Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
U N I V E R S I T E DE C A R T H A G E ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME
MEMOIRE D’ARCHITECTURE
Présenté par
Nour Gnidez
Cohabiter l’ancien Maison d’hôtes à Kerkennah
Mme. Alia BELKAID
Directrice de mémoire
DECEMBRE 2020
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
AVANT-PROPOS
Les anciens quartiers de Remla kdima, mon village natal à Kerkennah, m’ont toujours séduite par leur charme caché dans leurs ruelles sinueuses et leur atmosphère conviviale là où règne la chaleur des relations humaines les plus nobles, là où se trouvent les maisons de mes grands-parents, là où je trouve mon appartenance et mes origines. Être fascinée par ces lieux et leur histoire cachée entre les murs en pierres des anciennes maisons, j’ai toujours senti le besoin et la responsabilité de sauvegarder la mémoire collective de ces quartiers. Alors, comment peut-on sauver cet héritage afin de le transmettre aux futures générations ? C’est à partir de cette question que j’ai commencé à réfléchir sur la question de la cohabitation de l’ancien. À travers ce travail, je vous présente un essai de valorisation du tissu ancien du quartier Dwiriet de Ramla Kdima afin de le protéger des menaces qu’il affronte tout en respectant ses spécificités patrimoniales matérielles et immatérielles.
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DEDICACES
A mes très chers parents, aucun hommage ne pourrait être à la hauteur de votre amour et de vos sacrifices dont vous ne cessez de me combler. Que dieu vous procure bonne santé et longue vie, A mes chers frères, sœurs et leurs enfants, vous êtes ma source de joie, A toute ma famille, source d'espoir et de motivation, A mes amis, pour votre soutien moral et vos encouragements, A celui que j’aime beaucoup, qui m’a soutenue tout au long de ce projet, A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin pour que ce projet soit possible, Je vous dédie ce travail. Merci
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REMERCIEMENTS
Aux termes de ce travail, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Mme Alia Belkaid ma directrice de mémoire, pour son sérieux, sa rigueur et ces précieux conseils tant sur le plan professionnel que personnel. Je la remercie également pour sa compréhension et son temps qu’elle nous a consacré surtout dans une conjoncture très difficile, pour ces remarques constructives et ses directives. Je tiens aussi à remercier les membres du jury qui ont accepté de me faire l’honneur d’évaluer et de juger ce travail. J’adresse également ma gratitude à toute personne qui m’a aidé à réaliser ce travail et qui m’a encouragé pour donner de mon mieux.
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RESUME
L'archipel de Kerkennah est considéré comme un milieu fragile. Cette fragilité menace les activités les plus répandues dans ces îles : l'agriculture et la pêche. Ceci montre qu'il faut chercher d'autres domaines pour réanimer l'activité économique. Le tourisme est un secteur en perpétuel évolution. Il est capable de créer des postes d'emplois. Cependant, le tourisme de masse présente des inconvénients qui peuvent menacer un milieu sensible comme Kerkenah. Par contre, le tourisme durable qui respecte les spécificités des lieux semble adéquat pour mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel des îles de Kerkenah. L’enjeu de ce travail est de réhabiliter trois anciennes maisons et les reconvertir en une maison d’hôtes qui respecte les principes du tourisme durable afin de valoriser l'histoire et le savoir-faire des habitants de l'archipel.
Mots clés Tourisme durable insulaire, Réhabilitation, Patrimoine matériel, Patrimoine immatériel
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SOMMAIRE
AVANT PROPOS …………………………………………………………………. 3 DEDICACES ………………………………………………………………………. 4 REMERCIMENTS…………………………………………………………………. 5 RESUME……………………………………………………………………………. 6 SOMMAIRE………………………………………………………………………... 7 INTRODUCTION GENERALE………………………………………………… 10 1. Problématique……………………………………………………………… 12 2. Méthodologie ……………………………………………………………… 14 PREMIERE PARTIE : POUR UN DEVELOPPEMENT DU TOURISME DURABLE A KERKENNAH CHAPITRE I : Tourisme durable insulaire ............................................................. 16 I.1
Introduction ...................................................................................................... 15
I.2
Tourisme durable .............................................................................................. 16
I.3
Tourisme dans le milieu insulaire..................................................................... 19
I.4
Kerkennah : du tourisme de masse au tourisme durable .................................. 21
I.5
Conclusion ........................................................................................................ 21
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CHAPITRE II : Spécificités des îles de Kerkennah et leurs impacts sur le secteur touristique…. ................................................................................................................ 23 II.1
Introduction ...................................................................................................... 22
II.2
Potentialités des îles de Kerkennah .................................................................. 23
II.3
Vulnérabilité des îles de Kerkennah ................................................................. 39
II.4
Exemples de projets touristiques de valorisation du patrimoine ..................... 41
II.5
Conclusion ........................................................................................................ 42
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU CADRE D'ETUDE ET DE PROJETS DE REFERENCES CHAPITRE III : Remla, Un village en perpétuel mutation ...................................... 43 III.1
Introduction................................................................................................... 43
III.2
Analyse du cadre général d’intervention ...................................................... 44
III.3
Analyse du support d’étude ......................................................................... 45
III.4
Conclusion .................................................................................................... 58
CHAPITRE IV : Analyse de projets de références .................................................... 59 IV.1
Introduction................................................................................................... 59
IV.2
Dar el bibine ................................................................................................. 59
IV.3
Villa Mandra ................................................................................................. 65
IV.4
La maison d’hôtes Wa Shan ......................................................................... 69
IV.5
Maison B. à Alger ......................................................................................... 68
IV.6
Astley castle .................................................................................................. 76
IV.7
Synthèse ........................................................................................................ 80
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TROISIEME PARTIE : DE L'ARCHITECTURE DOMESTIQUE VERS L'ARCHITECTURE TOURISTIQUE CHAPITRE V :Intervention architecturale ............................................................... 83 V.1
Introduction ...................................................................................................... 83
V.2
Restaurer, rénover ou réhabiliter ? ................................................................... 84
V.3
Reconversion .................................................................................................... 87
V.4
Du tourisme durable vers une architecture durable .......................................... 90
V.5
Conclusion ........................................................................................................ 96
CHAPITRE VI : Proposition d’une maison d’hôtes .................................................. 97 VI.1
Introduction................................................................................................... 97
VI.2
Un nouveau programme ............................................................................... 98
VI.3
Parti architectural ........................................................................................ 102
VI.4
Esquisses ..................................................................................................... 104
VI.5
Projet retenu ................................................................................................ 104
VI.6
Conclusion .................................................................................................. 113
CONCLUSION GENERALE……………………………………………………….114 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES…………………………………………..115 REFERENCES WEBOOGRAPHIQUES…………………………………………117 TABLE DES FIGURES……………………………………………………………. .118 TABLE DES TABLEAUX…………………………………………………………..122 ANNEXES……………………………………………………………………… ….123
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«
L’insularité
offre
un
cadre
exceptionnel
d’expérimentation des principes du tourisme durable. Progressivement, certaines îles s’emparent de cet enjeu et deviennent de véritables laboratoires du tourisme durable » (Lompard & Labescat, 2010)
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INTRODUCTION GENERALE De nos jours, le tourisme est considéré comme étant le principal secteur socioéconomique au monde. Il représente environ 10 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial (Tiss, 2015). Par ailleurs, le secteur touristique en Tunisie connaît, durant ces dix dernières années, des fluctuations causées par plusieurs paramètres en relation avec le système socioéconomique du pays, le fléau du terrorisme et les stratégies touristiques adoptées. Dans ce contexte, le tourisme de masse a montré plusieurs failles et dégâts sur l’environnement. Il était à l’origine d’un déséquilibre écologique, l’épuisement des ressources naturelles, le non-respect des spécificités socio-culturelles de la société. Le tourisme est devenu néfaste pour l’environnement malgré son apport économique et financier. Pour relancer le système, il est très important de travailler sur le changement de l’image touristique classique du pays. Il est nécessaire d’envisager un tourisme alternatif qui tient compte de l’environnement, de l’équilibre écologique, du patrimoine naturel, de la spécificité ethnique et culturelle. Dans le cadre de ce mémoire d’architecture, nous nous intéressons à la thématique du tourisme durable en rapport avec le patrimoine matériel et immatériel. Le développement durable est proposé pour la première fois en 1980 dans la stratégie mondiale de la conservation visant l’intégration de la protection environnementale dans le développement économique (Moisan, 2001). En 1987, la notion de développement durable s’est popularisée et une définition officielle a été publiée dans le rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». A l’échelle internationale et nationale, le tourisme durable est ainsi devenu une politique économique alternative qui présente une démarche pour les organisations touristiques (hôtels, agences de voyages). Le tourisme durable n’est pas une pratique à part. C'est une démarche qui peut être adoptée par tout acteur touristique en intégrant les principes du développement durable dans sa gestion stratégique et l’offre qu'il propose. 10
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1.Problématique Les îles présentent, selon l’Organisme Mondiale du Tourisme OMT, des laboratoires d’études de tourisme durable pour leurs spécificités (espace restreint, économie peu complexe, communauté particulière) permettant de mesurer la fréquentation touristique, ainsi que les impacts de cette dernière sur l'environnement économique, social et écologique. Les îles sont des territoires particulièrement fragiles, que ce soit sur le plan environnemental, économique, culturel ou social. Pour ces destinations souvent très convoitées, la gestion maîtrisée de la fréquentation touristique est un enjeu majeur (parfois encore ignoré). Par l'effet de loupe qu'elle provoque, l'insularité offre un cadre exceptionnel d'expérimentation des principes du développement durable. Donc le statut d’île présente des atouts en matière d’instauration du tourisme durable. Les îles de l’archipel de Kerkennah sont considérées comme un milieu naturel sensible. Cette fragilité du paysage présente une difficulté pour la pêche et l’agriculture qui sont les principaux secteurs économiques à Kerkennah. De ce point de vue, les Kerkenniens ont bâti leur économie sur l’équilibre biologique de l’écosystème de l’archipel. Ils ont su gérer et maîtriser les ressources naturelles de l’archipel pendant des siècles. Mais vu la dégradation du climat ces dernières années, il est temps de trouver une nouvelle opportunité économique pour diversifier les revenues et soutenir les activités classiques de l’archipel, qui doit être en parfaite harmonie avec le contexte historique, social et traditionnel des lieux. Ce mémoire s’inscrit dans le tourisme durable : un secteur qui respecte l’authenticité et les particularités de l’archipel. Qu’elle est alors la place du patrimoine dans le développement d’un tourisme durable alternatif à Kerkennah ? L’objectif est de proposer une démarche capable de transformer la vulnérabilité de Kerkennah en un atout afin de développer un produit touristique original. Le développement touristique durable à Kerkennah nécessite donc une réflexion particulière sur l’intégration de l’architecture dans son contexte social, économique et écologique, les trois piliers de la durabilité.
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Comment développer ainsi un tourisme durable en préservant et en s’inspirant du patrimoine matériel, immatériel et paysager de Kerkennah ? Pour répondre à ces questions, ce mémoire aborde la mise en valeur des trois maisons délaissées sises à Remla. Il vise une intervention intégrée qui comporte : une restauration de l’enceinte des maisons, une réhabilitation des espaces intérieurs avec une reconversion et une extension. L’enjeu est de passer d’une architecture domestique individuelle vers une architecture touristique collective.
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2. Méthodologie Le projet que nous présentons dans le cadre du mémoire d’architecture intitulé « Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah » est la réponse à la problématique précédemment annoncée. Pour aboutir à une réponse architecturale réussie et bien développée, nous suivons une méthodologie précise et spécifique à notre problématique. Notre méthodologie pour ce mémoire est structurée en trois phases présentées en trois parties divisées chacune en deux chapitres : La première phase est une phase de documentation par rapport à la thématique de notre mémoire et une présentation ciblée de l’archipel de Kerkennah. Nous allons essayer, de définir les notions du tourisme durable et du tourisme durable insulaire à travers le premier chapitre et de présenter, à travers le deuxième chapitre, les potentialités des îles de Kerkennah ainsi que les spécificités du tourisme au sein d’elles. La deuxième phase est une phase d’analyse à la fois urbaine et architecturale. En effet, le troisième chapitre présente une analyse urbaine du village de Ramla, le support de notre étude, ce qui nous aidera à mieux comprendre sa morphogenèse et à établir un diagnostic nécessaire pour notre intervention architecturale. Le quatrième chapitre est une analyse architecturale des projets de références traitants des thématiques semblables à la nôtre. La troisième phase est la phase de la conception du projet architecturale. Nous commençons par présenter, à travers le cinquième chapitre, les différentes techniques d’intervention sur un patrimoine bâti et nous finissons par la présentation de notre projet architectural qui est une maison d’hôtes à travers le sixième chapitre.
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
CHAPITRE I :
TOURISME DURABLE
INSULAIRE
I.1
Introduction Le tourisme durable insulaire est une notion complexe qui nécessite une compréhension claire et exacte de ses termes. Afin de comprendre cette notion, nous définissons, dans un premier lieu, le tourisme durable, nous énonçons ses principaux axes et les actions qui l’ont régi. Dans un deuxième lieu, nous présentons le tourisme durable insulaire tout en insistant sur son rôle de protection les iles qui présentent souvent des milieux sensibles.
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I.2
Tourisme durable Définition
En 1993, le terme de "tourisme durable" ou tourisme responsable est apparu pour la première fois dans un guide publié par l’Organisation Mondiale du Tourisme OMT) intitulé « Développement du tourisme durable : Guide à l’intention des Autorités Locales ». Ce guide montre la possibilité du secteur du tourisme à favoriser la croissance économique et sociale, à travers la réalisation des impératifs du développement, tout en minimisant les impacts sociaux, culturels et environnementaux négatifs. L’OMT définit le tourisme durable comme étant « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil » Source : http://www.tourisme-durable.org/ Le tourisme durable est donc une mise en application du concept de développement durable au tourisme. Il est considéré comme étant un mode de pensée, une mise en dynamique des acteurs du tourisme, contrairement au tourisme de masse.
Source : Auteur
Figure 1: Les principes du développement durable
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Impacts
Le tourisme durable tient compte de trois impacts selon l’OMT : Impact environnemental Le tourisme durable doit tout d’abord respecter l’environnement et le territoire d'accueil. En effet, l’environnement est la base des ressources naturelles et culturelles qui attirent les touristes. Par conséquent, la protection de l’environnement est essentielle pour un succès à long terme du tourisme. Il faut donc exploiter de façon optimum les ressources de l’environnement, en préservant les processus écologiques essentiels et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles et la biodiversité. Impact social Le tourisme durable doit être aussi respectueux envers les populations locales réceptives pour l’épanouissement des individus qui vivent, travaillent et séjournent sur le territoire. L’objectif est de veiller à ne pas perdre l’identité locale du territoire et d’éviter un éventuel choc des cultures. Donc pour atteindre cet objectif il faut respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, conserver leurs atouts culturels bâti et vivant et leurs valeurs traditionnelles et contribuer à l’entente et à la tolérance interculturelles. Impact économique Le tourisme durable, comme le précise le site d’internet le tourisme-durable.org/tourismedurable/définitions, doit développer également des aménagements ou des activités touristiques qui contribuent au développement économique du territoire. En effet, il doit assurer une activité économique viable sur le long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages socioéconomiques équitablement répartis, notamment des emplois stables, des possibilités de bénéfices et des services sociaux pour les communautés d’accueil, et contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté. Ces trois impacts se résument dans la figure qui suit :
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Source : Auteur
Figure 2: Les impacts du tourisme durable
Tourisme durable et patrimoine
Le tourisme durable a une relation particulière avec l'environnement immédiat de la région d’où la conservation du patrimoine naturel et culturel devrait occuper une place centrale dans les politiques et stratégies touristiques. Pour le secteur du tourisme, les richesses naturelles et culturelles d’un pays forment souvent la base de l’attractivité. De beaux paysages, riches en biodiversité, des sites patrimoniaux et des cultures spécifiques se combinent pour fournir la raison principale pour laquelle les touristes visitent la plupart des pays. La conservation de ces actifs est d'une importance primordiale pour le tourisme. Le patrimoine est notre héritage, il est le témoignage de notre passé et de notre histoire. Il est aussi la mémoire des savoir-faire de nos sociétés, le reflet de nos cultures et de nos traditions et il est aussi ce que nous laisserons aux générations futures. Donc il faut bien savoir comment le connaitre mais aussi il faut pouvoir le préserver pour le rendre pérenne. La préservation et la valorisation du patrimoine peuvent promouvoir le tourisme durable ou responsable. En effet on ne peut pas voyager sans considérer l’environnement qui ne nous entoure ni sans découvrir les richesses de la destination et sans prendre conscience 18
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du savoir-faire qui véhiculent les populations locales d’où le patrimoine peut être donc une clef pour le tourisme durable (Baylac, 2020) I.3
Tourisme durable dans le milieu insulaire Le tourisme insulaire correspond au tourisme sur les territoires des îles. Lorsqu’on dit tourisme insulaire on pense toujours à l’effet négatif de ce secteur sur l’environnement de ces milieux sensibles. Le tourisme est souvent accusé de favoriser l’urbanisation, de faire pression sur les ressources naturelles, de générer des problèmes de gestion de déchets, de se développer au détriment d’activités traditionnelles mais aussi de fragiliser les cultures et les modes de vie traditionnels de ces milieux insulaires. Par contre, le tourisme durable ou responsable se développe généralement dans des territoires qui valorisent la qualité environnementale donc le tourisme va indirectement participer à la protection de ces milieux sensibles. Les territoires insulaires bénéficient d’une attractivité exceptionnelle grâce à leurs paysages idylliques et leurs charmes exceptionnels. Malgré la contribution de cette richesse à la fragilité du milieu. En dépit de cette fragilité, les îles restent toujours parmi les destinations touristiques les plus fréquentées au monde. Peut-être que cette dualité atout/inconvénient c’est celle qui donne cette particularité aux îles. Plusieurs enjeux ou on peut dire également problématiques caractérisent les espaces insulaires : -
Une capacité d’accueil limitée en raison de l’espace disponible restreint ;
-
Une forte pression sur les espaces et les ressources naturelles ;
-
Une fréquentation touristique dépendante des moyens de transport.
Concilier la fréquentation des visiteurs et la préservation des milieux naturels constitue un défi prioritaire pour un nombre croissant de destinations insulaires. Pour plusieurs de ces îles, le tourisme représente la principale source de retombées économiques et d’offre d’emplois, mais malheureusement que dans la plupart des temps ceci n’améliore pas la qualité de vie des résidents. Pour résoudre ce problème les destinations doivent absolument suivre les principes de durabilité. Donc Il faut s’attaquer aux enjeux et aux
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
conflits dès qu’ils émergent pour trouver des solutions rapides et atteindre le résultat recherché. Le développement d’un tourisme durable dans un milieu insulaire peut éveiller la conscience des visiteurs et des résidents en parallèle et ceci va apporter un soutien indispensable à la conservation de la biodiversité. Pour développer l’offre touristique hors saison, plusieurs îles ont adopté une nouvelle stratégie, en donnant une importance à leurs patrimoines culturels riches et non seulement aux beaux paysages. I.4
Kerkennah : du tourisme de masse au tourisme durable Un premier hôtel a été construit à l’archipel de Kerkennah dans les années 1960. En 2012, l’archipel compte 6 unités hôtelières et 3 auberges d’une capacité de 738. Au début des années 1970, à l’initiative de l’Office National du Tourisme Tunisien et de la Banque mondiale, le bureau d’études italien Italconsult, chargé de prospecter et de programmer 7 sites touristiques balnéaires, avait inclus les îles de Kerkennah et 5 000 lits avaient été fixés comme capacité maximale (MIOSSEC, 1996). Toutefois, le coût1 des investissements en infrastructure était élevé, en comparaison avec ceux des autres zones touristiques tunisiennes et en particulier de Djerba. La difficulté d’accès aux îles Kerkennah a conduit à l’abandon du projet touristique en 1973, privant ainsi l’archipel du fort développement du tourisme international dans les années 1980. Cette mise à l’écart de l’archipel lui a permis de ne pas subir l’arrivée massive de touristes nationaux et internationaux, ce qui ne l’empêche pas de mûrir quelques projets de développement touristique, compte tenu de son potentiel et malgré son relatif isolement. Ces dernières années, c’est le tourisme intérieur alimenté par la classe moyenne (fonctionnaires et cadres moyens) qui se développe le plus à Kerkennah sur une base essentiellement saisonnière faisant multiplier la population locale de dix fois en été comparé à l’hiver. La demande pour des lits résidentiels et touristiques, d’une part, et la fragilité des îles, d’autre part, imposent une prospective spécifique pour l’archipel. La
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Il serait revenu à 630 DT/lits pour Kerkennah contre 211 à Djerba
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
rareté des plages et la fragilité du site ne permettent pas la réalisation d’une zone classique composée d’une suite d’hôtels parallèles au rivage. L’évolution du secteur touristique reste entravée par plusieurs obstacles, bien que l’authenticité de Kerkennah et les spécificités patrimoniales et écologiques soient un argument de vente fort pour les tour-opérateurs (Hellal & Jarraya, 2012). I.5
Conclusion Pour conclure, l’objectif principal dans les milieux insulaires est de concilier entre la fréquentation touristique, la qualité environnementale et le maintien d’un tissu socioéconomique, en partenariat avec les acteurs du terrain ayant tous un objectif de : "Protéger, développer, valoriser". Nous constatons que le fait de développer un tourisme durable dans un milieu insulaire va influencer positivement sur ces milieux, de point de vue économique ainsi que patrimoniale.
Source : Auteur
Figure 3 : Tourisme durable dans le milieu insulaire
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
CHAPITRE II :
SPECIFICITES DES ILES DE
KERKENNAH ET LEURS IMPACTS SUR LE SECTEUR TOURISTIQUE
II.1 Introduction Pour travailler sur le développement touristique à Kerkennah, il est essentiel de dégager les potentialités de cette île pour appréhender ses particularités (géographique, historique, paysagère, économique, …) et le fonctionnement de son vécu socio-culturel. Le territoire insulaire de Kerkennah se caractérise par une configuration physique fragile, cet état de fragilité est dû à plusieurs facteurs naturels, tels que le réchauffement climatique, le problème de l’érosion marine, les ressources en eaux limitées et la salinisation des terres et auxquels s’ajoute l’origine anthropique qui intensifie cet état de vulnérabilité de l’archipel et contribue à sa dégradation environnementale. L’instauration d’une activité touristique à Kerkennah doit absolument tenir compte des spécificités de ce paysage fragile, en intégrant les différents acteurs qui sont en mesure de mettre en place une gestion environnementale des potentialités naturelles originales de l’archipel. En effet, « Une île est un système complexe qui s’analyse sous le prisme des sciences humaines telles que la géographie, l’histoire, la sociologie ou l’ethnologie. Pour prévoir son développement touristique, il est essentiel de comprendre et ressentir son fonctionnement et de le vivre de l’intérieur. » (Saby, 2010).
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
II.2
Potentialités des îles de Kerkennah Si on veut introduire la notion du tourisme durable à Kerkennah, on doit prendre en considération tous les enjeux et les intérêts de tous les acteurs de l’archipel, sans faire prédominer les intérêts économiques. L’archipel présente des atouts en matière d’instauration du tourisme durable. En effet, un éventuel développement touristique durable devrait être en harmonie avec les spécificités physiques et humaines de l’archipel. Contexte géographique
Kerkennah est un archipel tunisien, sur la côte nord du Golfe de Gabès, situé à environ 400 km de Tunis. A 20 km des côtes de Sfax apparaissent ces îles préservées où les Kerkenniens vivent isolés du monde derrière un « rideau » de palmiers. Ces îles se situent géographiquement entre les deux régions balnéaires qui enregistrent les meilleurs taux d’occupation en 2006 : Mahdia (65,6%) et Djerba (62,8%). Cet archipel, qui offre ses plages de rêve et son atmosphère hors du temps, est accessible seulement aux bateaux qui font une traversée d’une heure plusieurs fois par jour et durant toute l’année avec plus de voyages en été.
Source : Auteur
Figure 4: Situation de l'archipel par rapport au continent
L’archipel de Kerkennah est composé de 14 îles et ilots : Les deux grandes îles sont l’île de chergui et l’île de Gharbi. Ce sont les deux îles habitées. Elles sont liées par un petit pont de l’époque romaine. Les 12 autres ilots (Gremdi, Roumadia, Rakadia, Sefnou, Charmadia, Ch’hima, Keblia, Jeblia, El Froukh, Firkik, Belgharsa et El Haj Hmida) sont plus petits et inhabités. Ils sont presque à l’état vierge. 23
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
L’archipel est allongé du sud-ouest (port de Sidi Youssef) au nord-est (île de Roumadia) sur une longueur de près de 35 km avec une largeur maximale de 8 km et une superficie de 157 km². Une large route pourfend aujourd'hui l'archipel : le " boulevard de l'Environnement " appelé aussi le " tapis ". Kerkennah compte 14 villages dont Remla en est la " capitale "et le centre administratif. C'est là que se trouvent le siège de la commune, l'hôpital, le lycée et le dépôt de bus qui dessert toute l'île.
Source : Auteur
Figure 5 : Les villages de l’archipel
L’inaccessibilité directe à l’archipel par les touristes internationaux peut être également un atout. En effet, si l’éloignement est une source de handicap pour les îliens, « il est aussi un atout pour la clientèle touristique, car il renforce le sentiment de rupture » (saby, 2010). Ceci donne aux touristes un sentiment d’éloignement, d’isolement, de rupture avec le monde entier, d’où un sentiment de calme et de dépaysement. Contexte historique
Les îles de Kerkennah ont été mentionnées par beaucoup d'historiens et de géographes de l'antiquité notamment Hérodote. L’archipel a connu une riche stratification des civilisations. D'abord habitée par une population berbère, Kerkennah fut ensuite dominée par la Carthage punique, puis elle connut une suite de civilisations apportées 24
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
successivement par les Romains de César, les Vandales de Genséric, les Byzantins de Bélisaire. Avant d'être conquise au milieu du VIIème siècle par les arabes, puis de passer aux Ottomans au XVIème siècle. Kerkennah vécut sous le protectorat français à la fin du XIXème siècle, jusqu'à l'indépendance de la Tunisie 1956. Le destin de l'archipel est indissociable de celui de la Tunisie. Terre d'histoire, terre d'exilés politiques, de courtisanes bannies - mais également siège d'un monastère chrétien -, Kerkennah servit de refuge temporaire à Hannibal et, deux millénaires plus tard, à Habib Bourguiba en mars 1945 (Brulon, 2008).
Source : (Zouari, 2019) Aménagement de la frage cotière Sidi Kaaban à Ramla une opération pilote aux iles Kerkennah
Figure 6: Evolution de l'occupation historique de l'archipel de Kerkennah Contexte paysager et naturel
Le paysage de l’archipel a su préserver son identité et son originalité depuis des générations. Kerkennah peut être considérée comme étant une oasis de calme. Elle est l’endroit idéal pour se déconnecter de tout bruit urbain, de toute nuisance et de tout vacarme citadin. L’endroit est très reposant, sa beauté est discrète et apaisante. Partout nous pouvons contempler la beauté et pourtant c’est juste un charme et un secret inégalés. 25
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Source : (Zouari, 2019) Aménagement de la frage cotière Sidi Kaaban à Ramla une opération pilote aux iles Kerkennah
Figure 7 : Silhouette typique de l’archipel de Kerkennah Les couchers et levers de soleil sont pittoresques. La mer est chaude, claire, limpide et peu profonde avec des plages de sable fin bordées de palmiers.
Source : Auteur
Figure 8 : coucher de soleil
La nature est sauvage : les palmiers, les figuiers, les vignes et les oliviers, offrent un paysage admirable avec un ombrage apaisant. Après l'embouteillage forcé du débarquement à Sidi Youssef, la route est tracée pour emmener le visiteur vers un monde de rêve, inconnue, discret, isolé mais déjà attirant. Un axe unique bordé par une série de palmerais, qui commence dès le début à l’île de Gharbi passant par tous les villages de Kerkennah jusqu’à atteindre le dernier point de l’île de Chergui. Sur Kerkennah, pas d'embouteillages.
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Source : Auteur
Figure 9 : Le coucher de soleil à Kerkennah
Cet archipel fut parfois décrit comme étant un paradis. Plusieurs visiteurs le trouvent un endroit idéal pour passer des vacances reposantes hors période touristique et un lieu typique pour ressentir
un bien–être.
Source : Auteur
Figure 10 : L’horizon à Kerkennah Contexte économique
Malgré tout le charme qu’il dégage, les habitants de l’archipel vivent seulement de la pêche avec un peu d’agriculture et d’artisanat. Tableau 1 : Répartition en % de la population active de Kerkennah par secteur
Agriculture
Industrie
Mine et
Construction
et pêche
manufact
Energie
et
Commerce
travaux
Transport
et
Administration
Autres
communication
et éducation
services
5,0
15,0
8,0
publics Kerkennah
43,0
7,0
2,0
12,0
8,0
Source : (INS, 2014) Institut Nationale de Statistique
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Pêche L’économie de l’archipel est basée sur la pêche. La pêche se pratique sur un mode intensif et selon des traditions séculaires. L’archipel possède plusieurs techniques traditionnelles de pêche dont on cite : la demmassa (pêche à la sautade), la Massaa (pierres creuses à poulpes), El Karour (gargoulettes), le Zroub, les filets droits, la drina (pêche aux nasses), et la plus importante la charfia. La Charfia2 L’archipel de kerkennah n’est entouré que de haut-fond que la marée couvre et découvre largement. Cette configuration a favorisé, tout d'abord, l'implantation des pêcheries fixes. Le palmier offre ses palmes pour la confection des clayonnages des pêcheries fixes. La fabrication d'un piège appelé Charfia consiste à aligner les palmes en écrivant une forme de " V ", ou de flèche. Cet alignement de feuilles forme un chemin que les poissons suivent jusqu'à des drinas, sortes de cages où ils entrent sans jamais pouvoir ressortir ! La « Charfiya » une technique de pêche typique des Iles Kerkennah qui remonte à l’ère punique. Le mot « Charfiya » est apparu au XVIIe siècle. Sa particularité est qu’elle préserve l’environnement et réconcilie la richesse halieutique avec son milieu marin.
Source : (Boughedir, 2012) Croquis général et simplifié d’une pêcherie fixe type Charfiya
Figure 11 : Croquis général et simplifié d'une Charfia
L’Institut National du Patrimoine (INP), et la Délégation permanente de Tunisie ont déposé en 2019, auprès de l’UNESCO, la demande d’inscription de la technique de pêche à la Charfiya aux îles de Kerkennah sur la liste du patrimoine immatériel de l’Humanité. 2
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La drina (pêche aux nasses) La nasse ou encore la « Drina » est une technique de pêche traditionnelle qui sert à piéger les poissons. La confection des Nasses se fait à partir des épillets de palmier. Elles sont des outils de pêche écologiques.
Source : (Rhouma & Labidi, Diagnostic participatif de l’état de la peche traditionnelle aux iles de kerkennah, 2006)
Figure 12 : La Drina (pêche aux nasses)
Source : Auteur
Figure 13 : Le motif du tissage de la Drina
Elles n'ont aucun effet nocif sur l'écosystème marin. Leur fabrication se fait à des dimensions étudiées et précises par les réglementations. Les mailles des nasses peuvent être Carrées ou triangulaires. L'espacement entre les épillets de palmier pour les filets à maillage carré est fixé à 2 cm. Pour le maillage triangulaire il est arrêté à 3 cm. Le respect de ces réglementations pour la fabrication des nasses permet la préservation de la richesse maritime en ressources halieutiques. Agriculture L’agriculture a été abandonnée progressivement en tant que culture vivrière. La surface d’arbres fruitiers était 923 hectares en 2000 (Rhouma & Labidi, Diagnostic participatif de l’état de la peche traditionnelle aux iles de kerkennah, 2006), alors qu’avant 4 décennies elle a été 6190 hectares (Louis, 1961). Les raisons invoquées sont le
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phénomène de sécheresse en augmentation, l’exode de la population active ainsi que le coût élevé des labours. En effet, le recul de trait de la côte résulte la perte de terres potentiellement arables, mais aussi la salinisation de la nappe souterraine dont l’eau est utilisée pour l’irrigation. Il y a aussi le problème du climat qui évolue vers l’aride depuis les années 1970 avec une élévation des températures et un allongement de la période estivale, ce qui entraine une évaporation et une évapotranspiration plus intenses, et donc un stress hydrique plus important. L’évolution de ces facteurs naturels implique un stress sur la végétation puisque les plantes ont besoin de plus d’eau et que l’eau disponible est de plus en plus salée. Des pratiques anthropiques étaient aussi les causes de ce déséquilibre tel que l’abandon des pratiques anciennes, la mauvaise gestion des eaux d’irrigation et le phénomène d’émigration : La population de l’archipel est estimée à environ 15 000 habitants en hiver et peut atteindre 150 000 habitants pendant la saison estivale notamment avec le retour pour les vacances des originaires de l’archipel et l’arrivée des touristes. Palmier
Source : (Chehaider, 2018) KERKENNAH... UN PETIT PARADIS PERDU SUR TERRE
Figure 14 : Deux palmiers de l’archipel de Kerkennah
Le palmier constitue l’arbre roi de l’archipel. C'est le végétal le plus répandu. Les palmeraies sauvages envahissent l’archipel. En apercevant l’île Mellita du bac et avant même d'y accéder, on peut observer une ligne verte qui surmonte les bâtiments, aucun bâtiment ne dépasse la hauteur des palmiers. Les Kerkenniens ont un savoir-faire très important en matière d’usage et de 30
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transformation de sous-produits du palmier dattier. Au moins 28 usages ont été répertoriés pour les sous-produits du palmier dattier. Le palmier dattier est un élément du paysage naturel et environnemental de l’archipel. Il est également une partie importante de sa culture. Le palmier dattier est ancré dans la vie quotidienne du Kerkennien avec toutes ses scènes. Ceci reflète la grande importance de cet arbre dans les traditions du Kerkennien.. Artisanat Une activité gardée par les locaux est née du fait de l'isolement et de la nécessité de fabrication des outils de travail et de satisfaire des besoins personnels (vêtements, draps, paniers...), une activité en liaison étroite avec l'économie de l'île. Les activités artisanales les plus pratiquées pour la fabrication des outils de pêche sont la vannerie et la poterie. La vannerie La vannerie c'est l'art de tresser des fibres végétales. C'est l'activité artisanale la plus importante puisqu'elle sert à fabriquer des outils de pêche et des éléments décoratifs. Ils tirent profit des palmiers et de la halfa pour fabriquer aussi les nasses et de claies pour la pêche et pour délimiter leurs « Charfia ». Cela se fait à partir des palmes et de I'« Alfa». Les insulaires utilisent aussi les gargoulettes fabriquées en terre cuite pour le cabotage des poulpes.
Source : (Rhouma & Labidi, Diagnostic participatif de l’état de la peche traditionnelle aux iles de kerkennah, 2006)
Figure 15 : Produit artisanal à partir des folioles de palmier
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Source : (Rhouma & Labidi, Diagnostic participatif de l’état de la peche traditionnelle aux iles de kerkennah, 2006)
Figure 16 : Produits artisanaux à partir des différents composants du palmier
La poterie C'est un art permettant de façonner des pots en terre cuite. Elle sert pour la fabrication des 'Tepsi’, la vaisselle traditionnelle de l'archipel ainsi que les gargoulettes. Une gargoulette est un récipient fabriqué en terre cuite qui sert à contenir de l'eau ou du vin. Pour les kerkenniens, ce récipient fonctionne aussi comme un piège pour les poulpes. L'utilisation de ces récipients est abandant dans la région de l'Attaya puisque les cotes de cette localité sont riches de poulpes.
Source : (Rhouma & Labidi, Diagnostic participatif de l’état de la peche traditionnelle aux iles de kerkennah, 2006)
Figure 17 : El Karour (gargoulettes)
Figure 18 : La Massaa (pierres creuses à poulpes)
Une pareille sensibilité artistique ne montre qu’un grand savoir-faire des kerkenniens qu’il doit être absolument gardé pour protéger l’identité particulière de l’archipel
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Patrimoine architectural
« L’insularité offre un cadre exceptionnel d’expérimentation des principes du tourisme durable. Progressivement, certaines îles s’emparent de cet enjeu et deviennent de véritables laboratoires du tourisme durable » (Lompard & Labescat, 2010). Habitat traditionnel L’architecture traditionnelle de Kerkennah est en parfaite harmonie avec son environnement et sa culture. Elle est réalisée avec un mélange de modestie et d’austérité et avec les moyens disponibles à l’archipel. L’architecture de Kerkennah n’est qu’une projection des besoins des habitants. En effet, la maison traditionnelle est accessible généralement par la Skifa où on peut mettre le matériel d’agriculture et de la pêche. La Skifa peut être aussi un espace d’accueil des visiteurs et aussi un atelier dans lequel les femmes et les hommes préparent les filets et travaillent la laine et l’alfa. Pour garantir le confort climatique, toutes les chambres sont orientées Sud-est. Ils ont la forme rectangulaire allongée mais ils ont une faible largeur vu la faible portée des troncs de palmiers utilisés pour la toiture. Ces chambres appelées « Bit » ont chacune une porte et parfois deux petites fenêtres disposées symétriquement de part et d'autre de la porte donnant sur la cour pour recevoir la lumière. Au fond des chambres, se trouve la « Sedda » : c’est une estrade qui sert de lit, elle est isolée du reste de la pièce par un panneau vertical en bois en créant un espace de séjour appelé « Ouest el bit ».
Source : (Hattab, 2016) Rapport de voyage d’étude à Kerkennah
Figure 19 : Axonométrie d’’El Bit’’ à Kerkennah
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La sedda
Ouest el bit
La sedda
Source : Auteur
Figure 20 : Plan type d’une Bit
Système constructif Le kerkennien fait toujours preuve d'un grand savoir-faire dans le domaine de la construction. L’architecture traditionnelle de Kerkennah se base sur des matériaux disposés sur l'archipel et sur les composantes du palmier comme un élément dominant du paysage insulaire Il s'agit donc d'une fondation de 80 cm de profondeur et de 70 cm de largeur avec une couche de béton de propreté constituée de caillasse et de mortier de chaux. Les murs sont constitués de deux parements en moellons dont le milieu est rempli de caillasses. Les linteaux sont faits avec des strippes en bois de palmier ou avec des arcs en pierres ou en briques. La toiture est faite généralement de quarts de tronc de palmier et bien d'autres éléments fournis par cet arbre tels que le « kernaf » avec une isolation en argile ou bien évidement en utilisant les algues séchées.
Source : (Hattab, 2016) Rapport de voyage d’étude à Kerkennah
Figure 21 : Schéma explicatif des techniques de construction traditionnelles à Kerkennah
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Marabouts Ce sont des monuments qu’on trouve dans chaque village de Kerkennah. Ils sont présents jusqu’aux nos jours dans le paysage insulaire. Cet aspect répétitif et la position par rapport à la mer de ces monuments ne fait que confirmer la grande importance accordée à l'architecture cultuelle et spirituelle à Kerkennah. Cette présence témoigne aussi de la survivance d'une forme populaire de l'Islam : le culte des saints. Ces marabouts sont ainsi des espaces de méditation spirituelle pour les insulaires, un lieu de sérénité morale et un support de pratiques et de coutumes préservées depuis des générations. Il s’agit d’une intense de pratiques rituelles spécifiques à l’archipel et préservées depuis des générations architecture humble mais qui témoigne d'un riche vécu et qui reflète une dynamique dont la conservation et la mise en valeurs est très importante.
Source : (Hattab, 2016) Rapport de voyage d’étude à Kerkennah
Figure 22 : Axonométrie de Sidi El Khafi
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Borj el Hissar Ces fouilles récentes à Borj El Hissar ont mis en évidence la stratification des différentes civilisations. Cette stratification montre bien que l’historique de l’archipel est riche et la présence de ces vestiges dans le paysage insulaire prouve la grande vitalité et le rôle important qu'a joué l'archipel à travers l'histoire
Source : (Kammoun, 2016) Récupérée sur : http://zaherkammoun.com
Figure 23 : Borj El Hissar
Contexte socio-culturel ou patrimoine immatériel
Il existe à Kerkennah une culture d’un savoir-faire qui se transmet à travers les âges. Le Kerkennien donne une grande valeur à son savoir-faire, sa culture, ses souvenirs, même aux proverbes transmis d’une génération à une autre et surtout il donne une grande valeur à la famille. Gastronomie Les Kerkenniens ont des spécialités qui se basent généralement sur les poissons locaux, les dattes, les raisins secs, le poulpe pêché et séché. Citons comme des exemples des spécialités kerkenniennes : le couscous aux poulpes, les pattes aux fruits de mer, les bricks aux crevettes, la chorba kerkenienne, tchich aux poulpes, tchich aux ktats, ojja aux crevettes, salade de poulpes...Ces spécialités font une partie du patrimoine socio-culturel de l’archipel.
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Traditions Tbal Kerkennah L’archipel est connu par ses traditions festives. Les fêtes s'organisent la plupart des temps dans la cour familiale ou dans une place du village décorées par des branches de palmiers et des tapis multicolores dits « Margoums ». L'archipel est connu pour sa musique folklorique. Depuis des centaines d'années les kerkenniens célèbrent mariages, circoncisions, réussites de baccalauréat, remises de prix et proclamations des élèves des écoles avec une animation assurée par des troupes de tambours appelés « Tbal ». El koffa Une particularité des traditions sociales et des rites lors des cérémonies de mariages préservée depuis des générations et qui caractérise quelques villages de l'île tel que Ouled Kacem (mariage en mer). Cet héritage socio-culturel transmis d’une génération à une autre montre la richesse de la culture kerkenienne et accentue la particularité de l’identité du kerkennien. Habitants L’hospitalité méditerranéenne n’est plus à démontrer. Ce n’est rien à côté de celle des kerkenniens. Ces derniers sont des gens chaleureux connus par leur hospitalité extrême. Ils sont très accueillants. Gentillesse, convivialité et simplicité sont leurs maitres mots. Si vous visitez Kerkennah, vous n’aurez pas seulement le sentiment d’être accueillis mais vous vous sentirez que vous faites parties d’eux. A l’archipel, vous pourrez vous promener en toute sécurité. Musée el Abassiya Ce musée rassemble des objets insulaires ayant un intérêt historique, ethnographique, artistique et civilisationnel. Le musée est également un centre d'étude scientifique destiné à accueillir des étudiants stagiaires et des chercheurs qui s'intéressent à l'histoire de Kerkennah et au patrimoine de l'archipel. Ce musée est ouvert à tout public et offre une image saisissante d'une île flottante et hybride, d'un fragment de terre qui ne tire sa force et sa signification que de la mer qui l'entoure et la berce.
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« Le patrimoine représente un enjeu considérable pour les territoires insulaires » (Lompard & Labescat, 2010). Le patrimoine peut être naturel, bâti ou immatériel de l’ordre culturel, gastronomique …. Toutes ces caractéristiques représentent l’identité locale des insulaires et leur mode de vie et tout ça va être un avantage pour construire un projet de développement durable concernant l’archipel. II.3 Vulnérabilité des îles de Kerkennah L’archipel est un milieu fragile, et cette fragilité du paysage a fait de lui un terrain favorable pour différents agents d’érosion et plusieurs formes de dégradations. Un littoral menacé
Cette vulnérabilité a été constatée tout d’abord par un réchauffement de 3°C entre 1993 et 2009, qu’en résulte une élévation du niveau de la mer et un envahissement de la terre. Cette élévation accélérée du niveau de la mer touche plus de 78km de littoral fragile de l’archipel. Les mouvements enregistrés de la marée dans le port de Sfax sont trois fois plus élevés que la moyenne mondiale. Il en résulte qu’une élévation de 50 centimètres de niveau marin risque de causer une perte de 4500 ha de terres (soit 30 % de la superficie totale) d’ici une trentaine d’années. La tempête du 16 janvier 2010 où la mer a pénétré plus de 50m dans le continent, en provoquant la submersion de vastes étendues, est l’un des événements qui sont restés gravés dans la mémoire des habitants de l’archipel (Hellal & Jarraya, 2012). Des ressources en eau limitées et menacées de salinité
Il y a aussi le problème des ressources en eaux limitées et la salinisation des terres. En effet, la faiblesse des pluies n’a pas favorisé la formation d’un réseau hydrographique important. Le niveau de la nappe phréatique est très proche de la surface (moins de 3m de profondeur). Sa salinité est inférieure à 3 g/l, tandis que l’épaisseur de la lentille d’eau est très faible (1m) (CRDA, 1994). La possibilité d’exploitation de cette nappe est très faible et tout abus pourrait engendrer une augmentation de la salinité. La pression démographique : facteur de fragilisation
Nous ne pouvons pas nier aussi la responsabilité anthropique dans l’accentuation de taux de cette fragilité. En effet, l’importance de la pression humaine depuis l’antiquité ainsi que la densité des travaux d’aménagement récents ont fait des îles de Kerkennah un
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
espace, où les formes de la dégradation dues à la fragilité environnementale sont accentuées par l’Homme. En effet, le nombre de personnes résidant sur les îles passent pendant la saison touristique, de 15000 à presque de 150000 personnes. On distingue deux types de touristes : Les Kerkenniens eux-mêmes qui vivent dans les grandes villes ou à l'étranger venant passer leurs vacances en familles et les occidentaux et en particulier les Français, Anglais et Italiens occupent les 8 hôtels de l'île.Cette pression démographique et les autres formes de dégradation posent des problèmes sérieux aussi bien pour le présent que pour le futur de l’archipel. Elles risquent de constituer une menace de plus en plus sérieuse pour l’archipel comme un espace vivable. L’archipel de Kerkennah est un territoire fragile qui est confronté à des difficultés économiques liées au déclin des activités traditionnelles, pour des raisons environnementale et climatique. En effet, la pollution marine affecte l’activité de pêche et le réchauffement climatique influence les activités agricoles. Le manque des eaux et la salinisation du sol sont responsables du déclin de l’agriculture. La régression de ces activités traditionnelles entraîne une érosion démographique dans les îles, la maind’œuvre locale migrant vers le continent. C’est pourquoi le tourisme se présente comme une deuxième chance pour l’archipel et les habitants de l’archipel. Cette fragilité de l’île pourrait être un argument d’attraction d’une clientèle touristique bien spécifique, qui est responsable envers l’environnement, et consciente des changements futurs. II.4 Exemples de projets touristiques de valorisation du patrimoine Le centre et l’association CERCINA (1998)
CERCINA est une association qui a pour objectif de stimuler les recherches sur les îles et l’insularité dans la méditerranée. Elle a organisé des visites dans les îles inhabitées, comme Roumadia qui se trouve à l’extrême nord de l’archipel. Le centre CERCINA a créé le musée du patrimoine insulaire d’El-Abbassya, qui rassemble et conserve des objets insulaires ayant un intérêt historique, ethnographique, artistique et civilisationnel. Il présente des objets d’art, des scènes de la vie quotidienne, les fêtes et des personnages politiques et historiques qui ont eu dans le passé une relation avec Kerkennah. (Hellal & Jarraya, 2012).
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Dar Kerkennah
C’est un hôtel écologique et de charme à Kerkennah. Ce nouvel hôtel évoque l’image d’une bâtisse construite à l’ancienne et se distingue au par ses sept coupoles. Il est érigé dans un site quasiment inhabité, au milieu des vergers plantés de vignes, de figuiers, de palmiers et d’oliviers. De style architectural kerkennien, cet hôtel possède un patio avec piscine entourée par des arcades semi-cintre et une skifa typique de la maison kerkennienne. Il reflète la sobriété de l’architecture locale, puisqu’il est construit en deux étages et blanchi à la chaux. Ouvert depuis mars 2010, il possède sa propre plage et se situe à proximité du site archéologique de Borj Lahsar. Dar Kerkennah est le premier hôtel en Tunisie qui possède une vue sur des ruines et le huitième dans le monde (Source en ligne http://www.darkerkennah.com/).
La capacité de cet hôtel est de 43 lits (15 chambres et une
suite). Ce jeune promoteur classe son unité comme hôtel écologique et de charme, dont l’activité n’est pas basée sur le balnéaire, mais sur le bien-être, le dépaysement, la nature préservée et la proximité des monuments. Il a prévu de générer une électricité d’origine solaire. Cet hôtel offre la possibilité à ses clients de faire des promenades à Kerkennah à vélo et à cheval (Hellal & Jarraya, 2012).
Source : Récupéré sur http://www.darkerkennah.com/
Figure 24 : Dar Kerkennah
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II.5 Conclusion L’archipel de Kerkennah est caractérisé par un paysage varié et une richesse écologique indéniable. Toutefois, il présente des contraintes naturelles qui s’accentuent par une action anthropique qui fragilisent d’avantage ce territoire vulnérable. À travers l’histoire, les habitants des îles ont su s’adapter aux spécificités naturelles de leur territoire et créer un savoir-faire spécifique à eux en matière de pêche, d’agriculture et d’artisanat. Mais malgré les adaptations, la vulnérabilité du territoire présente encore des difficultés de plus en plus contraignantes pour ces secteurs. Après l’étude que nous avons faite, nous avons démontré que la fragilité de l’archipel constitue en elle-même, un potentiel qui -exploité de manière réfléchie et intelligente- peut créer un produit touristique original à Kerkennah, capable d’attirer une clientèle spécifique et de développer un tourisme hors saison. En effet, la présentation d’un produit touristique qui s’appuie sur les normes du tourisme durable mettra en valeur les potentialités de l’archipel et réduira les impacts nocifs du tourisme de masse. De ce fait, les acteurs locaux sont appelés à jouer un rôle important dans le développement de leur territoire à travers leur implication dans une planification stratégique globale et un marketing territorial qui valorise les spécificités de leur archipel.
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
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CHAPITRE III :
REMLA : UN VILLAGE EN
PERPETUEL MUTATION
III.1 Introduction Le 16ème siècle marque le début d'une période relativement stable, chose qui a favorisé l'émigration et l'installation aux 14 îles de Kerkennah de plusieurs familles venant du Sahel. La population était répartie dans 7 villages. Les villages situés à l’intérieur des terres agricoles sont : Chargui et Er-Remla et les villages côtiers sont : d'Ouled Yaneg, Ouled Kacem, Ouled Bou Ali, Kellabine et Attaya. Ces villages présentent des similitudes en termes de regroupement (village à caractère regroupé, village à caractère regroupé avec quartiers séparés et village à caractère dispersé) et de typologie des logements influencées par les immigrations sahéliennes. Par contre, les habitants de chaque lieu ont parfois leur propre accent et leur propre comportement et vécu en moins d’un kilomètre de distance . L’histoire turbulente bde ces îles découle de ces différences , qui étaient probablement à l’origine de l'implantation de
ces noyaux. Dans ce chapitre, nous allons analyser le village d’Er-Remla, à l’échelle urbaine et architecturale, puis nous allons passer à l’analyse du site d’intervention.
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
III.2 Analyse du cadre général d’intervention Morphogenèse de El-Remla
Figure 25 : Plan du village ancien de Remla
Figure 26 : 1er pas vers l’urbanisation de la Ramla
Figure 27 : Un appel à l’étalement vers la mer
Figure 28 : l’opération de l’aménagement de Remla Jdida
Figure 29 : Remla actuelle
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Parcours séquentiel à Dwiryet : Quartier d’intervention
Remla ancienne compte 5 quartiers principaux : Azezba, Dwiryet, Gabgouba, Ben yaala et Chtiwin. Notre étude va concerner seulement le quartier : Dwiryet
Source : Auteur
Figure 30 : Dwiryet
Nous allons faire découvrir quelques séquences de ce quartier pour mieux comprendre l’esprit du lieu avant de commencer l’analyse de notre support d’étude.
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Source : Auteur
Figure 32 : Parcours sĂŠquentiel
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
III.3
Analyse du support d’étude
Nous avons choisi comme support d'étude 3 maisons qui se situent à Dwiryet. Elles sont juxtaposées et donnent sur une piste piétonne. Ces maisons traditionnelles ou « Dar Arbi » sont délaissées par leurs propriétaires, vu que chacune des maisons est sous la propriété de plusieurs familles. Leurs constructions datent du début du 20ème siècle entre 1900 et 1910. Nous allons commencer par présenter ces maisons une par une
Source : Auteur
Figure 33 : Support d’étude
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Dar Abdallah
Situation
Echelle 1/2000
Figure 34 : situation de dar Abdallah
Présentation Dar Abdallah était vendue par l’un de ces héritiers sans l’accord des autres. Ce qui a engendré un problème foncier depuis des années et jusqu’à maintenant aucun parmi eux n’a le droit d’y toucher. Faute d’entretien l’état de la maison s’aggrave avec les jours.
Source : Auteur
Figure 35 : entrée dar Abdallah
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Figure 36 : vue de dessus dar Abdallah
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Figure 39 : Sedda
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 38 : détail Figure 37 : toiture porte effondrée Source : Auteur
Figure 40 : Skifa dar Abdallah
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Dar el Gnidez
Situation
Figure 41 : situation de Dar el Gnidez
Echelle 1/2000
Présentation Dar el Gnidez est sous la propriété de 4 familles. Chacun d’entre eux ne veut pas vendre sa part vue sa valeur affective. Ils utilisent les chambtres ‘’Bit’’ comme dépôt. Eventuellement chacun d’entre eux construira une maison indépendante ce qui menace l’authenticité du lieu. Source : Auteur
Figure 42 : partie en ruine de la maison
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Figure 43 : l’état actuel du patio
Source : Auteur
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 45 : linteau en bois
Figure 46 : façade d’une ‘’ Bit ‘’
Figure 47 : mur détruit
Source : Auteur
Figure 44 : toiture effondrée
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Dar Khalfoun
Situation
Figure 48 : situation de dar Khalfoun
Echelle 1/2000
Présentation Cette maison est délaissée par ses 3 propriétaires. Elle est exploitée par les voisins pour l’élevage des poulaillers ou pour la cuisson du pain traditionnel.
Source : Auteur
Figure 50 : Tabouna ( four traditionnel )
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 51 : Patio dar khalfoun
Figure 49 : Entrée de dar Khalfoun
Source : Auteur Source : Auteur
Figure 52 : Mur effondré
Figure 54 : Patio dar Khalfoun
Source : Auteur
Figure 53 : Majel (puit à eau)
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Etat de l’existant
Les maisons construites selon le mode traditionnel basé sur l’utilisation des matériaux locaux notamment les dérivés du palmier. Si naturels soient-ils, ces matériaux ont pu résister pendant des siècles aux différents phénomènes naturels et ont montré force de survie leurs permettant d’échapper aux effondrements ou aux ravages. Malheureusement, ces maisons n’ont pas pu échapper à l’abondant et au délaissement ce qui a causé la détérioration de leurs états au point d’effondrement partielle ou totale. En effet, on constate à première vue la nudité des murs (absence totale d’enduit), les pierres sont apparentes, les portes sont dans un état lamentable, usées et abimés.
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 56 : Absence d’enduit sur les murs
Figure 55 : Etat d’une porte d’entrée
Dès qu’on dépasse la porte d’entrée, un jeu d’ombre et de lumière nous envahie : les toitures ressemblent à des cases d’échiquier, des parties sont disparues, d’autres en cours.
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 57 : Etat des toitures
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Concernant les murs, certains sont en bon état malgré l’absence de l’enduit, d’autres nécessitent une intervention rapide vu l’existence d’une menace de chute.
Source : Auteur
Figure 58 : mur en bon état Source : Auteur
Figure 59 : mur effondré
Les portes sont tout en bois ainsi que les linteaux, leurs états varient d’une porte à une autre.
Source : Auteur
Source : Auteur
Figure 60 : linteau en bon état
Figure 61 : linteau endommagé
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Le sol est sableux sans aucune trace de revêtements. Heureusement, les chambres ont pu garder une grande partie de leurs spécificités, nous pouvons distinguer facilement les parties conventionnelles d’une chambre d’un habitat traditionnel.
Source : Auteur
Figure 62 : ‘’Marrou ‘’ (placard)
Source : Auteur
Figure 63 : Sedda
Si ces édifices ont pu échapper à l’effet du temps, ils ont souffert de l’abondant de l’homme, une intervention pour sauver cet héritage peut redonner vie à ces maisons typiques qui offrent une atmosphère authentique de beauté naturelle, de détente et de relaxation offrant un accueil exceptionnel aux hôtes qui cherchent un lieu calme et serein.
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Analyse synthétique : AFOM*
Les atouts
Les faiblesses
Les opportunités à exploiter
Les menaces
-La plupart des murs porteurs sont en bon état et -L'état de ces bâtiments est en dégradation à cause -Le charme du quartier réside dans les ambiances -La dégradation de ces anciennes maisons favorise résistent encore malgré l’effet des années.
du manque d'entretien.
conviviales et du savoir-faire local de ces habitants la construction de nouveaux bâtiments selon un ainsi que leur accueil chaleureux. Nous exploitons style moderne ce qui menace le tissu urbain ancien non seulement l'originalité du patrimoine bâti mais et son homogénéité. aussi la pureté des habitants qui offrent un produit touristique unique.
-La fonction d'origine de ces bâtiments est très près -L’utilisation des patios de ces maisons par les
-Éloignement du quartier du centre économique du
de ce que nous comptons faire ce qui facilite habitants a changé au cours des années, ils ont
village.
l'injection du nouveau programme sans défiguration devenu des lieux de stationnement, des lieux de de l'existant.
dépôt et des étables. -Facilité d'accès : le projet se trouve sur une voie piétonne qui donne directement sur la voie principale.
*Un outil d'analyse stratégique. Il combine l’étude des atouts et des faiblesses, avec celle des opportunités et des menaces de son environnement, afin d'aider à la définition d'une stratégie de développement. 54
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Figure 64 : Plan RDC de l’existant
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Figure 65 : Détail linteau
Figure 67 : Détail mur
Figure 71 : Façade Sud-Ouest des maisons
Figure 70 : Coupe A-A
Figure 69 : Coupe B-B
Figure 68 : Coupe C-C
Figure 66 : Détail toiture
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
III.4 Conclusion L’étude de la morphogénèse de Ramla montre que le développement des nouvelles habitations par les opérations de la SNIT a favorisé le déménagement des habitants vers la nouvelle ville appelée Ramla nouvelle ou Ramla jdida ce qui a impliqué l’arrêt de la croissance de Ramla Kdima ou Ramla ancienne. De ce fait, les quartiers anciens sont devenus délaissés et les anciennes maisons sont de plus en plus en ruines. L’un des quartiers anciens qui subit ce phénomène est Dwiryet que nous avons choisis comme support d’étude. L'architecture dans ce quartier se base sur un modèle vernaculaire qui garantit une intégration parfaite du Kerkennien avec son contexte naturel pour répondre à ces besoins et à son mode de vie spécifique. L’originalité, l’authenticité et la valeur culturelle et patrimoniale de ces quartiers anciens présentent des richesses à exploiter afin développer un tourisme durable à l’archipel qui respecte ces spécificités. Malheureusement ces richesses sont de plus en plus négligées et risque de disparaitre. Dans cette perspective et après avoir fait des visites entre les ruelles sinueuses du quartier, nous avons choisis comme support d’étude quelques maisons traditionnelles délaissées et en état de ruine. Notre projet est une reconversion de ces maisons traditionnelles en une maison d’hôtes, un projet touristique durable, ayant pour objectif non seulement la protection et la mise en valeur du patrimoine bâti mais aussi le développement d’une activité économique tout en respectant le cadre naturel spécifique de l’archipel. L’analyse de l’architecture des trois maisons choisies nous a permis d’élaborer un diagnostic relatif à leur état actuel dans le but de définir la nature de l’intervention nécessaire. Pour garantir une intervention réussie sur un patrimoine bâtis nous nous basons sur l’analyse des projets de références que nous présentons dans le chapitre qui suit.
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Cohabiter l’ancien
CHAPITRE IV : ANALYSE DE PROJETS DE REFERENCES
IV.1 Introduction Nous allons analyser dans ce qui suit cinq projets : trois maisons de vacances (Villa Mandra, Maison B et Astley Castle) et deux maisons d’hôtes (Dar El Bibine et Wa Shan). L’objectif est d’en tirer les composantes fonctionnelles et d’appréhender leurs dimensions écologiques et ambiantes. Nous mettrons l’accent aussi sur la stratégie d’intervention concernant les projets reconvertis
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IV.2 Dar el bibine Présentation
Dar Bibine est un Houch typique Djerbien restauré et transformé en une maison d'hôtes minimaliste contemporaine tout en gardant l’aspect traditionnel située au cœur de la médina préservée d'Erriadh de l'île de Djerba.
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Programme fonctionnel
La maison d’hôtes offre à ses visiteurs un moment d’évasion avec ses « Hammams » et massages. La résidence est équipée d’une piscine située dans le patio principal et des terrasses chauffées en hiver.
Source : Récupéré sur http://www.newlooktravel.tn/
Figure 72 : Terrasse de Dar el bibine
Les chambres sont bien équipées. Elles assurent le confort du visiteur quel que soit la saison puisqu’elles sont climatisées et chauffées. De plus, Dar Bibine offre à ses clients plusieurs activités en plein air tels que les promenades à vélo, les sports nautiques et les promenades en Squad ou à cheval.
Source : Récupéré sur http://www.newlooktravel.tn/
Source : Récupéré sur http://www.newlooktravel.tn/
Figure 73 : Chambre de dar el bibne
Figure 74 : Patio de dar el bibine
Le concepteur accorde plus d’importance dans ce type de projet aux espaces communs et cela est visible en termes de superficies. En effet, les surfaces dédiées à ces espaces sont très importantes comparées aux autres fonctions.
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Dar el bibine a un programme fonctionnel spécifique à elle comme la figure ci-dessous le montre :
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Prise de position par rapport à l’existant
L’idée de restauration de cette maison traditionnelle vient tout d’abord de la volonté de préserver cette ancienne bâtisse. L’architecture de la maison d’hôtes respecte toujours l’architecture Djerbienne : la pureté de ses lignes, l’originalité de ses traits, la perfection de ses proportions. Des matériaux de construction sont mis en œuvre, tels que le bois de palmier, la terre battue, la chaux …. La restauration des coupoles, voûtes a garanti un mariage entre confort et tradition, sans dénaturer les espaces. Pas de carrelage ou de marbre, pas de lanterne ou de poterie, pas de couleurs criardes. L'esprit authentique de ce lieu est maintenu pour mettre en valeur l'essence de cette architecture tunisienne et Djerbienne. Les matériaux utilisés sont adaptés au lieu : pas de marbre au sol ou de la faïence dans les salles d’eau. Il fallait trouver les matières qui se rapprochent le plus possible des origines du bâtiment tout en apportant un minimum de confort de vie et de facilité d’entretien…. Non seulement la matière première fut délicate à trouver mais que dire de sa mise en œuvre … béton lissé et ‘’tadelakt’’ ont finalement trouvé leur place grâce à l’intervention d’artisans locaux. Le schéma si contre, explique l’approche du concepteur afin de préserver l’existant du bâtiment à travers les outils conceptuels mentionnés.
Source : Auteur
Figure 75 : Approche conceptuelle de dar el bibine
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IV.3 Villa Mandra Présentation
La villa Mandra est une maison de vacances en pierre à Mykonos avec une vue sur la mer. Elle est construite par le cabinet d'architecture grecque K Studio. Les concepteurs ont choisi la pierre naturelle et le bois comme éléments clés de la palette esthétique de la Villa Mandra. En effet, ce choix est expliqué par la volonté des concepteurs de respecter le cadre naturel environnant avec une touche de convivialité grâce à l’utilisation du bois.
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Programme fonctionnel
K studio accorde une grande importance à l’intimité des propriétaires et leurs invités. Pour cette raison, il a consacré l’étage pour les espaces privés et le RDC pour les espaces communs ou les espaces de vie
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Face à la piscine, la cuisine et les espaces de vie s'ouvrent sur la cour, avec les chambres dans des bâtiments séparés de chaque côté pour plus d'intimité. Une longue table à manger en bois se trouve du côté de la cour, sous des luminaires suspendus aux chevrons K studio a beaucoup travaillé sur les ambiances intérieures et extérieures en utilisant le jeu d'ombre et de lumière. Trois volumes simples sont disposés autour de la cour centrale, aménagés pour accueillir des repas en plein air, et profiter de la vue sur la piscine et la mer Égée. Un arbre traverse sa pergola ombragée en bois.
Source : Récupéré sur https://www.archdaily.com/
Figure 77 : L’arbre traversant la Pergola
Source : Récupéré sur https://www.archdaily.com/
Figure 76 : Vue sur la cour centrale
La photo en noir et blanc montre le contraste entre l’ombre et la lumière et les ambiances fournies par ce contraste.
Source : Récupéré sur https://www.archdaily.com/ modifié par l’auteur
Figure 78 : Jeu d’ombre et de lumière
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Matériaux de construction
"Inspirés par l'humble complexité de la langue vernaculaire traditionnelle de l'île, nous avons réduit l'architecture à deux petits volumes traditionnellement blanchis à la chaux et à un tiers de pierre creusée sur le site", a déclaré K Studio. La villa Mandra est entourée par des murs en pierre blanchis à la chaux. Ces murs ont été construits à la main en utilisant le matériau à portée de main. Certains ont été laissés unis pour se fondre dans le paysage, et d'autres sont recouverts de badigeon grec traditionnel. Les espaces extérieurs de la Villa Mandra sont ombragés par un treillis de bois de châtaignier qui forme une pergola. Au-dessus des larges portes, on trouve des linteaux en béton. Des rochers plus taillés grossièrement sont dispersés dans les couloirs et autour de la piscine.
Source : Récupéré sur https://www.k-studio.gr/ / modifié par l’auteur
Figure 79 : Approche conceptuelle de villa Mandra
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IV.4 La maison d’hôtes Wa Shan
Présentation
Wa Shan est une maison d’hôtes construite entre 2011 et 2013 par l’architecte chinois Wang Shu. Par la construction de cette maison d’hôtes, Wang Shu a voulu faire rupture avec l’urbanisation effrénée qui caractérise son pays. Le premier concept était de privilégier la proximité : Wang Shu a ici privilégié les filières courtes et les ressources locales. C’est une maison d’hôtes qui témoigne d’une alternative qui conjugue modernité, matériaux durables et traditions constructives. Le concepteur a choisi de travailler avec des matériaux traditionnels trouvés in situ : c’est sa manière d’exprimer sa propre vision du développement durable.
Source : (Garcias, s.d.) Récupéré sur https://imagesdelaculture.cnc.fr
Figure 80 : l’architecte Wang Shu
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Prise de position par rapport à l’existant
‘’Dans les quartiers voisins, avec l'aide de ses étudiants, il a ainsi récupéré des briques et des jarres de vin jaune. Matériau principal du projet, la terre utilisée provient directement du terrain où le bâtiment est construit. Hauts de 15 m, les murs en pisé sont réalisés grâce au travail artisanal des hommes qui ont pillé et damé à la main ce matériau naturel très peu utilisé en Chine. Les tuiles de la toiture proviennent des quelques maisons de paysans qui occupaient le site auparavant. Elles ont simplement été récupérées et nettoyées. Les matériaux pauvres convoqués ici ne sont pas nécessairement parés pour résister au temps mais très aisés à remplacer. Le bâtiment rend ainsi hommage aux techniques ancestrales chinoises tout en offrant une réponse aux problématiques environnementales actuelles’’ (Yann, 2017)
Source : (Shu, 2014) Récupéré sur https://www.area-arch.it
Figure 82 : Toiture en tuile
Figure 81 : Vue de l’intérieure
Wang Shu a fait preuve d'une approche sensible et poétique du savoir-faire constructif tout en utilisant un vocabulaire architectural très contemporain. Il espère également réinterpréter ses formes et usages traditionnels dans le projet, afin de reproduire la continuité traditionnelle souvent perdue en Chine. Il a montré son attention sur le site, l'histoire du site, les utilisations précédentes et les options de réutilisation des matériaux qui ont déjà été utilisés. Pour lui un bâtiment n’existe que dans la relation qu’il entretient avec le paysage.
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Une trentaine de murs parallèles orientés nord-sud posent le premier jalon fondateur du bâtiment, affirmant la perméabilité avec l'environnement naturel plutôt qu'une position d'enclos.
Source : (Shu, 2014) Récupéré sur https://www.area-arch.it
Figure 83 : Les murs parallèles
Source : (Shu, 2014) Récupéré sur https://www.area-arch.it
Figure 84 : Perméabilité du bâtiment
Entre les murs se trouvent des cours intérieures et des piscines, ainsi que des éléments solides avec des fonctions procédurales : salons de thé, centres de conférence, restaurants et divers hébergements.
Source : (Shu, 2014) Récupéré sur https://www.area-arch.it
Figure 85 : Vue de l’intérieur
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IV.5 Maison B. en Alger Présentation
La maison B est conçue par l’architecte Alia Bengana en 2006 située sur une orangeraie en terrasses ponctuée de quelques palmiers centenaires en Algérie. Elle est une maison écologique contemporaine qui prend soin de la nature environnante. Dans son projet, l’architecte réussit un pari écologique sans avoir eu recours aux dernières technologies existantes. La maison repose sur un socle en pierre jaune de Kabylie, dans la continuité des terrasses existantes.
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Programme fonctionnel
L'espace de vie principal se développe à l'étage, et son orientation sud et sa terrasse coïncident avec la dernière branche de l'oranger sur la terrasse inférieure. La salle de réception, les salles à manger intérieures et extérieures et l'appartement du propriétaire touchent directement cette spacieuse terrasse. La salle à manger extérieure est une terrasse qui s'ouvre sur l'oranger, créant une transition entre l'espace public et l'espace privé du propriétaire. Toutes les ouvertures de la maison sont considérées comme des peintures qui s'ouvrent sur la nature environnante, parfois encadrées de palmiers, d'orangers ou de yucca.
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Prise de position par rapport à l’existant
La conception de la maison doit autant que possible préserver la végétation existante : par conséquent, le passage principal le long du mur de pierre est réalisé en montant des escaliers, qui pénètrent dans l'espace à deux fois la hauteur. Sur l'axe du palmier, tout cela peut être vu à travers la canopée. En Algérie, pour des raisons de sécurité, il est nécessaire de doubler l'ouverture avec une grille métallique. Intégrez ces grilles dans l'architecture dès le début du projet. Ils ont réalisé deux carrés de plaques métalliques de 5 cm de long, réinterprétant les portes en bois ou en métal des maisons traditionnelles algériennes.
Source : (Ben Gana, s.d.) Récupéré sur https://www.aliabengana.com modifié par l’auteur
Figure 86 : Ouverture sur la végétation existante
Source : (Ben Gana, s.d.) Récupéré sur https://www.aliabengana.com
Figure 87 : Vue de l’extérieur
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Approche environnementale et écologique
Une attention particulière est portée à l'impact environnemental : l'eau de pluie est collectée dans la partie nord de la toiture et injectée dans le système d'irrigation du jardin, tandis que l'eau de la terrasse est transférée vers la façade. Au sud, passez les anciennes tuiles trouvées en Kabylie. Par conséquent, l'eau qui coule des terrasses est utilisée pour irriguer les bougainvilliers poussant le long de la base. En été, un mur de piédestal très épais sépare les pièces du premier étage, tandis que le bâtiment en béton assure une ventilation latérale.
Source : (Ben Gana, s.d.) Récupéré sur https://www.aliabengana.com
Figure 88 : Vue sur le jardin
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IV.6 Astley castle Présentation
Une maison contemporaine insérée derrière les murs en ruine d'un château en ruine du XIIe siècle dans le Warwickshire, en Angleterre, par Witherford Watson Mann. Cette maison se caractérise par le mariage original entre la construction existante et les parties rajoutées. L’approche de rénovation de cette maison est un exemple réussi qui sert à être une référence à suivre.
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Prise de position par rapport à l’existant
Des briques d'argile sont utilisées pour combler les lacunes de la structure, formant un contraste clair entre l'ancienne et la nouvelle structure. Les poutres en bois lamellé forment un nouveau système de plancher et de plafond, créant des espaces de vie et des chambres dans la partie la plus ancienne du château. Le toit en bois enjambe également les extensions ajoutées aux XVIe et XVIIIe siècles, mais au lieu de couvrir ces espaces, il forme simplement un auvent creux, exposant la cour d'entrée à la pluie. Mise en place de la structure Etat de l’existant
Aboutissement
Source : (WITHERFORD WATSON MANN architects, s.d.) Récupéré http://www.wwmarchitects.co.uk/projects/astley
Figure 89 : Approche conceptuelle de Astley castle
Woodman a déclaré que «la plupart des autres participants considéraient le mémoire comme une invitation à faire une intervention qui contrastait considérablement avec la ruine globale, Witherford Watson Mann a reconnu que la tâche la plus excitante - pour ne pas dire abordable - était de développer une stratégie de réparation qui permettrait une partie du tissu existant à remettre en service ". (Woodman, 2013) Le travail de brique rejoint le vieux mur de pierre Source : (WITHERFORD WATSON MANN architects, s.d.) Récupéré sur http://www.wwmarchitects.co.uk/projects/astley
Figure 90 : le joint entre le mur en pierre et le mur en brique
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Programme fonctionnel
L'architecte a conçu une résidence de deux étages qui peut s'accroupir dans le lourd mur de grès du bâtiment. Les quatre chambres pouvant accueillir huit personnes sont situées aux étages inférieurs de la maison. L'escalier en chêne mène au salon au deuxième étage, où l'architecte a ajouté deux nouvelles fenêtres pour augmenter la lumière naturelle. Pour Heathcote, le bâtiment se présente comme « une intervention exquise et
Source : (WITHERFORD WATSON MANN architects, s.d.)
magnifiquement travaillée ». Décrivant la
Récupéré sur http://www.wwmarchitects.co.uk/projects/astley
salle à manger extérieure comme «
Figure 91 : Salle à manger extérieure
l’espace le plus extraordinaire », « ouvert aux
éléments
mais
intensément
architectural ». (Heathcote, 2013) La décision de placer la chambre et la salle de bain au rez-de-chaussée et les espaces
publics
au-dessus
rend
l'expérience à la maison très spéciale, car l'espace le plus impressionnant peut être
Source : (WITHERFORD WATSON MANN architects, s.d.)
les ruines extérieures.
Récupéré sur http://www.wwmarchitects.co.uk/projects/astley
Figure 93 : Le salon
Source : (WITHERFORD WATSON MANN architects, s.d.) Récupéré sur http://www.wwmarchitects.co.uk/projects/astley
Figure 92 : Vue de l’extérieur
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
IV.7 Synthèse Projet
Toponymie
Type d’intervention
Dar El Bibine
Maison d’hôtes
-Restauration
Programme fonctionnel
Dimension écologique
L’utilisation des matériaux locaux : le bois de Un mariage entre confort et tradition.
et La fonction suit les espaces existants.
reconversion en une maison d’hôtes
Ambiances
La maison d’hôtes présente des activités à
palmier, la terre battue, la chaux …. L'esprit authentique de ce lieu est
l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur.
maintenu
-Préservation de l’ancienne bâtisse
Villa Mandra
Maison de vacances
Nouvelle construction
Les espaces privés sont à l’étage et les L’utilisation du bois et de la pierre naturelle Un jeu d’ombre et de lumière afin espaces en commun sont en rez-de- dans le cadre de respect du cadre naturel d'offrir un vécu architectural unique chaussée
pour
garder
l’intimité
des environnant
L’introduction de l’élément végétal
propriétaires et des invités. Un contraste entre les murs en pierre apparent et les autres blanchis à la chaux
L’utilisation du bois ajoute une touche de convivialité dans l’espace Les ambiances extérieures sont aussi importantes que les ambiances des espaces intérieurs.
Wa Shan
Maison d’hôtes
Nouvelle construction
Réutilisation
recyclage
L’utilisation
des
La
touche
de
modernité
est
techniques de construction traditionnelles. La indispensable. valorisation
du
savoir-faire
ancestrale :
Principes du régionalisme critique. 3
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Maison B
Maison de vacances
Nouvelle Construction
L'espace de vie principal est à l'étage, sa La préservation de la végétation existante
Contraste entre la pierre naturelle et
terrasse s’ouvre sur l'oranger.
la couleur blanche La collecte des eaux pluviales
Astlet castle
Maison de vacances
Un contraste clair entre Les chambres et la salle de bain sont au rez- Le travail de brique rejoint le vieux mur de Un mariage original entre l’ancien et l'ancienne
et
la de-chaussée et les espaces publics sont au- pierre
nouvelle structure.
le nouveau
dessus.
L’injection des fonctions au sein des
Conclusion
anciens bâtiments s’adapte aux espaces existants. Tous les concepteurs ont pris en considération le l’existant que ce soit le bâti ou
La séparation entre les espaces des invités et les espaces des propriétaires.
l’environnement La surface la plus importante est donnée
immédiat. Ils ont tous mis toujours pour les espaces communs en valeur le patrimoine quel
Recourt à une approche écologique durable par Utilisation de l’esprit authentique des rapport à la gestion des ressources locales lieux tout en jouant sur les dualités (matériaux) et naturelles (L’eau ).
tradition / confort et Ancien/ nouveau pour créer des ambiances originales
que soit la nature et le type de
l’intervention
architecturale.
3‘’Le régionalisme critique est une approche de l’architecture qui s’efforce de contrer la placidité et le manque d’identité du style international, mais qui rejette aussi l’individualisme fantaisiste et l’ornementation de l’architecture postmoderne. Les styles de régionalisme critique cherchent à fournir une architecture enracinée dans la tradition moderne, mais liée au contexte géographique et culturel. Le régionalisme critique n’est pas simplement le régionalisme au sens de l’architecture vernaculaire. C’est une approche progressive de la conception qui cherche à servir de médiateur entre les langues d’architecture globales et locales’’ (Frampton, 1983)
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
CHAPITRE V :
INTERVENTION
ARCHITECTURALE
V.1 Introduction Les opérations d'intervention sur un patrimoine bâti sont diverses. Leur choix dépend du type du patrimoine et de sa valeur.
Rénover, régénérer, reconvertir, requalifier,
réhabiliter… autant de termes en « re- » qui indiquent des mutations profondes, une « re» composition des espaces et des territoires. Autant de termes qui ont besoin de définitions et d’une différenciation exacte l’un par rapport à l’autre pour faire le choix convenable à un contexte choisi Dans ce chapitre nous allons définir les différentes méthodes pour intervenir sur un bâtiment existant.
82
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
V.2 Restaurer, rénover ou réhabiliter ? Restauration
La restauration a pour but de recréer le plus fidèlement possible l'ensemble des caractéristiques d'un bâtiment ayant une valeur patrimoniale. Ceci dépend des bâtiments, de la valeur patrimoniale, de la charte choisie, etc. On considère que le bâtiment doit évoluer et s’adapter aux besoins de ses habitants. Dans un tel type d’intervention on doit remettre à l’identique ou distinguer l’ancien du nouveau. Nous pouvons citer comme exemple le projet de conservation et de mise en valeur du mausolée de Sidi Founkhal : Ce projet est entamé depuis octobre 2008. Le mausolée se situe à la délégation de « Erramla » à l’est de l’Ile de Kerkennah. Le monument renferme 3 composantes : le mausolée de Lalla Hlima, un jardin qui entoure le monument et des constructions tardives inachevées.
Avant les travaux
En cours des travaux
Après la restauration
Source : Récupéré sur http://www.inp.rnrt.tn
Figure 94 : conservation et de mise en valeur du mausolée de Sidi Founkhal
Rénovation
La rénovation consiste principalement à démolir pour reconstruire. Il s’agit de faire du neuf à partir de l’ancien. Par contre, quelques témoins non gênants peuvent subsister. Nous pouvons citer comme exemple le projet de rénovation de la Samaritaine, à Paris, par SANAA À l'origine quatre corps de bâtiment Art-Déco forment l'ensemble de la Samaritaine. Toutes les façades de qualité ont été rigoureusement conservées à l'exception d'un corps
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
de bâtiment qui a été entièrement rénové avec une façade « unifiée ondulante, diaphane reflétant les bâtiments anciens parisiens. » Le projet souhaite donner un renouveau contemporain à l'ensemble et constitue selon Sanaa « un renouvellement de l'image de la Samaritaine sur l'espace public parisien ». La proposition de Sanaa fut révoquée avant le commencement du chantier, après des recourt en justice d'associations de défense du patrimoine.
Façade avant rénovation
Façade après rénovation
Figure 95 : Rénovation de la Samaritaine
Réhabilitation
La réhabilitation est une démarche qui implique le retour à l’état initial du bâti tout en faisant des prolongements, des réinterprétations de l’ancien. Donc cette démarche consiste à favoriser des interventions respectueuses des caractéristiques principales du bâtiment de façon à préserver son « esprit patrimonial » (volumes, ouvertures harmonieuses avec le style de la construction, revêtements approchant les revêtements originaux, etc.) tout en remplaçant d’autres éléments en changeant l’usage des lieux ou construisant des ajouts. Cette façon d'intervenir permet de préserver le caractère et la cohérence des ensembles architecturaux. Il existe divers types de réhabilitations : Réhabilitation légère Ce type de réhabilitation est destiné aux édifices plus ou moins conservés. Il vise à améliorer un équipement bien ciblé du bâtiment (équipement sanitaire, peinture). Réhabilitation moyenne Ce type de réhabilitation s'intéresse aux bâtiments ayant une structure porteuse en bon état Elle nécessite des travaux légers sur la peinture, les cages d'escaliers, ...Elle nécessite dans certains cas aussi l'installation d'équipements de climatisations et de chauffage. 84
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Réhabilitation lourde Ce type de réhabilitation permet d'effectuer des ravalements de façades, de réfection de toitures mais surtout des interventions sur les maçonneries et le gros œuvre. Réhabilitation exceptionnelle Ce type de réhabilitation est destinée aux bâtiments en état de dégradation avancée, Elle permet de remettre ces bâtiments en état par le renforcement de certaines parties comme la toiture, la cage d'escalier, les structures porteuses… Nous pouvons citer comme exemple la réhabilitation lourde d’une Maison secondaire en Bresse en une maison de vacances Le défi était de transformer une maison sans caractère et très insalubre, en une maison secondaire stylée et saine pour des vacances familiales dans la belle campagne de l'Ain. La maison était en mâchefer et pisé dans la région de Bourg-en-Bresse. L’ancienne habitation, proche d'un état insalubre en raison de l’humidité, a retrouvé une nouvelle vie avec des espaces lumineux, sains et accueillants. Compte tenu du mauvais état de l'habitation initiale et des modifications envisagées, les travaux de maçonnerie ont été relativement impactant sur la structure, comme sur l'aspect des façades. Ces travaux furent accompagnés par la nécessité de sauvegarder et de réparer le bâti existant en profitant, notamment, des percements d'ouverture réalisés en façade.
Avant les travaux
Après démolition
Installation électrique et redistribution des pièces
Après réhabilitation
Source : Récupéré sur https://www.archilyon.fr
Figure 96 : Réhabilitation lourde d’une Maison secondaire
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
V.3 Reconversion La reconversion est une opération qui consiste à attribuer à des bâtiments abandonnés des fonctions différentes des fonctions attendues pour les rendre utiles aux services urbains et sociaux. Il s'agit de valoriser les lieux délaissés avec de nouvelles fonctions en s'adaptant à la forme du bâtiment. Pour réussir, la nouvelle fonction doit correspondre au lieu et montrer sa qualité et selon l'article 5 de la charte de Venise 1946 « une telle affectation est donc souhaitable mais elle ne peut altérer l'ordonnance ou le décor des édifices. C'est dans ces limites qu'il faut concevoir et que l'on peut autoriser les aménagements exigés par l'évolution des usages et des coutumes. ». Nous présentons les trois stratégies de reconversion possibles suivantes : Reconversion par continuité
Cette stratégie de reconversion tire des références des bâtiments existants et les maintient cohérents avec la forme des bâtiments existants. Il répond à un programme fonctionnel donné tout en respectant le langage de l'ancien bâtiment, c'est un problème, c'est-à-dire d'utiliser le même type que le bâtiment à transformer pour conserver une certaine image de ville. Exemple : La reconversion par continuité de l'église Sainte-Marie en un marché couvert
Figure 97 : L’église Sainte-Marie reconvertie en marché couvert
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
En 1905, l'église Sainte-Marie est classée Monument Historique. Elle est transformée en 2001 en marché couvert et en espace culturel par l'architecte de renommée mondiale Jean Nouvel. Il s'agit de reprendre la même typologie que celle de l'édifice à reconvertir et ceci dans le but de préserver une certaine image urbaine. Reconversion subtile
Comme son nom l'indique, cette intervention n’avance pas trop de changements par rapport aux bâtiments existants, et elle n'est pas du tout extravagante. Le but est d'utiliser le nouveau tout en respectant l'ancien. Cette méthode de reconversion permet de distinguer le bâtiment patrimonial des volumes ajoutés tout en le mettant en valeur. Exemple : La subtile reconversion d’une église espagnole Située à Vilanova de la Barca
Source : Récupéré sur https://www.detailsdarchitecture.com
Figure 98 : La reconversion d’une église espagnole
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
L'intérêt de restaurer cette église réside toujours dans la fusion de l'ancien et du nouveau. En effet, en récupérant les morceaux de ruines et en les restaurant, les architectes ont réussi un pari subtil : l'intégrer dans le nouveau bâtiment tout en conservant l'esprit du passé. De l'extérieur, on a l'impression que l'ancienne église existe encore alors qu’elle a subi d'énormes changements. A l'intérieur, l'ambiance présente une certaine tranquillité, et la couleur blanche lui donne une grande clarté. Un fin dialogue entre l'ancien et le nouveau Reconversion par contraste
En revanche, les stratégies d'intervention vont souvent à l'encontre des styles architecturaux et morphologiques des bâtiments traditionnels. Le concepteur choisit de s'exprimer et prône la contradiction avec les bâtiments existants. Le contraste entre l'ancien et le nouveau se vérifie à travers plusieurs aspects : le contraste de la forme, de la matière, de la texture et du vocabulaire architectural. Exemple : Military History Museum Dresden by Daniel Libeskind
Source : Récupéré sur https://www.inexhibit.com
Figure 99 : Vue de l’extérieure du musée
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Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
V.4 Du tourisme durable vers une architecture durable Notre projet fait partie du secteur de tourisme durable. Il adopte une architecture durable qui fait appel à : L’aspect écologique
Une architecture qui s’appuie sur l’usage des matériaux locaux, prend en considération les conditions climatiques spécifiques du lieu et optimise l’usage des ressources naturelles disponibles comme l’eau et l’énergie. L’architecture bioclimatique Nous adoptons l’architecture bioclimatique qui consiste à profiter au maximum des avantages de la situation du bâtiment. Le programme de la construction doit s’adapter aux caractéristiques particulières du terrain : les espaces de vie ou les espaces de jour devront bénéficier d'un maximum de soleil et de lumière. Au contraire, les espaces techniques ou de service seront protégés afin d'éviter les surchauffes.
Source : Récupéré sur https://eco-renover.parc-vosges-nord.fr/encourager-l-eco-renovation/construire-ou-renover-les-clefs-pour-bien-choisir/ /
Figure 100 : La conception bioclimatique
La conception bioclimatique est propice à une structure compacte pour minimiser la surface et le nombre de murs en contact avec l'extérieur, minimisant ainsi les pertes de chaleur à travers ces murs. Les ouvertures dans un tel type de constructions sont de petites dimensions pour réduire les échanges thermiques entre l’intérieur et l’extérieur. L'énergie solaire qui entre dans l'habitation par les fenêtres, est absorbée par les murs, les planchers, le mobilier, puis restituée sous forme de chaleur. Il s'agit donc de profiter au maximum de ces apports en hiver, et de s'en protéger en été par des casquettes ou brisesoleils. 89
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
L'énergie solaire qui entre dans la maison par les fenêtres est absorbée par les murs, les sols et les meubles, puis libérée sous forme de chaleur. Par conséquent, il est difficile de tirer pleinement parti de ces apports en hiver et de se protéger en été avec des casquettes ou brise-soleils.
Source : Récupéré sur https://eco-renover.parc-vosges-nord.fr/encourager-l-eco-renovation/construire-ou-renover-les-clefs-pour-bien-choisir/
Figure 101 : Apport solaire
/
La gestion de l’eau •
La valorisation des eaux de pluie est possible par deux systèmes de stockage : la mise en place d’une citerne de récupération d'eau qui permet de disposer d'une réserve d'eau et une toiture végétalisée qui permet d'absorber un volume d'eau important.
Evènement pluviale
utilisation de l'eau stockée
Ruissèlement de l'eau sur une surface de récupération
Stockage de l'eau de pluie
Source : Auteur
Figure 102 : La récupération et la réutilisation des eaux pluviales
Dans notre projet nous pouvons restaurer les anciens Majel qui existent dans les maisons pour le stockage des eaux pluviales 90
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Source : Auteur
Figure 103 : Les anciens Majels
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Toitures végétalisées
Les toitures végétalisées permettent de limiter les rejets d’eaux pluviales dans les réseaux d’assainissement. Face à la croissance de l’urbanisation, à la saturation des réseaux d’assainissement, à des épisodes de pluies de plus en plus intenses, il est primordial de créer ces surfaces perméables.
Figure 104 : Détail d’une toiture végétalisé
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Conception d’une Piscine écologique
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Une piscine écologique présente certainement une fraîcheur esthétique pour les yeux et contribue à une réduction des écarts thermiques. Cet ensemble de plans d’eau naturels présentent de nombreux avantages ; *Aucun produit chimique *Qualité d’une eau non chlorée *Aspect esthétique, contact avec la faune et la flore - les oiseaux, papillons, libellules et autres seront plus nombreux à venir visiter votre jardin *Frais d’entretien réduits *Frais de conception et de construction avantageux Comment fonctionne une piscine écologique ? L’épuration d’une piscine écologique se fait naturellement. En effet un bassin naturel est divisé en quatre zones : *Zone centrale de baignade : Cet espace, équivalent ou inférieur à la zone réservée aux plantes, est l’endroit où s’effectue l’immersion. Dans cette zone, on retrouve généralement un filtre à sable, une écumoire, un compartiment de sédimentation et un filtre UV. *Zone de filtration périphérique : Moins profonde, cette partie accueille les plantes épuratives qui participent à l'assainissement naturel de l’eau. *Zone d’oxygénation : Afin de bien aérer le bassin, différents modes de recirculation de l’eau sont habituellement inclus — chutes, cascade, etc. On y retrouve également les plantes d’oxygénation. Ici, l’eau traverse la ceinture végétale, se tempère au contact des galets chauffés par le soleil, puis retourne au bassin d’immersion.
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*Zone de régénération : Fréquemment appelée lagune, cette zone, plus profonde, sert de transition visuelle entre le milieu végétal et aquatique. Ici sont installés les nénuphars ainsi que les diverses plantes flottantes.
Source : image © Symbiose Paysage, Récupéré sur https://www.ecohabitation.com
Figure 105 : Fonctionnement et zones d'une piscine naturelle
La profondeur de la zone de baignade doit être entre 1,5 et 2,5 m. Plus le bassin est grand et profond, plus les algues sont rares. En revanche, les piscines trop profondes seront difficiles à réchauffer. Par conséquent, il est recommandé de creuser la zone de baignade entre 1,5 m et 2,5 m. Il faut prévoir une surface minimale de 50 m2 pour un bon équilibre biologique Le soleil favorise la prolifération des algues et la photosynthèse. Il faut donc éviter d’installer la piscine écologique en plein soleil et la protéger avec des plantes au feuillage flottant. Les ressources locales •
Réutilisation des matériaux locaux d’une manière contemporaine
Nous allons faire recourt à des matériaux locaux notamment la pierre qui peut être réutilisée ou bien extraite du terrain. Ainsi que la terre et l’argile qui sont mélangées avec le sable et la chaux pour donner un mortier teinté aux couleurs de la terre. Ce mortier poreux constitue un meilleur isolant thermique que le ciment et réduit les problèmes d’humidité et de condensation. Sans oublier que la chaux est un matériau moins énergivore que le ciment. En plus des différentes composantes du palmier ; le bois de
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palmier pour les portes et les linteaux en bois …. Les troncs du palmiers (Oud) et le petiote (Kernef) pour les toitures…La Peinture prévue est à la chaux. Aucun produit chimique synthétique n’est utilisé. Nous allons également utiliser l’une des techniques de construction en terre crue comme étant l’un des meilleurs matériaux de construction, durable et naturelle . La terre est composée de sable, de limons et d’argile.
Source : Récupéré sur https://www.permaculturedesign.fr/permaculture-construction-naturelle-la-terre-cruede/
Figure 106 : La technique de construction en terre crue : l’adobe
La technique de l’adobe est d’origine arabe. Le taux d’argile dans la terre doit être de 20 à 30 %. Elle se travaille à l’état « plastique », c’est-à-dire avec de l’eau. Une brique d’adobe est une brique de terre moulée dans un moule en bois à la main et séchée à l’air quelques jours. L’aspect économique
Notre projet constitue le noyau d’un tissu économique dont profitera la majorité des habitants effectivement, en plus des propriétaires des maisons. La communauté envoisinante alimente et ravitaille la maison d’hôtes. En effet, l’artisanat du quartier doit être à caractère utilitaire et non à dimension touristique. A titre d’exemple, les petits cultivateurs, les pêcheurs, les artisans (tapissiers, les artisans des produits extrait des composants du palmiers…) les petits commerçants, etc …
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Donc notre objectif est la création d’une activité florissante ; c’est redonner vie à un quartier par une occupation continue régulière qui procure la prospérité. L’aspect social
Les habitants en relation avec leur histoire Le grand intérêt du projet est de consolider le cordon ombilical entre les habitants et leur histoire, préserver leur patrimoine unique et réimplanter la population dans son environnement. C’est pourquoi, nous insistons à renforcer le fil conducteur entre l’homme et la pierre car le bâti a une âme, effectivement les murs servent à préserver l’appartenance culturelle. Nous parlons alors de transmission de patrimoine entre génération à travers le bâti, en effet la mémoire de notre bâti se confond avec la mémoire de ses habitants. Les habitants en relation avec les hôtes Ce patrimoine riche en valeur humaine tels que l’hospitalité, l’ouverture, l’accueil… peut se manifester à travers une maison d’hôtes qui offre un lieu d’échange culturel distingué ou les habitants donnent de leur âme, de leur hospitalité, de leur émotions ce qui attire un touriste intéressé avide d’échanger des moments de richesse humaine, de détente et de sérénité dans un cadre très naturel, typique, unique, implanté dans l’histoire et loin des attractions grandioses des grandes cités touristiques. V.5 Conclusion Dans ce chapitre nous nous sommes familiarisés avec les différentes techniques d’intervention sur un bâtiment existant ainsi que les critères de choix de chaque opération. Les informations que nous avons récolté- à travers ce chapitre -nous ont permis de choisir la manière que nous adoptons pour notre projet. En effet, afin de mettre en valeur le bâtiment existant nous procédons tout d’abord par la restauration. Nous allons restaurer les vestiges des maisons essentiellement les murs et les Sedda. Comme les toitures dans nos bâtiments sont complétement effondrées, nous adoptons alors la technique de réhabilitation lourde afin de les réfecter. La dernière étape est la reconversion, nous injectons un nouveau programme fonctionnel à ces bâtiments ce qui implique de nouvelles qualités spatiales et comme notre souci est de garder le charme des bâtiments anciens nous aurons recourt à la reconversion subtile.
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CHAPITRE VI : PROPOSITION D’UNE MAISON D’HOTES
VI.1 Introduction Nous présentons dans ce chapitre l’aboutissement de notre réflexion ; notre projet architectural qui est une maison d’hôtes au quartier Dwiryet. Nous commençons par l’élaboration d’un programme fonctionnel spécifique à notre maison, tout en tenant compte des chartes de l’ONTT relatives aux maisons d’hôtes, outils conceptuels tirés de l’analyse des références architecturales et finalement du programme actuel de notre support d’études. Ensuite, nous présentons notre parti qui est l’idée directrice de notre recherche architecturale et nous finissons par les esquisses de notre projet.
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VI.2 Un nouveau programme Pour définir un nouveau programme fonctionnel pour ces trois maisons nous prenons en considération plusieurs données : *Le programme fonctionnel actuel des maisons pour pouvoir préserver l’identité et la mémoire du lieu : Voir page 35-36 *Les normes minimales et maximales dimensionnelles et fonctionnelles d’une maison d’hôtes définies par l’ONTT : Art. 2 - Le nombre de chambres maximum à mettre à la disposition des clients dans une seule demeure ne doit pas dépasser cinq (5) chambres pour une capacité maximale de quinze (15) personnes. Art. 3 - Par « hôte », il est entendu le propriétaire ou l'occupant légal de la demeure qui cohabite avec le client. Par « client », il est entendu le résident de passage qui occupe, moyennant rétribution une chambre dans la demeure (voir annexe). -Les programmes fonctionnels d’autres maisons d’hôtes prises comme étant des références pour notre projet Notre programme doit s’adapter à l'échelle du site et du bâti. Notre objectif est la préservation de l'esprit du lieu qui nous renvoie à la simple vie d'une dizaine de personnes dans ce quartier authentique, le site va accueillir un programme de maison d'hôtes de capacité maximale de 15 personnes sur une surface de 1100 m2 et contenant 3 maisons. Le projet se compose de tois composantes : Les espaces de réception et de formation (les espaces communs), une partie privée et intime (les studios des hôtes et de la famille), les espaces de services. Concernant les espaces communs, des activités du territoire seront mises à la disposition des hôtes : un atelier de vannerie et un atelier de poterie animés par les les habitants du quartier ayant un savoir-faire local. Une table d'hôtes qui fournit aux visiteurs une cuisine locale traditionnelle avec possibilité d'assister à la préparation en cuisine pour les engager 97
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dans le cadre de vie. À part la salle à manger, un patio est prêt pour recevoir les hôtes pour pouvoir manger en plein air et autour d’une piscine. Des terrasses aménagées pour avoir une vision de dessus sur le quartier. La participation aux activités des habitants tel que la cueillette des olives, des dattes, la pêche, …. est possible aussi. Des circuits à vélo peuvent être tracés pour découvrir l’archipel et ses richesses, tels que les sites archéologiques et les richesses naturelles avoisinantes. Les exigences de surface de la nouvelle fonction choisie dépassent les surfaces construites existantes. Le site peut recevoir des extensions et des ajouts, à condition qu'ils ne perturbent pas l'apparence initiale de projet et qu'ils participent à l'amélioration des fonctions existantes.
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Source : Auteur
Figure 107 : Programme fonctionnel
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Tableau 2 : Tableau quantitatif du programme fonctionnel
Espaces communs
Espace
Surface
Skifa
35
Patios
550
Salon
50
Salle à manger
35
Atelier de poterie
35
Atelier de vannerie
40
Stationnement de vélos
30
Dépôt
20
Cuisine
40
Buanderie
20
Espace de service
Espace pour les propriétaires (chambre + 60 salle de bain + kitchenette)
Espace privé
Les chambres d’hôtes
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Source : Auteur
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Source : Auteur
Figure 108 : Les étapes d’intervention sur l’existant
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VI.3 Parti architectural L’idée maîtresse de notre projet est l’ancrage au patrimoine matériel (les trois maisons, les matériaux locaux), immatériel (telle que la Drina) et paysager (le palmier). Le patrimoine local, dans ses différentes dimensions, sera la source d’inspiration mais qui sera interprétée et réutilisée d’une manière subtile et contemporaine. L’objectif est de redonner vie à l’existant dans le but de sensibiliser les visiteurs et habitants du quartier à la richesse de leur patrimoine architectural et historique et d’éveiller le côté nostalgique chez eux. Notre intervention entre dans le cadre d’un tourisme durable d’où on va passer de l’architecture domestique à l’architecture touristique, et de l’habitat privé à l’habitat collectif. Toute intervention sur ces constructions traditionnelles doit prendre en considération l’histoire d’un vécu du Kerkennien, de l’esprit du lieu et de style architectural existant dans le but de le préserver et le mettre en valeur. Donc on va opter pour une réhabilitation de ces maisons traditionnelles avec l’ajout de quelques extensions à condition qu’ils soient en harmonie avec l’existant. Comment peut-on continuer à apprécier l’architecture locale et typique d’une ville lorsqu’on retrouve, à l’identique, le même aménagement urbain et piétonnier que celui dans laquelle on habite, même aménagement que celui dans laquelle on se rendra ensuite ? (Richard, 1997) De l’architecture domestique à l’architecture touristique, et de l’habitat privé à l’habitat collectif. Les techniques d’intervention sur les maisons anciennes : Afin de mettre en valeur le bâtiment existant nous procédons tout d’abord par la restauration ; nous allons restaurer les vestiges des maisons essentiellement les murs et les Sedda. Comme les toitures dans nos bâtiments sont complétement effondrées, nous adoptons alors la technique de réhabilitation lourde afin de les réfecter. La dernière étape est la reconversion, nous injectons un nouveau programme fonctionnel à ces bâtiments ce
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qui implique de nouvelles qualités spatiales et comme notre souci est de garder le charme des bâtiments anciens nous aurons recourt à la reconversion subtile. Mise en valeur du patrimoine : programme fonctionnel varié L’injection d’un nouveau programme favorise la visite de ces lieux par un nombre important de visiteurs ce qui met en valeur non seulement l’architecture mais aussi le savoir-faire local puisque notre programme fonctionnel offre aux visiteurs des ateliers en relation avec les activités artisanales de Kerkennah. Nous utilisons notamment pour notre structure le motif de la Drina pour valoriser un patrimoine immatériel relatif à la pèche
Motif de tissage de Drina Diagrid
Source : Auteur
Figure 109 : Structure inspirée de la Drina
Durabilité et écologie Nous adoptons une approche durable et écologique dans la conception de notre projet ; nous utilisons des matériaux locaux tel que le bois du palmier, nous utilisons que les énergies renouvelables (aération naturelle et photovoltaïques) et nous récupérons les eaux pluviales pour créer une piscine écologique.
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VI.4 Esquisses
Esquisse 1
Esquisse 2 :
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Esquisse 3 :
Esquisse 4
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VI.5 Projet retenu
Plan masse 106
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Plan RDC 107
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Plan Mezzanine 108
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Façade Sud-est
Coupe A-A
Coupe B-B 109
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VI.6 Conclusion
« Tout peuple qui a produit une architecture a dégagé ses lignes préférées, qui lui sont aussi spécifiques que sa longue, sa coutume ou son folklore » Hassan Fathi La documentation et les analyses que nous avons établies à travers les cinq chapitres précédents nous ont aidé à prendre des décisions par réapposer aux choix relatifs à notre projet que ce soit les techniques d’intervention sur les trois anciennes maisons, l’établissement d’un nouveau programme fonctionnel, le choix des matériaux et la création des ambiances intérieures. Notre projet qui est une maison d’hôtes à Dwiryet, se compose de trois unités ; l’hébergement, les activités et la consommation et détentes. Pour concrétiser ce programme fonctionnel on a eu recourt au rajout et à la soustraction des volumes, ces opérations sont étudiées de manière à protéger au maximum le bâtiment existant. Afin de créer une union d’ambiance au sein du projet, nous avons mis en place une structure en bois de palmier sous forme du tissage de la Drina, cette structure redessine l’image d’une coulée de palmier. Cette maison est le fruit d’une réflexion sur le patrimoine matérielles est immatérielle de Kerkennah. L’adoption d’une approche durable semble être une solution pour les menaces qui font face au développement d’un tourisme alternatif à l’archipel et pourquoi pas l’appliquer sur d’autres secteurs
CONCLUSION GENERALE 113
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Le tourisme est considéré comme étant le principal secteur socio-économique au monde. Il représente 10 % du PIB mondial. Néanmoins, ce secteur, s’il n’est pas maîtrisé, peut être aussi une source de dégradation, de pollution de l'environnement et de surexploitation des ressources naturelles limitées. Pour faire face à ces menaces causées par le tourisme de masse, le tourisme se présente comme une alternative afin de protéger l’environnement, les ressources naturelles et les spécificités de chaque lieu. En effet ce type de tourisme investi dans le patrimoine matériel et immatériel des pays. Les iles qui présentent des milieux fragiles sont attractifs pour les touristes. Afin de protéger ces milieux, la notion du tourisme durable insulaire est apparue. Kerkennah est un archipel tunisien, qui présente des territoires particulièrement fragiles, que ce soit sur le plan environnemental, économique, culturel ou social. Des territoires qui nécessitent la protection et la sauvegarde de leurs spécificités architecturales, environnementales et sociales. Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes intéressées à la thématique du tourisme durable en rapport avec le patrimoine matériel et immatériel dans les îles de Kerkennah. En effet, nous avons proposé la réhabilitation de 3 maisons anciennes en ruine et leur reconversion en une maison d’hôtes qui respectent les chartes du tourisme durable. Pour concevoir cette maison d’hôtes ayant pour but la protection et la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel de Kerkennah. Au cours de ce travail, nous avons touché des aspects différents en relation avec la notion de la durabilité appliquée au tourisme, puis la notion du tourisme durable appliqué à l’architecture. L’application de la notion de durabilité sur l’architecture en générale et sur le patrimoine architectural en particulier semble une manière efficace pour la protection et la mise en valeur des bâtiments anciens tout en tenant compte des aspects économiques, environnementaux et sociaux. Cette approche reste très peu appliquée en Tunisie malgré ces potentialités ce qui nous pousse à creuser davantage dans ce domaine dans l’avenir.
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TABLE DES FIGURES
Figure 1: Les principes du développement durable ....................................................... 16 Figure 2: Les impacts du tourisme durable .................................................................... 18 Figure 3 : Tourisme durable dans le milieu insulaire..................................................... 21 Figure 4: Situation de l'archipel par rapport au continent .............................................. 23 Figure 5 : Les villages de l’archipel ............................................................................... 24 Figure 6: Evolution de l'occupation historique de l'archipel de Kerkennah .................. 25 Figure 7 : Silhouette typique de l’archipel de Kerkennah ............................................. 26 Figure 8 : coucher de soleil ............................................................................................ 26 Figure 9 : Le coucher de soleil à Kerkennah ................................................................. 27 Figure 10 : L’horizon à Kerkennah ................................................................................ 27 Figure 11 : Croquis général et simplifié d'une Charfia .................................................. 28 Figure 12 : La Drina (pêche aux nasses) ........................................................................ 29 Figure 13 : Le motif du tissage de la Drina.................................................................... 29 Figure 14 : Deux palmiers de l’archipel de Kerkennah ................................................. 30 Figure 15 : Produit artisanal à partir des folioles de palmier ........................................ 31 Figure 16 : Produits artisanaux à partir des différents composants du palmier ............. 32 Figure 17 : El Karour (gargoulettes) ............................................................................. 32 Figure 18 : La Massaa (pierres creuses à poulpes) ........................................................ 32 Figure 19 : Axonométrie d’’El Bit’’ à Kerkennah ......................................................... 33 Figure 20 : Plan type d’une Bit ...................................................................................... 34 Figure 21 : Schéma explicatif des techniques de construction traditionnelles à Kerkennah ... 34 Figure 22 : Axonométrie de Sidi El Khafi ..................................................................... 35 Figure 23 : Borj El Hissar .............................................................................................. 36 Figure 24 : Dar Kerkennah............................................................................................. 40 Figure 25 : Plan du village ancien de Remla ................................................................. 44 Figure 26 : 1er pas vers l’urbanisation de la Ramla ....................................................... 44 118
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Figure 27 : Un appel à l’étalement vers la mer .............................................................. 44 Figure 28 : l’opération de l’aménagement de Remla Jdida ........................................... 44 Figure 29 : Remla actuelle ............................................................................................. 44 Figure 30 : Dwiryet ........................................................................................................ 45 Figure 31 : les quartiers de Remla ancienne .................................................................. 45 Figure 32 : Parcours séquentiel ...................................................................................... 46 Figure 33 : Support d’étude ........................................................................................... 47 Figure 34 : situation de dar Abdallah ............................................................................. 48 Figure 35 : vue de dessus dar Abdallah ......................................................................... 48 Figure 36 : entrée dar Abdallah...................................................................................... 48 Figure 37 : toiture effondrée .......................................................................................... 48 Figure 38 : Skifa dar Abdallah ....................................................................................... 48 Figure 39 : détail porte ................................................................................................... 48 Figure 40 : Sedda ........................................................................................................... 48 Figure 41 : situation de Dar el Gnidez ........................................................................... 49 Figure 42 : partie en ruine de la maison ........................................................................ 49 Figure 43 : mur détruit ................................................................................................... 49 Figure 44 : linteau en bois .............................................................................................. 49 Figure 45 : toiture effondrée .......................................................................................... 49 Figure 46 : l’état actuel du patio .................................................................................... 49 Figure 47 : façade d’une ‘’ Bit ‘’ ................................................................................... 49 Figure 48 : situation de dar Khalfoun ............................................................................ 50 Figure 49 : Majel (puit à eau)......................................................................................... 50 Figure 50 : Patio dar khalfoun........................................................................................ 50 Figure 51 : Patio dar Khalfoun....................................................................................... 50 Figure 52 : Entrée de dar Khalfoun................................................................................ 50 Figure 53 : Tabouna ( four traditionnel )........................................................................ 50 Figure 54 : Mur effondré................................................................................................ 50 Figure 55 : Etat d’une porte d’entrée ............................................................................. 51 Figure 56 : Absence d’enduit sur les murs..................................................................... 51 Figure 57 : Etat des toitures ........................................................................................... 51 Figure 58 : mur en bon état ............................................................................................ 52 Figure 59 : mur effondré ................................................................................................ 52 Figure 60 : linteau en bon état........................................................................................ 52 119
Cohabiter l’ancien : Une maison d’hôtes à Kerkennah
Figure 61 : linteau endommagé...................................................................................... 52 Figure 62 : ‘’Marrou ‘’ (placard) ................................................................................... 53 Figure 63 : Sedda ........................................................................................................... 53 Figure 64 : Plan RDC de l’existant ................................................................................ 55 Figure 65 : Détail linteau ............................................................................................... 56 Figure 66 : Détail toiture ................................................................................................ 56 Figure 67 : Détail mur .................................................................................................... 56 Figure 68 : Coupe C-C ................................................................................................... 56 Figure 69 : Coupe B-B ................................................................................................... 56 Figure 70 : Coupe A-A .................................................................................................. 56 Figure 71 : Façade Sud-Ouest des maisons ................................................................... 56 Figure 72 : Terrasse de Dar el bibine ............................................................................. 60 Figure 73 : Chambre de dar el bibne .............................................................................. 60 Figure 74 : Patio de dar el bibine ................................................................................... 60 Figure 75 : Approche conceptuelle de dar el bibine ...................................................... 63 Figure 76 : Vue sur la cour centrale ............................................................................... 66 Figure 77 : L’arbre traversant la Pergola ....................................................................... 66 Figure 78 : Jeu d’ombre et de lumière ........................................................................... 66 Figure 79 : Approche conceptuelle de villa Mandra ...................................................... 67 Figure 80 : l’architecte Wang Shu ................................................................................. 68 Figure 81 : Vue de l’intérieure ....................................................................................... 69 Figure 82 : Toiture en tuile ............................................................................................ 69 Figure 83 : Les murs parallèles ...................................................................................... 70 Figure 84 : Perméabilité du bâtiment ............................................................................. 70 Figure 85 : Vue de l’intérieur......................................................................................... 70 Figure 86 : Ouverture sur la végétation existante .......................................................... 73 Figure 87 : Vue de l’extérieur ........................................................................................ 73 Figure 88 : Vue sur le jardin .......................................................................................... 74 Figure 89 : Approche conceptuelle de Astley castle ...................................................... 76 Figure 90 : le joint entre le mur en pierre et le mur en brique ....................................... 76 Figure 91 : Salle à manger extérieure ............................................................................ 77 Figure 92 : Vue de l’extérieur ........................................................................................ 77 Figure 93 : Le salon ....................................................................................................... 77 Figure 94 : conservation et de mise en valeur du mausolée de Sidi Founkhal .............. 83 120
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Figure 95 : Rénovation de la Samaritaine ...................................................................... 84 Figure 96 : Réhabilitation lourde d’une Maison secondaire .......................................... 85 Figure 97 : L’église Sainte-Marie reconvertie en marché couvert................................. 86 Figure 98 : La reconversion d’une église espagnole ...................................................... 87 Figure 99 : Vue de l’extérieure du musée ...................................................................... 88 Figure 100 : La conception bioclimatique .................................................................... 89 Figure 101 : Apport solaire ............................................................................................ 90 Figure 102 : La récupération et la réutilisation des eaux pluviales ................................ 90 Figure 103 : Les anciens Majels .................................................................................... 91 Figure 104 : Détail d’une toiture végétalisé ................................................................... 91 Figure 105 : Fonctionnement et zones d'une piscine naturelle ...................................... 93 Figure 106 : La technique de construction en terre crue : l’adobe ................................. 94 Figure 107 : Programme fonctionnel ............................................................................. 99 Figure 108 : Les étapes d’intervention sur l’existant ................................................... 101 Figure 109 : Structure inspirée de la Drina .................................................................. 103
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TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition en % de la population active de Kerkennah par secteur .......... 27
Tableau 2 : Tableau quantitatif du programme fonctionnel ........................................ 102
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ANNEXE
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