Mémoire_Master2 ENSAL

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Etude de cas des grands ensembles des Minguettes,

ÉTUD. LITAUDON Nicolas UNIT E0932B - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE

SRC

DE.MEM TUT.SEP

APPERT M. DOS SANTOS A.

MARCH ARCH

S10 DEM AMTH 20-21 FI



Paysage, vecteur de formes urbaines. Les formes urbaines vecteur de , Paysage. Litaudon Nicolas Sous la direction de Manuel Appert Professeur Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon

Memoire de Master 2020-2021



Quel a été le cheminement de réflexion, intervenu afin d’en arriver à cette recherche et cet approfondissement du paysage, du paysage urbain, et des grands ensembles ? Les rencontres, les cours suivis, les expériences de projets, sont les points de partances et le point névralgique de cette réflexion. En premier lieu, cela provient notamment du cursus de formation que j’ai pu suivre à l’ENSAL, ceci a permis de faire grandir en moi une approche, des questionnements, et une curiosité quant à l’urbain, la ville et forcement à l’architecture. Cette prise en compte du contexte, de l’environnent et de l’environnement, dans la démarche de projet, est selon moins une approche primordiale lorsque l’on traite un projet et une réflexion a une échelle d’une certaine ampleur. Les formes urbaines, les vides urbains, les logiques et constructions des villes, sont un sujet infiniment riche de part la quantité de villes que l’on a disposition afin d’en extraire le fonctionnement interne, la logique de processus émise. La possibilité de travailler pour la première fois dans un contexte urbain fut l’occasion d’appréhender de manière concrète les alentours, les contours du lieu dans lequel le geste architectural s’effectuerait. L’approche territoriale, et humaine est étroitement liée au fonctionnement local déjà en place, tout ceci est de part conséquent à prendre en compte afin de toucher aux lieus dans tous leurs aspects. Il serait erroné de ne pas évoquer mon année en mobilité, en Italie, au Politecnico di Torino, qui a aussi grandement participé à faire écho en moi. Turin, Torino, un lieu qui fut pour moi un nouveau lieu de découverte et d’accomplissement. Arpenter la ville, la découvrir, la regarder, la gravir, l’observer, en faire parti, être un acteur apparenté. J’ai eu la chance et le plaisir durant cette année d’assister et de participer à des cours pour lesquels j’avais un attrait tout particulier, mais pour lequel je n’avais jamais eu l’occasion d’avoir un approfondissement. Teorie della progettazione del paesaggio et Storia del giardino e del paesaggio ont été deux cours d’un très grand enrichissement, au niveau du paysage en tant que tel. Un bon nombre de mes questionnements ont trouvés réponses lors de ses cours, de part la qualité des enseignants Carlo Mario Tosco et Marco Trisciuoglio, et le panel de variété et de références présenter. Voici en quelques lignes, ma réflexion, afin d’en arriver à me questionner, sur le paysage, le paysage urbain et toutes ses grandeurs.


Avant Propos / Introduction / I. Détermination du cadre d’étude / La notion du Paysage Origines et Appartenances Emergences par les récits Emergences par l’art

La perception du paysage Une dimension subjective et objective Catégories esthétiques et figures architectoniques Paradigme d’aujourd’hui

Le Paysage Urbain Principes et acceptations Enjeux environnementaux Enjeux esthétiques


II. Etude de cas : Les grands ensembles des Minguettes Présentation de l’étude de cas Le quartier des Minguettes dans la ville de Lyon Contextualisation du projet urbain, des grands ensembles

Réflexion du quartier à l’échelle paysagère Les propositions urbaines et paysagères Représentation photographique du projet et du paysage Différentes échelles d’interventions

Approche factuel Evolution dans le temps Les Minguettes de DEMAIN

Conclusion / Bibliographie /





Le thème du paysage Introduction Le paysage, un terme qui parait si familier lorsqu’il est évoqué, mais c’est également une notion très complexe, qu’un grand nombres d’intellectuels tentent, d’en soustraire l’essence même. Puisqu’en effet cela touchent et regroupent un panel de professions et de pratiques, assez large, comme l’art, l’architecture, l’urbanisme, le paysagisme et de discipline, géographe, horticulture, et même sociologie. Nous avons une idée commune, lorsqu'on l'évoque, il nous renvoie à notre vision, d’un ensemble concret, pour lequel l’œil se perd dans l’étendue de l’espace perçu, qui n’est plus perceptible. On se tenterait alors, de définir le paysage comme étant ; « une étendue de l’espace, dont l’Homme est en capacité de percevoir ». Mais cela est-il juste et assez précis ? Comment définir le paysage en premier lieu ? Nous sommes à l’heure d’aujourd’hui à essayé de définir au mieux, un terme datant, d’un autre temps, un temps où la naissance du paysage n’est pas clairement identifiée. On se poserait même la question, le paysage a-t-il existé avant même le mot? Cela fais d’ailleurs l’objet de confrontations entre les révolutionnaires, qui prônent le fait que la peinture du paysage serait antérieur au sentiment de paysage, à l’image d’Ernst Gombrich, dans « Écologie des images » en 1953. En face nous retrouvons les gradualistes, qui lisent a travers les représentations du paysage, des pensées paysagères qui élaborent des paysages sans le dire. Cela nous ramène encore dans cet effet de perception des éléments, et de perception du paysage, perçu. Le paysage est universel, aussi bien universel que le nombre de personnes peuplant cette terre. La perception est le propre de chacun. Il existe alors en effet un paysage évoqué par les urbains, et celui évoqué par les paysans en outre. Comme le dit Alain Roger, « la perception du paysage est une invention de citadins »1 .

Un concept et une vision que l’on développera par la suite. Néanmoins, la Convention Européenne du Paysage, s’accorde sur une définition commune pour désigner le paysage ; « Une partie du territoire, telle que perçues par les populations, dont le caractère résulte de l’action et de l’interaction de facteurs, naturels et/ ou humains. » Le territoire, met en relief le pays, et sa relation entre la nature et l’homme. Un concept qu’Alain Roger tente de définir au début de son traité, « un lieu naturel n’est esthétiquement perçu qu’à travers un Paysage »2. Par ailleurs, la frontière de transposition du pays en paysage est assez fine en un sens, on pourrait d’ailleurs se tenter de dire que c’est à travers l’art que cette frontière est traversée « du pays ne devient un paysage que sous-là condition d’un paysage, et cela, selon les deux modalités, mobile (in visu) et adhérente (in situ), de l’artialisation. » Le paysage nous renvoi forcement aux éléments naturels, mais en aucun cas, il n’est cantonné seulement à la nature. Un terme vaste, qui touche a de nombreuses notions ; Si l’on concentre le terme de paysage à l’architecture et a l’urbanisme, on pourrait se demander, est ce qu’au travers de cette notion, le paysage peut nourrir l’architecture, et inversement, l’architecture nourrir le paysage. Ces deux termes se sont entremêlés au fil du temps, de prime à bord, la relation n’est pas clairement défini, et pourtant, les termes se sont rapprochés, jusqu’au point de se demander, est ce que le paysage peut-être vecteur, et un élément déclencheur dans la conception de formes architecturales et urbaines ? De ce fait au travers d’une première partie, nous tenterons de définir un cadre d’étude, permettant de définir les bases du paysage et de son émergence, au fil des années et de l’art. On évoquera le phénomène dont Alain Roger parle de son livre, « l’artialisation ». On comprendra au

1 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.30 2 Ibid., p.22 3 Ibid., p.22

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mieux comment le paysage a évoluer dans le temps, et nous interrogerons à la fois son origine, au travers de son étymologie, qui nous en apprend beaucoup, sur la naissance et la construction de ce terme. La relation pays/paysage est indéniablement lié l’un à l’autre. Le pays est l’idée même du territoire. Ce fil conducteur, et cette méthodologie, est particulièrement inspirée des critères de l’existence du paysage, qu’Alain Roger, évoque en reprenant les mots d’Augustin Berque dans son livre, Les raisons du paysage. 1) des représentations linguistiques, c’est-à-dire un ou des mots pour dire «paysage» ; 2) des représentations littéraires, orales ou écrites, chantant ou décrivant les beautés du paysage; 3) des représentations picturales, ayant pour thème le paysage ; 4) des représentations jardinières, traduisant une appréciation esthétique de la nature (il ne s’agit donc point de jardins de subsistance). « Tel ou tel des trois derniers critères peut se retrouver dans de nombreuses sociétés ; mais c’est seulement dans les sociétés proprement paysagères, qui sont aussi les seules à présenter le premier, que l’on trouve réuni l’ensemble des quatre critères »4 Voici le procéder que nous suivrons, pour attester l’existence du paysage, et de son émergence.

des figures a la fois architectoniques et des valeurs de beautés, ce qu’il a la capacité de rentrer un paysage encore plus complexe qu’il n’y parait au premier coup d’œil. Au fil des représentations, le paysage inclut une part architecturale, que cela soit dans l’art ou bien même dans les nouvelles techniques de représentations, qui sont entre autres la photo pour ne citer qu’elle. Le paysage urbain prend de l’ampleur mais il est assez controversé par certains, notamment par ce que l’on observe un manque d’horizon, comme le soulève Michel Courajoud « Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent ». Néanmoins, la notion de paysage urbain est évoquée dès le 19e siècle, et même bien avant encore avec la fresque de Lorenzetti notamment. Mais ce n’est qu’à partir du 20e siècle que cette notion prend vraiment de l’ampleur. Comme évoquer auparavant, le paysage ne représente pas seulement des éléments naturels, il est bien plus vaste que cela, et est pluridisciplinaires. Nous verrons donc en quoi l’anthropisation et l’artificialisation, nous permette d’associer, le paysage à l’urbain. La seconde partie sera dédiée à une étude de cas, mettant en relief le cadre d’étude précédemment présenter. Le paysage n’est pas seulement naturel, il est aussi urbain, nous nous intéresserons donc à, comment au travers de l’exemple des grands ensembles de l’après-guerre, les paysagistes et architectes ont combinés leurs connaissances afin d’utiliser le paysage comme première ressource à l’architecture. L’exemple des grands ensemble du quartier des Minguettes sera notre cadre d’étude. Nous analyserons donc en quoi la notion de paysage est engagée dans la confection de ses espaces et lieux.

La perception du paysage, est une partie a part entière à prendre en compte la valeur que cela a, la capacité de susciter, que cela soit en in visu ou en in situ. Les représentations artistiques des peintres, sont très parlantes, et mettent en scènes dans le paysage 4 AUGUSTIN BERQUE, Les Raisons du paysage. De la Chine antique aux environnements de synthèse, p. 34-35

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La notion du paysage Origines étymologiques Paysage. Un terme, qui contient tellement de définitions et d’appartenances, différentes. Mais qu’est-ce donc le paysage ? Comment se définit-il ? Je ne pense pas qu’il est de définitions universelles, pouvant satisfaire tous les êtres de cette terre. Par ailleurs, Franco Zagari, architecte et paysagiste diplômé de la Faculté d’Architecture de Rome, à écrit un livre qui se nomme « Questo è paesaggio » en 2006, dans lequel il recense et met en évidence pas moins de 48 définitions au sujet du paysage. « Les 48 définitions, créent une polyphonie d’essais qui, malgré la diversité des approches, forment un cadre intéressant et harmonieux. » Aucune d’entre elles, n’est correcte ou fausse, mais chacune d’entre elles, apportent une vérité à l’un d’entre nous. Chaque individu a sa propre définition, sa propre approche, on pourrait parler de perception du paysage. On pourrait imaginer que le terme apparaît dès 1549, dans le dictionnaire latin/français de Robert Estienne : « paisage: mot commun entre les painctres 5». Quelques années plus tard, on défini le paysage comme étant « ensemble du pays ; pays » une proximité que développe Alain Roger dans son livre notamment, pour lequel nous reviendrons dessus prochainement. En 1573, le paysage, c’est une « étendue de pays que l’œil peut embrasser dans son ensemble 6 ». Comme songer plus tôt, Alain Roger dans son livre Court traité du Paysage, se propose et se permet d’associer la dualité que rencontrent les termes Pays-Paysage. Cette dualité, provient de premier abord, de la composition même du mot, Pays-Age, Pays en préfixe, Age en suffixe. Le premier met en relief une connotation de l’ordre du territoire, alors que le second nous renvoie plutôt aux expressions perceptible de l’œil, envers ce lieu. Ce qu’on peut en tirer serait que le pays ne devient paysage, que sous la forme d’un paysage.

5 Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales. (s. d.). Cntrl. Consulté le 20 novembre 2020, à l’adresse https://www. cnrtl.fr/etymologie/paysage 6 Ibid,.,Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales

Pour revenir à la dualité des termes, qu'Alain Roger emprunte entre autres à comme il le dit lui-même « à l’un des plus grands, jardiniers paysagistes de l’histoire 7» René-Louis de Girardin, le créateur d’Ermenonville. Il décrit d’ailleurs cette dualité dans son livre, De la composition des paysages , « Le long des grands chemins, et même dans les tableaux des artistes médiocres, on ne voit que du pays ; mais un paysage, une scène poétique, est une situation choisie ou créée par le goût et le sentiment 8». Néanmoins, la distinction du pays-paysage intervient de manière assez tardive dans le temps, on la date aux alentours du XVe siècle. D’ailleurs, il est important de notifier, que pour certaines civilisations, pays, le mot paysage en tant que tel n’existe pas, c’est le cas notamment en occitan. Pour autant, on la retrouve au détour de la plupart des langues occidentales « land landscape en anglais, Land-Landschaft en allemand, landschap en néerlandais, landskap en suédois, landskal en danois, pais-paisaje en espagnol, paese-paesaggio en italien, (sachant que Paese en italien provient du latin « Pagaus » signifiant un lieu organiser avec des limites) mais aussi, en grec moderne, topos-topio, et cela, même en arabe bilad-mandar 9». En se penchant de manière plus approfondie sur les suffixes et leur détermination, on remarque que le suffixe « scape » indique une vue, et que le suffixe « schaft » indique un ensemble, une valeur collective. Par le biais de cette rapide détermination, les langues, les suffixes nous en disant déjà beaucoup sur la perception, et la vision « d’un pays » envers le paysage. Ce que l’on pourrait notamment retenir a ce niveaulà, « paesaggio » évoque l’idée d’une peinture, faisant référence a l’art, au contraire de « landscape » qui désigne plutôt un objet. Les origines des langues, nous imposent de faire un constat, qui témoignent de l’ambiguïté de la représentation de la notion de paysage. Un terme complexe, qui constitue toutefois un réel attrait, sur une réelle définition du paysage accordant tout le monde. 7 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.22 8 René-Louis de GiRARDiN, De la composition des paysages, Seyssel, p. 55 9 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.22-23

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La notion du paysage Emergence par le récit L’origine même du paysage est un terrain assez vaste, comme nous l’avons vu auparavant, avec un certains nombres d’inconnues et d’incertitudes. Il est d’ailleurs tout a fais légitimes de se poser la question, est ce que le paysage existait avant même cette appellation ? Qu’est-ce que l’on désignait comme étant le paysage ? L’un des premiers écrits à ce sujet, est l’œuvre de Francesco Petracco, dit Petrarca. Un célèbre poète, humaniste italien, né en Toscane en 1304, sa famille s’exporte en suite en France à Avignon. On le connait en premier lieu pour ses poèmes, dont le Livre de Chants (Canzionere) et Triomphes. Mais le fameux Petrarca est connu également pour un récit qui est devenu célèbre, pour sa précocité dans le temps, j’évoque ici bien entendu, son récit au sommet du Mont-Ventoux. Dans lequel il explicite, son ascension, à la fois celle de la montagne et de son âme. C’est à travers ce court récit, cette lettre, qu’il écrit à son retour, qu’il évoque de manière volontaire ou involontaire le paysage, malgré lui. Les autres auteurs du trecento, le désigne comme étant le premier, à penser l’imaginaire du paysage. Hansjörg Küster, se permet également de lui adresser cela «Le récit de Petrarca fit de l’excursion est considéré comme étant la plus ancienne représentation du paysage dans la littérature 10». À l’aube de 1335, Francesco Petrarca, accompagné de son frère et de deux servantes, entreprit « l’ascension de la plus haute montagne de cette contrée que l’on nomme avec raison le Ventoux 11». Ce périple est sinueux, ils créent leurs chemins à travers les faces rocheuses de la montagne, l’esprit de Petrarca est également sinueux, lors de cette ascension. Mais, quiconque n’ayant monté cette montagne peu comprendre aussi bien ce qu’est le concept de paysage, « Le regard embrasse monts et montagnes, arrête rocheuses et crêtes boisées 12». L’admiration de cette immensité, d’un vide perdu, que quiconque n’est vu auparavant. Cette sensation de dominer de part le regard, mais d’être à la fois totalement submergé par 10 HANSJORG KUSTER, Petite histoire de paysage, p7 11 PETRARQUE, Lettres familières. TomeIV:Livres XII-XV,p112 12 HANSJORG KUSTER, Petite histoire de paysage, p7

cette étendue de nature. Il admire. « Pendant que j’admirais tout cela, tantôt ayant des goûts terrestres, tantôt élevant mon âme à l’exemple de mon corps 13». À ce sommet, le poète fit la lecture, les Confessions de Saint-Augustin, c’est alors qu’il comprit comment accéder au savoir divin, non pas seulement à travers cette lecture, mais part tout ce qu’il avait contemplé auparavant la nature, les montagnes, les vallées, la rivière, et la mer. Il lut alors, « Et les hommes vont admirer les cimes, les monts, les vagues de la mer, le vaste cours des fleuves, le circuit de l’Océan et le mouvement des astres et s’ils s’oublient eux-mêmes 14». L’expérience que fit Petrarca, était différente des excursions dans temps, de l’Antiquité, puisque qu’il mit en relation l’œuvre de la nature et l’œuvre de l’homme au même niveau, le premier à y réfléchir et à le décrire. On peut ainsi déclarer que la réflexion autour de la notion de « paysage » est hypothétiquement débutée avec l’ascension du mont Ventoux, par Petrarca. Cependant, cela n’est pas le seul récit de Petrarca, qui sujette cette idée naissante en lui du paysage. D’autres lieux, lui inspirent l’écriture à la vue même de ses paysages, on pourrait parler des Cinques Terres, qui fut source d’inspiration pour de nombreux hommes de lettres de l’époque, le prix Nobel de littérature, Eugenio Montale, ou encore Giovanni Boccaccio, écrivain italien et bien évidemment Petrarca. Véritable lieu d’inspiration, pour lequel il ne tarira pas d’éloges dans son poème épique, l’Africa. Les hommes littéraires, les hommes de lettres, ceux qui manient les mots comme personnes a cette époque, trouvent une source d’inspiration autour de paysages singuliers, le Mont Ventoux, Les Cinques Terres, sont les deux exemples cités (il y en aura évidemment d’autres.). Il est notable également que les auteurs, sont à la recherche de points de vue particuliers, non-accessible, et parfois même dangereux. Et c’est au travers du mélange, 13 PETRARQUE, Lettres familières.Tome IV:Livres XII-XV,p115 14 HANSJORG KUSTER, Petite histoire de paysage, p9 19


I. Définition du cadre d’étude

Emergence par le récit

de la découverte, du point de vue, de l’inédit, de la prouesse d’accessibilité, qu’ils trouvent sans doute, de la matière à écrire, à raconter leur contemplation. Il faut mettre en mot, ses yeux, afin d’illustrer ceux qu'ils ont pu voir. Précédemment, nous avions un aspect littéraire, qui était une sorte de retranscription de ce qu’il venait d’admirer. Un compte de leur parcours. Sous jasait un aspect descriptif, en sommes, et ce qui était tout à fait innovant pour l’époque. Néanmoins, d’autres formes de récits, intègrent cette idée de paysage, cette appartenance aux territoires. Le récit de Petrarca à semble-t-il existé, et nous apporte beaucoup, sur la vision de l’époque sur des dimensions encore très peu connue pour les autres citadins. Mais ce récit reste avec une once de doute qui plane au-dessus de lui. Vérité, histoire imaginée, ou alors affabulation ? Le mystère plane. On va tout de même essayer de tirer une vérité la plus proche possible sur cette notion grandissante, du pays et du paysage, par le biais d’autres oeuvres qui ont vu le jour, dans le même axe solaire. Dante Alighieri, dit Dante, est un très célèbre poète, écrivain et penseur, florentin. Il exerce ses prouesses pendant une soixantaine d’années, en écrivant bons nombres de poèmes principalement. On le considère à l’heure d’aujourd’hui par ailleurs comme étant « père de la langue italienne 15», au même titre qu’un certains Petrarca ou de Boccace (auteur florentin, ayant écrit une œuvre emblématique Decameron, littéralement « le livre des dix journées ». Ce qui fait connaître Dante, et ce qui le fait atteindre ce pied d’estale, et sans aucun doute Divina Commedia, la Divine Comédie. Elle fut écrite entre 1303 et 1321, jusqu’à la fin de sa vie, par ailleurs. Cette œuvre est considérée comme la plus grande oeuvre écrite par cet idiome florentin, et sans nul doute comme l'un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature mondiale. Pour en venir au contenu de celui-ci, à la substance, qui nous intéresse vivement, le poème s’organise de manière particulière, puisqu’il est 15 Langue italienne. Italian culture. Consulté le 27 novembre 2020, à l’adresse http://www.italianculture.net/francais/langue.html

16 Divine Comédie. Wikipédia Consulté le 27 novembre 2020, à l’adresse https://fr.m.wikipedia.org/wiki/ Divine_Com%C3%A9die

divisé en trois parties distincte « Inferno » (Enfer), « Purgatorio » (Purgatoire), « Paradiso » (Paradis), chaque une de ses parties étant composées de 33 chants, durant lesquels il voyage a travers « les trois règnes les trois règnes supraterrestres qui le conduira jusqu’à la vision de la Trinité 16». Il développe en somme un sommet de la vision médiévale du monde l’entourant. Mais pour en revenir à notre sujet principal, la représentation du paysage, dans les œuvres littéraire, cela se manifeste notamment dans une des 3 parties, qui est celle de l’Inferno. Durant le verset 81, du chant XXXIII, Dante écrit cela « del bel paese là dove ‘l sì suona, poi che i vicini a te punir son lenti, 17» Signifiant, « du beau pays là où se joue, puis que les voisins punissent sont lents » , ici ce qui nous intéresse en premier lieu, ce sont les trois premiers mots de ce verset « du beau pays », désignant ici le pays non pas comme nous l’entendrions en français, mais avec la signification italienne de « paese », qui désigne le paysage à proprement parler. Mais tout en gardant en tête que la barrière entre ces deux mots est fine, tout comme le dit Alain Roger « Le pays, c’est en quelques sortes, le degré zéro du paysage ». Avant tout forme quelconque de paysage, ce qui le procède dans toutes les mesures possible, c’est bien entendu le pays. Un peu plus tôt au chant XX et au verset 63, Dante, évoque de manière directe « l’Italia » en la caractérisant de belle « Suso in Italia bella giace un laco, a piè de l’Alpe che serra Lamagna 18» Signifiant « Suso, en Italie belle repose un lac, au pied des Alpes qui serre Lamagna ». Il émet le fait que l’Italie est belle, en d’autres termes, on pourrait supposer de manière hypothétique qu’il parle du paysage italien de manière générale. Développant cette hypothèse, en parlant du fait que l’Italia, désigne « il paese » (le pays), mais comme nous 17 Wikisource. (s. d.). Divina Commedia/Inferno.Wikkisource. Consulté le 3 décembre 2020, à l’adresse https://it.wikisource.org/wiki/Divina_Commedia/ Inferno

18 Ibid.,. Wikisource

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I. Définition du cadre d’étude

Emergence par le récit

l’avons évoqué auparavant, la frontière entre « il paese/paessaggio » (pays/paysage) est fine, par le biais de cette manipulation linguistique Dante, nous parle de paysage de manière indirecte. Ce qui interviendrais dans la continuité du récit de Petrarca, et de son ascension. Ses deux auteurs, sont les premiers a évoquer une certaine idée du paysage, a travers la contemplation directe de Petrarca, décrivant ce qui se dresse sous ses yeux, et part la mise en paraître poétique de Dante, qui subtilement insert une initiation littéraire et imaginative du paysage. En parallèle à l’Italie, la France aussi développe de son coté un penchant pour le paysage. Cela se manifeste également sous la forme écrite, et également comme Dante vu auparavant, sous la forme de chant. Au niveau littéraire, évoquant un attrait possible pour le paysage, on pourrait évoquer, Chanson de Rolland, écrit aux alentours du XIIème siècle. C’est un poème épique, et une chanson de geste, autrement dit, c’est un récit versifié (en somme un long poème), qui relate des exploits guerriers appartenant au passé. Ce poème est accordé sans véritable certitude à Turold, un auteur de l’époque, qui à la fin du dernier verset de la version originel de ce poème, écrit « Ci falt la geste que Turoldus declinet », laissant planer le doute sur le véritable auteur de cette œuvre. «Depuis 1834, environ, ce dernier vers de la Chanson de Roland a intrigué et continue d’intriguer les lecteurs de cette chanson épique 19» Néanmoins, la teneur de ce poème nous compte le combat fatal dans les Pyrénées du chevalier Rolland et de ses compagnons de batailles contre possiblement les Basques. Et malgré la teneur principale de ce poème comptant les batailles d’autrefois, on retrouve quelques traces qui nous laisse suggérer l’évocation d'une certaine idée du paysage, à l’image des poèmes et récits italiens évoqués en amont. 19 Saint-Anselme. (1834). Turold, laissez-le tourner, s’il fait ce geste. Journals Uchicago. Consulté le 15 décembre 2020, à l’adresse https://www.journals. uchicago.edu/doi/pdfplus/10.1086/387490

20La Chanson de Roland. Wikisource. Consulté le 5 décembre 2020, à l’adresse https://fr.wikisource.org/wiki/La_Chanson_de_Roland/

Très tôt, dans le poème, cela intervient, dès la seconde partie, et au vers 5. « L’empereur Charles de douce France est venu dans ce pays pour nous confondre 20» On évoque ici l’arrivée de l’Empereur Charles, « de douce France […] dans ce pays », alors certes comme le dis Alain Roger « pays n’est pas d’emblée, un paysage 21», mais néanmoins, c’est un préambule, en désignant cela, on suppose de manière légère un supposer paysage. Cela reste difficile à appréhender certes, mais la seconde citation est bien plus parlante, et elle intervient bien plus loin dans le poème, au chant CXL, et au vers 145. « Terre de France, vous êtes un doux pays 22» Cela est, il me semble bien plus claire, est plus directe. En paraphrasant la citation, la terre de France est un doux pays. Cela nous laisse à imaginer, la désignation directe, de l’idée du territoire français, avec l’appellation « Terre de France », nul doute ici, l’auteur insiste sur le fait que nous sommes en France. Dans la suite de la citation, l’auteur Turold, juxtapose au pays, l’adjectif doux, cela est semble-t-il loin d’être anodin. Dans un imaginaire ou ce pays, respire une certaine douceur, de paisible, ou il fait bon vivre, et où l’on se sent bien. Comme nous avons pu le voir dans cette partie, dédiée a l’émergence du paysage au travers de l’art littéraire. Le paysage commence à intervenir dans le champ de pensé, des écrivains, penseurs ou encore poètes. Il n’est pas encore clairement défini, mais on se tente à en parler, à le décrire, et à le raconter. Cela sous différentes formes, comme nous l’avons vu, allant du récit aux chants. Les arts vont être comme on le verra dans la partie suivante, le levier de naissance et de développement du paysage dans les consciences.

Joseph_B%C3%A9dier/La_Chanson_de_Roland/Traduction

21ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.24 22 La Chanson de Roland. Wikisource. Consulté le 5 décembre 2020, à l’adresse https://fr.wikisource.org/wiki/La_Chanson_de_Roland/ Joseph_B%C3%A9dier/La_Chanson_de_Roland/Traduction

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La notion du paysage Emergence par l’art Je commencerais, cette partie sur l’influence de l’art sur l’émergence du paysage part une citation d’Anne Cauquelin qui se demande « Comment se fait-il quand dans un domaine aussi étroit - toile, bois, murs, couleurs - ce que les peintres de la Renaissance ont fabriqué soit devenu l’écriture même de notre perception visuelle ? 23» Intéressante démarche interrogative, à laquelle nous allons essayer d’apporter une réponse et de la lumière sur ce questionnement légitime. Il paraîtrait illogique de ne pas associer l’émergence du paysage à travers les représentations artistiques, des peintres. Il serait d’ailleurs possible d’associer un terme à ce phénomène-ci, artialisation (un thème sur lequel nous reviendrons et nous approfondirons dans une partie suivante), l’intervention de l’art dans la transformation de la nature. C’est notamment ce qu’évoque Alain Roger, au travers des mots de Charles Lalo, qui les devaient lui-même a Montaigne, « artialiser la nature », que ce soit de manière indirect ou direct. En d’autres sens « un lieu naturel n’est esthétiquement perçu qu’à travers un Paysage 24». Nous avons évoqué précédemment la dualité du Pays-Paysage, mais sans répondre réellement, quand est est ce que le basculement se réalise ? Quand est-ce qu’un pays devient paysage ? Cela se mue en œuvre par le biais du pinceau du peintre, qui peignant sur sa toile, transforme le pays en un paysage, « un pays n’est pas, d’emblée, un paysage, et qu’il y a, de l’un à l’autre, toute l’élaboration du paysage 25». En effet, le paysage à cette époque se voit principalement à travers la peinture, ou tout du moins, les peintres à l’unanimité s’accordent pour donner à voir ce qui semble être le paysage. En d’autre terme on pourrait se dire, que les peintres de la Renaissance, on fabriqués un outil, une machine à regarder le paysage. Dans l’histoire, la première représentation artistique que l’on recense, et qui fait référence au paysage est sans aucun doute la fresque de Sienne d’Ambrogio Lorenzetti(Fig1.). Un peintre de l’époque du 14e 23ANNE CAUQUELIN, L’invention du paysage, (chap. Les formes d’une genèse) p. 18

siècle (1338-1339), qui peint notamment une fresque importante dans « le salon des neufs » une mise en scène importante de la vision du paysage de l’époque. Cette grande fresque se divise en trois, et dans cet ordre-là, de gauche a droite, la Ville, la Campagne étant séparé toute deux par un mur et la Nature. C’est une fresque d'une grande richesse, à commencé par les détails présents, on a une compréhension qui se dégage de la fresque. Les personnes à cheval qui sortent de la ville, pour aller à la chasse, dans un même temps, les paysans qui entrent, emmenant avec eux le fruit de leur cultivation, à des fins de commerces. Architecturalement, les détails sont notables, en haut à gauche de la fresque, on distingue il duomo di Sienna, ainsi que la Cathédrale. À travers la multiplication des détails, et des personnages présent, il serait possible de s’imaginer une infinité de scénarios différents. L’auteur met également en scène des figures architecturales et esthétique, qu’on approfondira dans la seconde partie. « L’esprit qui souffle ici, et « inspire » ces sites n’est autre que celui de l’art, qui, par notre regard, artialise le pays en paysage 26» Cette toile, fresque, est d’une très grande richesse, du point de vue et de sa précocité, mais également de part la richesse de son contenu, qui met en scène aussi bien des scène de vie, mais aussi, c’est l’une des premières qui intègre l’architecture au paysage. Ou tout du moins, qui joint les deux ensemble sur une même toile. Dans ce sens, on aurait également une toile de Caspar David Friedrich en 1815-16, qu’il nomma « Veduta di un porto » (Fig2.) à Napoli, et dans ce sens elle rejoint la fresque de sienne, un autre temps une autre époque, mais certains traits caractéristiques les rapproches. On a ici une représentation au contraire de celle de Sienne, beaucoup moins précises, dans les détails, dans le geste, ce qui ressort de cette toile, serait plutôt une ambiance, une idée de couleur, d’harmonie des éléments entre eux. On est sur un paysage de port, qui sans grande surprise met en scène l’eau de la 25 Ibid,., p.23 26 Ibid,., p.26

24 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.22 23


I. Définition du cadre d’étude

Emergence par l’art

mer Méditerranée qui entre dans la ville de Naples, et l’architecture napolitaine. Encore une fois les détails son moindre dans cette œuvre, et pourtant on comprend la relation qui se tisse au travers de tous ses éléments. Traitement du rapport a l’eau dans les paysages du XVIIIe siècle est assez difficile, que cela soit pour Poussin, Claude ou bien Rosa. L’artialisation de la mer, passe par une picturalisation intense, mais « ce que le XVIIIe siècle apporte, c’est, pour l’essentiel, une autre vision de la mer, violente, sauvage, grandiose, d’un mot : sublime 27». Au travers de ses deux exemples, nous avons essayé de comprendre la composition de ces toiles, la mise en scène du paysage, par la nature qui est de tout type, d’un certain sens. Mais quelle est la place de l’homme dans tout ceci ? Jusqu’à présent la place de l’homme, c’était celle du peintre derrière sa toile, essayant de retranscrire ce qui se dressait devant lui, au travers de ses émotions, de la lumière et des couleurs. Mais l’homme jusqu’à présent ne fait jamais parti à part entière du paysage, il n’est pas l’objet de la composition de celui-ci. Sous une certaine forme René Magritte joue de cela, dans une de ses toiles, alors certes dans celle-ci, il ne met pas en scène un homme, mais il joue sur un effet de tromperie, il ne se contente plus seulement de peindre le paysage, il y a une certaine forme mis en scène de l’œuvre. Les conditions humaines (Fig.3) le cadrage est innovant pour l’époque, on introduit le cadrage de la fenêtre. Étonnant de remarquer, que cette œuvre dans un sens nous montre à voir trois cadrages, avec un connut identique certes, mais un cadrage dans un cadrage. Le premier étant celui de la fenêtre qui cadre le paysage naturel extérieur, le second est celui de la toile, qui cadre le paysage étant cadrer par la fenêtre et le dernier, c’est celui dans l’œuvre de Magritte, qui donne à voir son effet d’optique. Et dans un sens, le prisme de la place de l’homme commence à changer, il n’est plus uniquement le peintre derrière le paysage qu’il peint, il est celui qui le met en scène, qui joue avec lui, mais qui surtout le contemple, avec un recule différent. 27 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.107 28 ANNE CAUQUELIN, L’invention du paysage, (chap. Les formes d’une genèse) p. 19

Caspar David Friederich, peintre allemand, du 19ème siècle considéré comme l’un des plus influent de cette époque, est l’un des tout premier à inscrire l’Homme dans un paysage, entre 1818 et 1822, il réalisera deux oeuvres duquel découle deux thèmes identiques. La première étant, l’une des fameuses et plus connu, Traveller in a Fog sea (Fig.4). Un aventurier ayant gravi un versant de montagne surplombe, les nuages, une mer de nuages, jonchés de montagnes rocheuses. En tant que spectateurs, nous ne sommes plus comme étant le premier observateur, mais nous avons une transposition, une projection de nous-même au travers de l’homme peint sur la toile. Cette personnification a pour effet de nous placer à la place du personnage, nous ne sommes plus l’unique observateur du paysage. Néanmoins, on pourrait nuancer tout cela, Anne Cauquelin, utilise une expression très singulières, « Le paysage « peint » reste pris dans les murs aveugles 28», la peinture fait appel à une sorte d’illusion, dans un domaine technique et de règles variées. La principale étant celle du bon sens « la ratio 29», ce que l’œil voit se doit d’être plié à du bon sens , et de la vraisemblance, occulté la virtuosité des couleurs, des détails et du décor, au profit de la vérité. Et cela reprend un principe que Vitruve écrivait, dans De Architetura (VIII, 5,9) il notifie cela, en conseillant de ne pas faire invraisemblable, par exemple « un jonc fragile des statuettes coupées en deux, ni peindre des candélabres comme support pour des édifices qui portent eux-mêmes des petites tiges grêles accompagnées d’enroulements, sur lesquelles, contrairement au bon sens (sine ratione), on voit des statues assises 30» Dans le même style, il réalise 4 and plus tard, Woman at the window. Toujours en mettant en scène un personnage, une femme, en ayant en arrière-fond un paysage naturel, au-delà de la mis en scène de cette femme, on a l’introduction de la fenêtre, tout comme le fera René Magritte plus tard.

29 Ibid,., p.19 30 Vitruve : de l’Architecture : livre 5. (s. d.). remacle. Consulté

le 20 décembre 2020, à l’adresse http://remacle.org/bloodwolf/ erudits/Vitruve/livre5.htm#IX

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I. Définition du cadre d’étude

Emergence par l’art

FIG 1.

FIG 2.

FIG 3.

FIG 1. , AMBROGIO LORENZETTI, Allegoria ed Effetti del Buono e Cattivo Governo, 1338-1339. FIG 2. CASPAR DAVID FRIEDRICH, Veduta di un porto, 1815-1816

FIG 3. , RENE MAGRITTE, Condition humaine, 1933

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I. Définition du cadre d’étude

Emergence par l’art

La veduta, l’apparition de la fenêtre, l’invention du paysage occidental en sommes. « La fenêtre est en effet ce cadre qui, l’isolant, l’enchâssant dans le tableau, institue le pays en paysage. Une telle soustraction - extraire le monde profane de la scène sacrée est, en réalité, une addition : le age s’ajoutant au pays 31». Les Italiens utiliseront beaucoup cette méthode tout comme les Flamands, Alberti évoquera d’ailleurs ce sujet en remettant en cause se procéder, « Pourquoi cette seconde veduta, si le tableau, selon la formule d’Alberti, est lui-même une « fenêtre ouverte 32». La veduta nous permet de soulever d’autres phénomènes. À travers la veduta l’auteur nous donne une direction précise a regarder. Anne Cauquelin évoque se sujet d’ailleurs, une forme directive et créative « faire paraître (le paysage) en un lieu où il n’avait nullement lieu d’être et, par là, l’aient imposé comme seul regard possible 33». En quelques sortes, les peintres créent de toutes pièces et ce n’est pas un euphémisme de le dire, le paysage. Ils nous donnent une direction à regarder, un cadre, un contour, un lieu. Cela aurait pu être celui-ci, ou encore celui la, mais non, c’est ce qui est sur la toile. En soit « La raison voit et non l’œil 34»

notamment à travers les peintures paysagères. Pour évoquer une œuvre de ce genre, pourrait parler de Giovanni Paolo Panini, Capriccio romain (Fig.6) en 1735, l’architecture prend place dans la représentation des peintres, sur cette pauvre ici, on peut voir en fond le Panthéon romain, ainsi que l’obélisque, avec pour fond l’horizon étant présent, nous ramenant bien a liée le paysage comme le suggère Michel Courajoud « Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent ». Le travail de la perspective et du détail, sont les traits caractéristiques égalements de ce style de la renaissance. On pourrait terminer cette partie sur l’émergence du paysage au travers de l’art. En rappelant que cela fais toujours et encore échos a ce que nous dis Alain Roger, comme citer auparavant, que le pays n’est pas en premier lieu paysage, mais il le devient en revanche selon ses dires, à travers la puissance et la représentation artistique des peintres notamment, « pays n’est pas d’emblée, un paysage, et qu’il y a, de lui à l’autre, toute l’élaboration de l’art 35».

D’autres mouvements verront le jour durant la renaissance, notamment venu de l’Italie, pour évoquer nos voisins transalpins. Il capriccio , en italien que l’on traduirait, par caprice, fantaisie, ou bien encore coup de tête en français, qui se développe en parallèle et sous une autre forme que la veduta idéale, citer auparavant. Ceci a été un courant artistique qui a commencé principalement en Italie, à partir Del Rinascimento, et qui s’est même poursuivit jusqu’à la période Baroque. Ce mouvement se caractérise comme le dis si bien Filippo Baldinucci, « opéra d’arte che nasse da un’improvvisa fantasia dell’autore », en d’autres termes, c’est le fait d’assembler des éléments ensembles sur une table qui ne vont pas ensemble, mais qui font tout de même une ambiance. Et ce mouvement se déploie et prend de l’importance 31 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.77 32 Ibid,., p.77-78 33 ANNE CAUQUELIN, L’invention du paysage, (chap. Les

34 Ibid,., p.77-78 35 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.23

formes d’une genèse) p. 18

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I. Définition du cadre d’étude

Emergence par l’art

FIG 4.

FIG 5.

FIG 6.

FIG 4. CASPAR DAVID FRIEDRICH, Traveller in a Fog sea, 1818. FIG 5. CASPAR DAVID FRIEDRICH, Woman at the window, 1822.

FIG.6 GIOVANNI PAOLO PANINI, Capriccio romain, 1735.

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La perception du paysage Une dimension In situ et In visu, Subjective et Objective Pour évoquer le sujet sur l’aspect in situ, et in visu, je m’appuierais principalement sur le, Cours Traité du paysage, d’Alain Roger, qui traite cela de manière assez détaillé. Il intronise ce concept, cette vision, dès le début de ses écrits, pour le citer « Pays/Paysage, in situ in visu, que je voudrais mettre à l’épreuve tout au long de cet essai 36». Une volonté certaine, qu’il met en relief, et qu’il souhaite confronter. En premier lieu il serait important de définir le cadre de la pensée d’Alain Roger à ce sujet. Il parle d’une double articulation, la première étant celle touchant, aux termes Pays/Paysage, et la seconde étant la transformation visuelle de celle-ci en l’autre. Notamment par le biais de l’artialisation, qui pour le rappeler est un concept assez philosophique. C’est à l’origine un terme de Michel de Montaigne, grand philosophe et humaniste de la Renaissance. Et c’est au travers de l’un de ses essais, le chapitre 5, Sur des vers de Virgile, qu’il introduit pour la première fois ce principe. Pour le citer, il est écrit : « Si j’estois du mestier, je naturaliserois l’art autant comme ils artialisent la nature 37». Cette expression « artialiser la nature » intervient dans un contexte totalement différent du contenu du chapitre, néanmoins il est notable de la précocité de ce terme dans le temps, nous sommes alors en 1595 lorsque Montaigne écrit cela, et pour l’époque cela est totalement innovant. D’ailleurs cela traversera les temps et des siècles, avant qu’un autre auteur français en prenne part dans l’un de ses écrits, de manière détaillée et construite. Malgré tout elle fut à de nombreuses reprise, reprise justement, à l’instar de Haller, Voltaire, Diderot ou encore l’abbé Delille Plus récemment c’est Charles Lalo, qui l’introduit dans son livre, Introduction à l’esthétique, en 1912, il écrit « La beauté de la nature nous apparaît spontanément à travers un art qui lui est étranger 38». Très intéressant ce que peut nous dire Lalo, il instaure le fait que l’art permet de faire vivre la beauté de la nature, sans même que ses deux entités là (La beauté de la nature et l’art) n’est de connivence. C’est l’une des caractéristiques

très importantes qui nous est apporté ici, les deux éléments fonctionnent en symbiose, lui avec l’autre, afin d’obtenir un substrat inimaginé. Tel est un concept qu’Alain Roger développe, comme j’ai pu le signifier auparavant. Une lecture paysagère en deux temps, ou plutôt en deux volets, qui se rapproche de manière importante de la lecture faites en géographie. Mais passons, deux volets de l’artialisations en découlent. Le premier étant l’artialisation dites in situ (directe, adhérente) consistant « à inscrire directement le code artistique dans la matérialité du lieu 39». Autrement dit, on introduit l’art de manière volontaire dans un site, un paysage, ce qui résulte une métamorphose significative du lieu, le rendant emblématique et reconnaissable. De ce fait alors, elle prend la forme de monuments dans la plupart des cas. Par exemple, La Cité Internationale de Lyon, qui fut créée selon les leitmotivs artistiques, architecturales, ou de designs… devient un lieu emblématique, et fait office de nouveau pôle excentré de l’agglomération lyonnaise. Alain Roger se tente lui à une autre analogie, en prenant comme matière un livre écrit par lui-même, Nus et Paysages, et en prenant pour exemple le corps féminin. Il y a deux manières pour l’art, de convertir, en objet esthétique, une nudité. La première étant in situ, « les ethnologues, peintures faciales, tatouages, scarifications, qui visent à transformer la femme en œuvre d’art ambulant, tour à tour bariolée, ciselée, sculptée, selon que la sentence de l’art s’applique, s’imprime, s’incruste, s’incarne. Il en va de même pour notre maquillage, dont Baudelaire soulignait déjà qu’il « rapproche immédiatement l’être humain de la statue », enduit sur nature, surnaturel 40». La seconde approche, d’Alain Roger, est in visu, et cela nous permet d’introduire ce terme,« Elle consiste à élaborer des modèles autonomes, picturaux, sculpturaux, photographiques, etc. […] Mais un relais supplémentaire est désormais requis, celui du regard, qui doit en effet s’imprégner de ces modèles culturels, pour artialiser à distance 41».

36 ALAIN ROGER , Cours traité du paysage, p.22 37 MICHEL DE MONTAIGNE. Essais(1595):(Chapitre 5)p.52 38 CHARLES LALO, Introduction à l’esthétique, p.128 39 Pratiques paysagères : introductionà une écologie culturelle.

(2010, 15 avril) Journals.Open edition. Consulté le 03 janvier 2020, à l’adresse https://journals.openedition.org/marges/495 40 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.19 41 Ibid,., p.19

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I. Définition du cadre d’étude

Dimension In situ et In visu

En d’autres termes, l’artialisation in visu (indirecte, mobile) « une manière indirecte d’agir sur le regard en lui fournissant des modèles de vision, des schèmes de perception et de délectation 42». Ce processus implique d’ériger le paysage au rang d’oeuvre d’art, aussi bien pour ses caractéristiques qui lui sont propres que pour ses aménagements typiques. Et la classification de ses paysages se fait par deux facteurs, le référent artistique et l’essor du tourisme. Pour donner un exemple concret de cela « le paysage provençal doit impérativement présenter les atours de la garrigue ou du maquis, laisser paraître quelques habitations en pierres, typiques du Sud, le tout incendié par un soleil lumineux 43» On se rapprocherait presque du phénomène de stéréotype, ou d’attente d’un lieu selon des standards ou des préjugés. De cette autonomie, que l’in visu et l’in situ relatent, on pourrait concevoir une autonomie qui serait similaires entre le jardin, le paysage, et le pays. Ils évoluent tous dans une même dynamique d’échanges, et de rencontres, et l’évolution de l'un à la capacité d’influencer partiellement et ponctuellement le développement des deux autres. À ce sujet Anne Cauquelin, intègre une part forte à la notion de site, qui serait le compromis entre « les notions de paysage (un lieu) et d’espace (abstrait, géométrique) 44». C’est ce quelle développe dans son livre, Le site et le paysage, « De l’espace, il garde le positionnement, la situation, l’établissement ponctuel et repérable sur une carte du territoire 45». Et si l’on raccorde cela l’in visu, et l’in situ, on pourrait se prononcer sur le fait que, l’in situ se fonde à partir d’un lieu, alors que l’in visu lui se fonde a partir de l’espace abstrait. « On peut concevoir une notion de site paysager qui serait constitutivement une corrélation entre les artialisations in visu et in situ 46». Ce qui intègre aussi l’émergence du réel et du virtuel, tout comme pour l’art vu précédemment. Au travers de l’art nous avions vu une certaines formes d’embellissement (pour certains des cas), des couleurs, du décor de 42 Pratiques paysagères : introduction à une écologie culturelle. (2010, 15 avril) Journals.Open edition. Consulté le 03 janvier 2020, à l’adresse https://journals.openedition.org/marges/495 43 Artialisation. Wikiversity. Consulté le 3 janvier 2020, à l’adresse https://fr.wikiversity.org/wiki/Artialisation

certains paysages au profit de la réalité, de la vérité. Ici en prenant pour sujet le site, et non l’art, il semblerait qu’il est la capacité de faire le pont entre la modalité du réel et du potentiel virtuel. Pour imager ce concept d’in visu et d’in situ, je finirais ce passage-là en l’imageant, au travers d’un tableau. Puisqu’il est vrai que certaines œuvres, rare sont elles, arrivent de manière totalement indirecte, a transposé leur principe d’artialisation de l’un à l’autre. Je prendrais l’exemple du paysage du Mont Saint-Michel et de sa baie, qui est un modèle de l’artialisation in visu. Et pourtant aujourd’hui de part la logique de conservation, et des impératifs touristiques, afin de préserver ce site dans son état originel, ce paysage devient en quelque sorte une œuvre d’art, et par conséquent a une transposition de l’artialisation in visu en une artialisation in situ.

44 ANNE CAUQUELIN, Le Site et le paysage, p.85 45 Ibid,., p.85 46 Pratiques paysagères : introduction à une écologie culturelle. (2010,

15 avril) Journals.Open edition. Consulté le 03 janvier 2020, à l’adresse https://journals.openedition.org/marges/495

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I. Définition du cadre d’étude

Dimension Subjective et Objective

Pour initier le second principe de perception du paysage, entre objectivité et subjectivité, je citerais le glossaire, de la GéoConfluences qui travaille de manière étroite avec l’ENS de Lyon, et qui recense de nombreuses publications géographiques, à caractères scientifiques pour la plupart d’entre elle, visant à diffuser et à partager le savoir et la formation en géographie. Alors, leur glossaire se nomme, Perception (du paysage) et subjectivité ; « Toute perception est la prise de conscience d’un objet par un sujet. C’est une réponse phénoménale à un stimulus qui se trouve influencée par le sujet lui-même. Au paysage - objet, le spectateur applique ses filtres, interprétations, symbolisations. «La description du paysage, surtout si elle est réussie, nous apprend bien plus sur son auteur que sur le paysage même. Elle dit un état d’âme plus qu’un état du lieu» (Les mots de la Géographie). Par ailleurs, le paysage est perçu de façons très diverses, selon le point de vue, l’échelle, le moment. Les perceptions artistiques du paysage (littérature, peinture, etc.) sont d’une infinie variété et évoluent en fonction des époques 47». Ce glossaire permet d’introduire plusieurs éléments intéressant à traiter au sein même de cette partie, en l’occurrence, la prise de conscience d’un objet par un sujet, l’essence même du paysage en autre, sans sujet observateur, le paysage n’est pas ce qu’il est. En suite l’application de filtre, l’élément de perception et d’interprétation par excellence, c’est le propre de chacun, le ressentis le plus profond d’autrui lors de la contemplation. Et pour terminer, l’aspect de perception selon différents critères qui sont le point de vue, l’échelle et le moment, ce qui peut grandement influer sur le regard que l’on porte à un paysage. Revenons en premier lieu, sur le principe de la prise de conscience d’un objet par un sujet. Pour commencer, on pourrait se demander comment définir la conscience ? Ce terme vient du latin tout d’abord, conscientia, « connaissance en commun ».

47 Perception (du paysage) et subjectivité — Géoconfluences. (s. d.).

2002 Géoconfluences ENS de Lyon. Consulté le 4 janvier 2020, à l’adresse http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/perception-dupaysage-et-subjectivite

48 CONSCIENCE : Définition de CONSCIENCE. (s. d.). Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 4 janvier

D’après le centre national de ressources textuelle et lexicales, la conscience en psychologie est la ; « Perception que nous avons de notre existence, des états et des actes de notre esprit, de ce qui se passe en nous, et de l’effet produit en nous par ce qui se passe hors de nous 48». Une prise en comptes éléments qui nous entourent, de la relation que l’on a avec eux, et de ce que cela nous procure. La conscience de l’objet est assez semblable, cela se définit comme « la relation du Je à un objet, soit extérieur soit intérieur 49». Autrement dit, il y a une mise en opposition du sujet par rapport a l’objet, comme étant ce qui a conscience de soi. Alors qu’au contraire nous avons conscience de l’objet et cela quelle que soit sa nature. Et la conscience de l’objet est l’une des premières formes de conscience que l’on distingue puisque comme le dit Hegel « nous n’avons pas pour commencer conscience d’avoir conscience 50». La structure de cette conscience se matérialise sous la forme de modèles, de 3 degrés différents ; La sensibilité, me permet d’être au contact de la diversité du monde. La perception, me permet de mettre en évidence et de distinguer telle chose dans le monde. Et l’entendement, me permet d’entendre ce qu’est la chose. À partir de ses 3 degrés et 3 moments de l’expérience, « ma conscience se forme et prend progressivement connaissance du réel 51». A partir de là, nous pouvons appliquer ce principe au paysage et la perception de celui-ci. Tout part de la relation de l’observateur (le Je), et de l’espace, du paysage (l’objet), a partir des 3 degrés énoncés précédemment. La sensibilité à un paysage, induit un rapport intime avec « l’objet », quels sensibilités, sentiments, j’éprouve au regard de ce qui se trouve devant moi ? Quelles impressions profondes je ressens ?

2020, à l’adresse

49 COURS N¬∞3 PP/PE. (s. d.). AC Grenoble. Consulté le 5 janvier

2020, à l’adresse http://www.ac-grenoble.fr/lycee/vaucanson/ philosophie/pe_hegel.htm

50 Ibid,., COURS N 51 Ibid,., COURS N

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I. Définition du cadre d’étude

Dimension Subjective et Objective

La perception à un paysage, « Opération psychologique complexe par laquelle l’esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel 52». Cela nous renvoie en tout sens, à une part de réalité, qu’est-ce que je perçois de mes yeux nus ? Qu’elles sont les émotions que cela engendre en moi face la nature qui les provoque ? L’entendement à un paysage, laisse de côté les sensations, afin de saisir au mieux ce qui est intelligible, en sommes une faculté à comprendre ce qu’est la chose. Qu’est-ce que je saisis de la nature de l’objet que l’on dresse devant moi ? Qu’est-ce que j’en comprends réellement ? Pour conclure sur cela, il est notable qu’il y a relation indéniable entre le sujet et l’objet, entre le contemplateur et le paysage. Il y a un rapport d’échange, un dialogue qui s’installe et se met en place entre les deux entités. Et j’insisterais pour finir sur le fait de la dualité complice qui fait que, le paysage existe par ce qui l’est observé, mais en revanche, on pourrait se demander est ce que le paysage existe lorsque celui-ci n’est pas observé ? Désormais, nous pouvons revenir sur un autre thème, qu’ouvrait le glossaire de la Géo Confluences, les effets de filtre que chacun est en capacité d’appliquer au paysage - objet. Pour cela nous allons nous baser sur deux éléments, qui sont la perception, que nous avons déjà vu auparavant et l’interprétation, toujours en lien avec le paysage. Ce sont des éléments très personnels, auquel nous faisons face ici, la perception et l’interprétation est propre a chacun, cela fais appel à ce que nous éprouvons au plus profond de nous. La perception, c’est « ce qui est perçu par l’intermédiaire de nos sens 53». Ici le sens en question, est principalement celui de la vue (même s’il est vrai que cela fait appel à d’autres sens comme l’ouïe ou encore l’odorat, mais a des degrés moindre).

52 PERCEPTION : Définition de PERCEPTION. (s. d.). Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 4 janvier 2020, à l’adresse https://www.cnrtl.fr/definition/perception 53 Ibid,., PERCEPTION 54 JEAN-MARC BESSE, La nécessité du paysage, p23

« En Europe, les héritiers d’une tradition culturelle, qui nous invite a définir le paysage comme une vue sur le pays 54». Je m’accorderais à dire alors, que la perception est intimement liée à celui du regard qui est luimême lié a celui du paysage. Et que de part cela, « l’existence du paysage correspond à une histoire et à une géographies sociales, techniques, et culturelles, du regard 55 ». L’interprétation est une légère variante, de celle de la perception, elle revoit encore plus au propre de chacun, une « Action de donner un sens personnel, parmi d’autres possibles, à un acte, à un fait, dont l’explication n’apparaît pas de manière évidente ; résultat de cette action 56» .Regardant un même paysage, nous percevons, tous de manière stricte au sensu, ou à quelques degrés différents, sensiblement la même chose, nous sommes tous capables de définir ce que nous avons devant les yeux (montagnes, natures, eaux, etc.), même si cela reste quelques choses d’assez personnel. Et c’est souvent les choses les plus personnels et les plus précisent qui sont les plus universels. Cependant, l’interprétation va au-delà de cela, selon moi, et fait appel de manière encore plus prononcer à ce qui se trouve en nous. On peut interpréter un paysage, selon ce que nous avons déjà vu dans le passé (un paysage similaire), selon une référence cinématographique, et bien d’autres encore. Pour initier, la dernière partie, sur la perception faites selon différents critères, je me rattacherais, à la vue et au regard, qu’exprime Jean-Marc Besse. Lorsque l’on perçoit un paysage, plusieurs facteurs rentrent en jeu, comme l’échelle, le moment, ou encore le point de vue. Commençons, par celui du point de vue, un paysage, possède une infinité de point de vue, de regard. Chaque personne possèdera son propre regard, et point de vue, car il est unique, de part ce qu'on peut voir, et ce qui est vue. De manière un peu plus technique, dès le XVIIe siècle, les théoriciens de la perspective, 55 Ibid,., p.23 56 INTERPRETATION : Définition de INTERPRETATION. (s. d.). Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 4 janvier 2020, à l’adresse https://www.cnrtl.fr/ definition/interpretation

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I. Définition du cadre d’étude

Dimension Subjective et Objective

instaurent trois types de vues, l’optique, étant la vue frontale, la catoptique, la vue de haut, et l’anoptique, la contre plongée. « C’est la diversité, de même que la combinaison, de ces regards techniquement composés, et des paysages auxquels ils ouvrent, qui constituent la richesse des relations spatiales que nous entretenons avec notre monde 57». Une richesse infinie, de paysage, de point de vue, pour autant de monde qui le regarde. Le moment, où l’on pose son regard, sur un paysage, nous renvoie avec certitude à une forme de temporalité. Et de par conséquent aux différentes saisons qui rythme l’année. Cela influe forcément sur le paysage que nous regardons, un paysage contempler en hiver, sera forcément différent de celui contempler en été, etc. Je peux également conjuguer cela avec la perception de l’échelle d’un paysage que l’on regarde. La distance en sommes, à laquelle ou nous nous trouvons influence indéniablement, sur ce que nous en capacité de percevoir. À une échelle importante nous voyons l’addition d’une somme d’éléments, dialoguant tous les un avec les autres. Mais en nous rapprochant un peu plus, nous voyons une autre forme de paysage, le paysage végétal, les espèces d’arbres, le paysage du sol, la matérialité, aussi bien dans un environnement naturel, qu’urbain, etc. Pour en conclure avec cette partie, la perception d’un paysage, est un échange entre l’objectivité et la subjectivité. L’objectivité nous renvoie, à des éléments qui existent indépendamment de l’esprit, donc en sommes, les éléments factuels qui constituent le paysage (Naturel ; les arbres, les montagnes, etc. Urbain ; les bâtiments, la matérialité, etc.). Quant à la subjectivité, « Qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul 58», c'est une perception personnelle, de la réalité regarder et décrite. Ce qui nous renvoie à la conscience, et au phénomène de perception ou encore d’interprétation.

57 JEAN-MARC BESSE, La nécessité du paysage, p24

58 SUBJECTIVITÉ : Définition de SUBJECTIVITÉ. (s. d.). Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 4 janvier 2020, à l’adresse https://www.cnrtl.fr/definition/ subjectivit%C3%A9

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La perception du paysage Les catégories esthétiques et les figures architectoniques Pour cette partie, je m’appuierais sur un exemple en particulier, qui est l’œuvre d’Ambrogio Lorenzetti, Effetti del Buon Governo in città, 1338-1339. Une fresque qui se situe à Sienne, dans le Palais Public de Sienne, et plus précisément dans la salle du conseil. Où l’on observe les traits d’une répartition de l’espace assez bien définie, aussi bien au niveau architecturale, qu’au niveau esthétique. Le sublime , Le gracieux, Le pittoresque, Le beau. Comme dirait Alain Roger dans son traité « chaque paysage a son langage », je permettrais d’adjoindre à ses propos que chaque paysage a sa beauté, en allant du Beau au Sublime. L’invention de ses notions dépendent forcément, à l’origine d’une gestation artistique. Le Beau paysage, se distingue, par notamment un aspect géométrique, et mathématiques avec une grande logique mis en avant. Cette notion-ci, a beaucoup étant mis en avant en Orient, et en Chine notamment. Le sentiment de se retrouver devant un « beau » paysage, lorsqu’on le contemple, mais est-il beau ? Cela ne relève pas tant de la question de la beauté de manière intrinsèque mais plutôt, cela nous renvoie, a qu’est ce qui fais le paysage ? Xie Lingyun, assimile ce sentiment ressenti, a une certaines élites cultivées, qui a acquis la capacité d’apprécier les belles choses. En parallèle à cela le sublime occidental se développe, et on croit connaitre que les spécialistes font naitre cela à partir de 1647, date notamment de la traduction de Boileau du traité « du sublime » du Pseudo-Longin. Ce sont les Anglais qui s’empare de cet notion et qui s’engage résolument dans cette voie qui nous mène au sublime, avec principalement la théorisation de Burke, qui a comme précurseur John Dennis, qui relate dans cette fameuse lettre de Turin le 2 octobre 1688, la traversée de la Savoie, avec le franchissement du mont Aiguebelette. Il exprime cela comme un « spectacle horrible », procurant « une horreur délicieuse ». L’usage de l’oxymore, pour designer cela, ne tombera pas dans l’oreille dans un sourd, Burke s’en empare et le conceptualise dès

1757, pour mieux opposer la catégorie du sublime au beau. D’après ses mots Le beau procure du plaisir (pleasure), le sublime une délectation (delight), « Non pas du plaisir, mais une sorte d’horreur délicieuse, une sorte de tranquillité teintée de terreur » « not pleasure, but a sort of delightful horror, a sort of tranquillité tinged with terror 59». Alain Roger en saisi d’ailleurs le concept, afin de définir la campagne comme étant « plaisante », et l’océan est sublime, avec cet aspect « terrifiant ». En ajoutant, « C’est pourquoi, tandis que les femmes ont le sentiment du beau, les hommes ont celui du sublime. Car ce dernier ne réside pas dans l’objet naturel, mais dans la disposition subjective de celui qui le juge, d’où sa fonction éthique 60». Cette distinction mis en avant les siècles précédents, est aussitôt reprise par Kant, dans ses Observations sur le sentiment du beau et du sublime en 1764, qui selon lui « L’aspect d’une chaîne de montagnes, dont les sommets enneigés s’élèvent au-dessus des nuages, la description d’un ouragan ou celle que fait Milton du royaume infernal, nous y prenons un plaisir mêlé d’effroi. Mais la vue de prés parsemés de fleurs, de vallées où serpentent des ruisseaux, où paissent des troupeaux, la description de l’Élysée ou la peinture que fait Homère de la ceinture deVénus nous causent aussi des sentiments agréables, mais qui n’ont rien que de joyeux et de souriant. Il faut, pour être capable de recevoir dans toute sa force la première impression, posséder le sentiment du sublime, et pour bien goûter la deuxième, le sentiment du beau 61». Quoi qu’il en puisse paraître, là où le sublime trouve ses formes les plus fortes c’est lorsqu’on associe la mer et la montagne, comme dans la Critique de la facultés de juger (1791), où la mer et la montagne sont désormais inséparable, on associe leur terme, par le biais, d’un croisement « mer de glace et montagnes houleuses 62». Outre ses deux notions qui prennent une partie de la scène nous oublierons presque d’évoquer deux autres termes qui permettent de caractériser le paysage, autre que celui du sublime et du beau.

59 EDMUND BURKE, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, p133

61 EMMANUEL KANT, Observations sur le sentiment du beau et du sublime, p18-19

60 ALAIN ROGER, Cours traité du paysage, p.111

62 EMMANUEL KANT, Critique de la faculté de juger, p135 35


I. Définition du cadre d’étude

Les catégories esthétiques

Il s’agit du gracieux et du pittoresque. Le premier nous renvoie à cette idée de bonté de douceur, de courtoisie envers autrui. Un terme notamment très utilisés dans l’Islam, pour exprimer une certaines formes de divinité. En l’occurrence lorsque l’on évoque Allah, on le désigne comme « Le Très gracieux, le Très miséricordieux ». L’image la plus forte, pour caractériser cette notion serait la rose ou bien encore le diamant. La dernière notion que l’on se doit d’évoquer, est le pittoresque. Un cadre particulier et singulier encadre cette notion, un cadre dont nous avons des difficultés à en définir les contours. Cette notion esthétique apparait au XVIIIe siècle, est assimilée de manière assez rapide au champs d’actions de la peinture et du voyage, et accompagne les représentations de paysages. Elle traduit le caractère exceptionnel, d’une chose digne d’être représentés en peinture, de par sa couleur, son originalité, et sa curiosité. C’est d’ailleurs à cette époque là qu’un certains William Gilpin, décrit dans un livre les règles de l’esthétique pittoresque Trois essais : sur le beau pittoresque ; sur les voyages pittoresques ; et sur l’art d’esquisser le paysage. Puisque ce sont en effet les Anglais qui s’empare et développé le plus cet aspect-ci, ce n’est d’ailleurs pas anodin, si l’on caractérisa le jardin anglais de « pittoresque ». William Kent, est l’architecte qui développe le plus le concept de parc, avec notamment une intervention à Holkham Hall. Ce dernier de par sa manière de faire en inspirera d’autres, en allant jusqu’à influencer René-Louis de Girardin, qui dessinera le parc d’Emerainville, et le tombeau de Rousseau. Une composition singulière puisque la tombe du célèbre du philosophe JeanJacques Rousseau, se trouve sur une île, en plein milieu de l’eau. Néanmoins, après avoir défini tous les traits caractéristiques, du beau au sublime, en passant par le gracieux, et finissant par le pittoresque, une œuvre que l’on a évoqué en introduction de cette partie, réunit en une seule œuvre tout cela. Il s’agit de l’œuvre d’Ambrogio Lorenzetti.

En effet au travers de son œuvre, il divise l’espace en 3, la Ville, la Campagne et la Nature. Chacun de ses 3 espaces est définis selon une des catégories esthétiques vu auparavant. La ville, nous renvoie à l’idée de gracieux. Une stature organisée, autour de rempart, une organisation interne qui inclût notamment des jardins et des remparts de fortification. Il s’agit de parler du jardin à l’italienne ici, qui se démarque, du jardin a la française ou encore du jardin à l’anglaise, de par son organisation géométrique prédominante. Mais plus que tous ses espaces, ses lieux font appel a l’idée de courtoisie, d’échanges et à la délectation. La campagne, nous renvoie à l’idée de pittoresque. Un lieu qui en sommes est très difficile à définir et à décrire. On pourrait de manière aisé, l’assimiler au jardin à l’anglaise par exemple, qui « privilégie une nature aux allures de campagne qui symbolise le prolongement des paysages 63». Après avoir dit cela, c’est ce que semble laissé paraître Lorenzettti dans son œuvre, c’est-à-dire une grande étendue de verdure propice au cultivation et à l’agriculture, mais sans une organisation, clair, laisse vivre la nature dans son état sauvage en sommes. La nature, nous renvoie à l’idée du sublime. Et comme nous en avons évoqué le sujet précédemment, l’évocation du sublime permet de mettre en relief souvent deux entités opposées, des oxymores. On pourrait alors s’atteler à en faire de même, en désignant les montagnes comme d’une « horreur sublime ». Dans le tableau, c’est d’ailleurs la partie la plus sombre de celui-ci, alors certes ces également la partie la plus lointaine à la ville par exemple, néanmoins, il me semble que cela ne soit pas anodin, et révèle fort du caractère, craintif de ses roches sortis du sol.

63 Introduction au jardin anglais. Gerbeaud. Consulté le 5 janvier 2020, à l’adresse https://www.gerbeaud.com/jardin/ amenagement/introduction-au-jardin-anglais.php

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I. Définition du cadre d’étude

Les figures architectoniques

En s’appuyant toujours sur l’œuvre de Lorenzetti, qui comme on peut le contester est d’une très grande richesse, alors que nous sommes qu'en1338, lorsqu’il la réalise. Nous avons vu, l’intégration des catégories esthétiques dans cette œuvre, d’après une division de l’espace, rendu assez clair, par la composition de celle-ci. Au-delà, des catégories esthétiques on observe également l’intégration de figures architectoniques, qui sont pour toutes associé de manière assez intuitive les une au autres. Autrement dit, le gracieux, qui fait partie de la ville, intègre, l’idée de jardin. Lorenzetti, par cela crée du lien entre ses trois éléments, et les caractérisent selon trois formes, un espace, une catégorie esthétique, et une figure architectonique. Il fait de même avec les deux autres.

Pour en conclure, sur cette partie, on pourrait mettre en avant l’oeuvre d’Ambrogio Lorenzetti, qui fut le principal support de notre réflexion. Puisqu’on doit l’admettre, elle est d’une très grande richesse, et intègre des notions assez complexe, comme des notions d’esthétiques, des notions architectoniques, des notions de répartitions de l’espaces et surtout des notions de paysages. La perception du paysage continue de se densifier et de se complexifier, au travers des éléments mis a notre disposition pour l’analyser.

La campagne, est assimilé, au pittoresque qui est luimême lié, à la villa. Le terme villa, qui est d’origine latine, désigne un domaine, qui comporte à la fois des bâtiments d’habitations mais aussi d’exploitation. Ici de par ça position au sein du tableau, il s’agit d’une villa de campagne, la résidence des travailleurs de la terre, des agriculteurs. Ses habitations, sont destinés, a ceux qui cultivent, et qui viennent approvisionner les villes a proximités. La partie de la nature, qui fait appel au sublime, fait apparaitre le belvédère. Si l’on prend sa traduction de l’italien, cela nous donne, Bello vedere, en autre terme, « belle vue » ou encore « beau voir ». Le plus souvent ses objets architecturaux, ont pour fin, d’admirer le champ de vue qui s’étend jusqu’à très loin. On en retrouve avec une forme de rotonde, de formes plus géométriques, quoi qu’il en soit, le belvédère a pour but de permettre a celui qui se trouve d’admirer la vue qui se dresse devant lui. D’ailleurs, on l’associe beaucoup à la notion d’horizon, et c’est l’une des premières matérialisations architecturales, qui comporte une position dominante dans le paysage, pour justement observer et contempler celui-ci.

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FIG 7. , AMBROGIO LORENZETTI, Allegoria ed Effetti del Buono e Cattivo Governo, 1338-1339.

Re-intrepretation de l’oeuvre, dessin schématique mettant en avant les catégories esthétiques et architectoniques

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I. Définition du cadre d’étude

Les catégories esthétiques

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La perception du paysage La composition du paysage Dans les parties précédentes, nous nous sommes longuement attardés sur des éléments qui nous permettent au mieux, d’observer le paysage, mais aussi de l’interpréter, au travers de différents points de vue, qui nous permettront de déterminer leurs influences et leurs productivités pour le champ architectural notamment. Néanmoins, il nous manque, cet aspect de composition, et de critères qui font le paysage ? Quels éléments sont déterminants dans cette notion, afin de l’identifier comme paysage ? Quels sont les valeurs et les acceptations ? C’est à ses questions que nous allons essayer de répondre dans les pages qui suivent. Pour parler d’un pays, qui est paysage, il faut le soumettre à divers champs des possibles, a diverses acceptations. Le confronter, et voir ce qui en résulte, de créer un fil d’Ariane entre les acceptations qu’on en fait, et ce qu’il les a fait émerger dans le temps. C’est d’ailleurs ce que tente de faire Jean-Marc Besse, dans son livre, La nécessité du paysage, il identifie 5 acceptations majeures, qui serait une base de la compréhension du paysage. La première acceptation est, le paysage comme représentation culturelle et sociale. Qui nous renvoie àla discipline de la peinture, ce que l’on a pu voir en première partie. Ce qui introduit, le vocabulaire de l’art, c’est-à-dire, la perspective, le cadre, la vue, le tableau, etc. Tout cela, évoque un attrait subjectif de l’acceptation, qui est propre a un juste déterminé. La seconde acceptation est, le paysage comme territoire façonné et habité par des sociétés. Ce qui fait échos au domaine de la géographie. Un vocabulaire qui lui est propre, on parle alors de territoire, de populations, etc. Et sans équivoque cela témoigne de l’objectivité.

introduit, des paroles comme, organismes vivants, les écosystèmes, les différentes espèces, etc. Faisant appel une certaine forme d’objectivité. L’acceptation suivante est, le paysage comme une expérience sensible des lieux. Cette acceptationlà fais grandement échos à la partie précédente, lorsque nous avons traité, des effets de perceptions, d’interprétations, et ce n’est pas anodin, si le vocabulaire qui se rapproche de cette acception, son la vue, l’odorat, l’ouïe, etc. Cela fais donc partie de la dimension subjective du paysage. La dernière acceptation est, le paysage comme projet. Grandement imagé par la discipline du paysagisme, et qui fait appel à un vocabulaire, de circonstance, projet, site, commande, planification, etc. Acceptation particulière puisque c’est l’unique pont entre la dimension subjective et la dimension objective. Toutes ses acceptations, nous servent de base afin de définir le paysage. A noté qu’a aucun moment l’une des 5 acceptations a vue l’architecture comme discipline émergente. On pourrait néanmoins, rattacher de manière légère, l’architecture, à la dernière acceptation, celle du paysagisme et du paysage comme projet. Cependant, cela est encore trop vaste si l’on se contente de relier l’architecture et le paysage sans intermédiaire. Surtout si l’on se tient à ce que nous disait, René-Louis de Girardin, dans son livre, De la composition des paysages, « Ce n’est donc ni en Architecte, ni en jardinier, c’est en Poète et en Peintre qu’il faut composer des paysages, afin d’intéresser tout à la fois l’œil et l’esprit ».

La troisième acceptation est, le paysage comme substrat naturel de l’activité humaine. Tout comme la seconde acceptation, cela appartient au domaine de la géographie. Pour lequel le vocabulaire

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I. Définition du cadre d’étude

La composition du paysage

La composition du paysage, je me permettrais de dire qu’il n’y à pas de composition type du paysage, tout comme il n’y a pas de réel définition du paysage en lui-même. Puisque cela dépend notamment, de son interlocuteur, observateur, mais aussi de son approche personnelle vis-à-vis d’un lieu. Chacun définit les limites de son paysage, de son cadre d’étude, et de ce fait ce qui compose son propre paysage. « Soulignons que chaque regard apportant un point devue particulier et partial, il est important, voire fondamental, en matière d’aménagement du territoire, de préciser l’approche suivie car elle influence les résultats obtenus d’une manière dont il faut tenir compte. » 64 Pour étayer mes propos, je vais par la suite évoquer plusieurs regards de professionnel, de différent corps de métier, pour lequel chacun a sa propre composition d’un paysage.L’approche de l’historien est une lecture du paysage, comme un héritage culturel, une somme de données des civilisations passés. Son regard se porte alors sur les traces humaines du paysage, qui sont souvent le fruit des reflets d’une civilisation, son évolution, ses permanences et ses ruptures, « comme par exemple la trame cadastrale ancienne, les bâtiments patrimoniaux, les toponymes conservés, les pratiques héritées… » 65 Le psychologue quand à lui, apporte une dimension d’analyse, dans la notion de perception du paysage, comme nous avons pu le voir précédemment, dans la partie dédiée a ce sujet. Il n’y a de paysage que perçu, le paysage n’existe que si on le regarde, cela comprend donc une certaine mis en scène, le « Je » et « l’objet », l’observateur et l’observé. Sans cette mécanique le paysage ne prend pas vie, au même titre que l’observateur n’est pas acteur. « Le paysage n’existe que si on le regarde. » 66 L’architecte-paysagiste, est le maitre de la conception et de l’aménagement des paysages, notamment lorsqu’il s’agit de parcs et de jardins. Pour qu’il puisse avoir paysage, il faut avoir une vision d’ensemble des éléments constitutifs du lieu, dans lequel on se trouve. Je ne m’édenterais pas plus sur ce sujet,

puisqu’une partie à part entière sera dédié a ce sujet dans la suite. Pour conclure sur ce sujet et cette partie, nous allons évoquer, les limites du paysage. Sa composition en tant que tel peut différer selon les corps de métier, de la personne et pleins d’autres facteurs, néanmoins le point de convergence de tous ceux-ci, semble tout de même être la limite que l’on donne au paysage. La première limite, est semble toute celle qui vient en premier est la limite visuelle. « Elles bornent et ferment les espaces et délimitent ainsi l’étendue du paysage perçu par un observateur ». 67 Les limites, qui délimitent l’espace peuvent être de tout type, elles sont aussi bien physiques, que réelles, que même topographiques. « La permanence, la sinuosité, la netteté, l’escarpement sont les caractéristiques les plus influentes dans la perception des limites ». 68 La deuxième forme de limites, est celui de l’horizon, c’est ce qu’induit indirectement Michel Courajoud, lorsqu’il dit, que le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, en d’autres termes ici ils nomment indirectement l’horizon, comme étant le pont ou plutôt la ligne de convergence de la terre et du ciel. Sans mettre sur le sujet, la notion d’horizon se distingue, et se divise en deux axes, le premier étant l’horizon externe, c’est ce qui concerne tout ce qui est au de là de notre perception visible. Le second, est l’horizon externe, dans lequel on comprend tous les obstacles physiques qui empêchent la visitions de voir au-delà. On parle alors d’accident du relief, la végétation, les constructions, etc.

64 CONNAISSANCES-ET-COMPREHENSION-DE-LA-NATURE/ PAYSAGE/LIVRE. (s. d.). Permabox. Consulté le 10 février 2021, à l’adresse http://permabox.ressources-permaculture.fr/ CONNAISSANCES-ET-COMPREHENSION-DE-LA-NATURE/ PAYSAGE/LIVRE_Paysage-etat-.pdf

65 Ibid,., CONNAISSANCES-ET-COMPREHENSION-DE-LANATURE/PAYSAGE/LIVRE 66 Ibid,., 67 Ibid,., 68 Ibid,.,

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Le paysage urbain Les principes et acceptations Lors des deux précédentes parties, La notion du paysage, et, La perception du paysage, nous nous sommes attelés à comprendre l’émergence du paysage dans un premier temps, mais également le mécanisme, qui nous permettait de le comprendre, et de l’appréhender. Nous nous sommes cantonné il est vrai, a désigné le paysage de manière général, le paysage comme étant une « étendue de pays que l’œil peut embrasser dans son ensemble ». 69 Dans cette partie, nous allons évoquer, de manière plus précise un type de paysage. Puisqu’il est vrai, le paysage c’est découpé sous différentes formes, sous différents points d’intérêts, on parle de paysage de plaines, de paysages littoraux, de paysages de montagnes, et de paysages urbains, et c’est sur ce dernier que nous allons approfondir notre propos.

à l’expérience du passant attentif plongé dans la ville. » 72 Ce que l’on peut déjà noter, c’est que l’émergence du paysage urbain, fait appel à d’autres disciplines, que celle que nous avons vu pour la naissance même du paysage, au sens large du terme. Le théâtre en est une source, les décors, l’aspect immersif, et pris en compte afin d’immerger le public, dans une idée de ville, sur la scène. La géographie, utilise cette expression de paysage urbain, pour designer les traits de la ville, ce qui la caractérise. Et puis comme nous l’avons déjà, au travers des écrits, des poèmes, mais aussi celui de Baudelaire, il se veut critique envers ce que représente le paysage, la réduction que nous en faisons, n’est pas entièrement correct, et met en avant, une nouvelle vision.

Le paysage comme nous l’avons vu, tient son émergence de la littérature, de la peinture de l’art en sommes. Mais si l’on évoque le paysage urbain, son émergence est légèrement différente, et fait appel à un autre domaine, qui est le théâtre. C’est ce que rapporte Franceschi, « le terme paysage apparaissant dès le XVIe siècle dans le contexte de la ville, sans être accompagné de l’adjectif urbain ».70 Le théâtre est alors ce qui permet de le représenter sous forme physique. Par le biais des décors, intuitivement, un paysage de ville se dégage. Dans le domaine des sciences, c’est la géographie qui s’empare de l’expression, de paysage urbain, et cela dès le XIXe siècle, et notamment en Allemagne. Expression inventer « pour désigner les formes et l’apparence physique de la ville ». 71 Toujours, durant le XIXe siècle, Baudelaire formule également cette expression, donnant le titre de paysage parisien, au premier des, Tableaux parisiens. Dans ce poème, Baudelaire remet en question l’idée des limites du paysage, qui se cantonnent encore jusque-là, à la campagne et au végétal, principalement. Son point de vue, « élaborent un modèle de représentation paysagère de l’urbain qui s’est avéré fort influent, correspondant

Le paysage dit urbain. La question commence à se poser dans les années 1970 principalement, par la géographe Sylvie Rimbert (1972), et ensuite par d’autres auteurs tel que Nathalie Blanc (2005) ou Xavier Michel (2007). Le succès de ce terme, et de tout ce que cela peut englober, fait de lui un élément avec un champ pluridisciplinaire, il est indifféremment employé par « les urbanistes, les architectes et les paysagistes pour désigner toute vue faisant référence de près ou de loin à un paysage situé en milieu urbain. »73

69 Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales. (s. d.). Cntrl.

72 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain » 73 Projets de paysage | Le paysage urbain durable, une nouvelle utopie

Consulté le 20 novembre 2020, à l’adresse https://www.cnrtl.fr/ etymologie/paysage

70 Projets de paysage | Le « paysage urbain » en question (s. d.).

Projets de paysage. Consulté le 7 janvier 2020, à l’adresse https://www. projetsdepaysage.fr/fr/le_paysage_urbain_en_question

71 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain »

Néanmoins, les échos que cela provoque n’est pas reçu de manière unanime par toutes les disciplines sujettes. Un bon nombre se refusent à cette expression, la caractérisant « d’antinomique » (absolument opposé). L’un des premiers reproches qui est fait, et celui de l’absence d’horizon, comme le soulève Michel Corajoud « Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent » 74, 1982 ou encore Latour Hermant en 1999 « une mobilité permanente qui n’appellerait pas à la contemplation ». La ville ne peut faire paysage, car elle est construite de toutes pièces, comme le fait remarquer Michel Corajoud, « c’est un montage dont l’unité n’est qu’artefact ».

pour l’aménagement des villes ? (s. d.). Projets de paysage. Consulté le 7 janvier 2020, à l’adresse https://www.projetsdepaysage.fr/fr/fr le_paysage_ urbain_durable_une_nouvelle_utopie_pour_l_am_nagement_des_villes_

74 MICHEL CORAJOUD, « Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent », dans Roger, A. (dir.), La théorie du paysage en France, p. 142-152.

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I. Définition du cadre d’étude

Les principes et acceptations

De ce fait, plonger dans la ville, à travers les hauteurs des bâtiments, la prise sur l’horizon se fait rare,le passage d’un espace urbain en paysage devient dès lors plus qu’incertain, voire incongru, selon Frédéric Pousin. Il faudrait alors se trouver en marge de la cité et de la ville, « Il faut rejoindre les limites extérieures de la ville, retrouver l’horizon et la matérialité du monde pour que l’idée manifeste de paysage soit ressentie. Parfois, il est vrai, le paysage entre en ville : lorsque la maille se relâche et que le ciel y descend ». 75 L’acceptation du paysage urbain, est difficilement accepté, il faut alors qu’on lui impose une condition d’existence, la condition étant le lien avec l’horizon, comme nous l'a dit Michel Corajoud. Ce que l’on pourrait répondre à cela, serait que la ville, n’est pas plus « construite de toutes pièces » 76, que par exemple un jardin urbain, ou bien encore un parc, conçu par un paysagiste. Ou bien encore, « qu’une campagne modelée et cultivée par un paysan, ou encore qu’une représentation composée par un artiste pour faire paysage ». 77 On se retrouve face à des divergences d’avis, qui se confronte autour, d’une question principale, qui semble être, peut-on qualifier l’urbain de paysage ? Ils existent un certains nombres de faits qui nous prouve que oui, nous pouvons. Notamment à travers l’interaction de trois savoirs, qui sont les disciplines artistiques, « le paysage de représentation », les sciences humaines « paysage d’interprétation », et enfin les disciplines de l’aménagement « paysage d’intervention ». Si l'on se concentre sur le premier savoir, « le paysage de représentation ». À l’image du paysage comme nous l’avons traité auparavant, de nombreuses peintures reflètent un intérêt pour des vues de ville. Cela se met en forme, depuis notamment les découvertes de la perspective, que l’on recense à peu près aux alentours du XVe siècle. Provenant du latin, perspectiva, qui signifie en d’autres termes,

« une vision traversante », est une méthode mis au point à Florence, et on l’attribue à l’architecte Filippo Brunelleschi. Cette technique permet, de représenter l’espace et les objets avec de la profondeur, on joue-la sur l’effet d’illusion intégrant l’espace dans une certaine troisième dimension. Cela est une aubaine pour les peintres, qui peignent les villes, leur permettant de simuler un point de vue, avec cet effet de perspective ce qui donnera à leurs représentations de villes, un effet « à vol d’oiseau ». Mais outre le plaisir esthétique et le plaisir artistique, ses représentations se veulent instructives. Une instruction au public de l’espace qui les entoure, mais d’un point de vue tout autre que celui qu’ils peuvent avoir en sillonnant la ville à pieds. Néanmoins il « faudra attendre le XIXe siècle pour que cette conception du paysage en scènes urbaines soit clairement formulée ».78 De ce que peut noter, c’est que l’art de la représentation, est un outil fort, pour faire émerger des concepts. Au-delà des mots, les images parlent d’elle-même et suscite des compréhensions imagées, de la ville et de l’espace en l’occurrence ici. Le « paysage d’interprétation » se veut lui proche de la géographie et cette idée de paysage urbain est défini dans le, Dictionnaire de la géographie, de P. George comme étant « l’aspect présenté par l’ensemble des constructions, équipements, infrastructures et espaces libres d’une agglomération ». 79 Ce qui est intimement lié, aux phénomènes de la morphogenèse urbaine que soulève Ritchot, autrement dit, les formes urbaines qui paysage l’urbain. Pour faire un parallèle avec la culture anglo-saxonne, la réflexion sur les paysages urbains, intervient seulement dans les années 198090. Ils définissent d’ailleurs cela comme étant, « le contexte visuel de l’existence quotidienne. », à partir de l’usage de, Townscape, Cityscape, ou encore de, Streetscape. Ses principes sont d’ailleurs repris par Lynch, dès le début de son livre, L’image de la Cité, où il commence à évoquer la lisibilité des espaces et la qualité visuelle des villes Américaines,

75 MICHEL CORAJOUD, « Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent », dans Roger, A. (dir.), La théorie du paysage en

projetsdepaysage.fr/fr/le_paysage_urbain_en_question

France, p. 142-152

77 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain » 78 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain » 79 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain »

76 Projets de paysage | Le « paysage urbain » en question (s. d.). Projets

de paysage. Consulté le 7 janvier 2020, à l’adresse https://www.

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I. Définition du cadre d’étude

Les principes et acceptations

« La clarté apparente ou « lisibilité » du paysage urbain. Par là nous voulons dire la facilité avec laquelle on peut reconnaître ses éléments et les organiser en un schéma cohérent ». 80 L’idée du paysage urbain peut aider à cela, à rendre les éléments cohérents les un avec les autres, il utilise la métaphore de la feuille de papier et des inscriptions qui s’y trouvent dessus, « Tout comme cette page de papier imprimée est lisible si on peut la percevoir comme un canevas de symboles reconnaissables et liés entre eux, de même une ville lisible est celle dont les quartiers, les points de repère ou les voies sont facilement identifiables et aisément combines en un schéma d’ensemble ».81 Tout le principe de son livre repose sur cela, la reconstruction des villes, on là compose à partir d’un concept de lisibilité, qui est crucial. Si cela est respecté, l’ensemble est alors cohérent, et on peut alors parler de paysage urbain. Le « paysage d’intervention », s’associe plus volontiers aux projets urbains. « Au départ, les principales préoccupations paysagères dans l’exercice d’aménagement des villes se sont articulées autour des questions de nature en ville, voire plus spécifiquement autour de la présence d’éléments végétaux ».82 Le constat initial sont celles-ci, et cela se matérialise et se met en forme à travers les parcs, les jardins, ou encore des rues bordées d’arbres. Cette volontée de ramener la nature en ville, n’est pas anodine, elle est élevée par le courant hygiéniste, « courant de réformateurs sociaux s’inspirant des Lumières et dénonçant les conditions de vie urbaines misérables ».83 Le leitmotive est clair, et annoncé, embellir la ville, en faisant rentrer la nature. Cela est notamment repris par Le Corbusier, croyant que l’homme est la nature ne peuvent être séparé l’un de l’autre. C’est d’ailleurs ce qu’il propose avec, La ville radieuse. Les immeubles étant construit sur pilotis, laisse le sol libre pour que les piétons aient la possibilité de déambuler. Quant aux espaces libres ils sont transformées en surfaces plantées, et la ville devient alors un parc. On reviendra sur Le Corbusier 80 KEVIN LYNCH, L’image de la Cité, p.3 81 Ibid,., p.3

plus tard, lorsque nous évoquerons les grands ensembles. Le XXe siècle, verra naitre l’importance de l’apparence visuelle de la ville, en associant à la fois la beauté urbaine, à une harmonie générale, d’ordre et de lisibilité, ce qu’évoquait déjà auparavant avec Lynch. L’urbanisme en a pris conscience, et considère cela, comme tant le principal outil de gestion du paysage urbain, rendu possible par une lisibilité, d’où découle des normes de construction, l’alignement des toits, des façades, des couleurs, ou encore l’uniformisation des mobiliers urbains qui jonchent la ville. « La question du paysage s’assimile ici à une préoccupation par rapport au cadrage visuel, formel et normé de l’espace urbain ».84 Formellement cela se matérialise, par le nombre grandissant d’accès visuel panoramique sur la ville. On compose la ville désormais, en y intégrant des corridors visuels, qui permettent de cadrer et de diriger la vue. Pour conclure, sur cette partie qui introduit, la notion de paysage urbain, a mis du temps à se trouver. Elle a été souvent comme nous l’avons critiqué sur le fond et le forme, ne réunifiant pas suffisamment les fondamentaux même du paysage en tant que tel. Ce qu’on pourrait dire c’est que l’association, paysage/ville (urbain), rend cette notion complexe est intègre un panel d’éléments encore plus nombreux que le paysage en luimême. Cela fait échos à plusieurs domaines de connaissance, les géographes, les architectes, les urbanistes, les philosophes, ou encore les paysagistes. Ce que nous verrons de manière plus approfondie dans la partie suivante.

82 Projets de paysage | Le « paysage urbain » en question (s. d.). Projets de paysage. Consulté le 7 janvier 2020, à l’adresse https://www. projetsdepaysage.fr/fr/le_paysage_urbain_en_question 83 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain » 84 Ibid,., Projets de paysage | Le « paysage urbain »

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Le paysage urbain Héritage pluridisciplinaire Comme vu précédemment, la notion de paysage urbain, englobe de multiples disciplines, impactant la ville de par ses actions, planification de l’espace, etc. En tête de listes de celle-ci on retrouve notamment, les architectes, les urbanistes, mais surtout les paysagistes. « L’usage actuel de l’appellation de « paysagiste » est récent, rappelons qu’a l’origine, ce mot désignait le spécialiste d’un genre pictural, le peintre du paysage ». 85 À partir de 1945, on caractérise cette génération « d’inventeurs », avec comme principale volonté, l’ouverture de l’espace urbain. En précurseur de cette époque, on retrouve notamment JeanClaude-Nicolas Forestier, il incarne le paysagisme actuel, en faisant la synthèse de ses compétences, jardinier, artiste, ingénieur et urbaniste, architecte et horticulteur. Il écrit d’ailleurs en 1906, Grandes villes et systèmes de parcs, mettant en avant le fait que la nature a la capacité de structure les espaces libres. La reconnaissance des paysagistes perd en valeurs lorsqu’en 1940, il est créé l’Ordre des Architectes, et cela contraint par ailleurs les paysagistes de l’époque d’abandonner leur titre d’« architecte paysagiste », qu’ils s'étaient d’ailleurs eux même donnés. De ce fait les paysagistes se mobilisent afin d’obtenir eux aussi un enseignement et un diplôme. Cela ne tarde pas tellement, puisqu’en 1945, il est créé « la Section du paysage et de l’art des jardins », à Versailles. En 1961, il est créé la Société Française des Paysagistes, puis en 1969, la création de la Chambre syndicale des Paysagistes-conseils. La professionnalisation se poursuit encore, il est créé en 1976, l’École Nationale Supérieure du paysage de Versailles, et enfin il y a une quarantaine d’année, en 1981, la Fédération française du Paysage voit le jour. La volonté politique étant de former des professionnels qui intégreront les équipes chargées de la reconstruction. Une certaine forme de reconnaissance, de part la création de cet 85 DUBOST, F. (1983). Les paysagistes et l’invention du paysage. Sociologie du travail, 25(4), 432‑445. https://doi.org/10.3406/sotra.1983.1947 86 Ibid,., Les paysagistes et l’invention du paysage.

enseignement, le rôle de paysagiste est désormais connu et reconnu, et désormais enseigner. L’après deux guerres va mettre en excerbe le champ pluridisciplinaire. « La profession de paysagiste s’est constituée à partir d’un débouché offert par la commande publique dans les années cinquante, le traitement des « espaces verts » dans les grands ensembles ».86 Un bon nombre de réalisations de l’après-guerre furent très peu soucieuses de la dimension de paysage. Or mis des compensations, de végétaux supposée compensé des manquements a ce niveau, la réflexion reste encore assez limitée. La création d’un enseignement à Versailles comme nous l’avons vu auparavant, laisse paraitre une certaine forme de considération, et d’ambition paysagère. Intéressant de noter, que ce diplôme se veut être « la double série de connaissances requises, celles de l’horticulture et celles de l’architecture ».87 Une action pluridisciplinaire va se mettre en œuvre, se caractérisant comme la symbiose entre « l’aménagement alliant précisément maîtrise du matériau végétal et culture de projet ».88 Ils sont à la fois, ingénieurs, architectes, paysagistes et urbanistes, et travaillent tous sur l’ensemble des échelles d’intervention des projets. Cet alliage de discipline enrichie de manière certaine, la réflexion, et se veut être le croisement entre « la réflexion théorique et pratique du projet en associant approche esthétique et maîtrise technique rigoureuse ». 89 Dans le récit de Françoise Dubost, Les paysagistes et l’invention du paysage, déjà citer auparavant, l’auteur se permet une caricature intéressante, et synthétise l’action des paysagistes, « on peut dire que la mission des paysagistes s’est bornée d’abord à « mettre du vert » dans les espaces interstitiels des grands ensembles, à meubler les « blancs » du plan masse ». 90 Un point de vue intéressant, qui ne semble pas être anodin, et mets plutôt en lumière la considération émise envers les paysagistes à l’époque. 87 BLANCHON CAILLOT, B. (2007, 31 décembre). Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’habitations Openedition. https:// journals.openedition.org/strates/5723 88 Ibid,., Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’habitations 89 Ibid,., Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’habitations

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En évoquant le métier de paysagiste, il semblerait imprécis, de ne pas parler, d’André Le Nôtre, que l’on peut considérer comme le plus important paysagiste de l’époque moderne. Un itinéraire tout tracé ? Surement, puisqu’il est fils et petit fils, de jardiniers. Il se fait connaître à l’époque, en reprenant les dessins de jardins de son père, des jardins destinés au Roi, en 1637. Peu de temps après il est appelé sur le chantier de Vaulx-le-Vicomte, et travaillera avec l’architecte Louis Le Vau. Ce projetlà sera remarquable dans sa carrière, puisque tout le monde demande les services d’André Le Nôtre, Louis XIV, et toute l’aristocratie française. Si l’on devait retenir une caractéristique prépondérante, cela serait sans doute sa capacité a magnifié, le site, et respecté ses spécificités. Le Nôtre met en valeur la nature, notamment par le biais de la géométrie, « en suivant un procédé qui découle aussi de la réflexion philosophique de son époque et du développement des sciences et des techniques concernant l’aménagement et l’organisation de l’espace ». 91 C’est d’ailleurs a cette époque que l’on définira un code formel, première grammaire de l’aménagement de l’espace. Un code que l’on retrouve applique aujourd’hui dans ses certaines réalisations contemporaines.

« Un vieux métier, une profession nouvelle : la distinction apparaît constamment dans le discours des paysagistes qui, en invoquant le caractère ancien du métier ». 92

Si l’on devait en tirer une conclusion, pourrait émettre le fait que la profession de paysagistes, est mis du temps à éclore et prendre son envol solitaire. Malgré le fait quelle soit porté par des noms qui ont marqué la profession, à l’image d’André Le Nôtre en France, mais je citerais également William Kent qui durant la même époque, explore le domaine et développe le jardin « naturel », la forme naissante du style pittoresque, en Angleterre. La profession met du temps à se professionnaliser, néanmoins, la parole est pris en compte, et considérer d’un nouvelle œil, lors notamment de la forte demande publique des grands ensembles.

90 DUBOST, F. (1983). Les paysagistes et l’invention du paysage. Sociologie du travail, 25(4), 432‑445. https://doi.org/10.3406/sotra.1983.1947 91 André Le Nôtre (1613-1700) - Ecole Nationale Supérieure de Paysage Versailles - Marseille. (s. d.). Ecole paysage. Consulté le 201-02-12, à l’adresse http://www.ecole-paysage.fr/site/annee_lenotre_fr/andre-le-notre-1613-1700biographie.htm

92 DUBOST, F. (1983). Les paysagistes et l’invention du paysage. Sociologie du travail, 25(4), 432‑445. https://doi.org/10.3406/sotra.1983.1947

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Le paysage urbain Points de vue des Grands-Ensembles Je commencerais par initier cette partie, par une pensée que beaucoup peuvent partager, qui est de penser que « les grands ensembles sont aujourd’hui communément perçus comme un anti-paysage ».93 De prime abord, le point de connivence entre ses deux notions, est assez éloigné il faut le reconnaitre. Tout autant éloigner que lorsque nous avons évoqué le paysage-urbain. Force est de constater que cette expression, notion, a réussi à se frayer un chemin, parmi ses détracteurs et les pensées contraires.

Néanmoins, quoi qu’il en puisse paraître, et peu importe l’orientation prise face à la crise du logement, en France cela a permis, aux ouvriers des banlieues ouvrières, les habitants des habitats insalubre, les mains d’œuvres des grandes industries, des usines, d’avoir un accès au confort, dit moderne pour l’époque, c’est-à-dire l’accès à l’eau courante, à l’eau chaude et froide, au chauffage, aux équipements sanitaires, etc. Cependant cette politique là soulève d’autres problème, cela permet d’en résoudre certes, mais la résolution est à court terme, et ne fait pas partie d’une logique globale, pour citer de nouveau K.Lynch, « La clarté apparente ou « lisibilité » du paysage urbain. Par là nous voulons dire la facilité

avec laquelle on peut reconnaître ses éléments et les organiser en un schéma cohérent ».94 L’importance de la lisibilité est fondamentale, pour un fonctionnement global, surtout au niveau urbain. Puisque très vite, les habitants se plaignent, par exemple du manque de commerces a proximités de ses grands ensembles, ou encore des transports qui rendent les déplacements difficiles, ou encore de la vie de quartier qui n’a pas été pensée en amont. En parallèle de ses grands ensembles les HLM (Habitations à Loyer Modéré) voit également le jour, mais tout comme les grands ensembles sans réflexion pour la plupart à long terme. Une réponse rapide et direct. Si l’on s’essayait à définir les grands ensembles, on pourrait les définir à partir de deux axes. Le premier étant celui du service de l’Inventaire du ministère de la Culture français, « un grand ensemble est un aménagement urbain comportant plusieurs bâtiments isolés pouvant être sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan masse constituant une unité de conception. Il peut être à l’usage d’activité et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements. Son foncier ne fait pas nécessairement l’objet d’un remembrement, il n’est pas divisé par lots ce qui le différencie du lotissement concerté ». 95 Le second consensus pour définir le grand ensemble provient du géopolitique Yves Lacoste, « un grand ensemble est une masse de logements organisée en un ensemble. Cette organisation n’est pas seulement la conséquence d’un plan masse ; elle repose sur la présence d’équipements collectifs (écoles, commerces, centre social, etc.) […]. Le grand ensemble apparaît donc comme une unité d’habitat relativement autonome formée de bâtiments collectifs, édifiée en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements ». 96 Le géographe Hervé Vieillard-Baron, précise les définitions énonce précédemment, et caractérise les grands ensembles comme étant un « aménagement en rupture avec le tissu urbain existant » 97

93 DANIEL PINSON. Les grands ensembles comme paysage.

95 Les Grands Ensembles. (2012, 16 octobre). C’est la faute

Pour en revenir aux Grands Ensembles. Ce genre de construction voit le jour en France, dans le milieu des années 1950-70. Pour faire face à la crise du logement, dû à l’après deux Guerres, la France opte pour une politique de barres et de tours, pour remédier a ce problème. Et c’est bien le seul qui opte massivement pour cela, dans tout les pays occidentaux que nous connaissons. À titre de comparaison le Royaume-Uni, les Pays-Bas et autres pays scandinaves, optent eux à contrario pour des cités jardins, des immeubles bas ou encore des maisons individuelles isolées ou en bande. Une stratégie tout autre, et une réponse aux problèmes de logements différents, du bloc socialiste, comme en Allemagne ou en Russie par exemple. Qui comme la France, s’oriente plutôt vers une politique de grandes barres de logements.

In: Cahiers de la Méditerranée, n°60, 1, 2000. Paysages urbains (XVIe-XXe siècles). Tome II [Actes du colloque de Grasse, décembre 1998] pp. 159

94 KEVIN LYNCH, L’image de la Cité, p.3

à Le Corbusier. https://lafautealecorbusier.wordpress. com/2012/10/16/les-grands-ensembles/ 96 Ibid,., Les Grands Ensembles. 97 Ibid,., Les Grands Ensembles.

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I. Définition du cadre d’étude

Points de vue des Grands-ensembles

Dès 1980, explose une crise sociale en France, qui émerge, avec une « série de séries de décrets (…) promulgués sous le titre : « Urbanisme, HLM, crise du logement ».98 En réponse a cela, il est créé au début des années 1980, « la politique de la ville », appelée aussi « politique urbaine ». « Pour pallier les inégalités sociales et urbaines la France a mis en place, et ce depuis les années 80, la politique de la ville dans les quartiers dits prioritaires ». 99 Ayant comme but principale de revaloriser les quartiers urbains dit « sensible » de par la hausse des inégalités sociales, et de la hausse des violences du à cause de cela. L’approche qui est faite est alors axés selon trois axes indissociables, qui sont le volet urbain, le volet économique et le volet social. Une réflexion tridimensionnelle. Mais pour revenir à ce qui nous intéresse nous allons nous concentrer sur l’objet des grands ensembles par le biais du volet urbain. Les grands ensembles comme nouveau paysage. La mécanique d’intervention pluridisciplinaire comme vu auparavant tarde à se mettre en place. Le plan de reconstruction et de l’urbanisme lancé en 1951, met en avant des objectifs, sur la cellule de logement, de l’industrialisation, et des espaces verts censés apporter un penchant hygiénique et fonctionnel. Tout ceci porté par des slogans, tel que « Habiter dans un parc ». Dans la plupart des cas le recours au paysagiste se fait une fois que les bâtiments ont été entièrement réalisé. Néanmoins plusieurs projets font exception a cela, la prise de conscience des qualités du site devienne première. Cela est semble-t-il du à la nomination de Raoul Dautry, le premier ministre qui dirige le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Le grand ensemble comme dirait Daniel Pinson est un « pur artefact, gigantesque machine à habiter ». De par leur dimension imposante et importante, ils se donnent à voir au reste de la ville, qu’ils surplombent dans la majeure partie des cas. De nouveau paysage

prenne forme, la ville s’habille de manière tout autre, « la ZUP refait le paysage : elle est un tableau avant d’être un ensemble habité. Elle reste une représentation picturale, un exercice académique pour un ensemble à réaliser d’une dimension peu familière ». 100 Nous pouvons désormais donné un coup d’œil sur le paysage qui suscite les grands ensembles, à la fois vu et vécu, puisqu’il existe différentes échelles d’appréhension du paysage. Ici les grands ensembles ont des échelles d’appréhensions allant, de celle de la ville, à celle du quartier, et en finissant par celle de l’immeuble et de la rue. À l’échelle de la ville, l’impact que suscite les grands ensembles est toujours massif, et imposant de par sa posture, à l’architecture environnant. « Ainsi les grands ensembles se donnent à voir par eux-mêmes et par leur situation, dominant de la hauteur de leurs 10/15 étages les pavillons voisins ou culminant en gratte-ciel sur les crêtes surplombant les noyaux villageois ».101 Les grands ensemble à l’échelle d’une ville est contrastant, il contraste de par le paysage nouveau qu’il crée, donné à être vu et voir, mais aussi par son mode de production. L’État de crise étant là, il faut construire rapidement, l’industrialisation se met en place au profit des grands ensembles qui émergent durant la même période. À l’échelle du quartier, « Ensemble moderne dont les hérauts affirment d’emblée la mission urbaine de remise en ordre contre l’anarchie pavillonnaire et l’insalubrité intra-urbaine, le grand ensemble provoque aussi comme paysage urbain construit, à la fois visuellement et symboliquement, une inversion des valeurs urbaines ».102 Au sein d’un quartier, le contraste d’échelle est important, par rapport aux maisons individuelle. Historiquement la taille des constructions, était proportionnelle à leur fonction et leur rôle aussi bien politique que symbolique. De ce fait la hauteur des bâtiments de

98 1850-1995 - Les étapes de la politique du logement en France. (s. d.). (UNAF -

100 DANIEL PINSON. Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée, n°60, 1, 2000. Paysages urbains (XVIe-XXe siècles). Tome II [Actes du colloque de Grasse, décembre 1998] pp. 162

99 Acteurs de la politique de la ville. (s. d.). Ministère de la Cohésion des

101 Ibid,., Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée p.163

Union nationale des associations familiales|textebrut). Consulté le 20 décembre 2020, à l’adresse https://www.unaf.fr/spip.php?article14718 territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Consulté le 15 janvier 2021, à l’adresse https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/acteurs-de-lapolitique-de-la-ville

102 Ibid,., Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée p.164

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I. Définition du cadre d’étude

Points de vue des Grands-ensembles

logements, était moindre par rapport aux édifices publics ou communautaires. Il y avait une hiérarchie de dimension. Le grand ensemble vient bouleverser cela, et inverse totalement le rapport établi historiquement. « Le logement s’investit alors d’une monumentalité inhabituelle, tandis que l’édifice destiné à l’association s’efface dans une écrasante banalité ».103 À l’échelle de l’immeuble. Pour appréhender au mieux cette partie nous allons comparer le geste architecturale, des habitations occidentales et des grands ensembles. Ce qui diffère d’emblée c'est l’orientation, l’orientation topologique qui permet de structurer l’architecture, et ainsi de distinguer à la fois un devant et un derrière et aussi de distinguer le public et le privé. Mais cette dimension a disparu dans l’architecture de la barre et de la tour dans le grand ensemble. Nous avons perdu ce qui « ordonnait la relation du domicile avec l’espace public : la distinction d’un devant et d’un derrière, d’une façade principale qui se donne à voir et d’un jardin privatif plus caché ».104 La structuration du présentable et de l’imprésentable a aussi disparu, le montré et le caché, le propre et le sale, le beau et le laid, le public et le privé, tout ceci disparait dans une forme d’indifférenciation des faces et des façades de la barre et de la tour. « Le derrière est donc un second devant, et ce qui voudrait se cacher y parvient difficilement ».105 On pourrait les caractériser d’immeubles-objets qui sont inorientés, avec la perde notion de la face principale. Je me dois d’introduire dans cette partie dédier à la relation des grands ensembles et du paysage, le point de vue du Corbusier à propos de cela. « C’est la faute à Le Corbusier »106 Voici comment un site titre son chapitre dédier aux grands ensembles.

103 Ibid,., Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée p.164 104 Ibid,., Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée p.165 105 Ibid,., Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée p.166 106 Les Grands Ensembles. (2012, 16 octobre). C’est la faute à Le Corbusier.

https://lafautealecorbusier.wordpress.com/2012/10/16/les-grands-ensembles/

Il est souvent clamé que Le Corbusier, est la figure marquante de la ville contemporaine, le père fondateur de la ville moderne. Cette posture provient de nombreux, projet d’urbanisme qu’il a confectionné, la Ville contemporaine conçu pour 3 millions d’habitants en 1922, le Plan voisin en 1929, ou encore la Ville Radieuse en 1935. Ce qu'on retient principalement des projets de Le Corbusier, c’est une rupture totale et radicale, par rapport au tissu urbain traditionnel qui était mis en place à l’époque. Il imagine alors une ville où le bâtiment ne repose pas directement sur le sol, une dé-densification du sol, afin de le rendre libre de tout mouvement. La réflexion se base sur un principe de forme d’immeubles répétitifs, composé selon une trame orthogonale, qui s’étend jusqu’à l’infini. Néanmoins comme je l’ai dit auparavant, le rapport au sol que prône Le Corbusier, est particulier et innovant pour l’époque. Selon lui le sol dans ses grands ensemble se doit d’être densifié, et envahie verdure, permettant alors aux habitants de circuler de manière libre et de profiter de la vue lointaine qu’offre les logements. « Ses idéaux couplés aux articles de la Charte d’Athènes (1933), seront repris par les architectes et urbanistes des grands ensembles de l’après-guerre ».107 En bref rappel, la charte d’Athènes tire son nom, d’une publication faite par Le Corbusier, lors d’un congrè international de l’architecture moderne, le CIAM, en 1943. Les principes de cette charte, repose principalement sur la planification urbaine et la séparation des fonctions dans l’espace. En sommes, « les grands principes du fonctionnalisme en architecture et en urbanisme».108 Et ses grands principes sont mis en œuvre dans les opérations d’aménagement urbain de l’après-guerre. Néanmoins, tout ceci est rapidement remis en question, dans les années 1975, où le constat est fait, « urbanisme de zonage ». On transposera alors le logement collectif, au logement individuel, ou à l’urbanisme réalisé avec le principe de l’îlot. 107 LE CORBUSIER : PÈRE DES GRANDS ENSEMBLES ? (s. d.). CAUE.

Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.caue-idf.fr/content/lecorbusier-p%C3%A8re-des-grands-ensembles

108 Charte d’Athènes — Géoconfluences. (s. d.). 2002 Géoconfluences ENS de

Lyon. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse http://geoconfluences.ens-lyon.fr/ glossaire/charte-dathenes

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I. Définition du cadre d’étude

Points de vue des Grands-ensembles

Si on en revient plus spécifiquement à Le Corbusier, ce qu’on ne peut lui reprocher, c’est qu’il garde toujours en tête lors de sa conception; c’est de concevoir des « machines à regarder le paysage », et sa réflexion des grands ensembles va dans cette direction. Libérer le sol, en mettant « sous pilotis » les grands barres de logements, de donner à voir le paysage aussi bien dans les logements, qu’au sommet de ses grands ensembles, montre bien l’importance qu’il porte, la relation du paysage et de l’architecture. Le père fondateur des grands ensembles, mais d’autres architectes, durant cette même époque produisent dans ce sens, il y a notamment Fernand Pouillon, qui bâtira de nombreux logements durant cette période. Malgré tout de manière général les grands ensembles restent assez méprisé. À l’époque ils furent conçus, et cela relevait plutôt un caractère d’une expérience novatrice, qui mettait en avant la modernité et l’originalité. Pour conclure sur cette partie, je reprendrais les paroles de Daniel Pinson, dans son livre, Les grands ensembles comme paysage, « On peut, en ce sens, analyser le grand ensemble comme un paysage, d’abord comme artefact picturo-architectural, ensuite réifié dans l’espace socio-spatial de ville, perçu enfin comme segment d’un environnement urbain plus vaste, au sein duquel il prend une valeur relative ». 109

109 DANIEL PINSON. Les grands ensembles comme paysage. In: Cahiers de la Méditerranée, n°60, 1, 2000. Paysages urbains (XVIe-XXe siècles). Tome II [Actes du colloque de Grasse, décembre 1998] pp. 167

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Introduction de l’étude de cas Rationalité du choix des Minguettes Durant toute la première partie, le fil conducteur fut bien évidemment le paysage, et nous l’avons regarder de plusieurs facettes. Le premier étant le paysage, le paysage en tant que tel, celui qui est né à travers l’art, des écrits, etc. Le second prisme fut de transposer le regard du paysage jusqu’aux mondes des villes, de l’urbain en d’autres termes. Cela reste encore vaste, le paysage urbain, cela désigne à la fois une entité totale, et à la fois rien de bien précis. Si l’on recentre le propos au sujet des grands ensembles, le cadre d’étude et de réflexion, commence déjà à se resserrer et à se préciser. Le paysage urbain des grands ensembles de la reconstruction d’après-guerre. De nouvelles formes urbaines naissent comme nous l'avons vue lors de la partie précédente, cela modifie significativement, l’espace et surtout le regard de celui-ci, et par prolongement, le paysage urbain de manière générale. Il y ici un double dialogue, deux formes de paysage se rencontrent, deux notions. Le paysage dit naturel, qui nous ramène à la nature, là ou le regard se perd jusqu’à l’horizon, et ou le ciel et l’horizon se touche, jusqu’à si loin que l’on peut perdre la notion, de qui est qui. Cette forme de paysage est aussi applicable au ville, néanmoins moins présent et plus difficilement qualifiable, voir même accepté. Je reprendrais une citation de Michel Courajoud, que je trouve assez parlante, et qui illustre bien le point de vue, et donc les divergences qu’il peut y avoir au sujet du paysage urbain, « Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent ».110 Cependant, malgré ses belles paroles, le paysage urbain existe, il y a à la fois la notion de nature et d’horizon à prendre en compte, mais aussi la somme de tous les éléments qui font la ville. Les vides, les pleins, la matérialité, le sol, des alliances, tout cela contribue à construire l’argumentaire du paysage urbain, comme vu précédemment. Ce que nous allons essayer de mettre en lumière au travers de cette étude de cas c'est le croisement entre la notion de paysage dit naturel, et celle du paysage dit urbain, et comment ses deux notions arrivent a composer, de nouvelles formes, de nouvelles ambiances, de nouveaux regards. Pour se faire nous nous concentrerons plus spécifiquement sur le quartier des Minguettes, situé dans la périphérie lyonnaise, dans la ville de Vénissieux.

Comme nous le verrons, c’est un quartier en extrême urgence de logements, l’état décide de mettre en place des zones de priorités absolu de logements, dont Vénissieux fait partie. À ce même titre et en parallèle à ce quartier, d’autres aussi font l’objet de cette réflexion, également dans la commune lyonnaise. Le quartier de La Duchère, naît dans les années 1960, là où la crise du logement atteint son summum. Le maire de l’époque Louis Pradel, lance la construction d’un grand ensemble, dirigé par l’architecte François-Régis Cottin. Dans la même période, le quartier de Bron Parilly sort de terre, victime du même phénomène qui touche la France et plus particulièrement Lyon ici, la crise du logement n’épargne aucune ville. Les nécessités se font présentes, et la construction de grandes barres ou de tours est la solution qui est retenue. Trois quartiers qui se ressemblent, qui voit le jour a la même époque, pour des raisons identiques. Alors pourquoi, plus spécifiquement le quartier des Minguettes ? J’expliquerais tout d’abord ce choix par le fait de la superficie d’intervention, et du bâti encore restant de l’époque. Le quartier des Minguettes et de Bron Parilly, ont subi durant les années précédentes, des démolitions de certaines tours ou barres, de part leurs insalubrités grandissantes, mais également par la fuite des populations peuplant ses habitations. Le quartier des Minguettes malgré les nombreuses démolitions reste un quartier marqué par son empreinte de, Grands Ensembles, au contraire de Bron Parilly, ou leur présence est un peu plus nuancée, tout comme à la Duchère. Le choix s’est également porté vis a vis des espaces publics, et espace verts, présent au sein de ses quartiers. Force est de constater que le quartier des Minguettes, au contraire des deux autres, est eu une réflexion paysagère, notamment par l’intermédiaire de Michel et Ingrid Bourne. Il n’est pas sujet de juger ses espaces, qui aujourd’hui sont dépourvu de réel fonction et d’usages, néanmoins, la réflexion de penser les grands ensembles, ne fut pas seulement, une réponse à la crise, mais aussi une projection à la fois vis-à-vis de la qualité du site, mais également une projection d’usages de ses espaces verts. Deux arguments, qui m’on fait pencher sur le sujet des Minguettes.

110 Corajoud, M, Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre

se touchent , dans Roger, A. (dir.), La théorie du paysage en France, Paris, Champs Vallon, 1995, p. 142-152.

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Quartier des Minguettes, Vénissieux, Lyon Année de construction; 1960

Quartier de Bron-P Bron, Année de cons

Plan de situation actuel 1/7500

Nombres de barres et tours; 94 Nombres de logements; 9200

Nombres de bar Nombres de log

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Parilly/ Les essarts, , Lyon struction; 1959

rres et tours; 11 gements; 5300

Quartier de La Duchère, 9 ème arrondissement, Lyon Année de construction; 1958

Plan de situation actuel 1/7500

Plan de situation actuel 1/7500

Nombres de barres et tours; 39 Nombres de logements; 2608

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Présentation de l’étude de cas Le quartier dans la ville de Lyon Lors de cette étude de cas, nous évoquerons, le quartier des Minguettes situé dans la banlieue lyonnaise de Vénissieux, et plus précisément les grands ensembles qui fleurissent et voit le jour au début des années 1960. Dans un contexte de crise sociale et de logements, une politique de reconstruction va être mis en place, avec un parti pris architecturale, de tours et de barres. Une architecture impactante, qui transforme le visage des quartiers, mais aussi le paysage environnant. De ce fait, cette étude de cas est l’occasion de mettre en relief, tout le cadre d’étude vu précédemment, en premier lieu l’aspect et la prise en compte du paysage naturel dans le projet des grands ensembles, comment est ce que cela se met-il en forme ? Et dans un second temps, nous nous concentrerons plutôt sur la notion de paysage urbain, le rapport de ce quartier avec le reste de la ville de Lyon, et des quartiers environnants. La situation géographique de Vénissieux. La commune se situe dans la banlieue Sud de Lyon. Elle tient son nom du Moyen-Age, signifiant autrefois « villa Véniciès ». Étymologiquement, cela aurait donné des années plus tard « Vénissieux », comme nous le connaissons aujourd’hui. Considérée comme la porte Sud de l’agglomération lyonnaise, Vénissieux faisait/fait partie du « Pays du Velin », sur la rive gauche du Rhône. Un territoire d’une vingtaine de kilomètres carrés, qui a entretenu pendant des siècles de très fort échanges, avec le centre de Lyon. L’identité de ce pays du Velin, c’est perdu avec les années et surtout à cause de l’urbanisation de l’agglomération lyonnaise, à partir des années 1950. Géographiquement, Vénissieux et les communes aux alentours, sont marquées par un léger relief, avec une plaine, qui est elle-même dominé par la petite colline du Centre. La partie Sud de la commune est quant a elle, marqué de manière plus significative par le relief, avec notamment le plateau des Minguettes qui culmine à 259 mètres.

Vénissieux d’un point de vue historique, est un territoire se situant un peu dans l’ombre de Lyon. Un lieu caractérisé autre fois aux alentours du Xe siècle, de très peu hospitalier, avec une terre très peu fertile, ce qui n’encouragea pas une sédentarité du lieu. Néanmoins quelques siècles plus tard, les mentalités changent, et Vénissieux devient peu à peu une terre nourricière au profit de Lyon et de ses alentours. « En 1866, on compte près de 400 exploitations agricoles massées le long des axes du bourg ».111 Il est possible d’observer encore sur site aujourd’hui d’anciennes fermes datant de cette époque-là. Jusqu’à présent la commune de Vénissieux appartenait à l’Isère ce n’est qu’en 1852, le 2 mars exactement, que par décret Vénissieux dépend du département du Rhône au même titre que Bron, Vaulx-en-Velin ou encore Villeurbanne. Au fil des années et suite au progrès technologique, la commune s’industrialise peu a peu, « en 1894, dans une déclaration faite lors d’une séance du conseil municipal, Laurent Gerin, riche propriétaire, explique que l’avenir de Vénissieux passe par son industrialisation ».112 C’est d’ailleurs ce qu’il se passe, les Établissements Maréchals s’implante sur son territoire, et fait de Vénissieux « la capitale française de la toile cirée ». L’industrialisation se poursuit, et permet un développement aussi bien urbanistique que démographique. Le « boom » de l’automobile, voit s’implanter les bâtiments des usines Berliet (constructeur automobile, qui cessera la fabrication en 1939), 23 hectares seront dédiés a cela. À titre de comparaison avec une autre usine automobile, Ford à Detroit, dès 1918 « l’usine de Vénissieux sera un tiers plus vaste que celle de son modèle américain ».113 Cependant la guerre qui sévit durant cette époque, détruira pas moins de trois bâtiments, et détruira une bonne partie de la ville de Vénissieux. Néanmoins cette première guerre mondiale, sera synonyme d’une poursuite de l’industrialisation à grande échelle, « Vénissieux va

111 Vénissieux, V. (s. d.). Histoire & Patrimoine / Vénissieux / Ma ville / Ville de Vénissieux. Histoire & Patrimoine. Consulté le 12 janvier 2021, à l’adresse https://www.ville-venissieux.fr/Maville/Venissieux/Histoire-Patrimoine

112 Ibid,., Vénissieux, V. (s. d.). Histoire & Patrimoine / Vénissieux / Ma ville / Ville de Vénissieux. 113 Ibid,., Vénissieux, V. (s. d.). Histoire & Patrimoine / Vénissieux / Ma ville / Ville de Vénissieux.

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Le quartier dans la ville de Lyon

être le théâtre d’une transformation spectaculaire ».114 La population croit fortement, de par la grosse concentration de main d’œuvre et d’outillage, et par l’arrivée de migrants. En sommes l’industrialisation sera porteuse de la hausse des créations d’emplois. La forte concentration des usines et de l’habitat ouvrier, le partage des mêmes activités, est un élément qui a fortement favoriser la cohésion sociale de cette population. La seconde guerre mondiale marque en tournant certain dans l’évolution de Vénissieux, puisqu’elle sera investie par les soldats ennemis, et les usines Berliet notamment subiront de gros dégâts et de destructions. « Le 2 septembre 1944, Vénissieux se libère des troupes nazies »115, et on dénombre pas moins de 1200 foyers détruits, la crise du logement nait alors comme nous l’avons évoqué précédemment. Le plan de reconstruction est lancé dès 1944 par le maire Louis Dupic, pour donner une réponse à cette crise de logements. C’est à partir de 1962, sous le maire Marcel Houël, que Vénissieux, prend de l’ampleur, se hissant ainsi au rang de troisième ville du Département du Rhône. Le chantier de la ZUP des Minguettes ouvre en 1963, sur par moins de 220 hectares. 10 ans plus tard, l’essentiel des immeubles sont déjà bâtis et fonctionnelles. Point important l’explosion démographique de Vénissieux fut très rapide, en à peine 10 ans, et a l’aube de 1981, et a l’été 1983, des incidents se déroulent aux Minguettes, les prémices d’une limite atteinte dans les quartiers de banlieue. De ces évènements découleront la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Le métro arrive à Vénissieux (Métro D), dans les années 1990, initialement prévu pour aller jusqu’aux plateaux des Minguettes, mais le Sytral, reculera face à ce projet, et ne desservira finalement que deux stations dans la commune. L’apport de transports en commun, permettra encore le développement de certains de ses quartiers, et de nombreux projets fleurissent.

Ce que l’on peut rajouter au sujet de Vénissieux, et surtout aux niveaux des grands ensembles, c’est que pour la plupart d’entre eux, ils deviennent insalubre, et la qualité de vie se dégradent fortement dans ses habitations. La décision final est prise en 1983, de finalement en détruire, quelques un. Face à l’insalubrité, et le départ nombreux des habitants de la plupart de ses grands ensemble, le constat est établie, en un peu moins de 30 ans cette opération d’urbanisme à grande échelle, est un échec. Certains grands ensembles et tours, dans d’autre partie du quartier resteront debout, mais le 9 Juin 1983, la toute première tour des Minguettes est détruite, un an plus tard une vingtaine de tours subiront le même sort. En aout 2007, la dernière tour du quartier Armstrong est elle aussi détruite. Le quartier à l’heure d’aujourd’hui est en pleine mutation, et en pleine rénovation urbaine surtout, la stratégie urbaine est de délaissé les immeuble de grands ampleur et haut, au profits d’habitats moderne à taille humaine. Le métro D qui autrefois ne desservais seulement deux arrêts, continuerait comme initialement prévu jusqu’au plateau des Minguettes, ce qui permettra de relier le quartier directement au 8ème arrondissement de Lyon, ainsi que jusqu’au campus universitaire de la Doua.

114 Ibid,., Vénissieux, V. (s. d.). Histoire & Patrimoine / Vénissieux / Ma ville / Ville de Vénissieux.

115 Ibid,., Vénissieux, V. (s. d.). Histoire & Patrimoine /

Vénissieux / Ma ville / Ville de Vénissieux.

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Lyonnais, Lyonnaise Population municipale. 518 635 hab. (2018) Densité. 10 834 hab./km 2 Superficie. 47,87 km2

45° 45’ 50.555» N 4° 50’ 8.372» E

Vénissians, Vénissianes Population municipale. 67 129 hab.

(2018 en augmentation de 8,91 % par rapport à 2013)

Densité. 4 379 hab./km2 Superficie. 15,33 km2

45° 41’ 58.538» N 4° 53’ 4.074» E


II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Le quartier dans la ville de Lyon

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Présentation de l’étude de cas Contextualisation du projet-urbain Avec la partie introductive précédente, nous nous sommes attelés à situer Vénissieux au sein même de Lyon, de comprendre les relations passées avec la ville et les alentours, mais aussi d’appréhender les projets présents et futurs surtout. Un quartier en particulier nous concerne, c’est celui des Minguettes, qui a subi de nombreuses mutations ses dernières années, entre les premières constructions dès 1963, les destructions de 1983, et les nouveaux projets, qui voient le jour, le quartier est en mutation quotidienne. Le projet des grands ensembles fut mené par les architectes-urbanistes Eugène Beaudouin, Bornarel et Frank Grimal ainsi qu’avec l’expertise de deux architectes-paysagistes Michel et Ingrid Bourne. Nous reviendrons en profondeur sur acteurs principaux, plus tard. Comme dis précédemment, le quartier des Minguettes fût construit entre 1966 et 1973. La totalité de la réflexion urbaine avoisine les 200 hectares. En 1973, la quasi-totalité de la ZUP est construit, au total se sont près de 9200 logements qui naissent, « dont 7500, soit plus de 80% en HLM ».116 À l’heure d’aujourd’hui le chiffre est en baisse si on le compare, à celui précédemment évoqué, le quartier accueille pas moins de 7800 logements, avec 6500 logements ayant le caractère de HLM. Cette forte baisse dans les chiffres, n’est pas anodine, elle est d’ailleurs explicable. Puisque « près d’un millier d’appartements y ont été détruits depuis les années 80 ».117 Le processus de réflexion commencent dès 1985, en murant les tours et dont les 750 logements se vidaient peu à peu. « Le taux de vacances devenait supérieur a 50% ».118 À l’occasion de cette destruction des dix tours « Démocraties », Paul Bernard, le préfet de la Région Rhône-Alpes, déclarait « L’objectif est de faire tomber les murs qui obscurcissent la vue sur l’avenir. Ce moment est mêlé d’une émotion que nous partageons tous, mais c’est

aussi la fin d’une ville sourde et a veugle ». Le 11 octobre 1994, « un symbole du paysage des banlieues disparait ».119 Mais cela fut déjà le cas 10 ans plutôt, en 1981, des émeutes éclatent dans le quartier des Minguettes, caractérisant « l’été chaud ». Les jeunes des quartiers et les forces de l’ordre rentre alors en conflit, et affrontent violemment. De cet été la découlera deux ans plus tard « la Marche des Beurs », partant de Monmousseau, et rejoignent Paris. « Les Minguettes deviennent le laboratoire national de la Politique de la Ville ». 120 Marcel Notargiacomo, qui était le responsable du service municipal de la jeunesse, dresse un constat vis-à-vis du projet urbain des Minguettes « Cette crise a amputé le pari pris aux Minguettes pour un type d’urbanisme et des formes de mixités sociales et culturelles qui se voulaient porteurs de promesses de mieux vivre, et de mieux vivre ensemble. Elle a impacté le lancement de la politique de la Ville et une nouvelle réflexion quant à la question de l’urbanisme, marquée notamment par la démolition de trois tours à Monmousseau en 1983 ». 121 Les démolitions se succèdent jusqu’a aujourd’hui, afin de repenser le quartier avec un point de vue nouveau sur la banlieue. Des tours continuent d’être détruite en 1999, puis en 2002, ainsi qu’en 2004. Avant de faire un bond en arrière sur la conception et la réflexion des ensembles, au-delà du fait d’avoir instauré une nouvelle formes de paysage, nouveau pour l’époque, les tours viennent habiller le paysage et cela de manière inédite. Une nouvelle forme de paysage urbain nait, Michel Courajoud, ne serait pas en parfait accord avec ses propos, il leur reprocherait le manque d’horizon dans cette nomination. Néanmoins il y a un avant et un après, et Vénissieux, et les Minguettes en furent les principaux acteurs. Revenons un instant à la cimaise du projet. L’état prévoit de réaliser sur le plateau des Minguettes

116 Vénissieux : aux Minguettes, 457 logements vont être détruits pour 1000 reconstruits. (2019, 22 mai). Le progrès. https://www.leprogres. fr/rhone-69-edition-est-lyonnais/2019/05/22/venissieux-auxminguettes-457-logements-vont-etre-detruits-pour-1-000-reconstruits

118 Dépagneux, M. (1994, 11 octobre). Destruction aujourd’hui de dix tours du quartier des Minguettes. Les Echos. https://www.lesechos. fr/1994/10/destruction-aujourdhui-de-dix-tours-du-quartier-desminguettes-891221

117 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@N06/46639378025/

119 Moris, G. (2011, 7 juillet). 1981 : l’ ; été chaud » des Minguettes révèle la problématique banlieue à la France. Expressions. https:// www.expressions-venissieux.fr/2011-07-07-1981-lete-chaud-desminguettes-revele-la-problematique-banlieue-a-la-france/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Contextualisation du projet-urbain

un des plus grands ensembles majeurs de l’agglomération. Un site remarquable, situé au sud est de l’agglomération, conjointement on retrouve par ailleurs Saint-Fons. « Sur la rive gauche du fleuve, le grand ensemble, dont on voit les tours au loin, marque la porte Sud de l’agglomération. Il forme un ensemble d’habitat collectif imposant ; il domine à l’Ouest la vallée de la Chimie et à l’est le bourg de Vénissieux et d’anciennes implantations industrielles. À l’Est, le grand ensemble est coupé par des pentes abruptes du bourg de Vénissieux. Plus au Sud, et en contrebas, l’Hôtel de ville et la nouvelle médiathèque forment une articulation urbaine importante entre la ville ancienne et le plateau. Au Nord-Est, le site est enserré dans un tissu mixte alternant pavillonnaire, immeubles collectifs et anciens bâtiments industriels […] Au sud, le plateau domine la plaine de Feyzin et le tracé du boulevard urbain Sud ». 122 La qualité du site est indéniable, et la création de la future ZUP est confiée à la SERL (Société d’équipement de la région lyonnaise). À la tête du projet on retrouve l’architecte Eugène Baudoin. Fils d’une famille d’architecte, il obtient en 1928, le Grand Prix de Rome, titre qui lui permettra de mener une carrière au sein des Bâtiments Civils et Palais Nationaux. Il fait partie des architectes phare de la période de l’entre deux guerres, il réalisa notamment la cité de la Muette à Drancy, en SeineSaint-Denis, entre 1931-1934, la cité de Rotterdam à Strasbourg en 1951. Cet architecte est alors nommé, ici au Minguettes pour mener a bien ce projet de grand envergure. À ses côtés on retrouve deux autres architectes, René Bornarel et Franc Grimal.

ensemble des Minguettes. Ils interviennent dans un premier temps en réalisant un relevé topographique, ainsi qu’avec le recensement des differents types de milieux botaniques locaux afin de pouvoir créer une symbiose végétale globale correspondant au site existant. Voici le contexte urbain, et de projet auquel l’équipe de projet va être confronté. Dans la partie qui suit nous verrons, les différentes propositions paysagères mis en avant en amont, ainsi que de la réflexion de chacune des parties prenantes du projet. On se demandera alors, est ce que le grand ensemble des Minguettes est un projet avec une réflexion paysagère ? Et quelles sont les éléments de lecture qui nous permettent d’en tirer une conclusion, à ce sujet.

Comme il a pu être dit en amont, l’équipe d’architecte est accompagné de deux paysagistes, Michel et Ingrid Bourne. Issu de la formation Versaillaise, ils interviennent dans un premier temps sur le site de Bron-Parilly. Fort de cette expérience, et de leur 10 ans d’expertise dans les grands ensembles de la périphérie lyonnaise, ils exigent de pouvoir être associé en amont du projet, du grand 120 Ibid,., 1981 : l’ ; été chaud » des Minguettes révèle la problématique banlieue à la France. 121 Ibid,., 1981 : l’ ; été chaud » des Minguettes révèle la problématique banlieue à la France.

122 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@N06/46639378025/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Conextualisation du projet urbain

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Les Minguettes, un projet de paysage (?) Les propositions urbaines et paysagères Les Minguettes, un projet de paysage ? Comment cela se met-il en forme, et se matérialise-t-il ? L’équipe d’architecte et de paysagistes, ont à leur disposition, un peu plus de 220 hectares, afin de réaliser et de concevoir, une nouvelle forme de paysage urbain, et une nouvelle forme relationnel avec le paysage existant. Le quartier actuel se situe sur un ancien plateau agricole, où l’équipe de concepteur, met en place un plan masse moderne « accompagnant la géographie du site : au centre du Plateau, des immeubles en barre forment une ville dense ; en périphérie, sur les pentes, une soixantaine de tours forment un jeu d’orgues que les autorités admirent depuis l’hélicoptère qui les emmène sur le site ».123 Une véritable conception et réflexion, faite en symbiose avec le site. On comprend plus le sens de la composition, les pentes et le relief du site accueillent sur leur terre les tours, et surplombent le reste du quartier. Cela nous renvoie à cette idée de belvédère dont nous avons déjà parlé, objet architectural, qui de par sa hauteur, domine le reste du site, et permet à ce qui s’y trouve, d’avoir une vue panoramique sur ce qui se présente devant lui. On pourrait transposer cela, et analyser cela de cette manière, la place de ses tours n’est pas anodine, leur place devait être ici, de part ce raisonnement. Les barres en contrebas, permettent de créer de la densité, cette densité est permise par le relief du site, plutôt peu existant à cet endroit. Une conception architecturale et géographique, à des buts paysagers. D’un point de vue, des espaces verts, une réflexion est menée par les paysagistes, au-delà du relevé topographique, et de l’analyse botanique des plantes et arbres présents sur le site, Michel et Ingrid Bourne, sont chargés de pensé les espaces autour de ses grands ensembles. « Ils proposent la réalisation d’un grand vide central en lieu et place d’une répartition homogène des vides prônée par l’architecte ».124 Méthode qui est loin d’être novatrice, dans le sens où beaucoup de

paysagistes de l’époque préconisent cet effet, un grand espace centrales fédérateurs. C’est comme cela que font face les paysagistes face au « vides ». « Cette ouverture, garante d’une liberté d’usages est essentielle à préserver ; elle doit être aujourd’hui défendue face à la propension des services de ville à remplir les espaces vacants sans en comprendre le sens. La disposition des tours ménage des vues sur le coteau opposé, la strate arborée s’inscrit dans une échelle intermédiaire entre l’homme et les bâtiments » 125 Il y a une véritable corrélation entre tous les éléments qui compose le site, le relief et les bâtiments, et les bâtiments avec les espaces libres. Les modes de plantations accompagne celle des bâtiments environnants, « mails et plantations d’alignement ceinturent les opérations – associées à des charmilles aux Minguettes – et absorbent les stationnements en périphérie, des haies structurent les abords de bâtiments – accompagnées de lisses béton aux Minguettes tandis que des formes plus libres se dessinent lorsque l’espace s’éloigne de l’influence des bâtiments ».126 C’est une véritable mise en scène, qui se met en place, un dialogue des éléments entre eux viennent composer un nouveau paysage, sur ses anciennes terres agricoles. D’un point de vue du plan masse, et de l’argumentaire derrière tout cela, on comprend la composition mis en place par l’équipe en charge du projet. Tout s’articule en fonction des autres, aucun des éléments ne prend le dessus sur l’un ou l’autre. Néanmoins, on se doit nuancer tout ce qui a été mis en place face aux usages vécus dans ses lieux. Ce projet de grand ensemble fut réalisé en un temps record, face à la crise grandissante. Le but principal et immédiat était de mettre à disposition des logements, pour la population pourvue ici d’habitation. Cependant les équipements et les

123 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@N06/46639378025/

125 Blanchon-Caillot, B. (2007b, décembre 31). Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’ha… Openedition. https://journals.openedition.org/strates/5723?lang=en

124 Blanchon, B. (2016, 3 octobre). Les paysagistes français de 1945 à 1975. Persee. https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1999_ num_85_1_2275

126 Ibid,., Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’ha…

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

services sont loin de suivre la même rapidité que le chantier des logements. En matière de transport, les bus dans un premier temps ne montent pas jusqu’au plateau des Minguettes, des équipements socioéducatifs avaient été prévu initialement, mais ne furent pas réalisé. À partir des années 1975-76, la SERL tente de remédier à cela, en faisant mettre en place des aménagements, censé compensé le manque ressentis. Des aires de jeux, une utilisation plus significative des locaux présent aux pieds des tours, ainsi que la mise en place d’animation socio-éducative. « Ces améliorations restent superficielles et les logements vacants apparaissent sur plusieurs quartiers ».127 Le nombre de logements vacants ne cessent de croitre, et prend de plus en plus d’importance, dans le quartier. Les grands ensembles, une espérance déçue qui devient un poids pour la ville.

En faisant une brève conclusion, on pourrait retenir, que le projet des grands ensembles des Minguettes fut, réaliser avec une réelle réflexion paysagère. Une composition avec le site, et un emplacement des tours et des barres, faites en pleine conscience du relief, ce qui permet de faire émerger leur qualité intrinsèque. Le contrat à ce niveau la semble être remplis, mais seulement à ce niveau-là, on observe, que les équipements qui devaient accompagner ses grands ensembles ne furent pas au rendez-vous. Que de nombreux autres problèmes voient le jour, la vacance en est à l’époque.

De part, son site de dimension imposante, environs 220 hectares pour le rappeler, le quartier se divise en sous-quartier. Comme dis, auparavant, les barres se trouvent en contrebas des pentes, sur le plateau, afin d’emmener une certaine densité. Alors que sur le relief plus marqué, on retrouve le jeu d’orgue des tours. Le quartier des Minguettes recense pas moins de 9 identités sur ses terres. Le quartier Lenine Rotonde, où l’on retrouve notamment les tours sur le relief le plus marqué du site. Le quartier de la Darnaise a l’extrémité Ouest. Le quartier des pyramides Kornarov au Sud. Le quartier Démocratie pas loin de ce dernier, quartier qui a subit de nombreuses démolitions. Le quartier Monmousseau Hérriot, quartier célèbre, comme étant le point de partance de la marche des beurs, en 1983. Le quartier Vennissy au centre du site, il partage cette centralisé avec le quartier Armstrong, ses deux quartiers sont ceux ayant connu le plus de nouveaux projets ses dernières années. Et pour finir, le quartier Léo Lagrange et le quartier des Cerisier au Nord.

127 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@N06/46639378025/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

FIG 8.

Perspective aérienne, réalisé par l’architecte en tête du projet du quartier des Minguettes, Eugène Beaudouin. Nombres de ces croquis d’ambiances furent exposé, lors d’un colloque en 2019. Le thème était, Habiter autour d’un jardin. À travers son croquis, on a une rapide compréhension à la fois géographique du site, mais également de la tendance qui se dégage du projet, les tours qui se dressent, et change le paysage.

D’autres croquis, d’ambiance, de plan masse et de maquettes, suivent dans les pages suivantes. Marquant ainsi la réflexion préliminaire dans ce projet de grand ampleur. La lecture se fait de manière plus précise, et les convictions deviennent plus fortes, au fils du temps et des années.

FIG 8. Eugène Beaudouin, architecte et urbaniste : habiter autour d’un jardin. (s. d.). Cité de l’architecture & du patrimoine. Consulté le 17 février 2021, à l’adresse https://www.citedelarchitecture.fr/fr/evenement/eugene-beaudouinarchitecte-et-urbaniste-habiter-autour-dun-jardin

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

FIG 9. 1960-1963. ZUP des Minguettes, Vénissieux (Rhône) : croquis de plan d’ensemble

FIG 10. 1960-1963. ZUP des Minguettes, Vénissieux (Rhône) : plan masse, juin 1963

FIG 9. Archiwebture — Image en grand format. (s. d.). Architecture. Consulté le 17 février 2021, à l’adresse https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/ FRAPN02_BEAUD/inventaire/vignette/document-25247v

FIG 10. Archiwebture — Image en grand format. (s. d.-b). Archiwebture. Consulté le 17 février 2021, à l’adresse https://archiwebture.citedelarchitecture. fr/fonds/FRAPN02_BEAUD/inventaire/vignette/document-45748

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

FIG 11. Avenir de Lyon : Projets et maquettes [Minguettes Est]

FIG 12. Avenir de Lyon : Projets et maquettes[Minguettes Est]

FIG 11. Photographes en Rhône-Alpes : : Avenir de Lyon : Projets et maquettes. (s. d.-b). numelyo. Consulté le 17 février 2021, à l’adresse https:// numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO001015798a0dae9619?&collection_pi d=BML:BML_01ICO00101&luckyStrike=1&query[]=coverage:%2219451970%22&query[]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20 (Rh%C3%B4ne)%22&sortAsc=idate&hitPageSize=1&hitTotal=82&hitStart=4

FIG 12. Photographes en Rhône-Alpes : : Avenir de Lyon : Projets et maquettes. (s. d.). numelyo. Consulté le 17 février 2021, à l’adresse https://numelyo. bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO0010157986aea5f9b1?&query[0]=covera ge:%221945-1970%22&query[1]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20 (Rh%C3%B4ne)%22&sortAsc=idate&hitStart=3&hitPageSize=16&hitTotal=82

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

Plan de situation actuel 1/5000

1. Lenine Rotonde 2. Darnaise 3. Pyramides Kornarov 4. Démocratie 5. Monmousseau Hérriot

6. Vennissy 7. Armstrong 8. Léo Lagrange 9. Cerisier

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes Les propositions urbaines et paysagères

Les quartiers sous le prysme de la topographie 1:5000

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Les Minguettes, un projet de paysage (?) Mise en abyme photographique du projet Pour l’époque les grands ensembles, sont innovants et originaux, ils révolutionnent pendant un temps la manière de vivre. Ils bouleversent également la forme du paysage perçu autrefois. Dans cette partie, nous allons nous concentrer, sur la mise en scène picturale, du quartier et du projet. La photo, nouvelle forme de représentation du paysage. La technologie a rendu l’accessibilité aux mondes entier, de pouvoir mettre en forme, un instant précis, choisis et cadrer. Une instantanéité folle, qui ne cesse de s’améliorer d’année en année, et rend la rapidité de ce geste de plus en plus naturel et immédiat. Étonnant de remarquer, que l’un des synonymes de photographie, est instantané. Cette impression réelle, de pouvoir en un instant, de capturer ce qui se trouve devant nos yeux et de le rendre unique. Cette méthode de représentation, est très étroitement lié, à l’art de la peinture. La photographie découle de la peinture, dans un certain sens. Autrefois, il fallait être un aguerri peintre, pour peindre des toiles, de transposer ce qui se trouve devant nos yeux sur la toile, le talent, en d’autre terme (et le travail). Ce temps fut révolu lors de l’apparition de la photographie, aux alentours des années 1840. Qui de Louis-Jacques-Mandé Daguerre, de Nicéphore Nièpce, ou des frères Lumière en est l’inventeur ? Cela n’est pas vraiment le sujet, mais cette invention enclenche un nouveau paradigme. Néanmoins, le virage est léger, il faut sans doutes, attendre l’apparition des smartphones à l’aube des années 2000, pour voir un réel basculement. Il est donné la possibilité a tous, de capturer, un instant, en une fraction de seconde. Jadis, il fallait des heures, des jours voire des mois au peintre afin de réaliser leurs œuvres. Le sujet n’est pas ici de confronter la photographie avec la peinture, qui sont deux arts très distincts mais à la fois lié, mais le propos est surtout de dire que l’évolution des technologies à démocratiser le pouvoir de tout un chacun de représenter, et de prendre en photo, et de conserver cet instant de contemplation du paysage dresser devant lui.

Pour rebondir, aux prémices de cette partie, elle sera très clairement consacrée, la représentation photographique du quartier des Minguettes. Aussi bien, lors de sa finalisation, que de la mis en scène de certaines destructions qui ont lieu quelques années auparavant, comme nous l’avons vu précédemment. La fin du chantier, du quartier, fut vécu comme un véritable accomplissement, que ce soit en termes de rapidité, qu’en terme d’innovation pour l’époque. À cet effet, il est possible de retrouver un certains nombres de photos, de la fin du chantier. Et notamment des photos aériennes, prise depuis un hélicoptère, afin de se rendre vraiment compte, à la fois de l’importance du quartier, mais aussi de la modification paysagère certaines du quartier. Sur les photos qui suivent, le curseur est assez marquant. Ses tours et ses grandes barres, interviennent dans le paysage, de manière directe. Dans le sens, où, les étendues de terrain autour, sans habitations contraste, avec cette architecture sortie de terre. Et les photos aériennes, sont assez parlante, et mettre très bien en lumière ce décalage certains. La vue du paysage du plateau des Minguettes est désormais jonché, de tours et de barres, elles obstruent le paysage, et notre regard vers l’horizon, qui est le véritable marqueur du paysage, mais elles en dessinent à la fois un nouveau. Un paysage plus urbain, et moins naturel. Les tours et barres, font parties de la nouvelle skyline. Ses tours nous donneraient presque l’impression de toucher le ciel, et pourtant elles font désormais le lien, entre la terre et le ciel. Le paysage naturel se met en scène au travers, de l’action de dissimulation de la ligne qui joint le ciel et la terre. Le paysage urbain, se met en scène lui au travers, de la jonction du ciel, par l’architecture des grands ensembles. Dans les séries de photos qui suivent, nous évoquerons, le second prisme de la mis en scène de la photo, la destruction de certaines tours et barres. Notamment à travers le biais, des photos d’AnneSophie Clemençon, qui réalisa des séries de photos lors de la démolition de celle-ci.

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

FIG 13. Photographes en Rhône-Alpes : : Les vues aériennes -- Lyon. (s. d.). numelyo. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO00101P0702_B04_16_244_00008?&query[0]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20(Rh%C3%B4ne)%20--%20Quartier%20des%20Minguettes%22&sortAsc=idate&hitStart=14&hitPageSize=16&hitTotal=105

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

FIG 14. Photographes en Rhône-Alpes : : Les vues aériennes -- Lyon. (s. d.-b). numelyo. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https:// numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO00101P0702_B04_16_244_00012?&query[0]=coverage:%221945-1970%22&query[1]=isubje ctgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20(Rh%C3%B4ne)%20--%20Quartier%20des%20Minguettes%22&query[2]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20(Rh%C3%B4ne)%22&hitStart=12&hitPageSize=16&hitTotal=34

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

FIG 16.

FIG 15. Dadi, A. (s. d.). ICI VENISSIEUX. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse http://venissieux-minguettes.over-blog.com/tag/musique/

FIG 16. Image - Les Minguettes . Vénnissieux . Rhône (69) Les40KartiersLesPlusDif2France - Skyrock.com. (s. d.). skyrock. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://les40kartierslesplusdif2.skyrock.com/photo. html?id_article=3009702137&id_article_media=12278113

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

FIG 15.

FIG 17.

FIG 17. Wikipedia contributors. (2021, 17 février). Vénissieux. Wikipedia. https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9nissieux

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Mise en abyme photographique

Parmi les artistes qui ont documenté les Minguettes il y à notamment la photographe lyonnaise AnneSophie Clémençon. « Historienne de l’architecture, de l’urbanisme et des formes urbaines à l’Université de Lyon, chargée de recherche au CNRS dans le laboratoire « Environnement Ville Société », et rattachée à l’Ecole normale supérieure de Lyon ».128 Lors de la démolition de plusieurs tours du quartier Démocratie en 1994, Anne-Sophie Clémençon, réalisa une série de plusieurs photos, une véritable « mise en spectacle » de la destruction, d’un élément, qui dans le temps en en faisant un constat est

un échec. Paradoxal de rendre une destruction, d’habitation, qui était devenu vacant au fil des années, et finalement fermé par la ville. On assiste alors à deux séries de photos, la première celle qui se trouve sur cette page. Des photos prise en rafales, lors de la destruction, et de la disparition de ses tours dans le paysage. Cette rafale de photos, se résume ici en 3 photos, qui amorce la chute de ses tours.

128Anne-Sophie CLÉMENÇON – imu – intelligences des mondes urbains. (s. d.). imu.universite-lyon. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https:// imu.universite-lyon.fr/animation-scientifique/science-participative/journeeimu-2016/exposition-labex-imu-trois-chercheurs-photographes-sur-le-themedes-mutations-urbaines/anne-sophie-clemencon/

129 Ibid,., Anne-Sophie CLÉMENÇON – imu – intelligences des mondes urbains.

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

La seconde série de photos, que l’on retrouve aux pages suivantes, sont des photos d’ambiances. Une immersion, dans les débris des tours qui jonchent le sol. On pourrait jusqu’à dire, qu’il y a une nouvelle forme de paysage qui se crée, un paysage plein de contraste. Les deux hommes au premier plan, le débris des tours, au second plan, et les tours encore debout en arrière fond. Une grande force se dégage de ses photos, qui sont parlante celle même. Point de vue d’Anne-Sophie Clemençon au sujet de la photo.

« La photo est une activité que j’ai toujours pratiquée, renforcée par une formation aux Beauxarts et en histoire de l’art, et par une culture photographique en constant enrichissement. Cette pratique a donc tout naturellement pris place au cœur des recherches que je mène en histoire de l’architecture et des formes urbaines du XVIIIe siècle à aujourd’hui. Son rôle premier était de créer une documentation architecturale, les photographies permettant d’identifier précisément des bâtiments et de construire une analyse typologique ». 129

FIG 18. Sanvoisin, V. (2018, 22 novembre). Exposition de photographies – L’oeil de la recherche : les mutations urbaines de l’agglomération lyonnaise (1978-2018) sous le regard d’une chercheure-photographe – imu – intelligences des mondes urbains. imu.universite-lyon. https://imu.universite-lyon.fr/exposition-de-photographies-loeil-de-la-recherche-les-mutations-urbaines-de-lagglomeration-lyonnaise-1978-2018-sous-le-regard-dune-chercheure-photographe/

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Mise en abyme photographique

FIG 19. 20. 21. 22. https://phototheque.bibliotheque-diderot.fr/app/photopro.sk/ens/detail?docid=1891&rsid=5034&pos=4&psort=reference:D&pitemsperpage=20&ppage=2&pbase=*&target=doclist#sessionhistory-fMsuFq4I

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Mise en abyme photographique

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Mise en abyme photographique

FIG 23. Photographes en Rhône-Alpes : : [Démolition de la Tour 6 des Minguettes à Vénissieux]. (s. d.). numelyo. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO00101570c10cfef4e0?&query[0]=category:%22vue%20d%27architecture%22&query[1]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20 (Rh%C3%B4ne)%20--%20Quartier%20des%20Minguettes%22&hitStart=3&hitPageSize=16&hitTotal=20

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Mise en abyme photographique

FIG 24. Photographes en Rhône-Alpes : : [Démolition de la Tour 6 des Minguettes à Vénissieux]. (s. d.-b). numelyo. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO00101570c114541951?&query[0]=category:%22vue%20 d%27architecture%22&query[1]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20(Rh%C3%B4ne)%20--%20Quartier%20des%20Minguettes%22&hitStart=2&hitPageSize=16&hitTotal=20

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Les Minguettes, un projet de paysage (?) Différentes échelles d’interventions La partie qui va suivre, va principalement se composer d’à la fois trois échelles différentes mais également, trois approches et vision du projet des grands ensembles aux Minguettes. La vision multiscalaire du site, permet d’en extraire une approche et une démonstration plus claire. Les Minguettes, les grands ensembles, un projet de paysage ? Au travers de 3 échelles, celle de la ville, du quartier, et de la rue, nous allons essayer de proposer une démonstration qui permette de mettre en lumière, certaines considérations paysagère, que nous avons déjà vu, dans la partie « Les propositions urbaines et paysagères ». L’approche multi-scalaire, aura pour but d’appréhender, les contours et les limites vis-àvis de ce projet. L’intérêt est de mettre en avant, la stratégie globale, du projet, et de comprendre de manière implicite, avec un retravaille du site et par le dessin, les aménagements, et la relation que ceux-ci ont avec le contexte environnant. Qu’il soit proche, à l’échelle de la rue, éloigné à l’échelle du quartier, ou encore plus globale a l’échelle de la ville de Vénissieux.

géographique pertinente, et à recenser les intersections, les chevauchements qui s’opèrent selon les échelles ». 131 Trois échelles, trois regards, trois visions, qui vont s’entremêler et ne faire qu’un. Dans les pages qui suivent, nous commencerons par nous intéresser, à l’échelle la plus grande, celle de la ville de Vénissieux. De comprendre la relation du site des grands ensembles avec le reste de la ville, qui lui est proche. Ensuite nous réduirons l’échelle, pour arriver à celle du quartier. Ainsi nous approfondirons de manière succincte, l’organisation paysagère globale, au travers des trames qui ressortent, sur le site. Et pour finir, nous nous rapprocherons encore un peu plus pour arriver à l’échelle de la rue. Mettant en avant l’impact des grands ensembles, sur le rapport avec la rue, et comment celle-ci entretient un dialogue.

« Cette approche conduit à prendre en compte les différents types d’interactions (formelles/ informelles), la répartition des ressources entre les différentes acteurs (ressources matérielles, juridiques, institutionnelles, d’expertise, symboliques, de légitimité, de mobilisation…), les interdépendances (c’est-à-dire les modalités d’échange des ressources au sein du réseau), les rapports de pouvoir, les alliances existant au sein de la configuration étudiée ». 130 En un sens cette approche mis en place, permet de mettre en avant la combinaison des richesses d’information du site. Autrement dis, « cette démarche consiste à considérer l’inscription des différents phénomènes étudiés à une échelle 130 Thèses Universitaire Lyon. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2010. lapostolle_d&part=367713

131 cairn.info. (s. d.). cairn. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://www.cairn.info/manuel-de-geopolitique--9782200613587page-65.htm

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A l'échelle de la Ville

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Différentes échelles d'interventions

A l'échelle de la ville, Pour arpenter au mieux le site, et avoir un échantillon complet d'analyse. Nous allons nous concentrer, sur une partie, une "tranche", dirigée dans un axe Nordouest. Cet échantillon, comme on peut le voir, sur le plan, ou sur l'axonométrie, est composé à ses extrémités, de quartiers pavillonnaires. Ces quartiers-là bordent de part et d'autre, le plateau des Minguettes, et donc forcément les grands ensembles. Ceux-ci, se positionnant en plein, centre de cet échantillon. On retrouve bien, sur l'extrémité la plus a l'Ouest, les grandes tours, qui surplombent le plateau, de part la légère topographie du site.

surtout, une rupture d'échelle. Celle-ci est clairement notable et observable. Elles sautent très clairement aux yeux, de tout à chacun. Tout le site, des grands ensembles, s'implantent dans le paysage pavillonnaire, de manière, franche, et total rupture de ce qui peut entourer le quartier des Minguettes.

À l'échelle de la ville, et grâce à cet échantillon, on observe clairement, une rupture brutale, de à la fois de la composition typo-morphologique, et

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A l'échelle du Quartier

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Différentes échelles d'interventions

A l'échelle du quartier, Dans l'échelle précédente, nous avons observé, et analyser, la relation du quartier avec son contexte proche. Ici, nous nous focaliserons, sur le quartier des Minguettes, a proprement parler. Ce qu'on retient, et ce qui nous saute a l'œil, dans un premier temps, se sont, la répartition, le zonage morphologique sur le site. Cela est du, comme il a pu être dit auparavant, à la topographie légère du site. De ce fait, on retrouve sur la partie Ouest, les tours. EN contre-bas, le quartier devient plus dense, les barres sont organisé de manière plus complète. C'est l'idée conceptuelle, de l'architecte Eugène Baudouin, les barres sur le plateau, là où les pentes sont quasi nulles, doivent apporter, du corps, au quartier et surtout une certaine densité.

Les barres, peuvent être sous divisés, en deux catégories. Les barres représentées en violet, sur le schéma de trames ci-dessus, ont un fonctionnement assez unitaire. Alors que celle représentée en bleu, toujours sur le schéma ci-dessus, marque une forme en U. Renvoyant plutôt à l'idée de l'îlot, ou son centre serait aménagé, avec des espaces verts potentiellement. Et puis finalement, comme dis précédemment, les tours représentées en rouge, ont une organisation, assez saccadée, et en quinconce, et cela est du, à la topographie. Les tours, s'implantent chacune, en fonction d'une courbe de niveau.

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A l'échelle de la Rue

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Différentes échelles d'interventions

A l'échelle de la rue, L'échelle continue de se réduire. Nous sommes arrivées peu à peu, de manières decrescendo, à l'échelle de la rue, des rues. Les tours, et barres, font en moyenne une quarantaine de mètres, leur emprise au sol est tout aussi grande. De ce fait, leur rapport au sol et l'ombre qu'ils peuvent générer sont tout aussi grande. C'est ce qui est démontré sur carte de gauche. La mise en forme d'un héliodon, avec un écart de 2 h entre chaque échantillon d'ombre. Celle-ci commence dès 08:00 et se termine à 18:00. Ce qui nous permet d'analyser, l'emprise de l'ombre des tours et des barres sur les rues et les espaces avoisinant.

Les deux cartes si dessus, avec le soulignement, du trait de coupe en rouge, a pour but de mettre en avant le rythme qui subsiste. Le rapport entre les pleins et les vides, ainsi le rapport des bâtiments avec la rue qui se trouve en contrebas.

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Approche factuelle du lieu Evolution dans le temps Le quartier des Minguettes depuis sa livraison officielle en 1963, à essayer plusieurs échecs de conceptions, et d’usages. Par conséquent, de manière assez rapide, les problèmes prennent de l’ampleur, et finissent par imploser à un peu partout sur le site. Une réponse être porté et mené pour remédier à cela. Un quartier en mutation quotidienne. C’est ce que l’on pourrait retenir des Minguettes. Une mutation projectuel, qui évolue avec son temps et au fils des époques, et qui fais face aux problèmes auquel la ville et la population fais face. Dans les années 1960, la crise de logement, bat son plein, la réponse est de créer des grands ensembles à Vénissieux dans le quartier des Minguettes. C’est la première fase de mutation auquel le quartier fait face, c’est la réponse directe à un problème. Le paysage à muter de manière considérable. Autrefois, peupler par des habitations individuel, les grands ensembles prennent place, et change le paysage urbain de la ville de manière significative. Le rapport à la ville, n’est plus le même, le regard se pose désormais sur ses grandes tours et barres, qui a la fois, constituent une nouvelle forme urbaine, et aussi un rapport restreint du regard. La contemplation est tout autre, la vue est entravée par cette innovation d’époque. En 1960, cela fut la première forme de mutation du quartier. La deuxième face, se situe peu de temps après cette date, la réponse fut tellement rapide et immédiate, que certains nombres de sujets furet négligés et laissé de cotes. Cela se manifeste dès les années 1975-77, un remodelage de la tour « Arc en Ciel » à la Rotonde par architecte Roland Castro, s’inscrit dans une réflexion autour des problèmes de vacances qui ne cessent de grandir dans le quartier. Entre l’année 1975 et 1989, Venissieux où plus de 40% des Vennissians vivent aux Minguettes, « la ville perd près de 25 % de sa population, du fait des logements vacants aux Minguettes et de la diminution de la taille des ménages qui accompagne le vieillissement de la population sur les autres 132 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@ N06/46639378025/

quartiers. Concrètement la vacance des logements aux Minguettes est passée de 700 logements en 1979 à près de 2000 ».132 Une campagne de réhabilitation voit alors le jour, cette campagne est notamment menée par l’architecte Roland Castro, ayant pour but principal de faire revenir les menaces de classes moyennes, dans ce quartier en perte de vitesse. Roland Castro déclare, « la seule condition pour que des familles de classe moyenne décident un jour d’aller habiter dans des quartiers populaires, c’est que ces quartiers soient extrêmement beaux, attractifs, que l’on ait envie d’y habiter ».133 Cette envie portera ses fruits, on ferme définitivement certaines tours, afin de reloger de manière qualitative la population dans des logements de meilleur qualité. Néanmoins l’impact reste assez faible, certes les Minguettes se repeuplent à partir de la réflexion de cette architecte, mais on n’assiste toutefois pas à un retour significatif et marqués des classes moyennes. Cela se poursuit dans les années qui suivent, en 1989, on lance un concours Démocratie, dans l’objectif d’une refonte des espaces publics notamment. « Le projet « Démocratie ville ouverte » de Ten, Aster, Fortin, Rapin est lauréat. Une société est créée pour le réaliser, mais le projet se révèle trop ambitieux et finalement tourne court. ». La mutation continue dans divers quartiers des Minguettes, avec le réaménagement des espaces extérieurs sur le quartier Lénine-Sud et Nord, ainsi que dans le quarter de Léo Lagrange.

133 Roland Castro : nostalgique ou rêveur ? (2015, 11 mai). Vénissieuxinfos. https://venissieuxinfos.fr/roland-castro-nostalgiqueou-un-reveur/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Evolution dans le temps

En 1996, une volonté est amenée sur la table, repenser les qualités urbaines du quartier. Cela se met en forme, dans le cadre du Grand Projet Urbain (GPU), puis du Grand Projet de Ville (GPV). Tout ceci est mené par l’architecte et urbaniste, Antoine Grumbarch, il « réfléchit à terme à une « réurbanisation » du site à partir d’une nouvelle trame de rues et d’espaces publics qui permettrait à la fois plus d’échange entre les quartiers et de liaisons entre les Minguettes et leur environnement ».134 Et à travers cette volonté, le GPV, rassemble plusieurs volets, tel que sociaux, éducatifs et culturels. Des volets qui furent autrefois secondaire, deviennent axe de réflexion, pilier, et levier de transformation paysagère et architecturale. Faire du lien entre les visons à moyen terme et les besoins des habitants au quotidien. Sans vouloir, faire de constat trop attife, sur le quartier, on pourrait se référer, à l’ouvrage « Les minguettes de demain et d’hier ». «La création de la Zup des Minguettes s’inscrit dans une longue tradition utopique des planifications urbaines qui devait conduire à l’avènement d’un homme nouveau et à la construction d’une cité idéale. Cette période de la conception et du début de la construction de la Zup semble avoir joué un rôle symbolique déterminant dans la constitution de l’identité du lieu qui a été pensé au départ comme une incarnation de la modernité technique et sociale. L’ordonnancement et le contrôle des formes urbaines devaient, dans cetteoptique, favoriser une organisation plus rationnelle de l’espace ». 135

134 42 St-Etienne Loire - Monchovet Banlieue 89 les réhabilitations démolitions HLM.. (s. d.). Flickr. Consulté le 14 février 2021, à l’adresse https://www.flickr.com/photos/163161294@ N06/46639378025/

135 Barou, J. (2019, 26 février). Les Minguettes d’hier à demain. Persee. https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1999_ num_1217_1_3271

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Evolution dans le temps

FIG 25. 26. Photographes en Rhône-Alpes : : [Concours d’économie urbaine du quartier de La Démocratie aux Minguettes]. (s. d.).

numelyo. Consulté le 20 février 2021, à l’adresse https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO001015d3cddba3891e?&collection_pid=BML:BML_01ICO00101&luckyStrike=1&query[]=category:%22repr%C3%A9sentation%20d%27objet%22&query[]=isubjectgeographic:%22V%C3%A9nissieux%20(Rh%C3%B4ne)%20--%20Quartier%20des%20Minguettes%22&hitPageSize=1&hitTotal=4&hitStart=3

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Les Minguettes, un projet de paysage (?) Les Minguettes de DEMAIN À l’heure d’aujourd’hui qu’en est-il? Le quartier a tenté de résoudre les problèmes sousjacents, qui émergeaient de part et d’autres des quartiers des Minguettes. Néanmoins, les réponses données, ont été trop moindre, et non pas eu l’impact espérer sur les usages des habitants. De ce fait en 1996, comme nous l’avons évoqué auparavant, il y a un vrai tournant, une réflexion plus globale, et plis complexe, avec une prise en compte des usages déjà existant, des habitudes, du site et du paysage, sont posés sur la table, pour être amenée à être pensés ensemble, de créer une certaine symbiose au sein de toutes ses notions. Une corrélation générale est souhaité. Le 18 juillet 2019, la ville de Venisseiux et sa voisine Saint-Fons, ont été reçues a Paris, pour défendre les nouvelles orientations, « Nouveau programme national de renouvellement urbain ». Une profonde restructuration du quartier, réalise en concertation avec les habitants, qui aboutira a l’aube de 2035. « Au fil du temps, ces quartiers ont été relégués, ils ont vu leur image se dégrader. À travers ces opérations, nous souhaitons leur redonner un attrait et une nouvelle image. Nous voulons qu’ils deviennent des quartiers choisis plutôt que des quartiers subis ». 136 De grands axes de développement, sont présenté. Premièrement, mailler le Plateau avec le centre-ville de Vénissieux. Une rupture aujourd’hui étant trop fortes, et trop marqué, la volonté de revenir a une urbanité dite classique, avec une réflexion le long des rues et autours des espaces publics et des places. Et secondement, la réflexion qui nous intéresse le plus, une optimisation des qualités paysagères du site, qui est dune grande qualité. Affirmé de manière claire sa trame verte déjà présente, et réaménage l’espace libre, du grand parc se situant au centre, autrefois aménagé par les deux paysagistes Michel et Ingrid Bourne.

de plusieurs tours, jugé comme opération dites « urgentes ». La destruction concerne la tour 36 du Boulevard Lénine. La deuxième destruction aura lieu au printemps, la barre ICF rue Monmousseau. Détruire pour détruire, ou pour mieux reconstruire, n’est pas la stratégie, l’adjoint en charge du grand projet de ville, « Cette démolition va lancer une nouvelle dynamique, et casser la frontière psychologique qui peut exister entre le centre de Vénissieux et le plateau des Minguettes pour créer du lien entre les quartiers ». 137 Une fois le temps de la destruction terminé, le temps sera venu a la reconstruction et surtout la redéfinition des espaces. Au total ce sont près de 1000 nouveaux logements qui vont être reconstruits sur le plateau des Minguettes. Créer des logements, en reproduisant les erreurs, passés de ce fait, c’est un projet commun qui va s’effectuer, « Notre ambition est d’impliquer les bailleurs, la Métropole, la Ville et les habitants, pour que les réalisations soient à la hauteur des attentes » 138, rappelle Idir Boumertit, chargé de projet.

Les grandes opérations du projet mis en vigueur, commenceront cette année, avec la destruction

Et les espaces verts ? Le paysage dans tout ça ? Qu’en t-il ? La réflexion fut également pensée à ce sujet. Mettre en avant les qualités déjà présentes, du parc des Minguettes, et de créer une véritable entrer à celuici. La stratégie globale, au sujet des parcs et des espaces verts, sera de réaliser l’Anneau des parcs, un chemin vert, qui reliera plusieurs espaces verts déjà présents sur le site, avec une mise en avant certaines des déplacements, doux (vélos, piétons, en sommes des parcours de promenade). « L’anneau des parcs, c’est ce qui permettra aux deux communes de mieux fonctionner ensemble »139, assure Humbert David, l’urbaniste en charge du projet. Deux boucles seront alors créées, afin de créer du lien avec les parcs existants autours des Minguettes. Les boucles, anneaux, feront 4,2 et 6 kilomètres respectivement, et relierons les parcs des Grandes Terres, et celui du parc de Parilly.

136 Seveyrat, A. (2019, 14 août). Renouvellement urbain : les Minguettes se

138 Ibid,., La seconde mue des Minguettes est lancée.

projettent. Expressions. https://www.expressions-venissieux.fr/2019-07-11renouvellement-urbain-les-minguettes-se-projettent/

137 Moris, G. (2020, 5 octobre). La seconde mue des Minguettes est lancée.

Expressions. https://www.expressions-venissieux.fr/2020-09-30-la-secondemue-des-minguettes-est-lancee/

139 Seveyrat, A. (2019a, juillet 11). Renouvellement urbain : les différents

secteurs. Expressions. https://www.expressions-venissieux.fr/2019-07-11renouvellement-urbain-les-differents-secteurs/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Les Minguettes de DEMAIN

On assiste réellement a une seconde mue des Minguettes. Qui se matérialisera au travers de deux grandes axes principaux, de récréer de la cohésion entre les quartiers, et de mailler le plateau avec le centre veille de Vénissieux. Et secondement, il y a une véritable volonté d’inscrire encore plus et de manière plus marque, le quartier dans une logique à grande échelle de parc. Au travers notamment des Anneaux de parcs. Et a une échelle bien plus proches, d’optimiser et mettre en valeurs les qualités paysagères du site, en affirmant dans un premier temps sa trame verte, et surtout en réaménageant le grand parc de central des Minguettes.

NPNRU (horizon 2 035) : ce qui est proposé Sur l’ensemble du quartier Minguettes / Clochettes – 1 226 logements construits, – 1 981 logements locatifs sociaux réhabilités – 1 113 logements locatifs sociaux résidentialisés – 645 logements en copropriété résidentialisés – 886 logements locatifs sociaux démolis – Démolition puis reconstitution dans la Métropole d’un foyer d’hébergement social de 160 logements À Vénissieux Réalisations principales : – Création d’un parc intercommunal d’intérêt métropolitain – Création de trois voiries de désenclavement – Aménagement de plusieurs places – Repositionnement de deux centres commerciaux Nouveaux équipements publics : – Création d’une halle de marché et requalification de sa place – Recomposition de l’école Léo-Lagrange – Nouveau groupe scolaire Charles-Perrault – Restructuration du centre nautique Auguste-Delaune – Déplacement du gymnase Jacques-Brel – Restructuration de la crèche Eugénie-Cotton – Restructuration du centre social Roger-Vailland – Création d’une bibliothèque et d’un équipement polyvalent dans le quartier Pyramide – Intervention sur une résidence pour personnes âgées – Création d’une nouvelle crèche dans le quartier des Balmes – Renouvellement de la Maison des fêtes et des familles

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Les Minguettes de DEMAIN

FIG 27. Billets, T. L. (2020, 20 novembre). De retour aux Minguettes / Clochettes. Passagers des Villes. https://passagersdesvilles. wordpress.com/2020/03/20/de-retour-aux-minguettes-clochettes/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Les Minguettes de DEMAIN

7 dynamiques au seins du projet. Chacune dédiée, à un quartier cible. Le but, étant de retrouvé une certaines cohésion commune au sein du quartoer, et de faire émerger un dialogue perdu entre les divers quartiers du plateau des Minguettes;

FIG 28. Billets, T. L. (2020, 20 novembre). De retour aux Minguettes / Clochettes. Passagers des Villes. https://passagersdesvilles. wordpress.com/2020/03/20/de-retour-aux-minguettes-clochettes/

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II. Etude de cas: Les Grands-Ensembles des Minguettes

Les Minguettes de DEMAIN

«Faire comprendre les enjeux d’un sous secteur»

FIG 29. Billets, T. L. (2020, 20 novembre). De retour aux Minguettes / Clochettes. Passagers des Villes. https://passagersdesvilles. wordpress.com/2020/03/20/de-retour-aux-minguettes-clochettes/

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Du paysage naturel, jusqu’au paradigme de son artialisation, le paysage est en constante évolution dans le temps, et traverse les époques. Son émergence. Ce sont les peintres qui commencent à donner un sens, à ce qui était autrefois, une étendue de terre, ou son regard finissait par se perdre, dans l’étendue qui se trouvait devant soit. Il y avait-il « paysage » , avant que le paysage à proprement parlé existe ? Il faut établir un rapport intime, une relation entre le Je et l’Objet. Pour que le paysage prenne vie, il faut qu’il soit observé, par l’Homme. C’est ce que les peintres de la Renaissance s’efforcent de faire, au travers de leur représentation. Un genre pictural, du paysage naît. Néanmoins, le paysage, ne naît pas de partout, c’est une perception culturelle, que certaines sociétés ne considère pas, autrement dis, cette notion n’existe. Le paysage dans un premier temps, se manifeste principalement, avec un rapport à la nature. La relation des éléments naturels les uns avec les âtres, et ce rapport à l’horizon, là ou comme le dit Michel Courajoud, le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent. C’est ce qui fait le paysage dans un premier temps. Cependant, le paysage, est un terme connu de tous, une réalité et une accessibilité disponible à tout commun des mortels. Et pourtant… Comme nous avons pu le dire et le voir, sa définition reste encore difficile à déterminer, de manière et mettant tout le monde unanime. Serait-ce car chacun a sa propre sensibilité et perception du paysage ? Que chacun est en capacité et en mesure de définir le paysage comme bon, lui semble, et comme il se le représente dans sa tête. Une expression même de la nature. Le paysage devient avec le temps et les époques qui secoulent une notion d’étude, qui s’ouvrent à de nombreuses disciplines. Chacune d’entre elle tente de l’objectiver. Néanmoins, malgré cela, et en considérant l’ensemble de ses études, le paysage conserve un

caractère subjectif, que nous ne pouvons omettre. Plusieurs acceptations, et définitions sont donc admises, ce qui rend encore plus complexe, sa compréhension transdisciplinaire. Le terme prend plus ou mois d’ampleur, selon les domaines d’explorations, il prend une certaine dimension dans l’architecture notamment. Les architectes-paysagistes en sont les premiers acteurs. Le paysage ne se cantonne donc plus, seulement, a une relation avec la nature, il entretient, désormais une relation avec l’architecture et l’urbain. De grands architectes commencent à explorer, cette nouvelle association de notion. Le Corbusier, en fait parti, bien évidemment. Il expérimente cela, avec les grands-ensembles (le Corbusier père des grands-ensembles?). Et d’autres après lui le feront, en reprenant, ses principes, qu’il met en œuvre, à la cité radieuse, ou dans les unités d’habitation, et surtout dans la Charte d’Athènes qu’il met en place avec le CIAM. Le paysage urbain des grands-ensembles et notamment celui du quartier des Minguettes, exprime à demi-mot, cette envie de lié le paysage et l’urbain. Le sujet ici ne fut pas de faire un constat sur les grands ensembles en tant que tel. L’évocation des grands ensembles nous a permis d’introduire le sujet du paysage urbain. Une porte d’entrée en sommes. De part la réflexion au site et à la topographie dans un premier temps, les grands ensembles ont une certaine légitimité face au discours du paysage urbain. C’est un contexte d’époque, cette corrélation, se fait avec l’émergence de plus en plus importante du concept de paysage urbain, porté par plusieurs architectes, et une réponse donnée à la crise du logement qui frappe la France a ce moment-là. On peut alors avoir deux visions, le paysage urbain comme nous l’avons défini, l'ensemble des éléments architecturaux qui dialoguent ensemble, et forme et compose une symbiose urbaine. Et puis la relation face au paysage existant du site. La relation géographique et topographique, ainsi que la relation végétale au contexte. Cela fut souvent réalisé par

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les paysagistes, et ce fut le cas aux Minguettes par ailleurs. Les différents sens de la notion du paysage, complexifient l’utilisation de ce terme, mais c’est aussi une très grande richesse qui est portée lors des projets. On ne se cantonne pas, plus à une seule acceptation, mais on réalise plutôt une collecte de chacun des domaines. La réussite réside alors dans la capacité a créer du lien entre toute les disciplines. Le paysage urbain (est) naturel. Les grands ensembles furent un levier innovant pour l’époque. Incluant pour certains des projets le paysage. La composition avec le paysage provoque et dirige plus ou moins l’architecture et guide les formes urbaines. Surtout lorsque cela est réalisé avec une certaines symbiose et unité. À l’heure d’aujourd’hui’ le quartier des Minguettes est à l’aube d’une nouvelle mue, où le paysage prend encore plus une place prépondérante dans le projet. Ce que l’on pourrait critiquer tout de même, c’est parfois une certaine forme de négligence dans la stratégie globale, de certains domaines. Ce qu’on peut tout de même espérer, c’est que notre demain, soit composer de merveilleux paysages urbains, en parfaite cohésion naturelle et architecturale.

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