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no comment®

n°27 - avril 2012 - mensuel gratuit - mada - événements - culture - nuits - sorties - tv - www.nocomment.mg









SOMMAIRE

SOMMAIRE

COURRIER 10 C’est vous qui le dites SONDAGE 14 Viens à la maison ! COUV’ BY 16 Le portrait chinois de Loïc Damade 18 CLINS D’ŒIL 24 AGENDA CULTURE 30 Vaiavy Chila : « L’école des bosseuses » 36 Bertignac : Ça, c’est vraiment Louis ! 38 Marofaly : Esprit de famille 40 Agnès Joigneret & Mirana Randria : Flûte alors ! 42 Johary Narimanana : La corde sensible 44 Jery : L’enfance de l’art 46 Tiana Rafidy : « Histoire de femmes » 48 Ilay Andriandahy Kely : Dessine-moi un mouton 50 Le livre du mois : Le vieux mangeur de temps Le film du mois : L’Enfant SOATOAVINA 52 Le « fihavanana » en question TSIAHY 54 C’était il y a cent ans… en avril 1912 TRADITIONS 56 Chapeau Mamasoa ! ÉCO 58 Télévision satellitaire : C'est le bouquet ! 62 Haingo Randrianarivony : À l'écoute du monde rural MÉTIERS 64 Dadafara : P’tit coin de parapluie ASSOS 66 Gasy Mirindra : Isotry en campagne ESCALES 68 Brookesia micra : On a toujours besoin d’un plus petit que soi 72 Maromby : La cuvée du monastère

74 Marojejy : Le joyau de la Sava 76 Fort-Dauphin : La croisière s’amuse 78 Sainte-Marie : Le taxi-brousse le plus court de l’île ! COUSINS-COUSINES 80 Tina D/S : Jolie carrosserie ! GASTRONOMIE 82 Interview gourmande : Roland, Lugardon et Cédric de l’Orion 87 Le vin du mois : Château La Rose Saint-Georges 2008 90 Le cocktail du mois : Le Trinitad par le restaurant le B SORTIR 92 Masikitas : Une brochette de plaisir 94 Le Montparnasse : Double six et c’est gratuit ! LOISIRS 96 Aqualand : Jetez-vous à l’eau ! LA MODE ! 98 Zatia Rocher : Masculin féminin 100 Lalassou : Urbain, trop urbain 102 Monique Ramahay : L’étoffe des grandes 104 La nuit VINTAGE 118 Levi Strauss : l’invention du grand bleu BEAUTÉ 120 Un dîner plus que parfait ! DÉCO 122 Mami et Sandrina : À couteaux tirés 124 Ambalavao : La route de la soie 126 CAHIERS DE NUIT BY NIGHT 150 Gaby : « L’esprit des grands crus » 152 JEUX FICTION 154 Dernière lettre 158 ANNUAIRE DOWNTOWN 174 En ville avec Michel Domenichini Ramiaramanana


COURRIER

C’est vous qui le dites Coups de cœur, coups de gueule, envie d’envoyer un message à une personne qui vous est chère ou simplement de vous exprimer… cette rubrique vous est dédiée. Envoyez vos mails à courrier@nocomment.mg, nous les publierons.

À livre ouvert

My Karenjy is fantastic !

Après Le guide de survie de Christodule et Le vieux mangeur Impressionnant l’article sur les Karenjy dans votre édition de temps d’Alexis Villain, votre maison d’édition compte-t- de mars ! Il est étonnant de voir que les Malgaches, avec de elle publier uniquement des livres sur Madagascar ? Et quels la volonté, de la technique et le sens de l’entrepreunariat critères choisissez-vous pour soutenir un écrivain ? peuvent aboutir à un projet utile et à lui donner une identité Véro, Toamasina forte, tant au plan économique que culturel. Après tout, l’imagination artistique n’est pas ce qui manque chez nous. Très bon exemple pour se convaincre qu’il nous faut juste être Que ce soit dans la photographie, l’écriture - et pourquoi pas bien entouré, et penser sur le long terme... dans la bande dessinée ? - no comment® éditions se donne Éric, Ampitatafika pour vocation de mettre en avant Madagascar et tous ceux qui y vivent, à travers des textes tantôt drôles tantôt graves, mais toujours vrais et « vécus ». C’est dans cet esprit que le O Shaani ! troisième ouvrage que nous inscrirons à notre catalogue sera la compilation des précieuses chroniques données à no comment® Shaani, la jeune DJ d’origine malgache qui a mixé avec Bob par le père Sylvain Urfer. C’est aussi l’occasion de lancer un Sinclar et Big Ali (no comment® 26), a fait forte impression appel à tous les auteurs pour qu’ils envoient leurs textes à auprès de nos visiteurs. Quelques messages d’admirateurs relevés edition@nocomment.mg sur notre site no comment®… l'orthographe est respectée.

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Wow! en plus la meuf est très canon!! O_o j l'ador dj!! Hahahaha.

Jams

Elle est vraiment jolie et talentueuse. Notre fierté malagasy.

Nanja

Gasy malaza any am-pita zany tony^^.

Doris

Le hic J’ai du mal à vous suivre avec tous vos articles sur les boissons alcoolisées, les vins, les cocktails et tout dernièrement votre comparatif sur la bière (no comment® 26). Dois-je vous rappeler que Madagascar figure parmi les pays les plus alcoolisés au monde, et que ce n’est pas un record dont nous pouvons être fiers… Irène, Ampefiloha

Tout à fait d’accord avec vous, mais reconnaissez qu’il est difficile quand on est un magazine orienté sorties et gastronomie de ne pas parler vin, cocktails ou spiritueux. Pour autant, tous nos articles sont accompagnés de la mention « à consommer avec modération », gage de notre volonté de ne pas faire gonfler la statistique nationale.


Viens à la maison !

SONDAGE

Le logement n’est pas la hantise prioritaire des Malgaches qui se disent pour les trois quarts satisfaits de leur chez soi actuel. Si la cherté du loyer et la facture d’électricité sont volontiers épinglées, c’est surtout au niveau de l’emploi et du pouvoir d’achat qu’ils se montrent les plus préoccupés. 1. En ce qui concerne votre logement actuel, diriez-vous que vous êtes : 5%

Très satisfait : Plutôt satisfait :

31 %

Satisfait :

35 %

Pas du tout satisfait :

29 %

2. En ce qui concerne sa superficie : Très satisfait : Plutôt satisfait :

20 % 22 %

Plutôt pas satisfait :

22 %

Satisfait :

20 %

Pas du tout satisfait :

16 %

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32 %

Satisfait :

27 %

Plutôt pas satisfait :

32 %

Pas du tout satisfait :

15 %

Satisfait :

10 %

Pas du tout satisfait :

16 %

6. Cherchez-vous actuellement à louer un autre logement ?

4. La consommation en eau et électricité : Très satisfait :

3%

Plutôt satisfait :

15 %

Plutôt pas satisfait :

32 %

Satisfait :

7%

Pas du tout satisfait : 43 % 5. Le quartier où il est situé : Très satisfait :

3. Le coût du loyer : Très satisfait :

Plutôt satisfait :

10 %

8%

Plutôt satisfait :

27 %

Plutôt pas satisfait :

23 %

Oui :

62 %

Non :

38 %

7. À quelle difficulté importante sera confrontée, selon vous, la prochaine génération ? Les difficultés liées au pouvoir d'achat :

50 %

La difficulté à trouver un emploi stable :

40 %

La difficulté à se loger :

8%

Les risques liés à la santé :

2%

Sondage réalisé en ligne sur www.nocomment.mg avec 46 participants, hommes et femmes, âgés de 18 ans et plus. Pour participer vous aussi au prochain sondage, rendez-vous sur notre site.



COUV’ BY

Le portrait chinois de

Loïc DAMADE

Je serais un morse pour me retrouver. Si j'étais un plat… Dessert sucré au chocolat et Humour décalé, toujours combava. un peu dans la provoc, Si j'étais une arme… Le peintre Loïc Damade, L'arme bactériologique parce illustrateur de notre couv’, que j'aime bien faire à manger… répond au questionnaire du portrait chinois en s’inspirant Si j'étais un endroit… Au bord de la mer parce que je de la technique surréaliste nage dans l'affront. du « cadavre exquis ». Sauve Si j'étais un personnage qui peut ! historique, Diego Dias, parce que les autres Si j'étais une devise… Tous pour un et deux pour trois, parce doivent aimer ce que j'aime ? Si j'étais un loisir… qu'il y en a toujours un qui dort… Une balançoire, parce que vous Si j'étais un objet… Une boule de pétanque, parce que ne m'attraperez pas. Si j'étais un accessoire… j'aime dormir. Des lunettes, parce que ça cache Si j'étais une invention la moitié du corps. géniale… Je serais une chaise, pour joindre Si j'étais une pièce… Je serais la pièce manquante l'utile à l'agréable. Si j'étais un véhicule… Si j'étais un végétal, Une fusée parce que je réunis Un palmier, j'aime sa coiffure… toutes les terres… Si j'étais un animal…



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CLINS D’ŒIL 5

1 Conférence de presse pour la sortie du livre d’Alexis Villain « Le Vieux mangeur de Temps » à l’espace no comment® le 16 mars 2012. 2 Un espace-vente était ouvert à l'hôtel Ibis Ankorondrano pour la journée de la femme, le 8 mars. 3 Vernissage de l'exposition du peintre Giuseppe De Rossi à l'AIM (Association Italienne à Madagascar), le 30 mars. 4 L'institut Laura beauté a ouvert ses portes à Antsakaviro, depuis le mois de février pour votre soin et bien être. 5 Vernissage de l'expo « Chromophagie en sol majeur » de Hemerson et Rfaral, à l’Is’art Galerie, le 8 mars. 6 « Thé à l'Opéra » au café de la gare pour un après-midi musical autour du grand Bach, le samedi 24 mars (ici, une photo tirée du dernier Thé).

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CLINS D’ŒIL

7 Raoelison Minasoa a gagné un coffret cadeau de L'Oréal grâce au jeu en ligne de no comment® Jouez et gagnez sur www.nocomment.mg 8 Ouverture officielle du restaurant Le Montparnasse et du Vahiny Hotel à Bel'air Antsakaviro avec la nouvelle gérance, le 9 mars 2012.

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9 Soirée Green attitude au Café Charly du Carlton, pour célébrer la Saint- Patrick, le 17 mars. 10 Vernissage de Flo le 15 mars dans la boutique de L'Antiquaire de Tana au Tana Water Front.

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CLINS D’ŒIL 11 Ouverture officielle du Lake City, le nouvel hôtel d'Ivato Farihy, le 16 mars. 12 La deuxième édition de la semaine du goût aura lieu du 7 au 19 mai 2012 (ici, le trio des organisateurs).

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Retrouvez les contacts de nos Clins d'œil sur www.nocomment.mg

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AGENDA

Lundi 26 mars au samedi 14 avril 2012 AfT : Exposition thématique : « Le français par tous les temps », hall Vendredi 30 mars au mercredi 18 avril 2012 Is’Art Galerie : Exposition de François Bel : « Aloka sy Hazavana » Dimanche 1er avril 2012 Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 15h : Dessin animé : « Happy Feet » Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 19h : Film : « Blue Valentine » Lundi 2 au vendredi 6 avril 2012 IFM Analakely 19h : Evénement : « Festival des arts », salle de spectacle Mercredi 4 au vendredi 6 avril 2012 AfT : 7ème colloque national de l’Alliance française à M/car Mercredi 4 avril 2012 Galerie Pacom Andranomena : Après-midi festive de Pâques pour les enfants (de 2 à 8 ans) : chasse aux œufs,

SONORISATION • ECLAIRAGE SCENIQUE • ESTRADE Contact : 033.11.222.15 / 032.07.152.40 Mail : vuedeloin@hotmail.fr

ateliers créatifs, gourmands, jeux, contes, animations réservation obligatoire : 032 07 115 58 Jeudi 5 avril 2012 Café de la gare 19h : Afterwork avec le groupe Melting Roots, entrée libre Jao’s Pub : Cabaret avec Lazan’Taleh Vendredi 6 au lundi 9 avril 2012 Café de l’Alliance (Antsirabe) midi et soir : Trio betsileo d’Ambositra - Marolafy, gratuit Vendredi 6 avril 2012 AfT 18h à 21h : Finale nationale du Concours national de la chanson en français, parking AfT ou Parvis Jao’s Pub : Cabaret avec Big MJ In Square 20h : Soirée « Cool Tempo » Samedi 7 avril 2012 Antsirabe (en plein air en face de la gare) : Pour les fêtes de Pâques - Jerry Marcos et Mami Bastah, gratuit Café de la gare 15h : L’heure du conte avec la conteuse Ny Eja et son guitariste Café de l’Alliance (Antsirabe) 19h : MPMANGA world music of Madagascar, gratuit Jao’s Pub : Cabaret avec Abiba la Metisse Dimanche 8 avril 2012 Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 15h : Dessin animé : « Arrietty » Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 19h : Film « La couleur des sentiments » Gare (Antsirabe) : Mahaleo, gratuit Jao’s Pub : Soirée disco



Lundi 9 avril 2012 Gare (Antsirabe) : Samoela, gratuit Mardi 10 au samedi 21 avril 2012 IFM Analakely : Exposition / photographie et cinéma : « Grandes figures des cinémas d’Afrique et des Caraïbes » avec Laurent Macarie (Martinique) et Samuel Nja Kwa (Cameroun), hall d’exposition, entrée libre Mardi 10 avril 2012 IFM Analakely 18h30 : Projection conférence / Sciences La science en images, les images de la science : « Fasevie : des solutions contre la malnutrition infantile au Vietnam » - un film réalisé par Pierre Bonnet, salle de spectacle, entrée libre Jeudi 12 avril 2012 Café de la gare 18h à 19h : Happy Hour Tequila Jao’s Pub : Cabaret avec Ruffin Vendredi 13 au samedi 21 avril 2012 IFM Analakely - CGM - AfT - Gare Soarano - Université

d’Antananarivo : Cinéma : « Les 7èmes rencontres du Film Court », gratuit Vendredi 13 avril 2012 Parking de la Gare Soarano : Les 7èmes rencontres du Film Court : La nuit de la Science-Fiction, soirée d’ouverture. Programmation proposée par le festival Kurzfimtage de Winterthur La Boussole : Week-end « Paëlla » Jao’s Pub : Cabaret avec Jerry Marcoss Restaurant 313 - Le Louvre 20h : Au profit de l’association « Elan du Cœur » : « Elan Lounge Live » + « Buffet du cœur » avec Alain Chatard, réservation conseillée - infos au 22 390 00 In Square 21h : Soirée « An intimate evening » - show case Samedi 14 avril 2012 IFM Analakely 15h : Slam : scène ouverte - Terrasse de la médiathèque, entrée libre Café de la gare 15h : Atelier Théâtre pour les 7-10 ans AfT 18h : Rencontres du Film Court : projection grand public + jeune public + rencontres avec réalisateurs, hall La Boussole : Week-end « Paëlla » Jao’s Pub : Cabaret avec Dady Love

Pour paraître dans l’annuaire, merci de nous faire parvenir vos infos avant le 15 MAI à : agenda@nocomment.mg



Dimanche 15 avril 2012 Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 15h : Dessin animé : « Pierre et le loup » Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 19h : Film : « Le Precious » Lundi 16 au lundi 30 avril 2012 AfT : Expo-vente sculptures : « Manan’Art », hall. Vernissage le lundi 16 avril à 11h Mercredi 18 avril 2012 AfT 15h45 : Rencontres du Film Court : projection jeune public + rencontres avec réalisateurs, salle polyvalente IFM Analakely : Les 7èmes rencontres du Film Court : soirée compétition malgache Jeudi 19 au mercredi 25 avril 2012 Is’Art Galerie : Installation « Entransphère » de Sorel Lise et Bordin Emilie Jeudi 19 avril 2012 Kudeta Urban Club 19h à 22h : Cabaret Walking jazz par RLI avec le groupe Saxo Jazz Vendredi 20 avril 2012 Parking de la Gare Soarano : Les 7èmes rencontres du Film Court : « Ti’kino gasy #4 » - projection des kinos Salle de l’horloge 19h : Show case avec Alain Chatard pour lancement de son album Jao’s Pub : Cabaret avec Jaojoby In Square 21h : Soirée « Funky Spirit » with Bim & Tommy Samedi 21 avril 2012 Jao’s Pub : Cabaret avec Thierry Libertos Dôme RTA : Les 7èmes rencontres du Film Court : soirée de clôture


Dimanche 22 avril 2012 Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 15h : Dessin animé : « Le Château ambulant » Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 19h : Film : « The Shawchank Redemption » Mercredi 25 avril 2012 IFM Analakely 13h : Concert classique de Midi - Madagascar Mozarteum présente : « La Camerata de Madagascar », salle de spectacle, entrée libre Jeudi 26 avril 2012 Jao’s Pub : Cabaret avec Jean Hello K6 Jeudi 26 avril au mercredi 16 mai 2012 Is’Art Galerie : Exposition de Tahina Rakotoarivony Vendredi 27 avril 2012 IFM Analakely 19h : Musique classique : « Duo Benzakoun (piano à quatre mains / France) », salle de spectacle. Tarifs adhérents : 4000 Ar non adhérents : 6000 Ar Jao’s Pub : Cabaret avec Mikea In Square 20h : Soirée « Funky à l’ancienne » - discothèque Samedi 28 avril 2012 IFM Analakely 15h : Cirque / Projection : « Cirque et cinéma » - Cie l’Aléa des possibles, salle de spectacle, entrée libre AfT 19h à 20h30 : Spectacle théâtre : « Nofy Nosiko » (Rêve de mon île) avec le théâtre KALA, hall. Tarifs non membres : 4000 Ar membres : 3000 Ar Jao’s Pub : Jazz avec Silo Dimanche 29 avril 2012 Salle de l’horloge (Café de la Gare Soarano) 19h : Film du mois : « Telma et Louise »


CULTURE 30

Vaiavy Chila


En une décennie, elle est devenue la reine du salegy, de l’antosy, du kawitry… la référence absolue en terme de musique « choc choc ». Bosseuse, fidèle tant qu’on ne la déçoit pas, telle est Soamazava Chilaristine, le double sans paillettes de Vaiavy Chila.

Ça fait bizarre de ne pas te voir en tournée… Le premier trimestre est toujours très calme, alors j’en profite pour faire du studio. Là, on vient d’enregistrer trois nouvelles chansons qui sortiront en singles et feront partie du prochain album qui est prévu pour 2013. L’une d’elles s’appelle « Malandy »… ça veut dire quelqu’un de teint clair. En fait, il est fait allusion à moi dans cette chanson (rires). Tu restes la chanteuse malgache la plus demandée à l’extérieur… La diaspora apprécie mon style, également les étrangers qui connaissent un peu Madagascar : pour eux, je suis « root » et exotique (rires). C’est ce qui fait qu’on m’invite pas mal à l’extérieur. L’année dernière, j’ai fait une vingtaine de concerts au dehors, dont six rien qu’à Mayotte pour les fêtes de fin d’année. Mais je suis d’abord une artiste « de l’intérieur ». Les voyages en tracteur au fond de la brousse, je connais. Beaucoup d’artistes se plaignent de ne pas pouvoir sortir, faute de visas… Le problème, généralement, c’est l’organisateur. S’il n’est pas capable de gérer le côté administratif des choses, comme d’obtenir un visa, c’est qu’il n’est pas fiable. Moi je suis très vigilante là-dessus, ça évite les mauvaises surprises. Pour la France, je travaille avec le même organisateur depuis 2004 : c’est le même qui me faisait tourner avec Din Rotsaka, à l’époque où je n’avais pas encore mes musiciens. Tu tiens à avoir l’œil sur tout ? Oui, c’est préférable - surtout pour la caisse ! Personnellement, je n’ai pas de producteurs, pas de managers. Je fais tout moi-même, y compris le versement des salaires. Ca marche parce qu’on est comme une grande famille. Mes musiciens sont en gros ceux de l’époque Tianjama, plus de douze ans ensemble ! Du moment qu’on ne me déçoit pas, je suis très fidèle…

L’école des bosseuses

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Au fond, qu’est-ce qui plaît tant chez Vaiavy père ne voulait pas que je chante. C’était mal Chila ? vu pour une fille à cause des déplacements avec Peut-être le fait que je danse et chante en même l’orchestre, et sur ce point-là il était strict, mon temps. Ca n’a l’air de rien, mais ça demande pas père, vraiment sévère. C’est plutôt ma mère qui mal d’entraînement. En ce qui me concerne, m’encourageait. Elle s’appelait Christine, d’où quatre heures quatre fois par semaine. Résultat, je mon prénom de Chilaristine à l’état civil. Elle est suis dans mes spectacles exactement comme dans morte trop tôt et d’une certaine façon, c’est ce qui mes clips. Parce qu’il y en a, tu les vois sur scène, a amené mon père a accepté ma vocation… ce n’est pas tout à fait la même chose… Tu débutes en 1999 comme simple choriste… Le côté millimétré à la Madonna ? Je suis arrivée à un moment où il n’y avait pas Moi, c’est plutôt Beyoncé... Mais effectivement beaucoup de chanteuses dans les groupes, ni en je suis de l’école des bosseuses. Des entertainers, solo d’ailleurs. Il y avait bien Ninie Donia et la comme ils disent là-bas. Même avec 40 degrés de femme de Jaojoby, mais c’est à peu près tout. Or fièvre, j’y vais. Et il y a intérêt à s’accrocher de juin le public est toujours avide de voix féminines. C’est Du moment à décembre quand tu n’arrêtes pas de tourner avec ce qui a poussé Tianjama à me prendre comme qu’on ne me choriste. Il est avec Jaojoby Eusèbe, l’un des pères à peine quatre jours de repos dans le mois. C’est comme un marathon. déçoit pas, fondateurs du salegy, dans les années 80. Respect, Tu es née à Port Bergé, est-ce que le salegy est je suis très évidemment. une tradition, là- bas ? Ensuite la danse… fidèle... Le salegy vient du Nord, mais il intègre pleins Je m’y suis mise en intégrant le groupe Jaojoby de rythmes locaux comme le tsapiky, le basesa Junior en 2002. Il m’arrivait de devoir remplacer ou le goma. Toute petite, je chantais le antsa sakalava, le chant Eusèbia ou Roseliane, les filles de Jaojoby, quand elles n’étaient pas traditionnel des campagnes de chez moi. Je l’utilise toujours dans dispo. C’est comme ça que j’ai développé le truc, et aujourd’hui je mes spectacles. C’est un peu mon signe de ralliement, même si dans suis la reine supposée du kawitry (rires)… le groupe, j’ai des danseuses de Tana, de Fianar, des musiciens de Comment définirais-tu ton salegy ? Sambava, de Maroantsetra… C’est très métissé, comme le salegy. Il est très « choc choc », comme on dit, très rythmé. J’apparais à Quelle jeunesse ? une époque où le salegy est en pleine mutation, avec des sons très Je suis issue d’une famille de musiciens, mon père et ma tante puissants à la Din Rotsaka. Pour y arriver, tu dois sortir la grosse jouent de l’accordéon. On n’était pas riches, pas pauvres artillerie : nous on tourne avec 20 musiciens et 10 danseuses ! non plus, comme dans les campagnes d’alors. Mes Côté orchestre, on intègre aussi bien les instruments électriques 32 parents ne s’entendaient pas très bien… Au début, mon que traditionnels, comme l’accordéon chromatique. C’est très



important ce genre de repères, car le salegy ce n’est pas du rock ou de la world music, c’est de la pure musique gasy ! De qui te sens-tu l’héritière ? De Ninie Donia, pour moi c’est la plus grande - elle vit en France aujourd’hui. J’admire également Bodo, car elle reste la même, les années ne l’atteignent pas. Comment vois-tu la nouvelle génération : Tence Mena, Black Nadia ? J’adore leur feeling, elles apportent un style nouveau et j’imagine que c’est dans l’ordre des choses qu’une génération pousse l’autre… Tu penses les avoir influencées ? C’est à elles de le dire, mais je ne le crois pas. Mon style est davantage repris localement, dans la région de Mahajanga. Tu écoutes les musiques nouvelles ? Dans mon dernier album, j’ai une chanson qui s’inspire du hip-hop. Bon, ce n’est pas mon style, c’est plutôt celui de mon fils qui a 15 ans et qui est en classe de première. Il étudie le tambour, il écrit de la musique, on l’entend même sur une de mes chansons. Son père aussi est un musicien. Peut-être la relève ? Au niveau des paroles, tu es dans un registre très réaliste… Mes chansons militent pour le droit des femmes malgaches. Dans des titres comme « Lehilahy tsy Manefa » (Radin) ou « Mantsintsigny » (Tais-toi), je n’ai pas peur de remettre les hommes à leur place. Je ne suis pas féministe, simplement je vois bien tout ce qui ne va pas, l’alcool, la violence conjugale, et j’encourage les femmes à garder la tête haute. Qu’on dise de toi la reine du kawitry, ce n’est pas dévalorisant en tant que femme ? DISCOGRAPHIE (Rires) Non, pas du tout. Le kawitry fait partie du Mahangôma (2004) spectacle, il est indissociable de la musique mafàna Walli Walla (2006) (tropicale), c’est une arme finalement très féminine ! Lehilahy tsy Manefa (2007) Propos recueillis par Alain Eid

Za tian ny Vadiko (2011)



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B ertignac

CULTURE


Dans le sillage de son dernier album « Grizzli (ça, c’est vraiment moi) », référence au tube de Téléphone, l'ancien complice de Jean-Louis Aubert sort de sa caverne. Le temps d’un bœuf mémorable à Tana entre Clapton et Rajery. Allô, allô ?

heveux hirsutes poivre et sel, allure dépoitraillée d’un Peter Pan C qui aurait attendu 58 balais pour se convertir au « grunge », tel est l’ours au sortir de sa caverne. Un ours plutôt bien léché. Et même

très cool. Sans doute l’influence des concerts qu’il multiplie en Inde depuis quelques années : New Dehli, Katmandou… Ah le Népal ! Pour sa première visite au pays, l’ancien guitariste de Téléphone a choisi l’Institut français de Madagascar (IFM) pour donner, le 7 mars, un concert qui aura mis toutes les générations d’accord. À commencer, et c’est bien logique, par les quinquas - « Cendrillon », « Ca c'est vraiment toi », « New York »… que du bon vieux Téléphone de l’époque, du Téléphone d’avant les smartphones, d’avant les SMS, quand il y avait encore des hygiaphones pour aller gueuler dedans ! S’il s’avoue peu au fait du rock malgache, il semble sincèrement surpris que « quelques personnes connaissent Téléphone à Madagascar ». Pour ceux qui sont nés la semaine dernière, c’est quand même le groupe de rock français qui a le plus cartonné avec Indochine : plus de 6 millions de disques vendus entre 1976 et 1986 ! Hélas, pour ceux qui rêvent de reformation : « Rien n’est prévu pour le moment, on le fera peut-être un jour, c’est vrai que personne n’est contre… » « Grizzly porté sur les riffs plantigrades », aime-t-il à se définir. Entendez par là le bon vieux blues-rock des années 60 et 70. L’époque de sa première Gibson achetée aux Etats-Unis en 1974 ! Malgré les années et quelques accommodements avec l’étiquette du

rebelle (comme d’être devenu coach dans l'émission The Voice : la plus belle voix, sur TF1, aux côtés de Florent Pagny, Garou et Jenifer ?), Bertignac ne renie rien de l’héritage des Hendrix, des Page, des Clapton. Témoin la magnifique reprise de « Wonderful Tonight » dudit Clapton dont il a gratifié le public La différence avec l’époque de Téléphone ? « Moins de pressions des maisons de disques, je fais ce qui me plaît ». Comme de demander au valihiste Rajery de venir faire le bœuf avec lui sur scène… « Le Ravi Shankar malgache », a-t-il l’élégance de souligner. Une chose peut l’agacer. De trop s’appesantir sur son « histoire » avec Carla Buni dont il a été le compagnon et le producteur sur Quelqu'un m'a dit (2002) et No Promises (2007). Depuis qu'elle est devenue Mme Sarkozy, le charme est visiblement rompu : « On a été copains, on l’est moins aujourd’hui », soulignant qu’il est « très compliqué de travailler avec la Première Dame de France ». « Avant, elle arrivait le matin, on enregistrait, je la raccompagnais le soir. Maintenant, elle est suivie en permanence par deux gardes du corps, trop lourd à gérer…» Pas très chaud non plus, en cette période électorale, pour être identifié comme pouvant faire partie de la bande des amis chanteurs du président (de Johnny à Doc Gyneco). D’autant qu’il a des idée très arrêtées sur la politique : « Tous des tricheurs, comme les avocats sont des menteurs, c‘est le métier qui veut ça ». Presque du Téléphone ! Joro Andrianasolo Contact sur www.nocomment.mg

Ça c’est vraiment Louis !

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CULTURE

M arofaly 38


Luthier d’exception, créateur du mythique groupe Fafa dans les années quatre-vingt-dix, Jules Marolafy a transmis le virus de la chose bien faite à ses enfants Jules, Gilbert et Joséphine. Un trio tout en kabosy et valiha où fuse l’esprit des Hauts Plateaux, mêlé à d’étranges réminiscences de Bob Marley…

Ambositra, tout le monde se rappelle de Jules, le À patriarche des Marofaly. Pas seulement un luthier accompli, également le fondateur de Fafa, groupe phare des Hauts Plateaux des années quatre-vingt-dix. Kabosy, valiha, violon malgache… Jules a tout appris à ses enfants. À commencer par Gilbert et Jules, ses aînés, aussi jumeaux que peuvent l’être les deux éclisses d’un violoncelle ! Dans leurs gestes plein d’onction, au milieu des copeaux de bois, c’est un peu de la parole de Jules qui affleure : « Dans le kabosy, il y a le choix de l’essence du bois qui est capital, dans la valiha, il y a l’esprit des cordes. Fabriquer son propre instrument, c’est comme porter un habit taillé sur mesure », considère Gilbert, penché sur une valiha en devenir. Son instrument de prédilection dont il tente de renforcer la puissance en y accolant une calebasse en guise de caisse de résonance. Jules, qui a repris le prénom de son père, est plus porté sur le kabosy, ce qui ne l’empêche de mettre au point d’intrigants modèles de guitares à double manche. Inventif, curieux de tout, il tente également

les différentes essences de bois locaux, teste des vernis acoustiques… « Dans la lutherie tout est possible. On peut s’amuser, comme avec un jeu de construction, rajouter des touches, passer de quatre à sept cordes, doubler les manches », explique-t-il. Et comme leur père, les deux frangins ont attrapé le virus de la musique qu’on joue spontanément dans les villages, en tapant du pied sur le plancher des vaches. Et voici Jules au kabosy, à l’harmonica et à la sodina (flûte) et Gilbert à la valiha, renforcés par la présence, depuis 2008, de leur petite sœur Joséphine (chant, percussions et sourire). L’osmose s’est installée entre eux comme une évidence triangulaire. Un merveilleux condensé des traditions musicales des Hauts Plateaux. Avec deux albums à son actif, Ny agny aminay (Chez nous) et Rija betsi (Tradition betsileo), le trio Marolafy est doté d’une rare science de la mélodie qu’on capte immédiatement à l’écoute de petits bijoux comme « Soro » tiré du second album. Jules, Joséphine et Gilbert, les « JJG », n’ont certes rien à apprendre d’un autre JJG (Jean-Jacques de son prénom) sur la façon pertinente de faire naître une chanson. Les adaptations de classiques betsileo sont évidemment à l’honneur, mais il y a aussi bien des surprises : comme cette reprise improbable du No woman no cry du grand Bob, joué à la valiha et au kabosy… Un trio vocal d’exception qu’on aura plaisir à voir jouer au Café de l’Alliance d’Antsirabe pendant les fêtes de Pâques, avant leur grande tournée nationale via les Alliances françaises. Qu’on se le dise ! Philippe Bonaldi Contact sur www.nocomment.mg

Esprit de famille

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CULTURE

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&

A gnès Joigneret

M irana Randria


Que l’on soit suspendu au souffle de la première ou au clavier de la seconde, l’impression est la même. On a affaire à un duo classique particulièrement attachant. Autant soudé par l’amour des grands maîtres que par l’amitié qui les unit. Une note de fraîcheur.

lles sont amies sur scène autant qu’on peut l’être dans la vie, E et c’est là tout le charme du duo formé par la flûtiste Agnès Joigneret et la pianiste Mirana Randria. « Quand j’ai entendu

Mirana la première fois, cela m’a ébloui et j’ai aussitôt voulu la rencontrer », explique Agnès. Mirana, l’air faussement étonné : « Ah bon, c’était quand ? Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? » C’est ainsi que depuis plus d’un an, elles se retrouvent deux à trois fois par semaine à Isoraka, au domicile de Mirana, pour répéter. Et le résultat, ce sont ces étonnants concerts où leur complicité et leur joie de jouer transfigurent chaque note. Comme celui du 15 février dernier à l’Institut français de Madagascar, lors du 19e Spectacle du Midi organisé par Madagascar Mozarteum. Au programme : Bach, Chopin et quelques incursions dans le répertoire plus contemporain, avec Cantabile et Presto (1904) du compositeur roumain George Enescu. Si elles privilégient les « classiques modernes », c’est que les grandes compositions pour flûte traversière, l’instrument de prédilection d’Agnès, n’apparaissent qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle. C’est en gros le passage de la flûte en bois à la flûte en métal et son entrée dans le répertoire avec notamment Franz Doppler, contemporain de Chopin et ami de Schubert, ou encore Béla Bartók dont les recherches ont révolutionné la

musique du XXe siècle. « Avec Bartók, la mélodie et le rythme sont toujours là, chose qu’on ne retrouve plus dans la musique plus contemporaine », déplore Agnès. Elle a grandi au Mali où elle a vécu des années heureuses. On le serait à moins sur cette terre de griots réputée avoir porté les racines du blues et du jazz ! Sauf que la flûte traversière, l’instrument d’Agnès depuis ses 8 ans, est très peu en faveur dans les orchestres maliens… « Je m’ennuyais, personne ne jouait du classique », se souvient-elle. On la retrouve plus tard au conservatoire de Toulon, en France, où pendant neuf ans elle va développer sa technique de l’instrument. Pour autant, elle ne songe pas - et ne songera jamais - à en faire son métier. « J’ai besoin d’espace, je déteste rester enfermée entre quatre murs, collée à une chaise ». Ce qui l’amène à s’intéresser à l’environnement et par ce biais à travailler à Madagascar depuis 1996. Sa rencontre avec Mirana est de celle qui marque une existence. « Nous nous exprimons mieux avec notre musique qu’avec les mots », convient cette dernière, dont le regard ne cesse de papillonner de la partition au clavier, attentive à ne rien perdre des envolées de la flûte. Après dix ans passés au conservatoire de Toulouse, Mirana a elle aussi acquis la plénitude de son instrument, et à les regarder jouer ensemble, comme emportées dans une autre dimension, on pense au mot de Byron : « Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l’entendre… » Et les femmes, bien entendu.

Flûte alors !

Njato Georges Contact sur www.nocomment.mg

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CULTURE

Johary

NARIMANANA

Dans la lignée des Mangoré et des Villa-Lobos, il n’hésite pas à introduire des éléments de folklore malgache dans ses compositions. À commencer par le bà-gasy « Quand on pratique la guitare espagnole, on est forcément un romantique dans l’âme », relève-il.

23 ans, Johary Narimanana est un passionné de guitare classique. À Sur scène, il aime interpréter les compositions du Paraguayen Augustin Barrios Mangoré (mort en 1944), la référence absolue de la

guitare à six cordes (dite aussi « espagnole », car conçue, sous sa forme moderne, au XIXe siècle, par le luthier andalou Antonio de Torres). Le titre de son premier album, La Cathédrale, est tiré d’une œuvre de Mangoré, tout comme les dix études qui l’accompagnent. « La Catédral, Danza Paraguaya, Aconquija sont des compositions qui ont bercé mon enfance. Elles m’ont accompagné bien avant Au clair de la lune ou À la claire fontaine ». Et pour cause, son père est lui-même un joueur de guitare très connu. « Il m’a tout appris et je reste son plus grand fan », relève le jeune homme. Comme pour tous les virtuoses, son apprentissage ne s’est pas fait sans douleur : « Ça fait mal aux doigts, la guitare, quand on n’est pas habitué à pincer les cordes. Mais à raison de six heures d’entraînement

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L a co rd e s e n s i b le


par jour, on finit par s’y faire… » En guise de récompense, il reçoit sa première guitare le jour de son 18e anniversaire : « Ce n'était pas une surprise, ironise-t-il. Il y en avait déjà une bonne douzaine à la maison, dont six classiques ! » Il reconnaît sans peine que sans cette discipline de fer, il n’en serait pas arrivé au niveau où il en est aujourd’hui. En plus de Mangoré, Johary aime puiser dans la musique romantique de Francisco Tárrega ou dans les rythmes brésiliens de Villa-Lobos. « Quand on pratique la guitare espagnole, on est forcément un passionné, un romantique dans l’âme », note-t-il. Sans oublier, bien sûr, le flamenco - « même si la guitare flamenca diffère quelque peu de la guitare classique au niveau de la technique de jeu et des sonorités », précise-t-il. Aujourd’hui, Johary ambitionne également de s’imposer comme compositeur. Son rêve, écrire des musiques de films et des symphonies, comme Villa-Lobos en son temps qui composa pour Hollywood. « Ma musique est naturelle comme une chute d'eau », aimait à dire le Brésilien qui professait le plus total antiacadémisme. Et c’est bien dans cet esprit que Johary compose, attentif à ne pas copier servilement les grands maîtres. Comme Mangoré qui puisa énormément dans le folklore sud-américain - jusqu’à s’habiller sur scène en Indien Guarani ! - il veille à introduire des éléments de la tradition malgache dans ses compositions, à commencer par le bàgasy. « J'écoute aussi beaucoup de salegy et de kawitry, je trouve ça très inspirant... tout comme le rock, le jazz ou la pop ». Ce qui s’appelle avoir plusieurs cordes à sa guitare ! Njato Georges Contact sur www.nocomment.mg


Jery 44


CULTURE Martelé dans l’acier, le monde de Jery est habité de tout un tas de créatures rondes et rassurantes. Un esprit d’enfance et de simplicité au service de techniques de sculpture parmi les plus avancées qui soient. Vous avez dit Calder ?

Son jardin d’Alasora a tout du décor de science-fiction avec ces dizaines de gros blocs d’acier sculpté tout miroitant sous le soleil. Comme des robots tout droit sortis du film Transformers, prêts à vous embarquer avec eux pour d’incroyables aventures intergalactiques. Du calme ! La vision de Jery est beaucoup plus champêtre que cela. « La nature me fascine. Toutes mes créations évoquent les animaux et les végétaux, pour qu’on les aime mieux », commente l’artiste, sourire épanoui. Chez lui, on le voit, poésie et candeur ne font qu’un. Jery Razafindranaivo est tombé très tôt dans le monde de l’art. À l’âge de 16 ans, il rencontre Luc Michez de l’Académie supérieure royale des Beaux-arts de Bruxelles qui lui fait découvrir la sculpture. Touche-à-tout inspiré, il déborde sur le dessin avec Christian Cailloux et Christophe Merli, sur le design avec JeanBaptiste Silbertin-Blanc de l’École Boule, puis sur le papier mâché avec le Sénégalais Selassié Michaël Bethe. Pour autant, la sculpture reste son mode d’expression privilégié. « J’adore travailler les matières brutes, comme la terre, le bois ou l’acier ; avec elles on est au cœur de la création, on y est physiquement », estime-t-il Des créations qui trouvent un écho certain au-delà de nos frontières, avec sa participation au Dak’art, au Sénégal, en 2004, et plus récemment au Jeux de la Francophonie d’Ottawa, en 2011. Sa plus

grande fierté, l’exposition d’une de ses œuvres à l’American School : « Un lémurien de 3 mètres de haut sur 2,80 mètre de long », précise-t-il. Car Jery est un sculpteur qui voit grand. La tôle d’acier est l’un de ses matériaux de préférés. Assez malléable pour donner vie à toutes sortes de créatures plus vraies que nature : des tortues, des hippopotames, des lapins, des chevaux… Sa technique de prédilection, la dinanderie qui consiste à repousser les fines plaques d’acier avec un marteau à boule, de façon à « donner du volume et du souffle à l’ensemble ». Jery ne cesse d’élargir les limites de sa créativité en s’inspirant des grands sculpteurs contemporains. « J’aime Henry Moore pour la rondeur qu’il donne à ses œuvres, Mirό pour son côté enfantin, Calder pour ses pièces en mouvement. » Il s’essaie actuellement à réalisation de petites têtes sculptées, d’animaux mais aussi d’hommes et de femmes, une première chez lui. « C’est un projet qui se veut d’abord décoratif, tout en restant artistique. Par la dimension des pièces et le peu de matériau utilisé, je veux mettre leur achat à la portée de tout le monde. » Un artiste attachant dont une vingtaine d’œuvres est exposée durant tout ce mois d’avril chez Max et les Ferrailleurs, à Isoraka. Aina Zo Raberanto Contact sur www.nocomment.mg

L’enfance de l’art

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Tiana Rafidy

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Est-ce que « Lorety sy Mardy » est un film militant ? C’est un film qui parle de femmes, mais ce n’est pas un film que je qualifierais de féministe. Si je l’ai projeté au Ritz d’Analakely à l’occasion de la Journée de la femme, c’est qu’en le tournant je voulais aussi montrer qu’une femme peut contribuer au développement du cinéma malgache. En tant que réalisatrice, je veux dire, pas seulement comme actrice… Mais c’est bien comme actrice que le public malgache vous a découverte… La série télé Revy sa Ditra m’a apporté la vraie notoriété, mais mes débuts datent d’avant, comme danseuse, mannequin et dans l’événementiel à travers l’agence Lolita que j’ai créée. C’était la toute première série malgache et elle a quand même duré quatre ans. Je ne renie pas cette période, elle m’a permis de travailler comme actrice dans des longs métrages, puis comme animatrice télé, et petit à petit à m’intéresser à la fabrication d’un film. Est-ce plus difficile de réaliser quand on est une femme ? Pas spécialement. Avec l’expérience, je dirais que c’est comme gérer une entreprise, mieux avoir l’œil sur tout ! Le moment fatidique, c’est pendant le montage quand on se rend compte qu’une partie de l’équipe n’a pas correctement fait son travail. Le professionnalisme des techniciens du cinéma n’est pas encore

CULTURE

Avec « Lorety sy Mardy », Tiana Rafidy signe son premier film et le premier film malgache réalisé par une femme. Pas un film « militant », précise-t-elle, même si elle a eu à cœur de le projeter à Tana dans le sillage de la Journée de la femme…

au top à Madagascar, mais je ne leur jette pas la pierre : la plupart sont autodidactes et c’était à moi d’anticiper ce genre de problèmes. On apprend toujours de ses erreurs ! Sous ses dehors comiques, « Lorety sy Mardy » est un film grave… C’est d’abord une comédie satirique. Mon objectif était de faire rire en m’appuyant sur des situations réelles et en forçant un peu le trait. Lorety et Mardy ont par exemple les physiques de Laurel et Hardy, d’où le titre qui rappelle le duo burlesque. Mais la toile de fond, c’est l’exode rural, un phénomène qui touche des milliers personnes chaque année. Mardy, c’est la paysanne naïve qui monte à la capitale sous l’influence d’un escroc, et Lorety la citadine revenue de tout qui essaie de survivre au jour le jour. Je suis née à Tana, je sais combien cette ville peut être dure… Étonnée par l’accueil que le film a reçu ? Sa participation au festival Fespaco, en 2011 au Burkina Faso, a été pour moi une grande fierté. Mis à part Tabataba de Raymond Rajaonarivelo, aucun film malgache n’y avait été présenté. Je suis actuellement en négociation pour sa diffusion sur des chaînes de télé africaines, et déjà en pleine préparation de documentaires sur l’environnement. Comme actrice, je collabore avec un réalisateur étranger pour un long-métrage et je prépare également une exposition de peintures. Mon côté touche-à-tout ! Propos recueillis par Aina Zo Raberanto Contact sur www.nocomment.mg

Une histoire de femmes

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CULTURE 48

Ilay Andriandahy Kely


Best-seller de la littérature pour enfants, le chef-d’œuvre de Saint-Ex est à nouveau disponible dans sa version françaismalgache. Une version qui était épuisée depuis des années et que les éditions Jeunes Malgaches ont eu la bonne idée de relancer. À ce jour, la seule édition bilingue du « Petit Prince » au monde…

ba anaovy sarin’ondry iray aho (dessine-moi un mouton) », « M demande le Petit Prince à l’aviateur qui vient de se poser en catastrophe dans le désert du Sahara, à la suite d'une panne de

moteur. Ainsi débute, en français comme en malgache, le fameux conte d’Antoine de Saint-Exupéry, disponible depuis novembre dernier en version bilingue aux éditions Jeunes Malgaches. C’est le livre français le plus lu au monde, avec plus de 250 traductions depuis sa publication chez Gallimard en 1946. Publication posthume, puisque Saint-Ex, aviateur lui-même et pionnier de l’aéropostal, s’est écrasé en mer, en service commandé, en 1944. À noter qu’il s’agit bien ici de la réédition de l’excellente traduction du Pr Roger Bruno Rabenilaina qui était parue en 1997 chez Foi et Justice sous la direction du père Sylvain Urfer. « En cinq ans, les 2 500 exemplaires avaient été écoulés et face à la demande grandissante, j’ai entrepris de republier le livre », explique Marie-Michèle Razafintsalama, responsable de Jeunes Malgaches. Plus facile à dire qu’à faire, car le projet représente un investissement conséquent : 35 millions d’ariary pour 2 000 exemplaires, « l’impression constituant à elle seule 47 à 65 % du prix de revient du livre », selon l’éditrice. Pendant deux ans, il lui faudra « négocier ferme » avec Gallimard pour l’obtention des droits. Heureusement, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants se porte garant du projet et l’éditeur parisien finit par donner son feu vert.

Conte pour enfants ? Malgré sa chevelure dorée et son écharpe aérienne (c’est ainsi que Saint-Ex le campe dans les aquarelles qu’il lui consacre), le Petit Prince sonne singulièrement grave. Débarqué comme E.T. d’une lointaine planète, il est en quête d'amis, mais c'est la solitude et l'absurdité de l'existence qu’il découvre ici-bas… Linguiste renommé, directeur des études à l’École supérieure de l'information et de la communication, le Pr. Rabenilaina s’est montré attentif à traduire l’œuvre Marie-Michèle dans le « pur esprit d’enfance » voulu par Razafintsalama Saint-Ex. « J’ai découvert l’œuvre en 1997, en même temps que mon fils qui était un enfant à l’époque. Il m’a aidé à adapter le texte aux expressions des jeunes de son âge, et c’est ce qui fait la force de cette traduction ». Jeunes Malgaches se donne deux ans pour écouler les 2 000 exemplaires. « Si j’en crois la récente rupture de stock en France, c’est bien parti pour y arriver », fait valoir Marie-Michèle Razafintsalama qui a déjà présenté l’ouvrage au 27e Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, en décembre dernier. Il sera également distribué en avril lors des prochaines Rencontres nationales sportives (RNS) de Vichy. Le livre est également très prisé par les bibliophiles du monde entier. Et pour cause, c’est à ce jour la seule édition bilingue du Petit Prince… Joro Andrianasolo Contact sur www.nocomment.mg

Dessine-moi un mouton

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L’Enfant 2005 – Belgique - 100 mn - Drame de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Jérémie Renier (Bruno) et Déborah François (Sonia)

En banlieue de Liège, en Belgique, Bruno, 20 ans, Sonia, 18 ans, vivent ensemble de l'allocation perçue par Sonia et des larcins commis par Bruno et sa bande. Sonia vient de donner naissance à Jimmy, mais Bruno peut-il en devenir le père ? Les frères Dardenne nous entraînent dans une dérive pathétique avec un bébé échoué dans les bras d’un jeune couple à peine sorti de l’enfance. Un film réaliste, social, émouvant. Des êtres en marge sans aucun référent parental qui vivent au jour le jour. Petites combines mais aussi choses irréparables pour ce père interprété magistralement par Jérémie Rénier, l’acteur fétiche des frères Dardenne. Avec l'Enfant, ils remportent au Festival de Cannes leur seconde Palme d'Or et imposent ainsi un cinéma profondément humain, un cinéma du mouvement et de l'action, en livrant une vérité abrupte qui surgit des corps et des regards. Une œuvre magistrale, âpre, généreuse et vibrante tout à la fois. Projection le dimanche 29 avril, à 19 heures, dans la Salle de l’Horloge du Café de la Gare de Soarano.

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Le Livre du mois Le vieux mangeur de temps Par Alexis Villain

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Le Film du mois

Ce recueil de nouvelles dessine les portraits sensibles et poétiques de gens ordinaires confrontés à des situations qui les dépassent. Des étudiants ou des policiers, des vieux et des enfants… des marginaux aussi, ou des ingénus en quête de réponses, de chimères, et qui vont jusqu’au bout de leurs passions. Autant de vies qui se croisent dans des histoires fortes, drôles ou terrifiantes. À travers des récits oniriques, des parcours initiatiques ou des morceaux de vie saisis sur le vif, souvent dramatiques, parfois teintés d’humour, Alexis Villain explore la diversité des sentiments humains. On ressort troublé ou touché par des personnages qui révèlent toute la grandeur et la misère de l’humanité, avec ses rêves et ses terreurs. Mais le héros principal reste Madagascar, décor tout à tour somptueux, inquiétant ou misérable, décrit avec toute la tendresse d’un auteur qui connaît et aime la Grande Île. No comment® éditions. 10.5 x 18

cm, 152 p., 18 000 Ar - En librairie depuis le 1er mars 2012.



SOATOAVINA

Le fihavanana en question

l’essence même de la « malgachéité ». Mais en malgache comme en français, l’extension mpossible d’y échapper. Il n’est de conversation qui ne fasse du champ sémantique d’un mot implique l’affaiblissement allusion à l’incontournable fihavanana, il n’est de discours corrélatif de sa pertinence. Dans les structures sociales actuelles, qui ne l’invoque, et tout honorable étranger se croit obligé d’en le fihavanana remplit la fonction d’une utopie, qui exprime la faire l’éloge ! Mais en contrepoint, ce que les médias répercutent vision idéale de ce que devraient être la nation et son tissu social, à rarement, les doléances des citoyens se multiplient pour dénoncer l’image de la famille. Autant dire qu’il n’existe pas dans le concret le parasitisme et l’hypocrisie générés par le fihavanana. Et chacun et n’est pas réalisable dans sa perfection. Il est un stimulant à connaît le drame des victimes innocentes d’un fihavanana l’action, un antidote au découragement, et la promesse, vécue consenti ou imposé… lors de moments forts mais passagers tels le famadihana, de ce Dérivé de la racine havana (parent, allié, ami), fihavanana qui doit arriver. désigne la parenté au sens strict, l’amitié au sens plus large et les Au sens littéral du terme par contre, le fihavanana considère bonnes relations en général. Le meilleur équivalent en français serait « solidarité », au sens où le Malgache ne trouve sa raison d’être que tout autre comme un parent, et le traite comme tel. Ce que dans l’appartenance à sa communauté, et dans l’interdépendance restituent les proverbes et les kabary (discours traditionnels) : « Tsy de chacun au sein du groupe. À ce titre, il cristallise pour beaucoup ny varotra no taloha fa ny fihavanana – ce n’est pas le commerce qui est premier, mais la solidarité ; aleo very tsikalakalam-bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana – plutôt perdre un peu d’argent qu’une parcelle de bonnes relations ». On le remarque Chaque mois, dans sa rubrique Soatoavina, Sylvain ici, le grand obstacle au fihavanana a toujours été l’appât du gain, Urfer se penche sur un fait de société à Madagascar. ce que confirme la pratique moderne. Pour autant, l’optimisme Il analyse les valeurs, décrit les blocages, interroge les du passé n’est pas naïf, si l’on en croit cet autre proverbe : « Tsy comportements pour tenter de construire une réflexion soa tsy ratsy hoatry ny fihavanan’andriana – ni bonne ni mauvaise, capable d’aider chacun d’entre nous à mieux comprendre comme la solidarité entre nobles ». Ces pratiques trouvaient leur le pays et à mieux y vivre avec les autres. sens dans une société d’autosubsistance où l’on ne se déplaçait guère, où les voisins étaient du même clan ou de la même tribu,

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et dont les seuls étrangers connus étaient d’autres Malgaches partageant la même langue et une même vision du monde. Il en va différemment aujourd’hui, ce qui ne manque pas de fragiliser le fihavanana d’autrefois. Alors que les facilités de circulation et le phénomène urbain brassent les ethnies, la paupérisation exacerbe les besoins et les envies. Les différences raciales (couleur de peau, texture de cheveux), de coutumes, de pouvoir et de fortune neutralisent la solidarité familiale et développent de nouveaux réflexes identitaires. Comment alors renouveler le fihavanana, et faire passer son idéal dans le quotidien ? Il ne survivra que s’il parvient à infuser l’environnement sociétal et à inspirer les projets et les institutions d’une société moderne : la protection sociale, les systèmes d’éducation et de santé, la politique salariale, l’aménagement du territoire, les stratégies de développement, etc. Une double mutation s’impose au fihavanana. S’affranchir de sa tutelle clanique et ethnique, avant tout, pour s’élargir aux dimensions de la nation ; le havana des temps anciens est désormais le citoyen de la grande famille malgache. Cette « nationalisation » du fihavanana, préalable de l’unité nationale en même temps que garante de son accomplissement, constitue une tâche prioritaire, certes délicate à réaliser et toujours à refaire, mais indispensable. La seconde mutation du fihavanana sera celle de son universalisation, de sa mondialisation, qui implique de reconnaître un parent en tout étranger citoyen du monde. En termes religieux, auxquels la société malgache est particulièrement attentive, on dira que tous les hommes, filles et fils de Zanahary, sont les havana de la grande famille humaine. Ainsi, la culture malgache préservera sa précieuse spécificité, et rendra leur raison d’être et leur fierté nationale aux Malgaches.

Jésuite, Sylvain Urfer vit à Madagascar depuis 1974. Enseignant, écrivain et éditeur, il est considéré comme l’un des analystes les plus pointus de la société malgache.

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TSIAHY

C’était il y a cent ans… en avril 1912 Par Pierre Maury Des festivités en tous genres se tiennent en avril. Les élèves des écoles supérieures indigènes de Faravohitra et d’Ambohijatovo ont organisé une fête le lundi 8 en matinée, au Théâtre municipal. La salle était remplie d’Européens et de Malgaches. Chœurs, morceaux de musique, évolutions gymniques, récitations et un vaudeville en un acte, Ratovo marie sa fille ont été si appréciés qu’une deuxième représentation sera donnée en soirée le vendredi 3 mai.

celle-ci est réservée aux dames. Le clou de la semaine est la course de motocyclettes sur le parcours Tananarive-Arivonimamo, le dimanche 14. Départ à sept heures et demie au lac d’Anosy, de deux en deux minutes. Mais « Monsieur le Président et les Membres du Sport-Club de Tananarive déclinent toute responsabilité au sujet des accidents qui pourraient se produire au cours des différentes épreuves ». M. Valiton fils a emporté la course de motos. Un corso fleuri clôt les ianarantsoa n’est pas en reste. compétitions. À l’occasion de La Fête des enfants y a duré celui-ci, la Maison Blion installe deux jours, les 7 et 8. Retraite un kiosque de vente place Colbert, aux flambeaux, salves d’artillerie, près de la tribune centrale, où cortège de chars et de poussel’on peut se procurer, en guise de pousse, fanfare, distribution de projectiles, des « sacs de confettis cadeaux aux mères de familles parfumés » et des « soubiques nombreuses, jeux, buffet, rien ne de fleurs coquettement manquait pour séduire un public enrubannées ». Le défilé de chars dense. La Fête des enfants de a été applaudi, en particulier les Tananarive, organisée à la fin du mois, aura été un autre brillant moment de joie, dans les huit créations du Sport-Club : une jonque chinoise et une Vénus sortant de l’onde dans une coquille. arrondissements. Parmi les nombreux spectacles proposés aux habitants de La semaine sportive du Sport-Club de Tananarive se déroule du 9 au 14. Au programme : tennis, escrime, concours de Tananarive, celui de Door-Leblanc, qui était déjà venu en boules, tir au revolver d’ordonnance et à la carabine – 1903, sort de l’ordinaire. Magicien, hypnotiseur et spirite, il a donné quatre représentations à Tamatave avant d’arriver dans la 54

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capitale où il se produit les dimanche 28 et lundi 29. Après Paris, Berlin, Vienne, Pétersbourg, New York, etc., voici son « acte magical », Une nuit au pays des songes, ainsi que la devineresse Saltana Hanoum, Miss Sherlock Holmes et la Japonaise Ching-Ling-Foo. Pendant que certains s’amusent, d’autres prennent des décisions. Les Antaimoro de la circonscription de Farafangana ont coutume de porter épieux et sagaies qui peuvent leur servir d’armes. Ils devront les laisser chez eux : le gouverneur général Picquié vient d’interdire le port de ces objets dangereux hors de leur circonscription. Les bonnes gens sont rassurées. On parle beaucoup du port de Tamatave, mais celui de Majunga n’est pas oublié. Les quais construits en 1907 deviennent étroits au regard de l’accroissement du commerce local. Un crédit de 200 000 francs est destiné au prolongement du débarcadère, sur lequel seront construits des magasins. Budget raisonnable, par rapport aux 15 millions nécessaires au projet d’agrandissement du port de Tamatave. En France et dans le monde, les exploits des aviateurs sont suivis de près par les journaux qui doivent aussi, parfois, relater les accidents. L’armée s’intéresse à cette « quatrième arme ». À l’initiative de MM. l’administrateur-adjoint Grandjean et l’administrateur-aviateur Raoult, un Comité national d’aviation militaire à Madagascar est mis sur pied. La fabrication de la dentelle pourrait fournir d’excellents débouchés commerciaux vers la France. M. Savaron, organisateur de cette industrie à Madagascar, a monté sept ateliers d’apprentissage à Tananarive et dans les environs. Mais il se plaint d’un enseignement qui ne prépare pas vraiment au travail et toutes les ouvrières qu’il recrute doivent être formées depuis le début, quel que soit leur niveau de qualification. Les plus diplômées sont même les plus décevantes, parce qu’elles ont pris de mauvaises habitudes à l’école professionnelle. Enfin, le professeur Lacroix, du Muséum, vient de faire don au Service des Mines d’une importante collection minéralogique. Les 162 pièces sont, pour l’essentiel, des exemples de minéraux entrant dans la composition de la gangue des filons métallifères. Elle apportera de nombreuses informations aux prospecteurs et à toutes les personnes intéressées par les questions minières.


TRADITIONS

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C hapeau Mamasoa !


Mamasoa travaille du chapeau. C’est tout à fait normal puisqu’elle en propose de magnifiques spécimens, fabriqués à la main dans les règles de l’art. Digne héritière d’une époque où la chapellerie malgache signait le dernier chic en Europe…

’il est une tradition vestimentaire qui ne plie pas devant Schapeau la modernité, du moins dans les campagnes, c’est bien le malgache. Merina, Betsileo, Bara, Atandroy, habitant de

Manakara, de Mananjary ou de Diego, chacun est fier d’arborer son galurin où se lit toute la fierté d’être d’une ethnie. Mamasoa est vendeuse à Art Malagasy sur la route Digue. Pour ce qui est des chapeaux traditionnels elle en connaît un rayon, et c’est un plaisir que de mettre son immense culture chapelière à l’épreuve. « La forme du chapeau signe l’identité », lance-t-elle doctement, doigt levé qu’on comprenne bien. Chez les Atandroy du Sud, il est par exemple conique et se porte à tous les événements de la vie sociale, des mariages aux enterrements. Chez les Bara, il est à bord roulé. Chez les Betsileo, il est en forme de bonnet quadrangulaire, avec une fine languette pour les enfants : porté avec le lambaoany pendant les grandes cérémonies, il exalte les couleurs des Hauts Plateaux. À Mananjary, la couleur est plus sobre, avec juste une touche de rouge sur les côtés, et c’est coiffées de ces charmant bibis que les belles de là-bas se pavanent au marché. « La matière première varie d’une ethnie à l’autre », poursuit Mamasoa. Du chapeau en cuir de zébu des Antandroy, au canotier en paille de riz des Merina… la différence crève les yeux. Sans parler du couvre-chef en vannerie tressé des Betsileo. Le chapeau en paille tressée a toujours été une industrie prospère à Madagascar. À la fin du XIXe siècle, le chic à Tana était de le porter dans sa version « haut de forme », mais vu son prix relativement élevé, il n’était utilisé que par les hovas (nobles) et les

notables. Les gens du peuple se contentaient de porter le chapeau « bourjane » ou la capeline à larges bords qu’on voit encore chez les Betsimaraka. La paille la plus employée était l'ahibano, qui pousse abondamment dans les vallées humides et au bord des cours d'eau. On pouvait la mélanger à la fibre bao, extraite du raphia, pour obtenir des chapeaux extrêmement légers mais solides. Gage du savoir-faire des artisans malgaches, le chapeau de paille s’est rapidement exporté à l’étranger : 80 000 pièces en 1908, trois fois plus en 1942. Principal débouché : les commerçants européens et américains qui étaient séduits par leur souplesse et leur fini. On vantait alors la qualité des « panamas malgaches ». Aujourd’hui, le chapeau vita gasy séduit toujours les étrangers, moins, hélas, les jeunes générations. « Nous en vendons plus aux touristes qu’aux jeunes Malgaches », déplore Mamasoa. De fait, pas beaucoup de jeunes cadres du tertiaire déboulant dans la rue avec le galurin de paille posé fièrement au-dessus du costardcravate. Appel aux designers urbains… Ben Contact sur www. nocomment.mg

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De plus en plus de programmes et des abonnements revus à la baisse. Face à la surenchère des distributeurs de télévision payante, le consommateur peut se sentir perdu. Voici de quoi l’aider à faire son choix en allant à l’essentiel.

Blueline TV Casser les prix Lancée en 2010, l'offre de télévision de Blueline est arrivée comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Objectif : casser les prix, ou comme le souligne Matthieu Mertian, son directeur commercial, « baser son offre sur les meilleurs tarifs du marché ». Contrairement aux autres distributeurs de programmes, Blueline n’est pas un opérateur

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de télévision par satellite, mais un fournisseur d’Internet via le câble. Son entrée sur le marché obéit à la logique de ce que l’on appelle le « triple play », c’est-à-dire la combinaison en une seule offre de l’Internet, de la téléphonie mobile et de la télévision. À partir de 79 000 Ar par mois, l’abonné peut ainsi profiter de l’accès au très haut débit via l’ADSL, de communications vocales et SMS illimitées entre clients Blueline et jusqu'à 40 chaînes de télévision en qualité numérique ! Pour ceux qui trouvent le triple play prématuré, l’offre de télévision proprement dite se décline en quatre bouquets de 8 à 38 chaînes thématiques. L’abonnement mensuel va de 9 900 à 59 900 Ar, auquel il convient évidemment d’ajouter la connexion à l’ADSL. À noter que la réception des bouquets ne nécessite pas d'antenne parabolique. Il suffit de raccorder l'antenne traditionnelle (UHF) au décodeur Blueline TV pour accéder à l'ensemble des contenus. Blueline TV ne couvre encore que la capitale et sa grande banlieue mais devrait assez rapidement s’étendre à la province, selon son directeur commercial.

Canalsat Vous avez dit leader ? Bénéficiant d’une antériorité historique de plusieurs mois sur Parabole Madagascar, Canalsat (Groupe Sicam) jouit évidemment

Télévision satellitaire :


ÉCO de l’énorme synergie de notoriété du groupe Canal+. Avec une centaine de chaînes de télévision, radios et services dans sa musette, il est le leader incontesté du programme satellitaire à Madagascar comme dans la région océan Indien. En plus de l’hyperchoix, son grand atout reste la qualité d’image, puisque les chaînes constituant ses bouquets sont en haute définition (HD). «C’est comme assister directement à un match de foot depuis les gradins », témoigne un abonné, visiblement fan du ballon rond. En cette période de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2012) et des Jeux Olympiques, c’est un détail qui a son importance, et les opérateurs s’attendent à une recrudescence des abonnements. En plus des chaînes portant la griffe Canal (Canal +, Cinéma, Sport, Family), Canalsat offre le plus large choix de chaînes généralistes (TF1, France 2, M6, RTL9), mais également d’information, de culture, de reportage. À noter également la possibilité d’avoir accès aux chaînes « pays » de La Réunion, à la télévision des Comores et même à des programmes régionaux axés sur la musique des îles. « Une télévision grand public qui ne transige pas sur son rôle d’éducation et d’éveil au monde », estime Jean Testemale, directeur général de Canalsat. Sans oublier que les abonnés ont tous les programmes du mois stockés sur leur disque dur, qu’ils peuvent consulter à tout moment.

Parabole Madagascar Gare au challenger Créée en 1999 à l’instigation de Gilbert Biny et de promoteurs mauriciens, la filiale malgache de Parabole bénéficie de la forte dynamique du groupe, avec plus de 82 chaînes et services proposés sur toute la zone de l’océan Indien (Madagascar,

Réunion, Maurice, Mayotte, Comores). Challenger de Canalsat, Parabole occupe à Madagascar 40 % de la part du marché de la télévision payante, soit 6 000 foyers abonnés. Comme son principal concurrent, il a reçu de plein fouet l’offre de télévision Blueline à moins de10 000 Ar par mois (hors frais de connexion) et y a répondu en avril 2011 par le bouquet Pika à 19 900 Ar et ses 17 chaînes de télévision et sa vingtaine de radios et services. « Une révolution qui va complètement changer les habitudes du téléspectateur malgache », estime Steve Lai, son directeur général. L’offre Parabole, c’est aujourd’hui quatre bouquets satellitaires composés à partir des 52 chaînes de télévision, 21 radios et 9 services interactifs que la société capte à travers le satellite Eutelsat W2. Depuis 2009, Parabole a entrepris sa reconversion à la haute définition (HD) par le changement gratuit de ses décodeurs « pour un meilleur confort d’image, mais également plus de programmes », explique Steve Lai. Les chaînes HD sont désormais au rendez-vous, comme Eurosport HD. Avec un service après-vente entièrement informatisé et un service clientèle constamment à l’écoute, Parabole entend rester au plus près de la demande de ses abonnés, ce qui l’a amené à proposer l’enregistreur numérique REC, capable d’enregistrer jusqu’à 120 heures de programmes…

Televiziona Fialamboly Sous perfusions Televiziona Fialamboly (TVF) fêtera en juillet 2012 ses 17 années d’existence, soit la plus ancienne société de redistribution de chaînes de télévisions payantes à Madagascar. S’il est encore possible d’en parler au présent, car la société handicapée par une technologie obsolète est désormais tributaire des infrastructures de Blueline et fonctionnerait « au ralenti » avec quelques centaines de clients. À l'heure actuelle, TVF n’a quasiment plus d’activités d'après un responsable de Blueline.

c’est le bouquet !

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DEMANDEZ LE PROGRAMME Blueline TV Offre Triple Play Blueline (internet+téléphone+TV)

Canalsat Découverte

32 chaînes, radios et services à 19 900 Ar/mois

Access

Box 4G 40 heures/mois +1 ligne phone access + bouquet Typic à 79 000 Ar/mois

Evasion

52 chaînes, radios et services à partir de 39 900 Ar/mois

512 k illimité

Box 4G 512 k illimité + 1 ligne phone access + bouquet Typic à 129 000 Ar/mois

Privilège

60 chaînes, radios et services à partir de 89 900 Ar/mois

1 Méga illimité

Box 4G 1 Méga illimité +1 ligne phone access + bouquet Magic à 229 000 Ar/mois (promotion à 179 000 Ar/mois jusqu’au 31 mars)

Prestige

80 chaînes, radios et services à partir de 139 900 Ar/mois

Excellence

96 chaînes, radios et services à partir de 179 000 Ar/mois

Access

Box 4G 40 heures/mois à 49 000 Ar/mois

512 kbps illimité

Box 4G 512 kbps illimité à 109 000 Ar/mois

* A ajouter : à l’achat, le décodeur est à 199 000 Ar ou à 399 000 Ar pour le modèle avec PVR (disque dur enregistreur) ; en location, il est proposé à 21 000 Ar/mois ou à 35 000 Ar/mois avec le PVR.

1 Mbps illimité

Box 4G 1Mbps illimité à 149 000 Ar/mois

Offre Blueline 4G

TVF (Televiziona Fialamboly) Parabole Madagascar

Bouquet de base

6 chaînes

Pika

56 chaînes TV, radios et services à 19 900 Ar/mois

Bouquet de base

4 chaînes

Déclik

71 chaînes TV, radios et services à 42 000 Ar/mois

Bouquet Mandrosoa

3 chaînes

Zoom

76 chaînes TV, radios et services à 86 800 Ar/mois

Bouquet Etudiant

2 chaînes

Intégral

96 chaînes TV, radios et services à 137 200 Ar/mois

* Frais d’accès offert au lieu de 160 000 Ar ; installation et caution offertes ; mois en cours offert et les 12 suivants à - 25%. Le décodeur est à 269 000 Ar en option d’achat.

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* Les abonnements varient de 30 000 à 150 000 Ar. A ajouter : l’équipement de réception, proposé en achat (861 000 Ar (neuf) ou 300 000 Ar (occasion) ou en location : 10 000 Ar/mois pour une durée minimale de 12 mois ou 60 000 Ar/ mois pour une durée inférieure à 12 mois.

Pages réalisées par Ben et Njato Georges



H aingo

ÉCO

RANDRIANARIVONY Après vingt années passées en France, elle choisit de revenir à Madagascar pour contribuer au développement de son pays natal. C’est le Centre d’information technique et économique qui bénéficie aujourd’hui de son expertise et de son énergie.

epuis la fin 2011, le Centre d’information technique et économique D (Cite) est dirigé par Haingo Randrianarivony. Informer, former et accompagner les acteurs économiques issus du monde rural (agriculteurs

et artisans principalement), telle est la vocation de cette ONG malgache au sein de laquelle cette mère de quatre enfants a successivement occupé les postes de directrice de la formation et accompagnement des TPE (très petites entreprises) puis de directrice générale adjointe. Le monde associatif l’a toujours passionnée : comme sujet de mémoire de son DEA en relations internationales, elle choisit tout naturellement le thème des ONG et le droit international. « J’ai toujours pensé que les ONG doivent être à la fois une des forces vives d’un pays et un des acteurs importants sur la scène internationale. Elles ont un rôle majeur à jouer dans les pays en voie de développement ». Également titulaire d’un DUT en informatique de gestion (Université

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À l'écoute du monde


de Paris Orsay), elle s’intéresse de très près à la formation, convaincue que le « renforcement de capacité des ressources humaines est un des moteurs du secteur privé ». Une expérience qui commence au sein de la société EBC, à Reims, où elle s’occupe de la formation professionnelle continue dans le secteur informatique, et qui l’amène à intégrer le Cite en 2008. Fort de ses 14 antennes réparties dans toute l’île et de ses 80 collaborateurs, cet établissement privé à caractère social apporte aux TPE les services d’une chambre consulaire en leur offrant un ensemble intégré de services non financiers : information (dont l’édition de très nombreux ouvrages pratiques), animation, formation et appui conseils… Le Cite remplit un rôle essentiel auprès des acteurs les plus modestes et les plus défavorisés du monde rural. « Nous développons actuellement un système d’informations techniques et économiques via la téléphonie mobile afin de toucher davantage les acteurs ruraux », explique Haingo Randrianarivony. Comme première responsable, son challenge est aujourd’hui de faire reconnaître le Cite comme une véritable équipe d’experts, « afin de pouvoir augmenter nos ressources propres et avoir ainsi les moyens d’accompagner les plus démunis ».

rural

Richard Bohan Contact sur www.nocomment.mg


MÉTIERS

D adafara Réparateur de parapluies depuis trois décennies, Dadafara n’est jamais aussi heureux que lorsque le ciel se couvre de menaçants nuages. Sa référence ? Gene Kelly dans « Chantons sous la pluie ». Son credo ultime : après moi le déluge !

leuvra ? Pleuvra pas ? Tout occupé à mesurer la fuite des nuages par-dessus PAndrianarivo les toits en ce jour grisaillant de mars, on reconnaît en Dadafara - Haja de son vrai nom - un réparateur de parapluies. Installé depuis trois

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décennies à Analakely, c’est un peu lui qui fait la pluie et le beau temps chez les marchands de pébroques. Un vétéran d’autant plus respecté qu’il peut s’enorgueillir d’être à la quatrième génération d’une dynastie entièrement dévouée au parapluie et à sa variante des beaux jours, le parasol. « Mon arrière-grand-père faisait l’admiration de son entourage avec ses grands parapluies rouge fabriqués comme au temps des rois. Dommage qu’on ne prenne plus le temps d’en faire d’aussi beaux, aujourd’hui », soupire-t-il. Originaire de Tamatave, il a tout naturellement appris à rafistoler les parapluies pendant les vacances scolaires, histoire de se faire un peu d’argent de poche en aidant ses parents. « J’ai retapé mon premier parapluie en 1976 », lancet-il tout songeur. Pour autant, Dadafara n’a jamais eu la vocation. À l’époque, il se voyait plutôt milliardaire ou quelque chose comme ça… Le genre de mec plein aux as que dès qu’il pleut, trente-six parapluies s’ouvrent pour lui ! Rêve toujours, déjà qu’il n’a pas assez d’argent pour aller jusqu’au bac… Mauvaise fortune bon cœur, il monte à Tana et devient , loueur de pavillons à Analakely. Métier prenant mais du tout enrichissant en raison de l’âpre concurrence qu’on se livre sur le trottoir. « Finalement, j’ai compris que j’avais un atout et

P’tit coin de parapluie


un seul : je sais réparer les parapluies et ce n’est pas donné à tout le monde. » Et c’est un Dadafara revenu à de meilleurs sentiments qui accepte enfin de reprendre le flambeau familial. « Sûr qu’on ne devient pas milliardaire en retapant les parapluies, mais au moins on trouve toujours quelque chose à faire bouillir dans la marmite », estime-t-il philosophe. Les jours de pluie sont une bénédiction pour lui. Avec quelle frénésie voit-il le ciel se couvrir de gros nuages noirs, prêts à se déverser sur la ville comme autant de cornes d’abondance ! Et pour cause, par temps mouillé il peut faire jusqu’à douze réparations par jour : chacune facturée entre 200 et 5 000 ariary selon le travail à effectuer. En hiver, en revanche, c’est un peu la misère : temps

imperturbablement sec, sa petite entreprise souffre le martyre. Dadafara doit alors se tourner vers sa seconde occupation : le parasol en bois, en prévision des beaux jours. Source de revenus non négligeable, un parasol fabriqué en trois jours peut lui rapporter un bénéfice de 20 000 ariary. « Avec la flambée du coût des matières premières, mes marges n’arrêtent pas de fondre, mais c’est toujours mieux que rien », relève-t-il. D’ailleurs, tout n’est pas si sombre dans la vie. La preuve, un superbe cumulonimbus est en train de se profiler au-dessus d’Analakely. Et celui-là, Dadafara le sent bien : noir, dodu, juteux à souhait. Ben Contact sur www.nocomment.mg


Association de quartier fondée à Isotry en 1994, Gasy Mirindra est liée depuis 2004 au Secours populaire français de Neuville-sur-Saône. Un partenariat qui prend aujourd’hui la clé des champs avec des actions de développement durable au village de Mandrosoa-Antongona.

epuis 2004, l’association Gasy Mirindra (Malgaches en harmonie) travaille D en collaboration avec le Secours populaire français (SPF) de Neuvillesur-Saône, près de Lyon, pour gérer des projets de développement durable.

Le dernier en date, l’agrandissement d’une école publique dans le village de Mandrosoa-Antongona, à Imerintsiatosika, vient tout juste d’aboutir. L’objectif était de construire un nouveau bâtiment capable d’accueillir deux salles de classe supplémentaires. « Il n’y avait que trois salles pour cinq groupes scolaires, ce qui obligeait les enseignants à fonctionner avec des classes multigrades », explique Jeanne Andoniaina, la coordinatrice du projet. Les 3 000 euros (8 millions d’ariary) qui ont financé les travaux proviennent en grande partie de dons du SPF, une association très engagée sur tous les continents dans la lutte contre la précarité et l’exclusion, avec 195 projets de développement dans 51 pays. « Un projet comme celui de MandrosoaAntongona repose sur la participation active des villageois appelés à fournir la main-d’oeuvre pour les travaux de construction. Une façon de les responsabiliser », précise Andoniaina. Créée en 1994, Gasy Mirindra est une association composée essentiellement de jeunes d’Isotry, engagés dans des actions d’assainissement de ce quartier particulièrement défavorisé. C’est en servant de guides et d’interprètes à des représentants du Secours populaire, que des liens se sont créés entre les deux associations à partir de 2004. De là

G asy Mirindra 66

Isotry part en


ASSOS

des projets communs débordant de plus en plus le cadre du quartier. Côté Français, l’engagement sans faille de bénévoles comme André Marcende, chargé de faire le lien entre Neuville-sur-Saône et la grande île, permet de multiplier les projets. Une partie des sommes récoltées pour ces actions provient de la vente en France de produits malgaches, comme la vanille, par le Secours populaire. En marge de l’agrandissement de l’école, les deux associations développent dans le village des actions de sensibilisation en faveur de l’environnement. En raison de la pratique du tavy (culture sur brûlis), la colline du village a subi une forte déforestation et les villageois ont pour mission de la replanter en espèces endémiques. « Le village recevant des touristes par le biais de Gasy Mirindra, nous les faisons participer aux activités de reboisement, ce qui est un plus pour l’écotourisme », explique la jeune femme. Toujours dans le village, Gasy Mirindra et le Secours populaire ambitionnent dès cette année de développer un « accueil paysan » où les villageois prendront eux mêmes en charge les visiteurs, ébauche d’un authentique tourisme solidaire. Aina Zo Raberanto Contact sur www. nocomment.mg

campagne


B rookesia micra 68

On a toujours besoin d’


ESCALES Le plus petit caméléon du monde vient d’être découvert sur l’îlot Nosy Hara, à l’extrême Nord de Madagascar. Il mesure 20 mm sans la queue ! Un cas extrême de « nanisme insulaire » dont ne cesse de s’émerveiller Frank Glaw, l’un des auteurs de sa découverte.

adagascar ne cesse d’engranger les records M animaliers. Après les microlémuriens que nous vous présentions le mois dernier ( 26), no comment®

voici les mini tout minicaméléons. Plus exactement Brookesia micra, officiellement reconnu, depuis février dernier, comme le plus petit représentant de son espèce au monde ! La preuve, il tient (sans lézard) sur une tête d’allumette. Il est l’une des quatre nouvelles espèces de Brookesia (brookésies) qui viennent d’être découvertes sur l’îlot de Nosy Hara, à l’extrême nord de Madagascar. Endémiques de la grande île, les brookésies dépassent rarement les 100 mm, mais avec micra on est vraiment dans une autre dimension : 20 mm sans la queue pour l’adulte ! Il détrône, haut la palme, Brookesia minima qui jusque-là détenait le record, sans pour autant pouvoir postuler au titre de plus petit reptile connu,

un plus petit que soi

Frank Glaw

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Brookesia micra représente un cas extrême de « nanisme insulaire », dû comme son nom l’indique aux conditions de vie très particulières sur l’îlot Nosy Hara. Faute d’espace, l’espèce a en effet dû s’adapter à des territoires particulièrement étroits, parfois restreints à de minuscules portions de forêts, et évoluer en fonction. « Sachant que le pays abrite près de 40 % des 193 espèces de caméléons scientifiquement reconnues dans le monde, il paraît clair que beaucoup d’autres n’attendent que d’être trouvées », estime Frank Glaw qui se félicite d’avoir pu mener à bien l’identification, la reconnaissance scientifique et l’étude de la répartition de l’animal. « C’est le meilleur moyen de garantir sa survie, explique-t-il. Son existence une fois officialisée permet de mettre en place des mesures concrètes pour protéger son habitat. » Auteur de nombreux ouvrages sur les amphibiens et les reptiles de Madagascar, Frank Glaw est aussi, depuis 25 ans, un ardent défenseur de la biodiversité malgache qu’il voit s’amenuiser d’année en année comme une peau de chagrin. Il espère que l’intérêt des médias pour Brookesia micra s’accompagnera d’une toujours détenu par le gecko Sphaerodactylus ariasae… 18 mm attention redoublée à son habitat. « Contrairement à B. micra, deux des nouvelles espèces récemment découvertes occupent des sans la queue. Mais là on chipote ! On doit sa découverte à Frank Glaw, un chercheur rattaché au zones non protégées proches des villes, et c’est inquiétant pour Muséum d’histoire naturelle de Munich, en Allemagne. En 2007, leur survie. Les noms que nous leur avons donnés – B. tristis il a mené avec son collègue Jörn Kohler une expédition qui visait et B. desperata – témoignent de cette inquiétude », explique le à répertorier les caméléonidés encore non décrits sur Nosy Hara. scientifique. Sa prochaine destination ? Une forêt tropicale du Aidés de lampes torches et de projecteurs, ils ont ainsi pu capturer nord-est, en novembre, où les surprises encore une fois devraient dans leur sommeil - au cours de la nuit, les caméléons grimpent être au rendez-vous… dans les arbres pour dormir - quatre spécimens encore inconnus : Joro Andrianasolo Brookesia micra, Brookesia confidens, Brookesia tristis et Contact sur www.nocomment.mg Brookesia desperata.

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Réputés pour leurs vins et leurs apéritifs, les moines trappistes de l’abbaye cistercienne de Maromby, à quelques kilomètres au nord de Fianarantsoa, viennent de terminer les vendanges de leur cinquante-troisième cuvée.

e matin, frère Christian est détendu et souriant : C avec l’aide de toute la communauté et d’une dizaine d’ouvriers, il vient d’achever les vendanges

M aromby 72

des six hectares de vignes que possède le monastère de Maromby. Responsable de l’entretien du vignoble, il est fier de sa récolte : « Nous avons obtenu 32 tonnes de raisins, c’est 25 % de plus que l’an passé. À cinquante ans, notre vigne est toujours vaillante et nous avons vendangé pour la première fois sur un hectare planté il y a deux ans, où le raisin est plus sucré. » Frère Christian est l’héritier d’une longue tradition trappiste de production d’alcool. « C’est un travail manuel exigeant, qui nous permet de gagner notre vie, » explique le père supérieur. Si la maison mère du monastère établie dans le Nord de la France produit de la bière, la fille malgache a choisi le vin : « En 1958, quand la communauté a acheté le terrain aux jésuites, il y avait déjà un hectare de vigne en assez bon état, continue le père Marc-André. Comme la communauté avait besoin de vin de messe, un des pères fondateurs, issu d’une famille de négociants en vin, a repris

La cuvée


Fianarantsoa l’exploitation en main ». Le cépage existant, l’Isabelle, à la réputation sulfureuse (il rendrait fou une fois vinifié !), disparaît progressivement et cède la place à des cépages hybrides plus classiques : le petit Vouschet pour le rouge et le Couderc 13 pour le blanc : « il ne nous reste que quelques rangs d’Isabelle, on les garde comme raisins de table car cela fait partie de l’histoire du monastère ». Ils sont maintenant quatre moines, tous Malgaches, à consacrer leur temps de travail au vin - de l’entretien de vignes à la vente des bouteilles. Frère Lucien, en bleu de travail et les mains rougies par le raisin, est chargé de la vinification : dans la cave, entre les cuves en béton et les fûts de bois, il contrôle attentivement la fermentation du jus pressé il y a quelques jours. Température, taux de sucre, taux d’alcool, tout est soigneusement consigné au quotidien afin d’obtenir « un vin rouge un peu boisé et un vin blanc sec pommadé ». Formé en Avignon en 2004, il cherche à perpétuer le savoir-faire que lui ont légué les fondateurs. « En 2003 nous n’avons pas pu vendre notre

ESCALES

vin parce qu’il piquait. Maintenant, ce n’est pas un grand cru, mais il a trouvé sa clientèle, qui semble satisfaite. » La clientèle, c’est le domaine de frère Timon, présent tous les jours au magasin du monastère. « Nos premiers clients sont les églises, qui se fournissent en vin de messe directement ici. Et nous livrons aussi les magasins de la ville où le vin rouge et les apéritifs ont plus de succès ». Produit et vendu par le monastère, le « vin des bons pères » semble avoir trouvé sa vocation.

du monastère

Bénédicte Berthon-Dumurgier Contact sur www.nocomment.mg

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M arojejy

Méconnue parce qu’enclavée, la région Sava est néanmoins pourvue de quelquesuns des plus beaux sites touristiques de Madagascar, dont le parc national du Marojejy.

uelle région peut permettre de se réveiller en bordure Q d’immenses plages et, quelques heures plus tard, de gravir les pentes d’un massif montagneux recouvert d’une exceptionnelle

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forêt tropicale humide classée au patrimoine naturel mondial de l’Unesco ? Le petit jour se lève sur Sambava. L’air est d’une incroyable pureté. Même l’océan qui ne propulse que quelques modestes vaguelettes sur les plages infinies de ce littoral, semble respecter ce décor et cette ambiance empreinte d’une totale quiétude. En prenant la route, nous longeons la lagune de Sambava animée de quelques piroguiers avec, en arrière-plan, le massif du Marojejy. L’excellente route qui, de Sambava conduit jusqu’à la cuvette d’Andapa, serpente dans la vallée de la Lokoho. Il est vivement conseillé de s’arrêter à environ 6 km de l’entrée du parc national afin de visiter le centre d’interprétation de Manantenina qui offre l’opportunité d’appréhender toutes les richesses faunistiques et floristiques du Marojejy : une véritable « mise en bouche ». Achat des billets, choix du guide puis quelques kilomètres d’une petite piste à travers des villages qui comportent de belles cases (les


ESCALES années fastes de la vanille…) et nous voici à l’entrée du parc. L’ascension débute d’emblée par un sentier assez raide ponctué de marques qui indiquent les lieux de ponte de caméléons. Quelques hectomètres plus loin, une femelle s’affaire à creuser le réceptacle qui recevra ses œufs qui écloront dans un an, quasiment jour pour jour. Nous nous approchons pour l’observer. Ce petit animal prend alors des allures terrifiantes : gueule largement ouverte et râle court… Au-dessus de 800 m, la forêt tropicale humide laisse place à la forêt de montagne légèrement plus clairsemée au sein de laquelle nous passerons une heure entière en compagnie d’une famille de Propithécus candidus, ces magnifiques lémuriens à la toison immaculée. Nous percevons les grondements de l’impressionnante cascade de Humbert, du nom d’un botaniste qui, à la fin des années quarante, avait arpenté ce massif qu’il qualifiait de « plus

prestigieux de l’île entière ». Les alentours de cette chute d’eau constituent le paradis pour des grenouilles mantella qui rivalisent de couleurs… Nous bivouaquons au camp Mantella, le bien nommé. Au réveil, nous surprenons un couple de Galidia elegas, petits carnivores attirés par les restes de notre repas du soir. Un splendide et inoffensif boa Senzinia madagascariensis est venu capter les premiers rayons du soleil au pied d’une somptueuse fougère aigle : le spectacle de la nature est partout. La dernière partie de l’ascension jusqu’à 2 133 m à travers une végétation plus rase de type landes permet de découvrir un panorama qui s’étend jusqu’à la mer. Ce massif protégé grâce à Madagascar National Parks procure l’impression de parcourir des contrées qui n’ont guère changé depuis la naissance du monde. Puissent-elles continuer à être ainsi préservées… Richard Bohan Contact sur www.nocomment.mg

Le joyau de la Sava

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F ort-Dauphin Seule ville malgache à disposer de plages et de spots de surfs à moins de cinq minutes du centre, Fort-Dauphin devient une escale incontournable pour les croisiéristes. Dans le port d’Ehoala, chaque accostage est une aubaine pour la région…

e port d’Ehoala, ouvert en juillet 2009, a définitivement fait de Ldeuxième Fort-Dauphin le nouvel Eldorado du tourisme de croisière. La saison vient de se clôturer et la prochaine nourrit déjà tous les espoirs de l’Office du tourisme de Fort-Dauphin. Bonne

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ESCALES raison à cela : une saison d’escale de croisières au port d’Ehoala équivaut au tiers du chiffre de fréquentation de la ville sur l’année… c’est dire ! « Chaque accostage est l’occasion d’organiser la filière, de faire le point, de communiquer sur les offres susceptibles d’intéresser les visiteurs », explique un opérateur local. Une opportunité à saisir pour la professionnalisation du secteur. Sur les sept bateaux de croisière qui ont accosté cette saison, il y a eu The World, le seul et unique « immeuble flottant » parcourant inlassablement le monde, La Grandière, bateau militaire français surveillant les eaux de l'océan Indien, ou encore le MSC Melody, qui relie Durban à Fort-Dauphin, de loin le plus populaire. Une escale du Melody est une aubaine pour la ville, puisque ce ne sont pas moins de 3 000 visiteurs qui se retrouvent à quai, arpentant les plages, investissant les restaurants, négociant les colliers de coquillages en dollars, montant dans les taxis de la ville (qui par la force des choses finiront bien par parler english…) Une activité soutenue par l’équipe du Port qui est désormais certifiée ISO 9001 et 14001, autant dire le top en terme de qualité de service. Une équipe toujours surprenante par sa capacité à réunir les différents acteurs économiques,

La croisière s’amuse


institutions et opérateurs privés, autour d’une même table : depuis la troupe folklorique qui fait le show à la descente du bateau jusqu’à l’organisation des activités. Sans parler de l’un des atouts majeurs de la destination FortDauphin, seule ville de Madagascar à disposer de plages, de spots de surfs et de windsurf à moins de cinq minutes du centre-ville. De quoi occuper largement une journée d’escale ! Deuxième port en eau profonde d’Afrique, Ehoala continue à répondre à sa vocation première qui est de charger l’ilménite produite par le Groupe Rio Tinto : un atout économique majeur pour la région Anosy, mais c’est également, et de plus en plus, un vecteur d’ouverture culturelle pour la région, avec notamment l’organisation du fameux festival Madajazzcar à Fort-Dauphin. Dans ce contexte, la ville nourrit beaucoup d’espoir sur le nouveau projet des Îles Vanilles (Vanilla Islands) qui devraient permettre de relier Fort-Dauphin à l’île Maurice et à La Réunion pour un circuit triangulaire, offrant ainsi l’opportunité aux croisiéristes de séjourner plus longtemps à terre. Une manne pour les hôteliers… Nox


ESCALES

Sainte-Marie

M arc Zafilanga Il s’honore de conduire le taxi-brousse le plus court (cool ?) de tout Madagascar. Treize kilomètres exactement du port de SainteMarie à l’île aux Nattes, le long de cette « baie cocotier sable blanc » où l’on ne sent plus le temps passer…

se sent obligé d’avoir une pensée pour tous les chauffeurs de Ontaxis-brousse longue distance ainsi qu’à leurs passagers dont la

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patience est mise à rude épreuve durant ces interminables heures de route. En tant que passager, on rêve que le trajet, comme par magie, se raccourcit - on rêve de télétransportation, de climatisation, de coussins d’air et l’on s’imagine déjà arrivé. Avec Marc Zafilanga, ce rêve devient réalité, car voici le trajet en taxi-brousse le plus court de Madagascar… 13 kilomètres du point de départ au point d’arrivée ! Plus précisément de l’embarcadère d’Ambodifotatra, à Sainte-Marie, jusqu’à la pointe sud de l’île où les piroguiers vous attendent pour rejoindre l’île aux Nattes. Marc a 29 ans. Il est difficile de ne pas le rater avec son Mazda rouge flambant neuf et sa plaque d’immatriculation marquée d’un « Marcool » on ne peut plus justifié. Marc discute et blague en attendant que ses quatorze places se remplissent. Épaulé par ses deux acolytes, Iresy et Blonde, qui chargent les bagages, on se croirait en présence d’un trio comique bien rodé. Certes, on roule peu mais on s’amuse !

Le taxi-brousse le plus


Musique, connivence avec les clients, blagues et clins d’œil font de ce minitrajet une petite pièce de théâtre improvisée. On regretterait même, cas rare, que le transport ne dure pas plus longtemps. Treize kilomètres où l’on longe la « baie cocotier sable blanc » avec des arrêts tous les 400 mètres. Ces treize kilomètres peuvent être vécus comme le condensé d’un long trajet en taxi-brousse à Madagascar. Un film en accéléré où l’on comprend très vite l’utilité commerciale et sociale d’un tel véhicule et les rapports humains qui s’en dégagent. Marc Zafilanga fait la navette entre l’embarcadère et l’Ile aux Nattes, où il réside, depuis bientôt un an. Ancien chauffeur de taxi-brousse sur la ligne AntananarivoFianarantsoa, il savoure aujourd’hui les joies du « trajet court ». Surtout, il apprécie le cadre sauvage et préservé de l’île à mille lieues de la pollution de Tana. À l’origine de sa reconversion, un regroupement familial avec son beau-frère Stéphane, kiné à La Réunion, et Snick, son frère aîné de Tamatave, pour faire venir un véhicule de France. Dans la foulée est créée la société SMS Transport (pour Stéphane, Marc et Snick). Hormis quelques problèmes occasionnels de pénurie de gasoil à SainteMarie, SMS Transport, comme son nom l’indique est une petite entreprise familiale qui roule. Philippe Bonaldi Contact sur www.nocomment.mg

court !


COUSINS/COUSINES

La Réunion uand dans la maison familiale d’Antalase se croisent Jaojoby, Mamy Q Gotso ou Bodo à l’occasion de fêtes mémorables, la petite Augustine alors âgée de 9 ans se prend à rêver de monter à son tour sur scène… Suivent alors les

Tina D/S Augustine a tout fait, même les boulots alimentaires, pour que son double flamboyant, la chanteuse Tina D/S, gagne un jour sa place au soleil. Sa présence sur la grande scène de Saint-Denis pour la fête de l’Indépendance devrait donc sonner comme une victoire.

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années karaoké, qui maintiennent la motivation et l’intérêt d’Augustine pour la chanson pendant toute son adolescence. Finaliste de plusieurs concours de quartier, elle a déjà une voix. Arrivée à La Réunion, elle se transforme… et puisqu’il lui faut choisir un nom de scène, ce sera Tina D/S ! Dans la foulée, deux télévisions lui donnent sa chance - Canal Austral et TV Kréol - en diffusant ses deux premiers clips tournés à la fois à Madagascar et à La Réunion. Un cocktail typique qui ne peut qu’enthousiasmer les amoureux de salegy, de zouk et autres rythmes entraînants, d’autant que la belle utilise à la perfection toutes les ficelles du clip malgache envoûtant. C’est vrai pour la danse bien sûr, mais aussi pour les paroles, écrites par Augustine, à la lumière de ses expériences et de son vécu. Tout n’est pas gai dans ses chansons, mais comme beaucoup d’histoires de la vie. La violence dans le couple est dénoncée dans une chanson comme Ambila Vady (Laisse les femmes) où Tina D/S peint sans concession le mari qui rentre saoul, frappe à tour de bras, jette les affaires par la fenêtre sous l’emprise du toaka. Sans défense face à la défonce, des Réunionnaises touchées par les mêmes problèmes conjugaux vont demander à la chanteuse une version française de Ambila Vady. En attendant le jour de gloire et sa montée des marches sur une grande scène, Augustine vit de petits boulots dans la restauration et dans la boulangerie. Mais il se dit que Tina D/S sera sur la grande scène de SaintDenis pour la fête de l’Indépendance en juin, pourquoi pas ? Ce qui s’appelle démarrer sur des chapeaux de roue… Normal pour une D/S ! Julien Catalan Contact sur www.nocomment.mg

J o l i e ca r ro ss e r i e !



GASTRONOMIE

INTERVIEW GOURMANDE L’Orion est la concrétisation d’un vieux rêve de famille. Une table où se croisent le savoir-faire chinois, la cuisine européenne et les richesses du terroir malgache. Tradition oblige, les hommes sont aux fourneaux : Roland pour les spécialités du restaurant, son fils Cédric pour les desserts et Lugardon pour les plats occidentaux.

c’est trois expériences différentes et une jeune équipe Là dire.’Orion, guidée par la passion de la bonne table, où chacun a son mot « Nous travaillons en groupe, ça évite une quelconque

Roland, Lugardon et Cédric

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de l'Orion

dictature de chef cuisinier », ironise le trio. Roland Leong tire son immense savoir de l’héritage ancestral. Il a été initié aux arts culinaires dès son plus jeune âge, un savoir-faire transmis de génération en génération. Son fils Cédric Leong-Weng-Fock est passé par l’INTH (Institut national du tourisme et de l’hôtellerie) en 2003 avant d’étudier à l’Institut national de la boulangeriepâtisserie (INBP) de Rouen jusqu’en fin 2006. Lugardon Déchévigné Rakotonirina baigne également dans la bonne chère depuis son enfance. Ayant grandi dans une famille de traiteurs, il apprend progressivement la cuisine professionnelle avant d’être remarqué par Maurice Lariche, propriétaire de La Marina, qui le prend sous son aile. C’est par son intermédiaire qu’il finit par intégrer l’Orion. Présentez-nous votre style ? Sobre et épuré. On le ressent jusque dans la déco ! Une cuisine simple mais des goûts authentiques. Nous servons du riz parfumé de Diego, du foie gras de Behenjy, des rillettes de canard maison, des épices chinoises et beaucoup de produits frais malgaches.


Quels sont vos produits de prédilection ? Les fruits de mer. Quel genre de cuisine n’appréciez-vous pas ? Aucun. Votre plat favori ? La fondue chinoise pour sa convivialité, car il faut être en groupe pour l’apprécier. On y trouve des fruits de mer, de la viande, du poulet, des brèdes, sans oublier les sauces. Ca permet aussi de fédérer notre équipe. Votre boisson préférée ? Notre cocktail B&C. À quelle fréquence modifiez-vous votre carte ? En fonction des arrivages de produits frais. Mais les plats standards sont toujours à disposition comme le riz cantonnais, le mi sao ou les nems… Comment vous y prenez-vous pour créer vos plats ? Après le service, nous nous réunissions tous ensemble pour manger. La recherche se fait toujours en équipe. Aujourd’hui par exemple, avec l’arrivée de magret frais, nous avons totalement improvisé une recette de croquette de pommes : à base de pommes, de poires poêlées et de magret, bien sûr. Plus généralement, chacun amène ses idées et nous les soumettons aux autres, rien n’est prédéfini. On fait ça presque tous les jours. Votre recette du moment ? Pour les plats chinois, les boulettes de poisson sautées au tissam, et pour les plats français, la marmite du pêcheur.

Salade de nouilles chinoises aux crevettes Ingrédients (pour 4 personnes)

• 250 g de nouilles de riz fines • 250 g de grosses crevettes décortiquées cuites • 1 petite mangue • 1 morceau de racine de gingembre de 5 cm • 4 cuillerées à soupe de sauce soja légère • Le jus d’un citron vert • 1 beau bouquet de feuilles de coriandre • Poivre noir du moulin.

Préparation (en 20 minutes) • Dans une grande casserole, faire cuire les nouilles 6 à 7 minutes à l’eau bouillante salée. Quand elles sont cuites, les rafraîchir sous l’eau froide, les égoutter et les déposer dans un saladier avec les crevettes. Eplucher la mangue, la couper en lamelles et la placer dans le saladier. • Râper finement le gingembre (pour un meilleur résultat, utiliser une minirâpe) et le mélanger dans un bol avec la sauce soja, le jus de citron vert, un peu de poivre noir, puis verser le tout sur les pâtes. Hacher la coriandre, parsemer la préparation et remuer à nouveau. Servir aussitôt !

PAR L'ORION

Votre actualité ? Tous les vendredis et samedis soir, nous proposons la fondue chinoise. Propos recueillis par Joro Andrianasolo

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GASTRONOMIE

PROPOSITIONS GOURMANDES

Beignets de crevettes aux sĂŠsames

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Salade de nouilles chinoises aux crevettes


DE L'ORION Canard aux champignons noirs, riz parfumé de Diego et canard de Behenjy

Gâteau éponge avec thé citronnelle tigre à la vanille et au miel

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LE VIN DU MOIS

GASTRONOMIE

L’AVIS DE L’ŒNOLOGUE « Le Château La Rose Saint-Georges est une AOC Saint-Émilion dans le Bordelais. Produit sur la plus petite aire d’appellation du Libournais, le château en lui-même date du moyen âge. Son terroir est similaire à celui de son voisin Montagne Saint-Émilion. L’appellation Saint-Georges SaintÉmilion produit exclusivement du rouge ; traditionnellement, les crus sont issus d’assemblage de Merlot, de Cabernets francs et de Sauvignon avec une prédominance pour le premier. Ce Château La Rose Saint-Georges, produit sur un sol majoritairement calcaire avec des alluvions de graves et de sables, est plutôt souple, à charpente développée avec une robe pourpre dense et profonde. Il est fruité avec des tanins veloutés qui pourraient devenir plus complexes avec l’âge. Excellent vin aux arômes de cassis d’épice et de vanille qui s’accorde facilement à de nombreux mets : charcuterie, viandes & gibiers, fromages tendres. »

Isabelle Rakotozafy

Château La Rose Saint-Georges 2008 HOLY DU RESTAURANT LE MONTPARNASSE Le Château La Rose Sain-Georges 2008 est un Saint-Émilion à caractère souple et rond en bouche. Le Cabernet franc lui apporte une finesse aromatique légèrement épicée, une fraîcheur et une structure tanique. Il sera parfait avec des plats de caractère : éventail de magret de canard a l’orange, confit de canard en daube ou escalope de volailles Boconccini.

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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LE COCKTAIL DU MOIS Comme son nom l’indique, le Trinitad est un cocktail qui fleure bon les Caraïbes, avec la tequila qui vient se couler dans le curaçao bleu, caramba ! Tous les ingrédients pour le préparer sont fournis par la Soredim. Avec modération bien sûr… Ingrédients • 3 cl de tequila Municion • 3 cl de curaçao bleu • 0,5 cl de sucre en poudre.

Le

Préparation

Trinidad par le restaurant Le

Verser les ingrédients dans un verre à mélange. Secouer énergiquement pendant 10 secondes, versez dans un verre à cocktail, c’est prêt.

B'

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.



SORTIR 92

M asikitas


Pas besoin d’aller à Mahajanga ou à Toamasina pour trouver un peu d’exotisme dans l’assiette. Tana regorge de trésors culinaires incontournables notamment avec ses brochettes. Petit tour d’horizon des meilleures masikitas de la capitale.

poulet, porc, zébu… les brochettes se préparent avec Pde rueoisson, tout et se mangent à toutes les sauces. C’est la nourriture la plus appréciée des noctambules, le tsakitsaky (en-cas)

idéal pour accompagner quelques verres de bières. La recette des masikitas, comme on les appelle, est simple : une fine tige en bois où viennent se ficher deux ou trois morceaux de viandes de zébu, un morceau de trafony (gras), le tout mis à griller sur le petit fatapera (brasero) tout rougeoyant à la nuit tombée. Elles se mangent par trois ou quatre. Quelques minutes d’attente et les voici prêtes pour la dégustation, encore meilleures plongées dans l’incontournable sauce voanjo (cacahuète) piquante ou pas selon les goûts, avec achard de mangue ou piment pour les plus courageux ! Dès le jour tombé, les vendeurs de masikitas d’Analakely s’installent à leur place habituelle et déploient leur étal. C’est le cas de Volana dont l’étal sur l’avenue de l’Indépendance est très prisé des amateurs. « En cinq ans, j’ai pu fidéliser des clients qui ne jurent que par mes brochettes », explique-t-elle, le sourire entendu. En une soirée, elle peut écouler près de 500 brochettes de zébu et environ 250 de poulet, les ventes pouvant d’ailleurs tripler en fin de semaine. Si les brochettes sont passées de 50 à 200 ariary ces derniers temps, elles restent le repas le moins cher pour un estomac désargenté. Festives et sans façon, les amoureux

les dévorent à deux à la lueur romantique du fatapera, tandis que les bandes de joyeux fêtards leur font honneur à dix ou plus. Analakely n’est pas le seul endroit où l’odeur alléchante des brochettes vous titille les narines. Mahamasina est autre lieu de rendez-vous hebdomadaire des noctambules de la capitale. Ils y viennent pour boire, sans doute, mais surtout pour se gaver de masikitas. « Et chez nous rien à redouter, la viande qui est vendue est achetée du jour », précise Roger dont l’étal est littéralement pris d’assaut. Pour ceux qui recherchent un endroit moins bondé, une adresse intéressante à Ambohijatovo, chez Rojo et Hanitriniala. Ils tiennent le petit bar proche de l’arrêt du bus et leurs brochettes sont tout simplement délicieuses. « Pour rendre la viande tendre et fondante dans la bouche, on la laisse mariner dans une sauce dont le secret est bien gardé par le chef », explique Hanitriniala. Et pour ceux qui auraient la flemme de sortir, pourquoi un petit barbecue chez soi en regardant la téloche ? Aina Zo Raberanto Contact sur www.nocomment.mg

Une brochette de plaisir

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L e Montparnasse Contrairement au Montparnasse des Années folles, ici le bœuf n’est pas sur le toit, mais bien dans votre assiette. Fort goûteux d’ailleurs, tout comme le foie gras et le confit de canard. Quant à l’addition, vous pouvez la jouer aux dés et si la chance vous sourit, vous voir offrir le repas. Ca alors !

our ceux qui aiment découvrir les bonnes tables de Tana en sortant des Pla route sentiers battus, cette adresse est pour vous. Le Montparnasse, sur l’axe de circulaire d’Antsakaviro. Incontestablement un des restaurants où le

rapport qualité-prix est le meilleur, avec une ambiance du tonnerre ! La gérance y est pour beaucoup. Dynamique, énergique, toujours en mouvement, Holy Razafindrakoto est la nouvelle propriétaire des lieux depuis le 1er février. Dire qu’elle est à son affaire est un doux euphémisme. Sa vocation pour la restauration se dessine dès ses études quand elle choisit d’entrer à l’INTH d’Ampefiloha, l’établissement de référence pour se former au métier de l’hôtellerie et du tourisme, avec un stage pratique au Colbert. Elle devient une figure très connue du monde de la restauration grâce à quatre années passées derrière le bar à servir les clients du Petit Verdot, à Ambatonakanga. L’étape suivante l’amène à une tout autre activité, bien féminine celle-là… la maternité ! Une pause qui ne la dissuade pas, bien au contraire, de son envie de reprendre une affaire. Or il se trouve que les anciens propriétaires du restaurant Le Montparnasse cherchent depuis longtemps un repreneur. Bonne pioche pour Holy qui apprécie d’autant plus l’endroit qu’elle y mange régulièrement

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Double six et c’est gratuit !


SORTIR depuis plus de deux ans ! L’achat est conclu au lendemain des fêtes de Noël, le genre de cadeau qu’on n’oublie pas… La déco fait partie du charme du Montparnasse. L’utilisation de la brique, les meubles en bois, les instruments traditionnels accrochés au mur, les bouteilles de vin bien en vue, les jeux de lumières… tout cela concourt à rendre le restaurant très cosy. Aux fourneaux, l’équipe est toujours la même : trois cuisiniers et quatre serveurs en rotation. La cuisine est simple, mais goûteuse. À la carte, foie gras poêlé, confit de canard, camembert pané, queue de zébu, pizza végétarienne, andouillette à la dijonnaise, riz au lait… Sans parler d’un menu du jour à bon prix et renouvelé quotidiennement. Le Montparnasse vous accueille midi et soir du lundi au samedi. Son bar est lui ouvert toute la journée et jusqu’à tard dans la nuit avec ses cocktails colorés et finement arrangés. La salle avec ses 30 couverts peut être réservée pour des déjeuners ou des dîners privés. Mais voici la petite touche en plus, que vous ne trouverez nulle part ailleurs. C’est lorsque arrive l’addition et que Holy vous propose de lancer deux dés. Si vous sortez un double six, le repas vous est offert ! Toutes les personnes à table y ont droit. NOTRE AVIS Amateurs de bons plats, de bons vins et… joueurs dans l’âme, Cuisine ** Déco ** tentez votre chance ! Service * Vins **

* bon ** très bon *** excellent

Helvia Jean Contact sur www.nocomment.mg


A qualand Espace de détente et d’amusement, Aqualand vous attend pour des journées d’aventures et de glisse au cœur du seul parc aquatique de l’île. Un atout touristique de plus pour la région Boeny !

aniel Fève, un ancien hôtelier de Mahajanga, installé à Madagascar depuis D 20 ans, avait toujours gardé dans un coin de sa tête ce projet un peu fou d’installer un parc aquatique sur la grande île. C’est depuis cinq mois une réalité avec l’ouverture d’Aqualand, un espace de loisirs entièrement dédié aux jeux de

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glisse, situé à 7 km de Mahajanga, sur la route de l’aéroport Amborovy. À noter qu’Aqualand est le leader des parcs aquatiques en Europe avec 39 sites en activité et une fréquentation annuelle de 9 millions de visiteurs. Un savoirfaire dont a tout naturellement bénéficié Daniel Fève en reprenant l’enseigne pour Madagascar. Un parc « encore unique en son genre dans l’île », précise-t-il. Installé sur un terrain de trois hectares au milieu d’une végétation luxuriante, le parc a des allures d’oasis aquatiques avec ses petites cases aux couleurs de Mickey, Minnie ou Spiderman. Au programme, des attractions d'eau pour tous les âges, avec pas moins de cinq toboggans débouchant sur cinq bassins et une pataugeoire pour les tout-petits. Qu’on aime la glisse façon slalom, tout en tourbillons et virages, ou droite et tout en longueur, chacun peut choisir le toboggan qui lui convient, et c'est parti pour une course folle, seul ou en famille ! Côté sécurité, pas de souci à avoir. « Toutes les structures et tous les matériaux sont aux normes européennes », explique Daniel Fève. Deux surveillants sont affectés à chaque bassin pour éviter tout accident, tandis que l’accès aux toboggans n’est possible qu’à partir de 5 ans.

On se jette à l’eau !


LOISIRS

Mahajanga

L’accès au parc, ouvert les week-ends et durant les congés scolaires, coûte 6 000 ariary par visiteur pour toute une journée d’activités aquatiques. Mais pour ceux qui préfèrent les plaisirs terrestres de type boulodrome, volley-ball et bientôt golf miniature, l’entrée est à 2 000 ariary seulement. L’eau ça creuse ! Heureusement le complexe est doté d’un service de restauration snack avec spécialités de pizzas, gaufres, barbes à papa, pop-corn… Le parc verdoyant pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes et 200 voitures constitue également une aire ombragée de détente en attendant les enfants qui jouent et s’ébattent dans les bassins. Toujours reculer les limites du plaisir. Tel est le pari de Daniel Fève qui annonce qu’à partir de juillet, Aqualand sera doté de bungalows, pour ceux qui souhaiteraient y séjourner une nuit ou plus, d’une grande piscine avec soins hydromassages et d’un parcours « aventure » de type accrobranches. Décidément, en voilà un qui n’a pas peur de se mouiller ! Rosa Ravoniarivelo


LA MODEÂ !

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Z atia Rocher


Avec sa petite moue boudeuse et ses jambes interminables, Zatia a le genre de physique qui fait se retourner les hommes sur son passage. Normal, Zatia est mannequin. Un milieu où le mélange des genres est décidément très à la mode…

e visage de Cindy Crawford, la Lle sexe silhouette de Kate Moss, mais de George Clooney. C’est la

nouvelle mode dans le milieu des grands couturiers et ça s’appelle le top-modèle androgyne. Un très improbable dosage de « il » et de « elle » où mieux vaut ne pas trop se fier aux apparences… Témoin Andrej Pejic. Du haut de son mètre quatre-vingt-trois, ce jeune Andrej Pejic Australien (ayant grandi en Serbie) est devenu la nouvelle coqueluche de la « fashionosphère » depuis qu’il a accepté, en décembre dernier, de défiler en sous-vêtements féminins… une grande première pour un mec ! Repéré par Jean-Paul Gaultier pour incarner cette année le parfum Kokoriko, il intègre ainsi le top ten des 50 mannequins mâles les plus demandés au monde. À Madagascar, on n’en est pas encore là, décalage horaire oblige, mais les candidats androgynes ne manquent pas, prêts à marcher sur les pas du petit blondinet. Un mètre soixante-quinze, lunettes de star, talons hauts et sac à main… voici Zatia Rocher qu’on dirait tout droit sorti d’un numéro de Vogue. Un garçon pour l’état civil et qui ne désespère de s’imposer un jour dans les milieux du mannequinat.

« On ne naît pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. Une assertion qui lui va comme un gant. « Ma mère voulait une fille et elle m’a élevé comme telle. Pour ma famille j’étais une femme et à 16 ans, quand je suis tombé amoureux d’un garçon, ça n’a étonné personne… » « Il », « elle » ou « je » ? Narcissique jusqu’au bout des ongles, Zatia choisit délibérément le troisième : son pseudo de Zatia signifie littéralement « je m’aime ». « Plutôt que de papoter avec les copines, je préfère rester seul, aller dans les spas et faire du shopping sans regarder les prix », confiet-il. Zatia admet suivre des traitements hormonaux, mais uniquement pour garder ses « courbes féminines » : « Je ne pense pas me faire opérer un jour pour changer de sexe, même si j’en ai les moyens. Je me sens bien comme je suis ». Dans l’immédiat, son projet est de s’installer en Thaïlande avec son compagnon, estimant que ce sera plus facile pour exercer son métier de mannequin. « Même si ma famille m’accepte comme je suis et que je n’ai jamais rencontré de moqueries ou de critiques, la société malgache est encore trop fermée pour les gens comme moi. En Thaïlande, les katheoy (androgynes) sont plus de 200 000 et ils sont bien intégrés à la société, pas uniquement au monde de la nuit. » Se rêvant une « carrière à la Andrej Pejic », Zatia ne désespère pas de rentrer un jour au pays, riche et célèbre. Son plus grand souhait : créer une association pour les orphelins de Madagascar. « J’ai toujours voulu m’occuper d’enfants, je voulais être pédiatre. Avec cet orphelinat, je pourrais avoir pleins d’enfants qui m’appelleront maman… » Aina Zo Raberanto Contact sur www.nocomment.mg

Masculin féminin

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L alassou En prévision du défilé « Si naturellement urbain » qui aura lieu en juin prochain à Tana, la styliste d’Antsirabe peaufine ses dernières créations. Des modèles dans l’air du temps, qui provoquent, charment et manifestent…

de « Lalassou femme » est un exercice périlleux. Systématiquement, Psurarler elle s’efface derrière son large sourire et préfère dévier la conversation son travail. Une manière, peut-être, de se préserver, d’éviter de

troubler les eaux calmes de son atelier. « Toute petite j’étais déjà solitaire, voire considérée comme le vilain petit canard de la famille », concèdet-elle du bout des lèvres. Et pour cause ! À 12 ans, elle se fabrique en cachette des shorts et des tuniques courtes, toutes choses interdites par ses parents très croyants. À 12 ans encore, elle est fascinée par une revue de mode récupérée dans les poubelles de Diego, sa ville natale : « Particulièrement, la photo de Monsieur Yves SaintLaurent avec sa grande écharpe rouge ». Très vite, ses premières lignes de vêtements créées pour elle sont rachetées par ses copines de classe. Son rêve est à l’époque de devenir architecte. Entre-temps, elle s’envole pour la France, le Mali, le Maroc, puis l’Inde, un pays qui va énormément l’inspirer. En 1992, à l’issue d’une formation en couture (section cuir), elle organise au consulat de France

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LA MODE !

Antsirabe

de Pondichéry son premier vrai défilé avec 52 modèles ! De retour en France, elle est tout à tour vendeuse, retoucheuse, essayeuse dans de somptueuses boutiques de haute couture, style Lanvin au Touquet ou Cambridge. Elle y côtoie en direct le monde des créateurs reconnus et des nababs. En 2000, la signature « Lalassou » voit le jour quand elle décide d’installer son atelier à Antsirabe. Épaulée par Beby, Zety et Madame Vao, ses trois fidèles couturières, Lalassou lance sa « mode éthique », ce qui va bientôt devenir une véritable marque de fabrique malgache. Le bouche à oreille fonctionnant vite, les élégantes de tous milieux et de tous horizons font de l’atelier de Lalassou un passage obligé à Antsirabe. La rigolade fait partie de la visite, au même titre que les essayages, les prises de commande, la tasse de thé… et au final, toutes ces dames repartent avec « du Lalassou ». Des modèles toujours dans l’air du temps. Qui provoquent et manifestent. Comme « Roule ma Poule », pied de nez aux embouteillages urbains, « Ville en devenir », qui préfigure la mode vestimentaire de demain, ou encore « Sans alcôve fixe », hommage très culotté à tous les déshérités de la fashionsphère. Tous ces modèles sont à retrouver en juin prochain au défilé « Si naturellement urbain » qui réunira Lalassou et 12 autres couturiers malgaches à l’Institut français de Tana. Philippe Bonaldi Contact sur www.nocomment.mg

Urbain, trop urbain

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LA MODE ! 102

M onique

RAMAHAY


Grâce à elle, la robe à smocks est devenue un produit d’exportation haut de gamme. Toujours spécialisée dans le vêtement pour enfants, elle ambitionne d’apporter à la broderie « vita gasy » ses lettres de noblesse en lançant aujourd’hui la marque Tina Kély.

ionnière des fameuses robes à smocks lancées dans les années PMonique quatre-vingt-dix avec la première entreprise franche Perlin, Ramahay a bataillé dur pour imposer ses créations en

Europe. Son ambition à travers ses vêtements pour enfants brodés main a toujours été d’imposer le haut de gamme « vita gasy », d’en faire un label de qualité. Inspiré des vêtements anglais du XIXe siècle - et importé, dit-on, par les missionnaires - le smock est aujourd’hui la spécialité des brodeuses malgaches. Il se caractérise par l'utilisation de bandes de tissu plissées sur le devant et dans le dos (façon « petite maison dans la prairie »), nécessitant des techniques de couture bien éprouvées. Et le résultat ce sont ces fameuses robes pour « petits filles modèles » qui font un véritable malheur sur le marché européen à partir des années quatre-vingt-dix. Fournissant les plus grands noms du prêt-à-porter pour enfants comme Baby Dior, Jacadi, Bonpoint, Hermès ou Tartine et Chocolat, Monique Ramahay ouvre à Paris sa propre boutique, Jours de Fête à Paris, où elle commercialise et exporte sa propre marque de vêtements, L’Ile aux Fées. De délicieux modèles pour cortèges et cérémonies, tout autant que des layettes en cachemire pour bébés. « Comme nous travaillons la broderie, les vêtements de petites filles

sont le support idéal pour montrer la valeur ajoutée à la main, mais cela ne nous empêche pas de créer des vêtements pour les garçons. » Avec la grande crise de 2008 arrivent des temps plus difficiles, qu’aggrave l’arrivée de nouvelles concurrences. Le smock commence à battre de l’aile et Monique Ramahay doit se rabattre sur Madagascar pour retrouver un second souffle. « Il ne fallait pas baisser les bras, d’autant que j’avais toujours ici mes équipes de brodeuses ». Ce second souffle, c’est la création cette année de la marque Tina Kély (Petite chérie), arrivant en renfort de l’Ile aux Fées. Des vêtements brodés main, toujours installés dans le haut de gamme. La créatrice y propose des collections pour enfants alliant le chic et le pratique. Si la facture est de haute tradition malgache, les motifs sont délibérément universels, car le but n’est pas de faire du vêtement ethno. « On veut intéresser aussi bien le marché russe, américain que japonais », explique-t-elle. Elle opte pour des matières nobles et naturelles comme la soie, le coton en ajoutant la touche fantaisiste de l’organza. « J’aime tout ce qui est féérique et romantique. Je veux apporter le rêve aux petites filles du monde entier… » À 64 ans, la créatrice bouillonne toujours d’idées. En plus de ses deux marques, elle est sur le point de créer une association destinée à mieux faire connaître les artisans d’art malgaches. À travers Écrin Madagascar, le nom de la future association, elle a notamment l’ambition d’organiser des expositions itinérantes, via les circuits consulaires malgaches. « En faisant de la qualité et de la création, on est toujours gagnant », note-t-elle. Aina Zo Raberanto Contact sur www.nocomment.mg

L’étoffe des grandes

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La nuit

Dedicated to Léo F.

C'est ma frangine en noir Celle que j'appelle bonsoir C'est un gars qu'a son bien

KUDETA URBAN CLUB

Robe On Abi 110 000 Ar

Dans le bistrot du coin

Chaussures 149 000 Ar

C'est le bourgeois qui se profile

Sac Bestini Shop’addict in 59 000 Ar

La nuit

Sous l'oeil des filles de ville Qui croit que c'est arrivé Et qui paie pour monter La nuit

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LA MODE !

Top jaune On Abi 30 000 Ar Jupe jean boule Arabesque 25 000 Ar

Boléro Arabesque 35 000 Ar Jupe culottes jean Etam Jet 7 KUDETA URBAN CLUB

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Robe marinière Arabesque 70 000 Ar

C'est cette dame qui s'en va Donner sa langue au chat Et mêle à ses dentelles La tendresse des gamelles La nuit MANSON


Robe grise dos nu Distingo 72 000 Ar Escarpins Shop’addict in 176 000 Ar

Robe bleu turquoise On Abi 90 000Ar L-SENS

Ceinture Intimea 75 000 Ar

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Top Intiméa 95 000 Ar Short jean Distingo 35 000 Ar

Top On Abi 55 000 Ar Pantalons skinny SHE Shop’addict in 69 000 Ar

MOJO

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LE PHOENIX C'est un amour qui meurt Top bleu Distingo 72 000 Ar Escarpins Shop’addict in 149 000 Ar

Aussitôt qu'il se fait C'est mille ans de bonheur Dans un baiser vite fait C'est cette môme qu'a perdu La seule fleur qu'elle avait Des fois qu'on la retrouverait La nuit, la nuit


C'est le soleil du soir Qui enfile son peignoir Dans son arrière-boutique Sous des becs électriques La nuit C'est le voleur qui va faire Des heures supplémentaires Et qu'est pas tatillon Sur les allocations Marcel Promod Jet 7 85 000 Ar

La nuit

Jean Mango Jet 7 170 000 Ar Escarpins Georgeous Jet 7 230 000 Ar

LE PHOENIX

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LE SIX


T-shirt vintage On Abi 55 000 Ar Short noir Distingo 35 000 Ar

Robe & ceinture Shop’addict in 68 000 Ar Escarpins Georgeous Jet7 210 000 Ar

LE SIX

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C'est cet homme qui s'en va Sa Rolls au bout des bras Et mêle à ses ficelles Le trésor des poubelles La nuit (…) C'est cet homme qu'a pas vu La pitié qui passait Et qu'attend dans la rue Des fois qu'on lui inventerait Le jour, le jour

LE SIX

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Triple Active Jour Lait PNM 200ML 14 500 Ar Triple Active Jour Lotion PNM 200ML 14 500 Ar

MB RAL Water shine Gloss 04/140 Rose Diamond 21 500 Ar Remerciements : Audréa & Myriam Prise de vue : Kudeta Urban Club, L-Sens, Mojo, Manson, Le Phoenix, Le Six Make up : Sariaka avec les produits L'Oréal Photos : Rijasolo

Coiffure : Salon haute coiffure



VINTAGE Levi Strauss, un commerçant en tissus originaire d’Allemagne, débarque en 1853 à San Francisco, en pleine ruée vers l’or. Il se retrouve avec un surplus de toile de tente qu’il ne peut écouler et a l’idée d’en faire des pantalons de travail...

’est une réussite, dans la foulée il crée son usine. En 1872, C Jacob Davis, un tailleur du Nevada, écrit à Levi Strauss pour lui parler d’un procédé qu’il a inventé pour riveter les coins des

poches sur les pantalons des mineurs pour les rendre plus résistantes. Ils deviennent partenaires et lancent en 1890 le mythique blue jean 501 fabriqué avec du denim bleu, un tissu en coton particulièrement résistant. Tellement résistant que le label cousu sur la poche arrière représente deux chevaux attachés à une paire de jeans Levi’s tirant chacun dans une direction opposée. Mais pourquoi 501 ? En fait, personne ne l’a jamais vraiment su. Pour la bonne et simple raison que toutes les archives de la société Levi Strauss & Co ont été détruites lors d’un tremblement de terre en 1906 : on pense que ce chiffre était le numéro de référence figurant sur les lots de denim utilisés pour fabriquer le 501. La version d’après-guerre du 501 est l’archétype du jeans « moderne » avec ses cinq poches, sa braguette à boutons, ses surpiqûres orange assorties au cuivre des rivets. De Marlon Brando à James Dean, il devient le pantalon du rebelle du XXe siècle… et au-delà.

L evi Strauss 118

Damien Petitjean

L’invention du grand bleu



BEAUTÉ

Aina Tiana, 22 ans, est invitée à un dîner. Elle décide de se faire une petite retouche express : cheveux, ongles et maquillage. L’équipe de Boîte à Bigoudis et nocomment® lui ont donné le petit coup de pouce salutaire.

Un dîner

plus que parfait ! Cheveux : zoom sur les boucles

Shampooing Oléo-Relax détente – Cheveux secs et très rebelles Kérastase 49 000 Ar Masque Oléo-Relax Slim 75 000 Ar

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Sérum Élixir Ultime Huile Sublimatrice 75 000 Ar

Le coiffeur commence par établir un diagnostic des cheveux de Aina Tiana : elle a les pointes légèrement sèches et les racines grasses. Le spécialiste décide d’utiliser le shampooing Détente pour cheveux secs et rebelles de Kérastase. Étant utilisé comme un bain Oléo-Relax, ce produit permet d’avoir un effet glossy. Ensuite, il applique un masque Oléo-Relax Slim de Kérastase. Au niveau de la coiffure, le spécialiste coupe juste les pointes qui sont cassantes et égalise la longueur. Il choisit de réaliser des boucles parfaites à l’aide d’une plaque après avoir appliqué une Huile Sublimatrice de Kérastase.


Maquillage : des lèvres gourmandes Avant de passer au maquillage, l’esthéticienne démaquille Aina Tiana. Une étape importante qui se fait tous les jours, même en n’étant pas maquillée. Elle permet d’enlever les impuretés, d’éliminer les peaux mortes et les comédons. Pour le maquillage proprement dit, la spécialiste préfère mettre en valeur la bouche de Aina Tiana en redessinant ses lèvres avec un crayon. Elle choisit ensuite un gloss framboise pour une touche gourmande. Pour les paupières, elle opte pour des tons légèrement violet et rose. Elle surligne les yeux par des traits fins d’eyeliner et du mascara sur les cils supérieurs uniquement. L’esthéticienne termine par un coup de blush sur les joues.

Ongles : un french manucure Pour rester sobre et classique, la spécialiste décide de faire un french manucure. Les premières étapes consistent à préparer les ongles : limer, enlever les cuticules, un petit massage des mains et la pose d’un vernis transparent servant de base. La spécialiste travaille ensuite le french pour des ongles parfaits.

Modèle : Aina Tiana Salon de beauté : Boîte à Bigoudis à Ampefiloha


DÉCO

M aître Mami & Sandrina

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À travers la société Jampar, Mami et Sandrina fabriquent des sabres et des couteaux de cuisine faits main, dans la plus pure tradition japonaise. L'alliance millénaire de la passion et des matières les plus nobles.

e couteau japonais n'est pas seulement un effet de mode, mais Ldu monde bien une… lame de fond, depuis que les passionnés de cuisine entier l'ont adopté. Réputé plus dur, donc plus tranchant,

il impose une image de qualité et de tradition dans l'univers de la coutellerie. Mais pour Mami Raharijaona et Sandrina, créateurs de la société Jampar, plus qu’une arme ou un outil de travail, il est d’abord une philosophie de vie. Reproduisant les techniques de fabrication qui ont cours au Japon depuis des siècles, chez eux chaque couteau est forgé, aiguisé et fini à la main. Une pièce unique à chaque fois, pour ne pas dire une œuvre d’art. « Notre spécialité reste les sabres japonais, mais cela ne nous empêche par de créer des couteaux de cuisine ou des poignards », explique Maître Mami. Le couteau japonais puise ses racines dans les forges où étaient fabriqués autrefois les sabres des samouraïs, les fameux katana. Après la disparition de cette caste guerrière et la promulgation de l'interdiction du port du sabre en 1868, les forges se sont tout simplement reconverties dans la fabrication de couteaux de cuisine pour les chefs. Des villes comme Seki, Tosa ou Sakai sont ainsi devenus les hauts lieux de la fabrication de couteaux, avec leurs maîtres mondialement reconnus. Maître Mami pratique le maniement du sabre, l’iaido, depuis une dizaine d’années. Comme maître forgeron, il fabrique également ses

propres pièces, se référant à des techniques plus que millénaires, avec leurs trois étapes incontournables : la forge, la trempe et le polissage. Comme dans la tradition japonaise, il opte pour la méthode de l’acier pliée qui consiste à souder plusieurs couches d’acier. « Si le Japon utilise un acier spécial appelé tamahagane qui n’existe qu’à Honshu, nous, nous utilisons des aciers industriels et doux. Il existe beaucoup de techniques de forge, mais les maîtres forgerons gardent jalousement leurs secrets », précise Maître Mami. La trempe consiste à donner un tranchant très résistant et souple à la lame pour éviter qu’elle ne se casse. Avec le polissage, le but est de donner une valeur artistique à l’arme. « Il est important de savoir qu’il ne faut jamais toucher la lame d’un sabre japonais avec les doigts. La lame est considérée comme l’âme du samouraï et les empreintes de doigts favorisent l’oxydation », souligne Maître Mami. Si la coutellerie japonaise s’est imposée dans les cuisines du monde entier, c’est en grande partie aux sushis qu’elle le doit. En effet, tout maître sushi, ou sushiya, se doit d’avoir sa panoplie de couteaux, car il considère que la façon de découper, émincer ou trancher le poisson détermine le goût du mets préparé. De là sont nés les couteaux de cuisine les plus performants du monde qui font aujourd’hui les délices des plus grands toqués, y compris à Madagascar.

À couteaux tirés

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A mbalavao Tissu de légende, la soie est une tradition multiséculaire des montagnes betsileo. À Ambalavao, Soalandy, l’entreprise de la « belle soie », cultive avec soin ce savoir-faire ancestral, aujourd’hui menacé.

toffe de prestige pour les femmes aisées ou marque de respect pour É les morts, le lambalandy (tissu de soie) est plus qu’un vêtement de luxe pour les Betsileo. Pourtant, la tradition séricicole somnole depuis

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plusieurs années, concurrencée par les importations, plus brillantes, plus exotiques… Petit à petit le savoir-faire se perd, les grands-mères ne transmettent plus l’art du filage, du tissage ou de la teinture, et les mûriers cèdent la place aux plants de tomates ou de manioc. Pourtant, à l’entrée d’Ambalavao, un atelier de confection se bat pour maintenir ce trésor culturel. « Pendant des générations, on a fabriqué des tissus de soie dans ma famille. Comme tout le monde autrefois dans la région », explique Arline, responsable de l’atelier Soalandy Pour que la tradition survive, elle décide de monter avec son mari sa propre entreprise, investissant dans toute la filière, de la culture du cocon à la vente des tissus. Bon an mal an, la récolte est de l’ordre de 300 kg de cocons. « J’achète aussi certains cocons sauvages à des paysans locaux, mais les fils sont fragiles, difficiles à travailler ». La maison familiale vit au rythme des récoltes et des ventes. Autour de la cour intérieure où sèchent des montagnes de cocons, on nettoie, on dévide, on file et on mouline délicatement le précieux fil. À même le sol,

La route de la soie


DÉCO

des jeunes filles tissent avec adresse des madras à l’aide de machines traditionnelles. La production de l’atelier est exposée à l’entrée, dans un petit magasin aux murs recouverts d’écharpes de toutes les tailles. « Nous savons confectionner les tissus, mais il nous manque un vrai styliste pour dessiner des vêtements », soupire Arline. Et ainsi sublimer la douceur et la souplesse de ces tissus aux couleurs chatoyantes. « Nous travaillons aussi la teinture, surtout à partir de matières premières naturelles : des plantes bien sûr, mais aussi des écorces ou de la terre qui donne des couleurs chocolat ou prune. » Les textures sont variées, plus ou moins unies : « La plupart de nos tissus sont en bourrette de soie, formés avec des fibres courtes, du fait de la nature des vers à soie d’ici, les landibe, une espèce endémique », explique Arline. Non contente de faire travailler 25 personnes, sa petite entreprise a aussi une vocation pédagogique : « Nous voulons sensibiliser les clients aux problématiques locales. On cherche vraiment à inscrire notre activité dans un développement responsable ». Pour emporter ses achats, chaque client reçoit ainsi un petit panier fabriqué par des femmes en difficulté à partir de plantes endémiques. La production de la soie betsileo pourrait être le thème d’un écomusée. Avec de la patience et de la volonté, Arline et son équipe espèrent faire de ce patrimoine artisanal un vecteur du développement régional. Bénédicte BerthonDumurgier Contact sur www.nocomment.mg


CAHIERS DE NUIT

night Kings of the n au Carlto

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Carnaval de Rio Ă Madagasca r avec Skol

Ange de la nuit by

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Le Six

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Vahiny Montparnasse


Le Carnivore



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x Le Phoeni

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Le Ro ssini


Kudeta


Shakira Mahajanga


La le so Bous


Tana Arts Café


La Medina



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CafĂŠ de la Gare

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Le B'

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Le Glacier


L-Sen

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G aby 150

Un petit résumé de votre parcours ? (Rires) Mille métiers, mille misères, ça c’est pour faire court. J’ai exercé beaucoup de métiers un peu partout dans le monde : déménageur à New York, chef de rang dans un restaurant parisien, cueilleur de pistaches en Sicile, enseignant en Ecosse, céramiste et sculpteur à Bordeaux. C’est là d’ailleurs que j’ai eu mon coup de foudre pour le vin, car je suis avant tout œnologue. – l’esprit des grands crus. C’était dans les années 70, avant pas mal de voyages. En revenant à Madagascar en 1979, j’ai été parachuté, grâce à mon beaupère, dans une société de Tamatave, la Sodiac. J’y ai appris la mise en bouteille de produits très connus à l’époque, et encore maintenant, comme le rhum Négrita et les premiers whiskies locaux comme le Scott. Votre histoire avec Royal Spirits ? J’ai quitté le travail que je faisais à Tamatave pour me retrouver à La Réunion et à Maurice,

deux îles où j’ai pas mal fait l’aller-retour en bateau. De retour à Tana, je rencontre un ami, Lucien Foying qui était mon client lorsque je faisais de la mise en bouteille à Tamatave. Il est le père fondateur de Royal Spirits et de Dzama. Comme il a su que je ne faisais pas grandchose, il ma proposé de l’aider dans le lancement du premier whisky malgache : le Royal Label. J’ai donc fait le tour des villes de Madagascar avec deux cartons soit 12 bouteilles – ce qui suffisait largement pour les démonstrations. Je faisais également la tournée des boîtes de nuit où je distribuais les produits et chantais la gloire des Vodka Markovitch, Tequila Don Pedro, Wilson, Mac Neil, Brighton aux soirées d’animations. Je suis resté deux ans à Royal Spirits. Aujourd’hui ? Après une petite pause de deux mois, je reviens à Royal Spirits où je reprends mon activité de commercial. Je renoue des contacts avec mes anciens clients et j’essaie de rattraper le recul que l’on a pris par rapport à la concurrence. Objectif, garder sa place sur ce marché devenu très concurrentiel. En deux mots, come partout ailleurs, se battre. Recueillis par Aina Zo Raberanto

L’esprit des grands crus

BY NIGHT

Initié à Bordeaux, dans le Saint du Saint, Gaby se définit d’abord comme un passionné de vin. Comme le rhum et le whisky n’ont plus guère de secrets pour lui, il reste également l’ambassadeur très avisé de Royal Spirits. Une figure incontournable du monde de la nuit.



RÉPONSES AUX JEUX DU NO COMMENT N°26 MOTS CROISÉS — LES FRUITS 1

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SOLUTION DE L’ÉNIGME N°26 Si x est le poids du contenu x + 3x = 10 => 4x = 10 d’où x = 2,5 kg Le contenu pèse donc 2,5 kg

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ÉNIGME N° 27 Quel mot de la langue française contient une seule consonne et cinq voyelles différentes ?

— LA CHANSON FRANÇAISE —

JEUX

HORIZONTALEMENT I. Compositeur interprète marié à France Gall, il est au “paradis blanc” depuis 1992 - Il a chanté : “Femmes, je vous aime” II. Estimai - Caprice d’enfant III. Lot en désordre - Mouvements de foule IV. “Les Champs Elysées” fut un de ses succès - Métal précieux V. Possessif - Un de ses succès : “C’est ma terre” Troublée VI. Joyeux participe - Lombric VII. Prénom féminin - L’Egyptienne de “Il venait d’avoir 18 ans” VIII. Couleur d’un certain désir - Petit poème - Non réglée (à l’envers) IX. Années - Changea de voix - Symbole du brome X. Saison - Joli mois dans une chanson XI. Lauréat de la nouvelle star en 2007 - Un canadien “seul sur la plage”. VERTICALEMENT 1. Célèbre belge prénommé Jacques - Le chanteur loubard de “Mistral gagnant” et de “Manhattan/Kaboul” 2. Poète et écrivain français, il fut l’interprète de “Au pays des merveilles de Juliet” et de “J’ai rêvé de New-York” 3. Lettre grecque - Parier 4. Groupe toulousain des années 80 qui chanta “Ville de lumière” - Département français - Pronom personnel 5. Débute - Pronom 6. Métal précieux (à l’envers) - “Ne m’appelez plus jamais France” fut un de ses succès 7. Fleur à épines- Chanteur belge prénommé Salvatore 8. Auteur, compositeur, il a chanté : “C’est quand le bonheur” - Madagascar en est une - D’un auxiliaire 9. Prénom d’une chanteuse française devenue imitatrice Pour une seconde fois 10. Prénommé Jean-Pierre, son grand succès fut “Au Macumba” 11. Sur une borne - Pour un choix - Contracté 12. “Je l’aime à mourir” et “Petite Marie” furent deux de ses grands succès - Chanteur néerlandais qui chanta “Vanina” et “Du côté de chez Swann”.

LA MINUTE NATURALISTE

par Earth & Wildlife Experiences

Des hippos à Madagascar… Disparu de la grande île entre le Xe et le XVe siècle suivant les estimations, des hippopotames nains ont peuplés les forêts des hauts plateaux de Madagascar. Certainement exterminés par l’homme, comme l’oiseau-éléphant (Aepyornis) à la même période, leurs plus proches cousins actuels vivent en Afrique de l’Ouest, notamment au Libéria.


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Dernière lettre

annoncé pour quatre heures du matin. Ce n’était Iellelsnil’avaient le premier, ni certainement le dernier. Mais malgré tout, ne s’y habituait pas. Le ciel s’était couvert dès l’après-

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midi de noirs nuages, avec quelques éclaircies au milieu, comme des trous dans une vieille couverture militaire. Le vent avait commencé dans la nuit, ce grondement pareil à la mer, par vagues, qui tapait contre les murs, violemment, comme des coups de boutoirs, et faisait trembler les tôles du toit. Incapable de dormir, elle était demeurée les yeux ouverts dans le noir, écoutant la respiration de la dernière de ses filles qui partageait toujours son lit. Attendre. Il n’y avait rien d’autre à faire, espérer que, cette fois-ci encore, cela passerait à côté. Elle n’avait jamais aimé le vent. Peut-être Mixon avait-il raison : elle n’était pas une vraie femme de marin. Lui vivait du vent. Le vent matinal de terre l’emmenait loin en mer pour poser ses filets, là où il n’apercevait même plus la côte, là où, avec Jilo, il attendait que le vent vire de bord, avec ses trois noix de coco fraîches pour la soif et un morceau de manioc sec pour la faim. Il s’allongeait dans le fond de la pirogue, sous la voile inutile, et dormait, Jilo en figure de proue, le regard fixé sur la mer. Et puis une brise, plus légère qu’une caresse de plume, venait le chercher dans des rêves

Par Laurence Ink

qu’il n’avait jamais racontés à personne. Il se redressait, jetait un regard à Jilo qui déjà préparait la voile et, ayant contrôlé une dernière fois leurs filets, ils repartaient vers le village. Ils étaient presque toujours les derniers rentrés, même lorsque la mer était méchante, grise et écumeuse. Les autres pêcheurs hochaient la tête, moitié admiration moitié reproche : Mixon, disaient-ils, il n’aura pas de tombeau. Mixon et Jilo. Au village, les gens les disaient mari et femme. Pour se moquer. Mais c’était pure méchanceté. Elle se rappelait très bien quand Mixon avait recueilli Jilo, alors qu’il n’était qu’un tout jeune garçon. Six ou sept ans peut-être. Il était arrivé à Mahabo un jour de marché, avec sa mère, une femme de loin que personne ne connaissait vraiment. Le lendemain, elle avait disparu, laissant son fils assis là où les pêcheurs tirent leur pirogue au sec. Il ne savait rien dire, que des paroles inarticulées où revenaient les sons qui étaient devenus son nom : Dzi-lou… Elle avait toujours pensé que Mixon l’avait pris avec lui pour la punir, elle qui ne lui avait jamais donné de fils. À l’époque, ils venaient tout juste de se séparer. Pourquoi repenser à tout cela aujourd’hui, alors que le sable soulevé par le vent cinglait les murs de planches et que le jour peinait à se lever dans cet enroulement de tempête ?


Un touriste avait expliqué un jour que des oiseaux marins, comme des sternes, pouvaient demeurer prisonniers d’un cyclone, enfermés au centre, dans le calme de l’œil, et se trouver ainsi emportés très loin, jusque-là où le vent, maître indomptable, choisissait de mourir. Mixon avait adoré cela, rêvant, lui aussi, de se laisser porter, avec sa pirogue, par la folie du vent. Dix ans. Cela faisait dix ans que leurs routes s’étaient séparées. Lui comme elle ne s’étaient jamais remariés. Il y avait eu d’autres femmes dans sa maison, mais elles non plus n’étaient pas restées. De son côté, elle n’avait guère eu le temps de s’intéresser à d’autres hommes, trop concentrée sur son travail à l’hôtel, occupée à gagner ce qui devait permettre à ses filles d’avoir une vie plus facile que la sienne. Non que les prétendants aient manqué. Mais elle n’avait plus confiance. L’alcool, cela vous détruit le meilleur des hommes. Et Mixon avait été celui-là. Plus beau, plus fort que les autres, avec un sens aigu de la mer qui faisait que les hôteliers vazaha de la côte se l’arrachaient comme skipper. Ils auraient dû être heureux tous les deux. Et avec leurs trois filles. La tempête paraissait vouloir se calmer, cesser de mugir dans sa grande colère. Le toit avait tenu. Ils étaient tous là, sains et saufs, même sa fille aînée venue trouver refuge chez elle, avec son mari et leur petit garçon, abandonnant à son sort sa maison de ravinala, si vulnérable au vent. Il lui avait laissé la maison qu’elle avait peu à peu transformée, pour retourner vivre tout près de la mer. Dans une simple case, avec un plancher de rapaka. Elle n’y était allée qu’une dizaine de fois, pour le prévenir d’un deuil, ou si depuis trop longtemps elle ne l’avait pas vu au village. Le plus souvent, il envoyait Jilo. C’était Jilo qui allait vendre leurs poissons aux hôteliers, Jilo qui achetait les cigarettes, le sucre, l’huile… Et l’alcool. Il ne

FICTION parlait toujours pas, mais il n’était pas totalement idiot. Simplement, dans sa tête, il était resté à l’âge où Mixon l’avait recueilli. Les filles allaient rarement voir leur père, sauf la dernière, quelquefois, pour lui déposer un repas de viande ou un vêtement acheté au marché. Mais elle ne s’attardait pas. Mixon pouvait être terrible quand il avait bu. Le jour était maintenant tout à fait levé. Et même la pluie paraissait s’être arrêtée. Il y avait tout à coup un grand silence. Julia se leva brusquement et, saisissant un lamba, s’en ceignit la taille et sortit. Pour se rendre chez Mixon, il fallait traverser un petit bois. Le sentier était jonché de branches cassées, de nids vides, de feuilles déchiquetées. Elle avançait tête baissée, avec l’eau qui dégouttait des branches et lui ruisselait le long du dos, entre les seins. Par endroits, le chemin disparaissait sous les troncs d’arbres et les arbustes que le cyclone avait couchés. Il y avait si longtemps qu’elle n’était pas venue par ici. Elle essayait de ne pas penser. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’elle s’était inquiétée ? Qu’elle avait eu peur pour lui ? Tout cela n’avait aucun sens. Déjà, elle appréhendait son rire. Son rire grinçant d’ivrogne, si proche des larmes et en même temps mauvais comme un fouet. Il avait tellement changé. Il n’y avait que son corps qui, à pratiquer la mer tous les jours, était demeuré fort. Plus maigre simplement. La peau, et juste en dessous, les muscles qui jouaient et roulaient encore, comme ceux d’un bel animal. Mais le visage était déjà celui d’un vieil homme. Les joues rentrées sur l’absence de dents, les yeux troubles. Au début, elle s’était beaucoup demandé ce qui serait arrivé si elle était restée. Si elle lui avait donné un fils… Mais l’alcool est une épouse plus jalouse, plus exigeante 155



qu’aucune femme ne pourra jamais l’être. Elle avait perdu la partie, peut-être avant même de l’engager, avant même que leurs corps ne se trouvent. Avant qu’il ne devienne cet homme sans lequel elle avait cru ne pas pouvoir vivre. Elle entendit la mer bien avant de l’apercevoir. C’était une grande marée. Les vagues tapaient lorsqu’elles s’enroulaient et retombaient, puis grondaient, en lançant leur écume vers le haut de la butte. La maison de Mixon était sur la droite lorsqu’on débouchait du sentier. Elle précipita son pas. Il était impossible qu’elle ait tenu face au cyclone. Depuis longtemps, il aurait dû la refaire. Même son frère le lui avait dit. Son frère qui aurait bien aimé, aussi, prendre la place de Mixon dans son cœur à elle. Lorsqu’elle déboucha sur la mer, la première chose qu’elle vit, ce fut la frange de branches et de souches que les vagues avaient déposée, haut sur la plage. Cela formait comme une frontière sombre, avec d’un côté la mer, hostile, de l’autre la terre que les hommes lui disputaient en vain. Et puis elle vit, ou plutôt elle comprit que la pirogue n’était plus là. La case avait tenu. Elle s’était affaissée sur le côté, mais elle n’était pas détruite. Une partie du toit s’était envolée. Tout était ouvert : porte et fenêtres. Le vent, en vainqueur, avait tout traversé, mais n’avait guère emporté. Le cœur lui battait dans la gorge, ses jambes tremblaient, après tout cet effort pour arriver jusqu’ici. Elle appela : – Ohé, Mixon ! Jilo ! Mais déjà, elle savait. La case était vide. Le vent, la pluie, avaient tout renversé, mouillé, cassé. Le plancher était recouvert de sable, les marmites étaient tombées, les matelas, jetés à même le sol, étaient trempés. Par-dessus, comme fait exprès, il y avait un vieux cahier ouvert, aux pages délavées par la pluie. Elle le prit. La plupart des mots étaient illisibles, et bien des pages étaient demeurées blanches. Sauf deux lignes, qu’elle eut du mal à déchiffrer… La date, sans doute, et en dessous, deux mots : – Julia Malala… Julia, mon amour… Dehors, le vent recommençait, son long cri de rage et de douleur. Toutes ces années, il n’avait jamais cessé de l’appeler.


ANNUAIRE

ANTANANARIVO HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ • ANJARA A AERO PIZZA : 020 22 482 91 • AINA HOTEL : 020 22 630 51 • AKOA : 020 22 437 11 HOTEL : 020 22 053 79 • ANJARY HOTEL : 020 22 279 58 • ARIRANG : 020 24 271 33 • (L’)ART BLANC : 020 22 422 20 • ATLANTIS : 020 24 642 71 • AUBERGE DU CHEVAL BLANC : 020 22 446 46 • AU BOIS VERT : 020 22 447 25 • AU JARDIN D’ANTANIMENA : 020 22 663 91 • AU TRIPORTEUR : 020 22 414 49 • AU N’IMPORTE QUOI : 034 01 341 21 • (L’)AVENUE (HOTEL TANA PLAZZA) : 020 22 218 65 B (Le) B’ : 020 22 316 86 • (Le) BASMATI : 020 22 452 97 • (La) BASTIDE BLANCHE : 020 22 421 11 • BESOA I : 020 22 210 63 • BESOA II : 020 22 248 07 • BOOLY FRONTIERE : 020 22 205 17 • (La) BOUSSOLE : 020 22 358 10 • (Le) BRAJAS HOTEL : 020 22 263 35 • (La) BRASSERIE (HOTEL DE FRANCE) : 020 22 213 04 • (Le) BUFFET DU JARDIN : 020 22 632 02 • (Le) BUREAU : 033 41 590 60 C CAFE CHARLY RESTAURANT (CARLTON) : 020 22 517 31 • CAFE DE LA GARE : 020 22 611 12 • CALIFORNIA : 032 50 269 68 • (LE) CARLTON HOTEL : 020 22 260 60 • (Le) CELLIER Un grand merci à nos partenaires et diffuseurs :) (HOTEL COLBERT) : 020 22 202 02 • CH’LUIGGY : 033 02 012 40 • CHALET DES ROSES : 020 22 642 33 • (La) CHAUMIERE : 020 22 442 30 • CHILLOUT CAFE : 034 19 100 78 • CHEZ ARNAUD : 020 22 221 78 • CHEZ FRANCIS : 020 22 613 35 • CHEZ JEANNE : 020 22 454 49 • CHEZ LORENZO : 020 22 427 76 • CHEZ MAXIME : 020 22 431 51 • CHEZ SUCETT’S : 020 22 261 00 • CITY PIZZA : 020 24 165 85 • COFFEE BAR : 020 22 279 09 • COFFEE TIMES : 020 24 106 70 • (LE) COLBERT HOTEL : 020 22 202 02 • (Le) COMBAVA : 020 23 584 94 • COOKIE SHOP : 032 07 142 99 D DIVINA : 034 43 241 22 E ELABOLA AEROPORT IVATO : 033 37 251 09 • EPICURE : 034 07 185 49 F FIRST FASHION CAFE : 032 84 628 99 • (Les) FLOTS BLEUS : 020 24 614 17 • (La) FOUGERE (HOTEL COLBERT) : 020 22 202 02 G GASTRO PIZZA : 033 14 025 54 • (Le) GLACIER HOTEL : 020 22 340 99 • (LE) GRAND MELLIS HOTEL : 020 22 234 25 • (Le) GRAND ORIENT : 020 22 202 88 • (Le) GRILL DU ROVA : 020 22 627 24 • (Le) GRILL DU SAINT LAURENT : 020 22 354 77 • GUEST HOUSE MANGA : 020 24 606 78 H (Les) HAUTES TERRES : 020 22 255 53 • HAVANNA CAFE : 034 14 954 69 • HEDIARD : 020 22 283 70 • HOTEL BRETON : 020 24 194 77 • HOTEL DE FRANCE : 020 Ces établissements acceptent Orange Money

Ces établissements acceptent


22 213 04 • HOTEL DE L’AVENUE : 020 22 228 18 I IBIS HOTEL :020 23 555 55 • (L’)ILE ROUGE : 032 45 507 34 • INFINITHE : 032 03 888 88 • IN SQUARE : 034 07 066 40 • ISLAND CONTINENT HOTEL : 020 22 489 63 • IVATO HOTEL : 020 22 445 10 • IVOTEL : 020 22 227 16 J JAO’S PUB : 034 41 213 33 • (Le) JARD’IN : 032 40 098 64 • (Le) JARDIN DU RAPHIA : 020 22 253 13 • (Le) JEAN LABORDE : 020 22 330 45 K KUDETA LOUNGE BAR : 020 22 611 40 • KUDETA URBAN CLUB : 020 22 677 85 L LAKE CITY GUEST HOUSE : 020 22 453 48 • LANTANA RESORT : 020 22 225 54 • LAPASOA : 020 22 611 40 • LA TABLE D’EPICURE : 020 22 359 83 • LA TABLE DE NIKA : 032 21 933 19 • LAVAZZA : 032 05 045 72 • (Le) LAC HOTEL : 020 22 447 67 • LE CARNIVORE (Restaurant) : 032 05 125 04 • LE CLUB : 020 22 691 00 • LE KASS’DALL : 034 15 110 47 • LE PHARE : 020 26 323 28 • LE PHOENIX : 034 45 960 50 • LES HERONS : 033 06 194 65 • LGM : 032 95 408 04 • (LE) LOGIS HOTEL : 020 26 244 43 • L’ORION : 034 84 129 29 • (Le) LOUVRE HOTEL : 020 22 390 00 • L-SENS : 032 07 609 18 M MAD’DELICES : 020 22 266 41 • MADA HOTEL : 033 23 717 07 • (Le) MANSON : 032 05 050 32 • (La) MEDINA : 034 04 134 33 • MENHIR : 020 22 243 54 • MERCURY HOTEL : 020 22 300 29 • MOJO BAR : 020 22 254 59 • MONTPARNASSE BAR RESTAURANT : 020 22 217 16 • (La) MURAILLE DE CHINE : 020 22 230 13 N NERONE : 020 22 231 18 • NIAOULY : 020 22 627 65 • NOSY SABA (Hotel) : 020 22 434 00 O O ! POIVRE VERT : 020 22 213 04 • (L’)OASIS (HOTEL CARLTON) : 020 22 260 60 • ORCHID HOTEL : 020 22 442 03/05 • OUTCOOL : 033 12 12 624 • OZONE : 020 24 749 73 P (Le) PALANQUIN : 020 22 485 84 • (Le) PALLADIOS : 020 22 539 49 • (LE) PALLISSANDRE HOTEL : 020 22 605 60 • PALM HOTEL : 020 22 253 73 • PANORAMA HOTEL : 020 22 412 44 • (Le) PAVILLON de L’EMYRNE : 020 22 259 45 • (Le) PETIT VERDOT : 020 22 392 34 • PILI PILI DOCK : 020 26 299 42 • PIMENT CAFE : 020 24 509 38 • PLANETE : 020 22 353 82


• POURQUOI PAS (RESTO) : 032 02 548 04 • (Les) POUSSES POUSSES DU RAPHIA : 020 24 782 79 • PRESTO PIZZA (Antsahabe, Tana Water Front, Analamahitsy) : 034 19 610 49 R RADAMA HOTEL : 020 22 319 27 • RAPHIA HOTEL AMBATONAKANGA : 020 22 253 13 • RAPHIA HOTEL ISORAKA : 020 22 339 31 • RATATOUILLE ARTISAN BOULANGER : 034 41 731 32 • (Le) REFUGE : 020 22 448 52 • (Le) RELAIS DE LA HAUTE VILLE : 020 22 604 58 • (Le) RELAIS DES PLATEAUX : 020 22 441 22 • (Le) RELAIS DU ROVA : 020 22 017 17 • (La) RESIDENCE : 020 22 417 36 • RESIDENCE DU ROVA : 020 22 341 46 • RESIDENCE LA PINEDE : 032 07 235 58 • RESIDENCE RAPHIA : 020 22 452 97 • (La) RIBAUDIERE : 020 24 215 25 • RIVIERA GARDEN : 020 24 792 70 • (Le) ROSSINI : 020 22 342 44 • ROVA Hotel : 020 22 292 77 S (LE) SAINT ANTOINE HOTEL : 033 21 597 19 • (LE) SAINT GERMAIN HOTEL : 033 25 882 61 • (Le) SAINT LAURENT : 020 22 354 77 • SAKAMANGA HOTEL : 020 22 358 09 • (Le) SALOON : 033 19 139 10 • SAVANNA CAFE : 032 07 557 45 • SHALIMAR ANTSAHAVOLA : 020 22 260 70 • SHALIMAR HOTEL : 020 22 606 00 • (Le) SHANDONG : 020 22 319 81 • (Le) SIX : 033 15 666 66 • SPUMA GLACE : 034 07 179 63 • SUCETT’S : 020 22 261 00 • SUNNY GARDEN : 020 22 323 85 • SUNNY HOTEL AMPARIBE : 020 22 263 04 • SUNNY HOTEL ANKORONDRANO : 020 22 368 29 T (La) TABLE DES HAUTES TERRES : 020 22 605 60 • TAJ HOTEL : 020 22 624 10 • TAMBOHO : 020 22 693 00 • TANA ARTS CAFE : 034 15 610 56 • TANA HOTEL : 020 22 313 20 • TANA PLAZZA HOTEL : 020 22 218 65 • (La) TAVERNE (HOTEL COLBERT) : 020 22 202 02 • TERRASSE EXOTIQUE : 020 22 244 09 • (La) TERRASSE DE TYDOUCE : 020 24 522 51 • (La) TERRASSE DU GLACIER : 020 22 202 60 • TIMGAD : 020 22 327 42 • (Le) TRAM : 020 26 388 28 • TRANOVOLA : 020 22 334 71 U URBAN CAFE : 033 11 258 66 V VAHINY HOTEL : 020 22 217 16 • VANGA GUEST HOUSE : 020 22 442 33 • (Le) VANILLA (ORCHID HOTEL) : 020 22 442 03/05 • (La) VARANGUE : 020 22 273 97 • (La) VILLA : 020 26 254 73 • VILLA IARIVO : 020 22 568 18 • VILLA ISORAKA : 020 24 220 52 • VILLA VANILLE : 020 22 205 15 Z ZEBU ORIGINAL BISTROT : 033 72 973 80 • ZENITH HOTEL : 020 22 290 05

BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO A ADAN : 034 26 381 83 • ALL SPORT TANA WATER FRONT : 020 22 644 09 • AMBIANCE ET STYLE : 034 05 101 72 • AMPALIS : 034 19 227 85 • ARABESQUE : 032 02 303 42 • ARTS ET MATIERES : 020 24 522 51 • AT HOME : 020 22 446 38 • AUDACE LINGERIE : 032 70 710 44 • ANTIQUAIRES DE TANA (Tana Water Front et Behoririka) : 032 07 174 50 B BIJOUTERIE


MANOU ANALAKELY : 020 22 612 25 • BIJOUTERIE MANOU ANTANINARENINA : 020 22 256 64 • BIJOUX OREA : 020 22 678 15 • BIJOUTERIE PALA : 020 22 225 01 • BLACKWEAR : 032 04 558 89 • La BOUTIQUE DE V : 032 07 001 32 • BYZANCE : 032 05 233 30 C CARAMBOLE : 020 22 207 40 • CLEA BOUTIQUE : 032 07 604 48 • CLEMENTY : 020 22 364 90 • COUP DE CŒUR : 032 89 461 45 • COURTS ANKORONDRANO : 020 22 550 25 • COURTS TANJOMBATO : 020 22 576 76 • COURTS 67 HA : 020 22 336 64 • CS EVENTS : 020 22 413 82 D DECI-DELA ANKORONDRANO : 032 05 00 274 • DECIDELA IVATO : 032 11 00 277• DECI-DELA ROUTE CIRCULAIRE : 032 05 00 272 • DECI DELA TANA WATER FRONT : 032 11 00 278 • DECO France : 020 22 293 72 • DREAM STONES TRADING : 034 07 185 83 • DRESS CODE : 034 20 555 99 • DUTY FREE : 034 07 189 30 • DUW 1203 - Dago Urban Wear : 034 03 015 06 E ELLE’M : 034 26 381 83 • (L’)EMPIRE DU MARIAGE : 033 02 688 88 • ESPACE BIJOUX : 020 22 311 85 • ETHNIK Shop : 020 22 611 40 F FANCY BOUTIQUE : 020 22 308 89 • FEMININE : 034 60 647 38 • FINAL TOUCH : 033 02 402 82 • FOSA SHOP TANA WATERFRONT : 020 26 377 85 • FOSA SHOP ISORAKA : 020 26 243 91 • FRAGILE (Ankorondrano et Smart Tanjombato) : 034 02 110 72 • FUN MOBILE : 032 05 079 79 • FUSION RAY : 020 22 636 28 G G.I. (Gentleman Individuel) : 034 02 783 60 H HAZOMANGA : 032 02 527 43 I IS’ART GALERIE : 020 22 394 81 • IVAHONA (Boutique) : 032 69 554 78 J JAVA : 032 59 987 82 • JINA CHAUSSURES : 020 22 380 24 K KAMIRA : 032 02 787 94 • KAPRICE TANA WATER FRONT : 034 08 031 75 • KIDORO (Literie) : 020 23 628 84 • KIF DAGO : 033 78 151 99 • KLUNG MALAGASY Mode Junior : 034 03 015 06 • KIOSK à BIJOUX : 033 15 830 43 • KOKOLOKO ISORAKA : 033 08 443 19 • KRYS OPTIQUE GARE SOARANO : 020 22 211 02 • KRYS OPTIQUE SCORE DIGUE : 020 24 229 97 • KRYS OPTIQUE ZOOM ANKORONDRANO : 020 22 318 38 L LA ROMANCE : 034 02 025 81 • LOLITA BOUTIQUE : 020 24 375


53 • LUMIN’ART : 020 22 434 34 M MADESIGN : 020 22 245 50 • MAFIOZZO : 034 02 645 93 • MAKATY (Magasin Mac) : 034 04 102 87 • MAKI COMPANY : 020 22 207 44 • MAXI TUNING : 032 11 00 345 • MISS SIXTY : 033 11 479 82 • MOISELLE : 034 11 187 60 • MY SPACE : 020 26 381 83 N NEW BALANCE : 034 31 693 10 • NEW MAN : 032 11 00 278 • NEW STYLE : 034 18 247 32 • NIL MEUBLE : 020 22 451 15 O ON ABI : 020 22 558 59 P PAGE 2 : 034 16 751 84 • PAPARAZZI : 020 22 567 71 • PHILAE DECO : 020 22 427 21 • POINT MARIAGE : 020 24 537 66 • PRECIOUS : 034 01 170 39 Q QUINCAILLERIE 2000 : 020 22 333 82 R REGAL SHOES : 020 24 773 52 S SAMSUNG (Analakely) : 020 22 295 53 • SAROBIDY MADAGASC’ART : 033 11 642 64 • SAV TECHNO : 034 70 613 44 • SEPT PRIX MEUBLE : 020 22 664 79 • SERENITY PALACE : 033 05 374 20 • SHAMROCK : 020 22 549 82 • SOBEK : 020 24 166 41 • STOP MARKET : 034 36 818 00 T TATTI WATTI : 034 02 016 64 • (La) TEESHIRTERIE : 020 22 207 40 • TIME PALACE : 020 22 370 31 • TISHANAKA : 032 02 200 00 • TRACCE (Boutique) : 034 02 675 77 V VEL’DUTY FREE : 020 22 626 14 • VIVA DESIGN ANKORONDRANO : 020 22 364 88 W WHITE PALACE : 020 22 669 98 Y YOU SACS & CHAUSSURES : 034 02 016 64 Z ZAZAKELY : 034 04 245 82

SPORTS, LOISIRS A ACADEMIE DE DANSE : 020 24 740 93 C CANALSAT : 020 22 394 73 • (Le) CARLTON FITNESS CLUB : 020 22 260 60 poste 1503 F FITNESS CLUB : 034 05 360 51• FORM + : 020 26 394 98 I INGA : 032 02 260 42 • IVOKOLO Centre culturel d’Ivandry : 032 63 291 06 L LE CHAT’O : 034 23 033 33• LE C.O.T. : 032 05 085 40 O OXYGEN FITNESS & SPA : 034 14 240 22 P PARABOLE MADAGASCAR : 020 23 261 61 S SALLE DE SPORT (IMMEUBLE ARO AMPEFILOHA) : 020 26 296 27 • STUDIO 101 : 032 57 984 04

COMMUNICATIONS, AGENCES A AGENCE FAACTO : 020 23 297 64 • AGENCE

GRAND ANGLE : 020 22 549 95 • AGENCE NOVOCOM : 020 23 557 47 • AGENCE TAM TAM : 020 22 218 70 • AIRTEL MADAGASCAR : 033 11 001 00 • AK… TV : 020 22 385 41 M MACADAM : 020 22 640 68 O ORANGE MADAGASCAR : 032 34 567 89 R RLI Radio : 020 22 290 16 T TEKNET GROUP : 020 22 313 59

AGENCES DE VOYAGE, TOURISMES A AIR FRANCE : 020 23 230 23 • AIR MADAGASCAR : 020 22 222 22 • AIR MAURITIUS : 020 22 359 90 C CAP MADA VOYAGES : 020 22 610 48 D DILANN TOURS MADAGASCAR :


032 05 689 47 • DODO TRAVEL : 020 22 690 36 M MALAGASY Travel : 032 41 526 51 • MERCURE VOYAGE : 020 22 237 79 N NOOR VOYAGES : 034 05 020 90 O OFFICE NATIONAL DU TOURISME : 020 22 660 85 S STA Aviation : 032 73 369 81

SALONS DE BEAUTÉ, PARFUMERIES A APHRODITE : 020 22 540 48 • AQUA VILLA : 032 07 648 42

• ARIA BEAUTE : 020 22 642 69 • ASMARA MASSAGE : 033 24 324 10 • ATELIER DE HAUTE COIFFURE : 032 04 259 82 B BELLISSIMA (esthétique & coiffure) : 034 17 404 41 C COCOONING : 034 36 327 27 • COLOMBE MASSAGE : 020 24 763 11 • COYOTE GIRL : 033 14 657 20 E ESTETIKA : 020 22 201 27 F FELINE ANKADIVATO : 020 22 288 20 • FELINE BEAUTE ZOOM : 020 22 364 94 • FLEURS de BEAUTE (Salon de beauté) : 020 24 354 97 G GRAINS de BEAUTE : 020 22 445 26 I INTERLUDE : 033 18 529 31 M MAJOREL : 020 22 253 29 P PASSION BEAUTE : 020 22 252 39 • PROGDIS : 020 23 256 10 R RAINBOW BEAUTY : 020 22 310 95 • REGINA’S BEAUTY : 020 26 289 24 S SOFITRANS : 020 22 223 30 T TARA’S COIFFURE : 032 05 438 51

SANTÉ A ASSISTANCE PLUS : 020 22 487 47 C CTB : 032 78 488 42 P PHARMACIE DE LA DIGUE : 020 22 627 49 • PHARMACIE

HASIMBOLA : 020 22 259 50

ENTREPRISES, INSTITUTIONS A ASSIST Aviation : 034 07 185 98 • ASSIST DST : 020 22 426 88 • BRASSERIE STAR : B BHL MADAGASCAR : 020 22 208 07 020 22 277 11 D DIRICKX : 020 22 446 60 E EXOFRUIMAD : 020 22 457 96 H HESNAULT MADTRANS : 020 22 618 33


I ID MULTIMEDIA : 020 23 297 64 • IN CONCEPT : 020 24 388 56 • IFM (ex-CCAC) : 020 22 213 75 J JOCKER MARKETING : 020 22 685 48 M MICROCRED (Ambodivona) : 020 22 316 35 • MICROCRED (Tsaralalana) : 020 22 264 70 • MICROCRED (Ambohibao) : 020 22 446 56 • MICROMANIA : 020 22 558 60 S SARL REGENCY (Passeport Vip) : 034 64 937 00 • SOCIETE FANIRY SARL : 020 22 554 09 • SOREDIM : 020 22 239 27 U UNICEF : 020 22 674 97 • UNIVERSITE ACEEM : 020 26 098 61 V VIMA : 020 22 330 93

CONCESSIONAIRES C CONTINENTAL AUTO : 020 22 644 42 • CT MOTORS : 020 23 320 52 I INFINITY : 034 14 000 19 M MADAUTO : 020 23 254 54 • MATERAUTO : 020 22 233 39 • MOTOSTORE : 020 22 600 00 S SICAM : 020 22 229 61 • SODIREX : 020 22 274 29 T TRACES (Moto) : 020 23 350 35

PHOTOS D DMT PHOTO SCORE DIGUE : 032 02 046 32 • DMT PHOTO ANTANINARENINA : 020 22 622 19 • DMT PHOTO ANALAKELY : 020 22 611 00 • DMT PHOTO ANKORONDRANO : 032 62 796 36

IMMOBILIERS F FIRST IMMO : 020 22 368 68 G GUY HOQUET : 032 07 173 17 I IMMO Conseil : 020 22 622 22 R ROKA IMMO : 032 07 848 02

SERVICE RAPIDE M MALAKY : 032 45 383 32

PAYSAGISTE P PARADISE GARDENS/PHYTO-LOGIC : 034 11 333 45



MATÉRIELS INFORMATIQUES P PREMIUM INFORMATIQUE : 032 05 115 T TECHNOLOGIES ET SERVICES : 020 23 258 12

MAHAJANGA (MAJUNGA) 00

ANTSIRABE HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A AU RENDEZ-VOUS DES PECHEURS : 020 42 492 04 B BAR L’INSOLITE : 032 02 158 14 C CRISTAL HOTEL : 034 44 916 09 H HOTEL CHAMBRE DES VOYAGEURS :

020 44 979 38 • HOTEL DES THERMES : 020 44 487 61 • HOTEL HASINA : 020 44 485 56 • HOTEL IMPERIAL : 020 44 483 33 • HOTEL LE TRIANON : 020 44 051 40 • HOTEL RETRAIT : 020 44 050 29 • HOTEL VATOLAHY : 020 44 937 77 • HOTEL VOLAVITA : 020 44 488 64 L LA TARENTELLE : 032 65 446 66 • LE CAFE DE L’ALLIANCE : 034 43 222 26 • LE RELAIS DES SAVEURS : 020 44 491 00 R RESIDENCE CAMELIA : 020 44 488 44 • RESTAURANT POUSSE POUSSE : 032 07 191 97 • RESTAURANT RAZAFIMAMONJY : 020 44 483 53 • RESTAURANT ZANDINA : 020 44 480 66 S SARABANDA RISTORANTE : 032 51 822 95

SPORTS, LOISIRS G GOLF CLUB D’ANTSIRABE (Club House) : 020 44 943 87

ENTREPRISES, INSTITUTIONS M MICROCRED : 032 05 367 01

HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A (L’)ALAMBIC : 032 41 439 27 • AMBIANCE TROPIK ET GOURMANDE : 033 11 735 73 B BADAMIER : 020 62 240 65 • BLUES’ ROCK CAFE : 032 04 680 89 • BOLO PASTA ET GLACIER : 020 62 923 55 C CAPRICE : 020 62 244 48 • COCO LODGE : 020 62 230 23 E (L’)EXOTIC : 032 63 588 50 • EXPRESSO : 034 45 980 39 F FISHING HOTEL : 032 04 682 20 • FISHING RESTAURANT : 032 05 160 93 G GUEST : 032 76 193 79 H HOTEL ANTSANITIA : 034 22 854 81 • HOTEL RESTAURANT DE LA PLAGE : 020 62 226 94 K KARIBU LODGE : 033 11 497 51 • LA L LA CORNICHE RESTAURANT : 034 38 162 54 PASSERELLE : 032 40 053 70 • LA PETITE COUR : 020 62 021 94 • LATINO CAFE : 033 07 746 11 • LE GUEST : 032 64 058 23 • LES ROCHES ROUGES : 020 62 020 01 • LOOCK NESS : 032 71 391 58 M MARCO PIZZA : 032 11 110 32 P PAPY RALEUR : 032 07 939 15 • (LA) PISCINE HOTEL : 020 62 241 72 Q QUAI OUEST : 020 62 233 00 R RESTAURANT LA TAVERNE : 032 64 642 78 • RESTAURANT PETITE COUR : 020 62 021 94 S SAN ANTONIO : 032 05 244 03 • SHAKIRA : 033 71 365 39 • (LE) SUD : 032 40 656 26 • SUNNY HOTEL : 020 62 918 13 T TOBANY : 032 61 753 32 • TROPICANA : 020 62 220 69 V VIEUX BAOBAB : 020 62 220 35

BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO C CLEMENTY : 020 62 243 04


SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 02 417 47

ENTREPRISES, INSTITUTIONS A ALLIANCE FRANCAISE : 020 62 225 52

PHOTOS D DMT PHOTO : 020 62 245 39

TOAMASINA (TAMATAVE) HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A ADAM & EVE : 020 53 334 56 • ANJARA HOTEL : 020 53 303 61 • ANTIDOTE : 032 11 692 27 B (Le) BATEAU IVRE : 020 53 302 94 • BLUE MOON : 032 52 199 74 • (Le) BORAHA VILLAGE (SAINTE MARIE) : 020 57 912 18 C CHEZ RASOA : 032 85 177 20 • COM CHEZ SOIS : 020 53 345 80 D DARAFIFY : 034 60 468 82 H HOTEL CALYPSO : 034 07 131 32 I IBIZA : 034 08 292 03 J JAVA HOTEL : 020 53 316 26 L LA PIROGUE : 033 05 917 17 • LE DOMAINE DES BOUGAINVILLIERS (Mahambo) : 032 04 011 96 • LE PALAIS DES ISLES : 020 53 314 33 • LONGO HOTEL : 020 53 335 54 N (Le) NEPTUNE : 020 53 322 26 O (L’)OCEAN 501 : 032 64 147 43 P PANDORA : 032 46 087 36 • (Le) PILE ou FACE : 020 53 306 53 • PIMENT BANANE : 034 08 043 09 • PRINCESSE BORA (SAINTE MARIE) : 020 57 004 03 Q QUEEN’S : 032 61 486 20 R (La) RECREA : 032 04 610 71 S SNACK-COULEUR CAFE : 032 56 298 36 • SOUTH EAST : 032 50 261 86 • SUNNY HOTEL : 020 53 336 11 T (La) TERRASSE : 034 45 016 03 V (Le) VERSEAU : 032 05 612 62 X XL BAR : 034 07 043 09


BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO C CLEA BOUTIQUE : 032 07 604 46 C CLEMENTY : 020 53 309 90 N NULLE PART AILLEURS : 020 53 325 06 T TNT : 034 39 025 54

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 05 276 02

SALONS DE BEAUTÉ, PARFUMERIES E ESPACE BEAUTE : 033 05 252 33 L LA PARFUMERIE : 032 05 252 33 S SWEETIE’S BEAUTY : 032 04 900 42

LIBRAIRIES L LIBRAIRIE FAKRA : 020 53 321 30

TOLIARY (TULEAR) HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A ANAKAO OCEAN LODGE & SPA : 020 22 328 60 B (Le) B52 : 034 05 540 48 • BAMBOO CLUB : 020

94 902 13 • BELLE VUE HOTEL (AMBOLIMALAIKA) : 032 04 647 22 • (LE) BO BEACH RESTO PETER : 032 04 009

Disco Club - Cabaret - Toliara

13 • (LE) BŒUF : 032 57 251 99 C CALIENTE BEACH : 020 94 924 18 • CHEZ ALAIN : 020 94 415 27 • (Le) CORTO MALTESE : 032 02 643 23 D DUNES IFATY : 020 94 914 80 E (L’)ESCAPADE : 020 94 411 82 • (L’) ETOILE DE MER : 020 94 428 07 H HOTEL DE LA PLAGE (AMBOLIMALAIKA) : 032 04 362 76 • HOTEL LA MANGROVE (ANKILIBE) : 020 94 936 26 • HOTEL LES PALETUVIERS : 020 94 440 39 • HOTEL MASSILIA : 032 57 604 78 • HOTEL RESTAURANT LE PRESTIGE : 032 02 062 61 • HOTEL RESTO LA MIRA (MADIO RANO) : 032 02 621 44 • HOTEL SAFARI VEZO (ANAKAO) : 020 94 919 30 • HYPPOCAMPO HOTEL : 020 94 410 21 I IFATY BEACH : 020 94 914 27 • ISALO ROCK LODGE : 020 22 328 60 J JARDIN DU ROY/RELAIS DE LA REINE : 020 22 351 65 • (LE) JARDIN : 020 94 428 18 K KINTANA GUEST HOUSE : 020 94 930 80 L LALANDAKA HOTEL : 020 94 914 35 • LA ROSE D’OR : 032 54 355 29 • LA MAISON : 032 07 727 47 • LE JARDIN DE BERAVY : 032 40 397 19 M MAGILY HOTEL : 032 02 554 28 N (LE) NAUTILUS : 020 94 418 74 P (LE) PARADISIER HOTEL : 032 07 660 09 • PLAZZA HOTEL : 020 94 903 02 R (LE) RECIF : 020 94 446 88 • RELAIS


D’AMBOLA : 032 45 326 21 • (LA) RESIDENCE ANKILY : 020 94 445 50 S SAÏFEE HOTEL : 032 05 552 03 • SALARY BAY : 020 75 514 86 • LE SAX’APHONE RESTO : 032 75 340 41 • SERENA HOTEL : 020 94 441 73 • (LE) SOLEIL COUCHANT : 032 47 360 15 T TAM TAM CAFE : 032 02 524 48 • (LA) TERRASSE CHEZ JEFF : 032 02 650 60 V VICTORY HOTEL :020 94 440 64 • (LE) VOVOTELO HOTEL : 034 29 377 36

BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO C CLEMENTY : 020 94 411 91 T TOP GSM : 034 23 118 29

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 07 220 46

AGENCES DE VOYAGE, TOURISMES M MAD SUD VOYAGE : 020 94 423 20

ANTSIRANANA (DIEGO SUAREZ) HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A ALLAMANDA HOTEL : 020 82 210 33 C CHEZ BADROUDINE : 020 82 223 00 • COCO PIZZA : 032 45 678 21 D DIEGO SUN CITY : 032 53 288 22 • (LE) DOMAINE DES FONTENAY : 020 82 927 67 • DOUX DELICES : 032 81 746 27 G (LE) GRAND HOTEL : 020 82 230 63 H HOTEL DE LA POSTE : 020 82 220 14 • HOTEL EMERAUDE : 020 82 225 44 • HOTEL FIRDOSS : 020 82 240 22 • HOTEL KARTIFFA : 032 55 978 44 • HOTEL KIKOO : 032 07 597 75 • HOTEL MANGUIER : 032 55 978 44 • PLAZA : 032 04 052 40 • HOTEL RESTAURANT LES ARCADES : 020 82 231 04 I IMPERIAL HOTEL : 020 82 233 29 L LA BODEGA : 032 04 734 43 • LA CASE EN FALAFY : 032 02 674 33 • LA COTE BAR : 032 02 306 97 • LA GOURMANDISE : 032



41 644 42 • LA NOTE BLEUE : 032 07 125 48 • LA ROSTICCERIA : 020 82 236 22 • LA TAVERNE : 032 07 767 99 • LA VAHINEE : 032 46 272 17 • LE 5 TROP PRES : 032 49 162 64 • LE VILLAGE : 032 02 306 78 • L’ETINCELLE : 032 45 431 50 • LE SUAREZ : 032 07 416 17 • LIBERTALIA : 032 71 894 54 M MEVA PLAGE : 032 43 817 70 • MEXI COCO : 020 82 218 51 R RESTAURANT LA JONQUE : 032 07 076 54 • RESTAURANT LE PALMIER : 032 85 008 70 • RESTAURANT LE TSARA BE : 032 04 940 97 T TONGA SOA : 032 02 288 20 V VARATRAZA : 032 87 041 82 • VOKY BE : 032 04 012 01

BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO B BLACK WEAR : 032 04 558 89 • BOUTIQUE BLEUE NUIT : 033 09 552 63 • BOUTIQUE INO VAOVAO : 032 02 288 80 C CARAMBOLE BOUTIQUE : 032 25 341 92 • CLEA BOUTIQUE : 032 07 604 48 • CLEMENTY : 020 82 239 98 L LA MAISON DE L’ARTISANAT : 020 82 293 85

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 04 122 96

ENTREPRISES, INSTITUTIONS M MICROCRED : 032 05 366 92

CONCESSIONAIRES S SICAM : 032 07 421 21

PHOTOS D DMT PHOTO : 020 82 232 08


FARADOFAY (FORT-DAUPHIN)

FIANARANTSOA

HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ

HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ

AZURA HOTEL & SPA : 020 92 211 17 C CHEZ BERNARD : 034 04 409 25 • CROIX DU SUD : 020 92 910 56 G GINA VILLAGE : 033 21 326 21 K KALETA HOTEL : 020 92 212 87 L LE FILAO : 032 43 288 58 M MAXI PIZZA : 032 55 671 49 R RESERVE DE NAHAMPOANA : 034 11 212 34 S SAFARI LAKA : 033 24 453 26 • SOAVY HOTEL : 032 40 657 46 T TALINJOO HOTEL : 032 05 212 35

C CLAIR DE LUNE : 034 05 707 08 E ECOLODGE CAMP CATTA : 020 75 923 58 • ESPACE RELAX (RESTAURANT) : 034 17 135 64 H HOTEL COTSOYANNIS : 020 75 514 72 • HOTEL SORATEL : 020 75 516 66 L L’ANCRE D’OR : 034 12 459 21 • LA SOFIA : 034 05 838 88 • LES BOUGAINVILLIERS (HOTEL D’AMBALAVAO) : 034 18 469 21 • LE PANDA : 034 05 788 77 • LE ZUMATEL : 034 20 021 32 R RESTAURANT CHEZ DOM : 034 01 975 78 T TSARA GUEST HOUSE : 020 75 502 06

A

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 07 220 24

AGENCES DE VOYAGE, TOURISMES A AIR FORT SERVICES : 034 46 122 80

CONCESSIONAIRES S SICAM : 032 05 221 59

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 07 220 21

HELL VILLE (NOSY BE) HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ A AT HOME : 032 53 930 09

B BELLE VUE : 020


86 613 84 C CAFE DEL MAR : 034 46 753 22 • CHEZ LOULOU : 032 69 783 91 • CHEZ SITY : 032 07 925 21 • CHEZ TATIE CHRIS : 032 04 212 36 • CHEZ THERESA : 032 04 664 75 D DIAMANT 10 : 032 07 739 14 • DISCOTHEQUE LE DJEMBE : 032 04 944 48 L L’ESPADON : 032 44 769 85 • LA PLANTATION : 032 07 934 45 • LE MANAVA : 032 43 405 60 N NANDIPO : 032 04 482 32 • NUMBER ONE : 032 69 074 14 O OASIS : 032 07 137 76 • O P’TIT BONHEUR : 032 49 163 01 R RESTAURANT DE LA MER : 032 69 074 14 • ROYAL BEACH HOTEL : 032 05 322 44 S SAFARI BAR RESTAU : 032 80 354 49 T TAXI BE : 032 59 187 86 V VANILA HOTEL & SPA : 032 02 203 60

BOUTIQUES, BIJOUTERIES, ARTS, DÉCO B BLACK WEAR : 032 04 558 89 G GALERIE COMMERCIAL ANKOAY : 032 02 388 79 L LE TAMARIN : 032 04 944 20 M MAKI : 032 04 014 76

SPORTS, LOISIRS C CANALSAT : 032 07 220 33

AGENCES DE VOYAGE, TOURISMES O ORTNB : 032 04 163 78

MANANJARY HOTELS, RESTAURANTS, BARS, SALONS DE THÉ H HOTEL VAHINY LODGE : 032 02 468 22


DOWNTOWN

En

ville avec

M ichel

DOMENICHINI RAMIARAMANANANA

174

Responsable de l’agence de communication Première Ligne, coorganisateur de la Foire internationale de Madagascar, Michel Domenichini Ramiarana parle de ses coups de cœur, bonnes adresses et bons plans de Tana. Suivez le guide.

Votre table préférée ? La Boussole. Je suis fidèle à ce restaurant depuis ses débuts, la cuisine y est unique. Excellent risotto, magret de canard de rêve… Pour vider un verre ? Occasionnellement, j’aime aller au Café de la gare. Je suis très attaché à l'esprit « vieilles pierres » et la gare est un patrimoine majeur de Tana. Le coin idéal pour s’évader ? Entre le palais d'Andafiavaratra, le Rova et le temple d'Ambohipotsy. La vue y est extraordinaire et c’est celle qu’avaient déjà les Anciens, avec la plaine qu’aménagea Andrianampoinimerina et qui a assuré en son temps l'indépendance alimentaire de la population. L’intérêt n’est pas que patrimonial, c’est aussi ce vers quoi nous devrions essayer de retourner aujourd'hui, car l'autosuffisance alimentaire n'est pas à l'ordre du jour… Votre loisir ? Je suis collectionneur d'art, les tableaux de maîtres malgaches surtout. Je pense à Henri

Ratovo, Gaston Rakotovao, Louis Raoelina, ou de façon plus contemporaine Jean Andrianaivo Ravelona, Nonoh Ramaro ou le moins connu, Benjah Rahajason. On peut dire qu'on a une véritable école de peinture à Madagascar, mais encore trop ignorée. Pourtant nous avons eu des grands maîtres, certains ont été accrochés au musée du Louvre comme Henri Ratovo, d’autres comme Ange Supparo ont théorisé et enseigné cette peinture. L’événement artistique qui vous a marqué ces derniers mois ? Le concert du pianiste Pascal Gallet à l'IFM. Je sais qu’il compte parmi ses maîtres Yvonne Loriod et Olivier Messiaen, il est leur digne héritier. Le programme du concert était très intéressant : une phase orientée découverte avec Claude Debussy, très descriptif et assez propre au classique français, puis une phase romantique avec les œuvres de Frédéric Chopin et de Franz Liszt. Votre actualité ? En pleine préparation de la prochaine Foire internationale de Madagascar (FIM) qui se tiendra du 31 mai au 3 juin au parc des expositions Futura. Toujours plus grandiose avec une centaine de stands en plus… Recueillis par Joro Andrianasolo




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