Agence Française de Développement
document de travail juillet mai 2010 2007
94
Développer le premier cycle secondaire : enjeu rural et défis pour l'Afrique subsaharienne
Alain Mingat et Francis Ndem, IREDU, CNRS et université de Bourgogne Contact : Jean-Claude Balmès, département Education et formation professionnelle, AFD (balmesjc@afd.fr)
Département de la Recherche Agence Française de Développement 5 rue Roland Barthes 75012 Paris - France Direction de la Stratégie www.afd.fr Département de la Recherche
Avertissement Les analyses et conclusions de ce document de travail sont formulées sous la responsabilité de ses auteurs. Elles ne reflè-
tent pas nécessairement le point de vue de l’Agence Française de Développement ou de ses institutions partenaires.
Directeur de la publication : Jean-Michel DEBRAT Directeur de la rédaction : Robert PECCOUD ISSN : 1954-3131 Dépôt légal : 2ème trimestre 2010.
Mise en page : Anne-Elizabeth COLOMBIER
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 2
Sommaire Introduction
5
1.
Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
6
1.2
L’apport des enquêtes de ménages dans la connaissance de la fréquentation scolaire des
1.1
1.3
La structure des cycles d’études primaires et secondaires élèves ruraux
Des profils de scolarisation différenciés selon les pays et groupes de pays
1.4
Critères de différenciation possibles : genre, niveau de richesse, milieu géographique
2.
Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
2.2
Le poids du rural dans la dynamique des scolarisations au premier cycle secondaire
3.
Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire : variabilité entre pays et
3.1
Spécificité de l’organisation des services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire
3.3
Simulation illustrative
2.1
3.2 4.
L’impact de la distance entre le domicile familial et l’établissement secondaire le plus proche
6
10
12
15 27
27
32
marges de manœuvre pour leur développement
37
Une structure significative d’économies d’échelle
40
37
47
L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
51
Le milieu rural et la dimension économique : les impacts économiques de l’éducation
63
4.1
Les effets sociaux de l’éducation en milieu rural
5.
Conclusion
75
Bibliographie
80
Annexe 1. Liste des enquêtes des ménages utilisées dans l’étude
82
Annexe 2. Tableaux annexes
84
4.2
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 3
51
Introduction
Le développement actuel des systèmes éducatifs africains
Soudan ou la Guinée Bissau (4,2), le Tchad ou la
vise à l’achèvement universel de six années de scolarisa-
République centrafricaine (4,4), le Burundi (4,6), le Mali
té internationale (déclaration de Dakar, Objectifs du millé-
Dans tous les pays, et notamment dans ceux où le coeffi-
tion. Cet objectif, fixé pour l’année 2015 par la communau-
(4,9), l’Angola (5), le Burkina Faso (5,6) ou le Niger (7,9).
naire pour le développement), sera sans doute atteint à
cient multiplicateur est élevé, les progrès vers l’achèvement
cette date dans un certain nombre de pays, ou à une date
universel du primaire vont générer des pressions particuliè-
positif d’une telle perspective, il faut savoir que le nombre
puis vers le second. Les systèmes sont exposés à un pro-
plus lointaine dans certains autres. Au-delà de l’aspect très
rement fortes, d’abord vers le premier cycle secondaire,
croissant des jeunes terminant l’enseignement primaire
cessus potentiel de massification.
créera inévitablement une forte pression à la hausse sur les effectifs dans l’enseignement secondaire.
Sur le plan qualitatif, il convient en premier lieu d’identi-
Les pays concernés (et les principaux bailleurs de fonds)
en fait de nombreuses options potentielles pour assurer
le moment venu (c’est-à-dire très vite), de proposer une
contenus des programmes et le volume des heures d’en-
fier la nature des services qui seraient offerts, car il existe
devraient donc anticiper ces évolutions pour être capables,
un développement quantitatif donné. Ceci concerne les
réponse pertinente aux pressions qui commencent déjà
seignement, mais aussi les conditions de scolarisation
dimension quantitative (les effectifs) et financière (les res-
caractéristiques des personnels (notamment les person-
clairement à se faire jour. Cette réponse a certes une
dont celles définissant l’encadrement des élèves et les
sources qui devraient alors être mobilisées) ; mais elle a
nels enseignants) mobilisés pour assurer ces services. Il
aussi une dimension qualitative qu’il importe de prendre en
convient en second lieu de prendre en considération le fait
considération.
que les caractéristiques de la population qui frappera à la
Sur le plan quantitatif, on estime que le taux d’achève-
ment du primaire, seront sensiblement différentes de celle
porte du secondaire, une fois atteint l’objectif d’achève-
ment moyen de l’enseignement primaire dans les pays à
qui achève le cycle primaire aujourd’hui. En effet, dans la
faible revenu n’est que d’environ 53 % en 2003 et que l’at-
situation actuelle, avec un taux d’achèvement du primaire
teinte de l’achèvement universel en 2015 conduirait à une
estimé entre 50 et 55 % en valeur moyenne pour les pays
nant ce cycle, par rapport à la situation constatée en 2003
taine façon une population privilégiée (très majoritaire-
multiplication par un facteur 2,7 du nombre de jeunes termi-
à faible revenu d’Afrique subsaharienne, c’est d’une cer-
(7,8 millions en 2003, 20,7 millions en 2015). Cette évolu-
ment urbaine) qui peut accéder au secondaire. Les popu-
tion moyenne est toutefois d’une ampleur variable selon les
lations qui termineront le cycle primaire demain seront
pays, le coefficient multiplicateur des effectifs de fin de pri-
très différentes ; ce seront un peu plus souvent des filles,
maire, entre 2003 et 2015, variant de valeurs inférieures à
mais surtout ce seront en plus grande proportion des
Togo (1,8), le Kenya ou le Malawi (1,9), à des valeurs supé-
sous-estimé et ce texte vise à l’explorer de façon plus
2 dans des pays tels que l’Ouganda (1,7), le Ghana ou le
pauvres et des ruraux. Ce dernier aspect est souvent
rieures à 4 dans des pays tels que l’Ethiopie (4,1), le
spécifique.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 4
Introduction
La dimension rurale des scolarisations, en particulier au
de vue des modes d’organisation et des coûts unitaires,
l’enseignement secondaire, sera explorée sous plusieurs
tion actuelle et les options possibles pour l’avenir ;
niveau du post-primaire et notamment du premier cycle de
en examinant, de façon complémentaire, à la fois la situa-
angles complémentaires : en
enfin,
premier lieu, nous établirons les principales données
miques de l’éducation en milieu rural, sachant que cela
factuelles concernant la couverture scolaire dans le
concerne aussi bien la dimension de la demande d’édu-
milieu rural dans la période récente et le poids du secteur
cation de la part des populations que l’organisation des
rural dans les défis auxquels le développement de la cou-
services scolaires. Il sera, à cet égard, intéressant d’exa-
verture des systèmes éducatifs est confronté ; en
nous aborderons la question des impacts écono-
miner la scolarisation rurale dans une tension entre un enseignement i) qui vise à maintenir les populations dans
second lieu, nous explorerons la question des ser-
leur milieu et ii) qui facilite leur mobilité vers le milieu
vices éducatifs offerts en milieux rural et urbain, du point
urbain.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 5
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Notons d’abord que la structure des systèmes éducatifs
systèmes éducatifs des différents pays d’Afrique subsaha-
n’est pas une donnée homogène pour tous les pays de la
rienne pour ce qui concerne l’enseignement primaire et
région. Le tableau 1 donne une image de la structure des
1.1
l’enseignement secondaire général.
La structure des cycles d’études primaires et secondaires
Le premier cycle d’enseignement (génériquement nommé
durée est comprise entre deux et quatre années d’études,
« primaire » sachant que les appellations nationales peu-
cette dernière durée étant la plus fréquente, notamment
dans le nombre des années d’études qu’il comporte, même
ans.
vent évidemment varier) est caractérisé par une variabilité
lorsque le nombre d’années du cycle primaire est de six
si la durée de six ans est la plus fréquente (situation typique
des pays francophones, mais pas seulement, puisque la
Cette variété dans la structure et la durée des cycles d’en-
Ghana, au Nigeria et en Sierra Leone). Certains pays ont
est une caractéristique importante qui ressort de la compa-
durée de six ans est également observée en Gambie, au
seignement des différents pays d’Afrique subsaharienne
une durée de cycle plus courte (4 années en Angola ou en
raison internationale des indicateurs de couverture scolai-
Mozambique), alors que dans les autres, essentiellement
risations et leur interprétation dans les différents pays étu-
est de 7 ans (Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie,
actuelles et des défis posés par cette dimension dans les
Guinée Bissau, 5 années en Erythrée, à Madagascar et au
re ; elle est à prendre en compte dans l’analyse des scola-
anglophones, la durée du premier cycle d’enseignement
diés. Avant d’aborder la dimension rurale des scolarisations
Ouganda, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe) ou même de 8
perspectives de développement de l’enseignement secon-
ans (Kenya, Malawi, Soudan).
daire dans les pays d’Afrique subsaharienne, il est utile de
considérer d’abord les conditions initiales globales qui pré-
Sur cette base de variabilité de la durée du cycle primaire,
valent aujourd’hui dans les différents pays de la région.
l’enseignement secondaire, dont la durée varie entre 3 et 7
années d’études, est généralement organisé en deux
Le tableau 2 propose des informations sur la couverture
Namibie ou le Soudan, qui ont un cycle unique indifféren-
pour la dernière année disponible dans l’ensemble des 33
cycles (à l’exception de quelques pays, comme le Kenya, la
scolaire dans les enseignements primaire et secondaire
cié) ; mais on trouve de nouveau des configurations très
pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu. Selon ces
variées dans la manière dont ces deux cycles sont organi-
chiffres, la valeur moyenne du taux d’achèvement du pri-
sés du point de vue du nombre d’années d’études respec-
maire serait de 52,7 %. Sur cette base, compte tenu d’un
ou 8 ans), il incorpore, de fait, certaines années d’études
estimé à 62,8 %, ce serait 33,2 % d’une génération qui
tif. On peut noter que lorsque le cycle primaire est long (7
taux moyen de transition entre le primaire et le secondaire
qui, dans d’autres pays, font partie de l’enseignement
aurait accès à la première année de l’enseignement secon-
secondaire. Concernant le premier cycle secondaire, sa
daire (selon la définition propre à chaque pays compte tenu
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 6
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Tableau 1. La structure des cycles d’études générales dans les systèmes éducatifs africains Années d’études Angola
1
P
2
P
3
P
4
S2
S2
P
P
S1
S1
S2
S2
S2
S2
P
P
P
P
P2 P
Mozambique
P1
P1
P1
P1
P1
Ethiopie
P
P
P
P
P
Gambie
Mauritanie Nigeria
Rwanda
Sierra Leone
Bénin
Burkina Faso
Burundi
Cameroun
République centrafricaine
Tchad
Congo
Côte-d’Ivoire
Gabon
Guinée
Ghana
Mali
Maurice
Niger
Sénégal
Togo
Afrique du Sud
Lesotho
Botswana
Zambie
Ouganda
Tanzanie
P
P
P
P
P
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P
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P
P
P2 S1 P2 P
P
P
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P
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P
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P
P
S1 S1 P2 S1 S1
S1
S1
S1
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S1
S1
S1
S1
S1
S1 P
P
P
P
P
P
P
Malawi
P
P
P
P
P = primaire ; S1 = premier cycle du secondaire ; S2 = second cycle du secondaire.
P
P
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
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S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
P P
S P P P
S S S
S1
Source : construction des auteurs à partir des données de l’Institut des statistiques de l’UNESCO (ISU).
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 7
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
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S2 S1
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S
P
P
S1
S1
S2
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S
P
P
S1
S1
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P
P
S1
S1
S2
S2
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S
P
P
S1
S1
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S2
S
P
P
S1
S1
S2
S
Soudan
P
S1
S1
S2
S2
P
P
Kenya
S1
S2
S2
S2
P P
S1
S2
S2
S2
P P
S1
S2
S2
S1
P P
S1
S1
S2
S2
S1
P P
S1
S1
S2
S1
P P
S1
S1
13
S1
P P
S1
12
P
Namibie
Zimbabwe
11
S2
Madagascar
P
10
S1
P1
Congo Démocratique
9
S1
P1 P
8
S1
P1 P
7
S1
P1 P
6
P
Guinée Bissau Erythrée
5
S S S
S1
S S S
S2
S
S
S2
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
de la diversité dans la structure des cycles scolaires). La
Comme le Taux d’achèvement du primaire est très variable
tillon de pays s’établit à 31,5 % pour le premier cycle secon-
lié, il s’ensuit que l’accès au secondaire a tendance à être
moyenne du Taux brut de scolarisation (TBS) pour l’échan-
d’un pays à l’autre et que le taux de transition ne lui est pas
daire et à 13,2 % pour le second cycle.
d’autant plus élevé que le taux d’achèvement du primaire
est élevé (dans le tableau 2, on peut observer que le taux
Au-delà de ces moyennes régionales, il existe des varia-
moyen d’accès au secondaire est de 24 % dans le groupe
tions sensibles entre pays, le Taux d’achèvement du primai-
des pays ayant un Taux d’achèvement du primaire faible,
re (TAP) pouvant s’échelonner entre 26 % (Niger) et 80 %
de 36 % dans le groupe des pays ayant un TAP moyen et
(Zimbabwe), le taux de transition du primaire au secondai-
de 46 % dans le groupe des pays ayant le TAP le plus
re pouvant lui-même varier entre 28 % (Tanzanie) et 98 %
élevé).
(Ghana). Une conséquence de cette double dispersion est
une forte variabilité entre pays du Taux d’accès à l’ensei-
Mais il ne s’agit que d’une tendance puisque certains
gnement secondaire qui oscille entre des chiffres inférieurs
pays comme la Tanzanie peuvent avoir une proportion
Congo, au Ghana, au Togo ou au Zimbabwe. Cette variabi-
en dépit d’une proportion relativement élevée de la
scolarisation du premier cycle secondaire et, ultérieure-
que d’autres pays (comme le Bénin, l’Erythrée ou le Mali)
à 15 % au Mozambique ou au Niger et 60 % ou plus au
faible de la classe d’âge qui accède au secondaire (16 %)
lité entre les pays se retrouve bien sûr dans le Taux brut de
classe d’âge qui achève le cycle primaire (60 %), alors
ment, dans celui du second cycle. Cet indicateur varie entre
ont une proportion sensiblement plus forte de leur
des chiffres de l’ordre de 12 % (Niger, Mozambique,
population qui accède au secondaire (respectivement 36,
Tanzanie) et des valeurs supérieures à 60 % (au Congo et
38 et 33 %) alors qu’une proportion sensiblement plus
au Ghana) pour ce qui est du premier cycle secondaire ; au
faible de leur population a une scolarité primaire
niveau du second cycle, la plage de variation est entre des
complète.
Mozambique et au Niger) et des chiffres supérieurs à 20 %
Des conclusions relativement similaires sont obtenues lors-
ordres de variabilité montrent qu’il serait inapproprié de
sations dans le premier et le second cycle secondaire.
chiffres inférieurs à 5 % (au Burkina Faso, au Burundi, au
en Erythrée, au Lesotho ou au Nigeria. Ces différents
qu’on étend l’analyse à celle des relations entre les scolari-
tenir un discours global (ou, pire encore, normatif) sur l’enseignement secondaire en Afrique subsaharienne ; une
Une caractéristique de la scolarisation secondaire mérite
Notons qu’il n’existe aucune corrélation entre le taux
dans le secteur privé. Au-delà de ces moyennes régio-
certaine contextualisation est, à l’évidence, nécessaire.
d’être ici mentionnée : en moyenne, environ 20 % des effectifs scolarisés dans chacun des deux cycles le sont
d’achèvement du primaire et le taux de transition entre la
nales, on observe des situations très contrastées d’un
cycle secondaire. Il y a bien une forte variabilité dans le
des scolarisations dans le secteur public au niveau secon-
ment, mais le niveau de la transition entre les deux cycles
ne, Zambie), alors que dans d’autres, c’est près ou plus
dernière classe du cycle primaire et la première classe du
pays à l’autre. Ainsi, certains pays assurent plus de 90 %
taux de transition, comme on a pu le relever précédem-
daire (Erythrée, Kenya, Lesotho, République centrafricai-
(qui résulte d’une décision, même implicite, de chaque
de la moitié des effectifs qui sont scolarisés dans le sec-
pays) ne semble pas dépendre de la proportion de la clas-
teur privé (Madagascar, Ouganda, Rwanda), avec toutes
se d’âge qui achève le primaire et qui est potentiellement
les situations intermédiaires possibles entre ces deux
candidate à l’accès à l’enseignement secondaire.
extrêmes.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 8
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Tableau 2. Indicateurs de scolarisation des pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu (groupement selon le Taux d’achèvement du primaire) ; dernière année disponible
Groupe 1 : TAP faibles Niger
République centrafricaine
Burkina
Burundi
Soudan
Madagascar
Tchad
Guinée Bissau
Mozambique
Mali
Rwanda
Bénin
Sénégal
Taux d’achèvement du primaire (%)
Taux de transition primaire-secondaire (%)
Taux d’accès au 1er cycle secondaire (%)
39,1
63,0
23,8
26
30
31
33
37
37
38
40
41
42
46
49
Ethiopie
65
72
84
59
81
35
73
64,2
50
Ouganda
64
56,1
Congo (démocratique) Erythrée
58
52
54
49
Mauritanie
56
49
Côte d’Ivoire
Groupe 2 : TAP moyens
66
51
51
51
53
14
17
18
17
24
28
26
34
12
33
16
36
17
15
25
25
23
38
29
23
42
9,6
2
7
4
4
19
8
10
33
21
34
9
12
16
4
8
36
13
34
14
21
14
34,3
21
79
14
36,3
39
45
12
25
31
75
22,9
27
63
62
Taux brut de scolarisation secondaire (%) Premier cycle Second cycle
11
15,9
41
23
21
7
27
35
20
Guinée
54
75
38
35
20
Cameroun
58
56
32
34
17
Gambie
60
74
45
43
18 20
Sierra Leone Tanzanie Lesotho
55
60
64
63
28
76
35
16
51
34
13
44
Ghana
66
98
65
63
Kenya
70
47
47
27
Groupe 3 : TAP élevés Congo (République) Zambie Malawi
Togo
Nigeria
Zimbabwe
Ensemble
73,9 72
73
73
73
76
80
52,7
60,0 79
62
30
80
52
70
62,8
46,7 57
45
22
58
40
58
33,2
44,0
12 2
22 16,7
64
19
22
14
45
59
38
53
31,5
17
15
29
13,2
Source : base de données compilée à partir des rapports d’état sur les systèmes éducatifs, de précédents modèles de simulation du secteur éducatif (dont celui construit pour l’analyse financière des options de développement du post-primaire), et de la base de données de l’ISU et d’EdStats. Les données démographiques utilisées pour calculer les taux de scolarisation proviennent des Nations unies.
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1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
1.2 L’apport des enquêtes de ménages dans la connaissance de la fréquentation scolaire des élèves ruraux Les statistiques scolaires permettent de décrire les scolari-
général relativement réduite5, et on peut assimiler la locali-
sations globales, sachant que les indicateurs de couvertu-
sation de l’école et celle de la famille; mais lorsqu’il s’agit de
lation enregistrée dans les structures éducatives à une
n’est plus pertinente car une partie des élèves fréquentant
re sont souvent imprécis en ce qu’ils rapportent une popu-
l’enseignement secondaire, cette assimilation statistique
population nationale de référence. En effet, il y a souvent
des collèges urbains sont des ruraux.
des raisons de penser que les deux termes du rapport peu-
vent être mal mesurés. Concernant les statistiques sco-
Pour aborder l’analyse de la fréquentation scolaire des
tions1, soit de sous-estimations2 (et éventuellement des
éducatif, le recours aux enquêtes de ménages devient une
référence, les erreurs ou imprécisions sont aussi relative-
entre l’urbain et le rural est, d’une certaine façon, affaire de
laires, il n’est pas rare qu’elles souffrent soit de sur-estima-
élèves résidant en milieu rural dans l’ensemble du système
deux à la fois). Quant aux données démographiques de
nécessité. Il convient toutefois de noter que la distinction
ment courantes3.
conventions (à partir de quelles caractéristiques de population est-il pertinent de classer une localisation en milieu
Compte tenu de ces éventuels problèmes, la mesure de la
urbain ou rural ?), sachant que ces conventions ne sont pas
tives, même si elle donne des ordres de grandeur souvent
générale des différents pays sont en effet susceptibles
couverture scolaire sur la base des données administra-
identiques pour tous les pays ; les services de la statistique
raisonnables, est susceptible d’être assez imprécise. Pour
d’adopter des critères de démarcation différents. Cela dit, si
éviter ces problèmes éventuels, le recours à des données
les critères de classification ne sont pas totalement iden-
En effet, on connaît directement dans chacun des ménages
comparaisons pour autant.
d’enquêtes de ménages présente un intérêt tout particulier.
tiques d’un pays à l’autre, cela ne rend pas invalides les
enquêtés le nombre des enfants et la situation de chacun
d’entre eux en référence à l’école4 ; on dispose donc, dans
une même source exhaustive, à la fois du numérateur et du
1 Elles peuvent être surestimées parce que les chefs d’établissement ont des incitations à déclarer plus d’élèves qu’ils n’en ont dans leur établissement. Ce peut être parce que les dotations en manuels scolaires dépendent du nombre des élèves inscrits, dans un contexte où le ministère ne fournit par exemple qu’un manuel pour trois élèves ; mais ce peut être aussi parce que la prime de direction perçue par le chef d’établissement dépend de la statistique des effectifs inscrits. Il existe aussi des situations de surestimations lorsque le fichier informatique incorpore des doublons, certains établissements étant saisis deux fois. 2 Il peut y avoir des sous-estimations, là aussi, pour des raisons comportementales et
dénominateur des indicateurs caractérisant la couverture
scolaire. Il existe certes des erreurs d’échantillonnages, mais celles-ci sont généralement petites eu égard à la taille des enquêtes de ménages disponibles.
pratiques. Par exemple, lorsque des frais de scolarité sont perçus au niveau de l’école et que leur montant doit être reversé à l’Inspection ou au Trésor, on comprend qu’il peut y avoir des incitations à sous-déclarer le nombre des élèves. Mais il y a aussi des raisons pratiques qui peuvent tenir au fait que certains établissements n’ont pas renvoyé le questionnaire administratif (ceci peut concerner les établissements publics, mais plus souvent encore les établissements privés) ; il est possible que la base des données scolaires ne soit pas ajustée pour tenir compte de ces manques. 3 Le dernier recensement de la population est parfois relativement ancien, si bien que les pro-
Une raison complémentaire rend spécialement intéressant le recours aux enquêtes de ménages. Il s’agit de la dispo-
nibilité des variables sociales. Dans les données scolaires,
on dispose d’une bonne documentation sur la dimension du
genre; la dimension sociale (profession ou niveau d’éduca-
jections peuvent être caractérisées par un degré significatif d’imprécision (surtout lorsqu’on utilise des données par année d’âge) eu égard à une incertitude sur les modifications des paramètres de fécondité et de mortalité et in fine sur les taux de croissance effectifs des différentes classes d’âge. Mais les données des recensements eux-mêmes, avant d’être projetées, peuvent aussi incorporer une certaine dose d’incertitude (populations déplacées, comportements des élus pour minorer ou majorer la population communale, intérêt du gouvernement à ce que la population soit plus forte qu’elle n’est en réalité pour aboutir à un niveau de PIB par habitant qui permette l’éligibilité du pays à certaines aides ou à des aides à des taux bonifiés, etc. 4 L’enfant est-il actuellement scolarisé ou non ? Si oui, dans quelle classe ? Si non, l’enfant
tion des parents) est absente, de même que le groupe ethnique ou le niveau de revenu de la famille. La localisation
géographique est généralement présente (la région ou la province, mais pas toujours la distinction entre les milieux
urbain et rural), sachant qu’il s’agit de la localisation de
a-t-il été antérieurement scolarisé ? Et si oui, quelle a été la plus haute classe atteinte ? ... 5 Mais ce n’est pas toujours le cas, certaines écoles urbaines pouvant recruter à la fois des élèves urbains géographiquement proches, et des élèves ruraux, dont le domicile est relativement éloigné de l’école et qui doivent faire un long trajet eu égard à l’absence d’école plus proche.
l’établissement scolaire et non de la famille. Pour ce qui
concerne l’enseignement primaire, ce n’est pas trop dom-
mageable car la zone de recrutement des écoles est en
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 10
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Les données d’enquêtes de ménages qui peuvent être
qui ont accès à un cycle abandonnent avant d’atteindre la
mobilisées pour conduire les analyses sont nombreuses (il
dernière classe du cycle. Dans ces conditions, une mesure
existe de telles enquêtes dans la quasi-totalité des pays),
moyenne a tendance à sous-estimer l’accès à un cycle et à
sachant qu’il existe souvent plusieurs enquêtes disponibles
surestimer (parfois dans des proportions très importantes)
trois types : i) les Enquêtes Démographiques et de Santé
numérique d’un indicateur tel que le Taux brut de
pour un même pays. Les enquêtes sont principalement de
son achèvement ; la seconde raison est que la valeur
(EDS), ii) les Enquêtes Intégrées à Indicateurs Multiples
Scolarisation (TBS), est par ailleurs majoré de la fréquence
(MICS) et iii) les Enquêtes fondées sur les Questionnaires
des redoublements (fréquence qui peut être relativement
des Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB). D’autres
grande).
enquêtes plus spécifiques existent aussi, qui partagent
Dans ces conditions, le TBS est un indicateur de capacité
généralement des éléments communs aux enquêtes citées
(nombre de places offertes par rapport au nombre des
celles qui étaient effectivement disponibles.
cateur de couverture7.
ci-dessus. Nous avons choisi d’utiliser la plus récente parmi
enfants d’âge pertinent dans le pays) davantage qu’un indi-
Il est, par conséquent, préférable de calculer un profil de
scolarisation qui identifie la situation scolaire pour chaque
Sur la base des informations contenues dans ces
année d’études sur l’ensemble du système éducatif (y com-
enquêtes, il est bien sûr possible de calculer les indicateurs
pris les transitions entre cycles). C’est cette perspective que
classiques caractérisant la couverture scolaire dans les dif-
nous utilisons pour décrire d’abord la situation moyenne de
férents cycles d’enseignement; il est aussi possible de les
la couverture scolaire d’un pays sur les divers segments de
calculer pour des populations particulières, et notamment selon le genre, la localisation géographique (urbain/rural) et
son système éducatif, puis pour distinguer comment ce pro-
dé par le quintile de revenu ou de richesse)6.
la localisation rurale/urbaine et le quintile de revenu. Ce tra-
fil global se décline selon des variables telles que le genre,
le niveau de revenu du ménage (généralement appréhen-
vail a été réalisé pour les 29 pays suivants : le Bénin, le
Mais les taux de scolarisation affectés à des cycles
Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la République
d’études ne sont généralement plus considérés comme la
démocratique du Congo, la République du Congo, la Côte
statistique la plus pertinente pour décrire la couverture sco-
d’Ivoire, l’Ethiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la
laire. Deux raisons au moins expliquent leur caractère inap-
Guinée Bissau, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, le Mali, la
proprié : la première tient au fait qu’on calcule un indicateur
Mauritanie, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda,
unique et global pour un cycle alors que l’expérience
la République centrafricaine, le Rwanda, le Sénégal, la
montre que, souvent, une proportion significative de ceux
Sierra Leone, le Tchad, le Togo, la Zambie et le Zimbabwe.
7 On suggère souvent que le Taux net de scolarisation (TNS, rapport du nombre des élèves
6 Dans un certain nombre de ces enquêtes, ni le revenu ni la consommation des ménages
d’âge « normal » pour le cycle et du nombre des enfants de la même catégorie d’âge dans le pays) pourrait réduire l’inconvénient du TBS qui inclut les redoublants ; mais, en fait, le remède est d’une certaine façon pire que le mal du fait des entrées tardives/précoces à l’école primaire comme c’est le cas souvent dans les contextes africains, conduisant à une vision parfois très sous-estimée de la scolarisation effective. Les problèmes du TNS sont encore plus aigus au niveau secondaire eu égard aux retards accumulés i) dans l’accès initial à l’école et ii) pris en cours de cycle primaire (redoublements) et dans l’accès au secondaire (redoublements souvent plus fréquents de la dernière classe du primaire pour augmenter les chances d’accès au secondaire).
ne sont directement observés. En revanche, on dispose toujours d’une batterie assez large de variables caractérisant les actifs et les conditions concrètes de vie du ménage. Une méthode factorielle appliquée à ces variables permet alors de classer les ménages qui ont les conditions de vie les plus spartiates et les actifs les moins abondants (caractérisant les ménages dans la plus grande pauvreté) en les distinguant, à l’opposé, de ceux qui ont des conditions de vie et des actifs attestant d’un revenu très élevé. C’est sur cette base que tous les ménages observés dans une enquête donnée sont affectés dans l’un ou l’autre des cinq quintiles de richesse.
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1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
1.3
Des profils de scolarisation différenciés selon les pays et groupes de pays
Le tableau 3 donne les estimations faites pour ces 29 pays.
pectivement 64, 9 % et 71,2 % dans la transition entre les
Le graphique 1 en propose une illustration visuelle.
deux cycles secondaires pour les pays anglophones et
francophones, et 81 % contre 60,5 % dans la rétention au 2nd cycle secondaire).
On retrouve plus ou moins les chiffres proposés par les
données administratives, avec toutefois une différence
notable pour l’accès en 1ère année primaire. Celui-ci est en
Dans l’enseignement supérieur, les écarts (6,1 % de la
(78,4 % pour la moyenne régionale) par rapport aux statis-
pays francophones contre 7,8 % dans les pays anglo-
classe d’âge a accès au supérieur en moyenne dans les
effet sensiblement inférieur dans les enquêtes de ménages
phones) sont plus réduits du fait d’une transition entre la
tiques classiques fondées sur des données administra-
tives8 (plus de 90 %). Concernant l’achèvement du primai-
dernière classe du secondaire et la première année de l’en-
re, la valeur de la moyenne régionale est un peu inférieure
seignement supérieur plus faible dans les pays anglo-
(48 %), mais proche du chiffre proposé par les informations
phones (44 % contre 53,3 % dans les pays francophones).
de nature administrative.
Il est probable que cette différence tienne au fait i) que le
baccalauréat est considéré déjà comme un titre du supé-
1.3.1 Des différences notables entre pays
rieur dans les pays francophones, alors que ce n’est pas le
francophones et anglophones
cas dans le contexte anglophone et ii) que les institutions
pays francophones par rapport à leurs homologues anglo-
forte dans les pays anglophones, ce qui leur permet d’im-
universitaires jouissent d’une autonomie beaucoup plus
Au niveau des agrégats globaux, on retrouve le retard des
poser un accès plus contrôlé à l’accès aux études supé-
phones. Ce retard est visible dès l’accès à l’école (88,8 %
rieures.
et 71,8 % respectivement pour les pays anglophones et francophones). Il l’est aussi, de façon plus accentuée, au
1.3.2 Illustration de la grande diversité des
niveau de l’achèvement du primaire dans la mesure où se
situations : Burkina Faso, Congo, Ghana et
conjuguent un accès et une rétention moindres dans les
Malawi
pays francophones que dans les pays anglophones9 (respectivement 57,4 et 68,8 %). Ainsi, la proportion de la
Au-delà des moyennes régionales, et de cette distinction
classe d’âge qui atteint la dernière classe primaire est-elle
entre les deux grands groupes de pays, la situation peut
de 61,5 % dans les pays anglophones, alors qu’elle ne se
diverger d’un pays à l’autre de manière beaucoup plus
situe qu’à 42,1 % dans les pays francophones, une différence très notable. Au 1er cycle secondaire, les écarts
estimé sur la base des enquêtes de ménages pour quatre
pays se retrouvent, dans la mesure où le taux de transi-
et le Malawi10.
notable. Le graphique 2 présente le profil de scolarisation
observés en fin de primaire entre les deux groupes de
pays : le Burkina Faso, la République du Congo, le Ghana
tion entre le primaire et le secondaire est, en moyenne,
assez semblable entre les deux groupes de pays (77 %
dans les pays anglophones contre 80,8 % dans les pays
francophones) avec une proportion de 35,2 % de la clas-
se d’âge qui accède au secondaire dans les pays francophones contre 47,6 % dans les pays anglophones. Ces
différences se répercutent ensuite jusqu’en fin de secon-
8 Compte tenu des problèmes rencontrés avec les données administratives, on a une plus grande confiance dans les données d’enquêtes de ménages, si bien qu’on estime qu’en moyenne, environ 20 % d’une classe d’âge n’a pas accès au primaire dans les pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne. 9 Les pays anglophones comptent par ailleurs en moyenne environ une année d’études de
daire dans la mesure où, malgré un taux de transition plus
faible entre les deux cycles secondaires, les pays anglophones ont un taux de rétention sensiblement plus élevé au 2nd cycle secondaire que les pays francophones (res-
plus dans le cycle primaire que les pays francophones. 10 Ces pays ont été choisis pour illustrer la variété existante entre les différents pays de la région.
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98,6 95,7 53,6 78,6 85,4 55,3 84,6
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
13
98,2 61,2 93,5 67,0 83,1 52,0 92,1 89,6 97,4
48,0 42,1 61,5
58,6 39,0 24,7 32,6 59,9 22,1 69,6 62,8 87,0
63,8 43,2 39,3 39,2 18,3 12,0 78,9
43,7 22,5 54,3 76,7 40,1 25,0 68,4
49,0 24,4 19,5 72,4 63,3 82,8
38,5 35,2 47,6
41,3 28,6 11,1 27,5 51,9 17,0 59,5 40,8 74,3
43,7 32,3 34,2 32,7 14,2 9,8 62,9
41,2 17,4 48,5 70,1 35,5 17,5 40,0
42,2 18,9 12,9 61,8 55,2 74,8
Accès
28,3 23,4 38,9
22,8 15,1 8,8 16,1 41,2 9,4 36,4 36,0 58,9
56,7
27,6 29,3 23,6 24,5 5,9
26,0 15,4 41,6 61,3 29,0 8,4 37,4
23,1 10,2 8,0 29,3 46,1 45,0
Achèvement
Secondaire 1 (%)
18,8 16,6 24,2
12,1 1,9 7,4 11,9 33,7 8,1 23,1 20,2 7,2
51,3
19,8 21,8 11,1 19,7 4,0
22,9 10,6 33,5 23,2 25,8 6,0 32,5
17,5 7,8 6,0 21,6 38,2 26,8
Accès
14,2 10,8 19,8
5,3 7,9 11,5 4,9 15,8 17,3 7,1
11,7
45,3
7,0 3,0
16,3 19,5
31,2
18,5 19,4 19,4
15,9
11,8 3,8 3,6 11,2 16,0 18,2
6,9 6,1 7,8
6,7 5,6 5,1
4,8
10,5
12,3
3,6
5,1 1,6
11,0
12,6 6,1
13,0
6,5 3,0 7,1
7,5 2,5
59,8 57,4 68,8
59,7 63,8 26,4 48,6 72,0 42,5 75,6 70,0 89,3
64,6 45,1 73,3 49,9 21,5 21,6 93,3
62,6 31,7 70,6 87,7 65,9 39,6 72,6
68,2 61,2 29,4 77,3 66,5 85,1
Supérieur Rétention Primaire
Achèvement Accès (%)
Secondaire 2 (%)
78,9 80,8 77,0
70,5 73,3 44,8 84,6 86,8 77,1 85,4 65,1 85,4
68,5 74,7 87,1 83,3 77,1 82,2 79,7
94,2 77,2 89,4 91,5 88,3 70,2 58,5
86,0 77,8 66,3 85,3 87,3 90,3
Transition primaire secondaire
69,6 63,8 81,9
55,2 52,8 79,3 58,4 79,3 55,0 61,2 88,1 79,3
90,1
63,0 90,8 68,9 74,9 41,7
63,2 88,5 85,7 87,4 81,8 48,1 93,7
54,7 54,1 61,9 47,5 83,6 60,1
Rétention Sec.1
68,6 71,2 64,9
53,1 12,6 83,9 73,8 81,9 86,6 63,4 56,1 12,2
90,5
71,8 74,3 47,0 80,4 67,0
88,0 69,1 80,5 37,8 89,0 71,3 86,7
75,9 76,1 75,5 73,6 82,7 59,7
Transition secondaire 1 secondaire 2
69,6 60,5 81,0
72,0 67,0 34,0 61,0 68,2 85,7 98,1
96,8
88,4
35,5 74,8
82,3 89,5
96,1
55,2 83,7 75,1
69,6
67,2 49,1 60,0 51,8 42,0 67,8
Rétention Sec. 2
48,7 53,5 44,0
42,7 32,6 72,2
61,0
89,6
27,0
51,1
31,2 8,1
35,2
68,3 31,4
81,4
57,9 18,8 39,0
63,8 65,3
Transition secondaire supérieur
Source : base de données compilée à partir des rapports d’état sur les systèmes éducatifs, de précédents modèles de simulation du secteur éducatif (dont celui construit pour l’analyse financière des options de développement du post-primaire), et de la base de données de l’ISU et d’EdStats. Les données démographiques utilisées pour calculer les taux de scolarisation proviennent des Nations Unies.
* Les profils de certains pays ne couvrent pas la totalité du système ; cette situation se rencontre notamment lorsque la taille des échantillons était trop petite pour produire des chiffres suffisamment fiables dans les segments les plus élevés des systèmes d’enseignement.
Moyennes 29 pays 78,4 Pays francophones 71,8 Pays anglophones 88,8
Ouganda RCA Rwanda Sénégal Sierra Leone Tchad Togo Zambie Zimbabwe
69,8 71,0 77,0 87,4 61,0 63,1 94,3
Lesotho Malawi Mali Mauritanie Mozambique Niger Nigeria
Côte-d’Ivoire Ethiopie Gambie Ghana Guinée Guinée Bissau Kenya
71,9 39,8 66,3 93,6 95,1 97,3
Achèvement
Primaire (%)
Accès
Bénin Burkina Faso Burundi Cameroun Congo Démocratique Congo République
Pays
Tableau 3. Profil de scolarisation d’un échantillon de 29 pays, années entre 2002 et 2005*
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Graphique 1. Profil de scolarisation moyen, 29 pays
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1
Graphique 2. Profil de scolarisation dans 4 pays
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
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1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Les différences sont très claires. Dans l’accès à l’école
Au cours du premier cycle secondaire, la rétention enre-
primaire, le Congo, le Ghana et le Malawi ont des chiffres
gistrée au Congo (59,7 %) est sensiblement inférieure à
Faso se situe à un niveau beaucoup plus bas (40 %).
des quatre pays considérés), mais ceci est d’une certai-
à un niveau très inférieur au Congo et au Ghana (45 %
cycles secondaires qui est sensiblement plus forte au
Congo et au Ghana). Le Burkina Faso se situe toujours
Malawi un niveau comparable d’accès au second cycle
élevés (de l’ordre de 90 % ou plus), alors que le Burkina
celle du Ghana (qui présente la meilleure performance
Mais la faible rétention du cycle primaire place le Malawi
ne façon compensé par une transition entre les deux
au Malawi contre respectivement 85,1 et 87,7 % au
Congo (71 %) qu’au Ghana (38 %) ; on retrouve aussi au
au niveau le plus modeste avec moins de 30 % d’achève-
secondaire (21,8 % contre 23,2 % au Ghana) en raison
ment ; ce résultat s’explique certes par un accès faible,
d’une transition forte (74,3 %) entre les deux cycles
mais aussi par une rétention également faible (61,1 %).
1.4
secondaires.
Critères de différenciation possibles : genre, niveau de richesse, milieu géographique
Ces profils de scolarisation, différents d’un pays à l’autre,
selon le niveau de consommation ou de possession
valent pour l’ensemble de la population d’âge scolaire de
d’éléments d’actifs et de niveau de vie. La classification
nationaux se déclinent aussi de façon plus ou moins diffé-
se bien d’une distribution homogène en cinq groupes
chacun des pays considérés. Il est possible que les profils
étant faite au sein de chacun des pays étudiés, on dispo-
renciée selon certains groupes de population ; c’est ce
représentant chacun 20 % de la population, hiérarchisés
point que nous abordons maintenant en distinguant les dif-
selon le niveau de richesse ; mais il s’agit d’une classifi-
férenciations possibles selon le genre, le milieu géogra-
cation relative (non absolue) car les individus d’un quinti-
Avant d’examiner les résultats, il peut être utile de souligner
niveau de richesse est certes orthogonal avec le genre
comparables et de noter en particulier une caractéristique
filles), il n’est pas distribué de façon homogène selon le
phique (urbain/rural11) et le niveau de richesse.
le donné peuvent être plus ou moins riches selon le pays considéré. Par ailleurs, au sein d’un pays donné, si le
que les trois dimensions considérées ne sont pas tout à fait
(les riches comme les pauvres ont des garçons et des
distinctive de l’opposition urbain/rural par rapport à celles
milieu géographique.
concernant le genre et le niveau de revenu. Concernant
Le
le genre, on trouve des distributions large-
milieu géographique (urbain/rural) pose des
problèmes particuliers. En premier lieu, autant la
ment homogènes entre pays et entre groupes de popula-
distinction entre garçons et filles ne prête pas à
Dans tous les pays, on trouve une distribution peu ou
est affaire de conventions : sur quels critères, à partir de
tion (groupes définis selon les autres critères distinctifs).
interprétation, autant la distinction de l’urbain et du rural quelle taille un village devient-il une ville ? Le problème
prou équilibrée entre 50 % de filles et 50 % de garçons
est que, si les services statistiques de chaque pays sont
au sein de la population en âge d’être scolarisée. Cette
bien soumis à la même question et cherchent à y
distribution est la même chez les urbains et les ruraux,
répondre de manière raisonnable, ils n’y donnent pas
dans les familles riches comme dans les familles
forcément exactement la même réponse12. Au total, on
pauvres.
Le
niveau de la richesse familiale est généralement
11 Il peut, bien sûr, aussi exister des disparités régionales ou ethniques ; mais celles-ci ne
sont pas abordées ici car elles ne se prêtent pas à une analyse en termes de comparaison internationale. 12 Par exemple, dans tel pays on considérera qu’une agglomération de 3 000 habitants est
approché dans une classification en quintiles fondée sur
un classement préalable des familles d’un pays (ou d’un
urbaine, alors que dans tel autre, cette qualification sera réservée à des agglomérations de 5 000 habitants, tandis que le concept même d’agglomération est aussi objet de convention.
échantillon de familles dans une enquête de ménages)
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1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
doit retenir que la distinction entre urbain et rural
le milieu géographique dans les différents pays de la
présente un caractère conventionnel et que la convention
région. Par exemple, dans un pays où le milieu rural comp-
un
enfants ruraux ne peut (mécaniquement) pas trop différer
adoptée dans un pays peut différer de celle choisie par autre.
Dans
ce
contexte,
la
te pour 85 % de la population, la situation scolaire des
comparaison
internationale de chiffres distinguant le rural et l’urbain
dans
l’analyse
d’un
phénomène
donné
(ici
de la moyenne nationale ; ce sera évidemment moins le
la
cas si le milieu rural compte pour 45 % de la population.
scolarisation) n’est donc pas parfaite ; la prudence
s’impose donc, mais cela ne veut pas dire qu’il est inutile
Une troisième difficulté avec la variable géographique est
de mener une telle comparaison.
sa relation, certes imparfaite mais tout de même substan-
tielle, avec la variable de revenu familial. La distribution de
La prudence est d’autant plus de mise que les pays peuvent
la variable de richesse est en fait très différente selon qu’il
différer non seulement dans l’identification statistique de l’ur-
s’agit du milieu urbain ou rural. Le tableau 4 donne la distri-
au poids respectif des deux milieux, sachant que les données
échantillon d’études.
bain et du rural, mais aussi, et de façon très importante, quant
bution agrégée de la population des 29 pays de notre
comparatives existantes mêlent de façon indissociable ces
deux aspects. Sur la base donc des conventions prises dans
De façon générale, la majorité des familles économique-
les différents pays pour distinguer l’urbain du rural, on obser-
ment avantagées réside en milieu urbain (52,6 % des
ve (tableau A1, en annexe), en moyenne pour les 29 pays
urbains appartiennent au quintile le plus riche, et 80 %
pour lesquels les analyses ont été effectuées, que 30,2 % de
aux deux quintiles les plus élevés), alors que celles qui
que 69,8 % résident en milieu rural.
ment en milieu rural (96,5 % des familles les plus pauvres
la population d’âge scolaire résident en milieu urbain alors
vivent dans la pauvreté résident encore plus majoritairerésident en milieu rural). Cela dit, il existe bien aussi un
Il s’agit toutefois d’une moyenne car certains pays comme
segment de familles pauvres qui vivent dans les villes ou
le Congo et la Côte d’Ivoire ont plus de la moitié de leur
leurs abords immédiats, sachant que certaines familles
population d’âge scolaire qui réside en milieu urbain (selon
rurales ne sont pas - en termes relatifs - dans la catégo-
les conventions adoptées dans ces deux pays), tandis que
rie des familles défavorisées (62 % des familles apparte-
dans des pays comme le Burkina Faso, le Burundi,
nant au second quintile le plus riche résident en milieu
l’Ethiopie, le Kenya, le Malawi ou l’Ouganda, au moins
rural, de même que 24 % de celles qui correspondent au
85 % de la population d’âge scolaire réside en milieu rural.
quintile le plus élevé). Ces dernières remarques ne modi-
Il est important de connaître ce contexte, et d’avoir à l’esprit
fient toutefois que de façon limitée la première observa-
ces différences, lorsqu’on analyse les scolarisations selon
tion.
Tableau 4. Distribution de la population selon le milieu géographique et le niveau de richesse (Échantillon de 29 pays)
Milieu Quintile richesse
Nombre
Rural % vertical
% horizontal
99 436 506
25,9
92,3
20 % + pauvres
105 027 396
Quintile 3
88 194 738
Quintile 2 Quintile 4
20 % + riches
Total
27,4
23,0
Nombre
96,5
3 822 827
82,8
18 278 166
8 254 933
Urbain % vertical 2,6
5,5
12,3
% horizontal
Nombre
Total % vertical
107 691 439
20,2
3,5
108 850 223
17,2
106 472 904
7,7
20,4
20,0
% horizontal 100,0
100,0
100,0
65 812 328
17,2
62,1
40 216 935
27,0
37,9
106 029 263
19,9
100,0
383 732 295
100,0
72,0
148 881 555
100,0
28,0
532 613 850
100,0
100,0
25 261 327
6,6
24,4
78 308 694
52,6
75,6
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
103 570 021
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 16
19,4
100,0
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Compte tenu de ces remarques liminaires, nous pouvons
scolarisation global pour l’ensemble des 29 pays en distin-
maintenant aborder la présentation des profils de scolarisa-
guant les groupes de population selon le genre, le milieu
tion estimés pour les différents groupes de population
géographique (urbain/rural) et le niveau de richesse familia-
agrégée pour les 29 pays de notre échantillon avant d’exa-
deux quintiles les plus pauvres (Q1 et Q2, noté Q12) ; nous
considérés. Nous examinons en premier lieu la situation
le. Pour cette dernière variable, nous avons regroupé les
miner celle des différents pays qui le composent.
avons fait de même pour les quintiles 3 et 4 (variable notée Q34) ; le quintile le plus riche (Q5) a été considéré pour lui-
1.4.1 Une perspective agrégée pour les 29 pays
même. Le tableau présente aussi les principales situations
de notre échantillon
croisant les trois variables de segmentation. Le graphique 3 en donne une première illustration.
Le tableau 5 présente les estimations de base du profil de
Graphique 3. Profil de scolarisation selon le genre, le milieu géographique et le niveau de richesse, 29 pays
Source : construction des auteurs sur la base du tableau A1 en annexe 2 et des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 17
28,3
14,2
59,8
Achèvement Secondaire 2
Rétention Primaire
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
18
6,5
1,9
34,9
Achèvement Secondaire 2
Rétention Primaire
49,4
53,6
0,5
3,1
72,5
62,9
61,3
47,9
2,2
6,4
9,1
15,5
24,7
37,1
FRQ34
67,9
76,8
58,3
5,7
11,5
16,3
25,6
35,4
45,5
G
76,2
71,6
66,9
8,7
17,9
22,9
32,6
42,8
57,4
82,6
FRQ5
70,8
80,6
61,1
8,4
16,9
21,4
30,9
41,5
50,4
81,1
Genre
75,5
F
54,1
60,1
40,2
1,3
3,8
5,7
10
18,5
28,8
69,8
GRQ12
57,5
71,1
48,0
2,8
7,5
10,0
17,3
27,2
36,9
72,9
79,5
87,9
44,1
67,6
67,3
54
4,2
10,9
14,4
21,3
31,5
65,6
78,6
76,7
73,5
13,2
26,2
30,9
40,2
51,1
52,8
59,6
48,9
1,2
3,1
6,3
12,1
23
37,4
76,4
49,4
63,9
41,0
0,8
3,3
5,9
11,4
20,2
29,9
68,6
64,5
74,9
57,3
5,0
11,6
16,5
26,9
37,8
48,1
80,6
85,5
76,3
87,7
77,1
17,5
31,0
37,9
50,8
63,4
71,4
91,8
Quintiles de richesse Q12 Q34 Q5
67,1
67,6
62,5
4
10,1
15,7
25,1
37,4
54,1
Genre x milieu géographique x quintiles de richesse GRQ34 GRQ5 FUQ12 FUQ34
75,3
85,7
74,1
12,6
25,1
32,8
45,8
58,7
68,2
91,6
Milieu géographique R U
77,6
77,4
82,3
13
25,6
34,3
46,2
59,5
76,9
93,1
FUQ5
56,8
65,5
55,4
2,6
6,2
10,2
17,4
30,6
45,9
83,2
GUQ12
50,9
67,0
44,5
2,3
5,6
7,3
13,8
23,5
33,5
69,3
90,8
74,5
83,9
72,5
10,4
21,0
29,7
42,9
55,3
65,5
89,8
70,9
72,7
69,4
7,7
16,8
22,6
33
46,5
63,1
GUQ34
61,1
73,7
50,2
3,4
9,2
12,4
20,4
30,5
39,7
76,3
80,0
81,9
88,1
19,7
36,5
43,8
55,1
68,9
84,6
96,0
GUQ5
76,0
87,0
75,6
14,8
29,0
36,1
48,6
61,9
70,7
93,3
Genre x milieu géographique FR GR FU GU
Source : construction des auteurs sur la base du tableau A1 et des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
* F est pour «filles», G pour «garçons», R pour «rural», U pour «urbain», Q12 pour les quintiles Q1 et Q2 regroupés (les 40 % les plus pauvres de la population de chaque pays), Q34 pour les quintiles Q3 et Q4 regroupés, et Q5 pour le quintile le plus riche.
Rétention Secondaire 1
Transition Primaire Sec. 1
Accès Supérieur
Accès Secondaire 2
13,2
Achèvement Secondaire 1
Accès Secondaire 1
23,1
62,2
FRQ12
69,6
78,9
6,9
18,8
Achèvement Primaire
Accès Primaire
Ensemble 29 pays (%)
Rétention Secondaire 1
Transition Primaire Sec. 1
Accès Supérieur
Accès Secondaire 2
38,5
Achèvement Secondaire 1
Accès Secondaire 1
48,0
78,4
Ensemble
Achèvement Primaire
Accès Primaire
Groupes de population * Ensemble 29 pays (%)
Tableau 5. Eléments du profil de scolarisation selon le genre, le milieu géographique et le niveau de richesse, valeurs moyennes pour les 29 pays
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
On voit que les trois variables de segmentation ont bien
Pour le genre et le milieu géographique, nous disposons bien
scolarisation, les disparités allant bien sûr dans le sens
pas le cas pour le niveau de richesse qui s’inscrit sur un conti-
garçons, les ruraux en retrait par rapport aux urbains et
oppositions sont proposées dans le tableau 6 : la première
chacune une incidence significative sur les profils de
sûr uniquement de deux catégories naturelles, ce qui n’est
anticipé : les filles sont en retrait par rapport aux
nuum et qui est construit. Pour cette dernière variable, trois
les pauvres en retrait par rapport aux riches. Si l’on se
entre la scolarisation des individus des quintiles 1 et 2 regrou-
penche plus spécifiquement sur la dimension de
pés et celle du cinquième quintile (respectivement les 40 %
ruraux sont en retard sur les urbains dès l’entrée à
population de chaque pays) ; la seconde oppose la scolarisa-
et 91,6 %) et que cet écart se creuse progressivement
second quintiles (les 40 % les plus pauvres) à celles des indi-
chances des urbains d’accéder au 1er cycle secondaire,
la troisième oppose toujours la scolarisation des individus des
localisation géographique, on peut observer que les
les plus pauvres et les 20 % les plus riches au sein de la
l’école primaire (taux d’accès moyens respectifs de 72,9
tion des individus appartenant respectivement aux premier et
lorsqu’on considère des niveaux plus élevés. Ainsi, les
vidus appartenant aux troisième et quatrième quintiles ; enfin,
sont deux fois plus importantes que celles des enfants
deux quintiles les plus pauvres à celle des individus des trois
ruraux.
autres quintiles (les 60 % plus riches/moins pauvres). Bien
sûr, plus les groupes comparés seront à l’opposé l’un de
L’intensité des écarts associés aux trois variables de seg-
l’autre (groupe le plus pauvre par rapport aux groupes les plus
riches), plus les écarts relatifs se creusent13. Pour rester dans
mentation sociale est variable. Pour la mesurer, le
tableau 6 propose une mesure du rapport de scolarisa-
des références relativement communes avec les deux autres
points du système éducatif (valeurs agrégées pour les 29
qui compare les 40 % les plus pauvres aux 60 % les plus
variables sociales, nous optons pour la troisième opposition
tion entre groupes favorisés et défavorisés en divers
riches/moins pauvres de la population.
pays).
Tableau 6. Rapport entre groupes sociaux favorisés et défavorisés en divers points du profil de scolarisation, en fonction du genre, du milieu géographique et du niveau de richesse, 29 pays Groupes sociaux Accès Primaire
Achèvement Primaire Accès Secondaire 1
Genre Garçon / Fille 1,07 1,11
1,17
Milieu géographique Urbain / Rural 1,26 1,85
Q5 / Q12 1,34
Niveau de richesse Q34 / Q12
2,39
2,16
3,14
1,17 1,61
1,87
Q345 / Q12 1,23 1,85
2,23
Achèvement Secondaire 1
1,20
2,64
4,45
2,36
2,93
Achèvement Secondaire 2
1,47
3,37
9,43
3,52
4,94
Accès Secondaire 2
1,31
3,28
6,45
2,81
3,74
Accès Supérieur
1,48
4,44
22,31
6,36
9,88
Transition Primaire-Secondaire 1
1,05
1,21
1,37
1,17
1,24
Rétention Primaire
Rétention Secondaire 1
1,05
1,04
1,54
1,88
1,31
1,54
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
1,40
1,30
1,56
1,38
13 Par exemple, si on se situe en fin de second cycle secondaire, le rapport s’établit à 3,11
dans la seconde opposition (les 40 % plus pauvres contre les 40 % moins pauvres, sans les 20 % les plus riches), alors qu’il s’établit à 4,63 dans la troisième opposition (les 40 % les plus pauvres contre les 60 % plus riches/moins pauvres), et à 7,67 dans la première opposition, qui compare la situation des 40 % les plus pauvres à celle des 20 % les plus riches de la population de chaque pays.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 19
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
D’une façon générale, et cela est valide pour chacune des
ristiques favorables (garçon, urbain, riche) et celui qui accu-
trois variables de segmentation, on observe que l’intensité
mule tous les facteurs défavorables (fille, rurale, pauvre). La
des disparités entre groupes favorisés et défavorisés a ten-
seconde partie du tableau 5 donne les chiffres estimés qui
élevés dans le profil de scolarisation ; ainsi, les disparités
fiques à chacune des 12 catégories identifiées dans le croise-
dance à être croissante lorsqu’on se situe à des points plus
permettent de construire les profils de scolarisation spéci-
sociales se creusent-elles lorsqu’on monte dans les éche-
ment des trois variables.
graphique 4. Ce graphique permet aussi d’observer que l’in-
Si on examine en premier lieu les profils de scolarisation
lons du système éducatif. Cette tendance est visible dans le tensité des disparités entre groupes favorisé et défavorisé
des deux groupes les plus extrêmes (garçons urbains
du genre. Ainsi, si on se situe au niveau de l’accès au pre-
ve des situations scolaires extrêmement contrastées. Ainsi,
est un peu plus forte sur la base du milieu géographique que
riches d’une part, filles rurales pauvres de l’autre), on trou-
mier cycle secondaire, le rapport de scolarisation entre le
de façon agrégée pour les 29 pays, alors que 96 % des
groupe favorisé et le groupe défavorisé vaut-il 1,17 pour le
individus du premier groupe accèdent à l’école, ce n’est le
genre et 2,16 pour le milieu géographique. Mais c’est en fait
cas que pour 62 % des individus du second. Si on se place
le niveau de la richesse familiale qui fait largement le plus de
maintenant à l’entrée en premier cycle secondaire (un
au premier cycle secondaire, le coefficient de disparité entre
les différences entre les deux catégories sont déjà impor-
différence. Ainsi, en se situant toujours au niveau de l’accès
niveau d’intérêt particulier dans le contexte de cette étude),
groupe favorisé et défavorisé vaut-il 2,23. De façon grossiè-
tantes avec un chiffre de 68,9 % pour le premier groupe et
celles selon le niveau de richesse sont environ d’une inten-
second cycle secondaire, il concerne 43,8 % des garçons
re, à ce point dans le système, les disparités urbain/rural et
seulement 13,2 % pour le second. Quant à l’accès au
sité six fois plus grande que celles entre garçons et filles.
urbains riches contre seulement 3,3 % pour les filles rurales
Cette hiérarchie dans le poids des trois variables de seg-
pauvres. Ces écarts sont considérables. Le graphique 5
mentation est clairement visible dans le graphique 4.
illustre ces observations en étendant la comparaison à l’en-
En croisant les modalités des trois variables sociales, on
semble des 12 catégories considérées, l’ensemble des cas
aboutit à des disparités évidemment encore plus prononcées,
étant encadrés par les deux cas extrêmes qui viennent
notamment entre le groupe qui accumule toutes les caracté-
d’être rapidement décrits.
Graphique 4. Disparités sociales à différents points d’entrée et de sortie du profil de scolarisation, 29 pays
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 20
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
.1 ch èv .S ec .1 A cc ès Se c. 2 A ch èv .S ec A .2 cc ès Su pé rie
A
A
cc
ès
Se c
.
ch èv .P rim
A
A
cc
ès
Pr im
.
ur
% de la classe d’âge
Graphique 5. Profil de scolarisation selon le croisement genre, milieu géographique et niveau de richesse (29 pays)
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
1.4.2 Des situations différenciées selon les
des trois dimensions dans chaque contexte national et en
pays
particulier faire ressortir celui de la distinction urbain/rural;
la situation moyenne des 29 pays de notre échantillon
le milieu rural et examine les différences éventuelles entre
été dégagées s’appliquent peu ou prou à l’ensemble de ces
entre les différents segments du système éducatif.
iii) la troisième cible les disparités entre le milieu urbain et
Les informations qui viennent d’être présentées concernent
pays dans le processus de génération de ces disparités
d’études. Il est vraisemblable que les lignes de force qui ont pays ; mais il est probable aussi que la situation de chacun
des pays qui composent cet échantillon peut présenter des
* Un degré variable dans l’intensité globale des inégalités
Compte tenu de l’ampleur des données concernées, nous
considérées
maire et le premier cycle secondaire. Ces profils de scola-
Pour des raisons pratiques, il n’est pas possible de faire un
sociales et dans le poids des trois dimensions sociales
spécificités qu’il est maintenant intéressant d’explorer.
limitons la présentation au profil de scolarisation pour le pririsation par pays (accès et achèvement du primaire et du
bilan des disparités sociales dans chacun des pays à cha-
variables de segmentation sociale, sont présentés dans le
primaire, achèvement du cycle, accès au secondaire, ...).
cun des points distinctifs du profil de scolarisation (accès au
premier cycle secondaire), définis à partir des trois
Nous avons choisi de nous situer en fin de premier cycle
tableau A1 en annexe. Sur cette base, nous procédons
secondaire pour conduire l’analyse (un point où les inégali-
selon trois lignes complémentaires : i) la première consiste
tés sociales ont eu le temps de s’exprimer sans considérer
à calculer des indices de disparités sociales pour les trois
les niveaux les plus élevés du système, où les inégalités
dimensions analysées et à construire une mesure globale
sont certes plus intenses mais aussi où la couverture est
des disparités sociales dans les différents pays de l’échan-
généralement faible).
tillon ; ii) la deuxième consiste à identifier le poids respectif
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 21
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Le tableau 7 propose une vision synthétique, pour chacun
d’études montre la pertinence empirique de l’hypothèse ; la
sociales, mesurées pour chacune des trois dimensions
sant la relation moyenne entre les deux grandeurs l’atteste
des pays de l’échantillon, de l’intensité des disparités
valeur (0,60) du coefficient de détermination (R²) caractéri-
considérées, en comparant les chances de la population
de manière formelle.
favorisée (garçons, urbains, deux plus hauts quintiles de
revenu) à celles de la population défavorisée (filles, ruraux,
En moyenne les pays qui ont une couverture plus faible de
céder à la dernière année du 1er cycle du secondaire.
être caractérisés par un niveau plus fort de disparités
trois quintiles de revenu ou de richesse les plus bas) d’ac-
leur système scolaire ont donc significativement tendance à sociales. Mais cela ne signifie pas pour autant que cette
Attachons-nous en premier lieu à la dernière colonne du
relation soit rigide et déterministe. En effet, on peut mesu-
chances respectives des jeunes favorisés et défavorisés
sous de la relation moyenne, manifestant respectivement
tableau qui propose la valeur moyenne du rapport des
rer que certains pays sont clairement au-dessus ou au-des-
dans les trois dimensions sociales considérées14. La
une propension spécifique à produire des inégalités
valeur moyenne de cet indicateur pour l’ensemble des pays
sociales plus fortes ou plus faibles lorsqu’on contrôle l’in-
de l’échantillon est de 3,91 ; mais il existe aussi une varia-
fluence du niveau de couverture scolaire des différents
bilité notable entre pays. Ainsi, des valeurs inférieures à 2
pays. On observe alors que des pays comme le Bénin, le
sont constatées au Ghana (valeur de 1,54, minimum de
Burkina Faso, la Côte d’Ivoire ou le Rwanda sont caractéri-
tous les pays de l’échantillon), en Côte d’Ivoire (1,9), au
sés par un niveau de disparités sociales sensiblement infé-
Kenya (1,8) et au Nigeria (1,7), alors que des valeurs de
rieur à celui auquel on aurait pu s’attendre compte tenu du
l’ordre de 5 ou davantage sont enregistrées au Burundi (5),
niveau de couverture de leur système éducatif ; à l’opposé,
en Ethiopie (7,3), en Guinée-Bissau (18,2, le pays où les
les disparités sociales apparaissent plus fortes que celles
disparités sociales sont globalement les plus fortes selon
anticipées sur la base du niveau de couverture au
l’indicateur retenu), au Mozambique (8,6) et en République
Cameroun et en Guinée, mais surtout en Ethiopie et en
centrafricaine (6).
Guinée-Bissau.
Cette variabilité inter-pays dans l’intensité de leurs disparités
* Le poids respectif des trois dimensions sociales, en parti-
sociales peut elle-même s’expliquer par des caractéristiques
culier de la distinction urbain/rural
distinctives de chacun d’entre eux ; on peut certes penser à
des dimensions culturelles, contextuelles ou politiques. Il
Les pays se distinguent par un niveau moyen global de dis-
effectivement un rôle ; mais on peut penser que s’applique
agrège les disparités selon le genre, le milieu géographique
n’est évidemment pas exclu que ces dimensions jouent
parités sociales plus ou moins élevé ; comme l’indice global
aussi la loi souvent validée en sociologie de l’éducation selon
et le niveau de richesse, il est possible que le score global
laquelle les disparités sociales ont tendance à être fortes
provienne de situations différenciées selon les trois compo-
lorsque les systèmes sont peu développés (les chances de
santes. Les données consignées dans le tableau 8 permet-
scolarisation sont faibles et les segments les plus favorisés
tent une première approche de cette question. Pour un cer-
de la société ont tendance à s’emparer du petit nombre de
tain nombre de pays, il y a une assez bonne cohérence
places disponibles) pour se réduire lorsque la couverture
scolaire augmente (sont admis à l’école des segments de
population qui en étaient précédemment exclus). Le graphique 6 a été construit à partir de cette hypothèse.
La distribution des points représentant chaque pays dans
14 Cette statistique ne possède pas de propriétés particulières; elle donne sans doute toutefois une bonne idée globale de l’intensité des disparités sociales globales (en fin de 1er cycle secondaire) entre les différents pays.
l’espace croisant le Taux d’achèvement du premier cycle secondaire et l’indice de disparités sociales à ce niveau
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 22
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Tableau 7. L’ampleur des disparités sociales dans les différents pays (fin secondaire 1) Pays
% Rural
% Accès fin secondaire 1
Bénin
63
23,1
Burundi
92
8,8
Burkina Faso Cameroun
Congo démocratique Congo République Côte-d’Ivoire Ethiopie
La Gambie Ghana
Guinée
Guinée Bissau Kenya
Lesotho Malawi Mali
Mauritanie
Mozambique Niger
Nigeria
Ouganda
Rép. centrafricaine Rwanda
Sénégal
Sierra Leone Tchad Togo
Zambie
Zimbabwe
Moyenne 29 pays
85
29,3
40
45
46
85
62
57
70
59
85
80
85
72
55
66
83
1,89
10,2
65
69
Genre (G/F) 1,38 1
0,93
32,3
1,28 1,1
26
1,24
0,95
20,8
1,09
41,6
1,01
61,3 29
1,35
10,5
37,4
34,6
6,75
7,14
4,96
3,94
2,23
2,95 1,7
8,92
2,83
1,54
3,56
6,85
1,86
3,36 2,8
12
2,75
2,06
5,92
4,27
3,91
1,79
2,47
1,91
7,29
2,22
1,54
3,61
18,22
0,81
2,44
3,9
2,38
1,11
1,83
8,3
2,12
4,56
34,33
1,79
22
1,8
6,88
18,67
1,28
23,6
2,69
1,65
1,44
27,6
Rapport chances des favorisés et défavorisés Milieu Richesse Moyenne (U/R) (Q12/Q345)
1,86
2,58 4,1
3,39
2,2
3,11
3,47
4,23
8,42
15,67
1,83
2,32
3,12
2,91
8,64
66
39,7
1,11
1,57
2,33
1,67
60
12,1
1,71
9,69
6,48
5,96
89
84
59
70
75
69
63
68,2
69,7
22,8
1,64
1,01
14
17,7
1,32
0,99
41,2
2,17
12,7
36,4
1,4
36
1,25
58,9
1,08
28,0
1,3
2,9
4,98 4,9 3
8,31
2,77
2,92
1,22
4,6
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
5,51
2,56
5,89
2,27
3,78
3,09
4,22
2,14
5,6
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 23
3,35
2,85
4,04
2,09
4,76
2,42
2,79
1,48
3,8
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Graphique 6. Indice global de disparités sociales en fin de secondaire 1 selon le taux d’achèvement du cycle
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
entre le niveau des disparités selon les trois dimensions
géographique sont très substantielles, alors que celles
considérées, mais ce n’est pas le cas de tous les pays : au
selon le niveau de richesse des ménages sont moins
fortes ;
Bénin et au Mali, les disparités selon le milieu géogra-
en
phique et selon le niveau de richesse sont modérées ou
Centrafricaine, les disparités sociales sont très fortes
faibles alors que celles selon le genre sont spécialement
dans les trois dimensions considérées, alors qu’en
fortes ; au
République du Congo, au Ghana, en Gambie, en Guinée,
Burkina Faso, au contraire, c’est la dimension
au Kenya, au Malawi, en Mauritanie, au Nigeria, au
urbain/rural qui pose problème ;
au
Rwanda, au Sénégal, en Sierra Leone, au Togo et en
Zambie, les disparités observées dans les trois dimen-
Burundi et en Ethiopie, c’est une situation inversée par
sions sont faibles ou dans la moyenne régionale, sans déséquilibre fort au détriment d’aucune d’entre elles.
rapport à celle du Bénin qui est rencontrée, avec des dis-
parités garçons-filles très faibles ou inexistantes alors
Si l’on cible de façon spécifique les disparités entre milieu
que les disparités selon le milieu géographique et le
rural et urbain, les pays pour lesquels cette dimension joue
niveau de richesse sont très fortes ;
au
un rôle spécialement important (au détriment des enfants
Cameroun, c’est surtout la richesse des ménages qui
ruraux) sont en premier lieu l’Ethiopie, la Guinée-Bissau, le
fait des différences, l’influence de la distinction
Mozambique, la République centrafricaine ; viennent ensuite
le Burkina Faso et le Burundi ; de façon contrastée, la dimen-
urbain/rural étant modérée et celle du genre très limitée ;
au
Guinée-Bissau, au Mozambique et en République
sion des disparités entre milieux urbain et rural semble mieux
Tchad, les disparités selon le genre et le milieu
gérée en Côte d’Ivoire, au Ghana ou au Nigeria.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 24
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Un point important à noter pour conclure est que le retard
et le milieu urbain, et d’autre part à l’enseignement secon-
extrêmement forte au niveau de développement quantitatif
objet au niveau sectoriel global, notamment dans l’en-
de scolarisation des enfants de milieu rural est lié de façon
daire de premier cycle. Il importe toutefois de situer cet
du système. Le graphique 6 a montré que les disparités
semble des différenciations sociales existant au sein des
sociales globales sont d’autant plus fortes que la couvertu-
systèmes éducatifs des pays considérés.
cune des trois dimensions sociales avec la couverture du
Nous savons, d’après les données du tableau 5, que res-
urbain/rural qui est à l’origine de cette observation globale.
achèvent le premier cycle secondaire. Il paraît dès lors
re du système est faible ; l’analyse de la relation entre cha-
système montre que c’est, et de loin, la dimension
pectivement 17,3 % et 45,8 % des ruraux et des urbains
En effet, le coefficient de détermination n’est que de 0,17
intéressant de décrire le processus sélectif qui a conduit
avec le genre et de 0,40 avec le niveau de richesse, alors
à cette situation et, en particulier, d’identifier le poids res-
rural. Cela renvoie à l’argument donné précédemment, et
rieurs à ce point, où se sont générées progressivement
tèmes éducatifs se développent, selon un principe de faci-
décomposition des disparités géographiques, entre le
la densité de population et la forte demande de scolarisa-
mier cycle secondaire.
que sa valeur s’établit à 0,68 avec la distinction urbain-
pectif des différents segments du système éducatif, anté-
qui sera repris dans le point III.4 infra, selon lequel les sys-
les disparités constatées ? Le tableau 8 propose une
lité progressive, en commençant par les zones urbaines où
milieu urbain et le milieu rural, constatées en fin de pre-
tion rendent facile la mise en place d’établissements sco-
laires, en poursuivant par les milieux où la densité de popu-
Ce tableau descriptif nous donne des indications très utiles
lation reste acceptable et en finissant par les zones rurales
tant pour la compréhension de la production des inégalités
d’habitat dispersé, où le nombre de jeunes à scolariser est
de scolarisation entre les milieux urbain et rural que pour la
réduit et où la demande de scolarisation est incertaine.
dynamique des scolarisations dans les pays d’Afrique sub-
saharienne. En examinant la situation en fin de premier
* Processus de génération des disparités urbain/rural dans
cycle secondaire, on imaginait bien que les différenciations
selon le milieu géographique s’étaient pour partie
les différents pays de l’échantillon
construites dans le primaire, mais il était aussi couramment
Dans cette étude, nous nous intéressons de façon plus par-
admis que la transition entre le primaire et le secondaire
ticulière, d’une part aux différenciations entre le milieu rural
était très défavorable aux ruraux.
Tableau 8. Décomposition entre les différents segments du profil de scolarisation des différenciations urbain-rural constatées en fin de premier cycle secondaire 28 pays
Accès primaire
Achèvement primaire Accès secondaire 1
Achèvement secondaire 1
% de la classe d’âge scolarisé Rural (%) 72,9
Urbain (%) 91,6
27,2
58,7
36,9
17,3
68,2
Rapport
Urbain/rural 1,26 1,85
Contribution multiplicative spécifique 1,26
2,16
45,8
2,64
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 25
1,47
1,17
1,23
Contribution relative % 23,4 39,7
15,9
21,0
100,0
1. Etat des lieux de la couverture scolaire dans les pays d’Afrique subsaharienne
Les informations factuelles, sur l’ensemble des 29 pays
donc parce que les ruraux accèdent moins au primaire et
deux tiers (63,1 %) des différenciations constatées en fin
qu’on les retrouve moins que leurs homologues urbains
générées dans l’accès au primaire (23,4 %), et surtout
secondaire leur est certes un peu plus difficile, mais cela
considérés, contredisent cette idée. En fait, près des
surtout l’abandonnent plus souvent de façon précoce
de premier cycle secondaire entre urbains et ruraux sont
en fin de premier cycle secondaire ; la transition vers le
dans la rétention en cours de cycle primaire (39,7 %) ;
ne compte additionnellement que peu (au total, elle ne
sur ces bases, la transition n’ajoute que 15,9 %, un
compte que pour 16 % des disparités observées en fin
rétention en cours de premier cycle secondaire. C’est
urbains15).
chiffre un peu plus élevé (21 %) étant estimé pour la
de premier cycle secondaire entre les ruraux et les
15 Des erreurs de diagnostic supposant un poids qu’elle n’avait pas à la transition primairesecondaire ont été enregistrées, notamment aux Philippines et au Maroc au cours des années 1980 ; elles ont débouchées sur des politiques éducatives inappropriées et des résultats peu probants pour les systèmes.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 26
2.
Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
2.1 L’impact de la distance entre le domicile familial et l’établissement secondaire le plus proche
2.1.1 Des distances souvent grandes pour
Comme nous l’avons vu, la scolarisation au niveau du premier cycle secondaire des jeunes ruraux est en retard par
l’accès à l’enseignement secondaire des ruraux
mais l’intensité du retard varie d’un pays à l’autre ; on a déjà
prises en compte, mais d’une part elles sont généralement
tendance à être significativement plus intenses lorsque la
transports en commun rend les distances assez longues
rapport à celle des urbains. Cela est vrai dans tous les pays
En ville, les distances pour se rendre à l’école doivent être
montré que les disparités entre l’urbain et le rural avaient
plus réduites qu’en milieu rural, d’autre part l’existence de
couverture des scolarisations était plus faible, en mettant
généralement moins pénalisantes. Le tableau 9 présente la
en avant un processus de développement séquentiel des
distribution de la distance à l’établissement secondaire le
systèmes qui ciblent en priorité les populations les plus
plus proche, respectivement pour les enfants ruraux et
faciles à scolariser pour aller progressivement vers celles
urbains dans un échantillon de 12 pays.
qui le sont moins. Nous apportons maintenant une dimension explicative, nouvelle mais associée, à l’analyse du
Examinons le temps moyen qui sépare le domicile de l’éta-
cès à l’école secondaire est souvent difficile du fait de la
significative, les urbains, en moyenne dans les 12 pays de
retard de scolarisation des ruraux : le fait que pour eux l’ac-
blissement secondaire le plus proche. La différence est
distance, ce qui constitue sans doute une entrave supplé-
cet échantillon, ont un établissement secondaire de premier
mentaire à leur scolarisation. Pour illustrer cette question,
cycle à moins d’une demi-heure (27 minutes) de leur domi-
nous décrivons en premier lieu la distribution de la distance
cile, alors, que pour les ruraux, l’établissement le plus
à l’établissement scolaire de premier cycle le plus proche
proche est, en moyenne, à près d’une heure et dix minutes
pour les jeunes ruraux ; ensuite, nous explorons la question
(69 minutes). Alors que 36 % des jeunes urbains ont un col-
de savoir dans quelle mesure le fait que l’établissement
lège à moins de 15 minutes de leur domicile, ce n’est le cas
secondaire (le plus proche) soit éloigné du domicile familial
que pour moins de 8 % des jeunes ruraux dans les douze
la population qui a achevé un cycle primaire complet.
te une perspective cumulée.
réduit les chances d’accès au secondaire, notamment pour
pays où l’analyse a pu être conduite. Le graphique 7 adop-
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 27
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
Tableau 9. Distribution de la distance à l’établissement secondaire le plus proche dans 12 pays* Tranche de temps Milieu Bénin
Burkina Faso
0-15 min Rural Urbain 8,4
13,6
15-30 min Rural Urbain
30-45 min Rural Urbain
45-60 min Rural Urbain
60 min ou + Rural Urbain
11,4
18,2
10,1
4,0
65,4
15,2
15,0
2,0
4,0
46,0
14,9
26,3
3,2
34,2
10,0
40,0
Congo
19,7
49,8
17,1
26,1
Guinée Bissau
14,7
Burundi Guinée
Lesotho
7,1 6,0 9,4
59,1 21,5
Malawi
4,8
31,3
Mauritanie
3,1
27,2
Mali
9,9
58,7
14,2 5,0
9,5
13,9
29,2 36,6
11,6
15,1
4,7
3,9
16,6
28,8
9,4
21,8
8,9
8,1 4,3
1,9
12,3
55,6 80,0
69,9
47,9
23,3
5,1
100,0
100,0
53,4
21,4
0,4
11,2
58,9
17,6
4,0
25,1
3,7
22,5
4,3
16,7
84,8
4,4
6,6
83,6
6,4
28,9
13,8
18,8
5,8
Moyenne
7,6
35,7
9,9
28,8
10,2
19,4
6,4
3,7
34,6
5,3
22,3
3,9 7,4 7,1
71,2
39,9
70,9
7,8
4,2
63,6
100,0
10,4
17,9
100,0
100,0
19,7
6,8
100,0
3,5
14,2
18,1
31,4
30,1
8,8
21,0
23,6
7,9
2,4
2,8
1,8
56,2
11,6
Rwanda
Sénégal
10,3
Ensemble Temps moyen (mn) Rural Urbain Rural Urbain
100,0 100,0
100,0
100,0
100,0 100,0
100,0
100,0
8,5
100,0
6,4
100,0
1,3
71,6
13,5
65,9
8,9
100,0 100,0
100,0
63,6 77,6
68,6
59,6
15,9 31,6
66,8
33,3
100,0
81,1
31,7
100,0
80,7
27,0
100,0 100,0
100,0
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes de ménages, notamment QUIB qui documente bien les aspects spatiaux.
71,3 74,2
69,3
18,3 30,6
27,3
Graphique 7. Distribution cumulée des élèves selon la durée du trajet vers l’établissement secondaire le plus proche et selon le milieu
% cumulé d’élèves
Rural
Urbain
0-15 minutes
15-30 min
30-45 min
Durée du trajet
45-60 min
60 min ou +
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Les données consignées dans le graphique montrent que
Cette situation moyenne globale prévaut dans tous les pays
minutes du domicile de leurs parents alors qu’environ deux
sibles d’un pays à l’autre ; elles tiennent pour partie i) à la
18 % seulement des ruraux ont un collège à moins de 30
de l’échantillon. On observe toutefois des différences sen-
urbains sur trois sont dans ce cas. Le collège le plus proche
configuration géographique des différents pays, ii) à la dis-
est à moins d’une heure de leur domicile pour seulement
tribution des populations, notamment à l’intérieur du milieu
le cas de plus de 90 % des jeunes urbains.
mier cycle secondaire en milieu rural et iv) aux politiques
environ un tiers des ruraux des pays de l’échantillon ; c’est
rural, iii) à l’état de la couverture de la scolarisation en pre-
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 28
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
choisies en matière de carte scolaire (choix pour des petits
La première partie du tableau porte sur la population totale
taille plus grande et donc, en général plus éloignés des
au premier cycle secondaire. Les chiffres sont faibles car
établissements de proximité ou pour des établissements de
d’âge scolaire et examine les chances individuelles d’accès
élèves potentiels). Ainsi, la distance moyenne à l’école
certains enfants ne sont pas du tout allés à l’école et
secondaire en milieu rural est-elle inférieure à une heure du
d’autres y sont allés mais n’ont pas atteint la fin du cycle pri-
domicile au Congo ou au Lesotho alors qu’elle dépasse une
maire. Enfin, certains des enfants ont pu achever le cycle
République du Congo, près de 38 % des jeunes ruraux ont
seconde partie du tableau cible plus spécifiquement cette
heure et vingt minutes en Mauritanie ou au Sénégal. En
primaire mais dû mettre ensuite un terme à leurs études. La
un collège à moins de trente minutes de leur domicile, mais
dernière population.
c’est le cas pour moins de 10 % d’entre eux en Mauritanie, au Rwanda ou au Sénégal.
2.1.2 Conséquences des
Sur cet échantillon de pays (mais il est probable que cela
est valable de manière générale), la distance à l’établisse-
distances sur les
ment secondaire de premier cycle a clairement un impact
Nous cherchons maintenant à déterminer dans quelle
Attachons-nous en premier lieu à la question de la transi-
domicile modifie les comportements individuels quant à
qu’en moyenne, les chances de transition sont de 69 %
scolarisations
négatif sur les chances des individus d’y avoir accès.
tion entre le primaire et le premier cycle secondaire. Alors
mesure le fait que le collège soit plus loin ou plus près du
l’accès au premier cycle secondaire. On peut partir de l’idée
pour les enfants qui ont un établissement dans une grande
phique implique pour les familles des coûts de nature
rendre), ce chiffre baisse de 10 points (59,1 %) lorsque
proximité géographique (moins de 15 minutes pour s’y
que l’existence d’un collège dans la proximité géogra-
l’établissement est distant de 15 à 30 minutes, à 51,2 % si
monétaire (transports, nourriture, …), temporelle (possibilité d’utiliser les enfants pour les travaux domestiques
le temps nécessaire est compris entre 30 et 45 minutes et
enfants, notamment des filles) plus faibles que ceux engen-
minutes. Une grande distance pour atteindre l’établisse-
très éloigné du domicile familial. Il convient de déterminer à
de l’offre scolaire. Mais lorsque l’établissement est «sur-
seulement 45,4 % si la distance est supérieure à 45
avant/après la classe) et psychologique (contrôle des
ment le plus proche manifeste donc une difficulté du côté
drés par la scolarisation dans un établissement scolaire
place», un faible taux de transition signifie que certains indi-
partir de quelle distance les difficultés se transforment en
vidus décident de ne pas poursuivre leurs études en dépit
moindre scolarisation, et quelle est la relation entre la sco-
de la facilité logistique qu’ils auraient à le faire. La difficul-
larisation et la distance entre le domicile et l’établissement
té se trouve donc, cette fois, du côté de la demande de sco-
de premier cycle secondaire le plus proche.
larisation pour ce niveau d’études.
Cette structure vaut en moyenne pour l’échantillon des dix
Pour aborder ces questions de manière empirique, nous
pays. Mais il existe des différences notables entre pays,
avons recours à des estimations économétriques sur la
quant au niveau du taux de transition et à l’intensité de la
base des dix pays pour lesquels nous avons pu disposer
d’une enquête de ménage qui contienne les informations
relation entre distance et probabilité de transition. Comme
ment primaire et premier cycle secondaire. Le tableau 10
brons à une valeur 100 dans chaque pays le taux de transi-
nous souhaitons cibler cette dernière composante, nous cali-
sur la distance entre le domicile et les écoles respectivecible les jeunes de milieu rural. Il donne le résultat des esti-
tion observé pour les individus ayant un établissement à
babilités d’accès au premier cycle secondaire en fonction
obtenus par cette procédure. Les différences entre pays sont
moins de 15 minutes. Le graphique 8 illustre les résultats
mations dans les dix pays de notre échantillon sur les pro-
très apparentes ; on observe ainsi d’une part des pays dans
de la distance entre le domicile familial et l’établissement
lesquels la distance n’a pas d’influence avérée sur la transi-
secondaire le plus proche, d’une part pour la population
tion, comme au Congo, ou peu d’influence comme au Bénin
globale d’âge scolaire et d’autre part pour la population qui
ou au Burundi ; en revanche, en Mauritanie et au Rwanda, le
a achevé le cycle primaire.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 29
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
Tableau 10. Probabilité d’accès au 1er cycle secondaire selon la distance à l’établissement (milieu rural uniquement)
Accès (%) (Sur la population totale) Bénin
Burkina Faso
0-15 min 23,5 19,0
Burundi
5,6
Distance domicile établissement 1er cycle secondaire 15-30 min 30-45 min 23,5
20,2
9,6
7,3
5,6
4,0
45 min ou + 8,9 2,3
1,9
Congo
34,7
28,8
28,8
19,1
Malawi
11,9
5,9
5,9
2,9
Guinée
18,2
Mali
14,7
Mauritanie
26,3
Rwanda
11,1
Sénégal
16,5
Moyenne
18,2
Transition (%) (Sur la population qui a achevé le primaire) Bénin
Burkina Faso
0-15 min 74,2
66,7
12,5
12,5
12,4
9,6
12,4
3,2
2,6
2,6
11,4
5,4
9,6
7,2
10,3
10,3
12,5
3,6
Distance domicile établissement 1er cycle secondaire
5,6
4,0
15-30 min
30-45 min
45 min ou +
50,6
50,4
45,8
74,2
62,6
62,6
Burundi
46,0
46,0
42,6
35,5
Guinée
83,2
83,2
66,2
50,5
Mali
63,8
59,5
59,5
51,5
Rwanda
57,9
38,0
18,2
18,2
Moyenne
69,0
59,1
51,2
45,4
Congo
57,6
Malawi
73,7
Mauritanie
92,1
Sénégal
75,0
57,6
57,6
46,5
46,5
85,8
56,6
49,6
49,6
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes de ménages, notamment QUIB qui documente bien les aspects spatiaux.
Indice de transition
Graphique 8. Indice de transition primaire secondaire selon la distance entre le domicile et l’établissement
Distance à l’établissement
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes de ménages, notamment QUIB qui documente bien les aspects spatiaux.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 30
57,6 35,5 42,1 49,6
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
fait que le collège le plus proche soit éloigné du domicile
séries (celle sur la population globale et celle limitée aux
du primaire au secondaire.
situation des deux populations et pour le groupe de ceux
familial s’avère très pénalisant pour les chances de transition
jeunes qui ont achevé le primaire) en indice 100 pour la
qui ont un établissement scolaire à proximité. Le gra-
Une structure de type comparable est enregistrée si on fonde
phique 9 a été établi dans cette perspective. Le fait que
nent et non sur la seule population qui a achevé le cycle pri-
celle qui concerne la population ayant achevé le primai-
les estimations sur l’ensemble de la population d’âge perti-
la courbe pour la population totale soit en dessous de
maire. Ainsi, pour les enfants qui ont un collège dans une
re suggère que la distance à l’établissement secondaire
distante également), les chances d’accès à la scolarisation
avant l’achèvement du primaire. Ceci est confirmé par
compris entre 15 et 30 minutes, ces chances baissent à
mais surtout la rétention en cours de primaire étaient
grande proximité (il est probable que l’école primaire soit peu
le plus proche a, en moyenne, exercé une influence
secondaire sont de 18,5 % ; si l’établissement secondaire est
les analyses qui ont montré que marginalement, l’accès,
12,5 % et à 5,4 % si l’établissement secondaire est situé à
influencés par les chances de poursuivre des études au
plus de 45 minutes du domicile familial. Ces chiffres s’expli-
niveau secondaire. On peut en effet anticiper que la
pour ceux qui ont achevé le primaire, mais peuvent aussi être
enfants (et leurs familles) à rester scolarisés dans le pri-
quent en partie par la distance entre le domicile et le collège
proximité d’un établissement secondaire incite les
liés à l’arrêt de la scolarité avant la fin du cycle primaire et/ou
maire pour pouvoir saisir cette opportunité qui s’offre à
à la rétention en cours de cycle primaire.
eux ; si l’établissement secondaire est distant, les parents d’une part le connaissent moins bien, mais
Pour mettre en évidence, et séparer, ce qui se joue dans
d’autre part intériorisent les difficultés d’y avoir accès
la transition entre le primaire et le premier cycle secon-
avec, comme corollaire, une moindre ténacité des
daire et ce qui se joue avant, on peut calibrer les deux
jeunes à achever le cycle primaire.
Indice d’accès au collège
Graphique 9. Indice d’accès au Secondaire 1 en milieu rural selon la distance au collège pour la population globale et pour celle qui a achevé le primaire
Population totale
Achèvement primaire
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes de ménages, notamment QUIB qui documente bien les aspects spatiaux.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 31
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
2.2
Le poids du rural dans la dynamique des scolarisations au premier cycle secondaire
Après avoir constaté le retard de scolarisation des jeunes
Zimbabwe, mais dépasse la valeur de 7 au Burkina Faso,
résidant dans le milieu rural par rapport à leurs homologues
en Guinée Bissau, au Mozambique et au Niger.
sont, en général, minoritaires dans la population des pays
Sans surprise, compte tenu de ce que nous apprend la
urbains, sachant par ailleurs que les populations urbaines
de notre échantillon, on comprend que l’essentiel de l’effort
sociologie de l’éducation, on notera l’existence d’une rela-
re aura une tonalité rurale.
sations en premier cycle secondaire en milieu urbain ou
pour développer la scolarisation au premier cycle secondai-
tion négative entre le degré de disparités entre les scolarirural et le degré du développement de ce niveau d’ensei-
Cette partie propose une méthode pour estimer le nombre
gnement. Le graphique 10 illustre cette relation : plus le
de ruraux en âge d’être scolarisé en premier cycle secon-
niveau de couverture scolaire global est faible, plus fortes
daire, mais qui ne le sont pas. Pour cela, nous partons sim-
sont les disparités de scolarisation entre urbains et ruraux,
plement d’une mesure des taux de scolarisation en milieu
au détriment de ces derniers.
urbain et rural tels qu’ils ressortent des enquêtes de
ménages analysées dans le début de ce texte. Mais à l’in-
Cette relation moyenne globale, très significative, n’exclut
sur la situation de ceux qui ne sont pas scolarisés, popula-
sur le graphique se démarque de la relation moyenne ;
verse de la perspective classique, nous nous interrogeons
pas la situation particulière de certains pays dont la position
tion qui sera par conséquent la cible à atteindre dans les
c’est notamment le cas de l’Ethiopie, de la Guinée Bissau
années à venir pour progresser vers une couverture large
et du Mozambique dont le niveau des disparités géogra-
de la scolarisation en premier cycle de l’enseignement
phiques dépasse ce à quoi on aurait pu s’attendre sur la
secondaire.
base de leur niveau global de couverture à ce niveau
d’études ; par contraste, le Rwanda et la Tanzanie connais-
Le tableau 11 donne d’une part la valeur du taux de scola-
sent des disparités spatiales inférieures à ce qu’aurait pu
risation en premier cycle de l’enseignement secondaire
faire anticiper leur bas niveau de couverture scolaire.
dans la période récente et sa décomposition entre les milieux urbain et rural, et d’autre part la mesure du nombre
Cette structure des scolarisations entre zones urbaines
déduit le poids du milieu rural dans la population qui reste
disparités et le niveau de couverture, montrent bien que
d’enfants non scolarisés dans les deux milieux16. On en
et rurales et cette relation négative entre l’intensité des
potentiellement à scolariser.
les systèmes éducatifs se développent en lien avec les
facilités logistiques et sociales. Les services sont histori-
On constate que le taux de scolarisation moyen au niveau
quement développés d’abord en milieu urbain (surtout
régional, de 36 %, se distribue entre un chiffre de 22,2 %
dans les grandes villes, notamment les capitales) où il est
pour la population résidant en milieu rural, et un chiffre,
relativement facile de les mettre en place eu égard i) à la
Tous les pays ne se situent pas au même niveau de cou-
sortants du primaire et ii) à la demande forte de scolari-
beaucoup plus élevé, de 65,6 % pour la population urbaine.
densité de population et au nombre suffisant de jeunes
verture du premier cycle secondaire, entre les 7 % au Niger
sation d’une population plus aisée et influente. Ensuite,
et rurales sont aussi à des niveaux très différents selon le
contextes moins faciles, où les populations sont moins
et 76 % au Ghana, mais les disparités entre zones urbaines
les services s’étendent progressivement dans des
pays considéré. Alors que les chances de scolarisation au
premier cycle secondaire sont en moyenne près de trois
fois (2,9 fois) meilleures pour un enfant urbain que pour un
enfant rural, le rapport entre les TBS urbain et rural vaut
16 Pour cela nous utilisons également les données de populations des Nations unies dans les projections datées de l’année 2004.
moins de deux au Ghana, au Nigeria, au Togo ou au
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 32
70,0 22,5
40,1 12,7
32,1 38,2
Malawi Mali
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
33
23,0 25,1
54,4 14,0
47,8 55,5
Sierra Leone Tanzanie
Zambie Zimbabwe
36,0
19,3 69,4
11,8 32,1
68,9
65,4 73,0
78,5 64,7
57,8 78,2
85,4 55,4
87,5 59,5
80,0 63,7
60,4 61,8
84,1 68,4
81,4 80,6
63,8 58,6
64,9 58,1
49,9 83,7
41,8 70,3
95,5 50,9
64,8 79,8
% Ruraux pop. âge scolaire
40,9
43,4 61,8
44,3 46,5
33,1 47,7
62,9 23,9
66,7 28,5
25,9 58,6
28,4 17,3
65,1 32,7
65,6 41,5
31,1 10,6
33,9 45,3
13,8 42,7
25,2 41,3
83,6 28,7
41,9 35,4
% Elèves ruraux
22,2
31,7 46,6
10,9 49,9
31,2 8,5
8,7 13,9
17,5 12,0
2,4 59,0
15,3 8,0
24,8 18,3
35,5 12,4
19,6 2,3
14,1 59,4
8,0 13,1
42,2 13,2
16,1 34,9
28,4 9,2
TBS (%) rural
65,6
78,3 77,8
50,0 99,0
86,2 33,6
30,0 54,8
61,3 44,4
26,8 73,1
58,9 61,9
70,6 81,3
81,4 72,4
76,4 27,4
50,7 99,7
49,9 90,3
90,2 44,5
67,4 89,7
72,8 66,5
TBS (%) urbain
49 675,8
600,3 1 379,6
881,7 585,8
352,7 3 453,7
711,7 1 104,4
2 463,1 387,1
1 183,3 9 715,9
199,6 1 249,2
529,8 1 272,7
146,5 1 617,6
875,3 100,4
90,3 1 492,0
1 828,8 7 316,9
378,3 5 432,4
756,9 1 530,9
775,3 1 263,6
Pop. âge Sec1
8 623,8
124,5 469,3
75,5 189,2
63,5 229,6
53,0 84,8
377,2 27,7
22,3 3 649,9
18,5 61,8
110,6 159,0
42,3 161,7
109,4 1,4
8,2 515,3
73,0 801,3
66,7 504,1
116,1 272,0
142,9 93,0
Population rurale scolarisée
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Ensemble
Tchad Togo
Rwanda Sénégal
7,3 64,1
Ouganda RCA
Niger Nigeria
32,6 28,6
44,0 24,0
Mauritanie Mozambique
Lesotho Madagascar
26,9 76,3
Guinée Guinée Bissau
Gambie Ghana
29,0 25,6
Côte d’Ivoire Ethiopie
18,4 61,8
Congo RDC
Burundi Cameroun
44,0 20,8
TBS (%)
Bénin Burkina Faso
Pays
26 692,4
268,4 537,8
616,2 190,0
140,2 2 471,2
554,4 527,0
1 778,1 202,6
923,8 2 534,5
102,1 709,7
335,1 711,5
76,9 1 142,1
449,2 57,5
50,4 351,6
839,6 5 326,3
91,4 3 314,9
606,9 507,8
359,7 915,4
Population rurale non scolarisée (000)
9 721,7
162,4 289,8
95,0 204,5
128,4 253,0
31,3 270,0
188,7 69,6
63,6 2 582,5
46,6 295,6
59,4 326,9
22,2 227,2
242,0 11,4
16,1 623,4
457,2 1 073,4
198,6 718,0
22,8 674,0
198,5 169,7
Population urbaine scolarisée (000)
4 637,9
45,0 82,7
95,0 2,1
20,6 499,9
73,0 222,6
119,2 87,2
173,6 949,0
32,5 182,0
24,7 75,4
5,1 86,6
74,7 30,1
15,6 1,7
459,0 115,9
21,6 895,4
11,0 77,1
74,2 85,5
Population urbaine non scolarisée (000)
31 330,3
313,4 620,5
711,2 1 92,1
160,8 2 971,2
627,4 749,6
1 897,2 289,8
1 097,4 3 483,5
134,6 891,7
359,8 786,9
82,0 1 228,7
523,9 87,6
66,0 353,3
1 298,6 5 442,2
113,0 4 210,3
618,0 585,0
433,8 1 000,9
Population totale non scolarisée (000)
84,7
85,6 86,7
86,6 98,9
87,2 83,2
88,4 70,3
93,7 69,9
84,2 72,8
75,8 79,6
93,1 90,4
93,8 93,0
85,7 65,6
76,3 99,5
64,7 97,9
80,9 78,7
98,2 86,8
82,9 91,5
% Rural dans population non scolarisée
Tableau 11. Taux brut de scolarisation en premier cycle secondaire selon le milieu et estimation du poids du rural dans les populations restant à scolariser à ce niveau
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
Graphique 10. Ampleur des disparités urbain/rural selon le niveau de couverture du système (fin Sec1)
Rapport des chances des urbains et des ruraux
y = 75,788x 0,945 R2 = 0,6842
20.0
40.0
60.0
Taux (%) d’achèvement du Secondaire 1er cycle
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
nombreuses et plus dispersées, et la demande de scola-
d’une tendance globale, sans doute avec de nombreux
risation moins forte pour ce genre de services (petites
villes, quartiers périphériques des villes). Les cam-
contre-exemples, mais il semble bien qu’une dynamique de ce type soit en général à l’œuvre17.
faible, ne sont touchées qu’à la fin du processus d’exten-
Le schéma 1 restitue les proportions de population scolari-
pagnes, notamment celles où la densité de population est sion quantitative des services. Il ne s’agit certes que
sée et non-scolarisée dans les milieux urbain et rural.
17. Cette dynamique vaut sans doute pour les pays africains dans la période actuelle, comme cela a valu dans les pays du Nord, 50 ou 80 ans auparavant.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 34
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
Schéma 1. Proportion de population scolarisée et non-scolarisée en milieux urbain et rural
Milieu urbain
Milieu rural
La colonne de gauche représente la population rurale en
enquêtes de ménages mobilisées dans cette étude, et iii)
(68,9 % en moyenne de la population totale du pays de la
et non-scolarisés, en milieu urbain et rural, dans ces
âge d’être en premier cycle secondaire dans un pays
de la proportion d’enfants de cette tranche d’âge scolarisés
même classe d’âge dans les pays de l’échantillon), alors
mêmes enquêtes. Ces informations sont consignées
que la partie droite représente la population urbaine corres-
dans le tableau 11. On peut, dès lors, évaluer la
pondante (31,1 %). La partie basse du schéma 1 (en grisé
proportion des jeunes de milieu rural dans l’ensemble des
léger) représente, dans chacune des deux populations, la
jeunes non-scolarisés en premier cycle secondaire.
cycle secondaire dans la période récente (en moyenne
En valeur agrégée sur l’ensemble des pays de l’échantillon,
sous-population qui est effectivement scolarisée en premier 22,2 % de la population rurale et 65,6 % de la population
il ressort que quelque 49,7 millions de jeunes seraient en
urbaine), alors que, par complémentarité, la partie haute
âge d’être scolarisés en premier cycle secondaire. Parmi
(en quadrillage léger) représente la sous-population non-
ceux-ci, 18,3 millions d’enfants (8,6 millions en milieu rural
de référence et 34,4 % de la population urbaine dans un
sés, alors que 31,3 millions d’enfants ne le sont pas. Parmi
scolarisée (respectivement 77,8 % de la population rurale
et 9,7 millions en milieu urbain) sont effectivement scolari-
pays moyen de notre échantillon).
ceux-ci, 26,7 millions résident en milieu rural et 4,6 en
On peut identifier pour chaque pays le nombre des
milieu urbain. La part des ruraux dans la population en âge
individus des différentes populations caractérisées dans la
d’être scolarisée en premier cycle secondaire, mais qui ne
figure ci-dessus sur la base i) d’une estimation de la
le sont pas, atteint le chiffre très élevé de 84,7 %. La
études de premier cycle secondaire dans chacun des pays
verture scolaire au premier cycle secondaire - où s’exprime
population totale des jeunes d’âge correspondant aux
conclusion selon laquelle le défi de l’expansion de la cou-
(données des Nations unies), ii) de la distribution de cette
en premier lieu les pressions sur le post-primaire - est
population entre les milieux urbain et rural dans les
d’abord un problème de services éducatifs en milieu rural
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 35
2. Mise en perspective du retard de scolarisation en milieu rural
ne saurait mieux être illustrée (car c’est bien cette popula-
Ainsi, cette part du milieu rural dans la population non sco-
tifs visés).
autour de 70 % dans des pays tels que la Côte d’Ivoire, le
Cette situation vaut qualitativement pour tous les pays à
qu’elle est supérieure à 90 % au Burkina Faso, au Burundi,
des degrés qui peuvent être divers d’un pays à l’autre.
Malawi, au Mali, en Ouganda et au Togo.
tion qu’il faudra inclure pour réaliser les objectifs quantita-
larisée en premier cycle secondaire s’élève-t-elle plutôt Nigeria, la République centrafricaine et le Sénégal, alors
faible revenu d’Afrique subsaharienne ; elle vaut toutefois à
en Ethiopie, au Ghana, au Lesotho, à Madagascar, au
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 36
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire : variabilité entre pays et marges de manœuvre pour leur développement
3.1 Spécificité de l’organisation des services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire Nous avons vu que, dans la période récente, les ruraux
tence d’économies d’échelle dans la production scolaire et
avaient, dans la moyenne des pays de la région, un accès
une fonction de coûts qui implique des coûts unitaires plus
à l’enseignement secondaire très inférieur à celui des
élevés dans les établissements de petite taille. Les deux
urbains18. Nous avons aussi identifié que l’essentiel des
graphiques ci-après sont génériques, sans idée de vouloir
daire devait concerner le milieu rural. Nous allons à présent
type de situation rencontrée.
sés et notamment dans la dimension organisationnelle et
Le graphique montre, pour chaque établissement, le mon-
actuelle, les établissements urbains et ruraux diffèrent for-
mobilisées en regard du nombre des élèves scolarisés.
de l’identification de services éducatifs en milieu rural qui
représentée dans le graphique. On voit que sa pente est
progrès de scolarisation au niveau du premier cycle secon-
représenter précisément un pays particulier et illustrent le
examiner certains aspects des services qui leur sont propofinancière. En effet, il est patent que, dans la situation
tant global des ressources courantes qui devraient être
tement, et la question qui est implicitement posée est celle
C’est la relation moyenne entre les deux grandeurs qui est
seraient à la fois efficaces, de qualité convenable et à des
positive comme son ordonnée à l’origine. En reliant l’origi-
coûts unitaires raisonnables.
ne des axes et un point quelconque de la relation estimée
(droites en pointillés sur le graphique), on dispose, par la
Pour explorer cette question, nous portons l’analyse au
pente de cette droite en pointillés, directement du coût uni-
niveau des établissements d’enseignement du premier
taire (dépenses par élève), rapport du volume des res-
cycle secondaire, en commençant par une description des
sources et du nombre des élèves. On voit alors bien que la
moyens qui leur sont effectivement alloués en fonction du
dépense par élève est plus forte pour un établissement A de
nombre des élèves qu’ils scolarisent localement selon les
petite taille que pour un établissement B de taille plus gran-
dispositions, règlementaires ou implicites, existant dans les
de.
différents pays.
De façon générale, on s’attend à ce que, en moyenne, les établissements qui scolarisent un plus grand nombre
d’élèves bénéficient de moyens plus conséquents pour
18 On a observé aussi que cette situation tenait pour une proportion très majoritaire au fait
que les ruraux ont moins fréquemment accès à l’école primaire que les urbains, et que, quand ils y ont accès, ils y connaissent des abandons plus fréquents que les enfants des villes. La conséquence de ces deux phénomènes conduit à ce que, par rapport aux urbains, une proportion très inférieure des ruraux achève le cycle primaire. Sur cette base, les chances de transition vers le secondaire, pour ceux qui achèvent le primaire, sont certes plutôt inférieures chez les ruraux que chez les urbains, mais la différence n’est pas énorme. 19 Nous n’abordons pas ici la question de l’aléa dans la distribution autour de la relation
remplir leur mission de scolarisation. On anticipe donc l’existence d’une relation croissante entre les moyens
mobilisés et les effectifs scolarisés19. Les analyses effec-
tuées montrent que si cette relation est généralement de
moyenne, qui concerne la gestion du système (et qui mérite évidemment d’être analysée comme telle) ; c’est la relation moyenne qui concerne la politique éducative à laquelle nous sommes ici attachés.
forme plus ou moins linéaire, elle est aussi caractérisée par
une ordonnée à l’origine qui est positive, manifestant l’exis-
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 37
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
Graphique 11. Montant des ressources d’un établissement de 1er cycle secondaire en fonction de son effectif
Source : construction des auteurs.
Effectifs d’élèves
Graphique 12. Coût unitaire en fonction du nombre d’élèves scolarisés dans un établissement
Source : construction des auteurs sur la base du graphique 11.
Ceci est illustré de manière plus immédiate dans le gra-
élève plus élevé dans les petits établissements, qui a ten-
sente directement la valeur numérique moyenne du coût
dans l’établissement (dans l’exemple hypothétique consi-
élèves scolarisés dans l’établissement. La relation est glo-
coût dans les petits établissements et la taille T* de référen-
phique 12 (dérivé du graphique 11), dans lequel on repré-
dance à se stabiliser plus ou moins à partir de 300 élèves
unitaire de fonctionnement par rapport au nombre des
déré). On met donc en évidence à la fois l’intensité du sur-
balement décroissante avec un niveau de dépense par
ce (appelée parfois taille optimale) au dessus de laquelle le
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 38
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
coût unitaire ne diminue plus de manière
significative
ont reçue et les réglementations statutaires qui régissent
se par élève ne va plus baisser que de 10 % lorsque la taille
la définition des programmes adoptés par l’administration
lorsque la taille augmente (idée que le niveau de la dépen-
leur corps, pour assurer les enseignements prévus dans
passe de T* à 800 élèves).
pour le cycle d’études.
-
Bien sûr, les graphiques 11 et 12 ont été construits à titre
Concernant en premier lieu la définition des pro-
illustratif, principalement dans la perspective d’expliciter la
grammes, on peut distinguer une dimension quantita-
générique s’applique assez bien à la situation de chacun
titative mesure le nombre des heures d’enseignement
tive et une dimension distributive. La dimension quan-
méthode suivie. L’hypothèse de travail est que si la forme
des pays cibles de notre étude, la forme précise peut
prévues pour les élèves, par exemple 28 heures par
exemple, il est possible que, dans la réalité, le rapport des
sion distributive mesure la façon dont ces heures sont
semaine pendant 32 semaines sur l’année. La dimen-
différer aussi de manière sensible d’un pays à l’autre. Par
coûts unitaires entre les établissements de type A et B
réparties entre les différentes matières, le nombre des
de 1,4 dans d’autres. De même, il est possible que la taille
nombr&e des heures affectées à chacune d’entre elles
matières (six matières par exemple) d’une part, le
(graphique 11) soit de 3 dans certains pays mais seulement
(6 heures à la langue d’enseignement, 5 heures aux
T* jugée optimale puisse correspondre à un effectif de
mathématiques, 3 heures aux sciences, …) de l’autre.
250 élèves dans un pays donné et à 400 élèves dans un
autre. Avant d’aborder les analyses empiriques, il peut
être utile de commencer par se poser les questions
-
décrites ci-dessus existent en premier cycle secondaire ; ii)
classe), il est aussi pertinent de distinguer une dimen-
qui ont une fonction directe d’enseignement dans la
suivantes : i) pourquoi des structures du type de celles
sion quantitative et une dimension distributive. La
pourquoi elles pourraient différer d’un pays à l’autre.
dimension quantitative est liée à leur statut et au
nombre d’heures de service qu’ils sont supposés faire
Pour rendre compte d’une structure d’économie d’échelle
au cours de la semaine (par exemple 20 heures). La
et de surcoûts unitaires dans les établissements scolaires
dimension distributive est liée au degré de polyvalen-
de petite taille, deux aspects peuvent notamment être
ce/spécialisation des enseignants ; par exemple, telle
considérés :
le
Concernant en second lieu les enseignants (ceux
formation d’enseignant cible une matière unique (les
premier est l’existence de personnels administra-
mathématiques) ou bien correspond à plusieurs
tifs, pédagogiques ou techniques qui constituent
matières du programme (par exemple les mathéma-
l’équipe minimale d’encadrement dès qu’un établis-
tiques mais aussi les sciences).
sement est mis en service (sachant qu’une partie de ce
personnel peut être composé d’enseignants par statut,
On voit bien que, dans un pays, i) plus le nombre des
male existe qu’il y ait dans l’établissement 80, 150 ou 200
plus le nombre de matières à enseigner est important, iii)
heures d’enseignement prévu pour les élèves est grand, ii)
mais c’est ici la fonction qui importe). Cette équipe miniélèves20, donc les charges salariales afférentes consti-
plus le nombre d’heures de service des enseignants est
pondants étant nécessairement répartis sur le nombre
plus on doit s’attendre d’abord à avoir besoin d’un grand
tuent une composante fixe du coût. Les montants corres-
petit, et iv) plus ils sont spécialisés sur le plan disciplinaire,
nombre d’enseignants pour faire fonctionner un établisse-
des élèves scolarisés dans l’établissement, il s’ensuit que
ment et à ce que le nombre minimum d’enseignants dans
leur impact quantitatif sur le coût unitaire est d’autant plus
un établissement, quelque soit sa taille, soit lui-même
fort que les effectifs y sont réduits.
le
second aspect concerne les personnels ensei-
20 Ceci n’est pas contradictoire avec la possibilité que cette structure s’étoffe lorsqu’on consi-
gnants. Les enseignants sont là, avec la formation qu’ils
dère des établissements de plus grande taille.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 39
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
important pour transmettre le programme prévu. On revient
Mauritanie, en Ouganda et en Sierra Leone, à 20 heures ou
scolarisation, composante qui s’ajoute à celle des person-
et au Niger et même 25 heures ou davantage dans le cas
plus au Cameroun, en République démocratique du Congo
donc à la notion d’une composante fixe du coût salarial de
du Ghana et du Mozambique.
nels d’encadrement notée supra.
Sur ces différents points, il peut exister potentiellement de
Au-delà de la valeur numérique distincte de ces deux sta-
d’abord le coût unitaire moyen d’enseignement entre les
cation, car c’est lui qui influe le plus directement sur le coût
tistiques, le rapport entre elles est aussi porteur de signifi-
larges variations entre pays, variations qui vont affecter
unitaire d’ensemble et sur l’intensité du surcoût dans les
pays et, ensuite, affecter de manière éventuellement sen-
petits établissements. En moyenne régionale, ce rapport
sible, le surcoût des petits établissements (ruraux) par rap-
est de 1,56, manifestant qu’il y a, dans un pays typique
port aux établissements de taille plus grande qu’on trouve
d’Afrique subsaharienne, un peu plus d’un enseignant et demi par classe en 1er cycle secondaire. Mais ce rapport
essentiellement en milieu urbain. Les informations empiriques sur ces aspects organisationnels ne sont pas nom-
varie de façon notable entre pays ; alors qu’il est de moins
breuses ; on dispose toutefois de quelques estimations dans la dimension du temps21.
de 1,3 en RD Congo, au Ghana, au Mozambique, au Niger
et en Zambie, il est de 1,8 ou davantage au Bénin, au
Sur le temps officiel d’enseignement des élèves sur la
Burundi, en Guinée, au Lesotho, au Malawi, en Mauritanie
semaine, la valeur régionale moyenne est estimée à 27,5
et en Ouganda.
heures ou moins au Congo, en Ethiopie, en Gambie, en
Outre les questions de temps scolaire des élèves et des
heures (voir le tableau 12) mais il y a une variation entre 25
République centrafricaine ou en Sierra Leone, et 30 heures
enseignants, il serait important de pouvoir rendre compte de
Burundi, au Lesotho, à Madagascar, au Rwanda et au
tion du temps d’enseignement par matière et, d’autre part du
par semaine ou plus au Bénin, au Burkina Faso, au
la situation dans chacun des pays, d’une part de la distribu-
Togo. Le nombre moyen des heures effectivement assu-
degré de spécialisation disciplinaire de la formation des
rées par les enseignants varie aussi d’un pays à l’autre en
enseignants ; il ne nous a malheureusement pas été possible
relation avec d’une part les horaires statutaires qui varient
de recueillir, à ce stade de l’étude, ces informations. C’est
les appliquer effectivement22. Les statistiques font état
directement l’ampleur des économies d’échelle (qui résultent
entre pays et d’autre part la capacité différente des pays à
pourquoi nous examinons maintenant, de façon empirique,
d’une valeur moyenne régionale de 18,1 heures hebdoma-
de l’influence de ces différents facteurs) dans l’échantillon de
daires23, sachant que les valeurs s’échelonnent entre 15
pays pour lesquels les informations ont pu être mobilisées et
heures ou moins en Gambie, en Guinée, au Malawi, en
3.2
pour lesquels l’analyse a pu être conduite.
Une structure significative d’économies d’échelle
Nous avons pu collecter les fichiers du recensement scolaire
pays sont : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le
les années récentes, et cibler les établissements qui n’offrent
Guinée, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, le Mali, la
Cameroun, la République du Congo, l’Ethiopie, le Ghana, la
dans l’enseignement secondaire dans vingt et un pays pour
que des enseignements au niveau du premier cycle24. Ces
Mauritanie, le Mozambique, le Niger, l’Ouganda, la
21 On notera que les chiffres sur le temps des élèves et des enseignants sont des estimations
et sont donc sujettes à approximation; cela ne remet pas en cause le fait qu’il existe vraisemblablement une variabilité notable entre pays sur ces deux aspects, comme relevé ci-après. 22 On sait que ce nombre d’heures est variable à l’intérieur du pays d’un établissement à
23 Ce chiffre correspond à un fonctionnement normal du système. Ce temps, que nous associons au terme effectif, est en fait surestimé car il ne prend pas en compte le fait que l’année scolaire peut commencer avec du retard ou bien s’achever de manière précoce, ou encore qu’il peut exister un certain absentéisme des enseignants. 24 Nous n’avons en particulier pas pris en compte le cas des établissements, généralement
l’autre en fonction des aléas dans les allocations d’enseignants aux établissements (lorsqu’il y a sur-dotation dans certains établissements - plutôt urbains – tous les enseignants ne sont pas complètement employés) et des difficultés à utiliser complètement les enseignants dans les établissements de petite taille.
de grande taille et urbains, qui offrent les deux cycles d’enseignement.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 40
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
République centrafricaine, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad et
d’établissements de grande taille. Cela rend la gestion
l’échelle de la région (mais on a tout de même des indications
mais elle est défavorable sur le plan de la demande,
ment homogènes car dans certains pays les personnels non
obstacle à la scolarisation, notamment pour les
le Togo. Les informations ne sont donc pas complètes à
plus aisée et permet un coût unitaire mieux maîtrisé ;
pour 21 pays de la région) ; elles ne sont pas non plus totale-
car nous avons vu que la distance constituait un
enseignants ne sont pas identifiés alors que dans d’autres ils
catégories les plus défavorisées. Lorsqu’on se situe
et les résultats des analyses auxquelles elles ont donné lieu.
effectifs au premier cycle secondaire, que la
ont pu l’être. Le tableau 12 présente les données collectées
plus ou moins au début du processus d’expansion des
Il propose un certain nombre d’informations intéressantes. La
scolarisation urbaine est principale et que la couverture
du milieu rural est faible, les inconvénients de cette
première concerne la taille moyenne des établisse-
option
ments de premier cycle secondaire dans la période
sont
évidemment
limités
;
mais
ces
inconvénients vont devenir de plus en plus patents au
récente et la proportion des établissements de petite taille
fur et à mesure qu’on va progresser vers une
(ceux du milieu rural, sachant que la distinction urbain-
couverture large du système ; cette option deviendra
rural est rarement disponible dans les recensements sco-
en fait de moins en moins tenable.
laires). L’effectif moyen d’un établissement dans les pays
de notre échantillon est de 494 élèves. Mais cette moyen-
-
comme en République du Congo (146 élèves) ou au
breux établissements de taille réduite ; elle est aussi
La seconde option est a priori plus difficile au plan
de l’offre scolaire, car elle implique l’existence de nom-
ne est compatible avec des chiffres beaucoup plus bas
Ghana (124 élèves) et des chiffres élevés comme au
potentiellement plus compliquée à organiser du fait de
trafricaine (1 313). Cette diversité des pays est relayée
secondaire avec une probable conséquence négative
la spécialisation des enseignements en premier cycle
Bénin (962), en Ethiopie (1 343) ou en République cen-
sur les coûts de scolarisation (nous examinerons ce
dans la statistique du pourcentage d’établissements de
point plus avant dans ce texte). Mais elle présente des
moins de 250 élèves (référence certes conventionnelle)
avantages évidents du point de vue de la demande, du
avec des chiffres très faibles au Bénin (13 %) ou en
Ethiopie (11 %), alors que les chiffres correspondants
fait de la proximité géographique des établissements.
moyenne régionale de 46 %.
avec l’esprit de l’école primaire et, à ce titre, contribue
Cette option manifeste aussi une certaine similitude
sont de 81 % au Congo et de 91 % au Ghana pour une
sans doute à la mise en place d’une éducation de base
regroupant de facto le primaire et le premier cycle
Il est probable que cette diversité puisse se lire en partie sur
secondaire selon les catégories traditionnelles.
la base de la diversité des pays d’une part dans la distribution
spatiale globale de leur population et d’autre part dans la pro-
La
portion des scolarisations urbaines au sein des effectifs sco-
que, comme on peut évidemment s’y attendre, il existe
larisés dans le premier cycle de l’enseignement secondaire ;
dans chaque pays une relation entre, d’une part le
mais il est probable que cette diversité tienne aussi à des stra-
nombre des personnes (enseignants et/ou non-ensei-
tégies différenciées des pays en matière de carte scolaire au
gnants) affectées à un établissement de premier cycle
sens large. Alors que certains pays ont opté pour des regrou-
secondaire et, d’autre part le nombre des élèves qui y
pements d’élèves provenant d’une zone géographique relati-
sont scolarisés. Mais cette relation varie de façon très
vement large, d’autres ont manifestement opté pour des éta-
substantielle d’un pays à l’autre :
blissements de proximité (la réalité pouvant se situer quelque
part entre ces deux stratégies).
-
seconde information proposée dans le tableau 12 est
-
La première option est, sur le plan de l’offre,
cette relation diffère d’abord dans son intensité. S’il
est évidemment souhaitable que des établissements qui
évidemment favorable car on dispose de peu
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 41
2,65 8,18
5,20
Enseignants Personnels
Personnels
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
42
Enseignants Personnels
Ethiopie
Enseignants
Enseignants Personnels
Ghana
Enseignants Personnels
Guinée-Bissau
Enseignants
Personnels
3,82
3,13
5,16
2,53
6,15 8,33
2,45 3,26
0,0127
0,0126
0,0268
0,0154
0,0333
0,0128 0,0156
0,0294 0,0541
0,0171
0,0277 0,0471
0,0196
0,0166 0,60
0,19
0,35
0,20
124 0,31
0,23 0,22
0,49 0,43
0,59
0,65 0,83
0,60
0,26
390
644
91 %
1 343
146
386
292
290
962
38
43
11
81
51 %
46
45
13,3 1,81
4,82
5,27
6,40
5,19
7,17 9,58
4,80 7,59
6,57
4,87 11,95
4,12
6,08
Etablissements Effectif moyen %< 250 élèves 80
120/500* = rapport du taux d’encadrement moyen entre les établissements de 120 élèves et ceux de 500 élèves.
Lesotho
Enseignants
Personnels
Guinée
Personnels
Gambie
Personnels
Enseignants
Enseignants Personnels
Erythrée
Côte d’Ivoire
Rép. démocratique Personnels
Enseignants
Enseignants Personnels
Congo, République
Congo
Enseignants
Cameroun
2,55
Burundi
Personnels
0,80
4,75
Relation Enseignants-élèves Constante Coefficient Alea [1-R²]
Enseignants
Enseignants Personnels
Type de personnels
Burkina Faso
Bénin
Pays
2,32
5,33
6,35
7,01
6,53
7,68 10,20
5,98 9,76
7,25
5,98 13,83
4,90
6,74 2,70
5,71
7,15
7,47
7,53
8,07 10,67
6,86 11,38
7,76
6,81 15,24
5,49
7,24 5,88
8,86
13,85
11,32
15,85
11,27 14,57
14,21 24,90
12,04
13,73 27,02
10,39
11,39 7,15
10,12
16,53
12,86
19,18
12,55 16,13
17,15 30,31
13,75
16,50 31,73
12,35
13,05
Effectif de l’établissement 120 150 400 500
Tableau 12. Les établissements de 1er cycle secondaire : le surcoût des petits établissements
1,35
2,19
1,60
25,0
2,27
25,0 1,42
2,55 2,64
1,45 1,34
2,20
1,51 1,82
1,65
2,15
120/500*
30,0
18,6
28,0
25,0
18,7
24,0
25,0
28,0
28,0
25,0
28,0
35,0
30,0
32,0
H. Elèves
16,0
1,34
15,0
1,00
11,2
17,1
19,0
16,5
24,3
18,6
21,6
16,9
20,0
18,0
1,88
1,87
1,67
1,40
1,32
1,70
1,15
1,34
1,30
2,07
1,50
1,78
Horaires hebdomadaires H. Ens. H. el/ H. ens
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
0,0281
0,0244
4,10
Personnels
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
43
Enseignants Personnels
Tanzanie
Enseignants Personnels
Togo
Personnels
Enseignants
4,14
2,88
10,07
6,68
0,14 0,86
2,02
3,14
3,49
1,98
3,50 5,41
0,027
0,023
0,053
0,033
0,0136 0,0146
0,0198
0,0244
0,0237
0,0380
0,0135 0,0173
0,0383
0,0298
0,34
0,34
0,35
0,24
0,17 0,18
0,12
0,11
588 0,22
0,39
0,26 0,23
0,25
0,27
-
0,28
439
0,51 0,50
0,32
0,26 0,28
494,0
409
493
313
28 %
526
1 313
451
38 %
48 %
299
200
273
46
39
35
63
-
20
43
47
75
64
6,3
4,7
14,31
9,32
1,23 2,03
3,61
5,09
5,39
5,02
4,58 6,79
3,53
2,78
2,70
6,35
4,03 4,09
5,61
5,66 5,44
7,4
5,6
16,43
10,64
1,77 2,61
4,40
6,07
6,34
6,54
5,12 7,49
5,06
3,97
3,67
7,47
4,63 4,79
7,02
6,54 6,35
8,2
6,3
18,02
11,63
2,18 3,05
4,99 6,80
7,05
7,68
5,53 8,01
6,21
4,86
4,41
8,32
5,07 5,31
8,09
7,21 7,04
Source : construction des auteurs à partir de la base des statistiques scolaires du secondaire pour les différents pays.
Ensemble
Enseignants Personnels
Zambie
Personnels
Enseignants
Ouganda
Personnels
Enseignants
Tchad
Personnels
Enseignants
Enseignants Personnels
Personnels
Enseignants
Sierra Leone
Sénégal
Rwanda
Enseignants Personnels
République centrafricaine
0,47
0,39
Personnels
Enseignants
Enseignants Personnels
Mozambique
Niger
0,75
Enseignants
Mauritanie
0,0148 0,0174
2,85 2,70
Personnels
Enseignants Personnels
0,0354
0,0221 0,0228
Mali
2,78
3,89 3,62
Enseignants
Enseignants Personnels
Malawi
Madagascar
14,9
12,0
31,27
19,88
5,58 6,70
9,94 12,90
12,97
17,18
8,80 12,33
15,79
12,31
10,51
15,34
8,77 9,66
16,94
12,73 12,74
17,6
14,3
36,57
23,18
6,94 8,16
11,92 15,34
15,34
20,98
10,25 14,06
19,62
15,29
12,95
18,15
10,25 11,40
20,48
14,94 15,02
1,76
1,65
25,0
1,87
1,91
1,06 1,33
1,54 1,65
26,7
23,3
28,0 1,72
1,30
2,08 2,22
1,08
1,08
30,0 1,18
1,72
30,0
1,88 1,75
1,43
1,82 1,76
27,6
19,2
27,3
30,0
28,0
16,9
14,0
18,0
30,8
25,0
26,0
28,2
15,0
28,0
28,0
32,0
18,3
1,30
12,2
18,5
19,1
1,58
1,66
1,56
19,0
18,3
21,0
1,06
2,00
17,7
15,0
19,8
1,56
2,24
1,62
1,47
1,62
1,37
1,24
1,58
1,87
1,62
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
scolarisent davantage d’élèves disposent de plus de
des différences qui peuvent être considérables dans la
moyens de fonctionnement, des établissements qui sco-
ressource humaine employée dans un établissement de
personnels enseignants et non-enseignants en nombre
cas, par exemple, d’un établissement secondaire de pre-
cas, et il est intéressant de noter que le degré d’aléas [1-
observe que s’il compte en moyenne pour les pays de
selon les pays25. La valeur moyenne de cet aléa est esti-
quatre non-enseignants), il peut en compter seulement
le primaire en utilisant une méthodologie comparable,
République du Congo ou en Ouganda, ce qui constitue
larisent un même nombre d’élèves devraient disposer de
taille donnée selon le pays où il est implanté. Dans le
plus ou moins comparable ; or ce n’est jamais vraiment le
mier cycle et de type urbain, scolarisant 500 élèves, on
R²] dans ces allocations de personnels varie beaucoup
l’échantillon environ 18 employés (14 enseignants et
mée à 34 % (un chiffre plus élevé que celui constaté dans
dix au Mali ou au Togo mais plus de 30 au Burundi, en
27 %), mais s’il vaut moins de 20 % en Guinée, au Tchad
des écarts considérables.
et au Togo, il dépasse 50 % (ce qui correspond à une
qualité de gestion des personnels qui demande vraiment
-
Cameroun, au Congo et au Mali.
de cette étude - dans le niveau de surcoût inhérent aux
plus spécialement du fait de la dimension urbain-rural
à être améliorée) au Burkina Faso, au Burundi, au
-
Cette relation diffère enfin - et cela nous intéresse
petits établissements (ruraux), en référence aux éta-
Cette relation diffère aussi dans les valeurs numé-
blissements de plus grande taille (urbains). Nous utili-
riques de ses coefficients, tant en ce qui concerne la
sons la relation entre le personnel (global ou seulement
constante que le coefficient des effectifs scolarisés. A
les enseignants) et la taille de l’établissement. En pro-
titre d’illustration et sur la base de l’analyse de l’en-
cédant par simulation, nous pouvons estimer le
semble des personnels, la constante peut être très
nombre de personnes employées dans des établisse-
élevée que huit au Burundi et en Ethiopie ou dix en
l’indicateur d’encadrement, rapport moyen pour l’en-
proche de zéro comme au Niger et au Togo ou être aussi
ments de différentes tailles. Le graphique 13 montre
Ouganda ; des variations aussi importantes sont consta-
semble des pays du nombre des élèves et de celui du
Ces variations dans les coefficients manifestent d’abord
élèves scolarisés dans un établissement.
tées dans la valeur du coefficient des effectifs scolarisés.
personnel (enseignant et global), selon le nombre des
Graphique 13. Encadrement des élèves selon l’effectif de l’établissement (pays africain moyen)
25 La valeur numérique de l’aléa est une mesure de la capacité des pays à allouer de façon
Source: construction des auteurs à partir de la base des statistiques scolaires du secondaire pour les différents pays.
efficace et équitable les personnels aux établissements d’enseignement. Une valeur de zéro identifierait la perfection, et donc une qualité de gestion parfaite dans l’allocation des personnels.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 44
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
Graphique 14. Coût unitaire salarial (US$) selon le nombre d’élèves de l’établissement (pays africain moyen)
Source: construction des auteurs à partir de la base des statistiques scolaires du secondaire pour les différents pays.
Il apparaît clairement que l’encadrement des élèves est
au moins 350 élèves. En milieu urbain, cet objectif est tout à
meilleur quand l’établissement est de petite taille, avec un
fait réalisable mais ne peut être atteint lorsque que la densi-
chiffre moyen de 14 élèves par enseignant (20 élèves pour
té de population est faible ou que les populations locales
l’ensemble du personnel), dans un établissement de 100
comptent moins de 4 500 habitants.
élèves. Dans un établissement scolarisant 600 élèves, les
chiffres correspondants sont de 29 élèves par enseignant
En milieu rural, pour des raisons d’efficacité et d’équité, il
sûr, des incidences financières. En effet, si les élèves sont
taille parfois, puissent fonctionner en ayant des services édu-
ments, cela induit des coûts unitaires de scolarisation supé-
sente, il existe potentiellement différentes façons d’y parve-
(38 pour l’ensemble du personnel). Ces écarts ont, bien
importe donc que des établissements de petite ou très petite
quantitativement mieux encadrés dans les petits établisse-
catifs de bonne qualité. Malgré les difficultés que cela repré-
rieurs. Le graphique 14 donne une mesure du coût unitaire
nir. L’analyse des situations rencontrées dans les différents
salarial en dollars des Etats-Unis dans un pays moyen
pays nous donne un premier éclairage. Certains pays peu-
Le résultat conforte l’analyse initiale : on observe une diminu-
établissements, et ceci peut apparaître dans l’analyse de leur
d’Afrique subsaharienne à faible revenu.
vent avoir adopté des modes d’organisation de leur système
éducatif plus performants, concernant notamment les petits
tion du coût unitaire de scolarisation lorsque la taille de l’éta-
coût unitaire. Sur la base d’une estimation, pour chaque pays,
blissement augmente, d’abord rapide lorsque le nombre des
des relations du type de celles représentées dans les gra-
gressive lorsqu’on considère de grands établissements. Il est
taire d’un établissement moyen comptant 120 élèves (établis-
n’y aurait plus d’économies d’échelle ; visuellement, ce point
celui d’un collège qui compte 500 élèves (collège urbain plus
élèves scolarisés est réduit, suivie d’une stabilisation pro-
phiques 11 et 12, nous calculons le rapport entre le coût uni-
difficile de déterminer un effectif précis au dessus duquel il
sement plus ou moins de taille moyenne en milieu rural) et
se situerait entre 350 et 500 élèves (l’écart de coût unitaire
ou moins typique). En moyenne pour l’ensemble des pays où
moyen pour ces deux tailles d’établissements est de 6 %
cette analyse a été conduite, ce rapport est de 1,65 pour les
seulement). Sur un plan strictement économique, il serait
seuls enseignants, et de 1,76 pour l’ensemble du corps ensei-
bien sûr préférable que tous les établissements scolarisent
gnants et non-enseignants.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 45
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
Les courbes représentées dans les deux graphiques précé-
Dans chacun des cinq pays, nous observons une relation
pour l’ensemble des pays, avec toutefois des différences
compte, avec une décroissance du coût unitaire salarial
dents (13 et 14), correspondent à une situation moyenne
comparable entre les deux ordres de grandeur pris en
notables d’un pays à un autre. Le graphique 15 illustre ces
suivant la taille de l’établissement. Toutefois, des diffé-
différences, suivant les pays, en comparant la relation
rences notables existent.
moyenne entre le coût unitaire salarial total (ensemble du
personnel, enseignants et non-enseignants) et l’effectif sco-
-
Burundi, le Congo, l’Ethiopie, Madagascar et le Togo).
dollars, est proche dans les deux pays, mais sensible-
Au Burundi et au Congo, le coût unitaire salarial
d’un établissement de 600 élèves26, de l’ordre de 120
larisé dans un établissement, sur un échantillon de pays (le
ment plus important (près du double) que celui obser-
vé en moyenne dans la région, qui s’élève à 64 dol-
Les différences effectives de coût unitaire salarial entre pays
lars. Nous remarquons également que le coût unitai-
tiennent à la fois : i) au nombre du personnel (enseignants et
re salarial dans les petits établissements au Congo et
non-enseignants) employé dans les établissements sco-
au Burundi diffère sensiblement, bien que très au
laires, plus ou moins important suivant la taille de l’établisse-
dessus de la moyenne régionale pour les établisse-
ment ; ii) au niveau de rémunération (exprimé en dollars ou
en unités de PIB par habitant). Notre analyse étant ciblée sur
ments de petite taille. Ainsi, pour une capacité de 100
nous avons affecté à tous les pays le niveau de rémunéra-
Burundi et à 173 dollars au Congo, contre une
élèves, le coût unitaire est estimé à 258 dollars au
les modes d’organisation scolaire et de gestion du personnel,
moyenne régionale de 125 dollars. Le coût unitaire
tion moyen observé dans un pays africain moyen, éliminant ainsi la dimension du niveau de salaire dans la comparaison
est donc supérieur de 46 % dans un établissement
rents modes d’organisation et de gestion.
contre 112 % au Burundi.
comptant 100 élèves plutôt que 600 élèves au Congo,
pour ne cibler que les conséquences découlant des diffé-
Graphique 15. Relation entre coût unitaire salarial total et l’effectif de l’établissement dans une sélection de pays
Source: construction des auteurs à partir de la base des statistiques scolaires du secondaire pour les différents pays.
26 Les coûts unitaires salariaux sont, d’une certaine façon, conceptuels dans la mesure où a été imputé à l’ensemble du personnel un salaire de référence commun à tous les pays (moyenne régionale) pour éliminer l’influence de la variété des niveaux de salaires entre les différents pays. Cette dernière variété pourtant bien réelle, aurait parasité nos comparaisons portant sur les modes d’organisation et de gestion des ressources humaines dans les établissements scolaires.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 46
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
-
mais le surcoût relatif entre un établissement de 100
Dans le cas de l’Ethiopie, nous observons des coûts
élèves et un établissement de 600 élèves reste proche
unitaires salariaux, pour des établissements scolarisant
(45 et 46 % respectivement).
600 élèves, très inférieurs à ceux constatés au Burundi et au Congo (57 dollars en Ethiopie - proche de la moyen-
ne régionale - contre 120 dollars dans les deux autres
-
établissement qui scolariserait 100 élèves, l’Ethiopie
constatée pour la moyenne régionale, mais surtout par
re d’économies d’échelle un peu plus forte que celle
pays). Mais si nous examinons le coût estimé pour un
des coûts unitaires salariaux très élevés (les plus éle-
s’écarte fortement de la structure régionale moyenne
vés de l’échantillon des 21 pays), indépendamment de
pour se situer à un niveau de coût unitaire très élevé, à
197 dollars. Le coût unitaire salarial d’un établissement
la taille de l’établissement scolaire. Ainsi, pour un éta-
établissement qui scolariserait 600 élèves.
(conceptuel) est-il estimé à 140 dollars en Ouganda
blissement de 600 élèves, le coût unitaire salarial
comptant 100 élèves dépasse alors de 235 % celui d’un
-
alors qu’il n’est que de 58 dollars à Madagascar et de 32 dollars au Togo.
Madagascar se situe très près de la moyenne
régionale alors que le Togo se situe dans une position
bien inférieure dans le graphique. Si l’on considère les
Au-delà des différences de coûts unitaires liés aux
taire salarial (32 dollars) est très inférieur (la moitié) à
ressources allouées aux dépenses hors salaires, les pays
dollars) alors que le surcoût d’un établissements de
également, dans les établissements, selon leur mode
niveaux de rémunération du personnel et au volume des
établissements qui scolarisent 600 élèves, le coût uni-
à faible revenu d’Afrique subsaharienne se distinguent
la moyenne régionale pour ce type d’établissement (64
d’organisation et de fonctionnement au premier cycle
100 élèves (par rapport à un établissement qui compterait 600 élèves) n’est que de 45 % (46 dollars au
secondaire (encadrement des élèves, gestion des tâches
Les coûts unitaires du Togo et du Congo sont très dif-
le mode de fonctionnement des établissements de petite
du personnel). Certains pays sont plus performants dans
Togo contre 125 dollars pour la moyenne régionale).
taille, à des coûts raisonnables. Le surcoût pour un éta-
férents (les chiffres du coût unitaire du premier cycle
blissement de 120 élèves par rapport à un de 500 élèves
secondaire en République du Congo étant près de
(tableau 12) peut varier de 8 à 150 % pour une moyenne
quatre fois plus élevés que ceux enregistrés au Togo),
3.3
L’Ouganda, enfin, est caractérisé par une structu-
régionale de l’ordre de 70 %.
Simulation illustrative
L’analyse précédente a montré que les pays, au-delà des
Si ce rapport des coûts unitaires entre les deux types d’éta-
scolarisation au premier cycle secondaire, réussissaient
des modes d’organisation également différents sont à
petite taille. Pour contrôler l’influence de la première
mentionné, nous n’avons pas pu disposer d‘informations
particulière des petits établissements, ruraux, en
donc opté pour une approche par simulation qui introduit
différences générales dans les coûts unitaires de
blissements diffère d’un pays à l’autre, cela implique que
inégalement à gérer la situation des établissements de
l’œuvre dans les différents pays. Comme cela a déjà été
dimension (générale) et cibler la seconde (gestion
concrètes sur
les modes d’organisation et nous avons
référence aux établissements urbains de plus grande
des variations simples dans les modes d’organisation, sur
scolarisant 120 élèves et un autre en scolarisant 500, a
permet d’illustrer les choix possibles de gestion des petits
établissements de petite taille.
leur impact sur les coûts unitaires.
taille), le rapport de coût unitaire dans un établissement
la base d’une structure hypothétique de référence. Ceci
été pris comme indicateur de la capacité à gérer ces
établissements scolaires, au premier cycle secondaire, et
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 47
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
Nous sommes partis de la situation initiale et hypothétique
générale, l’objectif est de réduire la contrainte de forte
mier et 500 élèves pour le second. Ces deux établisse-
prévalant dans le scénario initial, spécialement pénalisante
seignement (28 heures d’enseignement par semaine,
permettant d’atteindre cet objectif sont proposés :
de deux établissements scolarisant 120 élèves pour le pre-
rigidité (non divisibilité) des modes d’organisation scolaires
ments appliquent les mêmes horaires et programmes d’en-
pour les établissements ruraux de petite taille. Trois axes
réparties entre les diverses matières du programme officiel du pays hypothétique selon une grille établie) et utilisent les
i)
nération (18 heures de service statutaire et une rémunéra-
qu’une fraction de service hebdomadaire d’enseignement
mêmes enseignants du point de vue du statut et de la rému-
autoriser les heures supplémentaires pour les ensei-
gnants, ce qui éviterait un recrutement supplémentaire lors-
tion moyenne de 1 000 unités monétaires par an). Diverses
aurait suffi. Dans les simulations effectuées, l’heure supplé-
organisations concernant l’utilisation des enseignants et la
mentaire est rémunérée 25 % de plus que l’heure ordinaire
définition des matières enseignées sont examinées sans
de service ;
apporter de modification dans le nombre global des heures
d’enseignants des élèves. Le tableau A2, en annexe, donne
ii) utiliser les heures d’enseignement « disponibles » d’un
le détail des différentes configurations simulées. Le tableau
enseignant, dans la limite de son temps de service statutai-
13 en propose un résumé synthétique.
re, pour participer aux tâches de gestion et de fonctionne-
ment de l’établissement (coordination des enseignants,
Les deux premières lignes du tableau caractérisent une
suivi pédagogique, relations avec les parents…), ce qui
situation initiale hypothétique mais vraisemblable pour les
diminuerait le besoin en personnel d’encadrement à temps
deux établissements offrant un cycle secondaire de quatre
plein dans l’établissement, élément fixe dans la fonction de
années d’études dans un contexte où les matières ne peu-
coût qui pénalise les petits établissements ;
et où il n’y a pas d’heures supplémentaires payées au-delà
iii) opérer des regroupements de disciplines relativement
vent être enseignées que par des enseignants spécialisés
proches27 telles que les mathématiques et les sciences,
du service statutaire, fixé à 18 heures.
l’histoire et la géographie, et organiser le plan de formation
des enseignants suivant ces regroupements.
Le premier établissement compte 500 élèves répartis en quatre niveaux et dix divisions pédagogiques. Avec les
modes d’organisation spécifiques au pays, cet établisse-
-
élèves/enseignant de 23,8) et trois non-enseignants, char-
l’utilisation d‘heures «disponibles» pour effectuer des
Le premier axe introduit la possibilité pour les
enseignants d’effectuer des heures supplémentaires et
ment compte 21 enseignants (conduisant à un rapport
activités d’encadrement, ce qui réduirait de dix à huit le
gés de l’encadrement. Le taux d’occupation des ensei-
nombre des enseignants nécessaires, augmenterait le
gnants est estimé à 74 % et le coût unitaire à 48 unités
rapport élèves/enseignants de 12 à 15 et le taux d’oc-
monétaires.
cupation des enseignants de 0,62 à 0,78, et réduirait
Le second établissement compte 120 élèves et quatre divi-
de deux à un le personnel d’encadrement. Les 12
sant à un rapport élèves/enseignant de 12,0) et deux per-
mais le coût unitaire baisse de 100 dans la configura-
heures supplémentaires sont payées 25 % de plus
sions pédagogiques. Il emploie dix enseignants (condui-
tion initiale, à 81,9 dans celle-ci, soit un gain de 18 %.
sonnes chargées de l’encadrement. Son taux d’occupation des enseignants est estimé à 62 % et le coût unitaire à 100
unités monétaires, soit un peu plus du double de celui de l’établissement de 500 élèves.
27 Le premier cycle secondaire est situé entre le primaire, où il est jugé préférable d’avoir des enseignants généralistes formés à toutes les matières, et le second cycle secondaire des professeurs spécialisés dans les disciplines enseignées. Entre les deux, un certain degré de polyvalence et de spécificité peut être justifié ; les travaux monographiques menés selon cette formule révèlent un niveau satisfaisant des acquis des élèves.
Les simulations suivantes visent à analyser comment réduire le coût unitaire du petit établissement. De façon
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 48
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
49
120
120
2. Avec regroupement de matières et polyvalence sans heures supplémentaires
3. Avec regroupement de matières/polyvalence et heures supplémentaires 4
4
4
4
10
Divisions Pédagogiques
28
28
28
28
28
Heures élèves /semaine
Source: construction des auteurs sur la base du tableau A2 en annexe 2.
120
120
500
1. Avec heures supplémentaires sans regroupement de matières
Situation de base sans heures supplémentaires ni regroupement de matières
Effectif du collège
112
112
112
112
280
18
18
18
18
18
21
0,74
98
0
23,8
6
8
8
10
1,04
0,78
0,78
0,62
10
32
44
68
14
0
12
0
20,0
15,0
15,0
12,0
Heures Service Nombre % utilisation Heures d’enseignement de base d’enseignants des Disponibles Supplémen- REM à assurer /semaine enseignants taires /semaine
Tableau 13. Coût unitaire associé à diverses organisations dans un collège de 120 élèves
1
1
1
2
3
Nombre de personnels d’appui
66,4
75,0
81,9
100,0
48,0
1,38
1,56
1,71
2,08
Coût Rapport unitaire salarial 120/500
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
3. Services éducatifs en milieu rural dans le 1er cycle secondaire...
-
et contre 23,8 pour l’établissement de 500 élèves). Le
Le deuxième axe ne prend pas en compte les élé-
taux global d’occupation des enseignants est de 1,4
ments du premier axe mais introduit le regroupement
et le coût unitaire de 66,4 (en baisse d’un tiers par
de matières. Les conséquences sont assez proches de
rapport à la situation initiale).
celles de la simulation précédente (huit enseignants avec un taux d’occupation de 0,78 et une personne
Il ne s’agit que de simulations illustratives mais elles met-
chargée de l’encadrement, avec un coût unitaire infé-
tent en évidence les options qui permettraient de maîtri-
rieur, à 75 unités monétaires, contre 81,9.
-
ser le coût des établissements de petite taille. D’autres
Le troisième axe combine les éléments introduits
possibilités existent, notamment celle de modifier en
tions, cumulant leurs avantages. L’établissement de
élèves et le nombre d’heures de service des enseignants
parallèle le nombre d’heures d’enseignement donné aux
respectivement dans les deux précédentes configura120 élèves peut alors fonctionner dans de bonnes
de manière à faire correspondre ces deux chiffres (par
personnel d’encadrement contre respectivement dix
tir à un nombre d‘enseignants (sans recours aux heures
exemple 24 heures hebdomadaires). On peut ainsi abou-
conditions, avec seulement six enseignants et une
et deux dans la configuration initiale. Le rapport
complémentaires) égal à celui des divisions pédago-
la situation initiale pour l’établissement de 120 élèves
sement de 120 élèves).
giques (soit quatre dans le cas considéré pour un établis-
élèves/enseignant s’établit alors à 20 (contre 12 dans
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 50
4.
L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Dans cette section, nous examinons les effets et les
pent mieux à la vie collective organisée et font des choix
Nous nous intéressons à la performance des personnes
sance démographique est mieux contrôlée dans les socié-
impacts de l’éducation spécifiquement en milieu rural.
politiques mieux informés) ou la démographie (la crois-
formées après leur sortie du monde éducatif, dans leur vie
tés plus éduquées). Les relations entre l’éducation de la
d’adulte, sociale et productive. Au niveau individuel, on
population d’une part, l’emploi et la croissance écono-
tente de déterminer si l’acquis scolaire des jeunes les a
mique de l’autre, sont de première importance. Leur
effectivement préparés pour une meilleure vie sociale et
impact, tant dans le domaine économique que social,
économique. Dans cette perspective, nous distinguons
s’inscrit au niveau individuel (un individu éduqué a de
d’une part les effets sociaux et les effets économiques, et
meilleurs revenus que celui qui l’est moins) et au niveau
d’autre part, les effets individuels et les effets collectifs.
de la société (les sociétés plus éduquées ont une plus
Les effets sociaux concernent notamment la mortalité, la
forte croissance économique et de meilleures perfor-
santé, la vie civique (des individus plus éduqués partici-
4.1
mances dans les indicateurs de santé).
Les impacts sociaux de l’éducation en milieu rural
Les effets de l’éducation touchent de nombreux
5. l’éducation et la santé maternelle (visites prénatales,
(par exemple l’usage d’une méthode contraceptive ou
personnel spécialisé, visites postnatales, prise de
domaines sociaux. Ils se retrouvent dans les pratiques
vaccination antitétanique, naissances assistées par
la vaccination des enfants) comme dans les résultats
vitamine A),
(nombre d’enfants du ménage ou risque de mortalité
6. l’éducation et la santé de l’enfant (vaccination, prise de
des enfants avant l’âge de 5 ans). Les données
vitamine A, risque de mortalité infantile).
recueillies dans le cadre d’enquêtes de ménages sont peu fournies mais établies sur un large panel de situa-
Deux points liés à cette présentation générale sont à souli-
tions observées. Les choix que nous avons faits se
gner :
répartissent en six domaines 28, chacun pouvant faire
l’objet de plusieurs indicateurs :
-
1. l’éducation et la réduction des risques de pauvreté,
chercher l’impact de l’éducation sans donner à cette
3. l’éducation et la scolarisation des enfants, notamment
variation d’un indicateur lorsque les individus ont suivi une
d’une part l’impossibilité de répondre aux questions qui
précèdent de manière générique. On ne peut directement
recherche une perspective marginaliste. On peut examiner la
2.l’éducation et le taux d’alphabétisation à l’âge adulte,
scolarité primaire, un premier cycle secondaire ou encore
des filles,
lorsque les études ont été menées jusqu’au terme du second
4.l’éducation et les variables de population (âge à la
cycle secondaire et de l’enseignement supérieur ;
première naissance, usage de méthode contraceptive,
espacement des naissances et nombre d’enfants),
28 Nous nous sommes notamment référés aux domaines retenus dans la définition des Objectifs du millénaire pour le développement.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 51
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
- D’autre part, la distinction entre le milieu rural et le milieu
Nous examinerons successivement les résultats obtenus
dans les différents cas de figures avant d’en faire une syn-
urbain, cette étude étant principalement axée sur le milieu
thèse.
rural, à la lumière d’éléments comparatifs avec le milieu
urbain. L’examen des impacts sociaux s’établit à partir de
4.1.1 Les impacts sur le risque de pauvreté
l’idée implicite que l’éducation est un vecteur utile dans la
perspective de transformation des modes de vie et de pen-
Le risque de pauvreté d’un ménage (appartenant ici au
tiques traditionnelles qui constituent un frein dans la réali-
balement beaucoup plus élevé en milieu rural qu’urbain32.
groupe des 40 % les plus pauvres de la société31) est glo-
sée, avec pour objectif, la réduction des conceptions et prasation d’objectifs sociaux destinés à promouvoir l’adoption
Dans les deux milieux, le risque varie en fonction du niveau
selon laquelle le milieu urbain est un facteur de modernité
16. Mais c’est surtout en milieu rural, le plus touché par la
d’éducation du chef de famille, comme l’illustre le graphique
de conceptions et de pratiques plus modernes. L’hypothèse
pauvreté, que l’impact de l’éducation est le plus manifeste.
par rapport au milieu rural, lieu où les traditions sont plus
ancrées et difficiles à faire évoluer29, ne peut se vérifier
Ainsi, en milieu rural, les individus sans éducation scolaire
l’éducation dans les deux milieux de vie. Cette identification
si le chef de famille a suivi une scolarité primaire, à 29 %
ont 66 % de risque d’être pauvres. Ce risque tombe à 44 %
sans une identification rigoureuse des impacts respectifs de
avec le premier cycle secondaire, 18 % avec le second
permettra alors d’examiner dans quelle mesure l’éducation
cycle secondaire et 12 % avec le niveau d’études supérieur.
peut effectivement avoir un impact dans le contexte rural, a
priori moins perméable à la modernité, et de le comparer à
Il en ressort que l’éducation, telle qu’elle est couramment
l’impact enregistré en milieu urbain.
organisée dans les pays d’Afrique subsaharienne (malgré
une pertinence et un niveau de qualité demandant à être
Au regard de ces deux précisions, le tableau 14 présen-
améliorée), a un impact majeur sur le risque de pauvre-
te les résultats agrégés pour les 21 pays30 pour lesquels
té à l’âge adulte dans le milieu rural.
les données d’enquêtes de ménages ont été mobilisées.
Graphique 16. Risque d’être dans les 40 % les plus pauvres à l’âge adulte en fonction du niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
29 Le milieu urbain favorise la modernité par la circulation de l’information et le brassage de sa population, mais également par la disponibilité d’une offre généralement beaucoup plus abondante et accessible des instruments de la modernité (proximité des services médicaux, librairies, ..). 30 Ces pays sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République du Congo, la Côte
31 Les deux premiers quintiles ont été regroupés car il n’existe que très peu de différence dans le niveau de richesse entre le premier et le second quintile. 32 La pauvreté urbaine, plus visible, existe aussi.
d’Ivoire, l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad, la Zambie et le Zimbabwe.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 52
17,9 10,4 2,68 3,57
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
53 16,7
36,3 12,8 166,8 66,1
Prise de vitamine A après accouchement (%)
Santé de l’enfant et mortalité infantile Prise de vitamine A (%) Vaccination complète (%) Mortalité avant 5 ans (‰)
Pauvreté (%)
43,8
48,5 22,6 117,9
25,8
23,7
49,2
75,0
84,0
18,6 20,2 2,91 3,11
0,965
92,6
89,9
Primaire 64,9
28,8
53,3 27,6 85,4
31,1
27,2
64,7
78,7
89,0
19,7 27,1 3,21 2,47
0,972
95,1
92,8
17,5
56,7 31,6 59,7
36,4
31,5
76,0
80,8
91,4
20,9 32,9 3,52 1,77
0,974
95,6
93,5
11,5
58,9 34,4 48,5
40,9
35,2
81,8
82,0
92,3
22,1 36,8 3,80 1,16
0,974
95,8
93,7
Milieu rural Secondaire 1 Secondaire 2 Supérieur 98,3 99,5 99,6
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Consultation post-natale (%)
14,2
25,2
Accouchement sous assistance médicale (%)
57,6
65,6
Vaccin antitétanique (%)
Consultation prénatale (%)
Santé de la mère
0,884
Population Age au premier accouchement (années) Usage de contraception (%) Espacement des naissances (années) Nombre d’enfants
Parité filles/garçons
69,6
63,5
Aucune 3,0
Accès des garçons (%)
Accès des filles (%)
Accès à l’école
Alphabétisation (%)
Domaine social
Tableau 14. Impacts sociaux de l’éducation en milieux rural et urbain
13,9
43,2 23,0 141,1
28,3
24,7
61,1
70,1
80,7
17,8 16,4 2,77 2,82
0,948
86,4
81,7
Aucune 10,8
4,3
52,8 30,6 94,4
35,1
27,5
79,4
80,0
90,4
18,6 27,0 3,01 2,30
0,993
97,9
97,2
Primaire 70,9
1,8
56,4 34,4 70,1
37,4
28,1
86,3
81,1
92,5
19,8 31,8 3,16 1,79
0,997
99,4
99,1
0,8
58,3 37,4 52,9
38,3
28,9
90,1
81,1
93,2
21,0 34,7 3,28 1,27
0,998
99,8
99,6
81,1
0,4
58,9 39,4 42,4
38,7
29,6
91,8
93,2
22,3 36,1 3,37 0,81
0,999
99,9
99,8
Milieu urbain Secondaire 1 Secondaire 2 Supérieur 98,8 99,6 99,7
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Dans le milieu urbain, le risque de pauvreté est beaucoup
En moyenne, pour l’ensemble des pays de notre échan-
té ont un risque de 14 %, inférieur à celui d’un chef de famil-
lire aisément, augmente fortement avec le niveau d‘études
moins important. Les individus n’ayant pas suivi de scolari-
tillon, la proportion d’adultes âgés de 22 à 44 ans, sachant
le en milieu rural ayant suivi le second cycle secondaire.
primaires, mais la qualité moyenne des services éducatifs
Avec le primaire et au-delà, le risque de pauvreté, relative-
(depuis 15 ou 20 ans), rend nécessaire une durée d‘études
ment faible en milieu urbain, est inférieur à 5 %.
de 9 années pour assurer l’alphabétisation totale et durable
de la population adulte. On retrouve l’avantage (relative-
4.1.2 Les impacts en matière d’alphabétisation
ment limité) du milieu urbain sur le milieu rural en matière de rétention de la lecture.
Savoir lire, écrire et compter constituent un bagage mini-
mum de référence pour les individus dans leur vie d’adulte.
Dans une large mesure, ces capacités sont acquises à
La relation représentée dans le graphique 17 correspond à
une grande incidence sur ce que les adultes conservent
férences notables existent entre eux sur ce plan. Ainsi, pour
la situation moyenne des différents pays alors que des dif-
l’école et la qualité des services éducatifs a généralement
une valeur moyenne de 65 % de rétention de l’alphabétisa-
comme acquis après avoir quitté l’école depuis 10 ou 20
tion après six années d’études pour des adultes ruraux,
ans. Le tableau montre qu’après six années de scolarisa-
trouve-t-on des chiffres de l’ordre de 45 % au Mali et au
tion, 65 % des adultes âgés de 22 à 44 ans savent lire sans
Niger, de 55 % au Tchad, de 85 % en Ethiopie et de 95 %
difficulté en milieu rural, et 70 % en milieu urbain. Il est pro-
bable que cette différence tient au fait que les individus en
au Rwanda. Ces différences sont essentiellement liées à la
des matériels écrits que lorsqu’ils résident en milieu rural,
pays.
qualité des services éducatifs offerts dans les différents
milieu urbain ont davantage d’occasions d’être exposés à
où les occasions d’entretenir ces compétences sont plus
4.1.3 Scolarisation ; impacts et effets intergé-
rares.
nérationnels
Une prise en compte, de façon plus détaillée, de la durée
Les chances de scolarisation des enfants dépendent de
des études initiales s’impose. Le graphique 17 montre les
l’emplacement de l’école (de préférence à proximité raison-
relations obtenues.
nable du domicile familial), mais également de la décision
Graphique 17. Probabilité d’être alphabétisé à l’âge adulte (22-44 ans) selon la durée des études initiales
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
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4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
% accès à l’école
Graphique 18. Taux d’accès à l’école des filles et des garçons selon le niveau d’éducation de la mère
Niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
des parents prise au regard des bénéfices et des coûts
n’ayant jamais été scolarisée a en moyenne son premier
«moderne» s’éloigne de la tradition ancestrale, les chances
re complète (deux cycles), sa première naissance a lieu, en
inhérents à la scolarisation. Dans la mesure où l’école
enfant un peu avant 18 ans. Après une scolarité secondai-
de scolarisation des enfants en milieu rural sont générale-
moyenne, trois années plus tard, à 21 ans.
ment moins importantes qu’en milieu urbain, et le fait que la
mère ait été scolarisée contribue à ce que les enfants, et
Concernant l’espacement des naissances, les différences
notamment les filles, le soient aussi. Les traditions qui
entre femmes des zones urbaine et rurale sont peu impor-
des filles, souvent plus intense que celui des garçons, peu-
éduquées ont des grossesses plus espacées. Alors que les
avantagent les garçons, le recours de la famille au travail
tantes. Dans chacun des deux milieux, les femmes plus
vent conduire, en matière de scolarisation, à une discrimi-
femmes qui n’ont pas été scolarisées comptent en moyen-
nation des jeunes filles. L’éducation des mères accroît for-
ne 2 années et 9 mois entre deux grossesses, celles qui ont
tement les chances de scolarisation de leurs filles. Le gra-
suivi une scolarité primaire complète comptent 3 années
phique 18 présente les résultats obtenus.
entre deux grossesses, et 3 années et 5 mois avec une scolarité secondaire complète.
4.1.4 Les impacts en zones urbaine et rurale
Quatre indicateurs ont été retenus : i) l’âge à la première
L’utilisation d’une méthode contraceptive donne des résul-
sera important) ; ii) l’utilisation d’une méthode contracepti-
peut tenir pour partie à des comportements plus tradition-
tats sensiblement différents en milieu urbain et rural ; ceci
grossesse (plus il sera élevé, moins le nombre d‘enfants
nels en milieu rural, mais aussi au fait que les campagnes
ve (destinée à réduire le nombre d‘enfants) ; iii) l’espace-
d’information et les services de planning familial y soient
ment des naissances (conduisant à une meilleure santé de
moins développés. La différence n’est cependant pas
la mère et limitant le nombre d’enfants) ; iv) le nombre d’enfants d’une femme à l’âge moyen de 29 ans.
considérable, et décroît au fur et mesure que s’élève le
Des études longues repoussent l’âge de la première nais-
Pour des femmes ayant suivi une scolarité primaire com-
niveau d’études ainsi qu’il apparaît dans le graphique 19. plète, le taux d’utilisation d’une méthode contraceptive est
sance. Ce constat ne s’accompagne pas de différences
estimé à 20 % en milieu rural dans la moyenne des pays de
significatives entre le milieu urbain et rural. Une femme
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 55
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
% d’utilisation d’une méthode contraceptive
Graphique 19. Usage d’une méthode contraceptive selon niveau d’éducation de la mère
Niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
notre échantillon et à 27 % en milieu urbain (mais il est pos-
plus ou moins linéaire, le primaire, le premier et second
sible que les femmes urbaines aient accès à des méthodes
cycle secondaire ainsi que le supérieur, montrant un impact
plus modernes et efficaces)
spécifique marginal, de l’ordre de 0,5 enfant chacun. Ce
chiffre est très substantiel et manifeste un impact majeur de
Dans les deux milieux, le niveau d’éducation des femmes a
l’éducation dans cette dimension.
un impact significatif sur l’utilisation d’une méthode contraceptive33. L’impact marginal apparaît plus fortement entre
Le milieu rural apparaît un peu plus traditionnel que le
les femmes qui ont été scolarisées en primaire et celles qui
milieu urbain lorsque l’on compare des femmes de même
le niveau secondaire mais avec des valeurs décroissantes.
maire complet ont environ 0,8 enfant de plus en milieu rural
ne l’ont pas été. Les impacts augmentent également avec
niveau d’études. Ainsi, des femmes ayant fait un cycle priqu’en milieu urbain35.
Plus les niveaux éducatifs sont élevés, plus la différence entre milieu urbain et rural s’amenuise. On constate aussi
que même avec un niveau d’études supérieur, environ les
4.1.5 Les impacts sur les facteurs de la santé
aucune méthode de contraception.
Cinq indicateurs sont ici considérés : i) la consultation pré-
Concernant le nombre d‘enfants, l’indicateur n’est pas celui
iii) l’assistance à la naissance par un personnel spécialisé ;
maternelle
deux tiers des femmes (tant rurales qu’urbaines) n’utilisent
natale ; ii) la vaccination antitétanique avant la naissance ;
de la descendance finale (dont l’accès n’est pas immédiat
iv) la consultation postnatale ; v) la prise de vitamine A
dans les enquêtes de ménages compte tenu notamment du
après l’accouchement.
nombre de femmes enquêtées) mais celui du nombre
moyen d‘enfants pour des femmes âgées d’environ 29 ans34. Le graphique 20 illustre les résultats obtenus, les chiffres étant consignés dans le tableau 14.
33 Même si la méthode utilisée est peu moderne et efficace, son recours manifeste clairement une prise de conscience sur cette question. 34 Cet indicateur est donc sensiblement inférieur à celui de la descendance finale.
On identifie clairement une forte décroissance du nombre
d’enfants en lien avec le niveau d’éducation de la femme,
35 Les écarts moyens globaux du nombre d‘enfants entre le milieu rural et urbain sont plus forts, les femmes en zone urbaine étant en moyenne plus éduquées que celles en zone rurale.
ceci valant tant en milieu urbain que rural. La relation est
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 56
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Nombre d’enfants
Graphique 20. Nombre moyen d’enfants d’une femme de 29 ans selon son niveau d’éducation
Niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Les consultations prénatales sont relativement fréquentes
femmes sans suivi médical avant une naissance est sensiblement plus fort à la campagne qu’en ville36. Le graphique
dans les pays étudiés. Seule une minorité de femme a une
21 illustre la probabilité de suivi médical pendant la gros-
grossesse sans visite prénatale ni suivi d’un personnel spé-
sesse, en relation avec le niveau d’éducation de la mère.
cialisé, tant en milieu urbain que rural. Le nombre de
% Consultation prénatale
Graphique 21. Consultation prénatale selon le niveau d’éducation de la mère (en %)
Niveau d’éducation Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
36 Probablement pour des raisons de demande ou d’intérêt, eu égard aux pratiques traditionnelles mais aussi d’offre et d’accessibilité des services spécialisés, parfois très distants du domicile du ménage.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 57
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
La relation est identique dans les deux milieux. Les femmes
L’assistance à l’accouchement par un personnel spécialisé
n’ayant pas été scolarisées consultent beaucoup moins
constitue un élément important de la santé maternelle.
pendant leur grossesse (66 % en milieu rural et 81 % en
Cette assistance n’est effective que si la femme la deman-
milieu urbain). Pour des femmes ayant une scolarité primai-
de et que cette assistance existe à proximité géographique.
re complète, la proportion d’un suivi médical durant la gros-
Les résultats obtenus par l’analyse de cette dimension sug-
sesse augmente de façon très substantielle (de dix points
gèrent bien l’articulation des aspects d’offre et de demande.
en milieu urbain et de 18 points en milieu rural). Avec des
Le graphique 22 montre les relations entre la proportion
sent ; ce n’est qu’en milieu rural que le premier cycle secon-
femme.
toutefois modeste (cinq points). Au total, l’impact de l’édu-
En premier lieu, on identifie bien l’impact positif de l’éduca-
niveaux d’éducatifs plus élevés, les différences se rédui-
d’accouchements assistés et le niveau d’éducation de la
daire apporte un changement significatif, mais celui-ci reste cation sur cet aspect de la santé maternelle est sensible-
tion des femmes qui matérialise un effet de demande de ces
clairement le niveau de l’enseignement primaire qui joue le
ments des femmes dans cet acte si important pour elles. Cet
ment plus fort en campagne qu’en ville, sachant que c’est
services. L’éducation contribue à modifier les comporte-
rôle central en la matière.
impact est lié en partie au suivi d’une scolarité primaire com-
plète (+ 24 points dans le rural, + 18 points dans l’urbain),
Concernant la vaccination antitétanique avant la naissance,
mais des impacts additionnels significatifs, bien que d’inten-
la structure est très proche de celle décrite pour la consul-
sité décroissante, sont enregistrés avec les deux cycles de
tation prénatale (car c’est lors de ces consultations que la
l’enseignement secondaire. Seul l’enseignement supérieur
des femmes bien éduquées, tant en milieu urbain que rural,
tent entre les milieux urbain et rural pour des femmes possé-
vaccination antitétanique est faite). Toutefois, près de 20 %
n’a pas vraiment d’impact notoire. De fortes différences exis-
dant le même niveau d’études37. Ainsi, le différentiel est de
n’ont pas eu cette vaccination.
% accouchements assistés
Graphique 22. Accouchements assistés par personnel spécialisé selon le niveau d’éducation de la mère (en %)
Niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
37 Elles sont plus importantes, globalement, entre les deux milieux, car les femmes sont moins éduquées en zone rurale.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 58
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
36 points pour les femmes qui n’ont jamais été scolarisées et
assertion : l’observation d’une forte variabilité entre les dif-
de 30 points pour celles qui ont fait un cycle primaire com-
férents pays dans la couverture vaccinale complète effecti-
plet. Ces différences sont sans doute le résultat d’effets
vement réalisée.
d’offre de services, mais aussi de demande, l’éducation pou-
vant ne pas être suffisante pour changer les mentalités
C’est par conséquent à la marge de la couverture vaccina-
empreintes de traditions dans le milieu rural.
le moyenne enregistrée dans chacun des pays que l’impact
de l’éducation de la mère peut éventuellement s’exprimer.
La consultation postnatale et la prise de vitamine A après la
Le tableau 14 et le graphique 23 montrent un impact signi-
naissance montrent des pourcentages sensiblement moins
ficatif de l’éducation de la mère sur les chances de vaccina-
élevés que pour les trois aspects précédents de la santé
tion complète de leurs enfants à 2 ans (avec toutefois une
structure nette d’effets marginaux décroissants38 . On y voit
maternelle. Le postnatal est moins populaire que le prénatal. L’impact de l’éducation de la mère ayant suivi une sco-
également une performance significativement différente du
incitant à un meilleur suivi postnatal, spécialement en
globale, la couverture vaccinale est environ sept points plus
dispositif mis en œuvre en milieu urbain ou rural. De façon
larité primaire, influence le comportement des femmes, les
basse en campagne qu’en ville.
milieu rural. D’une façon générale, les différences entre l’ur-
bain et le rural sont peu importantes, exception faite des
Enfin, l’indicateur de risque de mortalité des enfants avant
femmes qui n’ont pas été scolarisées et conservent des
comportements traditionnels en milieu rural, mais qui sem-
l’âge de 5 ans revêt une importance particulière.
meilleure offre de service de santé en milieu urbain.
On observe, tant en milieu rural qu’urbain (même de façon
blent «entraînées» par un contexte plus favorable et une
un peu plus intense en milieu rural) que le niveau scolaire
4.1.6 Les impacts sur la santé des enfants
de la mère a un effet important sur la réduction du risque de
Trois indicateurs sont ici pris en compte pour l’étude de
mortalité des enfants avant l’âge de 5 ans. On passe en
complète à deux ans et iii) le risque de mortalité avant l’âge
n’a pas fréquenté l’école à des chiffres de l’ordre de 100
moyenne de chiffres de l’ordre de 150 pour 1 000 si la mère
cette dimension : i) la prise de vitamine A, ii) la vaccination
pour 1 000 avec une scolarité primaire complète, de 80
de 5 ans.
pour 1000 avec une scolarité complète au premier cycle
secondaire, de 65 pour 1000 avec une scolarité secondai-
En moyenne et sur l’ensemble des pays analysés, un
re complète (deux cycles) et de 50 pour 1 000 si la mère a
enfant sur deux à peine bénéficie d’une prise de vitamine A
été scolarisée dans le supérieur. La différence entre milieu
dans sa petite enfance. Cette valeur est de l’ordre de 43 %
urbain et rural est relativement modeste.
en milieu rural et de 53 % en milieu urbain. L’impact lié à
l’éducation de la mère est obtenu avec une scolarité primai-
4.1.7 Perspective de synthèse
re complète. La différence entre le cas d’une mère sans
Le premier point qu’il importe de souligner est l’existence
scolarisation et une mère ayant suivi un cycle primaire com-
de différenciations fortes entre pays sur la plupart des
plet est de 12 points en milieu rural et de dix points en
aspects qui ont été analysés et pour lesquels nous nous
milieu urbain. Au-delà du primaire, les effets sont réduits.
sommes contentés de donner les structures moyennes.
Ceci concerne d’abord les valeurs moyennes. Ainsi, la cou-
Concernant la proportion de vaccination complète avant les
2 ans de l’enfant, la couverture moyenne globale pour les
verture vaccinale dépassait 50 % au moment des enquêtes
est un chiffre insuffisant. Il est probable que toutes les
était inférieure à 20 % au Mali, en Ouganda ou en Zambie.
en Côte-d’Ivoire, au Rwanda et au Zimbabwe alors qu’elle
différents pays de l’échantillon est inférieure à 30 %, ce qui
mères ne sont pas également informées ou motivées pour
38 L’impact spécifique au primaire est de dix points en milieu rural et de huit points en milieu urbain, alors que l’effet additionnel associé au premier cycle secondaire n’est respectivement que de cinq et quatre points.
veiller à la vaccination de leurs enfants, mais aussi que
l’offre de services est lacunaire. Un indice fort appuie cette
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 59
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
% vaccination
Graphique 23. Vaccination complète avant deux ans selon le niveau d’éducation de la mère (en %)
Niveau d’éducation
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Risque de mortalité (%)
Graphique 24. Risque de mortalité des enfants avant 5 ans selon le niveau d’éducation de la mère
Aucun
Primaire
Sec 1
Niveau d’éducation
Sec 2
Supérieur
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Concernant la mesure de l’impact de l’éducation, certains
tements sociaux « modernes ». Dans toutes les dimensions
système éducatif qui affecte fortement les comportements
importe, dans ce cadre, de mesurer de façon empirique
Zimbabwe, ont un système éducatif qui influence moins les
différentes dimensions sociales analysées. Le tableau 15
pays, comme le Bénin, le Kenya ou le Mozambique, ont un
étudiées, un impact significatif et puissant est avéré. Il
sociaux alors que d’autres pays, comme le Sénégal ou le
l’impact respectif des différents niveaux d’études dans les
comportements.
propose une estimation des impacts spécifiques (différentiels/marginaux) des différents niveaux d’enseignement
Le second point qu’il convient de souligner est que l’éduca-
pour chacun des indicateurs pris séparément et consolidés
tion est un puissant instrument dans l’adoption de compor-
pour chacune des six dimensions étudiées.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 60
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
61 45,3 54,0 45,3 41,3 40,8
Santé de l’enfant Prise de vitamine A Vaccination complète Mortalité avant 5 ans
Pauvreté
Source : construction des auteurs sur la base des résultats précédents.
% Impact pour dépense de 1 PIB par habitant
Coût unitaire du cycle (PIB/habitant) 64,4
0,81
52,4
53,0 68,8 71,0 42,5 45,0 37,8
Santé de la mère Consultation prénatale Vaccin antitétanique Accouchement sous assistance médicale Consultation post-natale Prise de vitamine A après accouchement
Score global (6 dimensions)
23,7 17,3 37,2 21,2 18,9
Population Age au premier accouchement Usage de contraception Espacement des naissances Nombre d’enfants
64,1
Primaire 87,7 87,4 87,9
Aucune
Accès à l’école Accès des filles Accès des garçons
Alphabétisation
Domaine social
18,8
1,27
23,8
27,5
24,9 21,3 23,5 27,5
20,1 18,9 15,2 27,3 17,0 21,8
26,3 26,0 26,1 26,3 26,6
9,7 9,8 9,5
34,6
Milieu rural Sec1
8,1
1,76
14,3
20,7
19,0 15,2 18,3 21,7
15,9 8,8 8,7 20,0 20,4 21,7
26,9 28,8 21,7 27,8 29,3
2,0 2,1 2,0
1,2
Sec2
9,4
0,8
11,13
11,0
10,8 9,6 13,0 9,5
11,0 3,5 5,1 10,2 17,5 18,7
23,1 27,8 15,0 24,7 25,1
0,6 0,7 0,6
0,1
Supérieur
Aucune
Tableau 15. L’impact spécifique des différents niveaux d’études dans les différentes dimensions sociales
102,1
0,63
63,9
71,5
54,5 61,2 46,0 39,5
69,9 77,6 90,1 59,7 56,4 66,0
34,3 17,9 53,6 39,9 25,9
85,7 85,9 85,5
67,6
Primaire
21,7
0,95
20,7
18,6
21,4 22,8 23,6 20,5
16,9 16,9 9,9 22,5 12,9 22,1
25,3 26,5 24,4 25,1 25,3
10,6 10,3 11,0
31,40
Milieu urbain Sec1
5,2
1,76
9,1
7,3
13,2 12,4 18,4 14,6
8,5 5,5 0,0 12,4 16,2 8,5
22,2 28,7 14,8 19,6 25,8
2,7 2,7 2,7
0,9
Sec2
5,5
0,5
11,13
2,6
6,8 3,6 12,0 8,8
4,7 0,0 0,0 5,5 14,5 3,5
18,2 27,0 7,3 15,5 23,0
1,0 1,0 0,9
0,1
Supérieur
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Impacts (%)
Graphique 25. Impact spécifique des différents niveaux éducatifs sur la dimension sociale globale
Source : construction des auteurs sur la base du tableau 15.
Si l’on s’intéresse globalement à l’ensemble des six dimen-
une unité de PIB par habitant de dépense unitaire. On
sions sociales étudiées (3 dernières lignes du tableau 15 et
observe que l’indicateur pour le primaire est trois fois plus
graphique 25), on voit que le niveau primaire a l’impact le
important que celui du premier cycle secondaire.
plus élevé, 52 % en milieu rural, 64 % en milieu urbain. Le
premier cycle secondaire apporte un impact additionnel
Cette structure globale diffère en fonction des six dimensions
milieu rural, 21 % en milieu urbain). Le second cycle a un
ment primaire est spécialement important pour l’alphabétisa-
9 % en milieu urbain). La contribution spécifique de l’ensei-
L’enseignement secondaire, en particulier le premier cycle,
bien inférieur en intensité à celui du primaire (24 % en
sociales étudiées. Dans le milieu rural, l’impact de l’enseigne-
impact additionnel encore moindre (14 % en milieu rural et
tion, l’accès à l’éducation et la santé de la mère.
gnement supérieur est infime.
renforce l’impact du primaire mais ce dernier garde un rôle pré-
pondérant. Concernant le risque de pauvreté et la santé de
Cette primauté de l’enseignement primaire dans la produc-
l’enfant, l’enseignement primaire a l’impact le plus élevé mais
tion d’impacts sociaux (le premier cycle secondaire renfor-
la poursuite des études dans l’enseignement secondaire
çant les impacts du primaire) est confortée lorsqu’on met en
apporte un impact additionnel très substantiel. Concernant la
seignement et les dépenses publiques engagées dans leur
une large mesure la continuité qui prévaut, chaque niveau
le alors un indicateur mesurant l’impact relatif obtenu pour
liorer de façon significative les divers indicateurs retenus.
regard les impacts spécifiques des différents niveaux d’en-
population, dans les deux milieux géographiques, c’est dans
mise en œuvre (avant dernière ligne du tableau). On calcu-
éducatif jusqu’à l’enseignement supérieur, permettant d’amé-
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 62
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
4.2
Le milieu rural et la dimension économique : les impacts économiques de l’éducation
Trois aspects sont ici abordés : i) l’analyse contextuelle de
différents secteurs d’activité et la productivité moyenne du
la population active, son évolution au cours des vingt der-
travail dans ces différents secteurs. Le tableau 16 présente
nières années et sa répartition entre secteurs de l’activité
les premières informations quantitatives sur la population
économique ; ii) l’estimation de la productivité apparente du
active et sa répartition par secteur d’activité.
quences en matière de mobilité intersectorielle de la popu-
Les chiffres indiquent sur l’ensemble de l’échantillon, que la
investissements éducatifs dans le monde rural.
1985 à 211 millions d’individus en 2003. Cette évolution
travail dans une perspective temporelle et ses consélation active ; iii) l’analyse de la rentabilité économique des
population active est passée de 131 millions d’individus en
correspond à une multiplication par un facteur 1,61, mani-
4.2.1 Une perspective macro et temporelle de
festant un taux de croissance moyen de 2,65 % par an
la population active
entre les deux dates considérées. Mais au cours de cette
période, on assiste à des évolutions très contrastées du
Les impacts économiques de l’éducation dans un pays
nombre de personnes selon les secteurs d’activité écono-
s’inscrivent nécessairement dans le contexte global natio-
mique.
nal concernant la population active, sa distribution entre les
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 63
3 159
3 516
762
96
Côte d’Ivoire
Congo République
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
64
Cap Vert
551
Madagascar
Mali
3 177
4 372
7 615
Lesotho
Kenya
351
301
2 476
5 494
19 735
1 142
184
141
3 539
Guinée Bissau
Gambie
Guinée
Ghana
Ethiopie
Erythrée
Djibouti
Comores
Cameroun
1 152
1 597
4 903
7 534
647
13 987
569
583
4 072
8 880
28 894
1 506
287
148
228
1 448
5 843
6 285
1 727
5 061
2 878
154,4
172,3
117,4
183,7
162,0
193,5
164,5
161,6
146,4
131,9
156,3
154,6
162,0
190,1
165,1
178,8
150,0
160,2
180,2
138,9
163,0
Burkina Faso
RCA
Bénin
3 193
6 247
2 298
3 832
Burundi
Angola
Ensemble Nombres (000) Indice 1985 2003 2003
Secteur Indicateur Années
2 559
3 270
406
5 980
255
188
1 650
3 360
17 100
900
44
55
99
303
2 040
1 936
668
2 626
1 011
2 092
2 500
2 406
4 048
367
9 448
303
117
2 022
2 470
21 986
1 042
31
15
102
114
1 886
1 953
700
3 601
1 105
2 814
2 820
Nombres (000) 1985 2003
94,0
123,8
90,6
158,0
118,8
62,0
122,6
73,5
128,6
115,8
70,1
27,7
102,8
37,7
92,4
100,9
104,8
137,1
109,3
134,5
112,8
80,6
74,8
73,5
78,5
72,8
62,5
66,6
61,2
86,6
78,8
24,0
57,6
70,5
39,7
57,6
55,1
58,0
83,1
63,3
91,0
65,2
49,1
53,7
56,7
67,5
53,3
20,0
49,7
27,8
76,1
69,2
10,7
10,3
44,7
7,9
32,3
31,1
40,5
71,2
38,4
88,1
45,1
Agriculture Indice % Pop. Active 2003 1985 2003
26
83
18
202
8,3
2,8
46
130
35
32
1,5
7,1
1,6
18
151
90
30
103
41
87
170
27
94
18
202
8,0
3,4
46
131
41
32
1,7
6,8
1,6
18
147
87
27
101
40
77
170
Nombres (000) 1985 2003
102,6
114,0
100,4
100,1
95,8
121,6
99,0
101,3
117,1
101,5
112,1
95,4
100,3
102,2
97,2
96,7
90,1
97,5
96,8
88,6
100,1
0,8
1,9
3,3
2,6
2,4
0,9
1,9
2,4
0,2
2,8
0,8
7,4
1,1
2,3
4,3
2,6
2,6
3,3
2,6
3,8
4,4
0,6
1,2
2,8
1,4
1,4
0,6
1,1
1,5
0,1
2,2
0,6
4,6
0,7
1,2
2,5
1,4
1,6
2,0
1,4
2,4
2,7
Industrie Indice % Pop. Active 2003 1985 2003
591
1 019
128
1 434
87
110
780
2 005
2 600
210
138
34
40
441
1 348
1 490
454
429
545
119
1 162
3 257
2 471
3 392
262
4 337
257
463
2 004
6 279
6 867
432
254
126
124
1 316
3 811
4 245
1 000
1 359
1 734
302
Nombres (000) 1985 2003
Tableau 16. Evolution de la population active dans un large échantillon de pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne entre 1985 et 2003
417,8
332,8
204,8
302,5
295,0
419,8
257,0
313,2
264,1
205,5
184,3
376,3
311,7
298,0
282,6
285,0
220,3
316,6
318,0
253,6
280,2
18,6
23,3
23,2
18,8
24,9
36,6
31,5
36,5
13,2
18,4
75,2
35,0
28,4
58,0
38,1
42,4
39,4
13,6
34,1
5,2
30,3
50,4
45,0
40,5
31,0
45,2
79,4
49,2
70,7
23,8
28,6
88,7
85,1
54,6
90,9
65,2
67,5
57,9
26,9
60,2
9,5
52,1
Services Indice % Pop. Active 2003 1985 2003
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
2 529
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
65
3 103
131 360 211 438
5 461
4 579
17 70
2 172
3 250
315
43
4 181
9 462
3 775
43 817
5 180
1 060
5 515
161,0
176,0
168,0
174,2
181,8
164,7
163,8
139,4
165,3
133,7
153,3
157,6
182,6
155,6
177,9
2 391
2 040
11 132
833
1 984
197
5,7
1 458
3 671
2 729
12 003
3 842
401
4 042
94 937 106 079
2 089
1 434
8 039
781
1 493
132
17
1 395
5 187
2 268
17 641
2 355
410
2 653
Source : Base des indicateurs de la Banque mondiale (World Bank Indicators) et du BIT.
Ensemble
2 726
Zimbabwe
Zambie
10 162
1 195
1 974
192
31
Tanzanie
Togo
Tchad
Swaziland
Sao Tomé et Principe
7 075
Sénégal
Soudan
2 463
27 804
2 837
681
3 100
Rwanda
Nigeria
Niger
Mauritanie
Malawi
111,7
114,5
142,3
138,5
106,6
132,9
149,2
32,4
104,5
70,8
120,4
68,0
163,1
97,7
152,3
72,3
67,3
52,6
79,1
65,4
75,6
68,7
56,4
55,2
73,3
92,1
63,4
83,0
60,2
85,6
50,2
43,8
44,6
62,9
38,4
61,0
62,5
13,1
34,9
38,8
72,3
27,4
74,2
37,8
73,3
2 960
139
90
230
55
48
3,2
0,5
83
134
56
714
26
93
6,5
2 997
146
95
236
53
48
3,5
0,5
95
157
59
694
27
96
7,2
101,2
105,3
105,9
102,5
96,9
100,2
108,5
100,6
114,9
116,8
106,1
97,2
105,1
110,5
102,6
2,3
4,5
3,3
2,3
4,6
2,4
1,7
1,5
3,3
1,9
2,3
2,6
0,9
1,0
3,0
1,4
2,7
2,1
1,3
2,4
1,5
1,1
1,1
2,3
1,7
1,6
1,6
0,5
0,7
1,7
2 924
2 444
6 338
1 286
1 219
114
37
2 628
5 634
987
31 120
1 311
651
1 378
33 462 102 362
875
1 202
1 892
359
433
57
13
1 052
1 754
139
9 448
456
264
353
305,9
334,1
203,3
334,9
358,6
281,2
200,8
284,1
249,9
321,3
707,8
329,4
287,6
246,6 390,1
25,5
28,2
44,1
18,6
30,0
22,0
29,7
42,1
41,6
24,8
5,7
34,0
16,1
11,4
38,8
48,4
53,5
53,4
35,8
59,2
37,5
36,3
85,8
62,9
59,5
26,1
71,0
25,3
61,5 25,0
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Le secteur agricole occupe, tant en 1985 qu’en 2003, le
Ces évolutions valent de façon moyenne pour l’échantillon
nombre de personnes qui y sont employées augmente (de
mais à des degrés divers, pour la plupart des pays considé-
plus grand nombre d‘actifs. Mais on observe aussi que si le
des pays analysés. Elles valent aussi de façon globale,
94,9 millions d’individus en 1985 à 106,1 millions d’indivi-
rés. La progression du nombre de la population active sur
dus en 2003), cette évolution est relativement modeste (+
la période est généralement élevée (notamment si on le
11 millions sur les 80 millions d’augmentation de la popula-
compare à celui des pays de niveau de développement
tion active globale, soit + 17 % en termes relatifs par rap-
comparable en Asie ou en Amérique latine), et s’accom-
menté de 61 % sur la période) si bien que la part de l’em-
de 3,5 % par an dans des pays tels que la République du
seulement 50,2 % en 2003, correspondant à une diminution
gression a été sensiblement moins vive dans des pays tels
port au chiffre de 1985, alors que le nombre d’actifs a aug-
pagne de valeurs du taux moyen de croissance de l’ordre
ploi agricole dans l’emploi total passe de 72,3 % en 1985 à
Congo, le Kenya, la Gambie, le Malawi ou le Togo. La pro-
moyenne annuelle de 1,2 point de pourcentage.
que le Burundi, le Lesotho ou le Soudan, avec un taux de
croissance de la population active égal ou inférieur à, 1,5 %
Le secteur industriel correspond en moyenne à des propor-
par an, sur la période étudiée.
tions très faibles de la population active des pays considérés.
En 1985, ce secteur n’emploie que 2,3 % de la population
La structure de la population active des différents pays lais-
active globale. Entre 1985 et 2003 et en termes agrégés sur
se apparaître des différences sensibles. En 2003, par
sont employés n’évolue pratiquement pas, le nombre obser-
tion active (dont la valeur moyenne est de 50,2 %) peut
identique à celui constaté en 1985. En conséquence, et eu
Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, le Nigeria
exemple, la part de l’emploi agricole au sein de la popula-
l’ensemble des pays de l’échantillon, le nombre d’actifs qui y vé en 2003 (un peu inférieur à 3 millions) étant quasiment
varier de 30 % (ou moins) dans des pays tels que le
égard à l’augmentation substantielle de la population active
ou la République du Congo, à plus de 70 % dans des pays
représenter que 1,4 % des emplois dans la période récente.
Niger ou le Rwanda. Mais la tendance à la réduction de la
L’évolution la plus dynamique concerne la population active
cours des 18 années de la période 1985-2003, soit 1,2
sur la période, la part de l’emploi industriel diminue pour ne
comme le Burkina Faso, le Burundi, l’Ethiopie, le Malawi, le
proportion de l’emploi agricole (22 points de diminution au
employée dans le secteur des services. En effet, alors
point par an en moyenne) est vraie pour tous les pays. Elle
que ce secteur d’activité comptait 33,5 millions de per-
a été plus faible dans le second groupe de pays identifié ci-
sonnes en 1985, soit 25,5 % de la population active totale,
dessus (9 points de diminution en moyenne sur la période)
on en dénombre 102,4 millions en 2003, soit 48,4 % de
que dans le premier (32 points de baisse en moyenne sur
l’emploi total à cette date (taux très proche de celui de l’em-
la période).
ploi agricole). Cette évolution est d’autant plus remarquable
que, sur une progression globale de la population active de
La part de l’emploi industriel est très limitée dans tous les
du secteur des services (86 % des «emplois nouveaux»).
pays le chiffre estimé pour la proportion de l’emploi indus-
80 millions sur la période, 69 millions sont à mettre au titre
pays de l’échantillon. Ainsi, en 2003 seuls pour quelques
Bien que remarquable du point de vue quantitatif, cette évo-
triel est supérieur à 2,5 % (Angola, Cameroun, Cap-Vert,
de la dimension productive de ce mouvement. On peut en
dans lesquels cette proportion est seulement de l’ordre de
lution est également préoccupante ; elle pose la question
Lesotho, Zimbabwe) alors que nombreux sont les pays
effet se demander dans quelle mesure ce secteur assure
1 %. Dans tous les pays de l’échantillon, cette statistique
une fonction de production ou de redistribution masquant
diminue entre les années 1985 et 2003. Alors que onze
vail et de l’emploi dans les pays considérés. Nous revien-
le secteur industriel, ils n’ont plus que 1 % en 2003.
des difficultés générales croissantes sur le marché du tra-
pays comptaient plus de 3 % de leur population active dans
drons par la suite sur cet aspect.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 66
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
La faiblesse relative de l’emploi industriel implique l’existen-
cation macro comme relevant du secteur un peu fourre-tout
ce d’une relation négative très forte entre la proportion de
des services qui regroupe une variété infinie d’emplois,
l’emploi agricole et celle de l’emploi dans les services, les
allant de l’artisan couturier qui emploie plusieurs personnes
pays qui ont une forte population agricole ayant une faible
et jouit de revenus réguliers et raisonnables, à la jeune
population dans les services, et réciproquement.
femme qui exerce la coiffure dans la rue, avec une cliente tous les deux jours, ou son frère qui vend des cigarettes à l’unité et à temps partiel39.
Il est intéressant d’aller au-delà de ces statistiques globales
et d’introduire deux dimensions complémentaires, à savoir la distinction entre l’emploi moderne et l’emploi informel, le
Sur le plan spatial, cette catégorie intermédiaire a une
cas des agriculteurs est tranché. Ils sont essentiellement
des individus qui y travaillent résident en milieu urbain où ils
dimension urbaine importante : environ 50 % en moyenne
milieu urbain et rural. Dans la classification sectorielle, le
représentent 68 % de l’emploi total. Par complémentarité,
ruraux et informels. Il existe certes des maraîchers urbains
environ 50 % des actifs de cette catégorie se trouvent dans
et quelques entreprises agricoles formelles, mais qui res-
la période actuelle en milieu rural, où ils représentent envi-
tent marginales.
ron 28 % de l’emploi total.
L’emploi moderne (public et privé) i) est aisément identi-
Malgré sa diversité et en dépit de ses contours statistiques
fiable, sachant que ce secteur d’emploi est relativement
limité en nombre et en proportion dans l’emploi total (il est
incertains, cette catégorie de l’informel non agricole pré-
allant de 4 % à 15 %, selon le niveau de développement
sions des estimations quantitatives, cette catégorie se
(entre 1990 et 2004, sa proportion dans l’emploi total est
dynamique de l’emploi moderne et de l’emploi agricole
tiale de l’emploi moderne fait la part belle au milieu urbain
de grandeur des évolutions.
de l’emploi total contre 40 % dans le monde rural où il ne
Selon ces estimations, et en utilisant pour partie le résultat
sente pourtant un intérêt essentiel. En dépit des impréci-
d’environ 10 % pour la période récente, avec des variations
développe de manière importante comme le montre la
des pays) ; ii) il ne se développe que très peu dans le temps
mentionnée ci-dessus. Le tableau 17 propose des ordres
restée stable, aux alentours de 10 %). La distribution spa-
(60 % de l’emploi moderne est urbain et y représente 27 %
des analyses conduites sur les données des enquêtes de
représente qu’une proportion infime, de plus ou moins 5 %).
ménages réalisées dans de nombreux pays de la région,
l’évolution du secteur des services, identifiée plus haut, ren-
Avec un emploi moderne dont la proportion n’évolue pas ou n’évolue que très peu, et un emploi agricole dont le nombre
voie à celle de l’emploi informel non agricole qui a augmen-
significative, l’emploi informel non agricole regroupe tous
cette période, le nombre des emplois a augmenté de 80
té de 23 à 83,6 millions entre les années 1985 et 2003. Sur
augmente peu mais dont la proportion diminue de manière
millions (211,4–131,4) qui se répartissent en 11,1 millions
ceux qui n’appartiennent pas aux deux catégories précé-
dentes.
dans l’agriculture, 7,3 millions dans le secteur de l’emploi
La catégorie d’emploi informel est relativement floue, tant
le. Cette dernière catégorie d’emplois a donc représenté
moderne et 60,6 millions dans l’emploi informel non agrico76 %
en ce qui concerne la réalité des activités économiques que
des nouveaux emplois sur la période dans l’en-
semble de la région.
son appréciation statistique. Une illustration de ce flou est le raccord assez imparfait entre les statistiques macroéco-
Ce constat est fort ; il est aussi robuste car même si l’im-
nomiques du type « Bureau international du travail » pré-
précision dans les chiffres peut sans doute faire que la pro-
sentées supra et celles qui résultent d’analyses d’enquêtes
portion de l’informel non agricole dans l’augmentation des
de ménages. Certaines personnes peuvent ainsi être considérées comme inactives ou actives mais sans emploi, dans
39 Dans une telle variété de situations où les revenus sont extrêmement faibles, il n’est pas aisé de tracer la «frontière» entre l’emploi et le non-emploi
une enquête de ménage mais enregistrées dans la classifi-
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 67
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Tableau 17. Essai de reconstruction des évolutions de la population active en Afrique subsaharienne, 1985-2003 Millions
1985
Population active
131,4
94,9
106,0
Services
33,5
102,4
20,9
81,8
Agriculture
Moderne
211,4
12,6
Informel Industrie
Moderne
Moderne
3,0
3,0
2,1
Industrie
1,9
Service
12,6
20,6
13,1
8,7
41,8
41,8
99,6
23,0
83,6
2,1
1,9
1,1
20,9
Industrie
150,2
6,4
21,8
0,9
Informel non agricole
61,2
1,1
13,5
Service
Rural
20,6
0,9
Informel
2003 Urbain
Nombre
81,8
Source : construction des auteurs sur la base du tableau 16.
emplois pourrait se situer entre 70 et 80 %, ceci ne modifie-
1985-2003 et poursuivons la perspective macro en mobili-
rait pas la conclusion de l’analyse. Ce constat invite à déter-
sant des informations sur la mesure de la valeur ajoutée
miner si ce mouvement est porteur de progrès ou de diffi-
des différents secteurs économiques. La mise en relation
cultés. Une façon d’aborder cette question est de s’intéres-
des effectifs employés et de la valeur ajoutée dans les sec-
ser à la productivité du travail dans les pays concernés.
teurs permet d’estimer la productivité apparente moyenne
4.2.2 Mesure et évolution de la productivité
sur la période 1985 à 2003, nous pouvons analyser l’évolu-
du travail. Comme ces deux informations sont disponibles
apparente du travail et ses conséquences
tion de la productivité du travail dans les différents secteurs
de l’économie des différents pays sur cette période. Le
Nous avons maintenant une idée sur l’évolution de la popu-
tableau 18 présente les résultats obtenus.
lation active et de sa distribution au cours de la période
Tableau 18. Productivité apparente du travail selon le secteur d’activité, 1985-2003 (moyenne régionale ; dollars US de 2003) Productivité apparente du travail Globale 806,1
1985
1990
1995
2000
2003
451,1
498,9
550,0
508,9
819,4
770,5
803,3
802,0
Services
1 298,8
1 007,4
846,5
728,1
Industrie
11 473,0
13 520,0
Agriculture Informel non agricole
299,8
912,9
Source : construction des auteurs sur la base du tableau 16.
348,0
363,0
730,0
600,0
13 290,0
15 662,0
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 68
685,7
15 503,0
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Sur l’ensemble des pays pris en compte dans le tableau 18,
Cette
serait largement restée inchangée entre 1985 et 2003,
secteur informel non agricole est cohérente avec les
la valeur moyenne de la productivité apparente du travail
première
observation
comparative
de
la
productivité du travail dans le secteur agricole et dans le
autour de 800 dollars, en valeur monétaire constante (de
mobilités
du secteur agricole et du secteur des services. En 1985, la
secteur informel non agricole40.
l’année 2003). Examinons maintenant la situation relative
intersectorielles
constatées
et
une
augmentation forte des individus employés dans le
productivité moyenne estimée pour le secteur agricole est
Lorsqu’on se déplace de l’année 1985 vers la période
spécialement faible (300 dollars de 2003) alors que celle du
secteur des services est sensiblement plus forte (1 300 dol-
actuelle,
on
observe
une
tendance
continue,
moderne (public et privé) des services où le niveau de
au sein du secteur informel global. Les données du
informel (non agricole) pour le domaine des services où la
très claire. Depuis 1985, on assiste à : i) une
différenciée selon le secteur, agricole ou non agricole,
lars). Mais celle-ci est la composante agrégée i) du secteur
tableau 18 et du graphique 26 en offrent une illustration
rémunération est sensiblement plus élevé et ii) du secteur productivité du travail est en moyenne nettement moins
amélioration plus ou moins continue de la productivité
évaluation de son niveau moyen de rémunération, nous
qui y sont employés augmente peu) ; ii) une baisse
du travail en agriculture (alors que le nombre d’individus
bonne. Sur la base de la part du secteur moderne et d’une
progressive de la productivité apparente moyenne du
avons estimé que la productivité apparente moyenne dans
travail dans le secteur informel non agricole, au fur et à
le secteur informel des services s’établissait autour de 913
mesure que le nombre des individus qui y sont
dollars (de l’année 2003) en 1985. Ce dernier chiffre est
employés augmente (il augmente fortement comme le
sensiblement plus élevé que celui estimé pour la producti-
montre le tableau 16).
vité apparente du travail dans l’agriculture.
Graphique 26. Evolution de la productivité du travail par secteur d’activité, 1985-2003
1 400
($2003)
Productivité du travail
1 200 1 000
Agriculture
800
Services
600
Informel non agricole
400 200
0
1985
1990
1995
Années
2000
2003
Source : construction des auteurs sur la base du tableau 18.
40.Le secteur moderne exerce une très forte attraction du fait des forts différentiels de revenus, mais son accès est régulé contrairement à celui du secteur informel.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 69
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
L’augmentation de la productivité du travail en agriculture
enquête de ménages où peuvent être identifiés l’activité pro-
cole conduit à une situation de convergence, telle que
tions, suffisamment précises, sur le passé scolaire des indivi-
associée à la baisse de celle du secteur informel non agri-
fessionnelle et le type d’emploi occupé, en plus des indica-
représentée dans le graphique 26. Les données de l’année
dus. La seconde perspective est plus exigeante sur le plan
2003 font état d’une quasi égalisation de la productivité
des données statistiques dans la mesure où elle nécessite la
apparente du travail dans ces deux secteurs d’activités. Il
disponibilité du revenu monétaire estimé. Dans la mesure du
reste à définir dans quelle mesure cette structure pourrait
possible nous suivons ces deux perspectives.
ralentir la très forte dynamique enregistrée au cours des
La mesure par le niveau de richesse et les conditions
vingt dernières années, caractérisée par une forte augmen-
de vie
tation des effectifs employés dans le secteur informel non agricole.
Le tableau 19 donne les résultats obtenus pour l’indice de
La situation actuelle de baisse de la productivité moyenne
richesse (l’indice est établi en fixant le niveau du score fac-
du travail dans un secteur en expansion quantitative amène
toriel à 100 dans chaque pays, pour les agriculteurs qui
à se poser des questions sur la nature des actions structu-
n’ont pas été scolarisés) des chefs de famille agriculteurs,
relles incitatives et en formation de compétences pour ce
éleveurs ou pêcheurs dans les quatorze pays, essentielle-
secteur dans la mesure où il n’arrive plus (sans doute
ment francophones, où cette analyse a été conduite.
depuis de nombreuses années) à absorber efficacement les individus qui ne sont et ne seront pas agriculteurs et qui
Dans tous les pays, avec des intensités variables d’un pays
des économies africaines.
te de façon significative, en fonction du niveau d‘études sui-
ne trouveront pas à s’employer dans le secteur moderne 4.2.3 La
rentabilité
économique
investissements éducatifs en milieu rural
à l’autre, l’indice de richesse chez les agriculteurs augmen-
vies durant leur jeunesse. Sur l’ensemble des 14 pays, cet
des
indice passe de la valeur 100, conventionnellement fixée
pour ceux qui n’ont pas été scolarisés, à 192 pour ceux qui
ont suivi une scolarité primaire complète, à 252 pour des
On déplace maintenant la perspective pour se positionner au
études de premier cycle secondaire et à 297 pour les agri-
niveau des individus. Il s’agit de déterminer dans quelle
culteurs (peu nombreux) qui ont suivi une scolarité secon-
mesure leurs conditions de vie sont meilleures lorsqu’ils ont été scolarisés. La situation des (chefs de) familles peut être
daire complète.
identifié par l’application d’une méthode factorielle sur la base
Compte tenu de sa construction, l’indice ne constitue pas
Elles peuvent aussi être portées au niveau individuel en utili-
des calculs différentiels, selon le niveau d’enseignement,
appréhendée par la mesure de leur indicateur «de richesse»
une mesure cardinale. A titre illustratif, nous avons fait
des éléments d’actifs et des conditions de vie du ménage.
d’une part pour générer un indicateur d’intensité spéci-
sant une mesure du revenu monétaire (mais cela conduit à
fique à chacun, et d’autre part pour calculer un indicateur
ignorer cette part non monétaire qui peut être substantielle pour certains agriculteurs). Sur le plan de la disponibilité des
de coût-efficacité en rapportant ces différentiels de l’indi-
assez grand nombre de pays dès lors que l’on dispose d’une
larisation.
ce de richesse à une estimation des coûts directs de sco-
données, la première perspective peut être suivie dans un
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 70
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Tableau 19. Impact du niveau éducatif des agriculteurs sur l’indice de richesse dans 14 pays Pays
Aucun
Niveau d’éducation Primaire Secondaire 1
Secondaire 2
Bénin
100
312
471
601
Burundi
100
139
166
188
Burkina Faso Cameroun Congo
Ghana
Guinée
Guinée-Bissau
Malawi
100
189
100
304
100 100
469
309
168
188
190
Rwanda
100
145
100
368
235
103
Sénégal
211
160
100
100
583
179
248
100
175
467
142
100
508
155
316
100
220
425
130
Mali
Mauritanie
216
76
40
161
168
165
224
271
Tchad
100
162
203
233
Ensemble
100
192
252
297
127,6
48,8
25,0
Différentiel spécifique
92
Indice Efficacité coûts
60
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages sur le marché du travail (voir annexe 1).
Sur la base de l’indicateur de richesse, le différentiel entre
45
dérer comme probable i) que l’éducation des agriculteurs a
niveaux éducatifs successifs diminue avec des niveaux plus
bien un impact substantiel sur leur niveau de vie ; ii) que cet
primaire, à 60 points entre le primaire et le premier cycle
substantiel avec un niveau d’études secondaires mais plus
élevés. Il passe de 92 points entre la non scolarisation et le
impact est spécialement important au niveau primaire. Il reste
secondaire et à 45 points entre le second cycle secondaire et
faible, ce qui se confirme lorsque l’on introduit la dimension
le premier. Cette décroissance est sensiblement plus forte
financière.
lorsqu’on rapporte les impacts spécifiques à chaque niveau
d’études aux coûts de production qui leur sont associés, avec
La mesure par le niveau de revenu monétaire individuel
cycle secondaire et 25 pour le second. Ces chiffres ne doivent
Cette analyse a pu être conduite dans neuf pays41. Comme
des chiffres de 127,6 pour le primaire, 48,8 pour le premier
toutefois pas être considérés comme des ordres de grandeur,
précédemment, nous examinons la situation des agricul-
se à la base de l’analyse.
agricole. Le tableau 20 résume les résultats obtenus.
teurs et des personnes exerçant une activité informelle non
en raison de l’absence de métrique de l’indicateur de riches-
Mais, l’ampleur des écarts est telle que l’on peut a priori consi-
41. Il s’agit du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte-d’Ivoire, de Madagascar, du Mali, de la Mauritanie, de l’Ouganda, de la Sierra Leone et du Tchad.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 71
341
Mali
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
72
411
9,9 %
24,1 %
18,8 %
14,6 %
16,6 %
42,7 %
53,1 %
-
32 126
19 361
88 611
21 645
6 426
76 721
17 464
-
48 321
21 250
79 817
24 814
14 864
156 057
29 629
13 430
32 873
-
76 674
29 164
75 386
32 134
12 753
222 221
40 250
20 212
61 368
Sec1
-
125 320
27 707
25 917
27 986
36 526
207 546
13 365
9 203
6 419
Sec1 7 448
-
144 505
42 267
70 970
42 557
7 471
255 595
49 438
33 022
122 043
Sec2
-
248 292
52 928
28 024
41 884
82 656
349 834
16 957
11 499
Sec2
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages sur le marché du travail (voir annexe 1).
Moyenne
286
234
Ouganda
Tchad
193
409
Sierra Leone
Mauritanie
Madagascar
311
341
Mali
29,5 %
22,3 %
12 315
793
24 116
Prim
-
46 546
15 471
24 180
16 867
16 941
128 791
10 863
7 733
5 691
Prim
Revenu (monnaie nationale /mois)
-
793
Côte d’Ivoire
Cameroun
337
Burkina Faso
9,1 %
60,0 %
27 573
11 772
21 609
9 418
10 636
100 854
10 080
Aucun
411
62,6 %
74,7 %
69,8 %
32,1 %
32,4 %
71,2 %
58,4 %
5 611
PIB par habitant % emplois (USD 2003) informels ruraux non agricoles Education (cycles complets)
Informel rural non agricole
Moyenne
286
234
Ouganda
Tchad
193
409
311
Sierra Leone
Mauritanie
Madagascar
793
Côte d’Ivoire
55,9 %
82,9 % 7 748
793
337
Cameroun
Burkina Faso
Aucun
Revenu (monnaie nationale / mois)
PIBpar habitant % agriculteurs (USD 2003) dans la population active rurale Education (cycles complets)
Agriculture
1,46
1,50
1,10
0,90
1,15
2,31
2,03
1,70
1,09
1,36
Prim
1,96
2,39
1,51
0,85
1,48
1,98
2,90
2,30
1,64
2,54
Sec1
1,61
2,69
1,79
1,07
1,66
2,16
1,61
1,23
1,19
1,13
Sec1
2,72
4,50
2,18
0,80
1,97
1,16
3,33
2,83
2,68
5,06
Sec2
1,57
1,98
1,91
1,08
1,50
2,26
1,69
1,27
1,25
1,16
Sec2
Rapport avec cycle précédent
1,32
1,69
1,31
1,12
1,79
1,59
1,28
1,08
1,00
1,01
Prim
Rapport avec cycle précédent
6,2 %
6,3 %
1,5 %
-1,6 %
2,7 %
15,4 %
16,4 %
8,4 %
1,2 %
5,2 %
Prim
7,0 %
16,0 %
7,5 %
-1,7 %
6,2 %
-3,3 %
7,7 %
5,8 %
7,2 %
17,3 %
Sec1
16,0 %
42,3 %
19,8 %
1,8 %
22,0 %
28,9 %
15,3 %
5,8 %
4,8 %
3,2 %
Sec1
9,3 %
21,8 %
12,1 %
-1,5 %
9,0 %
-4,3 %
3,1 %
4,4 %
13,4 %
25,5 %
Sec2
20,7 %
49,1 %
30,3 %
2,7 %
16,6 %
42,1 %
22,9 %
9,0 %
8,3 %
5,3 %
Sec2
Taux de valorisation privée de l’éducation
5,2 %
9,8 %
5,2 %
2,0 %
13,2 %
9,9 %
5,5 %
1,3 %
0,0 %
0,2 %
Prim
Taux de valorisation privée de l’éducation
Tableau 20. Revenus et rendements de l’éducation chez les agriculteurs et les actifs travaillant dans le secteur informel non agricole en milieu rural
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Examinons tout d’abord les revenus des individus tra-
structure des rendements entre les différents niveaux
neuf pays de l’échantillon, plus le niveau éducatif42 est
primaire est clairement identifiée dans tous les pays de
vaillant dans l’agriculture. Nous observons que dans les
éducatifs avec des chiffres plus élevés au secondaire qu’au
élevé, plus le revenu moyen des agriculteurs est élevé.
l’échantillon.
Ainsi, en valeur moyenne pour les neufs pays, le revenu
des agriculteurs avec une scolarité primaire complète est
Le constat de cette diversité de niveaux de la valorisation
été scolarisés. Les agriculteurs ayant un premier cycle
accepte la vraisemblance des chiffres pays, amène à s’in-
de 32 % plus élevé que celui des agriculteurs qui n’ont pas
des études dans le secteur agricole, selon les pays, si l’on
secondaire complet gagnent en moyenne, dans notre
terroger sur les raisons, les facteurs contextuels ou poli-
échantillon, 62 % de plus que ceux qui ont arrêté leurs
tiques, qui expliqueraient ces différences. Nous ne dispo-
études en fin de primaire. Enfin, ceux (assez peu nom-
sons pas dans cette étude des éléments pertinents pour
breux) qui ont poursuivi leurs études au terme du second
mener cette analyse de façon satisfaisante. Dans cette
ceux qui ont arrêté leurs études en fin de premier cycle
le l’éducation des agriculteurs serait surtout susceptible
cycle secondaire gagnent en moyenne 57 % de plus que
perspective, nous pourrions tester l’hypothèse selon laquel-
secondaire.
d’avoir un impact lorsqu’un pays sort de l’agriculture vivrière, des surfaces faibles et de l’usage des techniques les
Il importe d’aller au-delà de la mesure des revenus pour
plus traditionnelles.
passer à celle des rendements. Nous avons opté pour la
mesure de taux de rendement privés, sachant que ceux-ci
Nous ne disposons pas d’indicateur direct sur cet aspect,
cie43». En valeur moyenne, le rendement privé dans l’acti-
tion importante d‘agriculteurs au sein de la population acti-
ont été estimés en utilisant la méthode dite «raccour-
mais pouvons supposer que les pays comptant une propor-
vité agricole des études primaires est estimé à 5,2 %, une
ve, ont une agriculture traditionnelle. Cette hypothèse peut
valeur positive mais qui peut être considérée comme relati-
laisser supposer que l’éducation des agriculteurs a peu
ment privé des études générales (sans composante expli-
des agriculteurs au sein de la population active est impor-
vement faible. Il est intéressant d’observer que le rende-
d’impact sur leur productivité dans les pays où la proportion
cite de formation professionnelle à visée agricole) est plus
tante et que l’éducation des agriculteurs joue un rôle plus
élevé pour le premier cycle secondaire en atteignant une
grand dans les pays où la proportion de la population
valeur moyenne tout à fait substantielle (16 %). Dans le
employée dans l’agriculture est plus faible. Nous disposons
second cycle secondaire, le taux encore plus élevé
des données nécessaires pour analyser cette relation.
(20,7 %), doit être considéré avec prudence eu égard au
L’estimation économétrique permet de définir la variabilité
petit nombre d’individus concernés dans l’échantillon. Mais
du taux de rendement des études primaires dans le secteur
cela révèle tout de même que le secteur agricole valorise
agricole. L’équation obtenue est la suivante :
de façon significative et forte la scolarisation secondaire
η privé du primaire en agriculture = 15,4 – 0,177 %
dans son ensemble.
agriculteurs dans la population active (t=2,4)
Bien qu’intéressantes, ces indications ne doivent pas
masquer l’existence de situations extrêmement variées
R²=0,44
entre les neuf pays étudiés. Par exemple, concernant la
valorisation de la scolarisation primaire, le chiffre moyen de
5,2 % pour le taux de rendement privé des études résulte
de chiffres variant entre 0 % (au Cameroun) et 13,2 % (en
42 Il s’agit du revenu estimé pour des individus ayant fait des cycles d’études complets (primaire, 1er et 2nd cycles du secondaire). 43 Le taux de rendement associé au niveau i est calculé comme le rapport du différentiel de
Mauritanie). Des différences parfois plus grandes encore
sont enregistrées dans les rendements pour les niveaux
revenu entre les niveaux d’études i et (i-1) et du revenu des individus au niveau (i-1) multiplié par le nombre des années d’études du cycle (i-1).
d’études secondaires. Au-delà de ces disparités, la
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 73
4. L’éducation en milieu rural : sa pertinence économique et sociale
Il faut bien sûr considérer cette analyse comme tentative et
travaillant pas dans le secteur moderne, seraient en fait
une grande incidence sur la rentabilité des études dans le
forte hétérogénéité qui existe au sein de la population
partielle ; les résultats montrent que les circonstances ont
confrontés au chômage. Cette observation renvoie à la
secteur agricole et que le contexte traditionnel n’est pas
engagée dans le secteur informel non agricole. En effet, si
propice au développement des effets de l’éducation. D’une certaine
façon,
ce
résultat
corrobore
ceux
l’on estime qu’environ un actif sur trois identifié comme
de
«informel non agricole» est au chômage, nous devons
forte rentabilité de l’éducation chez les agriculteurs, dans
situation économique des personnes effectivement
Rosenzweig44, dans son étude sur l’Inde où il montre la
également tenir compte de la grande variance de la
les Etats concernés par la « révolution verte », contraire-
employées dans l’informel non agricole (évaluée par la
ment aux Etats non concernés par celle-ci45.
faible valeur des R² des équations de Mincer), secteur au sein duquel les revenus sont très disparates.
Examinons enfin la situation des individus employés dans
le secteur informel non agricole en milieu rural. Tout
Dans ce «jeu», l’éducation des individus semble globale-
substantiellement de celle retenue dans les classifications
ayant de façon assez systématique de meilleurs revenus
d’abord,
la
définition
de
cette
population
diffère
ment jouer un rôle significatif, les individus plus éduqués
internationales du travail. En effet, nous examinons ici une
que ceux qui le sont moins. D’une façon générale, i) les
population qui a effectivement une activité économique
revenus monétaires (mais une partie significative des reve-
bien identifiée et en tire un revenu régulier, et non une
nus de certains agriculteurs ne sont pas monétarisés) sont
population active non agricole résidant en milieu rural. En
meilleurs chez les individus engagés dans des activités
comparant les données fondées sur la population active
informelles non agricoles que chez ceux engagés dans
rurale non agricole et celle qui exerce une activité bien
l’agriculture, sachant que ii) la valorisation de l’éducation
identifiée dans ce même cadre géographique, nous
est aussi relativement substantielle dans ce secteur des
estimons qu’environ un tiers des actifs non agricoles, ne
économies nationales.
44 Rosenzweig, M. “Why are there returns to Education?” American Economic Review,
Papers and proceedings Vol. 85, n° 2, 1991. 45 Ce résultat est se retrouve également dans les travaux de M. Gurgand “Education et
productivité agricole en Côte d’Ivoire”, Revue d’économie du développement, n° 4 , 1993,
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 74
5.
Conclusion
Dans cette étude, nous avons examiné sous divers aspects
74 % chez les urbains ; chez les ruraux pauvres, moins de
nombre aussi grand que possible de pays d’Afrique sub-
cycle) ce qui contribue à perpétuer l’analphabétisme (37 %
été principalement i) la scolarisation des ruraux (quelle est
pauvres ont un cycle primaire complet contre 68 % des
la situation de l’éducation en milieu rural, et cela dans un
40 % seulement des individus scolarisés atteignent la fin du
saharienne à faible revenu. Les situations analysées ont
des ruraux en général, et seulement 25 % des ruraux
l’ampleur de leur retard par rapport aux urbains et les pro-
urbains et 80 % des urbains riches).
cessus à l’origine de ce retard du système éducatif) ; ii) l’organisation et le coût des services éducatifs en milieu rural,
Pour atteindre l’objectif d’achèvement du cycle primaire
re ; iii) la question de la valorisation des investissements
porter les efforts, la plupart des enfants de ce milieu n’allant
notamment au premier cycle de l’enseignement secondai-
pour tous, c’est donc surtout sur le milieu rural que devront
éducatifs en milieu rural.
pas jusqu’au bout du primaire. Les analyses conduites
dans cette étude insistent particulièrement sur la nécessité
Ces trois aspects bien différents méritent d’être examinés
de prendre en compte les spécificités rurales dans les dif-
de façon spécifique ; mais ils entretiennent aussi des liens
férentes actions qui seront menées.
pour la compréhension de la situation du monde rural en relation avec la sphère éducative dans les pays africains.
-
cun d’entre eux.
considérer : i) l‘importance d’une école gratuite et de
services éducatifs, avec deux dimensions importantes à
Rappelons rapidement certains résultats saillants de chaA)
Ces spécificités concernent tout d’abord l’offre de
qualité à proximité des populations (des progrès évi-
Les enfants ruraux manifestent un retard signi-
dents ont été faits dans la plupart des pays mais restent
ficatif de scolarisation, les systèmes éducatifs ayant ten-
encore à faire dans de nombreux pays et dans certaines
dance à se développer selon un principe de difficulté crois-
localisations au sein de la plupart d’entre eux). Cette
à la demande de scolarisation). Les «urbains riches» en
en qualification adéquate (les travaux empiriques exis-
école doit bien sûr avoir des enseignants en nombre et
sante (tant en référence à l’offre de service qu’en référence
tants montrent que les affectations de personnel ensei-
bénéficient d’abord, au détriment des ruraux pauvres. Pour
les ruraux, et notamment pour ceux qui vivent dans la pau-
gnant en milieu rural sont insuffisantes et qu’il convien-
retard se creuse à des niveaux éducatifs plus élevés, mais
effectivement appliqués, incitations à exercer dans des
drait d‘améliorer cet état de chose – critères d’affectation
vreté (plus grande pour les filles dans certains pays), le
l’urgence réside, pour eux, dans la scolarisation pri-
zones difficiles, présence effective de ces enseignants,
du tout accès à l’école (27 % chez les ruraux contre 8 %
ii) la souplesse de l’offre scolaire, adaptable localement
maire. Les ruraux pauvres comptent : i) ceux qui n’ont pas
temps d’enseignement respecté (900 heures annuelles) ;
(horaire sur la journée, calendrier sur l’année, contenu
chez les urbains en général, la proportion des ruraux
des enseignements dans une certaine mesure) pour
pauvres qui n’ont pas accès à l’école dépassant les 35 %) ;
satisfaire aux intérêts et aux contraintes des populations
ii) ceux qui écourtent leur scolarité primaire (pour ceux qui
rurales à scolariser.
y ont eu accès, 50 % des ruraux achèvent le cycle contre
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 75
5. Conclusion
-
Les analyses montrent que ces actions ne seront vrai-
niveau d’enseignement. L’étude réalisée montre que le
plus pauvres (la contribution des enfants est vitale dans
d’un pays à l’autre, de 10 à 160 %, au sein de l’échantillon
insuffisante des bénéfices qui sont associés à la scolarisa-
efficaces que d’autres pour contenir le coût des petits éta-
(généralement nouvelles pour les décideurs de la politique
manière moins contraignante.
demande devra être envisagé.
Il ressort des analyses que les dispositions prises pour
«surcoût» de ces petits établissements varie très fortement
semblablement pas suffisantes pour les populations les
des 21 pays étudiés. Certains pays apparaissent donc plus
l’économie familiale) et les plus traditionnelles (perception
blissements et envisager l’expansion de leurs effectifs de
tion «moderne»). Pour celles-ci, le ciblage d’activités
éducative) concernant directement la stimulation de la B)
réduire le surcoût des petits établissements concernent
principalement l’utilisation du personnel. En effet, les
Le second volet de cette étude concerne l’organi-
situations de fort surcoût se rencontrent lorsqu’il y a un
sation et le coût des services éducatifs en milieu rural au niveau du 1er cycle secondaire. L’amélioration de la
effectif d’encadrement important ce qui alourdit la partie
fixe de la fonction de coûts et lorsque les enseignants sont
scolarisation pour les ruraux passe aussi par la possibilité
sous-utilisés dans le fonctionnement ordinaire de l’établis-
d’accéder au niveau secondaire. Les jeunes ruraux qui
sement.
achèvent le primaire ont aujourd’hui des difficultés avérées pour accéder au secondaire alors qu’il a été montré que les
-
perspectives d’une scolarité au collège augmentaient les
Concernant le personnel d’encadrement, indépendam-
chances de rétention dans le primaire. Mais cela est surtout
ment de l’importance de ces fonctions, deux points peuvent
apparaît nettement que les progrès de scolarisation au col-
120 ou 150 élèves, une personne suffit pour assurer la
être soulignés : i) lorsqu’un établissement ne scolarise que
important dans la moyenne période dans la mesure où il
fonction d’encadrement, sachant par ailleurs que ii) les
lège concerneront majoritairement le monde rural. En effet,
on compte en moyenne dans les pays d’Afrique sub-saha-
tâches de cette fonction (relations avec l’administration,
relativement forte en milieu urbain, à 66 %, contre 22 % en
enseignements, ..) peuvent aussi être réparties entre divers
avec les parents d’élèves, organisation interne, suivi des
rienne, une couverture scolaire du 1er cycle secondaire
enseignants qui, ayant un service incomplet dans l’établis-
milieu rural. Le rural représente en moyenne 70 % de la
sement, peuvent le compléter en participant à ces tâches,
population en âge de fréquenter le collège, l’amélioration
contribuant ainsi à réduire le coût unitaire des services
de la couverture scolaire au niveau du collège, à laquelle
offerts, sans impact négatif sur leur qualité.
appellent tous les décideurs politiques, concernera le milieu
rural à hauteur de 85 %. Nous comprenons alors l’importan-
ce pour ces pays de mettre en place des dispositions
-
qualité des services et en contrôlant leur coût unitaire.
rique sont liées à des difficultés d’organisation et d’articula-
Concernant les enseignants, les raisons d’un temps de
service effectif souvent inférieur au temps de service théo-
nécessaires à la réalisation de ces objectifs, en veillant à la
tion des cours. Cinq dispositions, destinées à pallier ce dysfonctionnement peuvent
Cette dernière question est importante, car actuellement,
et/ou ensemble :
les ministères de l’éducation ont souvent des difficultés à
organiser ces services à des coûts acceptables. Une ana-
i)
lyse du coût des services dans 21 pays de la région montre qu’un établissement de 1er cycle secondaire scolarisant
être envisagées, séparément
revoir les horaires d’enseignement des élèves et des
enseignants (fortement variables d’un pays à l’autre) et
procéder plus aisément à des ajustements ;
120 élèves (la taille typique d’un établissement rural de proximité) coûte en moyenne, par élève, environ 70 % de
ii) autoriser (et rémunérer de manière appropriée) les
plus qu’un établissement comptant 500 élèves (un établis-
heures supplémentaires ce qui réduirait l’utilisation
sement urbain typique). Ce « surcoût » des petits établisse-
d’enseignants qui n’auraient qu’un service partiel ;
ments rend difficile (coûteuse) l’expansion des effectifs à ce
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 76
5. Conclusion
-
iii) introduire la règle selon laquelle des enseignants qui ne
pourraient faire leur service complet devraient assurer
Concernant les impacts sociaux, il existe des diffé-
rences fortes entre les 21 pays analysés ; ces différences
des activités d’encadrement pour le compléter ;
tiennent essentiellement à deux facteurs généraux : i) les
effets de l’éducation amènent les femmes éduquées à
iv) réorganiser les programmes d’enseignement de sorte à
mieux utiliser les services existants. Or, les politiques de
réduire le nombre des matières par des regroupe-
santé et de population sont très inégalement efficaces d’un
ments ;
pays à l’autre. Par exemple, il est apparu lors des enquêtes
que la couverture vaccinale dépassait 50 % en Côte
v) organiser la formation des enseignants pour éviter que
d’Ivoire, au Rwanda et au Zimbabwe alors qu’elle n’était
leur domaine disciplinaire ne soit concentré sur une dis-
que de 20 % au Mali, en Ouganda ou en Zambie ; ii) cer-
cipline spécifique mais couvre un champ élargi.
tains pays, comme le Bénin, le Kenya ou le Mozambique,
ont un système éducatif qui affecte fortement les comporte-
Selon les pays, l’analyse doit être conduite pour identifier :
ments sociaux alors que d’autres pays, comme le Sénégal
i) la faisabilité de chacune de ces options et ii) la manière
ou le Zimbabwe, ont un système éducatif qui influe moins
te national.
clairement :
de les mettre efficacement en œuvre dans chaque contexC)
ces comportements. Globalement, trois résultats ressortent
Enfin, le troisième volet de cette étude concerne
les
les impacts sociaux et économiques de l’éducation
impacts sociaux de l’éducation (des filles lors-
qu’elles sont jeunes puis des femmes lorsqu’elles sont
en milieu rural. L‘intérêt d’aborder ce volet est double :
adultes) en milieu rural sont très substantiels et que
d’un côté cet aspect est assez mal documenté.
leur intensité est globalement plus forte qu’en milieu
L’éducation est considérée comme étant uniquement un
urbain. Ce résultat tient pour partie au fait que les compor-
droit ou encore un bien dont la valeur est évidente, sans
tements sociaux des femmes analphabètes sont significa-
qu’une vérification empirique de ses effets dans le domai-
tivement plus traditionnels en milieu rural qu’en milieu
ne économique et social ne soit nécessaire. Or cette véri-
urbain, comme si, en milieu urbain, une sorte de moderni-
tenu de son attachement aux traditions, il importe de
sées à adopter des comportements qu’elles n’auraient pas
changement des comportements et à l’adoption de pra-
qu’en moyenne, en milieu rural, l’éducation des femmes
sociales jugées importantes. D’un autre côté, la mesure
d’amélioration des indicateurs sociaux de résultats.
fication est nécessaire dans le milieu rural car, compte
té ambiante incitait ces femmes qui n’ont pas été scolari-
savoir dans quelle mesure l’éducation peut contribuer au
adoptés en milieu rural. Les résultats obtenus montrent
tiques plus «modernes» dans les différentes situations
est un vecteur effectif de modernité des comportements et
de ces impacts permettra de définir les choix de politique éducative et les priorités. Les effets de l’éducation peu-
En
vent différer avec un niveau d’enseignement primaire ou
dépit d’un impact fort de l’éducation des femmes en
milieu rural, celui-ci est parfois contrarié par une disponi-
secondaire.
bilité de l’offre de services dans le secteur du planning
familial et de la santé qui est plus défavorable qu’en
L’étude examine, de façon séparée et complémentaire, à la
milieu urbain. Par exemple, pour que la femme soit effec-
fois les impacts sociaux des investissements éducatifs
tivement assistée par un personnel spécialisé au moment
(réduction du risque de pauvreté, rétention de l’alphabétisa-
de la naissance de ses enfants, il faut qu’elle recherche
tion à l’âge adulte, effets intergénérationnels sur la scolari-
le service (et elle a tendance à le faire davantage si elle
sation des enfants, variables de population, santé mater-
est plus éduquée), mais il faut aussi que le service soit
infantile) et les impacts économiques en termes d’emploi et
moyenne davantage le cas dans le milieu urbain que
nelle, santé de l’enfant, vaccination et risque de mortalité
disponible à une distance raisonnable (et ceci est en
de revenu.
dans le milieu rural).
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 77
5. Conclusion
L’éducation
primaire génère la proportion la plus
titulaires des conditions de vie raisonnables, et d’autre part
grande des impacts sociaux totaux de l’éducation. Si
des emplois plus ou moins intermittents et des situations
l’on considère l’impact total obtenu entre les personnes
peu rémunératrices et parfois proches du chômage.
qui n’ont jamais été scolarisées et celles qui ont fait des études supérieures, on détermine de façon agrégée pour
En examinant maintenant la valorisation de l’éducation
52 % des impacts sont obtenus après une scolarité pri-
selon qu’il s’agit de l’emploi agricole ou des emplois infor-
secondaire est de 24 %, celui du second cycle secondai-
monétaire régulier). Soulignons toutefois que l’éducation
l’ensemble des dimensions sociales considérées, que
dans le monde rural, les résultats diffèrent quelque peu
maire complète. L’impact additionnel du premier cycle
mels non agricoles (limités à ceux qui offrent un revenu
re de 14 % et celui du supérieur de 9 % seulement. Ce
n’est pas envisagée comme un facteur productif en elle-
maire complète aux enfants ruraux. Il souligne aussi l’uti-
individus à être plus productifs dans leur travail, notamment
résultat souligne la nécessité d’assurer une scolarité pri-
même, mais comme un facteur susceptible de conduire les
lité de poursuivre la scolarisation au premier cycle secon-
en les aidant à faire de meilleurs choix stratégiques et tech-
daire dans la mesure où elle augmente de manière signi-
nologiques ou en leur permettant de faire leur travail de
ficative les bénéfices sociaux enregistrés avec la scolari-
-
façon plus efficace.
sation primaire.
Pour
Sur le plan économique, de l’emploi et de la valori-
les emplois agricoles, deux perspectives ont été
suivies, quant à la variable de référence pour évaluer les
sation de l’éducation dans le secteur productif, les ana-
impacts de l’éducation, à savoir, d’une part la mesure du
lyses réalisées montrent d’abord le changement contextuel
niveau de vie ou de richesse établi sur la base des actifs
important qui affecte la structure de la population active des
possédés et des conditions de vie et, d’autre part, le reve-
pays d’Afrique subsaharienne (avec toujours des situations
nu monétaire des agriculteurs. La première perspective
années, la population active a beaucoup augmenté comme
ment du niveau primaire. La seconde perspective propo-
différenciées entre les pays). Au cours des vingt dernières
conclut à un impact substantiel de l’éducation et notam-
conséquence des évolutions démographiques antérieures,
se des résultats un peu différents sachant qu’il ne s’agit
mais la structure s’est en même temps beaucoup modifiée.
que de la dimension monétaire du revenu agricole (l’au-
Alors que la part des actifs employés dans l’agriculture est
to-consommation, si importante dans les contextes tradi-
estimée à 72 % en 1985, elle s’établit juste au dessus de
tionnels, n’étant pas prise en considération). Selon la
50 % en 2003. Dans le même temps, celle de l’emploi
seconde perspective, il apparaît que l’éducation primaire
moderne est restée stable, en moyenne autour de 10 %,
est virtuellement sans impact sur le revenu agricole dans
alors que celle de l’emploi informel non agricole est estimée
les contextes où l’emploi agricole représente une très
être passée de 23 % à 42 %. Cette évolution montre d’un
large proportion de la population active, c’est-à-dire lors-
côté une tendance forte à la réduction de la part de l’emploi
qu’il s’agit d’une agriculture traditionnelle et de subsistance. Par contre, dans les contextes où la proportion de
agricole dans le temps (bien que le nombre total d’agriculteurs dans la région continue d’augmenter un peu) et, de
l’emploi agricole est plus faible, et où les techniques agri-
ploi moderne dont la proportion est essentiellement stable
marque alors une différence positive. Ce résultat peut
coles sont plus diversifiées, l’enseignement primaire
l’autre, une tendance contrainte au développement de l’em-
être interprété en disant que les agriculteurs ayant une
en moyenne au cours des vingt dernières années. Entre
ces deux tendances «lourdes», le secteur de l’emploi infor-
scolarité primaire complète sont sans doute davantage
comme une variable d’ajustement global sur le marché du
cier des possibilités offertes par une agriculture plus
capables que leurs homologues analphabètes de bénéfi-
mel non agricole, en forte augmentation quantitative, agit
moderne (lorsque le pays sort de l’agriculture vivrière,
travail. Une conséquence est que tout se passe comme si
des surfaces faibles et de l’usage des techniques les plus
ce secteur informel comprenait d’une part des emplois pro-
traditionnelles).
ductifs de biens et services «bien identifiés» offrant à leurs
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 78
5. Conclusion
Pour
Ce résultat suggère une complémentarité entre l’éducation des
les emplois informels non agricoles en milieu
rural (pour ceux qui ont un revenu régulier), les résultats
agriculteurs et les mesures prises pour faciliter le développe-
ment rural. Ce contexte est alors perçu comme étant plus pro-
font état d’une bonne rentabilité de l’éducation, avec éga-
pice à l’expression des effets de l’éducation, sachant que l’édu-
lement un niveau de valorisation plus fort au niveau
cation des agriculteurs peut aussi être perçue comme rendant
secondaire qu’au niveau primaire.
plus efficace les activités d’appui à la modernisation de l’agriculture. Ce type de résultat est en ligne avec ceux obtenus par
Au total, et pour proposer un résumé très synthétique des
tabilité de l’éducation chez les agriculteurs était forte dans les
retard de scolarisation des ruraux est bien réel et doit
résultats de cette étude, nous pouvons souligner que i) le
Rosenzweig dans son étude sur l’Inde, qui trouvait que la ren-
d’abord être comblé au niveau primaire, ce qui demandera
Etats qui avaient été concernés par la «révolution verte», alors
sans doute des dispositions particulières pour y parvenir
qu’elle était faible dans les Etats non concernés.
car les dispositions courantes sont insuffisantes ; ii) qu’il y
Tout ceci vaut pour l’enseignement primaire. Pour l’enseigne-
a des raisons économiques et sociales de le faire, et même
ment secondaire, les analyses réalisées font état d’une ren-
de poursuivre cet effort au niveau du premier cycle secon-
tabilité de l’éducation pour les agriculteurs qui est sensible-
daire ; iii) que le développement de la scolarisation en
ment plus élevée qu’au primaire, ce résultat apparaissant
milieu rural au niveau du premier cycle secondaire demandera de revoir significativement les modes d’organisation
assez robuste car clairement identifié dans tous les pays de
l’échantillon. Ce résultat et sa mise en perspective avec celui
des services éducatifs pour faire en sorte que le coût uni-
qu’avec un bagage secondaire, les agriculteurs sont
(ruraux) soit contenu. Les analyses effectuées montrent
observé pour l’enseignement primaire, suggèrent également
taire de la scolarisation dans les petits établissements
capables de mettre en place des éléments de modernité leur
que cela est possible. Toutefois, la question de la soutena-
permettant d’obtenir un revenu plus élevé indépendamment
bilité d’ensemble du mouvement vers une couverture très
des circonstances (même si la complémentarité avec des
accrue de ce cycle d’enseignement ne saurait pour autant
actions de développement rural est bien sûr possible).
être sous-estimée.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 79
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© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 81
Annexe 1. Liste des enquêtes des ménages utilisées dans l’étude
A)
Pays
Scolarisations et effets sociaux
Enquête
Bénin
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être
Burundi
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être
Burkina Faso Cameroun
Année 2003
Enquête démographique et de santé
2003
Enquête démographique et de santé
2004
2002
Congo
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être
Ethiopie
Enquête démographique et de santé
2005
Ghana
Enquête démographique et de santé
2003
Côte d’Ivoire
Gambie Guinée
Guinée-Bissau Kenya
Enquête démographique et de santé
Enquête par grappe à indicateurs multiples Enquête démographique et de santé
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être Enquête démographique et de santé
2005
2005
2000 2005
2002 2003
Lesotho
Enquête démographique et de santé
2004
Mali
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être
2003
Malawi
Mauritanie
Enquête démographique et de santé
Questionnaire unifié sur les indicateurs de base du bien-être
2004
2005
Mozambique
Enquête démographique et de santé
2003
Nigeria
Enquête démographique et de santé
2003
Niger
Ouganda RDC
République centrafricaine
Enquête démographique et de santé Enquête démographique et de santé
Enquête par grappe à indicateurs multiples
Recensement général de la population et de l’habitat
2006 2006 2001
2003
Rwanda
Enquête démographique et de santé
2005
Sierra Leone
Autre enquête auprès des ménages
2003
Sénégal Tchad
Enquête démographique et de santé Enquête démographique et de santé
2005
2003
Togo
Enquête par grappe à indicateurs multiples
2005
Zimbabwé
Enquête démographique et de santé
2006
Zambie
Enquête démographique et de santé
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 82
2002
Annexe 1. Liste des enquêtes des ménages utilisées dans l’étude
B)
Pays
Marché du travail
Benin
Enquête
Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être
Année 2003
Burkina Faso
Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être
2002
Cameroun
Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
2001
Côte d’Ivoire
Enquête Niveau de vie des Ménages
2002
Ghana
Core Welfare Indicators Questionnaire
2003
Burundi Congo
Ethiopie Guinée
Guinée-Bissau
Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Développement Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Développement Welfare Monitoring Survey Questionnaire Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base de Bien-Etre Core Welfare Indicators Questionnaire
Lesotho
Core Welfare Indicators Questionnaire
Malawi
Core Welfare Indicators Questionnaire
Madagascar Mali
Mauritanie
2005 2004
2002
2002
2002
Enquête auprès des ménages
2001
Enquête Permanente Emploi Auprès des Ménages
2004
2002
Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base de Bien-Etre
2005
Questionário de Indicadores Básicos de Bem-estar
2002
RCA
Recensement Général de la Population et de l’Habitat
Rwanda
Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Développement
Mozambique
2002
2003
2001
Sénégal
Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Développement
2001
Tchad
Enquête sur la Consommation des Ménages et le Secteur Informel au Tchad
2002
Living Conditions Monitoring Survey III
2002
Sierra Leone Ouganda Zambie
Integrated Household Survey
Socio-Economic Survey Questionnaire
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 83
2003
2002
92,4
Ethiopie
85,5
57
80
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
84
66
68,2
Zambie
89,6
63
70
68,2
75,5
97,8
81,1
96,9
89,6
95,8
57,1
85,4
65,8
93,1
68,2
98,3
88,9
67,2
87,6
79,8
57,8
95,7
95,8
94,0
69,1
66,1
89,2
80,7
73,9
72,4
97,6
94,4
94,8
73,0
44,3
79,2
72,9
97,4
85,3
88,3
45,9
76,8
55,3
93,4
46,3
97,9
79,1
47,6
81,1
69,6
42,6
94,9
97,9
93,8
41,4
49,7
82,5
73,4
67,1
67,1
95,5
93,0
88,0
65,1
31,6
67,9
91,6
97,4
97,6
100,0
77,4
92,1
83,3
93,8
83,4
100,0
95,3
90,3
93,7
92,9
81,7
100,0
100,0
96,9
91,6
86,7
94,8
83,9
95,4
74,5
98,7
99,3
100,0
92,0
83,8
80,1
68,6
94,9
79,8
84,9
31,2
74,5
54,5
94,2
38,5
93,2
68,3
43,4
75,2
67,9
43,1
92,8
94,1
88,9
40,4
42,8
78,3
71,1
52,9
62,4
94,5
92,5
84,9
55,1
30,9
64,9
84,3
98,1
94,2
98,1
63,6
86,5
77,2
93,0
67,3
99,7
93,8
60,8
89,8
85,4
68,3
97,5
100,0
99,6
73,8
72,3
95,8
84,0
81,0
75,3
99,2
96,1
99,6
73,0
42,9
80,1
Accès primaire Milieu Richesse R U Q12 Q345
45,5
88,0
58,3
61,3
16,8
61,1
28,2
25,5
32,0
55,5
75,9
9,1
14,1
36,3
32,7
38,2
77,1
67,5
22,9
33,9
76,9
51,3
21,4
38,7
82,6
57,4
73,8
18,0
22,7
41,1
50,4
85,9
67,2
75,8
27,2
59,0
36,4
23,9
45,8
62,3
82,2
15,0
22,5
42,4
45,2
49,5
48,6
69,5
27,2
45,7
76,2
57,6
23,4
48,5
83,0
68,0
71,1
21,0
25,6
55,2
36,9
83,8
45,1
59,8
12,1
40,9
18,6
20,1
19,4
54,3
72,9
4,2
8,1
23,1
24,8
36,3
58,4
61,3
5,8
24,5
69,4
35,2
11,5
40,8
62,7
51,9
54,4
17,2
14,8
38,7
68,2
91,8
89,8
84,0
52,8
77,0
45,6
43,2
65,1
74,5
90,6
36,1
28,8
60,4
66,1
66,8
87,3
87,3
46,9
67,4
85,9
73,5
58,2
47,9
93,3
82,4
86,7
60,8
64,1
62,6
29,9
79,2
29,0
52,5
4,6
33,4
15,3
14,7
14,7
29,8
59,7
4,6
5,0
18,3
23,5
24,7
41,7
49,6
4,3
15,1
61,3
36,3
6,4
32,4
59,1
46,8
42,7
8,8
12,8
39,7
55,3
90,2
74,2
80,3
26,3
63,7
40,6
28,3
42,0
64,6
89,4
10,9
17,1
49,3
55,4
51,4
75,1
79,9
32,3
50,3
88,0
68,1
22,8
47,9
92,5
67,4
86,4
24,5
26,7
58,7
Achèvement primaire Genre Milieu Richesse F G R U Q12 Q345
Source : construction des auteurs sur la base des enquêtes des ménages dont la liste est donnée en annexe 1.
Moyenne 29 pays
Zimbabwe
46,3
87,7
75
69
Tchad
Togo
80,7
93,8
59
70
84
53,6
98,1
80,7
43,8
83,0
77,5
48,7
95,7
100,0
94,6
57,5
55,9
60
89
Sierra Leone
Sénégal
Rwanda
Rép. Centre Africaine
Ouganda
83
Nigeria
Niger
66
55
72
85
Mozambique
Mauritanie
Mali
Malawi
85
Lesotho
70
73,7
67,6
59
Kenya
97,0
67,4
85
62
Guinée Bissau
Guinée
Ghana
Gambie
40
46
Congo République
Côte-d’Ivoire
95,9
59,9
65
69
92
34,6
62,7
Genre F G
85
63
% Rural
Congo Démocratique
Cameroun
Burundi
Burkina Faso
Bénin
Point dans le système Groupe de population
35,4
74,2
36,2
50,2
11,5
53,7
23,6
11,3
23,1
35,4
58,9
7,5
10,2
29,9
27,0
29,2
51,8
34,4
14,5
29,2
69,5
46,7
16,9
36,1
74,9
49,2
61,1
12,6
17,6
31,5
41,5
74,2
45,6
66,3
22,2
50,7
31,0
10,8
34,0
47,7
67,2
12,3
17,9
35,5
40,7
36,3
34,3
46,4
20,3
40,9
70,5
50,8
17,8
46,1
74,7
60,1
62,5
13,2
20,0
27,2
70,5
25,2
48,7
8,6
31,5
13,9
6,8
10,4
35,0
54,2
2,9
4,9
17,2
20,4
24,9
37,7
32,4
3,7
20,0
60,6
27,7
7,0
37,9
52,0
41,9
42,2
10,9
10,8
30,5
58,7
80,2
64,8
74,4
43,1
69,4
39,6
27,6
52,2
74,5
79,9
32,0
23,4
52,6
58,8
56,4
70,3
59,2
33,4
61,4
81,2
68,9
49,5
45,8
86,8
76,9
76,8
49,1
51,9
62,6
20,2
56,0
13,8
41,6
3,4
24,5
11,7
4,5
7,8
15,6
38,6
2,2
1,9
12,0
19,6
14,6
20,4
24,2
2,8
11,5
51,6
27,3
3,2
25,6
45,6
37,3
29,9
5,0
7,8
27,0
45,2
80,3
48,1
70,1
19,7
54,3
34,4
11,1
28,7
46,8
76,0
9,0
12,8
41,2
48,9
37,9
55,8
47,9
21,9
44,5
82,9
64,7
14,1
46,2
87,0
59,0
76,1
15,4
20,9
54,5
Accès secondaire 1 Milieu Richesse R U Q12 Q345
52,4
Genre F G
24,7
56,8
32,1
29,6
5,8
41,5
13,7
8,7
11,0
17,5
53,8
4,2
23,2
16,0
26,0
29,8
31,2
6,3
24,6
60,9
39,9
15,8
23,3
43,0
40,0
30,5
8,0
8,5
16,0
29,8
61,2
40,0
41,4
12,6
40,9
18,1
8,8
18,8
28,7
59,8
7,7
25,8
28,6
33,4
24,2
44,9
10,4
33,2
61,5
43,6
15,0
28,8
47,1
51,3
28,3
8,0
11,7
30,2
16,7
53,7
20,4
19,0
3,5
19,2
5,0
4,8
3,2
17,3
47,4
1,2
11,9
10,1
21,3
21,8
30,1
0,9
14,5
48,6
21,7
5,2
18,9
19,7
31,5
10,3
5,9
4,3
13,5
44,2
65,4
59,5
52,6
29,1
57,6
24,5
23,9
31,0
50,1
74,3
10,1
40,4
41,4
54,9
53,1
56,0
16,8
51,6
74,9
61,4
46,4
32,1
58,2
70,2
40,6
39,8
29,6
36,3
11,0
30,4
9,9
14,1
2,3
17,3
3,6
2,7
2,1
4,7
30,2
0,3
7,3
9,9
11,1
9,3
20,8
0,3
6,1
36,8
20,7
0,9
10,3
16,8
26,8
5,4
1,4
2,5
15,7
28,2
32,2
65,1
41,8
43,5
8,7
39,3
21,2
6,9
13,6
25,9
70,5
4,7
30,9
34,4
34,5
36,3
45,8
10,3
36,1
75,9
56,9
10,8
28,8
56,5
49,9
37,0
10,0
11,4
Achèvement secondaire 1 Genre Milieu Richesse F G R U Q12 Q345
Tableau A1. Profil de scolarisation par pays pour le primaire et le premier cycle secondaire selon le genre, la localisation géographique et le niveau de la richesse familiale
Annexe 2. Tableaux annexes
38 1
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
85 38 1
28
Elèves Divisions pédagogiques
Total
6 11 4 4 3
1
3 - Regroup Brut – Col. de 120 élèves Années
Langue 0 Maths-Physique-Chimie Langue 1 Histoire-Géographie EPS
38 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
1
Elèves Divisions pédagogiques
Total
Langue 0 Mathématiques Physique Chimie-Biologie Langue 1 Histoire Géographie EPS
2 - Heures sup – Col. de 120 élèves Années
28
Elèves Divisions pédagogiques
Total
6 6 3 2 4 2 2 3
1
Langue 0 Mathématiques Physique Chimie-Biologie Langue 1 Histoire Géographie EPS
1 – Brut – Col. de 120 élèves Années
32 1
28
6 11 4 4 3
26 1
28
6 11 4 4 3
26 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
24 1
28
6 11 4 4 3
24 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
24 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
120 4
112
24 44 16 16 12
120 4
112
24 24 12 8 16 8 8 12
120 4
112
24 24 12 8 16 8 8 12
Heures d’enseignement /semaine 2 3 4 Total
32 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
26 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
Heures d’enseignement /semaine 2 3 4 Total
32 1
28
6 6 3 2 4 2 2 3
Heures d’enseignement /semaine 2 3 4 Total
18
18 18 18 18 18
Service
18
18 18 18 18 18 18 18 18
Service
18
18 18 18 18 18 18 18 18
Service
Tableau A2. Coût unitaire dans un collège de 120 élèves selon divers modes d’organisation
REM
8
2 3 1 1 1
15,0
0,78
0,67 0,81 0,89 0,89 0,67
15,0
0,78
1,33 1,33 0,67 0,44 0,89 0,44 0,44 0,67
32
12 10 2 2 6
44
0 0 6 10 2 10 10 6
68
12 12 6 10 2 10 10 6
0
0 0 0 0 0
12
6 6 0 0 0 0 0 0
0
0 0 0 0 0 0 0 0
2
12 000
1
9 833
1
9 000
Enseignants Heures enseignants Non- Dépenses Nombre % utilisation Disponiblessupplémentaires Ens salariales
REM
8,00
1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
12,0
0,62
0,67 0,67 0,67 0,44 0,89 0,44 0,44 0,67
Enseignants Heures enseignants Non- Dépenses Nombre % utilisation Disponiblessupplémentaires Ens salariales
REM
10
2 2 1 1 1 1 1 1
Enseignants Heures enseignants Non- Dépenses Nombre % utilisation Disponiblessupplémentaires Ens salariales
75,0
Coût Unitaire
81,9
Coût Unitaire
100,0
Coût Unitaire
Annexe 2. Tableaux annexes
150 3
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010
86
Source : construction des auteurs.
28
Elèves Divisions pédagogiques
Total 140 3
28
6 6 3 2 4 2 2 3
110 2
28
6 6 3 2 4 2 2 3
26 1
28
6 11 4 4 3
100 2
28
6 6 3 2 4 2 2 3
24 1
28
6 11 4 4 3
500 10
280
60 60 30 20 40 20 20 30
120 4
112
24 44 16 16 12
Heures d’enseignement /semaine 2 3 4 Total
32 1
28
6 11 4 4 3
Heures d’enseignement /semaine 2 3 4 Total
6 6 3 2 4 2 2 3
1
38 1
28
6 11 4 4 3
1
Langue 0 Mathématiques Physique Chimie-Biologie Langue 1 Histoire Géographie EPS
1 – Brut – Col. de 500 élèves Années
Elèves Divisions pédagogiques
Total
Langue 0 Maths-Physique-Chimie Langue 1 Histoire-Géographie EPS
4 - Regroup Heures sup – Col. de 120 élèves Années
18
18 18 18 18 18 18 18 18
Service
18
18 18 18 18 18
Service
REM
21
4 4 2 2 3 2 2 2
23,8
0,74
0,83 0,83 0,83 0,56 0,74 0,56 0,56 0,83
20,0
1,04
1,33 1,22 0,89 0,89 0,67
98
12 12 6 16 14 16 16 6
10
0 0 2 2 6
0
0 0 0 0 0 0 0 0
14
6 8 0 0 0
1
7 972
3
24 000
Enseignants Heures enseignants Non- Dépenses Nombre % utilisation Disponiblessupplémentaires Ens salariales
REM
6
1 2 1 1 1
Enseignants Heures enseignants Non- Dépenses Nombre % utilisation Disponiblessupplémentaires ens salariales
48,0
Coût Unitaire
66,4
Coût Unitaire
Annexe 2. Tableaux annexes
Série Documents de travail / Working Papers Series Publiés depuis janvier 2009 / published since January 2009 Les numéros antérieurs sont consultables sur le site : http://recherche.afd.fr Previous publications can be consulted online at: http://recherche.afd.fr
N° 78
« L’itinéraire professionnel du jeune Africain » Les résultats d’une enquête auprès de jeunes leaders Africains sur les « dispositifs de formation professionnelle post-primaire »
Richard Walther, consultant ITG, Marie Tamoifo, porte-parole de la jeunesse africaine et de la diaspora
N° 79 N° 80
Contact : Nicolas Lejosne, département de la Recherche, AFD - janvier 2009.
Le ciblage des politiques de lutte contre la pauvreté : quel bilan des expériences dans les pays en développement ? Emmanuelle Lavallée, Anne Olivier, Laure Pasquier-Doumer, Anne-Sophie Robilliard, DIAL - février 2009.
Les nouveaux dispositifs de formation professionnelle post-primaire. Les résultats d’une enquête terrain au Cameroun, Mali et Maroc
Richard Walther, Consultant ITG
N° 81 N° 82
Contact : Nicolas Lejosne, département de la Recherche, AFD - mars 2009.
Economic Integration and Investment Incentives in Regulated Industries
Emmanuelle Auriol, Toulouse School of Economics, Sara Biancini, Université de Cergy-Pontoise, THEMA,
Comments by : Yannick Perez and Vincent Rious - April 2009.
Capital naturel et développement durable en Nouvelle-Calédonie - Etude 1. Mesures de la « richesse totale »
et soutenabilité du développement de la Nouvelle-Calédonie
Clément Brelaud, Cécile Couharde, Vincent Géronimi, Elodie Maître d’Hôtel, Katia Radja, Patrick Schembri,
Armand Taranco, Université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines, GEMDEV N° 83 N° 84 N° 85 N° 86 N° 87 N° 88
Contact : Valérie Reboud, département de la Recherche, AFD - juin 2009.
The Global Discourse on “Participation” and its Emergence in Biodiversity Protection Olivier Charnoz. - July 2009.
Community Participation in Biodiversity Protection: an Enhanced Analytical Framework for Practitioners
Olivier Charnoz - August 2009.
Les Petits opérateurs privés de la distribution d’eau à Maputo : d’un problème à une solution ? Aymeric Blanc, Jérémie Cavé, LATTS, Emmanuel Chaponnière, Hydroconseil Contact : Aymeric Blanc, département de la recherche, AFD - août 2009.
Les transports face aux défis de l’énergie et du climat Benjamin Dessus, Global Chance.
Contact : Nils Devernois, département de la Recherche, AFD - septembre 2009.
Fiscalité locale : une grille de lecture économique
Guy Gilbert, professeur des universités à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Cachan
Contact : Réjane Hugounenq, département de la Recherche, AFD - septembre 2009.
Les coûts de formation et d’insertion professionnelles - Conclusions d’une enquête terrain en Côte d’Ivoire
Richard Walther, expert AFD avec la collaboration de Boubakar Savadogo (Akilia) et de Borel Foko (Pôle de Dakar)
Contact : Nicolas Lejosne, département de la Recherche, AFD - octobre 2009.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 87
Série Documents de travail / Working Papers Series
N° 89
Présentation de la base de données. Institutional Profiles Database 2009 (IPD 2009)
Institutional Profiles Database III - Presentation of the Institutional Profiles Database 2009 (IPD 2009)
Denis de Crombrugghe, Kristine Farla, Nicolas Meisel, Chris de Neubourg, Jacques Ould Aoudia, Adam Szirmai N° 90
Contact : Nicolas Meisel, département de la Recherche, AFD - décembre 2009. Migration, santé et soins médicaux à Mayotte
Sophie Florence, Jacques Lebas, Pierre Chauvin, Equipe de recherche sur les déterminants sociaux de la santé et du recours aux soins UMRS 707 (Inserm - UPMC)
N° 91
Contact : Christophe Paquet, département Technique opérationnel (DTO), AFD - janvier 2010.
Capital naturel et developpement durable en Nouvelle-Calédonie - Etude 2. Soutenabilité de la croissance néo-
calédonienne : un enjeu de politiques publiques
Cécile Couharde, Vincent Géronimi, Elodie Maître d’Hôtel, Katia Radja, Patrick Schembri, Armand Taranco Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines, GEMDEV
N° 92 N° 93
Contact : Valérie Reboud, département Technique opérationnel, AFD - janvier 2010.
Community Participation Beyond Idealisation and Demonisation: Biodiversity Protection in Soufrière, St. Lucia
Olivier Charnoz, Research Department, AFD - January 2010.
Community participation in the Pantanal, Brazil: containment games and learning processes
Participation communautaire dans le Pantanal au Brésil : stratégies d’endiguement et processus d’apprentissage Olivier Charnoz, département de la Recherche, AFD - février 2010.
© AFD Document de travail n° 94 • Développer le premier cycle secondaire ... • mai 2010 88