , qui setant levée ayant ôté fou Bonnet
158 MERCURE /i-toft que le rov eut parlé de boire à la Santé du Pape , de meura dans cette pofture jufqu'à ce que Sa Majefté fe fufl: remife la féconde fois dans fon Fauteuil. Quelques momcns aprés, Monfîeur le Cardinal demanda à boi re , & s'eftant levé il remercia le Roy de ce qu'il luy avoir pieu de boire à la Santé de Sa Sainteté. Il fe tint debout & découvert en beuvant, & aprés avoir bu, il faIua le R.oy ,,remit fon Bonnet, Se s'afltt. Le Repas dura une heure. Lors qu'il fut fiay , Monfïeur L'Evefque d'Orleans dit lesGraces, & Sa Ma je (lé ayant pris le chemin de fon Cabinet ,. y fit entrer Monfieur le Cardi nal Kanuzzi. Ils y furent fe'uta pendant trois quarts d'heure. Son Etninence en eftant fortie alla. rendre fes devoirs à Madar
GALANT. 159. me la Dauphine, à Monfieur Se à Madame ,qui receurent cha cun un Bref de Sa Sainteté par Monfieur l'Abbé Servient , qui accompagnoit ce Cardinal, avec Monfieur le Prince Camiile,8t Monfieur de BonneUil- Leurs AltefTes Royales le firenr afleoir,. & luy marquerent par une tres» obligeante reception les égards, qu'Elles avaient pour fon rang ée pour fon merite.Monfeigneur qui eftoit depuis trois jours îL Valery avec Monfieur le Duc, & pîufieurs grands Seigneurs de la> Cour à une partie de Cha{Te,eat revint fort tard ce mefme jour.. Le lendemain Monfieur le Car dinal aanuzzi alla au lever du jtoy & s'eftant rendu furies dix-. heures à la Salle des Aoibafladenrs Meffieurs le Prince Camlllv , & les aunes qui l'avaient
îtfo MERCURE accompagné le jour precedent, le vinrent prendre pour le con duire chez Monfeignear le Dau phin, qui le receuc avec des mar ques fingulieres de confideration & d'eftime.Monfieur l'Abbé Servient prefenta à ce Prince un Bref de Sa Sainteté* L'aprefdînée, ce Cardinal rendit quelques vifites , & accompagna fa Majefté à la Comedie Italienne. Il y avoit fort longtems qu'on n avoit fait une ceremonie de cette nature. Celle- cy fe fit avec plufieurs prérogatives , qui n'avoient jamais efté accordée, ce qui obligea le Roy de déclarer que fon intention n eftoit pas quelles tiraflent à confequence en de pareilles occafions. Toute la Cour a témoigné une grande joye de cette diftin&ion. La Maifon desKanuz2i,.No^
GALANT. 161 bles Senateurs Bolonois , & Comtes de la Porrete , s'eft fait connoiftre depuis plus de quatre Siecles, & n'eft pas moins illuftre qu'elle eft ancienne. MarieAntoine Ranuzzi fut envoyé Ambafladeur à Rome pour la Ville de Bologne. Il efloit Pere du nouveau Cardinal dont je vous parle, qui a tres-utilement fervy i'Eglife fous les quatre der niers Papes. Il commença fes Emplois fous le Pape Alexan dre VII. qui le fit Referendaire de Signature de luftice en 1 6 5 6. Enfuite il fut Referendaire de la Signature de Grace , aprés quoy il eut le Gouvernement de la Ville de Rimini, de R.ieti , du Duché de Cametin , de la Ville & Port d' Ancone. 11 a efté Commi (Taire generai des Armes des Eftacs d'Urbin , deux fois Vice
1*1 MERCURE legat dans les mefmesEftatsJnquifiteur & Miniftre Apoftolique à Malte, & Gouverneur Ge neral de la Province de la Mac. che fous Clement IX. Il fut en voyé Nonce Apoftolique en savoye fous Clement X. & enfuite il alla en la mefme qualité auprés du Roy de Pologne. Il eut le titre d'Archevefque de Damiette dans cette Nonciatu re, & donna jufqu'à fa Vaiflelle d'argent pour les neceffi tez de la Guerre contre le Turc. Udonna auffi une fomme confiderable pour la mefme Guerre, au com mencement du Pontificat du Pape à prefenc regnant, & ayant efté fait Evefque de Fano , il employa quatre années du re venu de cet Evefché pour faire baftir entierement un Palais où l'Evefque fuft logé commode-
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GALANT. i<r5 ment. Au mois de Fevrier 1683. Sa Sainteté l'envoya Nonce Apoftolique extraordinaire en France » où il a travillé fans relafche , pour tacher de retenir les princes Chretiens en intelli gence. H a beaucoup contribué à la Trêve , & procuré aux Genois les moyens de fe remet tre dans les bonnes graces du Roy. Entre plufieurs belles qualitez , il a particulierement une douceur naturelle, & une in clination à obliger tout le mon de , ce qui luy a toujours attiré l'eftime & l'amitié des princes & des peuples auprés defquels il aefté employé, ne manquant jamais d'expediens pour termi ner les affaires à l'amiable quel ques difficiles qu'elles (oient , & ne s impatientant point lors qu'il s'agit de mettre la paix entre
i$4 MERCURE deux Familles où: deux perfonnes , jufqu'à ce qu'il y ait entie rement réuffi.C eft ce qui a don ne lieu à ces quatre Vers qui ont efté mis au detTous d'un de fes portraits , par allufion au nom d'Ange que porte ce Car dinal. Comme un Ange autrefois pour le falut de l'homme Tut envoye' des deux* Cet Ange que tu vois efi envoyé de Rome Pour la paix de ces lieux. Si vos Amis fouhaîtentd'avoîr les Portraits de Meffienrs les Cardinaux , Monfieur Habert qui s'applique à les graver , a déja achevé ceux de Monfieur le Cardinal Ranuzzi,& de mod. fieur le Cardinal le Camus , &
GALANT. 1*5 eft prefentement occupé à finir celuy de Monfieur de Furftembsrg. Je ne fçaurois finir cet Ar ticle fans vous apprendre que le 18.de ce mois, ce mefroe Cardi nal Ranuzzi tint fur les Fonts de Baptême je Fils de Meffire Fran çois de Bonenfant , Comte de Magni , & de Dame Anne-An toinette Nicole Gauraux du Mont, fille de Meffire Nicolas de Gauraux du Mont , Marquis de le Perier , d'une des plus an ciennes Maifons d'Italie, & de Dame Catherine du Autoy de Luxembourg. Cet Enfant qui eftoit né le 30. Septembre , fut baptifé à S. Sulpice par Monfieur le Curé de la Paroifle , & nom mé Ange. Madame de Bofluet , Femme de Monfieurde Bofluet, Intendant à Soiflbns , & Sœur de Madame la Comtefle de Ma
166 MERCURE gny ,quiluy fervitde Marraine , parut avec tout l'éclat poffible, tant par l'agrément de fa perfonne, que parfonefprit,quoy quor dans un état tres - modefte. Le compliment qu'elle fit à cette Eminence , fut admiré de tous ceux qui l'entendirent- La Ce remonie fe fie en prefence de Madame la Comtetfe de Magny, Mere de l'Enfant , de Madame l'AbbeUe du Mont , fa Sœur , Dame d'un fort grand merite , de Madame de Boutonvilliers, Sœur de Monfieur le Comte de Magny ,de Monfieur l'Abbé de BofTuet , & autres. Monfieur le Comte de Magny eft Fils de Mcffire Philippe de Bonenfant, Seigneur Comte de Magny, & de Dame Marie de Faudons,Fille de Meffire François de Faudons Lerillac , ail né de la Branche de
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GALANT. i£7 Faudons , Comte de Blin , Gou verneur de Paris fous Henry IV. & Chevalier de l'Ordre , de la mefme Maifonque Barbafan de Faudons , grand Chambellan de Charles VII. enterré aux pieds du Koy Ton Maiftre à S. Denys. Vous fçavez » Madame , que tous les ans le lendemain de la S. Martin • le Parlement fe trou, ve en Robes rouges avec les Prefidens au Mortier en tefte dans la grande Salle du palais, c'eft à dire dans la Salle des Marchands , dans laquelle il y a une Chapelle. Tout le cofté que cet augufte Senat occupe Se qui eft celuy de la Chapelle , eft tapilïé , & gardé par les Archers de Ville. La Mefle fe chante en Mufique , 6c elle eft toujours celebrée par un Evefque , qui en eft prié quelques jours aupa
ié$ MERCURE ravant, de la part du Parlement. La Meffe finie ,1'Evefque & le Parlement entrent dans la grand Chambre. L'Evefque remercie le Parlement du choix qu'il à fait de luy pour cette fonction j &Ie Parlemenr le remercie par la bouche de fon Premier Prefident , de ce qu'il a bien voulu 1» faire. Eofuitele Parlement fe retire , & n'entre que huit ou quinze jours aprés , & quelque fois mefme aprés trois femainesj car la femaine qu'il rentre doit e.ftre fans Feftes, du nombre defquelles font les Feftes du palais , comme Sainte Catherine. Quoy que le Parlement ne rentre pas le lendemain de S. Martin, ou plûtoft qu'il ne continue pas fes Seances , les delais ne laiffene pas de courir.. Ce n'eft que le jour qu'il rentre, que fe font les Haran
GALANT. 169 Harangues de Monfieur le Pre mier Prefident,& de Meffieurs les Gens du Koy. L'Evefque qui a celebré la Mefle cette année eft vlontieur de Montmor3Evêque de Perpignan. Il eftoit à pa ris parce qu'on luy avoit ordon né d'y demeurer. pour travailler à des affaires qui regardent font Diocefe. Il commença pac un Eloge du Parlement & dk £>ue l'honneur que cette illujlrc Compagnie lut avoitfait en le choiJtjfitnt pour une fonction aujfivenem rable ejr aujjifainte, que celle dont il venott â'ejlre le Minijlre , exm citoit en luy de tres-grands fentitnens de reçonnoijfance , mats que de toutes les raifons qui l'obligeoient d'y ejlre fenfible , n'y en avoit point de plus puiffante que l'occajîon favorable ou il fe trouvoit de faire connoijtre publiquement , & Novembre 16 86. H
i7o MERCURE en prefence même de cette Augujle Cour , le profond refpecl , ejr lafincere veneration qui/ avoit nonfeu. lement en gênerai pour tous les fages Magijirats qui la compofoient,. mais encore en particulier pour celuy qu'une vive penetration , un jufie difcernement » & une appli cation infatigable rendent fi digne d'enefirele Chefi pour ceux qu'une probite' reconnue ejr une droiture injlexible diftinguoient bien plus que le rang qu'ils occupaient , & la majejle de la Pourpre dont ils efioient revejjlus 5 & enfin pour ces celebres Organes du Roy ejr du Pu blic , qui nefe faifoient jamais en. tendre qu'en faveur de la jujlice , de la verite' & de l innocence. \\ ajouta , que ce refpecl avoit pris en luy de profondes racines , puis qu'il n'eftoit pas moins un effet de fa raifon , quune fuite de fon édu
GALANT. 17 cation. Il dit qu'il efioit né d'un Pere qui l'avoit vivement imprimé dans fon cœur par fon exemple, & que cet exemple avoit efié fauten» de tant d'autres qui luy ejloient domefiiques^u'il auroit démenty le fangqui le Itoit a pluficurs Magifirats de ce Corps Illuftre , s'il n'avoit pas de luy les grandes idées qu'ils en avoient eux mêmes con çues y mais que quand dans un âge fins avancé , il avoit voulu exami ner les préjugez, de fan enfance , cétoit alors qu'il s'efioit confirmé par luy.mefmt dans ces fcnttmens refpt ffueux qui ejloient déjaforme^ en luy 5 qu'il avoit reconnu dam ce Parlement augujle tant de gran deur , tant de lumiere , (jr tant de fageffe , que s'abandonnant entie rement a tous les mouvtmens que pouvoit produire unfi beau mélange, il s'efioit fait une heureufeneceffité H
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i'7* MERCURE de le regarder comme un objet qui demandait toute foneJlime,dr toute fa confideration j qu'on pouvoit dire, que la Jujlice fembloit avoir choifi cet augujle Corps comme un fanBuaire venerable pour établir fa demeure , foit que l'on confidtraft ou l'équité de Jes \^drrejls , ou lût feverité qu'il exerce contre les vices, ou le %gle qu'il fait paroijlre four étoufer les mauvaifes doctrines , o# la protection qu'ilfait toujours gloire d'accorder a l'Eglife en la perfonne de [esfacrez Minijlresjufon at tachement inviolable pour les.droits de la Couronne. Il s etendit la deffos avec beaucoup d'éloquence, & fît voir que toutes ces rares qualitez enfemble le rendoient non feulement lafourcede la fe licité des Peuples qui reconnoiffent fes Loix , mais encore le modele Se la regle de tous les
GALANT ,73 autres Tribunaux du Royaume, ce qui l'avoir. mis dans une fi haute eftime dans toute l'Euro pe , que plufieurs Souverains avoient reconnu hautement (on integrité , en foûmettant volon tairement & par choix leurs plus importans intereftsàla décifion defes Oracles. Il prit delà occafion de louer le Roy, & aprés avoir marqué qu'il ne craignoic point que les témoignages finceres qu'il fe fentoit obligé de rendre à la gloire de cette augufte Compagnie , fuflent impu tez aux flateries lâches & groffieres , où. les Orateurs avoient fi fouvent recours , mais aux quelles la grandeur & la fainteté de fon Miniftere ne permettoic pas qu'il s'abaiflTaft ; il dit que non feulement on ne pouvoit douter de ce qu'il avait avancé , mais qu'il riy H j
,74 MERCURE «voit ptrfonne qui pujl ejirefurprit de ce que tousles parlemens prenoiet pour regle un Parlement qui feregloit lity me/me fur le plus grand Roy du monde , un Parlement qui n'avoit pour modele de fa conduite, de fon efprit,defa juftiee, defon in tegrité\iefa piete', defes jugemeus.y que l'ejprity la jujlice, (integrite\ la fietê , la conduite du Monarque le plus accomply quifufi Ramait. Une fi grande matiere fut traitée par ce Prelat de la maniere la plus délicate. Il fit connoître que ce'toit un glorieux avantage pour tous tes grands Magijlrats , que vou lant remplir tous les devoirs de leur redoutable Minijlere , au lieu de confulter pour cela des Livres morts & inanimez, au lieu de rappeller le fouvenir de ces Grands Hommes qui ont ejlé Cadmiration de leur Siecle , e£. qui cependant ne nous
GALANT. 175 ont laijfe que des Loix douteufes , ou obfcures^ ou imparfaites , ils n'a, voient qu'a étudter les atfions de ZOVfS LE GRAND-, Atfions qui luj faifant porter à Jîjujle titre les noms augufles de Pere du peuple , de Trotefleur de (Innocente de foûtien de la Foy , d'^yJnge exteri minateur des Herefies /, & des nouveautez, également contraires a la Religion & à l'Bjlat , e/loient comme autant de regles fidelles , comme autant de Loix vivantes qui les conclutjoient avec affeuravci ejr fans craindre l'egarement ,puis qu'ils les avoient toujours devant les yeux , dans les routes penibles de la fujîice. Il ébaucha une partie des grands craies qui frapent fi for tement dans la Vie du Roy. Il dit que lors qu'il efioit question du bien dit Peuple , on voyoit ce grand
jyf MERCURE Prince facrifier fes interejls à l'a vantage public , & fe depouiller luy-même , parce, qu'il ejl Roy x.et§faveur defes Sujets , d'un droit que fa fujlice confervefi religieufement m moindre de ceux qui luy fontfou rnis ; que s'il falloit pourfuivre le crime, il ejloit aisé de remarquer les degrez d'élaignement & d'hor reur avec kfquels ce Monarque l'envifageoit , ce zele ardent dont il ejlott animépour le punir , les fa» ges mejnres qu'il prenoit pour en prevenir les defordres , ejr la jujie rigueur dont il s armoit pour les bannir entierement de fes Etats. 11 patia en fuite au (încere atta chement de Sa Majefté pour les veritables incerefts de l'Ëglife, 6c dit à ces Sages Magiftrats que c ejloit par le foin qu'ils avoient de timiter qu'ils apprenoient a rendre à Dieu ce qui appartient a Dieu ,
GALANT, t77 tomme ils ffavoient fi bien rendre a Cefur ce qui appartient a Cefar. Il parla de la Foy , de la force , & de la fagefleque le Roy vient de faire paroiftre pour foûtenir la Religion de nos Peres , 8c pour la faire triompher de la malheureufe & obftinée Herefic qui la troubloic depuis fi long temps. Il dit quon n'avoit qu'à lire fes Déclarations ér fes Ordon nances , pour y voir avec autant d 'admiration que d'ètonnement , que leur juftice , leur moderation „ leur douceur , foutenuès du bras du tres, haut , entre les mains de qui font les ceeurs des Peuples (jr des Roys , avoient- fuffy pour abbatre ces Temples prophanes où regnoient le menfonge, (jr l'efprtt d'aveugle ment 5 pour dijfiper ces faux Ta* fleurs qui nourrtjfoient du pain de fareur ,.des Brebis égarées kB sJortiei
i^'t MERCURE de leur veritable Troupeau j pour aneantir ces Cultes monfirueux , felon lefquels de malheureux Chré tiensfans chefprofeffoient une Re ligion fans Sacrifice ; pour revoquer a jamais ces déplorables Edits qui cjloient fouvrage de la hardieffe d'un "Peuple aveuglé , <jr dont lot force & la necejjvé des temps avoient contraint le Parlement de charger fes Regifires; enfin pourfafer \ufquaux fendemens une herefie que fefprit d'independance avoit fait naifire , que la rebellion avoit établie au milieu du carnage tjr des horreurs de la Guerre, que le libertinage avoit fçeu conferver jufquà prefcnt , & qui fubfifleroit encore parmy nous fans le z,ele in* fatigable de noftre Invincible Mo narque. Ce Difcours receut de grands applaudiûemens de tou te la Compagnie , au nom de la-
galant: i79 quelle Monfieur le Premier Prefident le remercia , & de la fon ction dpnt il avoir bien voulu sacquiter , & de tout ce qu'il avoit dit à l'avantage du Corps. 11 ajouta qu'il n'y avoir point lieu d'eftre furpris de fon élo quence , puifqu'il eftoit né parmy les MuTes & dans la Robe. Il entendoit parler de feu Monfieuf de Monmor fon Pere , qui eil mort Doyen des Maiftres de Re quetes éi de l'Academie Françoife. Ce Prelat fut traité enfuite avec beaucoup de magnificence chez Monfieur le Premier Prefîdent, où fe trouverent la plufpart de Meflieurs les Prefidens. & Confeillers. La Cour des Aydes entra le mefme jour , & comme ce n'eflr point par Ceremonie , & qu elle continue fes Audiences, les HaH &
iSo MERCURE rangues fe font ce jour la. Monfieur le Camus , premier Prefidentde cette Cour , parla fur la pureté de cœur que doivent avoir les luges,& dit de tres-bel les chofes à fon ordinaire. Les Extraits que vous avez trouvez dans mes Lettres de plufieurs Difcours qu'il a pronôcez dans la mefme occafion ne vous per* mettent pas d'en douter. Monfieur le Haguais qui à fuccedédepuis peu de temps à feu Monfîeurde Monchùl dans la Charge à' Avocat General de la mefme Cour , parla enfune,& remplit parfaitement ce qu'on avoit at tendu de luy. C'eft beaucoup dire , puifque l'attente eftoic. grande, Se que la haute eftime ouil eft ,avoit tellement preve-. nu toui les efprits , qu'il ne pou vait fatisfaire le Public que pat
GALANT. itt un Difcours d'une beauté extra ordinaire, le fçay que vous en pat 1er de cette forte , c'eft vous faire naiftre beaucoup d'envie de le voir. Il n'a pas tenu à moy qu'il n'ait embelly ma Lettre, l'ay fait agir fes Amis pour le faire confentir à me le donner » & fes Amis n'ont rien obtenu fur fa modeftie-N'attende2 point que je vous en dife icy autre chofequele plan. Monfieur leHaguaiseft un homme qui penfe beaucoup, qui penfe jufte , &. qui n'employe que les termes neceflfaires à exprimer ce qu'il penfe- Comme il n'en choifiç que de tres- propres , changez fes termes , ce ne font. plus ies. penfées,ou du moins ce chan gement. les défigure fi fort , qu'it eft mal-aifé de les reconnoiftre. U parla fur l'autorité du MagjC-
i&i MERCURE trac , & fit voir qu'il n'eftoit pas feulementJe bras par lequel la Loy étoit foûtenuë , mais qu'il en eftoit auflî lame , & que fans cela les Loix ne feroient pas plus animées que le marbre fur lequel on les gravoit autrefois. Il fit voir que comme leur authorité dépendoit de celle du Magiftrat, ceux qui les avoienc eftablies s'eftoient ^appliquez à imprimer aux Peuples le refpecT: de la Magiftrature, en la reveftant. d'omemens exterieurs ,en tuy éfevant des Tribunaux, & en raifanc du refptcT: qu'on devoit avoir pour les Magiftrats une elpece de culte religieux , qu'on avoit rendu venerable par des Ceremonies. U montra enfuite que quelques foins qu'on euft pris pour leur donner de l'auiboriti , elle feroit loûjoura
GALANT. iS^ foible, fi le cara&ere qu'ils ont par le Sceau du Prinde n'eftoit foûtenu par leur vertu. Il fit là deffus une peinture tres - vive d'un Magiftratqui n'eftant recommandable que par fa Char ge , ne s'attiroit qu'un refpecT: contraint, & fit connoiftreavec des traits d'éloquence qui char merent tout le inonde , combien cette authorité qui tiroit tout fon luftre d'un éclat emprunré eftoit au de flou s de celle , qui ne dépendoit point de la difpofition de la Loy , Se qui eftoit attachée, non pas à la Pourpre ny au Tribunal du Magiftrat ,. mais à fon efprit & à fon cœur. Tout ce qu'il dit fur cette fecon de authorité fut admirable U fit conûoiftre qu'elle trouvoitdans celuy qui la poCTedoit par fon» feu! maûe tout ce qui. pouvoia
184 MERCURE luy attirer du refpecl ; que nous nous portions d'autant plus vo lontiers à luy obeïr,qu'elie n'impofoit aucune contrainte j que nous la regardions comme l'ou vrage de la raifon ôi de l'équité, & que les ordres qu'elle donnoic nous faifoient des devoirs indifpenfables , parce qu elle nous rendoit nous. mefmes les luges de la déference qu'on luy devolt. Pour mieux prouver cette verité ,il fe fervir de l'exemple d'Ariftide , qui fans titre & fans. caractere , par le feul credit que luy donnoitfa vertu,s"eftoit éle vé un Tribunal au deffus de tous les Tribunaux de la Greçe. Il ajouta qu'on avoit efté perfuadé qu'il devoit eflre le plus poin tant , parce qu'il étoit le plus jnfte,& qu'on luy avoit fait porter la peine de fon merite par
GALANT. 185 un exil qui avoit rais le comble à fa gloire. Il fit voir enfoitc que les Rois & les Magiftratsavoienc cela defemblable , que la prin cipale authorité do Prince ne venoit pas de fa Couronnejque la naiffance quiladonnoiteftok un purer&tdu hazatd,quipouvoit tomber fur une ame indigne comme fur celle du premier or dre , & que bien qu'on ne puft fans facrilege apporter la moin dre oppofition à fe foùmettre à fon Souverain , parce que les Rois eftoient choifis de la main de Dieu , qui s'en fervoit quel quefois pour punir les Peuples, on ne laifloit pas de s'y foumetv tre à regret , lors que le Trofne eftoit le feul avantage qui leur " faifoit meriter noftre obeïflancei que ce fentiment eftoit naturel, quoy qu'il nous fuft inconnu
lU MERCURE par l'heureufe habitude où nous eftions d'obeir au plus digoe. Que ne puis je icy , Madamcs, vous faire part de toutes les cho. fes qu'il diten faifant le Portrait d'un Prince fage , vertueux , & infiniment éclairé > Il ne nomma point le Roy , mais ce fut un Por trait fi reflemblant, qu'on ne s'y pouvoit méprendre. Il dit que les Rois pouvoient apprendre des Princes leurs voifins le mal heu reux arc de fe faire craindre,mais qu'il faloit qu'ils fiffent traverfer les Mers pour apprendre àfe fai re aimer de leurs Sujets , en imi tant un Monarque qui renonçoit à fes propres interefts, quand il s'agiflbic de favorifer fes Peuples, qui donnoit à leur repos Tes foins & fes veilles avec une ap plication infatigable, & qui sac- * tiroitleur veneration & leur ref-
GALANT. 187 peft , bien moins par- une Souve raineté de puiflance , que par une fuperiorité de vertu. Il finit par un éloge de feu Monfieur de Monchal,donc il remplit au jourd'huy la place, & laifla toute l'Aflemblée dans le chagrin de le voir finir fi-toft. Souvenez vous, s'il vous plaid , que tout ce que je vous dis eft mis icy fans nul ordre , & que ce ne font que des traits groffiers de ce que Monficur le Haguais traita avec autant de delicatefie , qu'il y eut de force dans tout fon Difcours. Le Parlement rentra Mardy dernier 16. de ce mois , quoy qu'il n'ait pas accoutumé de ren* trer dans une femaine où il y ait quelque Fefte. Il y en avoit deux dans celle - cy , celle de Sainte Catherine , b'efte du P&
i88 MERCURE lais,& celle de S. André. Oa doit cela à la vigilance de Mon fieur le premier Prefident ,qoi aime à faire expedier les Affilé res. le vous parleray la premier fois d'un tres. bel éloge du Roy , que fit ce jour-là Monfieur l'A vocat General de Lamoignon. Le Parlement de Rouen ren tra le lendemain de la S. Martin, & Monfieur de Ris, premier Pre fident ,fe fit admirer par un ex cellent Pifcours,comme il avoit fait quelques mois auparavant, lors qu'il prit polîeffion de cette importante Charge. Monfieur leGuerehois, Procureur Gene ral, parla aprés luy avec fon élo quence ordinaire. le vous manday il y a quelque temps que Monfieur de Préfon- 4 taine , Avocat General de ce mefrae Parlement , avoit efté
I
GALANT. 189 fait premier Prefident au Confeil d'Artois. Ce changement rendit Monfieur de Langrie pre mier Avocat General ,& laiffa |a Charge de fecond Avocat General vacante. Elle vient de« tre remplie par Monfieur de Mc" nibus,qui.y fut receu le 17. de ce mois avec l'applaudiflement .de toute la Ville. Son éloquence qui avoit paru dans le Barreau avec un trés-grand fuccés, luy avoit acquis une reputation avantageufe. On ne doute point qu'il ne là foûtienne glorieufement dans un porte , où il aura fi fou vent occafion de faire paroître l'heureux talent qui luy.eft fi naturel. Il a beaucoup de ca pacité , une conduite tres*-judicieufe , & un fond d'integrité & d'honneur qui le rend incapa ble de rien faire d'oppofé à ion
i9o MERCURE devoir. Ainu l'on peut dire que dans un âge fort peu avancé , il n'a de la jeunefle que ce qu'elle donne de vivacité & dagréw ment. Monfieur de Menibus^ fon Pere , a efté Confeiller au Parlement de Mets , & enfuite Prefident en la, Cour des Aydes de Normandie. le vous appris il y a un mois la mort de Monfieur de Mollondin , ancien Colonel des Gardes Suifles-Françoifes , mais je ne vous dis rien de particulier de Tes Emplois. Ceftoit un hommç d'experience de refolutiou, qui s'eft fignalé en plufieursoccafions fous le Regne du feu Roy, & fous celuy de Lou i s le Grand. Il naquit en Suiûevers l'an 1608. dune noble & an cienne Famille , originaire du Pays de Vaud , dit de Vaux , 8c
. GALANT. ,9t 6t fes, premieres Campagnes au Siege de la Rochelle en T518.au fecours de Cafal en 1619. & à Ta. redaction de la Savoye,dePignerol , de Saluees , & autres Places en 1630. L'année fuivante il pafla en Allemagne, 6c eut part aux glorteufes entrepri ses des Suedois. Eftantde retour en France il donna des preuves de fa valeur à la Bataille^'A vein, & à celle de Rocroy 5 aux Sieges d'Arras, de Perpignan,de Triions ville & deGraveline avec Mon» fieur de Mollondin , Ton Frere aifné, qui lui ceda Ton Regiment en iô"4j. Eftant à la tefte de ce Regiment 8c de fa Compagnie; il fe diftingua au Siege de Dun,» Jkerque en 1 64.6. à la Bataille de Lens , au fecours d'Arras, & en toutes les occafionsqui s'offri rent. En reconnoi fonce des fer
i9i - MERCJJRE vices qu'il avoit rendus à l'Eftar, 5c particulierement à DunKerque,où il appaifa la Garnifon_ mal contente de la détention du Marefchal de Rantzau , le Roy l'honora de la Charge de Colo nel du Regiment des Gardes Suiffes Françoifes,dont il prefta le ferment en 1655. aprés quoy il fit paroiftre beaucoup de cou rage & de bravoure aux Sieges de Landrecies & de Valenciennes , où il fut fieffé en 1 6 5 6 . à celuy de DunKerque , gc au Combat des Dunes prés de cette Place en 1658. La Guerre setant ralumée depuis avec l'Efpagne , il fe trouva à la prife des Villes de Tournay , de DoiSay , & de Lifleen 1667.fuivitSa Majefté à la conquefte de la Fran che-Comté , de la Hollande, 5c de Maftric , fe trouva au Combat de
GALANT. in de Senef,& fervit dignement aux Sieges de Valenciennes,de Cambray, de Gand . & dlpres, avec Monfieurd'Lftavayefon Neveu. Enfin fon grand âge ne luy per mettant plus de s'appliquer aux fondions de fa Charge , il s'en démit volontairement au mois de Septembre 1685. & mourut icy fubitement le 13. du mois pafle , en fa 79. année. -. Les Perfonnes confiderables dont j'ay a vous apprendre la mort depuis ma derniere Lettre, (ont Meffire Michel-Pierre Paflanr, Seigneur de Saint Aubin , receu en 168 1. Prefident en la deu xième Chambre des Requeftes du Palais. Il avoit efté aupara vant Confeiller au Grand C<>nfeil. Monfieur Paffant fon Frtfe eft Chanoine de Noftre-Dame. Nouvembre 1686. I
194 MERCURE Cette Famille eft aflez connue dans la Robe, où elle a donné plufieurs Confeillers au Parle ment & au Grand Confeil , & des Maiftres des Requeftes. Dame Madelaine- Elifabeth. Levé, morte le premier jour de ce mois. Elle eftoit Femme de Meffire Ïean-Baptifte le Feron, Sieur du Pleffis , Maiftre des Comptes. Mademoifelle du Gué de Bagnols. Elle eft morte icy le mê me jour aprés une longue ma ladie. & une patience exemplai re dans Tes maux. Comme elle s'eftoit addonnée aux allions de pieté & à fecourir les Pau vres , elle a fait plufieurs legs pieux , Sc fondé une Priere pu blique à S. Gervais , le matin Se le foir. Elle eftoit Fille de feu Meffire Antoine du Gué de Ba
GALANT. i9J gnols , Maiftre des Requeftef, & de Daine Gabrielle Feydeau de Brou » Sœur de feu Medire François Feydeau de Brou» Abbé de Bernay , Confeiller. Clerc au Parlement de Pans. La Famille des du Gué eft ori ginaire du Lionnois , & a donné diverfes perfonnes de merite dans la Robe. Feu Monfieur du Gué, Confeiller d'Eftat ordinai re > & Intendant de Juftice à Lyon , qui eft mort depuis un an , avoit époufé la Sœur de Madame la Chanceliere leTelIier,dont eft venu Meffire Fran çois du Gué , cy . devant Con feiller au Grand Confeil, & receu Prefident en la Chambre des Comptes de Paris en 1 6,8 j . Il a époufé la fille de feu Mon fieur de Paris, Confeiller en la Grand' Chambre. Monfieur du I z 6 _
i5s mercure Gué de Bagnols , Maiftre des Requeftes, & Intendant de Jus tice en Flandre eft de ia mefme Famille. Monfieur de S. Amant , mort le 3. de ce mois. Il eftoit Capi taine de Vaifleau , & avoit efté Ambaffadeur de Sa Majefté vers le Roy de Maroc. Sa Famille efl: confiderable dans le Langue doc. Meffire Olivier le Fevre d'Or* me (Ton , Seigneur d'Amboille , Maiftre des Requeftes honoraire, mort le 4. de ce mois , aprés une longue maladie. 11 eft extremê. roement regreté. L'intelligence qu'il avoit dans les affaires, & fa grande probité luy avoient ac quis tineeftime generale, en for te que les Princes Se Grands Sei gneurs le choi/îflbient pour Ar bitre > & fe foûmettoient à fon
.
'
GALANT. i5>7 logement dans leurs affaires les plus importances. Il avoitépoufé Dame Marie de Fourcy , Fille de Monfieur de Fourcy , Prefident en la Chambre des Comptes , & Surintendant des Baftimens du Roy , dont il a eu feu Mon fieur le revre d'Ormeflbn Maître des Requêtes , qui eft mort jeune en l'Intendance de Lyon , où il a efté univerfellement regreté , 5c qui avoit époufé la Fille de feu Monfieur le Maiftre , Prefider t en la quatrième Chambre d; s Enqueftes du Parlement. Mon fieur d'Ormeflbn qui vient de mourir a laifle un fecond Fils,qui a efté Confeiller au Grand Confeil , & qui fut fait Maître des Requeftes après la mort de Mon fieur d'Ormeflbn fon Frere aifné. Il fuit les traces de fes AnceftrefJ Le mefme Monfieur d'Ormeflcn I 3
.,
ï$8 MERCURE dont je vous apprens la mort, eftoit Fils d' A ndré le Fe vre d'Ormeflbn , Maiftre des Requeftes, puis Confeiller d'Etat ordinaire , employé en plufieurs nego1 ciations d'Etat importantes , &: d'Anne le Prevoft d'Herbeley , d'une Famille qui a donné des Prefidens & des Confeiliers au Parlement • des Maiftres des Requeftes, & autres Per Tonnes de confideration dans -la Robe. Son Ayeul Olivier le Févre , Seigneur d'Ormeffbn , Eaubonne , & d'Ambolle, eftoit Prcfident en la Chambre des Comptes , Sc Surintendant des Finances, & avoitépoufë Anne le Fevre d'Aleflb, Fille de lean d'Aleflb Sieur d'Eragny , de la . pamille des d'Aleflb originaire . de Calabre , defeenduë du Sei gneur Antoine d'Aleflb & de
GALANT. 159 Brigide Martotile , Sœur de S. François de Paule decedé en 1507. Fondateur de l'Ordre des Minimes, & qui vint en Fran ce fous le Regne de Louis X l. Monfieur d'Ormeflbn avoic deux Oncles. L'un fut OHvier le Fevre Sieur d'Eaubonne , Prefident en la Chambre des Com ptes, dont viennent Meffieurs le Fevre d'Eaubonne , Gonfeillers aux Cours Souveraines, & le Pere d'Eaubonne Capucin , & Millionnaire renommé , & l'autre Nicolasle Fevre Seigneur de Lezeau , Confeiller d'Eftat , dont viennent Meilleurs le Fe vre de Lezeau.Tous les le Fevre, Seigneurs d'Eaubonne , d'Ormeflbn & de Lezeau , portent d'Azur h trois lis de lardm au na turel. Meflire Iean de Magnaut,,
jco MERCURE Comte de Montaigu , Lieute nant General des Armées du Roy , fon Lieutenant General en. Guyenne 5 & Gouverneur du Chafteau Trompette.Ileftoit brave , tres-honnefte homme , & a voit fait de fort belles actions, le vous en ay parlé amplement dans quelqu'une de mes Let tres. Monfieur Brethel de Gremonville Abbé de Lire, 8c Com mandeur de Mahhe. le ne vous en diray rien qui ne foit connu de tout lemonde. 11 a comman dé l'Armée des Venitiens pen dant douze ou quinze années, & s'eftoit acquis beaucoup de réputation dans cet Employ. Il fut enfuite Envjoyé Extraordi naire de Sa Majeftéàla Cour de l'Empereur , où il fît voir fa . conduite 5c fon efpritdans tou-
GALANT. loi tes les chofes qu'il eut à traiter. JJ eftoir magnifique naturelle ment , & s'eft toujours pieu à foûtenir cette qualité. II a eu trois Freres, dont l'aifné fut en voyé Ambaffadeur à Venife. Le fecond a efté Prefîdent au Mor tier au Parlement de Rouen j & letroifiéme eft haut Doyen de la Cathedrale de la mefme Vil le. Monfieur de Gremonville» leur Pere , eft mort Prefident au Mortier dans le mefme. Par. lement. Monfieur Nicolas le Tour* neux . prieur de Villersfur Fere en Tardenois. il eft mort d'A poplexie depuis peu de jours. Il avoit de grands talens , & il les a fait paroiftre avec beau coup d'avantage , & dans la Chaire , Bc dans les Ouvrages qail adonnezau Public. Sa Se
tôt MercUre maine ^ainte, fon Année Chrcftienne,& fes autres Livres de Sermons (ont fort eftimez. Le Roy a donné plufieurs Be nefices. Me l'Abbé Fouquet a" efté pourveu de l'Abbaye de S. lagut , de l'Ordre de Saint Benoift , Diocefe de S- Malo . Il eft Aumofnier de Sa Majefté , ÔC d'une Famille où la pieté eft hereditaire. L'Abbaye de Nanteuil en Vallée , Diocefe de poitiers ,qui eft auflï de l'Ordre de S. Benoift , a efté donnée à Monfieur l'Abbé de GÎnefte.Son mente joint à beaucoup d'ha» bileté l'a fait employer auprés des Miniftres. Monficur l'Abbé de Brizac > Grand Vicaire & Officiai de Chartres , a eu l'Ab baye de la Buflîere , Ordre de Cifteaux , Diocefe d' Autun 5 5c Moniteur l'Abbé Bifot > celle de
galant: 103 S. Vincent de Befançon, Ordre de S. Benoift. Monfieur l'Abbé Bizot eft fort fcavant dans l'Antîquité , & seft acquis une eftime generale. Monfieur l'Abbé le Vafleur a obtenu l'Abbaye d'Aubepierre. Elle eft de l'Or dre de Cifteaux dans le Oiocefe de Limoges. On écrit de Mets qu'il y eut grande Solemnité le il. de ce mois au Convent & Hofpital des Religieux de la Charité, où Monfieur l'Archevefqued'Ambrun ,qui eft à prefent Evefque de Mets , officia pontificale* ment. Ce digne Prelat , qui a fait bâtir cet Hofpital , & qui vient de le fonder, jouira pen» dantfa vie du plaifir de voir le foulagement que les Pauvres recevront d'une fi pieufe fonda tion. Il- eft F.rere de Monfieur
ao4 MER CU RË le Maréchal Duc de la Feiïiilade. le croy , Madame , que ce vous fera une nouvelle agreable d'apprendre que j'efpere vous envoyer avec cette Lettre un Livre nouveau de l'Auteur des Dialogues- des Morts, Quoyque la matiere de fes Entreliens fur la pluralite des Mondes , foie entie rement de Philofophie , & par consequent moins propre à plai re à celles de voftre fexe , ce fecond Ouvrage , auffi galam ment tourné qu'il eft, n'a pas laifle de vous confirmer dans l'eftime que vous faifiez & de fon efprit & de fa maniere d'é crire, & cette eftime fera au gmentée fans doute pat fon HiJioire des Oracles , qulfera debitée au premier jour dans la Bouti que de 1a veuve Blagearc Ceue
GALANT. 205 Hiftoire eft compofée de deux DiCTertations. Il fait voir dans l'une , contre l'opinion qui a pré valu jufqu'à prefent , faute d'avoir efté aûez bien examinée* Que les Oracles n'ont point efté rendus par les Demonsj 5c dans. l'autre» Que les Oracles n'ont point ce(Té au temps de la venue du Sauveur du MondcCes deux. piflfertations font divisées en di vers Chapitres , pleins de trait* d'Hiftoire finement tournez ,quL ont dequoy fatisfaire également & les delicats. Sc les curieux. Au refte,il faut qae j'avoue. que je me fuis trompé dans la. penfée que j'ay eue q.ue ie pourrois découvrir l'Auteur aes Let tres qui ont efté imprimées fous, le nom de Monfieur le Chevalier» d'Her Celle que je vous eo. tnvoyay le dernier mois , mar-.
1 2o6 MERCURE quoit que ce Chevalier, verita* ble ou faux , avoit commerce avec une jeune Penfionnaire de Convent. le connoisun Cavalier plein d'efprit & de merite , qui & ce mefme commerce , & je me. tois figuré que c'eftoit celuy que je cherchoisj mais cela ne fçauroit eftre , puifque laperfonne à laquelle il rend des foins , eft actuellement dans un Convent, & qu'il paroift par quatre ou cinq Lettres qu'on m'a fait voir de nouveau du Chevalier d'Her.-. que la Penfionnaire en queftion , a quitté la Grille , qu'elle eft dans le monde , où fa beauté <àjt fracas , & qu'elle ap prend à chanter Sc à jouer du Thuorbe j ce qui ne s'accorde point avec ce que j'avois foupçonné. Il y a mefme une de ces Lettres qui marque d'une manie-
v
GALANT. 107 re tout à faitvgalante l'extrême forprife qu'elle eut la premiere fois qu'on luy fit voir l'Opera, SC que cet Opera eftoit Pfyché.Ge» la fait connoiftre qu'il y a déja longtemps que Ices Lettres ont efté écrites , pnifque l'Opera de Pfycbé n'a point efté reprefenté depuis quatre ou cinq années. Ion m'avoit promis de m'en don ner une copie, c'eftoit un regale que je prétendois vous faire de temps en temps ; mais au lieu de ces quatre ou cinq Lettres , je pourray vous en envoyer bien tôt cinquante tout à la fois. L'Auteur ayant veu par celle dont je vous fis part le mois paffé , qu'elles commençaient a eflre publiques ,a crû devoir les faire imprimer luy- même , afin qu'au moins elles furent plus correctes. Ainfi un homme in.-
zo8 MERCURE connu les a apportées à mon Li braire, qui en va hater limpreffion. le les ay leuës toutes avec un fort grand plaifir , & je puis vous afleurer que cette feconde Partie fera une digne fuite de la premiere. Les deux Enigmes proposées dans le Mercure d'Oétobre r avoientefté faites fur le Traverfin. Voicyles noms de ceux qui ont expliqué l'une Sc l'autre fur ce mot. Meflîeors A. P. Boiftel de S. Romain,de la rue' de Bu fil i C. Hutuge . d'OrleansjLa Prai rie Cairon , Profefleur public des Mathematiques s I. Rafafou de la Touchardiere i Cambe d'Haragne, Receveur au Bureau d'Aix j Dougan , demeurant à. 1 Gaen > Meriel , waiftre à chan ter , au même lieu ; La Tron che , de Rouen i L'Amant des
GALANT. io«> deux belles Enjouées ; le Soli taire defefperé 5 l'aimable Spi rituelle 3 Tamirifte, de la rue de la Cerifaye 5 le Chevalier de Viaraut , Amant de la grande Brune de la rue des Noyers B. G. $ Ragnenet de Colommiers , & fa belle Philis 5 le jeune Cleante de Sarre- Louis; le Frere ainé des trois aimables Sœurs de la rue de l'Arbre-fec} l'Habitant de la Place. G.; le petit Godon , de la rue de la Coutellerie 5 de Boifduil, amou reux de la Corbeille de Morlaix ; les trois Etats de Bretagne,amoureux de la Sainte-amour , de la même Villej le Solitaire de la riie S. Severinjla Bonté mêmeil'ExiIé d'Argentan } le Fils de la charmate Maman,de la Porte de Buflîj l'Incomparable j le NormacdiP»
al© MERCURE amoureux des Belles de Rofny ; l'Affemblée no&urne des Amans noirs 5 le petic Cœur de Nanette la teftoë , enflâmé de loin pat Pivolle > Colin la Mufique i l'A mant des Belles de Blois de Sain te Croix de la Bretonnerie , le charmant Embonpoint de la rue du Cygne j le gros Ventru à la maigre mine , du coin de la rue de Richelieu > le galant Suîfle. En vers, Meffieurs Vignier 5 (2. F. Lourdet 5 l'aimable Catin de la Conference , rue des deux Ponts j 8c l'Amant de Cilefie, de la rue des bons-Enfans jMademoifelle d'Alufeau , d'auprés S. Roch j l'aimable Bru de MonfieurB. T. L. de la rue S. Lo d'Angers ; la belle Captive , du plus beau quartier de Paris 5 la Keîne des Procureufes , l'A mante infortunéejla belle Mar-
,
GALANT. in guerite j la belle Brune Champenoife ,de la rue S. Loiïis dans l'ifle j la plus aimable des trois Sœurs du Fauxbôurg S. Ger main, & fa bonne amie l'Indif ferente j la Brune aux beaux yeux, de la rué" de la Harpe 5 la belle Pleureufe» du Quartier S. Paul } la Guenuche de Fredericj la Mere de la petite Fille , de la rue de Richelieu j la jolie Fem me groflfe , de la rue S. Nicaife } la groffe Maman , de la même i
rue. La premiere des deux Enig mes nouvelles que je vous propofe,m'aefté envoyées fous le nom de l'Amant fansefpoir , du quartier de la Place- Maubert.
zii
MERCURE ENIGME.
T E remplis tVnivers de mille obJ jets funebres j De larmes ny de fang ]e ne puis maffouvir. r Fils d'un Pere brillant , ejr né dans les tenebres, le viens à la lumiere afin de la ravir. faime la couleur rouge, & je caufe la noire. Je bleffe ejrfuis blejfe,je bats ejr fuis battu, Z<* honte fuit mes coups , aujfi bien que la gloire, Et je fuis infirument de vice ejr de vertu. 7)n avare me cherche , un inhu main m employe, le donne le trépas , é" je rends eter nel;
GALANT. zi3 Mais en perdant autruy, moy-même je me noye , Et nie cache auJfi tojl que je fuis criminel. lefuis de deux partis U nefuis point traître , En un même moment j 'attaque & ie fecours. Par moy l'on ejl captif, par moy l'on devient maître. Tout cruel que ie fuis , fay pourtant mes amours. le borne les Etats , ^ ie les fais accroijlre, l'y fers également , en la guerre , en la paix. Toy qui mentens parler , travaille a me connoijlre j Mais gardefi tu peux, de mefentir jamais.
ii4
MERCURE
AUTRE
ENIGME.
CEluy pour qui ces Vers font faits , ~B.fi un figne £amour aujji bien que de paix , Vn avant. goût d'un plaifir plus Jolide, Il fe pratique en tout (et FnL vers : Mais quoique que la mode en decieS , Je ne fçaurois l'aimer qu'entrefexes divers. Les Peuples meridionaux gui ne veulent point de ri- vaux. En font un crime pmiffable j Mais nous, mieux avifez,, ne l'efiimons pas tel ; Et pourveu qu'il n'ait rien qui le rende blâmable ,
GALANT. 215 Nous le iugeons civil, ejr non pas criminel. mPhilts,fivous *ve\ de la peine à comprendre Ce que par cet écrit ie veux faire ffavoir, Dés que \auray le bonheur de vous voir, Ma bouche pourra vous Rap prendre. Apres vous avoir envoyé l'Hiftoire du Siege de Bude , qui fert de feconde Partie à ma Lettre d'O ctobre, j avois deflein de vous ap*' prendre les panicularitez des Sie ges de Segedin & de Cinq-Eglifes,&. de ladeffaite des Turcs qui venoient fecourîr la premiere de ces Places 5 mais comme on n'a point encore eu nouvelles que les Troupes des Imperiaux ayent efté
n6 MERCURE mifes en quartier d'hyver , j'attendray qu'on fçache fi la prifede Ziclos n'aura point efté fuiviede quelque nouvelle entreprîfe , afin de vous pouvoir donner un corps plus entier du refte de la Campa gne. J'y joindray les nouvelles conquêtes des Venitiens, depuis la prife de Napoli de-Romanie. Vous ferez bien aife d'avoir des nouvelles de la Cour du Grand* Seigneur. En voicy de feures, ve nues de bon lieu. A Conftantinople , le j. O&obre i6$g. LA tonfirmation de la prife de Bude , venue feulement de puis trois [cmaines , a causé icy une fort grande conjlernation. On publie tout haut que le Grand- Sei gneur ejl la feule eaufe de tous les tnal.bcurs de cet Empire \ ér un peu apres que. l'on eut appris cette nou velle
GALANT. ji7 velle, un Iman ou prédicateur Turc ofa dirv,prêchant devant Sa Eau— tejfe , qu'on ne pouvott imputer qu'a Elle feule le mauvais fuccés de la Guerre , que[es débauches ejr fa vie faineante avoient attiré furies Ottomans la colere de Dieu$ qu'un Empereur devoit aller à la Guerre , & non pas pajfer fa vie avec des Concubines..qu il en feroit funy tofi ou tard : que les chiens mangeroient fon corps en ce monde, ejr que les Demons dévoreroient fon Ame dans l'autre. Ce difcours effraya tous ceux de lafuite de l'ima.Ils s'imaginerent qu'on lesmaffncreroit tous aufortir de la Mofquée ; mais le G. S. n'en parut pas plus émeu. Ilfortit de la Mofquée en difant que l'iman ejioit un fou, gfr demandafes Chevaux pour aller k lachaffe. On dit qu'on lesluyrefufa, ejr que ce refus le fît penferk 7{ovembre 1686. K
2i8 MERCURE luy.mefme. Sa pajjion pour la Chaffe ejt telle , que rien ne l'en a pu encore détourner. Il y a un mois que des Députez, XAthènes vinrent icy demander permijpon de contri buerfur la menace que leur av oient faite les Venitiens, de mettre tout à feu ejr a fang , s'ils ne donneient quarante mille écus. Le Kijler. Aga eu chefdes Eunuques , qui a pour apanage Athènes ejrfes depandanj ces,ayant trouvé le Grand-Seigneur feul dans un de fes \ardins , prit cette occafion de luy parler du dé plorable ejlat des affaires de l'Em pire , & luy demanda ce qu'ilfouhait oit que fift Athènes. Il luy ré pondit que cejjloitfon apanage , & qu'ilpouvoitfaire ce qu il voudroit, ejr s'ejlant appuyéfur fon cmde il . fe mit a rêver jnfquà ce quun Bo~ fiangt ou Iardinier luy vint dire qu'il venoit de voir deux Lièvres.Il i
GALANT u9 fe leva dans le même infant,& de manda jes Chevaux. Cefendant le murmure des peuples continuait, & le Grand-Seigneur qui ernigneit pour fa perfonne , de'pofa le Mufti, en luy reprochant quilejloit la eaufe de la Guerre , par le Tefta ou confentement qùilavoit donné,fans lequelfuivant les Loix fondamen tales de l'Empire, on ne peut entre prendre aucune Guerre que pour luy il navoit rien épargné pour en avoir un heureux fuccés,ayant don né des hommes , des armes & des vivres lors quon luy en avoit demandé, & que s'il avott manqué à quelque chofe , t'ejloit pareeque le Mufti ne luy avoit pas reprefentè les prenantes ne cejfitcz de l'Empire. Il nomma le Cadilt sker de Bornutie ou Chef de la jujîtce d'Europe , pour remplir la rpUce du Mufti qu'il dépojoit , en luy ordonnant de K
2
no MERCURE ne luy rien caçher^ de luy marquer ce qu'A devoit faire dans cette f&cheufe conjoncJure.il Iny dit que s il falloit ouvrir [on trefor, vendre fes joyaux,& même qu'il allajî en per sonne à la Guerre, il ejloit prejl a le faire pour delivrer fon peuple du malheur dont il ejloit menacé. Le nouveau Mufti prit de la occafion de luy reprefenter que le peuple ejloit fort anime' contre luy , a quoy il réfondit , que veut-il ? Et com me il montroit de la difpoftion à faire tout ce qu'on pouvoit deman der de luy , le Mufti luy dit qu'il avait dans fon Serrail plus de trois mille Efclaves, que le Sultan Amu ral h n'en avoit jamais eu plus de trois cens,que la dépenfe quefaifoit une feule de ces Efclaves pouvoit entretenir vingt Soldats , & bien, dit .il , je me réduiray à ce nomhxç.Le Mufti ajouta que la dépen-
GALANT. an fe quil faifoit a la Chaffe ejloit extraordinaire,^ que s il employoit cet argent à entretenir fes Trou pes,elles ne mourroient pas de faim comme elles faifoient j ce qui ejloit caufe que la plut grande partie défertoit ou periffoit de necejfite. Il ajfeura le Mufti quil n'iroit defa vie et la Chaffe 3 quilferoit noyer fes Chiens j qu'il congedieroit fes Officiers de Chaffc,érferoit étran gler celuy d'entr'eux qui luy en parleroit. Le Mufti luy dit encore qu'il avoit dans fon Serrail quan tité d'anciens officiers s'tches$uif~ fans ejr propres pour la Guerre,quil falloit les y envoyer,érfe fervirdes richejfes de ceux qui ne pourroient eu ne voudroient pas marcher. Ces remontrances ont eu quelque effet. Le Grand Seigneur a promit vingt millions pour la Campagne prochai ne,& la Sultane Affequi ou Sultanc~
xix MERCURE R eyne en a promis dix. H a retran ché la de'penfe de fon Serrail \ ejr on ajpurc qu'il a fait ojler ou diminuer beaucoup le pain ou provijîon qu'on àonno'rt k plufîeurs de fes Officiers. Le Kijlar Aga qui avoit par jour fix cens mefures d'Orge pour fes Chevaux , n'en a plus que fix mefu* res,ejr ainfi du rejie des fournitures qu'il reçoit journellement\du Ser rait. On croit qu'on luy prendra enare fes richeffcs,qui fontfort gran des, puis qu'il a enfa garde toutes les femmes du Serrail , defquelies il reçoit de grands- prefens. Le bruit court qu'on l'envoyera au Caire vi vre en homme privé\comme la pluffart de fes Pre'decejfeurs. Cette Charge ejl une des plus belles de l'Empire , h caufe qu'on ejl toûicurs proche de la Perfonne de Sa Hautejfe. Le SelicJar , ou Porte-épèe du Grand Seigneur , & fon Officier de
GALANT. 113 CuiJîne,ont eftéfaits Bachas , avee ordre de Je mettre ai* plâtojl en équipage four fe rendre au Camp. On en a encore nomme d'autres\dont je nefçay pas le nom. Le Bojlangi Bacht , ou Chef des Jardiniers dit Serrait, parcourt toutes les nuits le Canal de la Mer Noire , ejr s'il *pperçoit dela chandelle dans quelque mai/on. avec la moindre apparence d'Affemblèe , il entre dedans poar ffavoir ce qui s'yfait. On dit qu'il a trouvé dans celle d'un Grec deux ou trois mille Sequins.Le Muftifaifant faire réflexion au Grand Sei gneur fur la défiance qu'il devoit avoir du Peuple , luy dit que pour gagner fa bienveillance , il falloit qu'il allajl fouvent à Gonfantinopie. N'y fuis- je pas venu ,rèpondit-il?\e Peuple m'en a-t.il té moigné plus d'amitié pour cela t Le Grand Vifir a envoyé un Cou K 4
«4 MERCURE rier du Camp avec une Lettre au Grand Seigneur , par laquelle il luy reprefente , que quand il a accepté le Sceau de fEmpire , il s'efi bien imaginé qu'il auroit le fort de ceux qui (ont precedé dam la même Charge,mais que Sa Hauteffe devoit fe rejfouvenir qu'il ne favoit acce ptée, qu a condition,que ny les Troupes,ny les vivres, ny l'argent ne luy manqueroient ; que quoy qu'on luy eujl promis avant que deJe mettre en campagne , qu'on luy envoyeroit des Troupes de temps en temps , il n'en avoit veu paroifire aucunes, ny provifions. Ce Courier affeure qu'il n'efi pas rejlé une ame dans Bude , que tout y a efié pafié au fil de l'épée j que le Grand Vifir a efiébleffét tir [on fils tué , qu'il avoit repajfé le Pont â'Ejfec , ejr qu Albe-Royale ejloit ajfiegée. On luy a envoyé ordre de fe rendre mcejfamment À la
GALANT. 225 Porte , afin de réfoudre ce qu'il y aura à faire pour là Campagne pro chaine. On dit mefme que le Confetl s'ejl fait reprefenter VHistoire des Vies d'Amurat é* de Soliman , avec deffein de fuivre les traces de celuy* cy pour la Guerre , & l'économie de celuy la dans le Serrait. M. Girardin, <^yimbaffadeur de "France,alla le 6 -de ce mois congratu» 1er le Muftifurfa Digniténouvele. Ce Chef de la Loy fe leva lors qu'il le vit entrer,ce qui ne s'ejloil jamais pratiqué pour aucun Ambaffadeury le Mufti nefe levant ordinairement que quand leGrandSeigneur le vient vifiter,ce qui luy arrive affez, rartm ment^é" alors il ne s'ajjîed qu'après que le Grand Seigneur luy a baiféla main. Il ne fe leve qu'à demy pour le Grand Vtfir.Cette dtfiinctionpour l' Ambajfadeur de noflre K^iugufte Monarque fait affez, connoijîre que *
S
iï* MERCURE ce M'mijlre ejl fortement perfuaic de la Puijfance dont les Turcs crai gnent de rejfentir les effets. Lu Converfation qu'ils eurent enfemble fi nit far le Café , le Sorbet , t'Eaurofe, & le Tarfum qu'on prefenta a M'Ci^dmbaffaâeur j après quoy s'ètant levez l'un rjr l'autre, ils fe fe~ parerent avec de grandes proteftations d'amitié. le ne vous parle point du Voyage que la Cour a fait à Fontainebleau j vous devez eftre perfuadée qu'on y a fait regner les plaffirs tant qu'elle y a de meuré. La Promenade, la Cha{fe , le Ieu , la Paume , les A par» temensj la Comedie Italienne,. & Françoife , ont fait alterna tivement lefujetdes Divertiffemens qu'on y a pris, Le Roy qui agit inceflamment pour le bien de l'tftar ,s'eft depuis. quelques
GALANT. iî7 années rétranché la plus grande partie de ces plaifirsafin de s'apliquer entierement aux Affaire Monfitur Boè'flet Surintendant de la Mufique de laCbambre du Roy , qui fert le Semeftre de Janvier, ayant mis un Opera en Mufique, cet Opera a efté reprefenté à Fontainebleau en for me de Concert , Sa Majefté a bien voulu l'entendre, mais Elle n'en faifoit reprefenter qu'un A&c chaque foir , afin d'eftre moins détournée de Tes ordinaire occupations. La Mufique en a efté trouvée excellante,& le B.oy a marqué à Monfieur Boëflet par des paroles tres obligeantes qu'il en eftoit extremement fatisfait. Sa Maiefté eftant fur le pointde partir pour Verfailles., & Monfeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine y eftant K 6
Vi8 MERCURE arrivez le 1 3 . de ce mois , Mada me la Duchefle de Bourbon qui avoit déia commencé à fe fentir iDdifpofée , fe trouva rout à fait mal de la petite vérole qui avoic peine à fortir , ce qui fut caufe que le Roy ne voulut point par tir tant qu'il la crut en danger. IVÎonGeur le Prince n'eut pas ûtoft apris cette maladie , qu'il fe rendit à Fontainebleau, ti fe trouva dans l'Apartement de cette princefle quand Sa Majefté voulut entrer dans fa Chambre , & apporta des raifons fortes pour lempefcher d'aller plus avant , que le Roy ne put refufer à fon zele ce que fa tendrefle luy fit long . temps difputer contre ce prince. Mada me la Ducchcfle, de Bourbon s'eftant tiouvée quelque temps aprés hors de. danger, le Koy
GALANT. i*5> revint à Verfailles , Sc toute la Cour eut une joye qu'on ne fçauroit exprimer , daprendre qu'il n'y avoit rien à craindre pour la vie de cette jeune princefle, qui en fait un des plus beaux, &desplusgrandsornemens. Quoy que le Roy fuft dans une fanté parfaite,à la referve de l'in commodité qui luy eftoit furvenuë il y a environ onze mois & qui fort mefmeen eftat de mon ter à cheval , & de chauer,commc il faifoit tres-fouvent , Sa Majefté qui vit qu'tlle couroit rifque de fouffrir toute fa vie cette forte d'incommodité , à laquelle font fujets ceux qui manquent decourage neceflaire pour s'en tirer,pric une refoluiioa digne de fa fermeté & comme ce mal eftok grand plutôt! par la
i3o MERCURE douleur que l'operatio lu y devait faire fouffrir, que par la nature dont il eftoit , il cacha ce qu'il avoit refolu de faire , comme il fait toutes les chofes qu'il Juge à propos de tenir fecrette, Il fçavoit l'inquietude que donneroit le mal qu'il devoit endurer, & ne doutoit point que la crainte de quelque accident , & l'amour qu'on a pourluy ne fiflent trou ver des raifons pour l'en détour ner, mais ce Prince vouloir fouf frir , afin d'eftre plus en eftat de travailler fans cefle pour le bien & pour le repos de fes Sujets , & pour éviter les conteftations qui te pouvoient former là def ais, il aima mieux fe charger de toute la douleur, que de jouir du foulagement d'eftre plaint , ce qui confole beaucoup ceux qui foufftentt D'ailleurs il feavoit
GALANT. 231 que ce bruit venant à fe répandre auroit jette de la crainte & de l'abattement dans tous les cœurs, & qu'il rendroit incapables d'a gir tous ceux qui eftoient occu pez pour les Affaires de l'E tat , & il vouloit endurer feu!, fans que l'Etat en fouffrift un feul moment. Ainfi ayant pris fa refolution , il travailla à la faire executer fans que l'on s'en apperceuft. Comme jamais Prince ne feeut regoer fur luy-mefme avec tant d'empire , il en vint à bout fans peine. Il fe purge* deux fois à Fontainebleau, parce que venant enfuite à Vcrfailles, ce changement de lieu devoie ofter l'idée qu'on auroit pu pren dre, s'il avoit efté poffible qu'on euft foupçonné quelque chofe de fon deffein. Il monta à. cheval le Dimanche 17.de ce mois ^foup*
23i MERCURE ce jour-là avec la Famille Roya le, Sc s'informa de Monfeigoeur où eftoit le rendez - vous dé Chatte le lendemain. On con nut le jour fuivant, que ce Prin ce, q uoy qu'il du ft alors fentîries premieres atteintes de la peur que luy pouvoit caufer l'opera tion , avoir demandé ce rendèzvous d'une ame tranquille, afin que s'il arrivoit quelque acci dent , il pu ft en faire avertir Monfeigneur. On a même re marqué qu'il fe eoucha ce foir là plus tard qu'à l'ordinaire. Il marqua pour le Lundy 1 8. l'heu re de fon lever ,oùJa plusgrande partie de la Cour fe trouve ordi nairement- Il avoit pris la Henne plus matin pour l'operation. Ceux qui devoient y travailler , ou dont la prefence eftoit neceflàire entrerent par different
GALANT. 133 endroits,ce qui empefcha qu'on n'en euft aucun foupçon. Quoy que je ne fade point icy le détail du refte , je puis vous dire qu'il s'y pafla mille chofes dignes de 1'ipébranlable fermeté du Roy.ll voulut voir tout ce qui devoitle faire fouffrir,& ne fit que foûrire an lieu d'en paroiftre étonné, li fit enfuite ce qu'un Prince auffi Chreftien que luy doit faire en de pareilles oceafions,& foufFrit patiemment,eftant toujours dans l'eftat d'un homme libre , & qui eft afleuré deftre raaiftre de fa douleur.Aucun cry'ne luy échapa, Sc bien loin de témoigner de la crainte, il demanda fi on ne l'avoit point épargné, parce qu'il avoit recommandé fur toutes chofes de ne le pas faire. Si-toft qu'on eut achevé l'operation, la porte fut ouverte à ce qu'on apel
i34 MERCURE le la premiere Entrée, c'eft à dire aux perfonnes qui ont droit d'entrer les premiers au lever, Les autres n'entrerent pas, parce qu'il n'y eut point de lever. On peut dire aprés cela que le mat mefme du Roy devroic faire trembler fes Ennemis , s'il en avoit, puifqu'il ne ferviroit qu'à leur faire mieux connoiftre de quoy fa fermeté eft capable- Le bruit de cette operation s'eftant répandu dans Verfailles, comme on s'imagine toujours voir les maux que l'on craint , quand mefme ils ne feroient point à craindre j la douleur parut fur tous les Vifages , & l'ont euft dit avoir le Roy, que ce Monarque eftoirle fcul qui fe portoit bien ayant remarqué qu'on ne faifoit aucun bruit , il ordonna que tou tes chofes fe fiflent à l'odinaire,
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GALANT. i!$ tint Confeil dés le iour mefme: & permit dés le lendemain aux Miniftres Etrangers de le faluer. Quoy »qne de femblables maux ayent accoutume de caufer un peu de fièvre fans pourtant qu'il y ait fu jet d'en apprehender au cune facheufe fuite il femble que le Ciel , pour ne nous pas alar mer , n'aie pas voulu qu'il en eufl le moindre reflentijnent. On ne fçauroit exprimer le trifte eftat oit Madame la Dauphine fe trouva lorfqu'elle apprit que cette operation avoit efté faite, & l'empreATement avec lequel cette Princefle courut chez le Roy fans eftre habillée. ledevrois vous parler icy de la Fefte magnifique que Mon iteur a donné à Saint Cloud, mais je la referve pour ma troifiéme Lettre, qui contiendra la Suite
a5S MERCURE du lournal de l'Ambaflade, de Siam , & le Voyage de ces Ambafladeurs en Flandre , Je fuis, Madame, Voftre, &o <^f Parti ce $o.Nov. i68ÂŁ.
Avis pour placer les figures. Lair, Ma douleur ,doitregarÂť der la page 5 5 . Les armes des Cardinaux , doivent regarder la page 111.
Mf- fftr WRf
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TABLE DES MATIERES contenues dans ce Volume. PRelude. j Portrait d» Roy. 3 "Détail des Ceremonies obfervées le jour que l'on confacral'Eglife Paroijfiale de Versailles , avec la Defcripion de cette nouvelle Eglife,& du Bajlintent des ?reftres de la M'Jfion. j 1 Devifes. , . 23 Sonnet. 24 Déclaration du Roy. 25 Madrigal.. ^9 BJfioke /31 Corp a report. 3 1> fable. 43 Réjoiiijfmces faites au Havre de Grace. . 55
TABLE. Madrigal. 64 J%uefiiongalante avec la réponfe. 66 Quatrième fuite de /Hifioire des Efiampes , contenant toutes celles qui ont efié gravées d'apre's les Ouvrages de M. le Brun. 69 Efiampes de M.Vandermeulen. 1 03 Ordre du Roy de Danemarc pour re lâcher les Vaifieaux de Ham bourg. 105 Bout de l'An defeu M. le Chance lier, no Uifioire. 112 K^Armesdes nouveaux Cardinaux , avec plufieurs chofes concernant leursperfonnes , tjr leur natffance. 12 1 Détail de tout ce qui s'ejl faffë à Fontainebleau le \our que Sa Maiefié donna le Bonnet à M. le Cardinal Ranuzzi, 151 Baptefme du fils de Monfieur le
TABLE, Comte de Magny. 1 (S5 Ouverture du Parlement. i6j Ouverture de la Cour des Aydes. Monfieur de Menibtu receu Avocat General au Parlement de Rouen. i 68 tmtloU de Monfieur de Mollondin, Morts. K^dhajes données. zoi Fondation d'un Hôpital de la Charité a Mets par Monfieur l'Evêque de Mets, 103 Hiftoire des Oracles. 1 04 Nouvelles Lettres du Chevalier d'Her.... 205 Noms de ceux qui ont deviné les Eni gmes. 108 Enigmes. n2 Lettre de Confiantinople. 116 foyage du Roy à Fontainebleau. 116 Fermeté de Sa Majefié dans l'ope~ ration quelle s'efifait faire. F
I
N.
Extrait du Privilege du Roy. PAr Cracc & jPtivilcge dii Roy , donné , Chaville le 18. Juillet 16&3. Signé , Par le Roy en fon Confeil , Iunquiéres. II eft, J permis à I. D. Ecuyer, Sieur de Vizé de faire imprimer tous les Mois un Livre in titulé MERCURE GALANT , contenant plusieurs Pieces , Relation , Hiftoîtes Avantures , & autres Ouvrages hiftorique, cu rieux & galans , pour la fatisfadion de nôtre cher & tres.amé Fils Le dauphin ; pendant le temps & efpace de dix années, à compter du jour que chacun defdits Volumes fera achevé d'imprimer pour la premieres fois : Comme auflî défenfes font faircs à tous Libraires , Imprimeurs Gra veurs & autres , d'imprimer graver & de biter ledit Livre fans le conkntcmcnc de l'Êxpofant, ny d'en extraire aucune Picce,ny Planches fervant à l'ornement dudit Livres mefroe d'en vendre feparément, Sc.de donner à lire ledit Livre , le tout à peine de fi x mille raille livres d'amende contre chacun des contrevenais , & confifeation des Exem plaires , contrefaits ; ainfi que plus au long il'eft porté audit Privilege. Kegiftréfur le LivreAe lnjCommunauté le 14 j Signé Angot , Syndic. Et ledit Sieur I. D. Ecuyer , Sicut de Vizé , a cedé & tranfporté fon droit de Privilege à Thomas Amaulry, Libraire à Lyon , pour en jouit fuivanc l'accord fait entr'eux.
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