Re-Produire en Ville
Nicolas BERENBACH Master 2 - Février 2020
Agriculture urbaine sur l’Île-Saint-Denis
Directeurs d'études : Arnaud SOMPAIRAC Léa MOSCONI École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Val de Seine
Figure 1 Côté ouest du site
Figure 2 Côté est du site avec l'entrée depuis la N310
Figure 3 Photo du pont ferroviaire depuis le site
Avant-propos Depuis mon rapport de licence dans lequel j’avais traité le sujet de la construction en terre crue, j’ai vraiment pris conscience de la nécessité de faire autrement, de trouver des alternatives à ce qui peut être fait aujourd’hui. Trouver d’autres manière de concevoir, de construire, utiliser d’autres matériaux, garder le lien avec le local, etc. Je me suis rendu compte que le milieu dans lequel j’allais travailler plus tard, celui du BTP était l’une des plus grosses sources de déchets et pollution dans le monde. Ces réalisations m'ont amené à vouloir travailler l'architecture d'une manière différente, en lien avec le milieu dans lequel elle se trouve, avec la nature. Suite à cela j'ai fait le choix du DE1 écologie depuis le début de mon Master. L’architecture à un rôle important à jouer dans une société qui est en changement constant car elle est la structure dans laquelle nous vivons. Elle peut être une vitrine de ces changements pour le monde. Nous avons la possibilité de pousser la société à changer grâce à ce que nous construisons et comment nous le faisons. Je pense que le choix du DE écologie m'a permis de réfléchir d'autres manières et d'approfondir mes connaissances dans le domaine d'une architecture différente et durable. Il y a certains aspects qui m’intéressent plus spécialement que j’ai pu traiter dans le cadre de ce PFE, notamment la question de la production en ville avec l'agriculture urbaine. Un autre aspect qui a beaucoup d’importance pour moi est la matérialité, à la fois d'un point de vue constructif mais également d'un point de vue spatial. Ce Projet de Fin d’Étude à été pour moi l’occasion de faire le point sur mes études, mais également de faire le point sur ma vision de l’architecture pour le monde dans lequel nous vivons. J’ai essayé au mieux d'appliquer cette façon de faire l’architecture au travers de la conception, du lien avec le contexte, la matérialité, etc. J’ai donc mis en œuvre une solution possible qui m'a semblé la plus adaptée au contexte.
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Domaine d’Étude
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Figure 4 Regard vers Villeneuve-la-Garenne depuis l'ĂŽle-Saint-Denis proche des entrepĂ´ts
Introduction Tout commence en 2018 quand la commune de l'Île-Saint-Denis rachète la parcelle à son ancien propriétaire, Colas. Le terrain laissé est en mauvais état, les terres sont en partie morte ou très pauvres en matière organique pour celles qui ne sont pas recouvertes en surfaces par de l'enrobé ou par une dalle de béton. La commune veut que cette parcelle devienne une partie du parc départemental et relie celui-ci à la pointe nord de l'île. Mais avant d'en venir à cela, l'association Halage se propose d'investir la parcelle et d'en faire un lieu qui permettent de faire revivre les sols et produire. Mais Halage désire faire cela tout en mettant en œuvre ces raisons d'êtres, la réinsertion de personnes en marge de la société par la professionnalisation. C'est un pari accepté par la ville qui va "prêter" la parcelle à Halage sur une durée de 10 ans au bout desquels l'association devra rendre le terrain à la ville. Ce site est pour l'association Halage la possibilité de montrer ce qu'elle peut faire et mettre en avant ce qui lui est important : l'environnement et l'emploi local. C'est également la possibilité d'investir la parcelle d'une manière différente, adaptée au monde dans lequel nous vivons. Un monde en changement où l'on revient vers une production plus locale et donc qui va venir se réinstaller en milieu urbain. Ce morceau de territoire se trouvant sur une île, à ces spécificité propre. De plus il se trouve sur un territoire fragmenté, entre deux milieux urbains différents. Un territoire fragmenté par la nature et par ces occupants et occupations. Comment ce site au travers de son occupation peut-il relier ce territoire ? Pour nous, en temps qu'étudiants, c'est une possibilité de partir de quelque chose qui fonctionne, dans un milieu avec ces propres possibilités et contraintes. On arrive avec un regard extérieur pour proposer une autre perspective sur les choses, apporter d'autres idées. Chercher une manière de faire la ville différente avec un lieu tourné vers la production mais de manière alternative.
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Figure 5 Prise de vue des berges du site depuis le pont traversant vers Gennevilliers
Sommaire Avant-propos 5 Introduction 7 Contexte 11 L’Île-Saint-Denis 13 Site 25
Avec quoi investir le site? Réintroduire la production en ville Des acteurs Travailler ensemble
Comment investir le site? Rattacher le site au contexte S’implanter sur le site
Comment construire le site? La matière
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Annexes 85 11
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Figure 6 Situation de l’Île-Saint-Denis en région parisienne dans les trames bleu et verte - 1:150 000
Contexte
Figure 7 Photographie des quais de Seine de l’Île-Saint-Denis entre 1945 et 1955 - (Source: centreblog.net)
Figure 8 Photographie des quais de Seine de l’Île-Saint-Denis entre 1945 et 1955 - (Source: centreblog.net)
L’Île-Saint-Denis Histoire L’Île-Saint-Denis n’a pas toujours été une seule entité unie. À l’origine, elle était composée de 7 différentes îles. On en garde encore la trace avec le nom de certains lieux notamment “l’Île de Vannes” qui est la partie la plus au sud de l’île. La commune est créée à la fin du XIXe siècle avec la réunion des îles de l’époque qui étaient au nombre de 4. Avant cela au temps des invasions barbares, l’île sert de protection contre les raids avec la construction d’un fort. De par sa situation, elle permettait de protéger la ville de Paris des envahisseurs venants de la Manche en remontant la Seine. Par la suite, les îles ont changées plusieurs fois de mains. Il y a eu notamment une période importante sous le contrôle de l’abbaye de Saint-Denis qui a eu une très grande influence sur le territoire. C’est d’ailleurs suite à leur occupation de l’île centrale, autrefois nommée Île de Châtelet, qu’elle prend le nom d’Île Saint-Denis. Au XIXe siècle, les diverses îles vont servir de dépotoirs pour les gravats et déchets engendrés par les travaux de réaménagements menés par Haussmann à Paris. Cela va permettre de joindre les diverses îles séparées par des petits bras de la Seine et de monter le niveau de l’île par rapport au niveau de l’eau. C’est à cette époque-là que va se développer le port d’amarrage dû à son positionnement sur la route fluviale Paris-Rouen-Le Havre qui connaît un essor de la marine marchande. En parallèle aux mariniers et pêcheurs, on va retrouver d’autres métiers en lien avec la présence du fleuve comme les scaphandriers et les blanchisseuses. C’est également à cette époque que l’on va construire les premiers ponts qui vont permettre de remplacer les bacs et autres bateaux qui étaient les seuls moyens de rejoindre la terre ferme. Cela avoir pour résultat de faciliter et accélérer le développement de l’île. Vers la fin du XIXe, on va voir arriver le chemin de fer qui va permettre au Parisien de venir sur l’île les fins de semaine. Cela va amener à une forte croissance du nombre de guinguettes suite à l’arrivée de plus en plus de Parisien. C’est aussi à cette période qu’un nombre important de peintres impressionnistes vont venir peindre sur l’île dont Alfred Sisley et Gustave Caillebote.
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Figure 9 Photographie aérienne avec la situation de l’Île-Saint-Denis - (Source: Google Maps) 0
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Situation La commune de L’Île-Saint-Denis se trouve à l’ouest du département de la Seine-Saint-Denis à la limite avec les Hauts-deSeine. Elle occupe aujourd’hui la quasi-totalité de l’île située entre Saint-Denis et Villeneuve-la-Garenne. La pointe extrême sud, nommée l’île de Vannes appartenant à la commune de SaintOuen. L’île se développe sur une longueur de 7 km et sa largeur varie jusqu’à un maximum de 250 m de large. L’île est accessible à trois niveaux à partir des rives est et ouest. Les accès sont permis grâce à la traversée de routes qui enjambe la Seine. Au nord, nous avons la N 310, au centre la N 186 et au sud la D 20. L’île est également traversée par l'A 86 dans sa moitié sud qui enjambe à la fois la Seine et de l’île. Au Nord, entre la N 310 et l’extrémité de l’île, il y a le passage de la ligne C du RER.
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Deuil-laBarre Saint-Gratien
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Figure 10 Carte des trames bleue et verte autour de l’Île-Saint-Denis 0
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Sauvage
Trame Verte et Bleue Sur le territoire qui entoure l’Île-Saint-Denis il y a la présences de divers milieux écologiques. Ces milieux même si de natures différentes permettent d’avoir par endroits des continuités écologiques, de former des réservoirs de biodiversité ou des corridors écologiques. L’île entière de par sa position est intégrée à la trame bleue étant entourée par les deux bras de la Seine. Depuis la Seine au niveau du centre de l’île part le Canal Saint-Denis qui va rejoindre les bassins de La Villette. Sur le territoire, il y a également la présence de quelques autres zones humides dont le lacs d’Enghienles-Bains ou le lac et les étangs situés dans le Parc des Chanteraines. La présence de la trame verte ce fait par le biais de divers types de milieux végétalisés. Que ce soit des milieux transformés et façonnés par l’Homme comme les parcs/jardins, les équipements sportifs extérieurs ou encore les terres agricoles ou alors que se soit des milieux sauvages ou du moins en majorité naturels ils participent tous à la trame verte. Sur le territoire, on trouve des milieux très divers et assez éparses mis à part certains endroits qui peuvent constituer des réservoirs importants de biodiversité. Le Parc des Chanteraines et le parc départemental de l’Île-SaintDenis permettent de constituer une continuité sur le territoire et le long de la Seine avec l'aménagement des berges en parc qui protège ces milieux riches en biodiversité. On peut donc constater un morcellement de la trame verte et bleue sur le territoire qui n’arrive pas à installer de véritables continuités pour la partie terrestre malgré la présence de certains réservoirs de biodiversité. Le seul élément qui arrive à créer une continuité est la Seine avec le milieu aquatique, mais aussi par endroit avec la conservation des berges.
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Deuil-laBarre Saint-Gratien
Montmagny
Enghienles-Bains
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Figure 11 Carte des maillages viaires dans le contexte de l’Île-Saint-Denis 0
Voie Primaire
Maillage des transports L’île-Saint-Denis étant une île pour accéder au réseau routier et celui des transports en commun, il est nécessaire de pouvoir traverser sur les rives opposées. Il y a principalement trois points qui remplissent cette fonction : une traversée au nord, une au centre et une au sud. En terme de circulation en voiture, le maillage viaire est relativement dense sur le territoire. Tout d’abord, il y a l'A 86 qui traverse l’Île-Saint-Denis et reste accessible rapidement depuis les divers points de l’île. On se trouve également proche de l'A 15 à l’ouest et l'A 1 à l’est. L’île elle-même est traversée par des routes nationales ou départementales qui permettent de rejoindre d’autres points du territoire assez rapidement. Le territoire étant proche de Paris, le maillage du réseau des transports en commun reste assez importants et laisse tout de même certaine zone assez difficilement accessible. L’île dispose d’une desserte assez hétérogène en terme de transports en commun. Le centre avec la plus forte densité d’habitant est traversé par le T1 et se trouve très proche de la gare de Saint-Denis où circule le RER D et la ligne H du Transilien. Au sud, on a la possibilité d’accéder au RER C ou au métro 13, mais ces deux options sont assez loin à pied et nécessite de prendre le bus. Pour le nord de l’île, on se trouve proche d’une autre gare du RER C, celle d’Épinay-sur-Seine, et proche du T8. Sur l’île, on trouve également la ligne de bus 237 qui dessert de nombreux arrêts du nord au sud de l’Île-Saint-Denis.
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Terrain en mutation vers de l’habitat
Occupation des sols On le sait de par son nom, l’Île-Saint-Denis est une île, et pour être relié au reste du territoire, il est nécessaire d’avoir des ponts. Si l’on regarde une carte de la commune dans son intégralité, on pourra remarquer assez rapidement que celle-ci est coupée à 5 niveaux par des voiries. De ces 5 voiries, trois connectent les rives de l’île aux rives opposées et permettent aux habitants d’accéder au reste du territoire. Il y a la N 310 au nord, la N 186 au centre et la D 20 au sud. Les deux autres voiries ne font que traverser l’île, la première qui se traverse l’ancienne zone industrielle en son milieu est l'A86. Puis il y a au nord le pont du réseau ferré qu’emprunte le RER de la ligne C. Si on regarde avec plus de précisions l’occupation des sols de la commune, on remarquera que celles-ci sont regroupées par typologie ce qui forme des strates sur la commune que l’on traverse en allant du nord au sud. Le centre-ville avec la majeur partie des logements se trouve autour du centre de l’île au niveau de la traversée de la N 186. Il y a une autre concentration de logement au sud qui s’étend depuis quelques années sur les anciennes friches industrielles. Avec la venue des Jeux olympiques en 2024 ce quartier va accueillir une partie du village olympique qui sera reconverti en logement en période d’après Jeux. Les deux zones de logements ont une frontière avec ce qu’il reste de la zone industrielle. Pour ce qui est de leur seconde frontière, elles vont toutes les deux êtres avec une strate d’équipement public. Au sud, sur “l’île de Vannes”, on va retrouver des équipements sportifs pouvant également accueillir des événements culturels. Au nord, on va retrouver des équipements sportifs et le collège Alfred Sisley. En continuant au nord, on retrouve le parc départemental de l’Île-Saint-Denis qui occupe quasiment 1/3 de la surface de la commune, suivi de la friche laissée par Colas. Enfin, à l’ouest du pont ferroviaire, on a un espace naturel jusqu’à la pointe “nord” de l’île.
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0 13 Carte 100 des200 500 m Figure temps de trajets sur l’Île-Saint-Denis - (Source: Google Maps)
Trajets sur l’île La commune de l’Île-Saint-Denis étant étendu sur 7 kilomètres, aller d’un bout à l’autre à pied peut s’avérer long. Pour des habitants n’ayant pas de véhicule personnel, il reste plusieurs possibilités, les transports en commun, le vélo ou le déplacement à pied. Le premier étant le plus rapide, il faut toutefois prendre en compte les horaires de passages et en fin de semaine et les jours fériés, le passage du bus est moins fréquent. Pour ce qui est des deux autres moyens de transports, ils permettent d’être plus libre de ces déplacements, mais ne sont pas aussi rapide surtout pour la marche à pied. De plus faire les trajets à vélo ou a pied pour longer l’île sur le bord de Seine n’est pas très agréable. Pour les vélos, il faut circuler sur le Quai de la Marine (D 1 bis) sur lequel les véhicules motorisés circulent à des vitesses plus importantes. On voit par les temps de trajets que l’accès au site n’est pas forcément pratique pour une grande majorité des habitants de la commune de l’Île-Saint-Denis qui se situe soit autour du centre ou au sud de l’île. Il faut donc considérer que les populations les plus directement concernées ne sont pas celles de l’Île-Saint-Denis du moins pour un programme qui aurait un champ d’action et de l’attrait au niveau d’un quartier.
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Gare RER et Tram d’Epinay-sur-Seine
Studio d’Epinay
Pointe nord non accessible
Parc départemental de l’Île-Saint-Denis
Veolia Recyclage
Figure 14 Photo aérienne de 2018 - Etat du site avant investissement par Halage (Source: Géoportail)
Site Situation Le site se trouvant sur l’Île-Saint-Denis, il est donc pris entre le bras nord et sud de la Seine qui sépare l’île de la terre ferme. Il se situe quasiment à l’extrémité nord de l’île coincé cette fois-ci entre la N 310 et le pont du RER C. À l’est du site on trouve le parc départemental de l’Île-Saint-Denis et à l’ouest la pointe de l’île qui est laissée à l’état sauvage mis à part le chemin qui mène à l’îlot de survie. Celui-ci approvisionne l’eau de la Seine qui passe au niveau de l’île en oxygène ce qui permet à la faune et la flore de mieux se développer dans un rayon plus ou moins grand. Le terrain à une longueur moyenne de 335 m et une largeur qui varie entre 125 et 90 m pour surface totale de 3,6 ha. L’accès actuel à la parcelle pour les véhicules, les travailleurs et les visiteurs se fait par le côté est via la nationale avec un portail au sud de la parcelle. Le site est relativement proche de la gare d’Épinay-sur-Seine qui se trouve sur la ligne C du RER. On trouve d’ailleurs sur le chemin de la gare juste après avoir traversé la Seine le Studio d’Épinay qui existe depuis 1907, mais présent sur ce site depuis les années 50. Directement, en face de la berge sud, on va trouver le site de Veolia Recyclage qui fait parti d’une vaste zone portuaire et logistique. La majorité de l’Île-Saint-Denis se trouve à 6 m au-dessus du niveau de la Seine. Le site lui se trouve, hormis les berges qui appartiennent au VNF1, entre 8 à 10m . Le site est donc hors de danger pour la très grande majorité des crues2.
1 Voies Navigables de France 2 La crue centennale de 1910 atteint une hauteur de 8,62m au niveau du pont d’Austerlitz à Paris.
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Figure 15 Photo aérienne de 1949 - Des parcelles de cultures sont présentes sur le site actuelle (Source: Géoportail)
Figure 16 Photo aérienne de 1965 - Le pointe de l’île, aujourd’hui fermée au public, servait à l’entreprise présente sur notre parcelle (Source: Géoportail)
Historique Avant d’être racheté par la commune, ce terrain à été occupé par des activités diverses. Depuis son appropriation par l’homme jusqu’au début des années 1900, le terrain était occupé principalement par de la culture agricole. Par la suite, le site à accueillie du stockage d’explosif et d’artifice pour le compte d’un privée puis de 1940 à 1945 l’armée allemande y a stockée de l’armement. Jusqu’en 1950, le terrain à été en partie friche et potager pour les habitants en proximité. Après cela, ce sont deux entreprises (Joyau et Colas) de voirie et de réseaux divers qui ont occupé le terrain comme lieu de stockage de matériaux de construction, de véhicule et accueillait également quelques bureaux et locaux pour les ouvriers. La plupart des activités menées sur le site au cours de son histoire ont laissé des traces dans les sols en les polluant de par les activités elles-mêmes ou par les produits qui y ont transités. Le terrain appartient maintenant à la commune de l’Île-Saint-Denis et est occupé par l’association Halage qui à un bail sur une durée de 10 ans démarré en 2018. À la fin de cette période, le terrain sera rendu à la commune et deviendra le prolongement du parc départemental.
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Activité Tertiaire Logistique Commerciale Culturelle
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Logement Individuel Collectif Public Equipement Parc/jardin
Figure 17 Carte des maillages viaires dans le contexte de l’Île-Saint-Denis - (Source: Institut Paris Région)
Typologie urbaine Le site est dans un milieu urbain avec des typologies très diverses, mais qui sont très hétérogènes et se présente presque comme des strates. La parcelle se trouve dans la continuité du parc départemental de l’Île-Saint-Denis à l’est qui est continué à l’ouest par la pointe de l’île qui est elle sauvage. On a donc une sorte de continuité verte qui s’installe et forme une bande qui est elle prise entre les deux bras de la Seine. Au nord, il y a une très forte occupation par de l’habitat avec un mélange de logement individuel et collectif. Le logement individuel se trouve majoritairement sur le coteau qui monte depuis la berge et on trouve le logement collectif (privée et sociale) plus en retrait par rapport à la Seine sur les hauteurs. On va retrouver beaucoup de pavillons individuels dont les plus anciens sont faits en pierre meulière. Au sud, on retrouve la une présence importante d’activité. Vers l’ouest, se trouve la zone logistique liée au port commerciale de Gennevilliers dans laquelle l’on va trouver des bâtiments plutôt industrielle, avec des grandes surfaces au sol comme les entrepôts. Puis autour de la N 310 et vers l’est, on trouvera de l’activité plus mixte avec, à certains endroits, une concentration d’activité tertiaire et donc de bâtiment de bureau. La bande verte dans laquelle se trouve le site est donc prise entre une bande de logements au nord et une bande d’activité au sud. En terme de densité, on se retrouve avec des densités très différentes. Au nord, avec l’habitat individuel, vient une densité au sol plus importante et du bâti de petite taille. Sur l’île, il y a une densité quasiment nul avec deux bâtiments restant de l’occupation par Colas et certain bâti technique pour le parc. Ensuite, au sud, on se retrouve avec une densité moins importante qu’au nord, mais avec une concentration du bâti plus importante et donc des espaces vides assez importants.
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Figure 18 Vue depuis le site vers la Gennevilliers - On aperçoit le site de tri des déchets de Veolia Recyclage
Figure 19 Vue depuis le pont de la N310 - A droite le site et à gauche la rive de Gennevilliers occupée par Veolia Recyclage
Figure 20 Vue depuis le site vers Epinay-sur-Seine - On peut voir les pavillons de styles divers
Figure 21 Vue depuis le pont de la N310 - A droite la rive d’Épinay avec du logement individuelle sur le coteau et du logement collectif sur les hauteurs et à gauche le site
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Figure 9000 22 Evolution de la population d'Épinay-surSeine - (Source données : commune-mairie.fr) 30000 8000 7000 20000 6000 10000 5000 4000 3000
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Figure 23 Evolution de la population de l'Île-Saint-Denis - (Source données : commune-mairie.fr)
Population La situation du site sur la commune de l’Île-Saint-Denis place celui-ci à une distance-temps importante pour les populations qui pourrait être intéressées d’y venir. La population de la commune n’est donc pas la population qui a le plus d’intérêt à étudier. Comme on a pu le voir ci-dessus, en proximité du site, nous avons les communes d’Épinay-sur-Seine et celle de Gennevilliers. La partie de Gennevilliers étant proche du site étant très majoritairement de l’activité, étudier sa population n’as pas vraiment de sens. Il nous reste donc la population d’Épinay-sur-Seine. Il peut toutefois être intéressant de comparer les populations d’Épinay-sur-Seine avec celle de l’Île-Saint-Denis et celle de la Seine-Saint-Denis. On remarque au premier abord que les populations sont assez similaires sur certains points importants, mais en regardant plus en détail, on peut voir apparaître certaines petites différences1. Le nombre d’habitants est très différents entre l’Île-Saint-Denis et Épinay-sur-Seine qui ont respectivement 7 786 et 55 593 habitants2. Tout d’abord dans les deux communes, la population est plutôt jeune avec plus de la moitié de celle-ci qui à moins de 45 ans et la tranche d’âge la plus importantes étant celle de 0 à 14 ans. On va donc chercher à avoir un programme qui s'adresse à un public jeune. On peut voir également que dans la population en âge de travailler est assez également répartis avec entre autres une population active employé similaire. La seule différence dans ce domaine est la population au chômage, plus importantes sur l’Île-Saint-Denis à 17% pour 12% à Epinay soit quasiment 1/3 de plus. Il paraît important de se tourner vers des programmes orientés vers la création d'activités professionnalisantes pour donner de nouvelle perspective à certains domaines bouchés. Le moyen de transport le plus utilisé pour se rendre au travail est dans les deux cas très majoritairement le transport en commun avec plus de la moitié des personnes concernées. Dans la mise en place du projet au niveau urbain il faudra avoir un accès pédestre valorisé et qualitatif car la majorité du public accédera de cette manière.
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Voir les divers graphiques en annexe Chiffres de 2016 d’après le site insee.fr
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Figure 24 Groupe de Cormorans
Environnement Faune et flore Depuis 2006, le site avec à l’est le parc départemental et à l’ouest la pointe de l’île nord font partie d’une zone Natura 20001 qui et répartie sur 15 sites aux totales sur l’ensemble du territoire du département de la Seine-Saint-Denis. Même si le site a sur une grande majorité de sa surface une faune et flore très pauvre dû à son ancienne occupation, les berges sont elles des éléments très riches dans les deux domaines. Toutefois, il a été remarqué que sur les zones où la terre est pauvre, la nature reprend peu à peu ses droits. Flore Comme dis plus haut, une majeure partie de la parcelle n’as quasiment aucune de flore mis à part sur les berges qui appartiennent au VNF et possède des écosystèmes spécifiques aux berges. Sur le site on peut retrouver certaines espèces qui sont souvent retrouvées sur des terrains de friches industrielles ou qui sont polluées lorsque la nature recommence à se développer. Faune -Terrestre Au sujet de la faune, il y a quelques informations qui traite en majorité des espèces aviaires. Sur le site et la pointe de l’île, on retrouve une des espèces protégées plus particulièrement par Natura 2000 : le Martin-pêcheur d’Europe. Le Grand Cormoran est une espèce qui est très présentent sur le site, car de l’autre côté du pont ferroviaire, on peut trouver un des plus grands dortoirs de cette espèce dans la région avec quasiment 300 animaux. On peut également retrouver d’autres espèces d’oiseaux comme la Mésange charbonnière ou le Verdier d’Europe. On trouvera également une espèce de chauve-souris, la Pipistrelle. -Aquatique Il n’y a pas de relevé exact quant aux espèces de poisson que l’on va trouver dans la Seine proche du site, mais plutôt pour la Seine dans l’agglomération parisienne. Il y a un total de 32 espèces de poissons recensées pour cette zone parmi lesquelles on peut trouver, le poisson-chat, l’anguille, la truite ou le sandre.
1 Le réseau Natura 2000 à pour but de protéger un certain nombre d’espèces ainsi que leur habitat qui sont représentatif de la biodiversité européenne.
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Remblais végétalisés avec pénétration des racines sur plus de 50 cm de profondeur. Mécanismes de pédogenèses en cours
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2 km
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Remblais en cours de végétalisation, enracinement superficiel. Horizons parfois compacts Terre végétale d’origine agricole pauvre en matière organique, non végétalisée. Potentiel agronomique très bon
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Remblais fortement compactés par la circulation, décompactions nécessaire pour l’installation des plantes Zone fortement remanié. Potentiellement le secteur le plus technique à végétaliser
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Zone recouverte d’enrobé ou de dalle béton
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Figure 25 Etudes des sols - Surface en majorité emrobée avec des gravats
Nature des sols Les diverses activités qui se sont succédées sur le site depuis 1945 n’ont pas laissées un terrain tel qu’il avait été trouvé. Il y a eu une minéralisation des sols importants à l’est de la parcelle dû à la proximité avec la N310 et donc l’accès au site. Le dernier utilisateur du site a été Colas. L’entreprise se servait de se site comme lieu d’entreposage des matériaux avant de les transporter sur le chantier pour des raisons de logistique. Le site a également servi de dépôt/décharge pour les matériaux restant des divers chantiers qu se soit des bordures, des pavés voir même le béton ou le goudron restant dans le fond du camion toupie. Ces pratiques également menées de l’autre côté du pont ferroviaire pendant un temps ont laissées des marques sur le site. Ces marques ne sont pas forcément visibles à la surface à par le fait que la végétation soit très pauvre, voir quasiment désert. C’est dans la terre que l’on va pouvoir voir ou détecter les marques du passé. En creusant, on tombera sur des strates complètes ou partielles d’enrobé ou de béton. En analysant les terres, on remarque que celles-ci sont pauvres en matière organique voir quasiment “morte” et qu’il y a des traces de métaux lourds et d’hydrocarbures ou de gaz par endroit. Sur les berges, parcelle appartenant au VNF, la terre n’a été que faiblement touchée par cette pollution à cause d’éventuels écoulements depuis les terres polluées.
39
Figure 26 Sol sur le site - Surface en majorité enrobée avec des gravats
Figure 27 Sol sur le site - Forte présence de gravats en surface et reste de déchets abandonné
Figure 28 Sol sur le site - Surface betonnée puis passage à de la terre avec de la végéataion
Figure 29 Sol sur le site - Surface
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Figure 30 Plan topographique du site
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1 ligne par mètre de dénivelé
Topographie La topographie sur le site est un élément important. La parcelle est surélevée de 8 m à l’ouest de la parcelle et monte jusqu’à 10 m à l’est. Les berges sont par conséquent assez escarpées montant le dénivelé sur 5 à 6 mètres. À l’ouest avec le passage du pont ferroviaire on a un talus qui raccorde le niveau de la parcelle avec celui du chemin de fer qui est plus haut de 7 m par rapport au point bas de ce côté de la parcelle. On retrouve un talus à l’ouest de la parcelle, de l’autre coté de la N310, qui marque le début du parc départemental et qui monte à la même hauteur que le pont ferroviaire soit 35 m. Sur la parcelle, on a un dénivelé qui est assez faible (quasiment du plat) en partant de l’ouest pour aller vers l’est et qui va devenir plus fort en se rapprochant de la N310.
43
Figure 31 Les bras de la Seine
Figure 32 Les réseaux viaire
Figure 33 La végétation
Barrières Le site, dû à plusieurs facteurs, est coupé du territoire directe constitué par la commune dans laquelle elle se trouve, l’Île-SaintDenis, mais aussi les communes avoisinante d’Épinay-sur-Seine et de Gennevilliers. Tout d’abord, nous avons ces barrières qui sont physiques et coupe le site de son lien avec sont territoire direct. Le premier élément qui va faire barrière est la Seine. En se divisant en deux bras pour former l’île sur laquelle se trouve le site, la Seine va créer une rupture. On ne peut pas aller sur les berges d’en face à moins de prendre une embarcation. On est donc coupé de la ville d’Épinay-sur-Seine au nord et celle de Gennevilliers au sud. Malgré le fait que les transports permettent de relier les différents points du territoire entre eux et relier l’île à la terre ferme, ils vont dans notre cas venir former de nouvelles barrières. Ils vont interrompre la continuité de l’île elle-même. La N310 va venir couper à l’est le lien avec le parc départemental et avec le pont du chemin de fer de la ligne C l’on va faire de même avec la pointe de l’île nord. En plus d’apporter des barrières physiques, ces deux éléments vont apporter une importante nuisance sonore. Le site se trouve isolé tout en étant complètement entouré. On va ensuite faire face à un autre type de barrière, une barrière visuelle. C’est la végétation présente sur le pourtour de la parcelle. Elle est pour la plupart formée d’arbres d’une hauteur moyenne de 10 à 15 mètres. La végétation va donc couper le lien visuel que l'on pourrait avoir depuis la parcelle vers l’extérieur et vice-versa. Bien entendu comme les arbres présents sur le site dont des feuillus, cette barrière visuelle n'est pas permanente et change en fonction des saisons.
45
Avec quoi investir le site?
Figure 34 Proposition pour Europan 14 "Ville Productive" sur le site de Grigny - (Source: tu-du.fr)
Réintroduire la production en ville Problématique contemporaine Aujourd’hui, notre société est face à plusieurs crises. Tout d'abord une crise écologique : réchauffement de la planète, destruction de la faune et de la flore, raréfaction des matières premières, pour n’en citer que quelque unes. Nous devons donc requestionner ces modes de penser, revoir notre manière de vivre, de faire, de produire. La question de durabilité est également devenue centrale dans le débat public et dans le livre Cradle to Cradle, William McDonough et Michael Braungart posent le postulat suivant : « Toute durabilité est locale ». Nous faisons face également à un déracinement de la société, et cela, de manière plus forte dans les villes. Comme l'explique Magnaghi dans son livre Il Progetto Locale il en arrive à la conclusion que la société dans laquelle nous vivons amène à être déraciné du local, que socialement nous ne sommes plus attachés au lieu. Il définit également ce qu'est le local. C'est « l'espace physique – milieu des vivants – et les multiples modalités de son investissement par les humains » (Magnaghi, 2003). Une partie de ce déracinement est dû à la délocalisation des activités de production que ce soit alimentaire ou autre. Donc, pour faire face à ces crises, il faudrait rapprocher la production et la réinsérer dans le tissu urbain. Cela permettrait de limiter les distances parcourus par les produits et donc faire du circuit court pour aller jusqu'à l'économie circulaire. On aurait également un savoir-faire local et complet de ce qui est fabriqué. La ville productive. Tel était le dernier thème du concours Europan pour les sessions 14 et 15. Cela montre bien à quel point c’est un thème actuel et contemporain. Pendant longtemps, l’Homme a cherché à sortir la production des villes. Avec l’arrivée de l’industrie, on a voulu rassembler toutes les unités de production, auparavant disséminées aux quatre coins des villes, et il a fallu par conséquent les mettre aux portes des villes où il y avait de la place. Plus les villes ont grandi, plus ces lieux de production se sont éloignés. On en est même arrivé avec la mondialisation à avoir des lieux de production qui se retrouvent à l’autre bout du monde.
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Production et vente maraîchère locale
Pôle recherche et développement Expositions
Conservation de la faune et de la flore
Cinéma Librairie médiathèque
Agricole
Culturelle
Production Industrielle
Energetique Electrique
FabLab
Ressources naturelles Makers
Bio masse
Figure 35 Type de production en milieu urbain - (Source: Arkhenspaces)
Thermique
Quel type de production Vouloir produire en ville n'est que le premier pas. Il faut ensuite décider ce que l'on va produire. Il faut pouvoir insérer la production en milieu urbain et donc dans la majorité des cas sur une surface plus petite. Tout d'abord, il est nécessaire de revoir le processus et voir comment celui-ci peut être optimisé pour prendre moins de place s'il peut l'être. Une autre possibilité est de diviser un seul lieu de production en plusieurs parties et s'installer sur plusieurs sites dans le tissu urbain. Il existe aujourd'hui des types de productions très diverses que l'on peut classer en 4 catégories différentes: énergétique, industrielle, agricole et culturelle. Au vu de notre positionnement sur le territoire, entre d'un côté de l'habitat et de l'autre de l'activité, il pourrait s'avérer intéressant d'avoir des productions qui permettent de se tourner et interagir avec les deux. Le côté culturel et en partie agricole peut être considéré pour leur lien avec la population locale qui se trouve sur la commune d'Epinay-sur-Seine, car ils ont un attrait pour une partie significative de la population. La culture avec tous les arts divers et variés est vue sous forme de loisirs ou de savoirs. L'agricole peut avoir un attrait pour l'aspect pédagogique qu'il peut avoir, le lien que l'Homme a avec la nature. Les quatre catégories se prêtent à avoir un lien avec la zone d'activité de Gennevilliers, car il s'agit de produire et donc de d'avoir une activité au sens économique du terme. Il faudra donc dans le choix des acteurs à veiller à ce que l'on trouve des éléments de programme tournés vers l'accueil du public et d'autres vers l'activité.
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Figure 36 Dessin d'employés de Halage à l’œuvre - (Source : " Carnet de voyage : chemins de halage")
Des acteurs Halage Un acteur important de l’Île-Saint-Denis Association née en 1994 sur l’Île-Saint-Denis, Halage est une association de l’ESS1. Deux objectifs la mène depuis sa création : agir en faveur de l’environnement et favoriser la création d’emploi sur le territoire. Le but est de venir en aide au personne en marge de la société et leur donner une chance de réintégrer celle-ci en leur proposant un emploi qualifiant et de l’assistance sociale. Le but étant que ces personnes soient de passage chez Halage pour laisser la place à de nouvelles personnes qui pourront à leur tour recevoir de l’aide. La majorité de l’activité de Halage se trouve donc sur des chantiers de travaux verts (entretiens de la végétation des berges, d’espaces verts, de jardins) mais ces activités ce sont diversifiées au fil du temps. Au fil des ans, Halage à eu la possibilité d’agrandir son périmètre géographique grâce à des chantiers, d’abord dans d’autres communes de Seine-Saint-Denis, puis plus tard à Paris ou en région parisienne. On a aujourd’hui des associations ou société diverses, tout en restant dans le domaine de la nature, comme les Alchimistes qui récupèrent les déchets organiques pour en faire du compost ou les Fleurs d’Halage qui font de la production et vente de fleurs. A travers ces divers activités l'association cherche tout d'abord à pouvoir former des personnes en marge de la société. Après cela Halage va les aider à trouver du travail ailleurs pour pouvoir libérer une place pouvant prise par une autre personne dans une situation similaire. Le but est que ces emplois soient professionnalisant pour que les femmes et hommes puissent avoir un savoir spécifique et donc du poids sur le marché du travail. La formation et l'apprentissage est donc un point important dans les actions faites par Halage et les associations et sociétés qui en découlent.
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Economie Sociale et Solidaire
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Figure 37 Plantation de fleur sur le site
Fleurs d'Halage Produire avec des sols pollués En obtenant de la commune le droit d’occuper le terrain, Halage a du trouver une solution pour produire sur un terrain qui est pollué. Car faire pousser des denrées alimentaire dans un sol pollué ne permet pas d’avoir un produit sain et propre à la consommation. Par contre, faire pousser des fleurs ne pose aucun problème (mis à part si le but de la fleur est d’être consommé). Cette idée a été celle d'un des salariés en insertion de Halage. La culture de la fleur a divers atouts pour l'association et dans ce contexte. Tout d'abord la culture de la fleur permet d'acquérir des compétences utiles dans de nombreux métiers ce qui aide les personnes en insertion à trouver un autre emploi plus facilement. De plus cela permet de produire localement un produit qui dans la majorité des cas voyages des milliers de kilomètres avant d'être vendu chez le fleuriste local1. On a également des fleurs plus fraîche qui reste donc plus belle plus longtemps chez les consommateurs. C'est donc le choix de l'horticulture qui est fait pour produire sur ce site. Cela fait un peu plus d'un an que l'association produit des fleurs sur le site avec une équipe de six à huit personnes. Aujourd'hui, 1000 m2 sont utilisés pour produire des fleurs (Figure 37) mais à terme ce sont 5400 m2 qui seront dédié à la production. De cette surface, 1600 m2 seront sous une serre de 19.2 m sur 85 m et serviront à faire pousser des fleurs exotiques et nécessitant des températures élevées tout au long de l'année. Une grande diversité de fleurs seront produite dont la tulipe, l’œillet ou le dahlia. L'association va produire à la fois des fleurs vendus directement après la coupe, mais aussi des fleurs séchées. Elle a même été choisi pour fournir les fleurs des bouquets remis aux athlètes lors des Jeux olympiques de 2024.
1 80% des fleurs vendues en France sont importées par avion venant des pays de l'Afrique de l'Est ainsi que d'Amériques du Sud en transitant par la Hollande. Données venant de la présentation du site faites par Halage
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Figure 38 Baies de maturation du compost
Les Alchimistes Produire une nouvelle terre Les Alchimistes est une société qui a démarré à l'origine comme une initiative au sein de Halage. L'idée est simple, récupérer les déchets organiques de leurs partenaires (hôtels, restaurants ou magasin bio) et en faire un compost. Cela permet de revaloriser les déchets et de le faire dans un rayon proche et donc garder une échelle locale. Les déchets récupérés ne sont pas seulement végétaux, mais peuvent être également viande, poisson, fromage ou autres déchets organique. Ce procédé permet d’accélérer énormément le processus en le passant à 6 semaines au lieu de 6 mois - 1 an en laissant faire la nature. Il permet donc de produire sur une surface bien plus petite, surface qui est très prisée en milieu urbain. Sur leur site de l'Île-Saint-Denis, ils traitent 650 T de déchets organiques qui vont donner 200 T de compost. Avec la construction des nouveaux développements au sud de l'île pour le village olympique pour les Jeux olympiques de 2024, il est nécessaire d'avoir des terres végétales. Ces terres permettent que les végétaux puissent pousser. Les Alchimistes vont donc participer à fournir une partie de ces terres végétales en utilisant leur compost avec des terres pauvres en matières organiques. Les Alchimistes sont également implantés sur d'autres sites à Paris et dans d'autres villes comme Toulouse, Toulon et Marseille. Leur objectif serait d'implanter des sites comme celui-ci avec des champs d'action de 5 km. Cela permettrait de limiter la taille des sites et de diminuer les distances parcourus par les récolteurs.
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Figure 39 Processus de compostage des Alchimistes
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Un processus rodé L’implantation actuelle des Alchimistes et leurs activités suivent un processus rigoureux. Ce processus est un enchaînement de plusieurs étapes (Figure 39) qui mène du déchet organique au compost. Les Alchimistes vont eux-mêmes collecter les bacs dans lesquels se trouvent les déchets organiques de leurs partenaires en Îlede-France pour les ramener sur le site. Une fois sur site les bacs sont déchargés du camion (1) et vidés (2). Une fois les bacs vide, ils vont être nettoyés (3) pour pouvoir être amenés chez les partenaires et pouvoir les échanger avec les bacs plein. Quant aux déchets organiques, ils vont être inspectés (4) pour voir s'il n'y aurait pas d'éléments non voulu dans le produit final. En fonction de la qualité de ce que chaque partenaire fourni comme déchets organiques est attribué une note. Une fois inspectées les déchets organiques vont être broyés (5) puis compressés (6). À la suite de la compression, un jus va être produit qui va être séparé et stocké (6 bis) avant d'être récupéré par une entreprise qui au travers du processus de méthanisation de ce jus va récupérer le gaz qui s'échappe du jus. On récupère ensuite le mélange de déchets organiques pour y ajouter de la matière carboné (7) qui va être majoritairement composé des copeaux de bois. Le mélange va ensuite être transféré dans le composteur électromagnétique (8) ou le mélange va être retourné, mélangé et aéré pendant quasiment deux semaines le temps d'arriver à l’autre bout du composteur. Le composteur est un conteneur fermé qui permet d'avoir une augmentation rapide et importante de la température. Après la sortie du composteur, le mélange qui en sort est très similaire au compost fini et va être mis en baie de maturation (9). Le compost va être déplacé d'une baie à la suivante 6 fois au fur et à mesure que celui-ci sort du composteur. Au bout de quelques semaines, le compost est enfin prêt et l'on va procéder à la dernière étape du processus qui est le criblage (10) du compost. Cela permet d'éliminer les plus gros morceaux de matière organique qui n'aurait pas été complètement désagrégée dans le processus. Ces morceaux peuvent être utilisés dans le mélange matière carbonée et donc ne pas être jeté. Finalement, le compost est distribué à des clients pour une utilisation directe ou pour de la revente au grand public.
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Figure 40 Manifestante après l'évacuation de Mains d'Œuvres
Mains d’Œuvres Se saisir de l’actualité Mains d'Œuvres est une association créée en 1998. Elle va s'installer en 2001 dans des locaux au 1, rue Charles Garnier à SaintOuen, anciennement centre social et sportif pour les usines Valeo. Ce sera leur résidence jusqu'au mardi 8 octobre lorsque les forces de l'ordre sont venues évacuer tous les occupants et empêcher les employés d'y rentrer. Cela arrive suite à l'arrivée à terme de leur bail le 31 décembre 2017 que l'association avait contesté jusqu'à recevoir le jugement en juillet 2019 de quitter les lieux. Depuis 2017 Mains d'Œuvres est en bras de fer avec le maire et la municipalité. Le maire de la ville veut récupérer les locaux pour y installer le nouveau conservatoire de musique de la ville. Depuis le 8 octobre, il y a eu plusieurs manifestations et un grand mouvement de soutien de la part des habitants et également venant de ces partenaires (Etat, Région, Département, etc.). Mains d'Œuvres est devenu au fil du temps un lieu de culture et de rencontre pour beaucoup d'Audoniens et d'habitants du quartier. Les 4000m2 de locaux sont ouverts à tous 7j/7 que se soit les artistes, un public curieux ou encore des professionnelles. L'association emplois 25 personnes de manière permanente. Il y a également des résidents au nombre de 45 et 120 intermittents. L'année dernière Mains d'Œuvres à proposé 150 événements que ce soit des concerts, des spectacles ou des expositions pour plus de 25 000 visiteurs. C'est un lieu de production culturel importants sur son territoire et le plus grand lieu culturel à Saint-Ouen. Depuis le 22 janvier, après la décision du tribunal, Mains d'Œuvres à pu rependre possession de ses locaux. Dans le cadre de l'exercice, nous
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Figure 41 Locaux de Mains d'Å’uvres
La culture pour tous Mains d'Œuvres a pour mission principale de permettre aux jeunes et nouvelles idées artistiques de voir le jour. Les accompagner dans leur développement en leur offrant des espaces pour créer et en apportant son aide au travers de son expertise. L'association cherche à ouvrir au mieux l'art et les artistes à la société pour que chacun puisse s'enrichir de l’autre. L'association a plusieurs pôles qui permettent de pouvoir proposer un large choix d’activités pour que chacun y trouve son compte. Une grande partie est donc ouverte aux artistes pour qu'ils puissent pratiquer et répéter. L'association met à disposition à la location des studios, des espaces de bureaux ou de travail ouvert et des salles d’entraînement et répétition. Dans ces locaux, on trouvera également des espaces de représentations pour accueillir le public et laisser s'exprimer les artistes. Une partie des salles est également disponible pour la trentaine de formations proposées au cours de l'année. Ce sont des formations qui s'adressent principalement aux artistes ou acteurs socioculturel, mais reste bien sûr ouvertes pour tout public qui serait intéressé. Sont aussi proposé des cours et des stages de théâtre, danse, sports, langues, yoga pour tous les publics, jeunes ou moins jeunes. Les formations sont essentiellement proposées et organisées par Mains d'Œuvres, mais des personnes extérieures peuvent louer les salles et proposer leur propre contenu. La cantine permet à tous de se retrouver pour manger, travailler ou tout simplement boire un verre et se détendre. Tous les espaces peuvent être loués par partie ou dans leur ensemble en fonction de la demande et du besoin. Mains d'Œuvres reste avant tout un espace ouvert à toutes et à tous pour permettre d'apprendre et d'ouvrir ces horizons à travers l'art et la culture.
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Zone d’actvité de Gennevilliers
Horticulture
Agriculture Hors-sol
Employés sur site ou de l’extérieur
Professionnelles Formations professionnelles
Pédagogie
Tous public Public adulte
Restaurant
Spectacle/concert Acteur principal Association Groupe de personnes concernées
Figure 42 Organigramme des divers acteurs et leurs interactions
Travailler ensemble Des points communs Même si leurs domaines d'activités sont différents, les divers acteurs ont des similitudes dans leurs philosophies. On retrouve pour chacun d'eux l'importance de la formation et l'apprentissage. Bien entendu, tous les acteurs ont une activité importante et central de production. C'est au niveau de la formation et de la pédagogie qu'il devient intéressant d'avoir un lien entre Halage (comprenant Fleurs d'Halage et Les Alchimistes) et Mains d'Œuvres. Le but n’étant pas d'avoir une parcelle avec des entités différente qui ne dialogue pas. Le lien entre ces deux associations peut se faire grâce à la mise en commun des espaces de formation. Chacune des associations n'utilise pas en permanence ces espaces et il y a donc possibilité d'en faire une utilisation commune ainsi que de mettre en commun du matériel qui pourrait s'avérer onéreux. Dans ces espaces, un petit amphithéâtre permet également d'accueillir à la fois des conférences ou des formations. Un centre de ressources art sensitif existant chez Mains d'Œuvres pourrait bien fonctionner en lien avec l'horticulture et l'aspect sensitif de la nature avec lequel travail Halage. L'association Mains d'Œuvres est le point d'entrée du public dans le projet grâce à ce qu'elle propose comme activités qui sont plus orientées vers le grand public. Même si Fleurs d'Halage n'est pas une structure directement ouverte pour l'accueil au public, il y a tout de même l'ouverture des jardins et certains espaces de production au public qui permet d'observer le travail et interagir avec les jardiniers.
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Agricole
Culturelle
Production
Industrielle
Figure 43 Type de production des diffĂŠrents acteurs
Energetique
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Comment investir le site?
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Figure 44 Mis en place d’une continuité verte dans le maillage existant autours du site
Espaces vert
Rattacher le site au contexte Continuité verte Comme on a pu le constater plus haut dans l'analyse, le site est coupé de son contexte par diverses barrières. Pour venir relier la parcelle aux berges nord et sud on viens en prolongement des continuités vertes existantes pour ce lier au maillage existant. Cela se fait par la mise en place de végétation le long de la N310 sur les ponts qui relie donc la berge d’Épinay-sur-Seine au nord à celle de Gennevilliers au sud en passant par l'île et devant la parcelle. On relie grâce à cela des parties du maillage vert déjà existant comme la balade le long des quais de Seine à Epinay et le Parc des Chanteraines. De plus en mettant cette végétation le long des voiries, on sépare la circulation piétonne de la circulation automobile qui est très rapide et bruyante. On vient également créer une continuité entre le parc départemental et la pointe nord de l'Île avec une passerelle qui enjambe la nationale et qui se continue par une présence de végétation importante jusqu'à l’extrémité ouest de la parcelle. Avec ceci, on va renforcer les continuités existantes sur le site avec la végétation présente sur les berges.
Être visible Une autre des problématiques soulevées plus tôt durant l'analyse était la coupure visuelle entre l'intérieur de la parcelle et le milieu urbain environnant. Aujourd'hui depuis l'extérieur on ne peut que seulement imaginer ce qui se passe sur la parcelle. Pour faire ce lien visuel, il y a plusieurs possibilités l'une étant d'éliminer la barrière existante qui est constituée par les arbres. On ne parle pas ici de se débarrasser de tous les arbres, mais seulement de quelques-uns choisis pour être le plus effectif. Une autre solution est d'utiliser l'architecture et en faire un signal qui se voit depuis une bonne distance.
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Figure 45 Site en l'état aujourd'hui
Public Pédagogique Production
Figure 46 Répartition du programme
S’implanter sur le site Partir de l’existant Aujourd'hui, le site est occupé par Fleurs d'Halage et Les Alchimistes. Ils ont investi les infrastructures existantes qui avaient été laissées par Colas après leur départ. Les activités sont pour l'instant concentrées au sud de la parcelle sous le chemin qui mène de l'entrée principale à l'accès à la pointe nord de l'île qui se fait par un passage sous le pont ferroviaire au nord. Cette voie est le chemin qui permet au camion-citerne d'approvisionner en oxygène liquide la station de survie qui se trouve au bout de la pointe nord. À l'ouest, on trouve toutes les infrastructures et constructions avec beaucoup de matériaux et d'Algeco également laissé par Colas. 6 conteneurs ont été achetés par Halage pour stocker du matériel nécessaire à la culture des fleurs et se retrouvent mélangés à tous le reste au-dessus de la voie qui traverse la parcelle.
Répartir le programme Comme on a pu le voir lors de l'analyse de occupation des sols du milieu urbain proche, on trouve très majoritairement de l'habitation au nord du site et de l'activité au sud. Pour organiser le programme sur le site, on le répartit de façon à créer en lien avec ce qui se trouve sur les berges opposées. Le programme qui sera orienté vers l'accueil du public se trouvera au nord et fera face aux habitations d'Epinay ou se trouve la population la plus proche et la plus susceptible de venir. Au sud, on met le programme orienté vers l'activité et la production qui fera alors face à la zone d'activité du port de Gennevilliers. Au centre de la parcelle, dans la zone de rencontre entre la zone orientée vers le public et celle orienté vers la production, on trouve une partie qui réunit les deux, la rencontre entre le public et les professionnels avec un programme dirigé vers la pédagogie et la formation.
73
Figure 47 Zone de sols recouvertes d'enrobé ou de dalle béton
Figure 48 Zone d'implantation du bâti
Etat des sols Si l'on regarde l'état des sols plus haut, on sait que la partie est de la parcelle est majoritairement recouverte par de la dalle en béton ou par une couche d'enrobé. Pour cela, les programmes nécessitant d'être construit seront placé sur cette zone est de la parcelle. L'ouest sera laissé libre avec toutes les plantations de fleurs et espaces végétalisé. De cette manière, les sols qui ne sont pas encore minéralisés en surface n'auront pas besoin de l'être et l'on n'empiétera pas sur les sols libres en surface.
Implantation du bâti Pour ce qui est de l'implantation du bâti, il sera concentré à l'est le long de la nationale pour être visible depuis celle-ci pour les automobilistes qui passeront devant. Cela permet également d'avoir des voies d'accès techniques courtes qui n'ont pas besoin de traverser le site. Cela permet de même un accès plus rapide pour les personnes venant à pied ou en transports en commun. L'implantation se fait sur quasiment toute la largeur de la parcelle avec l'extrémité au nord qui arrive presque au niveau de l'eau pour être visible depuis la berge opposée. Au sud, l'extrémité bâtie est plus discrète et reste derrière la ligne d'arbre existante.
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Accès public Accès professionnel
Figure 49 Plusieurs entrées sur le site
Axe de cheminement Place
Figure 50 Axe de circulation principaux
Accès au site Les accès au site se font tous depuis le côté est. Il y a tout d'abord l'entrée actuelle qui va devenir une entrée réservée aux professionnelles et les véhicules en lien avec l'activité sur le site. Pour le public, il y a trois possibilités. Tout d'abord tout au nord, en passant sous le pont le premier accès. Celui-ci permet de rejoindre une promenade qui longe la rive et est strictement réservé aux piétons. Le deuxième accès qui se fait au niveau de la nationale et qui est en prolongement de la route qui longe les berges depuis le sud de l'île. Cet accès est l'accès principal et permet l'arrivée de véhicule. Le troisième accès public est celui qui se fait depuis le parc départemental et qui enjambe la N 310 avec une passerelle.
Circulation et place Les axes de circulations principaux sont majoritairement la prolongation des divers accès. Ils vont tous être parallèle par rapport à l'axe principale qui régule la partie de programme qu'ils desservent. Les cheminements qui se trouvent dans la zone de programme public sont parallèles ou perpendiculaires à la rive nord. Pour les cheminements dans la zone du programme d'activité, la référence sera la rive sud. Pour la zone centrale, on aura un mélange des deux références en fonction de l'orientation du programme vers le public ou l'activité. On vient créer deux places, l'une public l'autre pour l'activité. L'une permet d'accueillir le public qui arrive et est le départ de deux des axes de cheminements principaux. L'autre est réservée pour l'activité et permet de manœuvrer les véhicules utilitaires et de grandes dimensions.
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Figure 51 Matérialité des sols
Bois
Minéral
Terre végétale
Stabilisé
Traiter la matérialité des sols Sur toute la parcelle le traitement des sols permet de délimiter les zones et fonction des programmes que l'on y trouve et de comprendre le passage d'un paysage à un autre en allant de l'est vers l'ouest. Tout ce qui est minéral vient se mettre sur l'ancien emplacement de la zone de la partie fortement enrobée et perméabilisée. Au niveau du jardin le passage entre le minéral et le végétal se fait graduellement. La majorité des cheminements sur la parcelle se font sur du stabilisé qui va permettre d'avoir des espaces praticables. On retrouve le bois pour les franchissement d'obstacle comme la N 310 ou l'eau du bord de Seine. Le reste du terrain est occupé par de la terre végétale qui va accueillir la culture horticole, le jardin, et les berges boisées.
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6 7 E
0
0,1
1 km
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500 m
0
100
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50
100
200 m
50
100 m
0
Figure 52 Plan - 1/2500
Organisation de la parcelle En suivant les différentes intentions développées plus haut, le site s'organise de la manière suivante : au nord, la partie orientée vers l'accueil du public, au sud, la zone de production et au centre l'espace de formation qui permet au professionnel et au public de se croiser et de se rencontrer. Pour le public, nous avons un jardin qui s'étend d'est en ouest. À l'est il démarre depuis la place (a) qui dessert les bâtiments au nord. Dans la première partie (1), les dalles en continuité de la place disparaissent et le sol minéral va lentement faire place au sol végétal. Dans la deuxième partie (2) on trouvera une nouvelle fois une gradation de l'est vers l'ouest, mais cette fois-ci nous allons avoir un jardin qui va passer d'une végétation de pelouse vers une végétation de champs de prairie avec des fleurs sauvages comme les Graminées et les Mellifères. Enfin, dans la troisième et dernière partie (3) nous passons à de la végétation de bosquet avec des arbres et de plantes de sous-bois. Pour ce qui est de l'espace de production, on va retrouver à l'est près de l'entrée la serre (6). Celle-ci sert à faire pousser des fleurs qui nécessitent des conditions de croissances plus chaudes. Puis sur le restant de cette bande jusqu'à l’extrémité ouest, on trouvera les espaces de production horticole en plein-air (5). Également proche de l'entrée et sous le monticule de terre sur lequel monte le chemin qui mène à la passerelle se trouve des espaces de culture hors-sol (7). Les cultures se font en utilisant les conteneurs sur site. Au centre de la zone public et de celle de production, on trouve les espaces qui servent également à la culture, mais sans avoir une obligation de fort rendement (4). Cela sert à la fois à la formation et permet au public de voir ce que l'on y fait et comment l'on travail. Les cultures sont donc moins serrées pour permettre d’accueillir des groupes scolaires ou des groupes de personnes en formation. À l'est, on va retrouver tous les éléments bâtis du nord au sud de la parcelle. Au nord autour de la place (a) se trouve le restaurant (A) qui accueille également un espace scénique pour proposer des concerts ou spectacles soit durant ou en-dehors des horaires de services. Puis entre la place et le jardin s'élève le bâtiment qui accueille une salle d'exposition, les espaces tournés vers la formation et enfin certain studio de travail pour les artistes (B). Les bâtiments qui se trouve entre l'espace public et l'espace de production sont occupées par, à l'ouest, des studios d'enregistrements (C) et, à l'est, la halle de production du compost (D). Enfin de l'autre côté de la zone d'arrivée pour véhicules (b), on trouve les locaux techniques pour Fleurs d'Halage et les espaces de vestiaires et de vie combinés pour Fleurs d'Halage et Les Alchimistes (E).
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Figure 53 Plan - 1/1000
100 m
50 m
Comment construire le site?
Figure 54 Matériaux bio- et géo-sourcé
La matière Bio-sourcé et géo-sourcé « L’architecte ne cherche point de ces choses qu’il n’est possible de trouver, ni de se procurer qu’à grands frais » (Vitruve, pp. Livre I, Chapitre 2) Chaque matériaux qui permet de construire ou qui est visible dans une architecture donne une lecture différente de celle-ci. Le matériau employé va engendrer des contraintes et des possibilités pour la construction qui vont déterminer en partie cette architecture. Celui-ci va également changer la manière dont on vit l’architecture ainsi que la manière dont l'on vit dans celle-ci. Tout d’abord le choix de construire en matériaux bio-sourcés et géo-sourcés, s’est fait en arpentant le site. Le site n'est pas vraiment lié au tissu urbain proche, il n'a pas de connexion avec le bâti avoisinant. Si l'on cherche à rétablir la nature et faire une connexion entre le parc départemental et la pointe nord, si l'on veut s'intégrer dans cette bande verte que forme le nord de l'ÎleSaint-Denis au milieu d'une zone urbaine, il paraît important que les matériaux utilisés pour construire soient en lien avec le milieu. Le milieu est composé essentiellement d'espace naturel avec de la végétation ou est en train de le devenir. Pour être en lien avec le site, le choix de matériaux va naturellement vers quelque chose de bio- ou géo-sourcé. En plus de créer un lien avec le site, les matériaux bio- et géo-sourcé ont en général une énergie grise plus faible dû à des transformations moindres et dans le cas où l'on se fourni à proximité du site, peu de transports. C'est aussi une donnée importante à prendre en compte au vu des objectifs fixés pour la mise en œuvre de nouvelle construction aujourd'hui.
87
Extraction
Enfouissement
Remise à l’état original
Démolition, Déconstruction Production ou mise en oeuvre
En atelier/ fabrique
Sur site du chantier
Construction neuve
Conditionement, Transport
Figure 55 Cycle de vie du matériau terre
La terre Si on met souvent en avant la terre crue pour sa faible quantité d’énergie nécessaire à sa transformation et donc la faible émission de CO2, on en parle moins souvent pour sa disponibilité locale et en très large quantité. Il a de nombreux autres avantages comme ses qualités de confort de vie qu’elles peuvent offrir, entre autres au niveau de l'hygrométrie, de l'inertie thermique, mais aussi de la qualité de l'air. Construire en terre permet également de pouvoir réutiliser les matières première utilisées pour la construction et donc créer un minimum de déchets. Il faut bien faire attention, car la terre qui est directement sous nos pieds n’est pas utilisable, car c’est de la terre végétale et est trop riche en matière organique. La présence de matière organique n’offrirait pas un matériau solide dans le temps et favoriserait le développement de d'organisme vivant. Il faut donc enlever cette couche de terre végétale jusqu’à atteindre une terre plus minérale. La terre que l'on utilise pour construire est composée d'éléments minéraux qui sont caractérisés par leur taille. On a donc du plus gros au plus fin : les cailloux, les graviers, les sables, les silts ou limons et enfin les argiles (Houben H. & Guillaud H. (2006)). Tous les ans en Île-de-France on extrait plus d’une vingtaine de millions de tonnes de matière. Avec les projets de réseaux de transport du Grand Paris Express, on peut y rajouter 45 millions de tonnes échelonnées jusqu’en 2030. Ces terres transportées jusqu'à des décharges qui servent à entreposer ces terres alors considérées comme "déchets". Un de ces entrepôts de terres excavées se trouve à Gennevilliers. Cela nous offre donc une disponibilité de matière très proche et très importante.
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Texture de surface
Type de technique
Sableuse
Bauge
Equilibrée Limoneuse
Torchis Pisé
Argileuse
Adobe
Organique Lacs, Villes
Triangle de texture utilisé 0
0
100
50 100 km
Argile
Sable
0
100 0
Limon
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Figure 56 Carte de France croisant la nature des sols et les techniques de construction en terre utilisées (Source : INRA, base de données Géographiques de Sols de France, 1998)
Des techniques de mise en œuvre différentes Ils existent de nombreuses manières de mettre en œuvre la terre. Parmi les plus répandus on trouve la bauge, le torchis, la brique, le pisé et plus récemment il y a eu le bloc de terre compressée (BTC); la plupart sont déjà utilisées en France depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui, 15% de l’ensemble du patrimoine architectural français est une architecture de terre crue (Fontaine L. & Anger R. (2009)). La terre utilisée pour construire est la terre locale. On peut remarquer en regardant une carte de France que l’on trouve des techniques spécifiques à une ou plusieurs régions qui correspondent aux types de terres que l’on trouve dans ces mêmes régions. Les régions où il y a un patrimoine de terre crue ont souvent une prédominance d’une des techniques constructives. Par exemple la région Rhône-Alpes présente surtout du pisé et en Bretagne, on trouve surtout la bauge. En Île-de-France, la technique qui a été la plus utilisée au fil du temps est le torchis. Cette technique est plus adaptée avec une terre limoneuse-argileuse et collante que l'on trouve dans la région. Il est néanmoins possible de modifier la composition d'une terre. Aujourd'hui, il est possible de séparer les différents composants d'une terre pour ensuite en enlever ou alors rajouter des composants extérieur pour obtenir la composition de terre souhaitée. Il est donc possible d'utiliser des techniques différentes que celles utilisées sur le territoire à l'origine. Quelle que soit la technique utilisée, il faut garder le mur hors d’eau. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place un soubassement utilisant un autre matériau ne permettant pas de remonter d’humidité par capillarité. Un débord de toiture plus important est également utilisé pour protéger le mur et enduit des intempéries.
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Le pisé Le pisé est une technique qui date du IXe siècle av. J-C. Elle consiste à successivement compacter à l’aide d’un pilon des couches de terres de 10 à 15 cm d’épaisseur entre deux banches. Les murs peuvent avoir une épaisseur allant de 40 à 60 cm selon la volonté du maître d’œuvre ou de la maîtrise d’ouvrage. Une fois la hauteur voulue, atteinte, le décoffrage peut se faire rapidement dû à la faible présence d’eau dans le matériau. La terre utilisée est composée de cailloux, gravier, sables, silts et d’argiles, mais pour respecter certaines normes de construction, il faut une contenance d’environ 10 % de ciment pour la stabiliser. Aujourd’hui, on peut construire un bâtiment en pisé selon deux méthodes, la première est celle utilisée traditionnellement et qui n’est autre que de monter les murs directement sur site. La deuxième méthode développée récemment permet de préfabriquer des pans de murs. Grâce à cette méthode, on peut fabriquer les murs à la chaîne et dans un environnement contrôlé.
Le torchis Le torchis est très probablement l'une des plus anciennes techniques pour construire avec la terre. Elle reste aujourd'hui la méthode la plus employée au monde. Le principe de base qui est d'apposer de la terre sur une structure portante avec des claies pour garnir celle-ci. Cette structure peut varier en fonction de la région du monde où l'on se trouve. La matière de torchis peut également être complémentée avec de la paille pour rendre le tout plus léger et moins cassant. Contrairement au pisé, le torchis ne peut donc servir de structure portante et nécessite un autre matériau pour remplir le rôle de structure comme le bois ou le métal. Aujourd'hui, le torchis fait l'objet de nombreuse recherches pour trouver des manières de le rendre plus efficace face au vieillissement ou pour avoir un produit avec une mise en œuvre plus simple et plus rapide comme au Pérou où l'on cherche à développer des panneaux préfabriqués.
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Références
Bibliographie Barbier S. & Paris J.-C. (2018). Cycle Terre : Dossier de presse. Paris. Clément G. (2012). Leçons inaugurales du Collège de France Jardins, paysage et génie naturel. Librairie Arthème Fayard et Collège de France. Fontaine L. & Anger R. (2009). Bâtir en Terre - Du Grain de Sable à l'Architecture. Belin / Cité des sciences et de l'industrie. Gauzin-Muller D. (2016). Architecture en terre aujourd’hui. Paris: Museo. Houben H. & Guillaud H. (2006). Traité de construction en terre. Parentèses Eds. Loiret P.-E. & Joly S. (2016). Terre de Paris. Paris: Pavillion de l'Arsenal. Leveau-Fernandez M. (2013).L'Île-Saint-Denis : Au fil de l'eau. Paris : Le temps des Cerises. Magnaghi A. (2003). Le projet local. Pierre Mardaga. McDonough W. & Braungart M. (2011). Cradle to Cradle. (A. Maillard, Trad.) Paris: Éditions Alternatives.
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Sitographie Mains d'Å’uvres - https://www.mainsdoeuvres.org/?lang=fr Halage - https://www.halage.fr/ Europan - https://www.europan-europe.eu/fr/
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Annexes
0
0-14
15-29
30-44
45-59
Epinay-sur-Seine
30
60-74
75-plus
Île-Saint-Denis
Répartition de la population par tranche d'âge Part de moyen de transport utilisés pour se rendre au travail
25 20 Pas de transports 15 10
Marche à pieds Deux roues
5 0
Voiture, camion
0-14 Transports en commun
15-29 0
30-44
45-59
Epinay-sur-Seine 10 20
60-74
Île-Saint-Denis 30 40
75-plus
50
60
70
Répartition de la population active par catégorie Île-Saint-Denis Epinay-sur-Seine Part de moyen de transport utilisés pour se rendre socio-profesionelle au travail Autres Types de ménages
Pas de transports
Retraités
Familles monoparentale Marche à pieds
Ouvriers
Couples enfants Deuxavec roues
Employés
Couples camion sans enfants Voiture, Professions intermédiaires Transports en commun Autresetménages sansintellectuelles famille Cadres professions supérieurs 0 10 20 Artisans,Personnes commerçants, seuleschefs d'entreprise Île-Saint-Denis 0 Agriculteurs 5 10 Île-Saint-Denis0
30
40
50
70
Epinay-sur-Seine 15
20
25
30
Epinay-sur-Seine 15
20
5 10 Types de ménages
Île-Saint-Denis
60
35 25
40 30
Epinay-sur-Seine
Familles monoparentale Couples avec enfants Répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité Couples sans enfants
Autres inactifs Autres ménages sans famille Etudiants, stagiaires Personnes seules Retraités
0
Chômeurs
5
10
Île-Saint-Denis
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30
35
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Epinay-sur-Seine
Actifs avec emploi 0
10
20
Île-Saint-Denis
30 Epinay-sur-Seine
40
50
60
Répartition de la population active par catégorie socio-profesionelle Autres Retraités Ouvriers Employés Professions intermédiaires
Répartition de la population par tranche d'âge
Cadres et professions intellectuelles supérieurs 30 25
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Agriculteurs
20 15
0 Île-Saint-Denis
10
5
10
15
20
25
30
Epinay-sur-Seine
5 0
Répartition de la population de 15 à 6460-74 ans par type 0-14 15-29 30-44 45-59 75-plus d'activité Epinay-sur-Seine Île-Saint-Denis Autres inactifs
Part de moyen de transport utilisés pour se rendre au travail Etudiants, stagiaires Pas deRetraités transports Marche à pieds Chômeurs Deux roues Actifs avec emploi Voiture, camion 0
10
Transports en commun 0
20
30
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Île-Saint-Denis
Epinay-sur-Seine
10
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20
Île-Saint-Denis
40
Epinay-sur-Seine
Types de ménages Familles monoparentale Couples avec enfants Couples sans enfants Autres ménages sans famille Personnes seules
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50
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60
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Re-produire en ville aujourd'hui est une problématique centrale. Il faut rapprocher le lieu de production et le consommateur pour limiter les déplacements. Sur la parcelle située au nord de l'Île-Saint-Denis ce questionnement se rajoute à celui de l'accueil du public et ainsi que du lien avec la nature et le milieu urbain environnant. Les deux acteurs principaux sont Halage et Mains d'Œuvres. Malgré des domaines d'activités différents ils se rassemblent autour de la formation. On retrouve finalement un site tourné à la fois vers l'activité à travers la production horticole principalement mais également vers l'accueil du public au travers de démonstrations culturelles et artistiques. Ces deux pôles se croisent au niveau de la formation qui amène les professionnels à apprendre au public, que cela soit dans un but pédagogique pour les plus jeunes ou alors professionnalisant pour d'autres. L'architecture cherche à impacter le moins possible la nature existante sur le site. Cela grâce à son implantation mais également grâce aux matériaux de constructions employés. Île-Saint-Denis - Agriculture urbaine - Horticulture - Formations - Culture