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Les incubateurs et accélérateurs de start-up renouvellent l’accompagnement technique

Dahlia Hawili, Cheffe de projet entrepreneuriat et économie inclusive, AFD Aïda Ndiaye, Cheffe de projet numérique, AFD

Alors que l’Afrique du numérique est en pleine effervescence, l’accompagnement technique (AT) et financier joue un rôle clé dans le développement d’une jeune pousse. Dans ce contexte d’innovation, les accélérateurs et les incubateurs sont des laboratoires d’expérimentation de l’AT. Quant au Groupe AFD, il intervient à la fois par le financement de ces structures et par l’accompagnement de l’ensemble des acteurs de l’écosystème entrepreneurial.

UN ARTICLE DE DAHLIA HAWILI

Dahlia Hawili est cheffe de projet entrepreneuriat et économie inclusive au sein du département Transition économique et financière à l’Agence française de développement (AFD). Spécialisée dans l’appui aux TPE/ PME et aux entreprises sociales, elle participe au financement de programmes publics d’appui à l’entrepreneuriat, permettant le développement d’écosystèmes entrepreneuriaux inclusifs, principalement en Afrique.

AÏDA NDIAYE

Aïda Ndiaye est cheffe de projet numérique à l’Agence française de développement (AFD). Spécialisée dans les enjeux d’entrepreneuriat numérique, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’emploi, elle intervient sur le financement de programmes d’innovation pour le secteur public, mais aussi de start-up du numérique à impact, d’universités et d’ONG, en Afrique comme au Proche-Orient. L’ Afrique est le continent qui compte le plus d’entrepreneurs parmi sa population (20 %), dont plus d’un quart sont des femmes.1 Une nouvelle génération d'entreprises y émerge: les start-up, ces jeunes pousses à fort potentiel de croissance qui s’appuient le plus souvent sur des technologies innovantes, en lien avec l'essor du mobile et des usages connectés. Dans ce contexte d’une Afrique du numérique en pleine effervescence, l’accompagnement technique (AT) et financier joue un rôle prépondérant dans l’émergence, la croissance et le passage à l’échelle d’une start-up. Les accélérateurs et les incubateurs, parfois regroupés sous le terme de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat (SAE), sont en ce sens des acteurs majeurs de l’écosystème entrepreneurial.

Alors que leurs missions tendent à se confondre, l’incubateur est par essence le lieu de soutien à la création de l’entreprise innovante. S’inscrivant dans la durée, sa mission est d’aider l’entrepreneur à passer d’une idée à la concrétisation de son projet. Il fournit pour cela un appui en formation, ainsi qu’en recherche de financements ou de partenariats. De son côté, l’accélérateur propose généralement un programme limité dans le temps. À travers une approche privilégiant le sur mesure, celui-ci peut inclure des dispositifs de mentorat ou de formation, avec parfois des volets plus spécifiques tournant autour de la levée de fonds.

LES SAE, PIERRE ANGULAIRE DE L’ÉCOSYSTÈME ENTREPRENEURIAL

Si les SAE sont considérées comme la pierre angulaire de l’écosystème entrepreneurial, c’est avant tout parce qu’elles ont pour vocation de condenser l’ensemble de l’offre non pourvue par les autres acteurs. Elles accompagnent l’entrepreneur dans son développement professionnel via le mentorat, lui permettent d’acquérir les compétences requises à travers des formations spécifiques (management, marketing, développement commercial, droit des affaires, finance, administratif, etc.), tout en lui

fournissant un espace de coworking doté d’un accès internet haut débit. Elles permettent aussi à l’entrepreneur de constituer son réseau professionnel grâce à l’accompagnement en cohorte. Cette approche collective permet par ailleurs de réaliser des économies d’échelle significatives en mutualisant les besoins similaires de participants. Si le champ d’action des SAE est extrêmement large sur le continent africain, les disparités dans l’offre le sont tout autant car celle-ci dépend fortement de la capacité de ces structures à obtenir des financements, leur rentabilité n’étant jamais assurée avec une clientèle de start-up.

Au-delà des compétences traditionnelles visant la performance des entreprises, les méthodologies d’expérimentation itératives doivent être considérées comme un socle pour favoriser l’autonomisation des jeunes entrepreneurs dans des marchés dynamiques. Le concept de « lean start-up » invite par exemple les jeunes pousses à faire une force de la frugalité de leurs ressources en expérimentant chaque hypothèse auprès de leur cible et de pivoter au gré des retours des utilisateurs du produit ou service proposé. L’accent est également mis sur les compétences comportementales nécessaires dans un monde en transition.

En s’appuyant davantage sur ces méthodologies, les incubateurs et les accélérateurs deviennent alors de véritables laboratoires d’expérimentation et des observatoires rigoureux de l’innovation sur le continent, portés par de nouveaux modèles comme les incubateurs virtuels et les start-up studios.

REPÈRES AFD

Institution financière publique et solidaire, l’Agence française de développement (AFD) est l’acteur central de l’aide au développement de la France. Elle s’engage sur des projets qui contribuent à améliorer le quotidien des populations dans les pays en développement, émergents et dans l’Outre-Mer. Intervenant dans de nombreux secteurs – énergie, santé, biodiversité, eau, numérique, formation… –, l’AFD accompagne la transition vers un monde plus équitable et plus durable, un monde en commun. Son action s’inscrit pleinement dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD). L’AFD, présente dans 115 pays via un réseau de 85 agences accompagne plus de 4 000 projets de développement.

L’AFD SOUTIENT UN ACCOMPAGNEMENT INNOVANT

Le Groupe AFD est un partenaire engagé auprès des incubateurs et des accélérateurs. Il intervient à la fois par le financement de ces structures et par l’AT pour soutenir l’ensemble des acteurs de l’écosystème entrepreneurial, lesquels fournissent ensuite de l’accompagnement technique aux entrepreneurs. À titre d’exemple, le projet AFIDBA (AFD for Inclusive and Digital Business in Africa), qui s’appuie sur un consortium de dix acteurs dont cinq incubateurs bénéficiaires, vise à développer l’entrepreneuriat inclusif dans le domaine du numérique. Ce projet se concentre sur l’incubation de 60 start-up et le financement en amorçage de 28 autres, ainsi que sur la mise en place d’une méthodologie d’accompagnement entraînant le renforcement des capacités des incubateurs. Cette nouvelle approche permet un meilleur ciblage des start-up sélectionnées ainsi qu’une montée en compétences au niveau de l’accompagnement proposé.

Dans une démarche similaire, le fonds d’amorçage Digital Africa, via les opérateurs AfriLabs et Afric’innov, se mobilise pour améliorer les synergies entre les différentes SAE à travers des ateliers de formation, des labellisations pour les hubs d’excellence ou encore le partage des meilleures pratiques à l’échelle du continent.

À travers son soutien à des SAE, le Groupe AFD est en mesure de toucher un plus grand nombre d’entrepreneurs organisés en communauté, d’expérimenter de nouvelles méthodologies d’appui et de développer les compétences locales en accompagnement technique.

Le SIBC appuie les entreprises à impact en Afrique

Le Social & Inclusive Business Camp (SIBC), lancé en 2017 par le Campus AFD (ex-CEFEB), s’inscrit dans le continuum des accompagnements non financiers du Groupe AFD. Structuré autour de trois mois de formation à distance, d’une semaine de bootcamp en présentiel et d’un programme de mentorat, le SIBC accompagne le passage à l’échelle des entrepreneurs produisant des impacts positifs en Afrique. Son approche pédagogique innovante vise le développement des compétences (techniques et comportementales) pour mieux répondre aux enjeux des transitions, ainsi que la mise en relation avec des investisseurs.

Avec ce financement de l’AFD, le SIBC offre une forte visibilité internationale, tout en faisant émerger une communauté de mentors et d’alumni ayant à cœur de partager leur expérience et d’inspirer des entrepreneurs en devenir. Plus de 200 entrepreneurs de 30 nationalités ont ainsi été accompagnés, dont environ 30 % de femmes.

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