Septembre 2013 / N
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Macroéconomie &Développement
Jordanie : Introduction Depuis 2008, les pays du Proche-Orient et du Maghreb ( Middle East and North Africa, MENA) ont été affectés par des chocs de différentes natures. La crise financière internationale, puis la crise des dettes souveraines en zone euro ont fortement ralenti la croissance des exportations de biens et services des pays de la région MENA. À ces chocs macroéconomiques s’est ajoutée une onde de choc de nature politique qui a touché plusieurs pays de cette région, à la suite du soulèvement populaire en Tunisie au début de l’année 2011. Ces différentes crises ont donc pénalisé leur rythme de croissance, particulièrement celui des pays les plus dépendants de l’activité internationale, à l’instar de la Jordanie. En effet, la Jordanie est un pays très dépendant des flux de financement externes, lesquels sont exposés à la conjoncture internationale et aux tumultes d’un environnement régional en mutation. Les transferts de migrants, ressource majeure pour la Jordanie, se contractent nettement, les recettes touristiques marquent le pas et les investissements directs étrangers (IDE) sont significativement altérés. Ainsi, depuis 2008, le rythme de croissance de l’économie jordanienne a été divisé par plus de deux, ce qui a eu pour conséquence le tassement du niveau de richesse par habitant. Par ailleurs, le pays n’ayant quasiment pas de ressources pétrolières ou gazières, il importe presque l’intégralité de l’énergie qu’il consomme. Or, les nombreux sabotages du gazoduc égyptien – son principal fournisseur à tarif préférentiel – ont entraîné l’interruption récurrente de l’approvisionnement énergétique du Royaume jordanien. Celui-ci a donc été contraint de s’approvisionner au prix du marché, ce qui a conduit à un renchérissement de la
les enjeux de la croissance dans un environnement régional tourmenté Slim Dali (dalis@afd.fr) division Analyse macroéconomique et Risque pays, département de la Recherche, AFD
facture énergétique du pays et à la détérioration de ses équilibres externes. C’est dans ce contexte de ralentissement de l’activité que le secteur public a pris le relais du secteur privé. Ce relais présente des limites certaines, compte tenu de la situation dégradée des finances de l’État, dont la dette est très élevée et en augmentation rapide depuis 2008. La spécificité de la Jordanie au sein d’une région tourmentée laisse émerger une question sur l’analyse de l’environnement sociopolitique, traitée dans une première partie de cette étude. Dans un deuxième temps, cette étude s’intéressera au régime de croissance de l’économie jordanienne et à ses perspectives à moyen terme. Les finances publiques font l’objet d’un traitement détaillé, en troisième partie, avant une analyse sur le système financier jordanien, dans une quatrième partie. Enfin, la dernière partie sur les équilibres extérieurs complète le diagnostic macroéconomique et financier de l’étude.