MĂŠmoire Master Architecture
LE COMPOSTAGE URBAIN Vers une nouvelle urbanité ? Giaume Octave
Séminaire « Ville et territoire » Corinne Jaquand, Frédéric Bertrand, Phillipe Simay ENSAPB 2015
Le compostage urbain
LE COMPOSTAGE URBAIN
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Mémoire Master Architecture
« Sans cesser d’aimer l’Homme j’adore la nature » Lord Byron
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Remerciements à : Corinne Jacquand Christian Giaume Pauline Girardot Frédérique Darleguy
Le compostage urbain
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Dans un souci de cohérence de l’ensemble du mémoire, chaque image, quelque soit sa source, a été retouchée par Octave Giaume. Un filtre noir et blanc a été appliqué sur l’image laissant en couleurs les éléments qui souhaitent à être mis en avant.
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LE COMPOSTAGE URBAIN
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SOMMAIRE
« J’ai l’impression que la vie comporte de nombreuses situations, dans lesquelles l’organisation est trop brutale; l’architecte a pour tâche de conférer à la vie une structure sensible » Alvar Aalto
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SOMMAIRE
MÉTABOLISME URBAIN
P. 17
CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
P. 23
COMPOSTER POUR CULTIVER EN VILLE
P. 45
LE COMPOSTEUR, DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
P. 71
VERS UNE NOUVELLE URBANITÉ
P. 101
BIBLIOGRAPHIE
P. 101
ANNEXES
P. 109
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MÉTABOLISME URBAIN
«La ville n’est qu’une partie d’un ensemble économique, social et politique consituant la région.» Le corbusier, «Charte d’Athènes», Article 1, édition Essais,1957
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MÉTABOLISME URBAIN
Ce mémoire se base sur ma volonté d’identifier et de comprendre la mutabilité de la ville. Il s’agit de problématiques soulevées dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et de la société. Il vise à approfondir l’émergence de la théorie de «ville verte» et «d’agriculture urbaine» et à proposer le retour à un cycle complet de la consommation à la production. Ces liens que la ville moderne nous a fait oublier. L’agriculture urbaine n’est en réalité qu’une partie d’un processus plus global. C’est une forme de micro intervention, qui ne consiste pas à créer une industrie agricole nourricière de la ville, mais qui aurait plutôt l’ambition de sensibiliser les populations à une nourriture saine, équilibrée, économique et responsable que l’on prendrait soi même en charge. Mais prenons ces points dans le bon ordre en commençant par nous poser la question du métabolisme de nos villes aujourd’hui. Ce «Métabolisme Urbain» est-il efficace ? De nos jours ce métabolisme, qui comprend un ensemble de flux de matières et d’énergies générés par la ville, représentent des quantités considérables qui nécessitent un traitement lourd ainsi que de grands volumes de stockage. C’est pourquoi il est actuellement presque intégralement externalisé de la ville. La ville est un organisme vivant dans lequel s’opèrent des transformations qu’il faut désormais traiter en son coeur. Le métabolisme des villes actuelles fonctionne sur un principe linéaire où chaque action se succède sans se répéter. Production > Consommation > Déchets > Traitement Demain si je veux avoir mon potager sur mon balcon, ma terrasse ou dans le jardin de mon immeuble. Comment dois-je procéder ? Avant même de penser à cultiver, ne faudrait-il pas d’abord se pencher sur une autre problématique dont la ville souffre aujourd’hui, ne doit-on pas commencer par agir au sein de son logement en ayant de nouveaux gestes et de nouvelles pratiques ? Le traitement des déchets nous parait si étranger. Une tache ménagère sale, à laquelle nous ne voulons porter aucune attention. Mais nous oublions trop vite qu’elle a des conséquences sur la gestion de la ville, sur l’énergie et la logistique déployées pour les éliminer.
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Un changement de nos habitudes au quotidien aurait un impact nécessaire sur notre société. Dans l’optique d’un développement durable et responsable de nos villes. Confronté, en 2012, à la conception d’un «composteur de balcon» dans le cadre d’un semestre d’échange à l’école de design ENSCI-Les ateliers, j’y ai vu à travers le développement de cet objet une porte d’entrée à des re-questionnements architecturaux et urbain. Réflexion utile à un mémoire en master d’architecture sur la thématique de «l’agriculture urbaine». Qui de la terre ou de la graine dois-je me soucier en premier ? J’entends par cela qu’il m’est apparu suite à ce projet la notion de cycles. Celui de l’eau, des saisons et le cycle de vie des végétaux, tous étant des phénomènes qui se répètent sans cesse dans un ordre précis. Des boucles qui s’auto-alimentent de leur naissance à leur fin. Dans ce cas, pourquoi ne pourrais-je pas établir un cycle au sein de mon logement ? Cet objet, un composteur de balcon a de lui même remis en cause, le tri des déchets ménagers, la manière de consommer la nourriture, l’architecture du logement et de l’immeuble. Et à terme, par extension, la ville elle même et ses habitants. En effet par le changement de petits gestes du quotidien nous pouvons en réalité changer le monde. Tout revêt son importance, car de l’usage spécifique d’un composteur on arrive en réalité à modifier de multiples domaines de la société. De nos jours la ville fourmille de nouvelles actions formant une constellation d’initiatives de jeunes collectifs, d’associations et de citadins. Tous acteurs de cette transformation. Ce mémoire vise ainsi à quantifier un certain nombre de ces actions avec lesquelles, pour une part, j’ai eu une approche directe, par le biais de mon entourage ou de rencontres fortuites et pour les autres, car elles émergent de la masse par le biais des médias et par leur caractère innovant. Dans ce cadre, la notion d’échelle préside et cherche à démontrer qu’il n’y a pas d’intervention au sein d’une dimension unique. Mais que les actions multiples de l’objet à la ville, en passant par l’architecture, permettent d’agir avec force et efficacité.
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MÉTABOLISME URBAIN
Ainsi nous pouvons nous poser la question suivante : Comment l’objet composteur transforme -t-il nos moeurs de citadins, la morphologie de nos habitations et par la même occasion la morphologie de nos villes ? Dans ce contexte il m’a semblé important que la structure de mon mémoire reprenne cette notion de cycle. C’est pourquoi il s’organise de manière à présenter les initiatives d’agricultures urbaines en premier lieu. C’est une manière de rendre compte d’un panel non exhaustif d’interventions dans ce domaine, et ainsi voir que ce phénomène, en essor, fonctionne aujourd’hui dans de nombreux cas à différentes échelles et dans différents pays. Puis, comme une marche arrière, sans réellement en être une, je reviens en amont du cycle de la culture pour montrer que le compostage est un élément nécessaire à une agriculture de qualité et éco-responsable. Le détail du fonctionnement du compost et du traitement des déchets dans une ville comme Paris permet une prise de conscience simplifiée de ce mécanisme complexe. Ceci nous permettant ensuite d’aborder des études de cas et des propositions de mise en place d’un nouveau cycle qui pourrait se résumer par la boucle suivante. Déchets >
>
Consommation >
Traitement >
Agriculture Urbaine Pour ces études de cas je suis allé à la rencontre d’acteurs de ce changement. Qu’ils opèrent de manière isolée ou en collectivité, ils essaient à leur manière de combattre un sentiment de mal-être urbain ou bien à assouvir un besoin fondamental de cultiver. Ainsi, chacun propose à sa manière une nouvelle voie pour la ville d’aujourd’hui. La ville n’étant pas le fruit d’une trajectoire unique.
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CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
«Tout le bizarre de l’homme, et ce qu’il y a en lui de vagabon et d’égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin.» Louis Aragon, «Le paysan de Paris», 1926
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CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
. ÉMERGENCE D’UN MOUVEMENT
P. 27
. CONTESTATION DU PRÉSENT
P. 28
. PEUT ON SE NOURRIR DES INDUSTRIELS
P. 30
. CONTESTATION DU PASSÉ
P. 32
. LES CHAMPS DES POSSIBLES
P. 36
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CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
. ÉMERGENCE D’UN MOUVEMENT Cela fait maintenant plusieurs années que la réintégration de l’agriculture dans nos métropoles s’est mise en mouvement. «L’agriculture urbaine» comme elle a été si justement nommée. Nous voyons de plus en plus d’initiatives allant vers une transformation de nos villes. Certains commencent à planter dans leur jardin, sur leur terrasse ou encore sur leur balcon, d’autres offrent à ceux qui ne le peuvent, la possibilité de cultiver en communauté, par le biais de jardins partagés. Cette volonté n’est pas seulement le signe de l’émergence d’un mouvement écologique dans la ville, elle découle d’une volonté de vouloir de plus en plus contrôler sa nourriture, manger de bons produits, revenir vers des moeurs, un rythme de vie en adéquation avec la nature. Nous avons en effet perdu toute notion de ce que sont les cycles de croissance et les saisons de culture de nos légumes et de nos fruits. Il faut absolument que nous puissions satisfaire toutes nos envies, nos désirs et nos besoins. Dans le but d’une totale accessibilité des produits. De nos jours nous faisons trop facilement l’amalgame entre nos désirs et nos besoins. Alors que nos besoins sont régis et paramétrés par notre environnement, nos désirs n’ont eux aucunes limites. Que l’on parle d’agriculture, d’architecture et bien d’autres domaines, nos désirs nous emmènent bien souvent à aller au delà des acquis que la nature a à nous offrir. L’on cherche alors à cultiver hors sol, hors saison, hors normes, hors format. «C’est l’insatiable quête du hors tout.» Mais peut on vraiment aller contre ce mouvement ? On pourrait répondre que c’est dans le sens de l’évolution de l’humanité de se dire que nous cherchons à nous éloigner de cette dépendance à la nature pour subvenir à notre population grandissante.
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LE COMPOSTAGE URBAIN
. CONTESTATION DU PRÉSENT Aujourd’hui nous avons perdu le goût des choses, nous avons écarté toute imperfection de nos aliments par le sacrifice du «bon» pour le «beau». Nous vivons actuellement dans un monde uniformisé. Tout se ressemble, ou, en tout cas tout doit être similaire, calibré, de la même forme, du même poids. Cette uniformisation affecte de plus en plus l’identité et les moeurs de chacune des civilisations de notre terre. Le problème se pose à l’échelle du décisionnaire de cet uniforme. Qui choisit et impose qu’une tomate devait être rouge et avoir une taille de six centimètres de diamètre ? L’imperfection n’y a pas sa place, alors qu’elle est l’essence même de la vie.
(1)
Depuis que le phénomène des AMAP s’est installé en France en 2001, le succès ne se dément pas. Il y en aurait aujourd’hui près de 1 600, livrant régulièrement 66 000 paniers à 270 000 consommateurs. http://www.reseau-amap.org/amap.php (2)
Le 21 septembre 2011, la première «Ruche qui dit Oui » ouvrait les portes de sa distribution. Aujourd’hui, ils sont plus de 600 sur le territoire français à s’être lancés dans l’aventure. Ils viennent de tous les milieux, toutes les régions et ont connu tous types de parcours professionnels. https://www.laruchequiditoui.fr/ (3)
Nous avons perdu le contact et le visu du producteur. Car aujourd’hui nous achetons principalement dans les supermarchés et ce que nous achetons peut être produit n’importe où (Y compris les aliments vendus sous le label «Bio»). C’est le cas par exemple du Chili, Maroc, Équateur et bien d’autres, nos produits traversent le monde avant d’arriver dans sur nos marchés. Il s’agit d’une nourriture standardisée. Sur les étals tout est si semblable, si parfait, que nos produits pourraient être synthétiques que l’on se s’en rendrait pas compte. L’agriculteur s’est transformé progressivement en industriel. Certains se placent à contre pied, postulant qu’il faut savoir se nourrir de ce que la terre nous prodigue. En France c’est le cas par exemple des AMAP(1) (Association pour la Maintient d’un Agriculture Paysanne). Une AMAP naît en général de la rencontre d’un groupe de consommateurs et d’un producteur prêts à entrer dans une démarche commune. Ils établissent entre eux un contrat pour une production qui distingue deux
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A la fin des années 70, des consommateurs et des producteurs, animés par une même volonté de soutenir une agriculture biologique pour développer une consommation bio de qualité, se réunissent en coopératives de consommateurs : les coops. En 2012 on ressence 336 biocoops en France. http://www.biocoop.fr/ (4)
Molière. «L’avare», 1668
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saisons : printemps-été et automne-hiver. Ensemble, ils définissent la diversité et la quantité de denrées à produire pour la saison. Ces denrées peuvent être aussi bien des fruits, des légumes, des oeufs, du fromage, de la viande... Cette diversité est très importante car elle permet aux partenaires de l’AMAP de consommer une grande variété d’aliments, d’étendre la durée de la saison, et de limiter les risques dus aux aléas climatiques et aux éventuels problèmes sanitaires. Contrairement à la grande distribution, les consommateurs en AMAP accordent moins d’importance à la standardisation des aliments ; tout ce qui est produit est consommé (alors que dans l’autre cas ce peut être jusqu’à 60 % de la récolte qui reste au champ). Ce principe est d’une part très valorisant pour le producteur, et d’autre part permet de diminuer le prix des denrées en reportant les coûts sur la totalité de la production. Le groupe de consommateurs et l’agriculteur se mettent également d’accord sur les méthodes agronomiques à employer. Ces dernières s’inspirent de la charte de l’agriculture paysanne et du cahier des charges de l’agriculture biologique (les producteurs possèdent souvent le logo AB). En effet, les participants à l’AMAP recherchent des aliments sains, produits dans le respect de l’Homme, de la biodiversité et du rythme de la Nature. Les AMAP participent ainsi à la lutte contre les pollutions et les risques de l’agriculture industrielle et favorisent une gestion responsable et partagée des biens communs. On peut citer encore : «la ruche qui dit oui»(2), les «biocoops»(3), et bien d’autres, qui cherchent elles justement à lutter contre ce système mondial et monétaire. L’on pourrait dire qu’il est de la décision de tout un chacun d’aller acheter sa nourriture dans une grande surface ou chez un maraîcher, que nous avons le choix de nos choix. Mais en réalité l’approvisionnement en nourriture est d’une complexité telle qu’il empêche une majorité de consommateurs d’assumer sa volonté de manger sain et pas cher. Les situations financières et sociales de nos sociétés, sont à un tel point critique que le panel de choix qui s’offre à nous est finalement très restreint. Nous plongeons dans la quête du moins cher, transformant alors totalement la notion de se nourrir, par la consommation de nourriture. «Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger» (4) l’objectif primordial n’étant plus la qualité des produits mais leur prix. La production à bas coup, a remplacé des aliments par des organismes modifiés, des hybrides issus de transformations génétiques, car moins couteux à l’exploitation, au transport et à la vente. Nous n’avons jamais autant mangé que maintenant. Le monde se trouve actuellement pris dans une boucle dans laquelle il ne pourra malheureusement pas sortir aisément. Alors que les pays développés font marche arrière sur leur mode de consommation et de production, les pays en voie de développement cherchent à se moderniser et à rattraper leur retard en reproduisant les modèles occidentaux
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d’agriculture intensive des 10 années précédentes. Mais pourquoi cette marche arrière pourquoi cette volonté de vouloir reculer, pourquoi ? «Reculer pour mieux sauter» dit-on…
. PEUT ON SE NOURRIR DES INDUSTRIELS Trop de scandales ont éclaté suite à des problèmes liés à la nourriture industrielle. Si l’on se souvient de la crise de la «vache folle», elle avait entraîné de grandes craintes chez les consommateurs et provoqué la chute du marché de la viande bovine. L’encéphalopathie spongiforme bovine, dite «maladie de la vache folle», fut identifiée vers 1987. Les premières études ont établi que la maladie venait de l’incorporation de farines d’origine animale dans l’alimentation des bovins. Plusieurs mesures ont alors été prises, dont l’interdiction par les autorités britanniques en 1988 de nourrir les ruminants avec des farines d’origine animale. En 2001 l’Union européenne interdisait de nourrir le bétail avec les déchets alimentaires(1).
(1)
Article Vie publique, «La crise de la vache folle de 1985 à 2004», 13 10 2004. www.vie-publique.fr (2)
Article Le Monde, «Viande de cheval : tour d’Europe des pays touchés par le scandale», Le Monde.fr avec AFP, 15.02.2013 à 18h26. www.lemonde.fr (3)
Article Le Monde, «Viande de cheval : Ikea retire ses boulettes de viande dans 15 pays européens», Le Monde.fr avec Reuters, 25.02.2013 à 12h36. www.lemonde.fr
(image 1)
Image Tirée du film «L’aile ou la cuisse», Claude Zidi, 1976
Mais plus récemment en 2013, un scandale de fraude alimentaire éclate avec l’utilisation de viande de cheval sur des produits étiqueté boeuf.
«C’est au Royaume-Uni qu’a éclaté le scandale de la viande de cheval. A la mi-janvier, les autorités irlandaises découvrent que des hamburgers vendus en Grande-Bretagne et en Irlande contiennent de la viande de cheval. Point de départ d’un scandale qui va toucher plusieurs pays européens. Vendredi, l’Agence de sécurité alimentaire anglaise (Food Standards Agency, FSA) a annoncé que de la viande de cheval avait été détectée dans vingt-neuf produits
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(image 2)
Image Tirée du film «soleil vert», Richard Fleischer, 1973
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censés être au bœuf sur un échantillon de 2 501 produits testés jusqu’ici au Royaume-Uni par les industriels du secteur.»L’écrasante majorité des produits au bœuf dans ce pays ne contient pas de cheval. Les exemples que nous avons eus sont totalement inacceptables, mais ils sont l’exception», a déclaré Catherine Brown, directrice de la FSA, au cours d’une conférence de presse à Londres.»(2) Le géant du meuble Ikea, qui vend et sert également des spécialités culinaires, a annoncé qu’il retirait de la vente dans quinze pays européens des boulettes de viande surgelées, vendues par paquets d’un kilo, car elles contiendraient du cheval, selon les résultats d’un test réalisé en République tchèque.(3) Une vraie problématique émerge : peut-on toujours se nourrir des industriels ? On retrouve non sans humour cette question dans le film : «L’aile ou la cuisse» de Claude Zidi en 1976. Dans ce film Charles Duchemein, directeur d’un guide gastronomique, incarné par Louis de Funès, défenseur d’une gastronomie traditionnelle et de qualité, se confronte à l’industriel Jacques Tricatel incarné par Julien Guiomar PDG d’une chaine de restauration de nourriture industrielle. Le film dépeint une dérive totale de l’ingénierie développée au service de la malbouffe.(image 1) Ou encore la vision que nous propose le film d’anticipation «Soleil vert» de Richard Fleischer de 1973, où le monde n’ayant plus aucune ressource nourricière se voir contraint de manger les produits de la FIRM agroalimentaire Soylent, nourriture de synthèse qui s’avère par la suite être en réalité à base d’humains.(image 2) Alors pourquoi ne pas agir soi-même, ou en communauté ? La volonté de retour à la nature s’accompagne principalement d’une volonté de retour à des valeurs ancestrales que l’industrialisation nous a fait perdre. C’est une volonté de retrouver des valeurs sociales, économiques et nutritives. C’est cette tendance qui amène un certain nombre de personnes à travers le monde à remettre en question le système mondialiste actuel et à créer une mouvance alternative et associative qui va totalement à l’encontre du schéma socio-économique que nous subissons aujourd’hui.
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. CONTESTATION DU PASSÉ Seulement il est intéressant de constater qu’il fut un temps où ces problématiques soulevées précédemment ont trouvés leurs voies à travers un certain nombre d’acteurs de la fin du 19eme siècle. Fin 19e alors que la révolution industrielle bat son plein et pose sur les métropoles un lourd nuage de fumée de charbon noir, l’exode rural et les promesses de travail et de modernité, catalysent les populations à s’installer en ville, à travailler et se nourrir sur un fond d’avancées technologiques qui fait table rase du passé. Cependant certains migrants se sentent nostalgiques de leur campagne bucolique où malgré tout il faisait mieux vivre qu’en ville. Mais au lieu de la fuir et de faire marche arrière, ils cherchent à faire évoluer la ville vers un retour aux valeurs ancestrales. L’art et l’artisanat seront les maîtres mots face à l’industrialisation. Combattre le mal vivre des villes. C’est le mouvement «Arts and Crafts» qui prend son envol en Angleterre soutenu par de grand nom tel que Ruskin, Makintoch, Howard… Mais nous retiendrons dans ce mouvement le travail de E.Howard et son modèle de cité jardin. Visant à développer un nouveau modèle socioéconomique et urbanistique, Howard cherche à fuir l’industrialisation massive, l’insalubrité de la ville, tout en réfutant le modèle de la campagne qu’il considère trop austère. La « ville-campagne », est alors présentée comme une alternative qui cherche à assimiler les avantages de la ville et de la campagne pour offrir aux nouveaux citadins les meilleures conditions de vie. Fréquemment présenté comme une Utopie, les CitésJardins connurent des réalisations, à la fois en France, en Belgique, et en Angleterre. Dans sa proposition de
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(image 3)
« Principe correct de la naissance d’une ville», tiré du livre : Les cité-Jardin de demain, Howard, 1902.
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cité-Jardin, Howard, traite d’un nouveau tissu urbain mais aussi d’une nouvelle gestion de la ville, de ses rapports sociaux et économiques. En proposant par exemple une intégration de l’agriculture aux portes de la ville pour que ses habitants puissent jouir d’une auto-gestion de leur alimentation.
(image 1)
« Cité Jardin et Ceinture rurale »,tiré du livre : Les cité-Jardin de demain, Howard, 1902.
(image 2)
« Les trois aimants », tiré du livre : Les cité-Jardin de demain,Howard, 1902
La « ville-campagne » (image 1 et 2) ne se contenterait pas seulement d’être équipée de nombreux parcs aménagés, de forêts, elle incorpore dans le tissu urbain des pâturages, des fermes et des champs d’exploitation agricole. L’idée d’autosuffisance de la ville ou d’un quartier de la ville, est intéressante car elle va à l’encontre de la mondialisation et du capitalisme. Elle permettrait d’offrir une alternative au monopôle de FIRM multinationales, mais surtout elle permettrait une gestion locale de la production, donc une meilleure réponse au besoin direct des habitants de la ville, et non un plongeon vers la surproduction. Une philosophie de la vie en ville qui cherche à ne pas reproduire les modèles des villes contemporaines de leur époque. Une volonté de vouloir trouver un juste milieu entre la ville industrielle, et la ruralité brutale, avec un rapport à la nature fondateur, rapport de proximité, que l’on parle de jardin, de parc, ou de vie sauvage. Et la volonté de vouloir vivre dans une ville saine loin des maladies. Howard définit un certain nombre de règles permettant de concevoir une cité-Jardin idéale, partant sur le système d’une ville circulaire, de taille raisonnable, permettant une desserte équidistante des services, des activités, des lieux communautaires et des espaces naturels. Entrecoupé par de grandes diagonales qui permettent de faire le lien au sein même de la ville et avec ses environs.(image 3)
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Mais ce qui émane de son récit(1), et qui prend de l’ampleur c’est l’idée que l’on ne compose pas la ville pour la ville, on compose la ville à la manière d’une symphonie. Tous les acteurs constituant la ville, jouent ensemble une même partition, pour trouver une résonance maximum et magnifier l’objet en jeu. L’un n’a pas le dessus sur l’autre, tous jouent à l’unisson. Les musiciens de la ville seraient les facteurs politiques, sociaux, environnementaux et économiques. Tous réunis formeraient un tout : la ville. Ainsi coordonné dans un ensemble, l’on parlerait d’institutions administratives, de locaux communautaire, de pavillons individuels, de parcs, de commerces et de terres agricoles ou de terres d’élevages. C’est pourquoi lorsque Howard décrit en réalité une ville idéale, il nous parle de traitement de déchets, d’institutions, d’emplois, de production d’énergie, d’agriculture, de rendement et de revenus pour la ville-campagne. Et Howard nous en fait part au deuxième chapitre en abordant les revenus d’une citéJardin : « En d’autres termes, la combinaison ville-
campagne n’est pas seulement source de santé, mais aussi d’économie. ». Howard s’appuie donc sur l’idée du local et de ses bienfaits : la réduction des coûts de transports. Toute la production est alors faite en fonction des habitants et de leurs besoins, avec une proximité qui ne les obligent plus à facturer des frais de transports puisqu’il n’y en a plus. Il touche aussi les problèmes de recyclages des déchets qui sont géré par la ville-campagne. Howard nous démontre qu’une villecampagne peut trouver une certaine autosuffisance, qui ne la contraint plus désormais d’être soumises aux lois des marchés internationaux. Il suggère alors la réduction de la production intensive par l’augmentation des producteurs. Les cités-Jardins ne connurent que peut de réalisations, peut être pouvons nous juger le modèle de trop onéreux, demandant trop en terme d’espace . Cependant elles ont
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(1)
«Les cité-Jardin de demain», E. Howard,
1902.
(image 1)
« Cité Le Logis-Floréal » à Watermael-Boitsfort,1922-1940 Tiré du livre : Cités-Jardins de 1920 à 1940. (2)
Article In Situ, «Leberecht Migge et la colonie agricole évolutive « selon les principes biologiques »», Corinne Jaquand, 2013. In Situ ,Revue des patrimoines.
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été une grande source d’inspiration pour la conception de nombreuses banlieues à travers le monde, comme une pensée idéaliste qui dans les périodes trop industrielles venaient chercher dans modèle de Howard ce compromis de la ville-campagne. Nous pouvons citer par exemple la ville de Mont-Royal, sur l’ile de Montréal. Ou encore la cité Le Logis-Floréal, exemple Belge(image 1), et, dont on distingue fortement cette relation entre ville et agriculture. A la même époque c’est Leberecht Migge, Paysagiste et urbaniste allemand de la première moitié du 20eme siècle qui va repenser le modèle de la ville à travers diverses expérimentations de schémas d’alimentation, de l’échelle de la maison et son jardin «autonome» à l’échelle de la ville. Dans ces différents écris il pousse le dispositif de recyclage et de compost ménager, et en faisait une partie intégrante du développement et de l’organisation de la ville. Oeuvrant dans différents domaines, il va tout au long de sa carrière, être porteur de projets de jardins potagers familiaux, de planification de villes campagnes qu’il appellera : «Siedlung» qui se traduirait sous la forme de «colonie agricole».(2) Dès les annés 20 il travaille sur le métabolisme de la ville en établissant une realisation fusionnelle entre ville et jardin à travers le recyclage et les déchets urbains. Il publie deux manuels à l’intention des édiles et des jardiniers militants, dans lesquels il développe des techniques pour bonifier les jardins familiaux et pratiquer une agriculture vivrière durant les loisirs : «Jedermann Selbsversorger» (1919) et «Der soziale Garten». A la publication de : «Die wachsende Siedlung nach biologischen Gesetzen» (1932), il étend ses idées à l’échelle des campagnes urbaines en imaginant un système d’habitat évolutif.
«La diversité de l’oeuvre de Migge, autant que sa singularité, oblige d’autre part à croiser plusieurs champs de connaissance et différentes échelles spatiales : l’architecture et ses techniques, l’urbanisme et ses réseaux, la géomorphologie des paysages, la biologie appliquée au jardin. Le livre de Migge, qui s’applique à la petite agriculture intensive et à la conception de ses équipements, n’appartient pas complètement au genre des manuels d’architecture rurale, mais à celui des écrits sur les rapports ville-campagne développés par l’idéologie moderne allemande.» «La lecture de Die Wachsende Siedlung suscite un premier sentiment d’étrangeté. Pour s’en départir, il est indispensable de brosser le contexte historique dans lequel le livre s’est inscrit. Car par delà la personnalité quelque peu idéaliste – et souvent controversée – de son auteur, le propos renvoie à l’imaginaire allemand de la « colonisation intérieure » – Binnenkolonisation ou encore Innere Kolonisation . Cet imaginaire, qui puise dans l’histoire médiévale de l’Empire germanique et dans celle de la Prusse, a été réactivé aux lendemains de la Grande Guerre par la réforme foncière et agricole mise en place sur les territoires à
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l’Est de l’Elbe (Reichssiedlungsgesetz du 11 août 1919) et qui s’est concrétisée par des programmes de fermes standards pour installer des paysans en propriété propre ou en fermage sur une partie des latifundia prussiennes. Il faut considérer que sous Weimar, l’invocation de la Binnenkolonisation traverse toutes les tendances politiques. Les recherches de Migge font également écho à l’idéologie moderne de la production standardisée et de la gestion rationnelle du territoire.» (1) Urbanisation nouvelle où la nature prend place avec puissance et équité face aux habitations humaines. Le plan urbain ainsi que le fonctionnement de la ville se trouvent réinventés pour offir aux population un cadre de vie idéal au vieillissement. Des années ont passé entre ce mouvement et aujourd’hui, des guerres ont cryogénisés les élans utopistes de certains faisant passer d’autres problématiques au premier plan des priorités. Jusqu’a ce que la guerre se déplace aujourd’hui vers les problématiques de nutritions et d’économies. qui rejoignent désormais nos préoccupations sociales.
(1)
Article In Situ, «Leberecht Migge et la colonie agricole évolutive « selon les principes biologiques »», Corinne Jaquand, 2013. In Situ ,Revue des patrimoines. (2)
Article Épic story, Chongqinq, par Tim Franco. 2012 http://epic-stories.com/reportage/chongqing/ (3)
«The Ruins of Detroit», Thomas J. Sugrue et Robert Polidori, 20 décembre 2010 «Detroit Wild City»,Un film de Florent Tillon 2010 (4)
La mission de «Urban Farming» est de créer une abondance de nourriture pour les personnes dans le besoin en soutenant et en encourageant la création de jardins sur des terrains inutilisés et l’espace tout en augmentant la diversité, la sensibilisation à la santé et bienêtre, et inspirant et en éduquant les jeunes, les adultes et les personnes âgées à créer un système économiquement viable pour élever les communautés à travers le monde. http://theurbanfarmingguys.com/ http://www.urbanfarming.org (5)
Délaissé urbain : Zone en ville tenue à l’état d’abandon par les propriétaires.
. LES CHAMPS DES POSSIBLES Revenons à notre époque. Quels sont nos champs de batailles aujourd’hui, qui menent cette douce action ? En chine, par exemple nous retrouvons cette dualité, parfois violente entre urbanisation forcée et initiatives individuelles. Si nous prenons pour exemple la construction du barrage des Trois Gorges qui avait pour ambition d’offrir une source d’énergie électrique à la population, il a par la force, déplacé un grand nombre de paysans des vallées submergées et les a obligé à s’installer dans les nouvelles villes. Comme Chongqing, plus grande agglomération mondiale, comptant 32
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Mémoire Master Architecture
(image 1)
Image Tirée de Article, Chongqinq, par Tim Franco. 2012 http://epic-stories.com/reportage/chongqing/
CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
millions d’habitants. Mais voila, comment après une vie de labeur dans les champs, un paysan, déplacé de force, peut il survivre dans ce milieu ? Certains se reconvertissent non sans difficultés, exerçant de nouveaux métiers. Mais d’autres n’ont autre choix que de trouver et de créer la moindre parcelle de terre, interstices urbains, pour cultiver et ainsi subvenir à leurs besoins pour subsister dans cette mer de béton.(2) - (image 1)
Aux USA, Détroit, connue depuis quelques année par sa pharaonique décroissance, due à l’effondrement de l’industrie de l’automobile, a subi un exode massif de population du centre ville, laissant à l’abandon des maisons des immeubles(3), des jardins. Des quartiers entiers sont devenus fantômes et la nature parfois a repris ses droits(image 2). Certains ont choisi néanmoins de rester et de survivre. Les Urban Farmers(4), eux cultivent dans les jardins abandonnés, dans les friches de cette ville. Mettant en place des potagers, des fermes piscicoles, des élevages de bétails et peuvent désormais y vivre en totale autonomie(image 3).
(image 2)
Image Tirée du livre «The Ruins of Detroit», Thomas J. Sugrue et Robert Polidori, 20 décembre 2010
(image 3)
Image Tirée du site internet «The Urban Farmer Guys» http://theurbanfarmingguys.com/
Le Canada est depuis une dizaine d’années un pays précurseur de ce mouvement. Se sont développés ainsi des jardins communautaires, qui ont pour but d’utiliser les espaces vides, les délaissés urbains(5) pour s’en servir comme espace de culture. Ces espaces, terrains non utilisés, laissés en véritable friche, sont ainsi mis a disposition des habitants du quartier. Chacun se voit alloué une parcelle sur ce terrain et peut y cultiver ce qu’il veut.
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Montréal a aussi vu se construire la première ferme maraichère hors sol sur le toit d’un immeuble. Il ne s’agit plus ici d’utiliser les délaissés en pleine terre du tissu urbain, mais plutôt d’intervenir au niveau de l’architecture même et d’utiliser les délaissés architecturaux tel que les toitures. Les Fermes Lufa, est une entreprise qui cultive des légumes en serre toute l’année sur le toit d’un édifice du quartier Ahunstic-Cartierville à Montréal. Elle vise à approvisionner environ un millier de familles montréalaises chaque semaine avec des paniers de légumes produits sans pesticide, fongicide, ni herbicide. Ceux-ci seront complétés par des aliments provenant de fermes biologiques québécoises. Déjà, 600 familles et individus reçoivent les produits des Fermes Lufa à différents points relais dans la métropole montréalaise. «La vente de ces fruits et légumes, dont l’excellente saveur et les valeurs nutritives exceptionnelles ont été démontrées, permettra d’offrir la meilleure qualité possible. Les produits de notre serre seront les plus frais, et ce, toute l’année», a déclaré le fondateur des Fermes Lufa, Mohamed Hage. Comme les légumes des Fermes Lufa ne voyageront que quelques kilomètres, nous n’aurons pas à nous préoccuper de l’entreposage, du transport et de la manutention».(5) La construction de la serre de 31 000 pieds carrés a débuté en juillet 2010. Grâce à la technologie mise en place, cette ferme à environnement contrôlé équivaut à une serre dix fois plus grande. De plus, elle récolte l’eau de pluie, la filtre et la fait circuler à nouveau. Il s’agit de la première des multiples serres que l’entreprise projette de construire à Montréal et dans d’autres villes. Ce type d’expérience fut lui aussi reproduit à plus petite échelle sur des toits Parisiens. Nicolas Bel de l’école agro-ingégnerie Agro-ParisTech, a lui réussi une culture, non pas sur le modèle
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Mémoire Master Architecture
(1)
(1)
Conférence de la «Ferme Lufa», Udem, 2012
Nicolas Bel, créateur de Topager: «il n’est pas d’innovation sans échec» Le Monde, 06.05.2013 à 10h16 www.lemonde.fr
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hydroponique de la «Ferme Luta» mais en pleine terre, et en travaillant beaucoup plus sur un enrichissement du sol par le moyen du compostage et du terreaux.(image 1)
(image 1)
Image Tirée de l’article, «Le Monde sur les toits d’AgroParisTech», 2011 http://www.agroparistech.fr
Dans son potager expérimental, ce scientifique teste notamment la pousse des salades vertes sur des sols composés de déchets de bois et de compost, enrichis avec des vers de terre et des champignons. L’objectif : créer un substrat économique, écologique et léger favorable au développement des cultures. Les résultats sont encourageants : en comparaison avec des salades cultivées en bac sur du terreau classique, les salades qui ont poussé sur le compost issu de déchets verts se développent mieux. Autre avantage, la relocalisation des cultures permet d’envisager de planter des variétés rares de légumes qu’on ne retrouve plus dans les marchés car trop fragiles à transporter. Aubergines, tomates, fraises des bois… le toit d’AgroParisTech a été transformé en véritable jardin. Ainsi il exploite cet espace à des fins agricoles en valorisant les résidus organiques de la ville. Et le potentiel de développement est bien là : selon la Mairie de Paris, 314 hectares de toitures seraient végétalisables au sein de la capitale. Ces expérimentations visent aussi à s’assurer de l’innocuité des aliments cultivés en ville. En effet, en zone urbaine, les sols sont plus chargés en contaminant métallique
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qu’en milieu naturel ou agricole. Or les premiers résultats montrent que les légumes cultivés sur les toits ne sont pas plus pollués que ceux qui sont vendus dans les commerces. En partenariat avec l’Inra, le laboratoire de chimie analytique d’AgroParisTech a montré que les teneurs en cadmium et en plomb contenus dans les tomates et les laitues cultivées sur le toit sont largement en dessous des normes recommandées.(1) Après cette réussite Nicolas Bel crée ensuite Topager, une entreprise offrant les services de développement l’agriculture périurbaine en reproduisant l’expérience au sommet des immeubles de bureaux ou d’habitations(2) On pourrait aussi s’intéresser à des actions de petits collectifs français et parisien, tel que les «Saprophytes» (3) , la «Guérilla Gardening»(4) et (image1) et beaucoup d’autres encore. A travers des actions sociales, architecturales, urbaines ou encore politiques, ils oeuvrent à leur manière à la sensibilisation, la protection et la création de terrains agricoles en ville.
(1)
Nicolas Bel, créateur de Topager: «il n’est pas d’innovation sans échec» Le Monde, 06.05.2013 à 10h16 www.lemonde.fr (2)
http://topager.com/
(3)
Réunis depuis 2007 au sein d’un collectif pluridisciplinaire, hybride entre agence d’architecture et de paysage, plateforme de création, atelier de construction et structure d’éducation populaire. Ils développent une réflexion active et expérimentale sur la place et l’implication de l’Homme dans son milieu. - installations éphémères, objets urbains surprenants - actions sur le long terme sur des territoires spécifiques visant à constituer des groupes d’habitants-constructeurs de projets collectifs pour leur quartier. - ateliers de construction ou d’aide à l’auto-construction de mobilier, petites architectures ou de scénographies - recherche active sur l’agriculture urbaine et la diversification des usages dans la ville. http://www.les-saprophytes.org/ (4)
Le «Guerrilla Gardening» (guérilla gardening/jardinière/potagère en français), désigne un mouvement de réappropriation d’espaces délaissés au profit d’une émergence végétale quelle qu’elle soit. Ils n’attendent pas d’autorisation particulière pour aller jardiner ces espaces qui sont souvent délaissés depuis déjà trop longtemps ! http://guerilla-gardening-france.fr (5)
Article La Depeche, «En prison, les détenus cultivent leur potager», publié le 19/09/2010 à 07:39 http://www.ladepeche.fr
(image 1)
Image Tirée de l’article, «Grenades de graines, du Guerilla Gardening», 22 décembre 2011, Guillaume.v http://lecoinjardin.fr
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CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
On voit de nos jours de plus en plus d’initiatives isolées qui agrémentent un quotidien urbain qui cherchent à transformer à la fois la morphologie de nos villes, de nos espaces publics et de nos habitations, mais surtout c’est une volonté de faire prendre conscience de la soumission d’une population face aux grands distributeurs. Ainsi le message est clair, il s’agit de l’éveil de nos sens, du réveil de nos instincts, de la connaissance des mécanismes faisant naître les choses qui nous habitent et nous entourent. Cette compréhension est essentielle pour se délier de la dépendance dans laquelle notre modèle planétaire nous fait tomber. Laissons notre curiosité s’épanouir, pour retrouver une forme de sérénité. Cette problématique naît d’une perte de confiance de la population pour un besoin essentiel, l’alimentation. Les récents scandales autour de la nourriture, qu’il soit question de gâchis ou de mensonges, en ont fait un noeud social. Le retour de l’agriculture dans nos villes peut être un outil pour dénouer certains noeuds que forment notre société aujourd’hui. L’on peut l’observer que dans certain cas l’agriculture sert de catalyseur de bonne énergie pour les personnes en difficulté. Comme par exemple dans le centre de détention du «Muret» : «Les cellules de ce bâtiment font toutes 9 m2, mais la particularité du bâtiment se trouve à l’extérieur : un petit potager de 10 parcelles, dont chacune « appartient » à un détenu. Sur 20 m2 environ, il peut faire pousser tout ce qu’il veut, « dans la limite de la légalité », précise le lieutenant de la pénitentiaire Véronique Leman. Patrick, la quarantaine, petit bouc au menton et allure sportive, entretient son lopin de terre depuis un an. Il y fait pousser des tomates « les plus belles du centre de détention », dit-il - mais aussi des laitues, des poivrons, des concombres, des courgettes, des courges, des oignons et du basilic. « M’occuper de mon potager, ça me calme. Tous les soirs, je prends mon arrosoir et je fais le tour.»(5)
(image 1)
L’entretien d’un jardin nourricier permettrait à ceux qui sont
Le compostage urbain
Image Tirée de l’article La Depeche, «En prison, les détenus cultivent leur potager», publié le 19/09/2010 à 07:39 angoissés de ne pas savoir d’où http://www.ladepeche.fr
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CULTIVONS NOS MÉTROPOLES
viennent leurs produits, de les cultiver eux même seul ou en collectivité, de les voir de jour en jour grandir pour qu’il finissent dans leur assiette. A d’autres cela permettrait plutôt de soulager leurs finances. Pour d’autres encore ces cultures permettraient de combler leur besoin de nature en ville, de désaseptiser les villes et de les diversifier. Pour offrir du lien social, un lieu de rencontre autour de moeurs et de pratiques que nous avons perdues au fil du temps et qui nous permettent de retourner d’une part à nos valeurs essentielles mais surtout de les comprendre et de les pratiquer, que l’on soit enfant, parent, prisonnier, handicapé. Enfin l’agriculture urbaine est aussi vecteur de contestation de schémas politiques, économiques et sociaux dans lequel nous sommes nés, que ne n’avons pas créé. Pour revenir aux fondements, l’agriculture fait partie intégrante en réalité d’un cycle, d’une boucle qui aujourd’hui ne trouve pas son équilibre. C’est un cercle non fini, ou plutôt une spirale qui s’enfonce à l’infini sur elle même. Mais de quoi l’agriculture a t-elle besoin pour fermer cette boucle ? Et si nous conjuguons à cela la question : Comment traitons nous nos déchets, et plus précisément nos déchets organiques dans nos villes aujourd’hui ? Nous retombons sur l’une des bases agricole et rurale que nous avons totalement fait disparaître de nos villes : Le Compostage.
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COMPOSTER POUR CULTIVER
«En avril 1932, à l’usine Hediondo, le tube de la chaudière éclata trois fois en quinze jours. {...} La nouvelle chaudière fut donc livrée en temps voulu, la vieille chaudière fut remisée dans le terrain vague, entre la boutique de Lee Chong et le Drapeau de l’Ours, {...} La chaudière ressemblait à une vielle locomotive dépourvue de roue. Une grande porte s’ouvrait à l’avant, une porte basse pour le feu. Avec le temps, la rouille l’avait brunie, rougie, les mauvaises herbes avaient poussé autour : la rouille leur donnait un regain. Le myrte grimpait sur les flancs, l’anis sauvage embaumait ses entours. Une racine de datura avait fait sortir un gros arbre, qui faisait pendre ses cloches blanches le long de la porte» John Steinbeck, «Rue de la Sardine», Folio, 1947
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COMPOSTER POUR CULTIVER
. NOURRIR NOS PLANTES
P. 49
. JE COMPOSTE DANS MON JARDIN
P. 51
. MOI AUSSI JE COMPOSTE EN VILLE
P. 56
. OÙ PARTENT NOS DÉCHETS
P. 58
. MOI JE M’EN OCCUPE
P. 59
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COMPOSTER POUR CULTIVER
. NOURRIR NOS PLANTES
Le compostage est aussi vieux que la nature elle même. Tout bonnement car c’est le processus naturel de la dégradation de la matière. C’est un cycle incroyablement sain où la vie et la mort sont indéniablement liés et nécessaires. Il faut s’imaginer la beauté de ce cycle.
«Un arbre dans une foret grandit entouré d’autres arbres. Il tend ses feuilles pour se gorger de lumière. Il répand ses racines pour se nourrir de la terre. Ainsi il continue de croitre, laissant tomber ses feuilles l’hiver venu, comme pour se nourrir de lui même. Mais qui du compost ou de la germe est en premier ? » La dégradation d’une matière organique est un processus inévitable, de la matière qui se transforme en matière. Elle sert à la fois à des micros organismes et à des organismes bactériens de source d’alimentation mais aussi de fertilisant pour la terre. Chaque molécule de matière est utile, et est surtout utilisée. «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme» comme l’a si justement dit Mr Lavoisier (1). Il est évident que lorsque l’humanité a compris ce processus naturel elle a cherché à le reproduire pour en tirer profit et ainsi enrichir ses terres. Quoi de plus normal que d’imaginer que le défrichage de nos champs, l’élagage de nos arbres, le ramassage de nos feuilles pourrait nous être utile pour nous permettre de cultiver. De nourrir nos plantes avec ce que la nature nous prodigue. Il en va d’une volonté de biomimétisme, où nous cherchons après observation à reproduire tout simplement ce que la nature fait toute seule.
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C’est pendant le XIX éme siècle et le développement de l’industrie chimique, à travers les travaux de Lavoisier et bien d’autres, que la face du monde changea. On pouvait désormais synthétiser, c’est a dire produire un élément artificiel via une réaction chimique. Les fertilisants naturels tels nous les utilisions pouvaient être remplacés par des produits chimiques plus précis, plus efficaces, mais plus dévastateurs pour la nature. C’est l’avènement de l’agro-industrie. L’expansion démographique de ces deux derniers siècles et les évolutions technologiques, à l’ère de l’industrialisation ont poussé les agriculteurs à utiliser des processus de production de plus en plus intensifs, de modifier leurs méthodes de productions pour ainsi arriver à une production massive, appliquant une volonté de rapidité, d’efficacité, de rendement hors norme, et plus grave encore «hors nature». La pollution, l’appauvrissement de notre terre, l’apauvrissement génétique, la baisse de qualité des produits, sont désormais dénoncés sur la place publique, comme un problème majeur de notre société. Ainsi nous commençons à comprendre que ce mode de fonctionnement n’est plus adapté pour notre planète et notre environnement. L’avoir ignoré pendant trop longtemps, nous amène à reconsidérer presque entièrement nos modes de fonctionnement en tant que consomateur.
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Mémoire Master Architecture
(1)
Antoine Laurent de Lavoisier, né le 26 août 1743 à Paris et guillotiné le 8 mai 1794 à Paris, est un chimiste, philosophe et économiste français. Image provenant de l’acticle sur Lavoisier sur le site : http://www.larousse.fr
COMPOSTER POUR CULTIVER
. JE COMPOSTE DANS MON JARDIN
La notion de compostage est connue de tous. C’est en général à travers nos expériences de pratique du jardinage, ou en l’ayant vu dans le jardin de nos grands-parents. C’est une pratique beaucoup plus assimilée à la campagne et qu’à la ville. C’est dans les campagnes que l’on trouve la plus grande pratique du compostage. L’entretien de son jardin, le ramassage des feuilles, l’élagage des arbres et autres activités de jardinage, donnent lieu au compostage sous la forme d’un tas de décomposition de matières au fond du jardin. En effet c’est une manière simple et gratuite d’avoir des fertilisants pour cultiver, que ce soit pour des fleurs ou pour un potager. Je me souviens de ces mots : compostage, compost. Pour moi ils représentaient une notion totalement abstraite, une culture, des coutumes, auxquelles on ne m’a jamais éduqué, auxquelles je n’ai que très peu été confronté. Le seul souvenir auquel je peux me raccrocher, c’est que le compost est un tas de feuilles que l’on met au fond de son jardin, un tas moche et odorant, pour ceux qui ne veulent pas mettre de feuilles dans leur poubelle. Tout cette pensée n’est en réalité issue que de mon ignorance du sujet. Pour une majorité de personnes le compostage se résume à une action pittoresque qui n’a sa place qu’en milieu rural. Mais si l’on regarde de plus près on se rend compte en réalité qu’en ville aussi le compostage a sa place. Il existe de manière beaucoup plus ponctuelle et surtout beaucoup plus raréfiée. Les jardiniers des jardins publics, font eux même leurs tas de décomposition, les chanceux qui possèdent un balcon fourni, une terrasse ou un jardin en ville, ont eux aussi leur tas de compost. Mais au fait le compostage, la création du compost, qu’est ce que c’est ? Le compost dans sa pure définition est un engrais composé de terre et de déchets organiques. Mais rentrons plus en détails dans un tas de compost. Au sein d’un tas de matière organique on trouve différents organismes qui ne vivent pas dans les mêmes conditions de température et ne se nourrissent pas tous des mêmes substances. En se nourrissant de ces matériaux et en les digérant, les organismes produisent une
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nouvelle matière, l’humus. (image 1) Au cours du processus de compostage la composition des produits organiques change dans la matière, de même que les communautés vivantes. Au début du compostage, seuls les microorganismes sont actifs. Cette phase, pendant laquelle beaucoup d’oxygène est consommé, et pendant laquelle la température monte, est appelée phase de décomposition. Le processus de digestion commence dès que nous rassemblons les matières organiques. Les micro-organismes entrent en action, ils utilisent des enzymes qui détruisent d’abord les parois cellulaires des tissus tendres. Quand les parois cellulaires sont percées, le contenu de la cellule coule, et il reste une structure molle. C’est ce que l’on peut appeler «pourrir». Au cours de cette phase, les bactéries sont à l’oeuvre. Les éventuels effets négatifs du pourrissement tels que l’odeur d’acidité sont réduits à néant par la présence de matériaux structurés et par une aération régulière assurée par le brassage des matières. Une autre conséquence de l’activité des microorganismes est l’élévation progressive de la température, qui est particulièrement importante au début du processus de compostage. L’énergie présente dans les matières organiques est transformée en chaleur. Dans un grand tas de compost, la température peut atteindre de 50 à 60°C et parfois plus (70 à 80°C dans des tas de plusieurs dizaines de m3). Lorsqu’on atteint de telles valeurs, la digestion est la plus rapide. Dans la zone chaude les germes de maladies et les graines adventices éventuellement
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www.compostage.info
(image 1)
Image Tirée de Article, Compostage 104 Quoi composter, Marc Arbour, mars 2013. http://www.autonomiste.com
COMPOSTER POUR CULTIVER
présents dans les déchets de jardin sont neutralisés. On peut comprendre que la phase de décomposition est jumelée avec une réduction de volume perceptible. La réduction qui se produit les premiers jours après la mise en tas, ou après le remplissage d’un bac (ou d’un fût) est à imputer au poids propre et à la perte de structure de la matière qu’on a apportée. La transformation de la matière carbonée sous forme de CO2 volatile et l’évaporation de l’eau constituent les autres sources de réduction du volume.
(image 1)
Image tirée du site internet : www.compostage.info
La température redescend progressivement et les champignons colonisent la matière. Sous 30°C, les micro-organismes restent actifs, mais sont dorénavant accompagnés par des organismes de plus grande taille : des vers de compost, des acariens, des collemboles, des cloportes, des coléoptères, des mille-pattes,... en fait tous les macro-organismes qui vivent dans la litière, entre les feuilles, sous les arbres et branches, ou sous un morceau de bois vermoulu. Pendant que les micro-organismes poursuivent la transformation des déchets grâce aux excrétions de leurs propres enzymes, la décomposition par les macro-organismes se passe dans leur tube digestif.
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Ils grignotent les bouts de bois devenus tendres ou aspirent la substance des cellules, Le matériau est réduit en petites particules qui continuent leur décomposition dans le tube digestif et ensuite lors de la colonisation des excréments par les microorganismes. Le matériau perd donc tout à fait son aspect d’origine. Alors que dans la première étape (avant la phase de maturation), les feuilles étaient brunes et restaient reconnaissables, une fois que les vers (pour les parties tendres) ou les collemboles (pour les parties plus dures) s’y mettent, on ne trouve plus que des «miettes». Ces particules ont une surface totale mille fois plus développée que la surface originelle de la feuille. Sur cette énorme surface, d’autres micro-organismes se mettent au travail. La transformation finale de la matière organique en éléments nourriciers, eau et oxygène est appelée «minéralisation»; ceci principalement grâce aux vers de compost. Les substances minérales formées sont les nutriments pour la plante. Au fur et à mesure de la décomposition des matières organiques, l’humus se forme. La température et l’acidité (pH) vont évoluer tout au long du processus de compostage.(1)
Comment réaliser son compost de jardin : « Recycler tous les éléments du jardin et de la cuisine(2). Composter c’est l’art d’accommoder les restes ! Ajoutez si possible des fumiers frais bio. Respecter une proportion d’environs 20 parts de
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www.compostage.info
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Les déchets ménagers englobent tous les déchets produits par les ménages et assimilés (certaines collectivités et certains commerçants). Ce sont donc les déchets que tout particulier produit dans sa vie quotidienne. Les déchets ménagers regroupent les ordures ménagères (non recyclables ou pas encore recyclées), les déchets recyclables secs (journaux, papiers, carton, magazines, verre, aluminium, plastique) et les recyclables dits humides, organiques ou fermentescibles (déchets alimentaires, herbes, bois...). http://www.notre-planete.info (3)
«Jardiner Bio», édition Ulmer, Marc GROLLIMUND-Isabelle HANNEBICQUE, 2008
COMPOSTER POUR CULTIVER
matériaux secs et carbonés, tels que feuilles mortes, paille, copeaux ou broyât de branches, pour une part d’humide (gazon, fruits fumier, feuilles certes…). Disposez les en couches fines ou mélanger. Gardez l’ensemble très humide : 60% à 70%. Aérez en évitant de tasser. Remuer si besoin.» «Où réaliser son compost : Choisissez un endroit ombragé et disposez le tas sur le sol. Sans récipient, le retournement sera plus aisé. N’accumulez pas vos déchets dans une fosse et ne les tassez pas : ces deux opérations font pourrir l’ensemble qui perd les éléments fertilisants. Réalisez un tas de 1 m3 minimum. La fermentation d’un tas trop petit ne s’effectuera pas.» «Première méthode, réaliser un tas en une seule opération : Après avoir stocké la paille, les feuilles, le fumier frais, les déchets de cuisines et du jardin, édifier le tas de compost comme suit : disposer au sol des éléments grossiers, branches, tubes de drainage perforés pour l’aération… Ensuite, construisez un tas conique. Alternez les couches en diversifiant les matériaux le plus possible : c’est un mille feuille géant. Respectez la proportion 1/20° d’éléments humide et verts avec les éléments secs dominants. Arrosez ne tassez pas. La taille idéale est de 150 à 200 cm de large pour 120 cm de haut. Terminez en recouvrant de paille sur 15 à 20 cm. Bâcher le sommet en cas de temps humide ou drop chaud; Le compost ça chauffer et éliminer de nombreux parasites et les graines des herbes indésirables. Deuxième méthode : Composter progressivement. Cette méthode exige moins de travail et le compostage se réalise progressivement tout au long de l’année. Disposez au sol des éléments grossiers pour aérer votre compost. Le tas se constituera au fur et à mesure des apports. Variez les matériaux à chaque couche : le gazon frais devra être étalé entre des couches de paille ou de feuilles sèches. Gardez la paille en réserve. Avec cette méthode dite «à froid», évitez de mettre les plantes malades ou les graines des herbes indésirables : sans montée de températures, elles ne sont pas éliminées. Remuez et arrosez en vérifiant que le milieu est aéré. Aucun jus nauséabond ne doit s’écouler du compost. Protégez le tas avec de la paille , des feuilles ou une bâche.»(3)
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. MOI AUSSI JE COMPOSTE EN VILLE
Comment réaliser son compost de maison : «Il vous faudra un sac plastique de taille moyenne (ceux du supermarché feront l’affaire) et un lien plastifié. Vous devrez y mettre : des épluchures de légumes, du marc de café, des feuilles de thé, une poignée de terre pour apporter les micro organismes, un grand verre d’eau et une cuillerée à soupe de granulés d’alfalfa(1). Pour la suite : hachez menu vos épluchures et versez-les dans le sac. Ajoutez les éventuels marc de café et feuilles de thé. Ajoutez la terre. Versez l’eau. Ajoutez les granulés d’alfalfa (riches en azote, ils activent le processus de compostage). Agitez vigoureusement le sac. Retournez-le tous les jours pour bien mélanger. tous les deux jours, le laisser ouvert pour faire entrer l’air. Si vos épluchures sentent trop fort, c’est qu’elles sont trop humides, ou demandent plus de brassage. Rajoutez un peu de carton pour absorber l’excès d’eau. Cela prendra de 4 a 6 semaines. Ensuite répartissez sur toute plante en pot, qui appréciera cet apport fertile.» «Diviser une boite en plusieurs secteur que vous alimentez une fois par semaine à tour de rôle. Commencez par la zone 1 en l’emplissant aux trois quart de litière (matériaux riches en carbone, vieux journaux, papier déchiré, fibre de coco…). Soulevez une tranche de 5 cm d’épaisseur et glissez y la nourriture (épluchure, marc, feuilles…), et la quantité de vers adapté. En deuxième semaine, faites de même dans la zone 2, et ainsi de suite pour le zones 3 et 4. À la fin du mois, la nourriture dans la
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L’alfalfa ou la luzerne cultivée, aussi appelée « grand trèfle » ou « foin de Bourgogne », est une plante herbacée fourragère de la famille des fabacées, riche en vitamines et en sels minéraux et utilisée en diététique. On la retrouve dans la nourriture pour lapin. (2)
«Le petit livre du compost», édition Larousse, Allan Shepherd, février 2009
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Pierre Rabhi, dans : «Solution locale, pour désordre global», réalisation Coline Serreau, 2010.
COMPOSTER POUR CULTIVER
zone 1 sera méconnaissable, et vous pourrez recommencer le processus. Continuez jusqu’à disparition totale de la litière. Récupérer votre compost et répétez l’opération avec une nouvelle litière. Il faudra entre 6 semaines et 4 mois» pour récupérer un compost efficace.» (2) On peut même voir que certaines techniques de compostage permettent d’enrichir les sols dans des zones très arides et ainsi développer une agriculture efficace pour des populations reculées. Pierre Rabhi a beaucoup travaillé à initier les paysans des régions désertiques du Burkina Faso et du Maroc à l’agro écologie pour qu’ils puissent rester et survivre sur leur terre. Au Maroc, à Taroudant l’association «Terre et Humanisme» organise des stages pour montrer aux paysans comment faire du compost uniquement avec des produits locaux et comment fertiliser leur terre aride. «Les sols de l’Afrique subissent un rayonnement solaire extrêmement puissant, le sol se trouve parfois stérilisé sur un profondeur de 20 a 30 cm, aucune bactérie n’arrive à survivre (…) il y a donc une perte de cheptel bactérien, et la seule façon de restituer ce cheptel bactérien et de remettre en route le métabolisme du sol, c’est de lui amener des levures. (…) le compost bien fait n’est autre que du levain bactérien que vous mettez dans le sol et qui remet en route le processus.(…) On est arrivé à multiplier par 3 ou 4 le rendement et on obtient des produits de très haute qualité.»(3) Mais qu’implique le compostage dans notre quotidien, quelles influences peut-il avoir sur nos habitations, nos villes, nos collectivités ? Le compostage pour bien le comprendre dans notre quotidien s’assimile directement au traitement des déchets, qu’ils soient ménagers ou industriels, c’est toute la matière organique, produite à la fois par la nature et par l’homme. C’est donc la question de traitement des déchets que l’on aborde. Ce que l’on peut observer aujourd’hui c’est une volonté réelle de prendre en considération la question du traitement des déchets.
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. OÙ PARTENT NOS DÉCHETS
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Déjà à la fin du XIXeme siècle, l’inventeur des poubelles, Eugène Poubelle, conçut non pas une mais trois poubelles pour opérer un tri sélectif des déchets, les putrides, le verre et le papier. Peut être un peu trop précurseur pour changer les moeurs des Français, le tri ne s’opère que beaucoup plus tard, pour trouver de plus en plus sa place de nos jours. Les déchets revêtent une place capitale dans l’évolution de l’humanité, car ils sont une matière non négligeable de notre empreinte sur la planète. Nous consommons de tels volumes de nourriture, d’emballage, sans nous préoccuper vers où vont tous ces déchets. Ces déchets ont pendant trop d’années été stockés et traités, sans que l’on se soucie de la pollution qu’ils engendrent.
http://www.ecodesignfablab.org/
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Bellastock est une association d’architecture oeuvrant pour la valorisation des territoires et de leurs ressources en proposant des alternatives à l’acte de construire. Ils soutienent une autre façons de faire l’architecture plus ancrée dans notre temps et plus respectueuse de notre environnement. http://www.bellastock.com (3)
http://actlab.tumblr.com
(image 1)
Photo Actlab, Octave Giaume, 2014
(4)
«Nous avons vu des montagnes naître de nos consommations, des trous se remplir de nos désirs, des continents de plastique se former de nos rejets, des ciels ouverts sur des décharges. jusqu’a l’éveil de nos consciences.» Ce qu’il faut comprendre c’est qu’une bonne pratique de tri et de recyclage, permet d’utiliser directement un déchet pour en faire quelque chose de nouveau. Ce que l’on peut appeler aujourd’hui déchet est en réalité une ressource de création.
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Mémoire Master Architecture
La septième édition du Festival Bellastock s’est tenue au cœur de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) sur le thème « Le grand détournement ». Pendant cinq jours, 1000 étudiants en architecture ont expérimenté l’art du réemploi de déchets pour concevoir, habiter et démonter une ville éphémère. http://www.bellastock.com
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Ressourcerie Paris Nord, 8 rue de Trétaigne 75018 Paris.
COMPOSTER POUR CULTIVER
. MOI JE M’EN OCCUPE
Prenons par exemple l’Écodesign FabLab de Montreuil.(1) L’écodesign FabLab est un laboratoire de fabrication dédié à l’écodesign. C’est à dire une volonté de concevoir des produits respectant les principes de développement durable. Il est situé sur le site industriel de MOZINOR, qui comprend une cinquantaine d’entreprises produisant un flux continu d’environ 3000 tonnes de déchets par an. Il propose aux adhérents, particuliers ou professionnels de concevoir et de fabriquer des objets issus de cette source de déchets. Il s’agit de la volonté d’établir une boucle directe entre producteur de déchets et concepteur de produits. Que ce en soit à titre individuel ou professionnel. Nous pourrions également citer des projets d’architectures qui optent pour l’utilisation de déchets pour construire, le réemploi, comme l’Actlab (2) (image 1) de l’association Bellastock.(3) En s’appuyant sur l’expérience du festival de 2012, « le grand détournement »(4) Bellastock a créé un laboratoire de recherche appliquée nommé Actlab. En suivant la démolition des entrepôts du Printemps, initiée par Plaine Commune pour laisser place à un écoquartier fluvial, Actlab a pour ambition d’introduire de façon courante le réemploi dans la conception actuelle de nos villes. Il s’agit pour l’Actlab, de récupérer et stocker des matériaux issus de la démolition/déconstruction des entrepôts, puis de concevoir du mobilier urbain ou d’imaginer des techniques constructives à partir de ces matériaux afin de les réutiliser directement sur place, dans le futur écoquartier. Ce type d’intervention traite du coeur d’un cycle depuis trop longtemps interrompu, de la destruction à la reconstruction. La table rase n’est plus d’actualité, et l’on se retrouve face à de nouveaux paramètres de conception et de construction. Il faut de même pointer l’essor des ressourceries et des recycleries comme celle du 18eme arrondissement à Paris(5). Une ressourcerie est un lieu où les particuliers peuvent venir déposer des objets dont ils ne se servent plus comme l’électroménager, les meubles, la quincaillerie, les livres, les textiles, la vaisselle, etc. S’ils sont encore en état de marche ou réparables, ces objets pourront être remis en état, valorisés et revendus à des prix très accessibles. Dans le cas contraire, ils seront orientés vers les filières de recyclage ou d’élimination.
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LE COMPOSTAGE URBAIN
Une recyclerie, à quoi ça sert ? C’est une structure qui a pour objectif de favoriser la réduction, le réemploi, la réutilisation, puis le recyclage des déchets en sensibilisant les habitants aux problèmes d’environnement, à la prévention des déchets et aux gestes de tri. En donnant une seconde vie aux objets déposés ou collectés, les recycleries évitent qu’ils soient détruits et deviennent des déchets. Ainsi, les recycleries contribuent à réduire les déchets, mais également à diminuer les coûts liés à leur collecte et leur traitement. En 2013, les objets réemployés par ces structures ont permis de détourner plus de 1600 tonnes de déchets des poubelles parisiennes et des usines d’incinération. Sur le modèle de Emmaüs, les recycleries n’ont pas un but lucratif, elles évoluent dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, les revenus issus des objets récupérés sont investis pour développer des services de proximité et créer de l’emploi. Les ressourceries(2) oeuvrent en faveur de la réinsertion professionnelle des personnes en difficulté. En plus d’une meilleure gestion des déchets, les recycleries permettent de re-dynamiser la vie économique et de renforcer le lien social du quartier. La question des déchets est majeure dans le fonctionnement de nos villes, car elle est en rapport direct avec le volume lié à la consommation des foyers. Cela nécessite une lourde logistique, des moyens de transport et de stockage considérables.
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(image 1)
Images tirée du livre, Autopsie, Bruno Mouron / Pascal Rostain, 10 octobre 2013. (1)
«Tableau de Bord des déchets franciliens», édition ORDIF, 2013 (2)
Nous povons citer par exemple la ressourcerie du 18ème arrondissement de Paris : L’interloque. Crée en 2002 c’est une association de la loi 1901, basée 8 rue de Trétaigne 75018.
COMPOSTER POUR CULTIVER
Nous oublions trop souvent que nos gestes du quotidien liés aux repas et autres consommations sont producteurs de déchets. Nous les mettons à la poubelle sans aucune conscience de leur destination, sans savoir qui s’en occupe, ou sans envisager que l’on pourrait s’en occuper nous même. Rappelons nous du travail du photographe Pascal Rostain, qui vers la fin des années 80 produit une série de cliché sur les poubelles des stars hollywoodiennes. Il étend par la suite sa pratique à travers le monde et les couches sociales. Sans le savoir il développe un travail que l’on pourrait qualifier d’archéologie des déchets ménagers de l’Humain. Conférant ainsi à son travail le statut d’étude sur la consommation et les comportements sociaux à l’échelle de la planète.(images 1,2,3) Pour comprendre mieux il faut identifier qui s’occupe du traitement de nos déchets ménagers et savoir comment à l’heure actuelle on s’en occupe ? L’observatoire régional des déchets d’Ile de France (l’ORDIF) dresse un état des lieux et propose une vision de la gestion des déchets en et de ses acteurs.(1) Qui sont les différent acteurs ? . Les collectivités locales : La commune est responsable de la collecte et du traitement des déchets ménagers. Pour assurer cette mission de service public, elle a la possibilité de transférer cette compétence à un établissement public de coopération locale (agglomération, métropole, …) ou à un syndicat mixte. La collectivité en charge de la collecte possède obligatoirement la compétence pour le traitement. Soit elle exerce soit elle la confie à un établissement spécialisé en charge du traitement. La collectivité en charge du traitement peut décider de gérer les déchets sur des installations dont elle a la maitrise d’ouvrage. Pour les services dont la collectivité ne peut prendre en charge la gestion directe (exploitation d’usine, transport, prestation de traitement) elle passe des contrats avec des opérateurs privés.
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. Les citoyens, consommateurs habitants : Ils produisent les déchets et effectuent les gestes de tri. De par leurs actes d’achat, de consommation ou de gestion des déchets, ils ont un rôle à jouer pour réduire la quantité de déchets.
. Les opérateurs de la gestion des déchets : Ils sont chargés de la collecte et/ou du traitement des déchets dont la responsabilité incombe soit aux collectivités compétentes, soit aux producteurs de déchets non ménagers. Ces entreprises nouent des contrats de droit public ou privé. Elles sont avec les collectivités les maitres d’oeuvres de la gestion des déchets ménagers, dès lors que les maitres d’ouvrage (collectivités, éco organisme) font appel à eux.
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(image 1)
Images tirée de l’article, « les meilleurs déchets sont ceux qu’on ne produit pas », association éco-logiques, 25/06/2014. http://www.eco-logiques.org
COMPOSTER POUR CULTIVER
Si l’on considère les quantités de déchets collectés en 2000/2011, les tonnages de déchets ménagers assimilés et collectés ont augmenté pour atteindre 5,69 millions de tonnes. Mais rapportées à l’habitant, les quantités collectées ont diminué de 26 kg, car la population a augmenté plus vite que les tonnages collectés sur cette période. La production francilienne de déchets d’activités économiques non dangereux (hors BTP et agriculture) s’élève à plus de 6 millions de tonnes. Ce sont des déchets en mélange (au moins 1/4), et des déchets triés à la source : papiers/cartons, des métaux produit au 2/3 par l’industrie et des déchets de bois produit au 2/3 par le commerce. En 2012, 27 établissement des métiers de «bouche» ont été enquêtés. 50% d’entre eux évoquent des problèmes d’emballages inadaptés (cartons trop grands, trop nombreux), parfois difficilement repris par les fournisseurs (palettes). Les négociations sur les cartons sont difficiles, leur stockage interne est problématique, et la mise en bac parfois impossible. Les emballages en verre sont contraignants car ils doivent être jeté à l’unité dans les colonnes publiques. Sur les 27 établissements 10 séparent les biodéchets, dont les boucheries qui travaillent sur carcasses, puisqu’elles ont l’obligation de séparer certains sous produits animalier. Des boulangeries donnent le pain à des associations, compostent parfois des déchets de fabrication dans des jardins intérieurs. Ceux qui ne se séparent pas de leur biodéchets évoquent l’absence de moyens techniques de collecte interne, de demande (clients pour nourrir les animaux domestiques, intéressés pour du compostage, prestataires…), mais rarement le manque d’espace et 50% d’entre eux pensent que le changement est possible. Qu’en est il du traitement de la matière organique en Ile de France ? La matière organique (déchet vert, biodéchets…) peut être traitée par compostage ou méthanisation permettant la production d’un amendement organique appelé compost mais aussi du biogaz par méthanisation. L’utilisation du compost, principalement en agriculture, limite les apports d’engrais minéraux des sols.
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Actuellement il existe 34 plateformes de compostage dédiées aux déchets verts pouvant atteindre une capacité de 576 185 t/an. Sur ces 34 centres, 32 ont reçus 422 442 tonnes de déchets par an. Il n’y a en revanche qu’un centre de compostage de biodéchets ménagers où ils sont assimilés et collectés sélectivement à Saint Ouen pour une capacité de 13 000 t/an. Ce centre ne traite que 6 169 tonnes de fraction fermentescible des ordures ménagères. 160 000 tonnes de compost et 80 000 tonnes de broyats ont ainsi été produits, servant principalement pour l’industrie agricole. Le compostage des ordures ménagères résiduelles OMR necessite un tri mécanobiologique pour séparer les déchets putrescibles et imputrescibles. Il existe quatre unités de tri-compostage (trois depuis 2011 et la fermeture du centre de Trielsur-Seine) pour une capacité de 242 500 t/an. Les 4 plates-formes ont ainsi réceptionné 75 232 tonnes de déchets engendrant la production de 6 112 tonnes de compost revendu pour l’agriculture principalement et 33 325 tonnes de refus ont été éliminées en incinération ou stockage. Quels sont alors les plans d’action de l’ORDIF ? Adopté en 2011 par la région, le PREDIF (Plan de Réduction des Déchets d’Ile de France), se voit alouer un budget de 4 millions d’euros par an. Il a pour principal objectif le développement de programmes locaux de prévention afin de couvrir 80% de la population à partir 2014. Il s’articule
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Mémoire Master Architecture
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L’obsolescence programmée est une stratégie visant à réduire la durée de vie d’un produit pour augmenter son taux de remplacement et provoquer un nouvel achat prématurément. http://obsolescence-programmee.fr/
COMPOSTER POUR CULTIVER
autour du compostage de proximité, du réemploi, de l’économie circulaire, de l’écoconception, des salons et évènements «zero déchets», et de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il se propose d’agir selon trois axes : au domicile, dans l’espace public et à l’extérieur du domicile. Il s’agit pour la région d’assurer la mobilisation des acteurs, de faciliter et soutenir leur engagements dans des actions permettant la réduction de déchets, d’animer le réseau des collectivités, des entreprises et associations pour favoriser les échanges et l’évolution des pratiques. Cela revêt une importance d’autant plus grande que les quantités de déchets produites par les villes sont gargantuesques. Comment résoudre ce problème alors que nos villes ne cessent de grandir de plus en plus ? Comment réussir à trouver la meilleure gestion pour un impact minimum ? Comment trouver suffisament de place pour traiter nos déchets en villes alors qu’aujourd’hui elles souffrent d’un manque d’espace ? Parfois certaines entreprises, qui n’ont pas les moyens de faire venir une benne de recyclage, jettent leurs déchets n’importe où. Dans d’autres cas ce problème initial devient une source riche pour de réemploi et l’on voit de plus en plus fréquemment des jeunes collectifs d’artistes ou d’architectes monter des partenariats avec des entreprises pour trouver la matière pour réaliser leurs projets. On se rend compte de plus en plus que l’on n’exploite pas suffisamment nos productions, que l’on jette peut-être trop rapidement ce que l’on utilise, et ce n’est pas nécessairement lié à l’obsolescence programmée(1), c’est plus simplement lié à une culture de la consommation dans laquelle la durée de vie de nos appareils et de nos aliments est largement réduite. Il y a un siècle on aurait tout fait pour garder jusqu’à épuisement un jean, il n’y avait pas de date limite de consommation. De nos jours nous sommes totalement soumis au «tout neuf ». Ce ne sont plus des garanties de réparation que l’on prend mais des garanties où l’on peut échanger un appareil légèrement défectueux par un appareil neuf. On ne répare plus on échange à neuf. Il s’agit d’une mentalité, de moeurs, qui ne laissent pas la place à l’usure et aux défauts. Pourquoi mettre tout cela en lumière ? Il en va malheureusement de même pour la
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nourriture qui elle a du mal à se frayer un chemin dans le système de recyclage. La putréfaction, est, il est vrai, une étape de la décomposition odorante et non totalement hygiénique. Elle est considérée comme une source de problèmes qu’il faut traiter loin des villes, parfois brûler ou enterrer, pour que ce problème ne puisse être à la vue de tous. Alors que le traitement de la nourriture pourrait prendre place dans un cycle de tel que le compostage. Le gaspillage est malheureusement trop fortement présent dans la chaine de vente des produits alimentaires. Le gaspillage alimentaire est un problème majeur dans les pays ayant adopté des habitudes de surconsommation. Chaque année 1,3 milliard de tonnes de denrées comestibles sont jetées. Ce gâchis s’opère à toutes les étapes de la chaine alimentaire. Les hypermarchés, jettent des quantités non négligeables de nourriture. Cela représente, si l’on comptabilise les 1072 hypermarchés français, un gaspillage de 850 millions euros par an en France. C’est six fois le budget annuel des Restodu-coeurs, qui sert 100 millions repas par an. Certains vont jusqu’à javelliser leur poubelles de nourriture pour éviter aux glaneurs de se servir et de se retourner contre eux en cas d’intoxication alimentaire.(1) En Belgique, quelques villes ont décidé d’agir au niveau des industries agro-alimentaires en les forçant à donner aux associations de redistribution alimentaire. C’est dans la ville de Herstal que le
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« Global Gâchis », un film d’Olivier Lemaire, Maha Kharrat et Tristram, 2012. (2)
Article Conso Globe, «La Belgique interdit le gaspillage alimentaire dans les supermarchés», 08/2013. http://www.consoglobe.com
COMPOSTER POUR CULTIVER
maire, Frédéric Daerden, a lancé une initiative pertinente. Les supermarchés de la ville doivent donner leurs invendus aux associations d’aide alimentaire pour que leurs permis d’environnement soit renouvelés. Le permis d’environnement est une exclusivité belge, permettant aux magasins de s’installer dans la ville, c’est l’équivalent d’un permis d’exploitation. Comme la permission est délivrée par l’administration communale (municipalité), quelques unes d’entre elles ont décidé d’y ajouter une clause obligeant les supermarchés à faire don de leurs invendus. Le but étant de limiter le gaspillage alimentaire et de nourrir des personnes dans le besoin.(2) Comment comprendre ce gâchis alimentaire ?
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Image Tirée du documentaire « Global Gâchis », un film d’Olivier Lemaire, Maha Kharrat et Tristram, 2012. Image d’une poubelle de supermaché français après le tri effectué dans les rayons. On y voit des produits parfaitement comsommables, mais non commercialisables.
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La Commission économique de Nations Unies pour l’Europe a défini plus de 50 normes de commercialisation spécifiques s’appliquant aux fruits et légumes frais (elles couvrent notamment les 10 produits relevant des normes de commercialisation de l’UE). Les normes de commercialisation de l’UE portant sur des produits individuels doivent respecter les normes CEE-ONU correspondantes qui sont régulièrement mises à jour. Prenons l’exemple de la norme européenne sur les concombres : Règlement CCE n°1677 88 de la commission du 15 juin 1988. Cette commission a défini la norme, c’est à dire le calibrage des concombres, la taille, le poids, le diamètre, la couleur, en les classant par catégorie de l’extra à la catégorie III. Ainsi il va de soi de comprendre que l’on cherchera toujours à vendre le meilleur, qui est classé principalement sur des critères esthétiques, plutôt que de vendre des légumes difformes. Il en va de même pour tous légumes. (image 1) Haricots jugés trop longs ou pas assez verts, pommes jugées trop petites! Les normes esthétiques requises par la grande distribution pour qu’un fruit ou un légume soit considéré comme un produit de qualité sont impitoyables. Aux Etats-Unis, d’après un récent sondage publié par le Conseil de défense des ressources naturelles (Natural Resources Defense Council), jusqu’à 30% des produits frais sont ainsi recalés. Ce qui ne sont pas jetés sont transformés en jus, ou servent à nourrir le bétail. Ces fruits et légumes sont laissés
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Mémoire Master Architecture
COMPOSTER POUR CULTIVER
pour compte car ils ne répondent pas aux critères esthétiques des supermarchés et des épiceries. En effet, ils doivent respecter des normes de poids, de couleur, de taille. Mais, ces déchets ont un coût !
(image 1)
Image Tirée du site internet de l’entreprise Maf-Roda agrobotic. http://maf-roda.com
Les déchets et la façon dont on les traitent ont un impact majeur dans nos villes, dans nos espaces publics ou privés. Les campagnes de poubelles publiques par exemple sont un sujet de traitement de l’espace urbain autant que le transport, le stockage et le traitement. Les usines sont en périphérie des métropoles, des grands centres de traitements où sont disposés nos déchets pour le traitement. Beaucoup d’acteurs sont impliqués dans ce processus, l’architecte, l’urbaniste et le designer, car ce sont eux qui peuvent donner une conception sensible et spatiale à ces problèmes pour offrir une solution des plus adéquate. Quel sont leurs moyens ? Quelles sont les échelles auxquelles ils peuvent agir et proposer des solutions ?
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Mémoire Master Architecture
LE COMPOSTEUR DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
«Dans Paris, il y a une rue ; dans cette rue, il y a une maison ; dans cette maison, il y a un escalier ; dans cet escalier, il y a une chambre ; dans cette chambre, il y a une table ; sur cette table, il a un tapis ; sur ce tapis, il y a une cage ; dans cette cage, il y a un nid ; dans ce nid, il y a un oeuf ; dans cet oeuf, il y a un oiseau.» George Perec, «Espèces d’espaces», Galilée, 1974
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Mémoire Master Architecture
LE COMPOSTEUR DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
. CONCEVONS À TOUTE ÉCHELLE
P. 75
. LE COMPOSTEUR DANS SON HABITAT
P. 76
. LE COMPOSTEUR EN PIED D’IMMEUBLE
P. 84
. LE COMPOSTEUR DANS L’ESPACE PUBLIC
P. 91
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LE COMPOSTEUR DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
. CONCEVONS À TOUTE ÉCHELLE
Il s’agit d’analyser les problématiques liées au traitement des déchets organiques et à l’utilisation de la technique de compostage, comme possible solution à ce problème. Pour cela il faut travailler à différentes échelles. Nous concentrerons notre étude, nos recherches et projections dans trois domaines complémentaires qui sont l’urbanisme, l’architecture et le design. En effet après observation l’on peut constater qu’il existe différentes échelles d’intervention pour le compostage, qui ne répondent pas toutes aux même besoins, aux même usages et n’ont pas le même rendement, ni le même impact dans l’espace. De plus en plus d’initiatives se développent actuellement autour de projets participatifs, d’éco-quartiers, de potagers urbains etc. On peut voir que ces initiatives viennent de tous les horizons. Pour faire face principalement à une situation de crise économique et sociale, certains décident de se regrouper pour agir avec force à travers des projets collaboratifs. D’autres décident d’agir dans leur coin pour résoudre à leur façon leurs problèmes. Concentrons nous dans un premier temps sur l’échelle de l’habitat. Et plus précisément l’objet composteur. De tout temps le compostage ne représentait qu’un tas de feuilles et autres détritus au fond du jardin. En effet c’était la façon la plus simple de regrouper les déchets de jardinage et de ménage pour qu’ils puissent se décomposer et se transformer. A même le sol il y avait un échange direct entre le tas de compost et les organismes de la terre. Pas besoin de rajouter des vers, ils venaient directement de la terre du jardin. Mais désormais il n’est pas donné à tout le monde d’avoir un jardin assez grand pour éloigner les tas de compost des maisons et ainsi ne pas subir les désagréments liés
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à la décomposition de la matière. Ainsi on a commencé à fabriquer des boites à compost, permettant de réduire ces nuisances et par la même occasion de protéger les organismes qui s’y trouvent. Ces composteurs sont en plastique ou en bois, de grosses, de petites tailles, que ce soit chez «Truffaut» ou chez «Leroy Merlin», tout est possible et disponible pour faire son compost dans son jardin. L’on peut même trouver des vers, des lombrics en vente pour les intégrer aux matières en décomposition. Seulement la pratique du compostage, est plus que problématique dans le cas de la ville,et de la résidence en hauteur. Si nous prenons le cas de Paris, on peut compter sur les doigts de la main le nombre de parisiens possédant un jardin ou une loggia ? Et dans ce lot combien prétendent faire du compost ? Concentrons nous alors sur le contexte que nous pourrions penser le plus inapproprié pour réaliser le compostage.
(image 1)
Composteur de cuisine de chez «truffaut» http://www.truffaut.com (1)
Brevet n°W020121156868A1 «Composteur à Fixation verticale» 22 novembre 2012, Xavier Riffet.
. LE COMPOSTEUR DANS SON HABITAT (image 2)
Prenons le cas par exemple d’un appartement parisien en étage sans balcon. Pourrions nous imaginer dans notre appartement un composteur. Cela veut-il dire qu’il faudrait que nous ayons une boite dans notre cuisine, dans notre salon ? Pourrions nous imaginer faire la cuisine ou regarder un film avec à côté de soi une boite pleine de nos
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image du brevet
Interview de Xavier Riffet, réalisée au Jardin des Plantes, 17 décembre 2014
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aliments en décomposition. Avec des moucherons qui volent autour, des vers qui y vivent et des bactéries qui prolifèrent. Cela implique que la gène occasionnée par un composteur est suffisamment grande pour qu’il représente un objet difficile à intégrer dans notre habitat. Seulement cela n’empêche pas d’en proposer un accroché à notre fenêtre. Il existe dans le commerce des composteurs de ville(image 1). Des petites boites en plastiques qui peuvent être posées sur un balcon, mais pour le moment, aucun modèle commercialisé n’a vu le jour pour un composteur accroché à une rambarde. Dans le cadre d’un échange universitaire à l’ENSCI j’ai eu l’occasion de travailler pour un représentant du «Jardin des Plantes», Mr Xavier Riffet qui venait de déposer le brevet d’un prototype de composteur de balcon à accrocher sur une rambarde. Il s’agit d’un composteur pour appartement qui évite la présence de mouches dans l’appartement, minimise le problème de l’encombrement et peut être adapté à la plupart des appartements en ville possédant des garde-corps aux fenêtres ou aux balcons. A cette fin, l’invention de Mr Rifflet propose un composteur de déchets organiques composé d’un bac réservoir et d’au moins un bac de compostage positionnable au dessus du bac réservoir. Le bac réservoir comporte un fond rigide muni, sur une face extérieure dudit fond, d’une gorge sensiblement verticale par rapport à la position d’utilisation apte à recevoir une partie d’un garde-corps pour engager le composteur sur le garde-corps. (1) (image 2)
Quels sont les intentions de votre projet de composteur ?
(2)
«Le projet est né, parce que tout d’abord je suis un utilisateur, je trouvais que j’avais beaucoup de déchet pour ma poubelle, c’est un peu par fainéantise, j’avais beaucoup de poubelle à jeter alors que j’avais tout un tas de déchets que je pouvais recycler, que je pouvais transformer en terreau, c’est plus facile de descendre une petit sac de terreau que de descendre des dizaines de sac de papier de déchets divers carton, légumes…Donc ça encombrait ma poubelle. J’ai alors commencé à chercher s’il existait des modèles de composteur que je pouvais utiliser à l’extérieur, je n’avais pas l’intention de mettre un réservoir de vers de terre et de moucherons dans ma cuisine même si je suis jardinier j’aime que ma cuisine reste propre.
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En cherchant je n’avais pas trouvé de composteur que l’on pouvais mettre autrement que posé sur le sol et à l’époque j’habitais dans un appartement qui ne possédait pas de balcon donc je n’avais pas la possibilité de poser un composteur. Je me suis dit qu’il fallait que je construise un composteur que l’on pouvait directement accrocher sur le balcon, après quelques tests nous sommes en phase de terminer un prototype. L’intérêt c’est de se retrouver avec un compost produit à domicile. Mais après qu’est ce qu’on en fait, on peut le remettre dans ses jardinières pour ces plantes d’appartement. Si l’on est dans un logement collectif on peut très bien imaginer le déposer au jardin pour avoir un lieu d’entrepôt de compost dans les résidences ou au sein d’une rue ou au sein d’un quartier. Ça c’est un travail à faire avec la commune pour savoir si on peut avoir a disposition des bacs pour récupérer du compost. Les uns s’en débarrasseraient les autres viendraient les chercher pour alimenter leur jardins. On ne peut pas tout recycler évidemment on peut recycler principalement des déchets ménagers, des légumes, des boites à oeufs, des œufs, du cartons des mouchoirs en papier. Enfin d’un point de vue économique la commune s’y retrouve car on a tout même un bon volume.(…) ça reste toujours en lien avec les plantes c’est pour cela que le composteur que j’avais conçu ne pouvait pas se détaché de l’habillage d’une jardinière. J’ai du mal a concevoir un composteur posé tel quel sur un balcon, une boite simplement ce serait certainement laid, alors vu de l’extérieur nous avons une jardinière et de l’intérieur un composteur. On peut alors allier
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Notice de description du projet de Léa Goffinet et de Luc Pigeon : «Tricyclette»
(images)
Images tirées de la planche du projet de présentation dude Léa Goffinet et de Luc Pigeon : «Tricyclette».
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les deux le composteur alimente la ou les jardinières de la maison, les plantes d’appartement. Utiliser le jus qui est issu du compostage pour s’en servir d’engrais pour les plantes. Car c’est un concentré d’éléments nutritifs.» A l’heure actuelle ce projet est toujours en cours d’étude dans l’optique de trouver sa place dans la distribution. Je citerai deux autres projets ayant amorcé une réflexion sur des composteurs adaptables en appartement métropolitain. Le projet de Léa Goffinet et de Luc Pigeon, «Tricyclette», développé dans le cadre du concours Design Durable de 2013. C’est un objet qui permet de recycler les déchets organiques vivants selon la technique du compostage pour faire pousser des plantes aromatiques avec un système de récupération et de stockage d’eau. Pour la fabrication, deux matériaux sont utilisés : l’aluminium recyclé et le PET recyclé. Notice (1) :
Comment créer un objet tourné vers l’« éco-conception»? Selon nous, un tel objet doit être irréprochable du point de vue de l’utilisation des matériaux mais surtout dans les usages qu’il crée. Il doit répondre à de véritables enjeux de société, ou à des changements de comportement afin de s’orienter durablement vers un monde plus responsable écologiquement. Si ces deux contraintes sont réunies, l’objet peut ainsi trouver un réel ancrage dans son époque. Nous avons développé trois axes qui répondent à trois problématiques actuelles de la société urbaine. Le premier est la question du recyclage des déchets organiques, qui n’est pas pris en compte en ville aujourd’hui. Le deuxième celui de l’agriculture/nourriture urbaine, de pouvoir cultiver ces propres plantes aromatiques ou ses légumes. Le dernier point que nous avons voulu développer est celui du partage, de la possibilité de se rencontrer et d’échanger par le biais de ses légumes ou de ses plantes, pour aller vers une vie/ville plus conviviale.
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Le projet Recycle s’appuie sur le cycle naturel des plantes. Dimensionné pour un foyer allant jusqu’à 5 personnes, il permet de traiter les déchets organiques suivant la technique du lombricompostage. Cela réduit considérablement le volume de déchets en les transformant en compost fertile pour les plantes. Ensuite le compost pourra être utilisé dans des pots de taille standard, afin d’y faire pousser des plantes aromatiques ou de petits légumes. Pour s’adapter aux nouveaux modes de vie, un système de récupération et de stockage d’eau ( 11 litres) permettra une autonomie d’arrosage de plusieurs jours. De plus, Recycle intègre des rangements pour le matériel de jardinage conférant au projet une indépendance fonctionnelle. Imaginé pour être installé dans une cuisine ou sur un balcon, l’objet se développe en hauteur, réduisant au maximum son encombrement tout en permettant aux plantes une exposition optimale. Le projet utilise des matériaux recyclés issus d’emballages de boissons. L’aluminium recyclé (canettes) est utilisé pour rigidifier et solidifier l’ensemble de l’objet. Il se présente sous forme d’une plaque très fine qui vient se plier pour accueillir différents usages, telle une colonne vertébrale. Il sert ainsi de structure, permet la stabilité et protège des intempéries. Utile et élégant, le métal confère au projet toute son identité. Le deuxième matériau est le plastique recyclé ( bouteilles de boissons en PET), matériau polyvalent, il permet l’étanchéité pour les parties en contact avec le compost et la solidité au niveau des zones de rangement. Le plastique et aluminium sont utilisés pour des fonctions distinctes, ce qui physiquement permet un démontage et un tri facile, toujours dans l’optique d’un recyclage futur.
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Mémoire Master Architecture
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Notice de description du projet des designers Barreau et Charbonnet : «Volet végétal». (Images)
image tirée du site http://www.barreaucharbonnet.com
LE COMPOSTEUR DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
Le projet des designers Barreau et Charbonnet : «Volet végétal» Notice (1) :
«Volet végétal» est une réponse aux besoins croissants du contact des usagers avec le végétal plus particulièrement dans un contexte de ville dense. Ce produit revisite le jardin suspendu en multipliant la surface végétale à sa fenêtre. D’autre part, il peut s’inscrire dans une logique de mobilier d’intérieur, comme une surface végétale fixée à un mur dans un logement. Notre volonté a été d’apporter une solution astucieuse au manque de place pour le jardin en développant une petite nature qui se déploie à l’horizontal. La manipulation simple du ‘’Volet végétal’’ permet également de le relever à la verticale et ainsi d’apporter un filtre à la lumière extérieure dans le logement. Nous avons fabriqué un prototype qui est depuis quelques mois à l’essai dans un logement. Le projet est en cours de développement pour une commercialisation future. Pourquoi s’intéresser à l’échelle de l’habitat ? Sans doute parce que c’est la façon la plus directe de sensibiliser le public. On se situe à la source de notre production de déchets, nous en tant qu’habitant, en tant que citadin. Ce que l’on doit comprendre dans un projet d’objet composteur de ville, c’est que l’implication de l’utilisateur est totale. Il achète, il consomme et ensuite, au lieu de jeter il a la possibilité de pouvoir transformer directement ses déchets pour son propre usage. Le cycle de consommation, traitement des déchets et l’utilisation de cette matière transformée pour ensuite produire et enfin consommer est contenu dans une zone très réduite. Tout est réalisé et généré au sein du même foyer. Certaines municipalités, tel que celle de Lorient ou de Achères, mettent à disposition des sacs de compostage biodégradable qui permettent de collecter les déchets organiques et de les composter tels que les sacs sont vendus en Mairie et sont à déposer en bas de chez soi lors des jours de collecte. De même les Mairies mettent à disposition des composteurs gratuits pour «détourner de la poubelle d’ordures ménagères vos bio-déchets (cuisine et jardin)». De même SMICOTOM, (Syndicat Mixte de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères) met à la disposition des résidents du territoire du syndicat des «bioseaux» et des sacs compostables, à retirer gratuitement en Mairie. Seulement cela implique
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d’avoir un bac réservé aux bio-déchets et ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Ceci est dû en grande partie au manque de place dans les locaux de poubelles des immeubles qui ne permettent pas d’accueillir quatre poubelles de tri. Parfois il n’y a de la place que pour une. Pour pousser l’expérience plus loin et mettre en application ce que j’avais appris et développé lors du projet de composteur de l’ENSCI, j’ai installé sur mon balcon d’appartement parisien, un prototype de composteur. Description du projet : (1)
«Ce projet se développe selon trois axes. Le premier partis tourne le composteur vers une mise en commun des boites à compost de manière latérale, permettant ainsi un usage plus aisé. En effet chaque boite peut être indépendamment tirée et utilisée. On peut en prendre une pour l’utiliser dans sa cuisine lors de la préparation de plats et ensuite la vider dans un pot lorsqu’elle à l’état de compost. Les boites sont perforée des deux côtés latéraux pour permettre la migration des vers, et l’aération de la matière en transformation. Le composteur est une entité indépendante que l’on peut poser à l’extérieur sur son balcon ou l’accrocher à sa rambarde.» Les débuts étaient portés par une motivation profonde, je me trouvais étonné de la quantité de déchets organiques que nous pouvions produire en une seule semaine. Le petit composteur que j’avais conçu ne suffisait pas à tout contenir. Nous jetions les épluchures, les restes de légumes et de fruits,
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(1)
Notice de description du projet de Octave Giaume : «Composteur pour balcon» ci-dessous images Octave Giaume. Février 2014
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les emballages carton et autres matières compostables, réduisant considérablement le volume de déchet dans notre poubelle au point de réduire la fréquence à laquelle nous descendions la poubelle. Plus étonnant, du fait de cette expérience nous commencions à changer nos habitudes alimentaires et ainsi nous consommions plus de fruits et de légumes qu’avant. Joignant l’utile à l’agréable. Fort de cette expérience j’ai pu identifier plusieurs limites qui n’ont pas permis d’obtenir un cycle de compost intéressant. Le premier obstacle auquelle nous nous sommes confronté consistait dans le rapport entre production de déchets et temps de transformation des déchets en matière fertile. Si nous produisons trop de déchets organiques, le volume peut s’avérer rapidement trop important pour qu’il soit traité par une seule famille. Il fallait alors un contenant plus volumineux, et cela impliquait nécessairement d’avoir plus de place sur le balcon. La deuxième barrière était la configuration de l’appartement (image1). En effet, il nous fallait à chaque usage traverser l’appartement pour aller jusqu’au composteur, le remplir puis le ramener. Ainsi nous traversions les chambres avec un bac de matière en décomposition produisant un jus très odorant gênant. Cette problématique spatiale, était due au fait que nous n’avions pas de rambarde à la fenêtre de la cuisine qui donnait sur une cour, j’avais installé le composteur en façade sur rue à l’autre bout de l’appartement. La dernière venait simplement du fait que je n’avais pas de plantes pour les alimenter de mon compost. Cela ne me donnait alors pas la possibilité de pouvoir continuer le cycle traitement des déchets et culture.
(image1)
Plan de l’appartement du 70 rue Claude Bernard 75005 Paris. Le tracé rouge réprésente la trajet a parcourir entre la cuisine (en bas a gauche) zone de production des déchets et le balcon (en haut) emplacement du composteur.
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(1)
Que pourrions nous alors proposer pour palier à cette problématique ? Au delà d’une consommation responsable et mesurée de nourriture et du type de nourriture, ne serait-il pas préférable d’agir à une échelle plus importante que celle de l’habitat et s’imaginer que nous pourrions de ce fait composter en collectivité au sein d’un même immeuble ?
Interview de Michel Madina, Jean-lou Bonnel et Roger Jaccard, réalisée le 29 mars 2014
. LE COMPOSTEUR EN PIED D’IMMEUBLE
Imaginons un instant que nous fassions au sein de notre logement le tri-sélectif avec une poubelle spéciale pour les déchets organiques, qui servirait à remplir un composteur collectif. La quantité de déchets produits pourrait alors être contenue dans un composteur de gros volume que l’on trouverait dans les parties communes du jardin, ou de la courettes. Ce processus a déjà été mis en place dans certaines résidences de logements sociaux. Pourquoi prendre le logement social comme exemple ? Le logement social est une initiative publique au service des personnes à faibles revenus, il est représentatif des préoccupations et des moyens mis en oeuvre pour offrir les meilleures conditions de vie à ces personnes. Quelles sont les préoccupations des concepteurs, des gérants et des habitants de ces logements ? Les notions d’écologie, de développement durable, de tri sélectif leurs sont elles familières ? Pour répondre à ces questions je prends comme
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(image1)
Image de la résidence Vergniaud extraite de google earth.
(image2)
Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Michel Madina, Jean-lou Bonnel et Roger Jaccard, réalisée le 29 mars 2014. En premier plan les blettes du potager.
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exemple l’étude une résidence de logements sociaux du 13eme arrondissement de Paris: la résidence Vergniaud au, 13 de la rue Vergniaud. (image1) Vergniaud est une résidence de logements sociaux comme il en existe beaucoup. Conçue dans les années 70, la résidence propose tout de même une mixité entre des appartemetns HLM (Habitation a Loyer Modéré) et des appartements ILM (Immeuble au Loyer Moyen) ainsi que des ateliers d’artistes. Dans ces années là rien n’avait été conçu dans l’optique de prévoir de la petite agriculture et du compostage. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les immeubles implantés en limite de parcelle créent en leur centre un jardin d’environ 1 hectare aménagé et entretenu par les associations de la résidence. On y trouve de nombreux arbres, des parterres de fleurs et un potager. Dans le cadre de cette étude j’ai interviewé, Michel Madina, président de l’association des locataires des logements ILM de la résidence (ADL 67), j’ai aussi rencontré Roger Jaccard jardinier en chef de la résidence et Jean-Lou Bonnel, résident.(1) Les ILM représentent environ 600 personnes, pour 135 logements. 50% sont adhérents à l’association. Cette association communique par le biais d’un blog en ligne, toutes actualités et événements sont ainsi disponibles pour tous les résidents. Le jardin potager a été créé, il y a quelques années, à l’initiative des parents de la résidence pour permettre d’éduquer les enfants à l’agriculture. «Voir pousser les légumes», un jardin pédagogique. Après un manque de constance d’entretien, un locataire a proposé de prendre en charge le jardin. Il en est devenu le jardinier en chef. Sur les 65 logements adhérents à l’association seulement 4 ou 5 personnes s’investissent réellement dans les travaux du potager. «Les autres en profitent». Ce jardin est désormais un potager d’agrément. Composé de deux parcelles de 100m2 et 40m2 (image2), il représente 10% du jardin. Il sert de villégiature et de loisir aux personnes qui ont le temps et l’énergie pour cultiver. Aucune politique de productivité n’a été mise en place. Plusieurs fois dans l’année une distribution des récoltes, est organisée avec à la clef, tomates, blettes, citrouilles, patates et plantes aromatiques. Sans prétention de vouloir nourrir toute la résidence, le partage est à leurs yeux essentiel, il n’est pas question de rester en petit comité.
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Intéressons nous plus précisément au cas du compostage intégré au sein de cette résidence. «Oui
la résidence possède un composteur de jardin»
(1)
Propos de Michel Madina, Jean-lou Bonnel et Roger Jaccard, réalisée le 29 mars 2014.
(1)
. Les déchets verts sont issus des travaux de jardin, qu’il s’agisse de l’entretien des plantes ou du potager. Le composteur est installé dans la partie jardin des HLM. C’est un tas de feuilles directement en contact avec le sol du jardin. Cependant il est entouré de hautes barrières de deux mètres afin de mettre hors de vue toute matière en décomposition. Cependant le composteur de la résidence a du mal à fonctionner. D’une part, certains résidents n’en ont pas connaissance et jettent leur déchets organiques ménagers dans les poubelles communes. D’autre part, s’ils en ont connaissance ils ne savent pas comment l’utiliser. Il est vrai que l’aspect ne communique pas sur son utilité. Pas d’affichage, pas d’information. Il se distingue par des barrières protégeant les résidents de la décomposition des déchets organiques. (image1)
« Alors de temps à autre on trouve des cuvettes de toilettes, de canettes et des bouteilles de verre. Rien qui ne permette un réel développement du cycle traitement des déchets (compostage) et culture». (1) Cela peut s’expliquer par manque de formation et d’information au sein de la résidence. Bien que le compostage paraisse simple à mettre en place, il est beaucoup plus difficile de transmettre des nouvelles habitudes, de nouveaux gestes quotidiens aux résidents. Dans une résidence de cette taille c’est quasiment le travail d’une personne à plein temps qui est nécessaire pour installer un tel cycle. Mais ce n’est pas le seul problème. La question de l’accessibilité des «infrastructures» et leur place dans ce complexe de bâtiments est également
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(image1)
Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Michel Madina, réalisée le 29 mars 2014. En Couleur le Composteur. (2)
Article Paris Habitat, «Promotion du compostage en habitat collectif à Paris (12ème) : une initiative de Paris Habitat-OPH et de l’ASSO 107, en partenariat avec Beauvais Diffusion.» Levallois, le lundi 12 avril 2010 http://www.parishabitatoph.fr
(image2)
Image de la résidence du 107 rue de Reuilly, extraite de google earth.
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posée. En effet, que ce soit le potager ou le composteur de la résidence Vergniaud, ces éléments sont arrivés bien après construction et ont ainsi dû s’intégrer à l’architecture existante et trouver leur place respective. C’est un équilibre stable qui doit s’établir entre infrastructures compréhensibles et facilité d’utilisation d’une part. Et d’autre part, des usagers conscients et impliqués dans cette tache. On observe que lorsque l’infrastructure est faible, c’est la motivation d’un passionné qui va faire vivre le système. En revanche il faut un système efficace et pratique pour que des non initiés puissent l’appliquer. A la résidence Vergniaud cet équilibre est fragile. Le jardin et son potager ne vivent que par l’enthousiasme et le dévouement des quelques résidents du groupement de ILM. «On ne peut pas en vouloir aux résidents des HLM qui ont d’autres priorités et d’autres préoccupations». (1) Il leur faudrait un coup de pouce de la Mairie ou de Paris Habitat pour pouvoir mettre un place un système de compostage et d’agriculture plus performant et plus efficace. Comme ce que Paris Habitat a fait par exemple dans une autre résidence dans le 12ème pour les habitants du 107 rue de Reuilly (image2), une résidence de 600 logements, qui ont lancé dès juin 2008 une opération de compostage collectif en pied d’immeuble. Soutenue par la Mairie du 12ème, l’ADEME et la Région Ile-de-France, cette initiative bailleur/locataires repose sur une convention de partenariat avec l’association des résidents du 107 chargée de veiller au bon déroulement du système et d’assurer la mobilisation des habitants au quotidien. « Le compostage collectif dans les
immeubles permet de réduire le volume de déchets envoyés en incinération, de produire un amendement naturel pour les jardins, mais également de contribuer à un plus grand respect du cadre de vie et de créer des liens entre habitants », explique Adèle Dubrulle, chargée de mission développement durable au sein de Paris HabitatOPH. Un travail de sensibilisation qui repose sur l’implication de chacun. Beauvais Diffusion, filiale de Plastic Omnium Environnement, a été retenue par Paris Habitat OPH pour la mise en place de 4 composteurs en bois de 600 litres sur un espace vert de 260 m2, et l’accompagnement pédagogique auprès de 60 foyers participants. Les locataires ont reçu un guide d’utilisation, la clé du jardin et un bio seau dans lequel ils stockent leurs déchets organiques chez eux avant de les déposer dans le composteur.(2)
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« Au-delà de la fourniture et l’installation des composteurs, l’élément moteur qui nous a poussés à inaugurer la Place du Compostage collectif réside dans la création d’une aire dédiée au compostage domestique. Cette aire a pour objectif de donner envie aux résidents de s’y rendre pour déposer – et non pas juste «jeter» – leurs déchets organiques régulièrement », explique Catherine Gelineau, Chef de marché Beauvais Diffusion. « Autour de cette aire, Beauvais Diffusion a également créé un espace de communication: des panneaux d’affichage rappellent ainsi les principes de base du processus de compostage et les bons gestes à adopter pour valoriser ses déchets. » (1) Au-delà de la mise en place de cette aire de compostage, l’amélioration du tri sélectif en habitat vertical passe par l’implication des locataires, et donc nécessite un travail de sensibilisation qui repose sur la formation et l’information. L’association des résidents du 107 a chargé un de ses adhérents, Jean-Jacques Fasquel, de suivre une formation de maître composteur pour assurer un suivi technique du compostage et transmettre durablement ce savoir faire, afin d’inciter les particuliers à acquérir une autonomie dans leur démarche.
« Nous avons dans un premier temps organisé et financé une formation de deux heures pour les locataires participants lors du lancement de l’opération, puis effectué un point trois mois plus tard pour ajuster la pratique et recueillir les premières impressions.Aujourd’hui, le retour des habitants est positif. Nous avons doublé le nombre de locataires adhérents à la Charte du compostage,
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(1) - (2)
Article Paris Habitat, «Promotion du compostage en habitat collectif à Paris (12ème) : une initiative de Paris Habitat-OPH et de l’ASSO 107, en partenariat avec Beauvais Diffusion.» Levallois, le lundi 12 avril 2010 http://www.parishabitatoph.fr (3)
Interview de Benoit Wulveryck, réalisée le 28 décembre 2014
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le système fonctionne bien et a abouti à la création d’un jardin partagé. Fort de ce succès, les parcelles se multiplient. Par ailleurs, les liens sociaux qui se créent sont très appréciés par les habitants. Cette opération fait des émules : d’autres sites Paris Habitat-OPH dans le 14ème et 15ème arrondissement ont depuis lancé leur propre système de compostage collectif. » (2) Il apparait après ces interviews que la gestion d’un potager et d’un composteur demande beaucoup d’attention, de soin et de temps. Il est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir le loisir de passer du temps dans un potager. Mais est-ce une question de priorité ou une question de moeurs ? Est-ce une question de flexibilité architecturale aussi ? Chacun d’entre nous a sa propre manière de fixer ses priorités, ce n’est pas un automatisme pour tout le monde de rentrer chez soi le soir et de se consacrer à son jardin ou son composteur. C’est en effet une question d’éducation, de connaissance et de disponibilité qu’il faut avoir pour lancer une initiative telle que celle-ci. Comment développer le système pour ne pas en rester une initiative individuelle isolée ? Si je composte dans mon coin comment inciter les voisins de mon immeuble à faire de même ? Benoit Wulveryck est membre de l’école du compost de Colombes dans le département des Hauts-de-Seine, j’ai été amené à le rencontrer lors d’une interview sur le projet «R-urban, city farm» dont je parlerai un peu plus tard. Benoit est à l’initiative de la création d’un système de compostage dans son immeuble de Colombe. Il a ainsi mis en place un composteur de pied d’immeuble, par une opération tri-partite entre, la Mairie, le bailleur de l’immeuble et les résidents. La Mairie a fourni le matériel nécessaire pour le compostage et le bailleur s’est acquitté des travaux nécessaires. Trois, quatre ans après l’installation, une vingtaine d’habitants s’en servent. Ils utilisent le compost produit à la fois pour le parterre planté de la cour, mais aussi pour leur usage personnel. Dans ce cas l’architecture a joué un rôle non négligeable. En effet la rénovation du bâtiment a permis de bénéficier de coursives qui servent désormais d’accès principal, mais surtout offrent une terrasse extérieure. Ceci fait, les habitants n’ont pas hésité à l’investir et planter avec brio leur coursives.(3)
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A l’inverse, l’architecture d’un lieu peut être beaucoup plus contraignante. Par exemple, une voisine ayant entendu parler de mon composteur de balcon m’a aussi tôt demandé de le voir et de lui faire profiter du compost une fois prêt. J’aurais pu très simplement amorcé un principe d’échange, entre des déchets organiques qu’elle aurait produits et un sac de compost à lui donner. On aurait pu voir plus loin et imaginer installer un composteur de plus gros volume dans la cour de l’immeuble pour regrouper tous les déchets organiques des habitants et ainsi composter au niveau de l’immeuble. Seulement je n’ai pas pris le temps de le faire, occupé par d’autres priorités. Pas uniquement par manques de temps mais aussi pour des raisons pratiques. En effet l’architecture de cet immeuble du 19éme se prête très peu au tri sélectif. Sortir les poubelles tous les jours est un chemin de croix pour la gardienne. L’arrière cour, se trouvant plus d’un mètre en dessous de la rue, elle doit la faire monter de plusieurs marches, puis après avoir traversé le hall, la descendre de plusieurs marches encore pour arriver au niveau de la rue. Impensable donc d’imaginer qu’elle ait tous les jours de la semaine un supplément de travail pour les déchets organiques en vue d’un compostage collectif. S’il s’agissait d’un compostage à usage des locataires, cela impliquerait des travaux de réaménagement de la cour pour la rendre plus accéssible et trouver de la place pour un composteur collectif.(1) L’immeuble du 70 rue Claude Bernard n’est pas le seul dans cette situation. Il faudrait intervenir au cas par cas sur chacun des immeubles et penser l’espace et l’usage du composteur, et nommer un responsable du compostage.
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Mémoire Master Architecture
(1)
Appartement au 70 rue Claude Bernard 75005 Paris. Au 6ème étage. (2)
« Global Gâchis », un film d’Olivier Lemaire, Maha Kharrat et Tristram, 2012.
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Mais dans le cas où un immeuble ou une résidence n’aurait pas de personnes sensibilisées à l’agriculture et au compostage, comment pourrait on implanter un cycle de traitement des déchets et de production maraichère ? La ville de Paris, par l’intermédaire de Paris Habitat s’en occupe elle. En effet il existe des chargés de formation, des «missionnaires», qui sensibilisent les habitants d’un quartier. Ils contribuent à trouver des solutions et à mettre en place des systèmes efficaces de traitement des déchets. Ce processus reste tout de même encore localisé et ponctuel. Il concerne soit des équipements péri-urbain, soit des logements municipaux, soit des copropriétes. Il faudrait généraliser ces initiatives, pour qu’au coeur de Paris l’on puisse avoir la possibilité de trouver un système à l’échelle de l’immeuble de récupération de la matière organique. Il semble que le plus gros du travail consiste à sensibiliser la population à ces problématiques qui ont été trop longtemps ignorées et sont devenues aujourd’hui cruciales. La ville fait évoluer la société vers d’autres activités, d’autres réflexes et d’autres besoins. Ce n’est une priorité urbaine de cultiver.. Agir à une échelle encore plus importante, permettrait de toucher un plus grand nombre de personnes, de trouver une meilleure rentabilité et une plus grande force de développement. . LE COMPOSTEUR DANS L’ESPACE PUBLIC
Si l’on aborde par exemple d’autres secteurs d’activités génératrices de déchets dans la ville. Comme celui de la restauration. C’est le cas de l’entreprise Sogu-Seibu à Tokyo. Installée dans les sous sols des galeries Lafayette, elle sert 3500 employés par jour. Tout au long de l’année les employés sont sensibilisés, par des formations, à la réduction des déchets alimentaires. Ainsi du compost est fabriqué directement sur place, dans une salle au sous-sol. Les déchets des repas servis représentent une centaine de kilos produits par jour. Ils sont ensuite
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transformés en une trentaine de kilos de compost. Des machines sophistiquées reçoivent les déchets et par un mécanisme de broyage, de chauffe et d’aération constant, elles transforment le tout en compost en 24h. Ce compost est ensuite traité, transporté et livré à des producteur sde la région aux frais de l’entreprise dans l’optique de dorer son image de marque. Ainsi dans les allées du supermarché du centre commercial, on peut voir des affiches expliquant ce processus et mettant en valeur le cycle de compostage et de production qui incitent les consommateur à choisir des produits écoresponsables.(2) La collecte des poubelles ne pourrait-elle pas intégrer une collecte exclusive de déchets organiques ? Serait il absurde de parler de compostage industriel ? Cela impliquerait qu’il faille travailler à l’échelle de l’espace public, sur le tissu de la ville pour y intégrer la collecte des déchets dans des contenants séparés. C’est le cas par exemple des «écopoints».(1) (image1) Ces poubelles aux réservoirs enfouis sur l’espace public sont des points de relais du tri-sélectif pour les usines de traitement. Celles-ci se développent de plus en plus au sein des agglomérations françaises, elles permettent la collecte des déchets de verre, de papier, de plastique et parfois même de textiles ou d’huiles. Mais il ne s’agit pas encore de la collecte de matières organiques dans l’optique de compostage. Cela voudrait-il dire qu’il faudrait une poubelle pour
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(1)
Un «écopoints» est un points de récupération, de déchets ménagé et commerciaux, intermédiaire entre la collecte porte à porte et la déchèterie communale centralisée (2) (3)
«Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers paysage est constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n’est pas à ce jour repertoriée comme richesse» «Manifest du tier paysage», édition Sujet Objet, Gilles Clément, 2004
(image1)
Images tirées du site de l’agglomération de l’Albigeois. http://www.grand-albigeois.fr
(image2)
Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014.
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chaque élément, recyclable ? De même faudrait-il que l’on ait chez soi six poubelles de tri à descendre chaque semaine ? Comme en Suisse par exemple, n’est il pas envisageable d’avoir des poubelles publiques dans la rue qui intègrent le tri-sélectif, incluant la séparation des déchets organiques. Le tissus parisien, se prête t’il à une telle collecte ? Comment imaginer dans nos rues six poubelles de tri ? C’est un volume important avec lequel il faut jouer. En effet il n’est pas évident d’intégrer une structure d’environs quatre mètres de long par trois mètres de large pour deux mètres de profondeur, comme les écopoints enterrés exestant dans d’autres agglomérations françaises. A raison d’un écopoint pour un rayon de 30 hectares d’habitation, il en faudrait ainsi environs 300 pour Paris. Dans ce cas là on ne parlerait plus de cycle interne, de cycle local, d’auto-production des citoyens. Il s’agirait d’une petite boucle où traitement et utilisation se concentrent soit au sein même du logement soit au sein d’un immeuble. Il est certes important que le geste du tri-sélectif s’opère et soit désormais bien intégré dans la collecte urbaine collective des déchets, seulement il reste hors du cadre de ce que l’agriculture urbaine a à offrir. Ne faudrait-il pas agir au sein la morphologie même de la ville, utiliser les délaissés urbain(2), les friches(3), et en prendre possession, pour développer des initiatives dans le domaine de l’agriculture, avec la volonté de créer une économie parallèle, un ilot de verdure, une conscientisation de la production de nourriture et de la gestion de ses propres déchets. Pour appuyer ce propos nous pouvons par exemple prendre le projet R-Urban développé par l’agence d’architecture AAA (Agence d’Architecture Autogérée).
(image2)
«R-URBAN propose la création de réseaux locaux et de circuits courts écologiques, économiques, sociaux et culturels en lien avec une série d’activités urbaines (habitat, travail, mobilité, agriculture urbaine) en utilisant des terrains urbains et ruraux de manière réversible. Afin de dépasser les crises actuelles (climatique, ressources, économique et financière, démographique), nous devons, comme dit Andre Gorz, «produire ce que
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nous consommons et consommer ce que nous produisons». Ce rééquilibrage entre production et consommation à travers des circuits courts locaux ne pourra pas se faire sans des changements de modes de vie, d’habitation et de travail et sans l’implication active des citoyens dans ces changements à travers des pratiques collaboratives et des réseaux de solidarité. Des flux, des réseaux et des circuits de production-consommation seront formés à travers ces activités, le plus localement possible et de la manière la plus diversifiée. R-Urban propose des outils et des aménagements pour faciliter cette implication citoyenne en accompagnant notamment des projets émergents à échelle locale et régionale qui s’inscrivent dans cette direction. Une agence R-Urban a été constituée pour piloter la mise en place des premières unités spécifiques à Colombes qui doivent catalyser la formation des circuits courts, réseaux et pratiques autour du recyclage des déchets et de l’éco-construction, de l’agriculture urbaine et de l’habitation coopératif. Plusieurs projets pilotes sont développés actuellement à Colombes, une ville de 80000 habitants dans la banlieue Nord-Ouest de Paris. Dans cette phase d’initiation, le projet propose la création d’un réseau de résilience autour de trois unités prototypes avec des fonctions urbaines complémentaires, en fédérant des projets citoyens émergents et en impliquant activement les habitants de Colombes et des environs : AgroCité (image1) - une unité d’agriculture urbaine civique qui consiste en une micro-ferme expérimentale, des jardins collectifs, des espaces pédagogiques et culturels et des dispositifs de
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Mémoire Master Architecture
(1)
R-URBAN propose la création de réseaux locaux et de circuits courts écologiques, économiques, sociaux et culturels en lien avec une série d’activités urbaines (habitat, travail, mobilité, agriculture urbaine) en utilisant des terrains urbains et ruraux de manière réversible. http://r-urban.net
(image1)
Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014. (image de droite)
Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014
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production énergétique, de compostage et de collecte d’eau pluviale. RecyLab - une unité de recyclage et d’éco-construction constituée autour d’une série d’équipements permettant le recyclage de déchets urbains et leur transformation en sous-ensembles pour l’éco-construction. Dont un composteur. ECoHab – une unité résidentielle, coopérative et écologique constituée par un nombre de logements expérimentaux et d’espaces collectifs en partie auto-construits. Ces trois unités fonctionneront à travers des circuits courts internes et inter-unités et seront reliées progressivement avec d’autres équipements urbains, contribuant à augmenter la capacité de résilience urbaine (autosuffisance, production et recyclage à échelle locale et régionale, etc.).» (1)
Dans le cadre de ce mémoire, j’ai pu rencontrer Benoit Wulveryck et Yvon Pradier,
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maitres composteurs de « l’École du Compost » qui fait désormais partie intégrante du projet R-urban. (1)
(1)
Interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014. (2)
Commentaitres de Benoit Wulveryck
«Le compost, une fois qu’on rentre dedans, ça devient addictif.» me confie Benoit Wulveryck. (2) Au milieu des barres d’immeubles du quartier sensible des Fossés-Jean de la ville de Colombes dans le département des Hauts de Seine, l’école du compost mène des expérimentations et forme des « maîtres composteurs ». Professionnels, ces maîtres-composteurs transmettent leur savoir aux chargés de mission et à des «ambassadeurs du tri», qui iront à leur tour montrer les bons gestes dans les communes, les écoles, les immeubles… Des paysagistes, des artistes, des néophytes de l’agriculture, participent également à cette école du compost. Depuis mars 2014, quarante maîtres composteurs ont été formés à Colombes. Les sessions durent une semaine. Elles sont payantes mais peuvent être financées par des employeurs ou par les droits ou congés individuels à la formation.
«En une semaine nous formons un groupe sous la commande du département de Seine et Marne. Ce sont des formations et des métiers qui existent déjà depuis longtemps au Canada. Cela a transité par la Belgique avant d’arriver en France. Nous sommes un site régional pilote pour l’expérimentation et la promotion du compostage. Ici, on accueille 12 t de déchets par an qui proviennent des jardins de l’Agrocité, de l’Amap, des habitants du quartier, du café et de la Biocop de Bois-Colombes. On les transforme en quatre tonnes de compost.». (3)
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Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014.
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Image, Octave Giaume, Prise lors de l’interview de Benoit Wulveryck et Yvon pradier, réalisée le 28 décembre 2014.
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Maintenant que la machine est en route, le compostage de quartier se fait de lui même, les riverains apportent volontairement leurs déchets. Actuellement il y a un peu moins de 5m3 des matières en transformation, sur les quatre phases de compostage. Cela représente une centaine de familles qui apportent leurs déchets.
«Je ne crois pas qu’il y ait de lieu particulier pour le compostage, ici cela fonctionne bien car il y a une bonne communication. La permanence permet d’avoir toujours quelqu’un sur le site qui peut expliquer au gens le fonctionnement.» Le site de R-urban compte plusieurs types de composteurs en fonctionnement,
Des bacs simples, construits avec des palettes (image1). Ils sont divisés en 5 bacs, accueillant ainsi les différentes phases de la décomposition. C’est une structure qui occupe 1,20 mètres de large sur 5 mètres de long, c’est ici que les habitués, ainsi que les commerçants avoisinants viennent déposer leurs déchets ménagés organiques. La deuxième structure (image2), multi-usages, trouve sa place au fond de la parcelle, à proximité de l’espace de stockage de matériaux. Elle intègre des toilettes sèches et des bacs destinés à la mise en place d’une unité de compostage. Cette petite usine à compost traite, à la fois, les déchets végétaux du jardin et les résidus des toilettes. Tous les matériaux utilisés pour la construction sont issus du réemploi, le bardage est réalisé en vieilles planches de coffrage et la structure provient d’une scierie locale. Pas encore totalement en fonctionnement, cette structure utilisera la méthode dite du vermicompostage et produira ainsi du terreau de qualité mais servira ainsi de chauffage d’appoint pour la future épicerie. Dans la même veine on peut citer l’association «Le sens de l’humus» située en zone péri-urbaine de Paris à Montreuil (image3, page suivante). Cette association existe depuis 2006. Elle est installée dans les Murs à Pêches et est investie dans les questions de préservation de ce site historique, par des pratiques jardinières naturelles et de permaculture. Le Sens de l’Humus prend également à coeur des réflexions sur l’écologie urbaine, le maintien d’une agriculture en ville, la problématique des semences paysannes et des déchets ménagers organiques. L’association œuvre aujourd’hui dans un jardin partagé ouvert et développe un jardin solidaire, accueillant des personnes en difficulté, sur une parcelle de la rue SaintAntoine. Elle propose des formations sur la permaculture, le compost et les semences.
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Elle a mis en place le premier composteur public et collectif de Seine-Saint-Denis, situé place de la République à Montreuil. Financé par la ville, il est à la disposition des habitants résidant autour de la place. Il est géré par l’association «le sens de l’Humus». Le compost mûr est ensuite redistribué aux habitants, au service jardins et nature en ville, aux associations.(1) La ville de Montrueil ne s’est pas arrêtée là. La plupart des 17 jardins partagés répartis dans la ville disposent de leur bac à compost. Certains habitants sont autorisés à apporter leurs déchets dans certaines quantités et selon leur mode de fonctionnement. Ce jardin se veut expérimental et éducatif, d’inspiration permaculturale, où sont évaluées les différentes méthodes de jardinage biologique existantes et les techniques d’amélioration du sol à partir divers amendements. De nombreux ateliers ou formations sont proposées en relation avec les activités du jardin (compost, plantes sauvages, permaculture...).
(1)
Permanence de 11 h à 13 h chaque samedi, place de la république à Montreuil (angle NordEst).
(image3)
Image des «murs à pêche» de Montreuil, extraire de google earth. (2)
Le rhizome peut dans certains cas s’enfoncer profondément dans le sol et se ramifier considérablement et permettre ainsi la multiplication végétative de la plante, qui peut devenir proliférante ou traçante.
(image/ au dessus /de gauche)
Image tirée du site internet de l’association «Le sens de l’humus». https://senshumus.wordpress.com/
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Mémoire Master Architecture
LE COMPOSTEUR DE L’OBJET À L’ARCHITECTURE
Ce projet prend alors l’ampleur d’un projet collectif et participatif, où qui le souhaite peut venir et apporter sa pierre à l’édifice. Surtout ce projet propose une alternative à la population du quartier ou de la ville, qu’elle soit de l’ordre de l’alternative du traitement des déchets ou de la production d’engrais naturel pour la culture en potager. C’est un lieu de détente urbaine, de formation, de production et de transformation, dont la ville et ses habitants ont besoin aujourd’hui. Comme l’explique dans l’entretien Benoit Wulveryck, ces initiatives finissent par développer une politique d’implantation urbaine, en se développant de manière rhizomélique(2). Progresser dans le tissu de la ville en s’accaparant les interstices du tissus urbaines, pour créer un réseau qui agit de l’intérieur. Il ne s’agit pas de faire table rase, mais de construire des éco-quartiers. Changer les choses à partir d’une économie marginale qui se met au service de quartier sociaux difficiles. Là où le besoin est grand.
(image 1)
Image d’une racine de bambou, Tirée de l’article «Hypertexte & Hypermodernité», Luc Dall’Armellina • janvier 2009. http://www.hypertexte.org
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VERS UNE NOUVELLE URBANITÉ
« Dans la nouvelle ville, la qualité du sol devrait largement déterminer la forme fondamentale, et même le style, de chaque occupation dans le bâtiment, les routes et les institutions. Déterminer où le sol disparaît et ou commence le bâtiment devrait requérir l’attention la plus soigneuse.» Franck Lloyd Wright, «L’Avenir de l’architecture», Editions Du Linteau, 2003
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VERS UNE NOUVELLE URBANITÉ
Le compostage est la porte d’entrée dans un cycle complet. Il est complet car il a vocation à s’auto-alimenter. Ce qui est consommé sert à produire et sera consommé par la suite. Il est inconcevable de composter sans cultiver et de cultiver sans composter. Comme nous l’avons vu, l’objet composteur se développe sous différentes formes et à différentes échelles. Nous pourrions tous en avoir un dans notre logement, dans la cour/jardin de notre immeuble ou au coin de notre rue dans un jardin partagé. Toutes les échelles sont propices à la mise en place d’un cycle de traitement des déchets responsable et intelligent au XXIème siècle. Cet objet représente «le chaînon manquant» entre la problématique d’accumulation des déchets et la volonté de se nourrir de manière responsable. Cela implique bien sur un effort de notre part, en tout cas pour les individus qui n’ont aucune connaissance et aucune pratique du compostage. Les moeurs et les priorités dans les villes ne sont plus les mêmes. Mais dans ce monde qui change, il faut que nous évoluions vers des pratiques en adéquation avec la nature. Pour mettre en route ce changement il faut que nous révisions nos habitudes de consommation et d’alimentation. En effet une consommation intelligente nous permettrait de réduire la production de déchets. Acheter des produits de qualité, plus tenaces dans le temps, dans des quantités raisonnables et favoriser des produits issus d’une agriculture biologique locale. Il faudra aussi jeter intelligemment, se soumettre au tri sélectif, au don des objets et appareils qui nous semblent usés et favoriser ainsi les fillières de réemploi, de recyclage et donc aussi de compostage. Il faut que les Fablab, les recycleries et les ressourceries se développent encore et encore à travers le monde et dans les villes.
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Il faut soutenir une politique de formation et de sensibilisation des citoyens à ces nouvelles pratiques. Que ce soit à l’école, à la maison ou au travail, tout le monde doit marcher dans le même sens et agir, chez soi, dans son entreprise ou dans son quartier. Les connaissances et l’engagement que peuvent avoir certains citadins comme Benoit Wulveryck sont cruciales car ce sont eux qui sont les vecteurs d’un mouvement de moins en moins en marge de la société. Il faut développer des systèmes simples, efficaces et accessibles qui permettrai de mettre en place le cycle consommation-production. Car plus ils seront simples et accessibles, plus il sera aisé pour chacun de s’y impliquer. Nous avons tout à gagner à rentrer dans cette boucle. Au delà des liens sociaux que le compostage ou l’agriculture génèrent, il ne faut pas négliger l’importance économique de ce cycle. C’est ce que l’on appelle une économie circulaire. Tel que le décrit Hellen Mac Arthur, « l’économie circulaire vise la production des biens et services tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières ». Compostage et culture prendront forme à travers ces trois échelles, le logement, l’immeuble et la ville, et trouveront la meilleure impulsion de création d’une économie circulaire. Il est nécessaire que cette intervention reste à l’échelle locale, car c’est au coeur du problème que nous devons porter la réponse. Cela transformerait inévitablement le métabolisme de la ville. Les flux de matières comme les déchets organiques seraient désormais traités en interne par les habitants de la ville et profiteraient soit directement à leurs besoins personnels soit à ceux de la communauté. Il ne serait plus question d’externaliser les zones de production et de traitement, mais bien de mettre en place des systèmes à toutes échelles pour gérer la revalorisation des déchets. Nous verrions alors apparaitre chez l’un, un composteur à sa fenêtre, d’autres prendront l’initiative de gérer dans leur immeuble ou leur résidence un composteur collectif qui servirait à la communauté, nous verrions s’installer dans nos quartier des jardins communautaires intégrant des composteurs servant à la culture de fruit et de légumes. Cela impliquerait la multiplication d’infrastructures pouvant accueillir des associations comme « l’école du compost » ou « le sens de l’humus » et faciliterait leur implantation dans les friches, les jardins ou les délaissés, comme sur la petite ceinture autour de Paris par exemple.
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Il faudrait aussi rendre plus accessible des systèmes intelligents d’objet composteur, comme le projet de Xavier Riffet (du composteur de rambarde) ou le projet de Barreau et Charbonnet (le système de volet jardinière). Les développer au niveau le plus haut de la fonctionnalité pour que n’importe qui puisse chez lui composter et cultiver. Nous pourrions de même donner plus de souplesse aux normes architecturales de la ville et des bâtiments actuels, afin de voir se développer des opportunités d’agriculture sur les toits de Paris par exemple, ou bien la multiplication de terrasses ou de balcons, la transformation d’esplanades publiques en jardins potagers. Intervenir sur l’architecture et l’urbain existants, pour les actualiser face aux nouvelles problématiques de la ville et nouvelles problématiques sociales, est un élément essentiel. Il faut également le prendre compte lors de la fabrication de la nouvelle architecture et de la nouvelle ville, qui doivent absolument s’inscrire dans leur temps. Trouver de nouveaux usages et de nouvelles fonctionnalités spatiales, pour que par exemple nous puissions intégrer dans nos logements un espace réservé à la culture de plantes et au compostage. Ou bien le considérer à l’échelle de l’immeuble et prévoir un espace pour un jardin commun qui intégrerait un potager et son composteur. Revenir aux immeubles de cour et penser à intégrer un local de traitement des déchets collectifs. Il faut que l’architecture naissante trouve une morphologie qui permettrait l’intégration de ces petites infrastructures. Il n’est pas question ici d’imposer de nouvelles règlementations ou de nouvelles normes, mais de favoriser ces cycles de compostage et d’agriculture en prévoyant ou en adaptant l’architecture de nos habitations et de nos villes. L’architecte doit être sensible à ces questions car c’est lui qui, au travers de sa connaissance de ces problématiques, peut proposer une structure sensible et juste à «l’habiter», et ainsi avoir le soucis de trouver un usage ouvert à ces nouveaux gestes et pratiques liés à l’alimentation et des déchets. L’architecte étant le lien entre les différents acteurs de la ville qui ont chacun leurs besoins et leurs idéaux, il mettra en corrélation la dynamique de développement de la ville avec une visée durable et responsable. Aujourd’hui il y a une nécessité de mettre en connexion les différentes composantes de la ville, multiplier les interactions pour que les actions prennent de la force. Si nous cultivons de notre côté, uniquement pour nous même, cela n’a pas le même impact urbain et social qu’une action menée par une communauté qui va cultiver
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pour un quartier, faire participer les habitants, proposer des formations, des ateliers pédagogiques, concentrer la collecte de déchets et d’objets qui peuvent servir pour cette même communauté. Pour moi ces questions d’agriculture urbaine et de compostage urbain considérés à ces différentes échelles revêtent aujourd’hui une importance capitale, car elles font partie d’une dynamique de prise de conscience des populations citadines. Il faut que nous retournions vers les fondements qui composent notre nature. Car cela ne pourra que nous permettre d’emprunter de nouvelles voies plus proche d’une symbiose Homme-Nature dont l’époque moderne nous a éloignée. Ce n’est pas de régression dont il est question ici. Il s’agit simplement de faire un pas de côté. Prendre du recul sur les directions qu’emprunte le monde Humain, et désormais marcher au côté de notre planète et non plus à contre courant.
Cette phase de recherche m’a permis cette prise de conscience. C’est la découverte d’initiatives actant pour une transformation de la ville telle qu’on la connait, la rencontre de différents acteurs, le développement de projets de composteurs et de potagers urbains qui ont constitué une étape cruciale dans ma formation d’architecte. Il n’est plus question aujourd’hui d’écarter ces problématiques du processus de conception de la ville et de l’architecture. Ainsi, dans cette lancée, j’ai choisi de donner corps à mes recherches en faisant de l’agriculture urbaine et du compostage urbain un point d’orgue de mon projet de fin d’étude à l’École Nationale d’Architecture de Paris-Belleville.
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BIBLIOGRAPHIE
«Votre chapitre 2 est très important, Marcus. Il doit être incisif, percutant. - Comme quoi, Harry ? - Comme à la boxe. Vous êtes droitier, mains en position de garde c’est toujours votre point gauche mis en avant : le premier direct sonne votre adversaire, suivi d’un puissant enchainement du droit qui l’assomme. C’est ce que devrait être votre chapitre 2 : une droite dans la machoire de vos lecteurs .» Joël Dicker, «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», édition de Fallois eds,2012
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BIBLIOGRAPHIE
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BIBLIOGRAPHIE
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Documentaires / Films : Richard Fleischer (réalisateur), «soleil vert», 1973 Marco Ferreri (réalisateur), «La grande bouffe», 1973 Claude Zidi (réalisateur), «L’aile ou la cuisse», 1976 Jorge Furtado (réalisateur), «L’ile aux fleurs», 1989 Coline Serreau (réalisateur), «Solution locale pour un désordre global», 2010 Florent Tillon (réalisateur), «Detroit wild city», 2011 M. M. Robin (réalisateur), «Les moissons du futur», 2012 Olivier Lemaire, Maha Kharrat et Tristram (réalisateurs), « Global Gâchis », 2012
Conférences : Agriculture Urbaine, Bellastock, 2013
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BIBLIOGRAPHIE
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« Bouleverser, c’est un grand mot ! Mais je pense qu’il y a d’autres personnes comme moi qui ont envie de participer à réduire leurs déchets, de les transformer, c’est à dire trouver un nouvel usage, mais qui n’ont pas du tout envie de se retrouver avec un composteur au milieu de leur cuisine avec des moucherons à chaque fois qu’on ouvre le couvercle et des odeurs éventuelles » Interview de Xavier Riffet, réalisée le 17 décembre 2014 au Jardin des Plantes
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Interview de Xavier Riffet, réalisée le 17 décembre 2014 au Jardin des Plantes à Paris : Xavier Riffet est le directeur adjoint du Jardin des Plantes et inventeur du composteur de balcon en cours de développement. Pourriez vous revenir sur les intentions et les initiatives que vous aviez pour le développement d’un projet de composteur ? Ce projet est né simplement en observant ma vie quotidienne d’utilisateur, je trouvais que j’avais beaucoup de déchets à mettre à la poubelle, un peu par fainéantise aussi ! J’avais une certaine quantité de poubelles à jeter et à descendre et j’ai réalisé que je pouvais en recycler une bonne partie et le transformer en terreau. C’est plus simple de descendre un petit sac de terreau que de transporter tous les sacs poubelles papiers, déchets divers, cartons, légumes et autres. Donc ça n’encombre pas la poubelle, c’était plutôt dans ce sens là au départ. Puis j’ai commencé à chercher s’il existait des composteurs que je puisse mettre à l’extérieur. Je n’avais pas vraiment l’intention d’avoir un réservoir de vers de terre avec des moucherons dans la cuisine, même si je suis jardinier, j’aime que ma cuisine reste propre et reste une cuisine. En cherchant je n’ai pas trouvé de composteur qui puisse se mettre autrement qu’en le posant sur le sol, et à ce moment là, à l’endroit où j’habitais, j’avais juste des fenêtres avec des appuis de fenêtres mais pas de balcon, donc pas la possibilité de poser par terre un composteur comme ceux qui sont vendus. Donc j’ai cherché comment en construire un qui s’adapte directement sur mon balcon. Chose que j’ai ensuite faite et puis on a avancé sur des améliorations possibles et maintenant on est dans la phase où on finit le prototype et ça fonctionne. L’intérêt c’est de se retrouver avec du compost fait maison. Mais qu’est ce qu’on en fait après ? On peut le remettre dans ses jardinières, dans ses plantes d’appartement, si on a un jardin collectif, on peut envisager de le déposer dans le jardin et imaginer avoir des lieux comme ça ou on va déposer son compost au sein d’une résidence, d’une rue ou d’un quartier. C’est peut-être à développer avec la commune, savoir si on pourrait avoir des bacs pour récupérer du compost. Éventuellement les uns s’en débarrasseraient, les autres viendraient en chercher pour alimenter leur jardin. A mon avis c’est assez facile à mettre en place. Après, on ne peut pas tout recycler, on peut recycler principalement des déchets ménagers, des légumes, des boîtes à œufs, des œufs, du carton, des mouchoirs en papier…mais ça fait déjà beaucoup de volume donc économiquement la commune peut s’y retrouver.
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Rappelez moi votre poste actuel. Quelle est votre formation ? Je suis agent directeur en charge du Jardin des Plantes, j’ai une formation de jardinier, je suis entré au muséum en tant que jardinier, donc toujours ce lien avec les plantes même si aujourd’hui j’ai une fonction plus administrative, ça reste toujours lié au jardin et aux plantes. C’est la raison pour laquelle la façon dont j’ai imaginé le composteur ne pouvait pas se dissocier d’un habillage avec une jardinière, j’avais du mal à concevoir un composteur posé comme ça sur la fenêtre, une boîte simplement posée, et vu de l’extérieur ce serait complètement laid. Du coup je me suis dit qu’on pouvait très bien l’associer à une jardinière, ce qui fait que vu de l’extérieur on voit une jardinière et vu de l’intérieur on a le composteur. On peut allier les deux, c’est à dire utiliser le compost pour ses plantes et surtout utiliser le jus qui ressort du compostage comme un engrais pour alimenter la jardinière, les jardinières des autres, ou éventuellement les plantes d’appartement car c’est un concentré d’éléments nutritifs. Ça fait partie de vos mœurs et de votre formation d’avoir cette connaissance du compostage ? Le compostage ça fait partie du travail traditionnel du jardinier. Depuis toujours à la campagne les gens ne s’amusent pas à mettre tous ces déchets en sacs, il n’y a qu’en ville que ça se fait, on ne sait pas comment éliminer les déchets en trop ou les déchets de broyade d’arbustes. A la campagne il n’y a pas ce problème car les gens mettent tous ces déchets sur un tas dans le fond du jardin, un peu à l’abri du soleil, ça se transforme en fumier, on met par dessus le fumier qui vient des animaux (moins maintenant mais ça se fait, les déchets des lapins, des poules), les déchets qui viennent de la cuisine, papiers, journaux…on brulait tout ça et on l’utilisait pour le potager. On ne réinvente rien, c’est vraiment quelque chose de traditionnel, si ce n’est que maintenant le défi c’est de l’adapter à l’habitat urbain, tandis qu’avant c’était lié à la présence de jardins. Aujourd’hui de moins en moins de gens ont des jardins, beaucoup plus des appartements, pas toujours avec des balcons, souvent on a une fenêtre alors qu’est ce qu’on peut faire ? On peut faire son compost et imaginer y mettre une jardinière avec des plantes aromatiques, des petits légumes, on peut exploiter l’espace. C’est dans la conscience d’un jardinier que de savoir recycler les déchets végétaux du jardin. Par rapport au Jardin des Plantes, qui le schéma type d’un jardin parisien, est ce que vous avez un cycle de compostage précis ? Comment ça fonctionne ? Oui et non. En étant un jardin au centre de Paris, on a des contraintes. Il y a une vingtaine d’années, on prenait du fumier de la ménagerie, sur le site du Jardin des
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Plantes, on le mélangeait avec des feuilles qu’on récupérait dans le jardin et on faisait du compost qu’on mettait dans les plates bandes l’hiver. Le problème c’est qu’aujourd’hui on a perdu des espaces autour du jardin, les habitations sont venues dans la limite des murs du Jardin des Plantes et faire du fumier avec du fumier de ménagerie, les gens s’en plaignent. Mais c’est presque normal, ça sent très fort, ce n’est pas comme du fumier de vache, donc on a plus la possibilité de stocker, alors on est obligés d’exporter le fumier. A l’heure actuelle on a encore une toute petite partie dans le jardin écologique qu’on réserve à un tas de compost avec des feuilles qu’on ramasse dans le jardin, des déchets de plantes diverses qui ont été arrachés. On composte et en même temps ça permet de faire des animations pédagogiques avec des classes d’enfants dans le jardin des plantes sur ce qu’est le compostage, on leur fait découvrir ce qu’est la faune du sol et la transformation de matière végétale en compost. On leur fait découvrir le cycle de la vie et de la mort, en leur fait comprendre que les plantes mortes ont autant d’importance que les plantes vivantes puisqu’elles forment le terreau sur lequel vont germer les nouvelles plantes. Et ça, ça concerne seulement les détritus issus de l’élagage et de la tonte? C’est une entreprise extérieure qui s’occupe des élagages des jardins, par contre maintenant on récupère le bois broyé suite à l’élagage, qu’on utilise ensuite dans les massifs. En revanche, on ne peut pas conserver tous les déchets végétaux qu’on a dans le jardin parce que ça formerait un tas de compost énorme et on n’a pas de lieu de stockage. Le problème aujourd’hui c’est l’espace, donc il faut le faire sortir de Paris, c’est ce qu’on fait mais en payant bien sur. Et ces déchets là, ils rentrent dans quel cycle de traitement par la suite ? L’entreprise les transforme normalement en compost par la suite, mais on ne sait pas exactement ce qui rentre dedans, c’est un compost plus ou moins industriel. On mélange des tailles de branches, des tailles de conifères, on mélange avec des déchets végétaux et c’est revendu sous forme de terreau certainement dans les jardineries. Quelle entreprise s’occupe de ça ? Je ne sais plus, ça a beaucoup changé ces derniers temps mais je pourrai essayer de vous trouver le nom de l’entreprise qui s’occupe d’éliminer les déchets, alors ce ne sont pas uniquement les déchets végétaux, ce sont tous les déchets du Jardin, déchets ménagers et
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déchets végétaux, mais c’est trié quand même ! Tout n’est pas mélangé. Sur un site comme le Jardin des Plantes, on aurait pu imaginer, s’il n’y avait pas eu ce problème de place, que même les déchets organiques qui sont produits par les cafés, restaurants, bâtiments d’administration ou autres, pourraient rentrer dans un cycle complet avec un traitement classique des déchets. Oui, après c’est une question d’organisation sachant qu’on a à faire à des organismes différents. La cantine par exemple du restaurant du Museum, c’est une sous-traitance, c’est complètement indépendant de l’établissement. Ca peut être inclus dans le cahier des charges mais après il faut organiser la collecte...mais le principal problème reste le stockage, comment l’entreposer. Donc souvent ce qui est fait c’est que les entreprises doivent éliminer leurs déchets directement, ce qui simplifie la vie de tout le monde, mais surtout ça a un coût, le coût du transport. D’où l’intérêt d’essayer de le traiter sur place alors ? Oui quand on a la possibilité de traiter sur place, c’en est que mieux. C’est pas simple, on avait envisagé la possibilité d’entreposer sur un des chais sur un site du Muséum en Ile du France, mais il faut faire une plateforme conforme à des normes de récupération de déchets entre autres liquides, donc tous les jus qui proviennent des purins et le reste, qu’on ne peut pas amener directement comme ça, il faut que ça soit ramassé, collecté, traité et c’est un investissement énorme. Ca prend du temps, de l’argent, ce sont des projets sur du très long terme, ça ne fait pas partie des projets prioritaires de l’établissement sachant qu’il y a vraiment beaucoup de bâtiments à restaurer qui n’ont pas été restaurés depuis plus d’un siècle et qui aujourd’hui sont une menace, donc voilà, la priorité est mise sur la restauration des bâtiments. Ce qui se justifie très largement. C’est difficile de mener plusieurs batailles en même temps, il faudrait du monde, du personnel, donc les priorités sont aujourd’hui sur la sécurité et la maintenance des bâtiments. Mais ça n’empêche pas de se projeter et d’envisager peut-être, alors est ce que ça serait à l’échelle du Muséum ou l’échelle de la commune plutôt, en pensant à des collectes de déchets végétaux et des lieux de stockages…mais il faudrait que tout ça ne soit pas trop loin. La difficulté est toujours là, Paris s’agrandit et la ville a du mal à recycler ses déchets végétaux au sein de ses squares et ses jardins. On n’a pas toujours l’espace dans un square pour stocker des matériaux.
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Quelle quantité de compost produisez vous dans le Jardin des Plantes ? Elle est très faible j’imagine ? Oui, ça va être de l’ordre de 5m3 par an je dirais. C’est vraiment une petite quantité. Comment faites vous alors pour enrichir vos sols ? On achète du compost. Tout le problème est là, on a toute la matière première mais comme on ne peut pas la stocker on est obligés de payer pour l’éliminer et après on paye à nouveau pour acheter du fumier décomposé. Ce n’est pas la même entreprise qui s’occupe de les traiter puis de les revendre ? Non, non évidemment pas directement. Après c’est recyclé, ça passe par des entreprises qui font vraiment du compost rapidement, qui sont spécialisées là dedans, et après on achète du compost effectivement, du terreau de fumier. Ce qui est dommage, parce qu’autrefois, on était capables de le faire sur place. Mais les normes ont changé et avant quand on faisait un tas de fumier, on le mettait directement sur la terre, on l’entreposait, aujourd’hui on s’aperçoit qu’il y a des rejets dans le sol, ça nécessiterait un aménagement qui est très onéreux, il faut faire des bacs de rétention… C’est quel type de pollution ? C’est principalement de l’azote qui va être envoyé dans le sol, ce sont des matières organiques, donc ce n’est pas non plus…enfin ça rentre dans les nappes phréatiques c’est évident. Donc ça se transforme en transport et on est obligés de les faire éliminer par des sociétés qui sont agréées. Donc peut-être que si on avait les moyens de composter par quartier ou…mais y’a des déchetteries, ils récoltent mais ils ne compostent pas sur place donc c’est dommage parce que tout ça nécessite beaucoup beaucoup de transport. C’est beaucoup d’allers retour en camion pour amener les déchets, les recycler, ça fait beaucoup de navettes quand même. Mais je vous dis, c’est aussi une question de place. Peut-être que pour des grandes villes de province ce serait plus facile, elles pourraient trouver des espaces, même peut-être d’ailleurs à Paris, des friches industrielles à transformer en cycle de compostage et de recyclage et que ce compost soit réutilisé.
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C’est peut-être plus une question d’échelle de production ou de récupération, soit on en a trop, soit pas assez pour pouvoir faire de la production... Pas assez, c’est vrai qui si on prend l’échelle d’un particulier, même lui il va en avoir trop, s’il est en appartement, dans le meilleur des cas il va avoir deux plantes d’appartement, même s’il a quelques jardinières, on change la terre une fois par an, dans tous les cas il va avoir un surplus. L’idée c’est qu’il soit peut-être récolté et redistribué, il y a un tas de petits jardins dans Paris, enfin de toutes les tailles d’ailleurs. Donc les gens sont à la recherche de compost et là on aurait un compost tout à fait naturel mais en même temps il faudrait qu’on sache où le déposer et où d’autres personnes pourraient venir le chercher. Là je ne vois pas beaucoup de solutions, soit ça passe par des associations qui sont capables de le gérer soit ça passe par la Mairie de Paris. Comment vous avez étalonné les dimensions de votre objet ? En fonction des quantités que vous produisiez personnellement ? Non déjà j’ai cherché à optimiser le volume par rapport à la largeur de la fenêtre parce que la fenêtre c’est une contrainte. Donc il y a la largeur, l’épaisseur, la hauteur. Après on s’est basés sur les composteurs qui existent déjà à l’heure actuelle, et des volumes, certains sont pour 2, 3 ou 4 personnes, donc on a fait un juste milieu. Ca dépend aussi du nombre de personnes qu’il y aura dans la maison, et ça dépend de ce qu’on mange aussi. Y’a des familles entières qui ne savent pas faire autre chose que des barquettes tous les jours donc effectivement ça génère moins de déchets recyclables. Par contre quand il y a une ou deux personnes qui mangent des légumes régulièrement, ça génère beaucoup de déchets à recycler. Même si on établit une base sur une moyenne de 3 ou 4 personnes, selon les foyers et leur façon de se nourrir ça va être très différent. Vous aviez opté pour le lombric compost plutôt que pour d’autres types de compostage ? Quand je parle de lombric compostage c’est du compostage sur lequel on va rajouter des vers. Mais les vers ne font pas tout ! Dans le compostage les vers vont bien sur dégrader la matière en petits morceaux mais derrière y’a des champignons, des bactéries…on ne fait qu’ajouter des vers, c’est habituel. Ça va juste accélérer le compostage. Mais je ne vois pas vraiment comment on pourrait composter autrement, il faut au moins laisser faire les champignons, ça va dégrader la matière, et puis toutes les petites bêtes qui vont entrer dedans, las acariens, enfin y’a énormément de vie dans ce compost qui va participer à la dégradation de la matière.
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J’avais essayé, avec le prototype que j’ai fait de composter un peu, mais sans les lombrics parce que je sais que c’est un milieu un peu fragile pour eux… Le problème c’est qu’il y a des températures optimales, y’a des températures au delà desquelles le ver peut mourir, au dessus de 35 degrés ça commence à faire très chaud. En dessous de 10 degrés son activité s’arrête et en dessous de 0, il meurt, dès qu’il gèle il meurt donc effectivement c’est un peu plus fragile. Mais on peut très bien faire du compostage sans utiliser de vers. C’est juste une option supplémentaire, on sait juste que ça va pas mal accélérer le processus. Mais comment on peut faire à Paris ? Par exemple là, l’hiver arrive et il commence à faire froid... L’idée c’est si on s’échange du terreau on peut aussi s’échanger des vers. Après on peut très bien en acheter dans n’importe quel magasin de pêche. Non ça je sais, je parlais de la température extérieure. Ah oui, mais du coup le nouveau prototype du composteur sera isolé. Voilà, après je ne sais pas si on atteindra la résistance au gel, ça dépend jusqu’à quelle température on va. On est en train de tester une isolation en ce moment et voir si a -4, -5 degrés les vers sont encore protégés à l’intérieur. Moins 5 degrés à Paris, c’est déjà pas mal. Dans le pire des cas c’est pas bien compliqué il suffit d’aller chercher quelques vers su un tas de terreau à la campagne et de se lancer à nouveau pour que ça puisse proliférer. Mais effectivement l’idée c’était bien d’isoler le composteur. Ce n’était pas le cas du premier prototype car il était en bois, mais là y’a vraiment une isolation sur laquelle on va continuer à travailler pour isoler du froid et du chaud. C’est pour ça aussi que juste aposer la jardinière avec le composteur, la jardinière a un effet d’écran, pour les végétaux quand ils sont suffisamment développés, pour éviter qu’il fasse trop chaud, alors trop froid non parce qu’on peut isoler, encore que l’épaisseur de terre suffise, mais quand il fait trop chaud l’été puisque ça fera un petit ombrage sur le composteur. Voilà, ça c’est un cycle de vie. Ce projet là, vous le développez avec le Muséum d’histoire naturelle ou c’est un projet personnel ? Oui totalement, bien sur, je suis l’inventeur du projet mais pas le dépositaire du brevet, c’est le muséum qui a déposé le brevet. En relation maintenant avec des sociétés d’accélération
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des transferts technologiques Satutec, qui a sous traité à une société qui s’appelle Newton qui travaille avec nous qui va permettre le développement complet jusqu’à l’aboutissement du prototype qui sera proposé aux entreprises et aux industriels qui voudront l’utiliser. Vous avez fait quoi comme choix de types de matériaux ? Le prototype pour le moment est fait en métal et habillage plastique sur l’extérieur pour des raisons de cout de production, mais je ne suis pas sur que ce sera le choix définitif. Du métal, il y en aura forcément car ça va être posé sur un balcon donc il faut qu’on soit sur de la solidité et qu’il n’y ait pas de problèmes de sécurité. Après y’a peut-être d’autres matériaux qui pourraient être utilisés mais à un autre niveau de prototype qui permettra de voir le fonctionnement. Après c’est peut-être aussi à l’industriel d’apporter sa touche en fonction des clients et des entreprises auxquelles il va le vendre. Mais on ne peut pas non plus trop s’engager et ça ne sert pas à grand chose d’ailleurs parce que le choix des matériaux influe aussi sur le prix. Tout dépendra de ses clients. Il y aura peut-être des clients qui préfèreront avoir un produit plus cher mais plus sur, d’autres qui préfèreront se dire que le plastique ira bien. Après avec le plastique il y a peut-être des composites qui iront bien , qui seront tout à fait isolants et résistants en même temps mais là après ça nous dépasse. Vous avez été confronté à des règlementations pour les accrochages sur les balcons ? Non il n’y a pas de contraintes partout, ça dépend des copropriétés. C’est pour ça que l’idée c’était qu’il soit positionné en appui au dessus de l’appui de fenêtre et non pas accroché sur un côté de l’appui de fenêtre qui pourrait l’entraîner. Ce qui fait que le poids repose sur l’appui. Alors on peut aussi interdire qu’il y ait un débordement de jardinière sur la partie extérieure mais dans beaucoup de résidences on tolère complètement le fait d’avoir des jardinières qui sont suspendues dans le vide. C’est assez rare les copropriétés qui l’interdisent. Je pensais qu’il y avait une réglementation municipale, plutôt un arrêté municipal… Vous savez à Paris, il y a un peu de tout sur les balcons, sans que ça pose vraiment de problème. Après il faut vraiment que ça soit bien sécurisé, que ça ne se casse pas en deux… et que ça tombe sur la tête de la personne qui passe en dessous. Ca vous a donné des pistes d’avoir les projets de l’ENSCI ? Non mais il y avait quelques pistes qui étaient intéressantes oui tout à fait. Y ‘en a, c’était plutôt
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amusant mais totalement irréalisable. C’est vrai qu’il faudra retravailler sur le design parce que là c’est un produit un peu brut donc certainement pas ce qu’il y a de plus esthétique mais là ça dépasse mes compétences, au delà c’est des…enfin je ne pense pas que je pourrais apporter grand chose de plus. Dans le fonctionnement oui, mais là on a fait à peu près le tour sur ce qu’on nous a demandé avec le prototype après que ça soit le choix du matériau, le côté esthétique…il faut connaître sa clientèle, je ne sais pas qui va se charger de prendre en main ce projet ni quels sont les industriels qui seraient intéressés et quels sont leurs clients. On a fait des recherches, on sait très bien qu’il y en a qui ont comme clients la plupart des grands jardiniers en France mais toutes les jardineries ne sont pas destinées aux mêmes clients. Il y en a peut-être qui auront envie de développer des choses très esthétiques en bois, pourquoi pas ? Dans quelle mesure pensez vous que votre projet peut bouleverser les mœurs des habitants parisiens ? Bouleverser, c’est un grand mot ! Mais je pense qu’il y a d’autres personnes comme moi qui ont envie de participer à réduire leurs déchets, de les transformer, c’est à dire trouver un nouvel usage, mais qui n’ont pas du tout envie de se retrouver avec un composteur au milieu de leur cuisine avec des moucherons à chaque fois qu’on ouvre le couvercle et des odeurs éventuelles…et puis l’idée même d’avoir des vers de terre dans sa cuisine…et puis il faut de la place aussi. La plupart des appartements parisiens…c’est difficile d’avoir une boîte comme ça qui repose au milieu d’une pièce ce qui n’est quand même pas très agréable. Donc je pense qu’il y a plein de gens qui auraient envie de composter, je pense qu’avec ça, il n’y a plus ces contraintes, alors il y en aura peut-être d’autres…je ne sais pas si on pourra trouver un support qui permette d’adapter le composteur à tous les types de fenêtres de tous les appartements, parce que malheureusement parfois les appuis de fenêtres touchent directement la fenêtre et là quand il n’y a pas de recul c’est un peu difficile. Mais enfin il y a quand même beaucoup de fenêtres pour lesquelles c’est réalisable. Donc oui j’espère bien qu’il y aura plein de gens qui auront envie de recycler dans des chais puis ça va peut-être les inciter à jardiner un peu, parce que d’abord il y a des jardinières qu’il va falloir entretenir, alimenter, et puis il y a le jus, cet engrais naturel qu’ils vont pouvoir obtenir, donc ça va peutêtre les inciter à avoir d’autres plantes sur leur balcon ou d’autres plantes dans la maison et puis pourquoi pas faire un peu de légumes ou même d’une manière collective. On peut imaginer des jardins collectifs en haut d’un immeuble et chacun contribue en amenant son terreau avec soit des cultures pleine terre sur terrasses, soit des cultures sur des coffres, enfin il y a pleins de possibilités de cultiver sur des terrasses aujourd’hui. Sauf qu’il faut du terreau pour les légumes, si on veut que ça pousse il faut bien les nourrir ! Et bien les arroser aussi ! Donc là on aura la matière première, donc ça c’est viable.
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Vous avez le sentiment qu’il y a un certain nombre de personnes sensibles à cette question là de déchets, de traitement…? Oui enfin évidemment, comme c’est un projet en phase de développement, c’était resté relativement secret même si le brevet avait été déposé, mais j’aillais dire toutes les personnes associées de près ou de loin au projet et qui ne sont pas du tout du métier ont tout de suite vu un intérêt personnel à utiliser ce genre de composteur. Et quelle que soit la tranche d’âge, beaucoup sont jeunes et ils auraient aimé avoir ça dans leur studio ou appartement. Alors si ça touche les jeunes c’est bien, déjà c’est qu’ils sont sensibles au traitement des déchets, ils ont une sensibilité écologique. Puis il y a d’autres personnes, des gens qui ne sont pas du métier étaient aussi intéressées par le projet donc j’ai bon espoir qu’il y ait du monde qui se mette à composter et même peutêtre à jardiner chez eux. Est ce que vous pensez qu’une initiative comme ça pourrait amener à repenser un peu la question de la forme architecturale ? Est ce qu’il faudrait que l’architecture se modifie ou soit plus souple pour accueillir ce genre de démarches ? Oui je pense qu’on pourrait donner plus facilement dans les appartements une place un peu plus grande à un minimum de verdure, de culture, sur les terrasses et les balcons. On pourrait très bien imaginer des jardinières systématiquement intégrées dans les appartements, ce qui est loin d’être le cas. Il y a effectivement des immeubles où on voit que les jardinières sont intégrées mais aujourd’hui dans les trois quart des immeubles on se contente simplement de faire un appui de fenêtre et éventuellement une paroi en verre mais après il faut à nouveau ajouter les jardinières et ce n’est pas du tout intégré dans l’immeuble. Puis y’a le fleurissement ou la production individuelle. Peut-être qu’on pourrait aussi imaginer un fleurissement de l’immeuble en tant que tel, c’est à dire qu’il y a toutes les parties communes de l’immeuble qui sont indépendantes des balcons, il y a les terrasses bien sur, les parois qui sont aveugles qui pourraient être végétalisées, déjà si on arrivait à végétaliser une façade ça serait magnifique ! Vous en pensez quoi des murs végétaux ? Alors, les murs végétaux aujourd’hui tels qu’ils sont conçus dans le style des murs Patrick Blanc où on va accrocher des plantes sur un mur, j’estime que c’est une belle réalisation pour un hôtel de luxe, on ne compte pas l’argent, c’est beau, après si on est dans le développement durable et qu’on veut protéger la planète, c’est sur que là c’est presque l’inverse de ce qu’il
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faudrait faire. Un mur végétal par définition, c’est de l’eau, beaucoup d’eau, beaucoup d’engrais liquide, beaucoup d’énergie, parce qu’il faut des pompes qui fonctionnent en permanence et ça coûte excessivement cher à l’entretien. Il faut penser que tous ces petits capillaires qui sont alimentés vont se boucher régulièrement et il faudra faire appel à des techniciens pour changer les capillaires, changer les plantes mortes, parce qu’ils se bouchent que lorsque la plante est morte. Il suffit de regarder les réalisations dans les endroits qui n’en ont pas les moyens type grandes surfaces, des particuliers, des entreprises qui ont fait ça, sans se soucier des conséquences et on s’aperçoit très rapidement que ça coute très cher. C’est pas du tout développement durable en même temps c’est quelque chose qui est magnifique. Je ne le rejette pas comme n’étant pas un objet superbe mais on ne peut pas faire ça comme quelque chose qui va marquer une avancée sur notre responsabilité. Après on peut faire ça aussi très simplement en plantant une plante au pied d’un mur de l’immeuble et qui va naturellement grimper jusqu’en haut. Y’a des plantes qui montent sur plusieurs dizaines de mètres, ça s’est déjà fait, la vigne vierge… Dans les aprioris des gens ça abîme beaucoup les façades ? Alors le lierre abîme les façades parce que pour se maintenir il a des crampons qui pénètrent dans l’enduit. La vigne vierge fonctionne sous forme de ventouse, ce sont des ventouses qui vont se coller sur les parois, elle ne détruit pas, elle n’abîme pas. Après effectivement ce qui peut se produire, c’est qu’avec le poids du feuillage sur un enduit comme autrefois fait à la chaux, il peut se détacher par endroits et avec un peu de pluie et de vent en plus du poids du feuillage, ça peut faire tomber des plaques d’enduit par terre. Mais enfin les revêtements aujourd’hui ne sont plus faits avec de la terre et de la chaux. Donc on a des plantes susceptibles de pouvoir monter. Et puis l’avantage de prendre une plante c’est qu’elle ne nécessite rien d’autre que d’être plantée, un peu d’arrosage la première année, mais après elle se débrouille toute seule, elle va chercher l’eau elle-même. Ça c’est ma position mais je peux comprendre que des gens aient envie d’avoir quelque chose de beau, un mur végétal c’est très beau. L’impact sur la biodiversité n’est pas complètement négatif, on ne peut pas non plus nier qu’il y a des fleurs, des insectes vont venir se nicher dans les plantes, ce n’est pas non plus contre nature, tout ce que je vois c’est que ça nécessite de gros moyens financiers et énormément d’énergie pour pouvoir faire fonctionner ce type de mur végétal. Et puis le coût à la base est conséquent et celui de l’entretien aussi, il ne faut pas le négliger, c’est important. Parenthèse. On pourrait faire des ruches à accrocher sur les balcons ! Mais ça existe ! Simplement ce sont des ruches mises dans des appartements avec une
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sortie plein sud, du coup les abeilles rentrent dans la ruche par un trou dans le mur et autour c’est vitré donc ça fonctionne. Il y a plein de gens ingénieux passionnés d’abeilles qui trouvent des idées comme ça. La ruche peut se montrer dangereuse dans le sens de l’envol quand il y a du monde mais à partir du moment ou on est sur un immeuble et qu’il n’y a rien en face, à 2 ou 3 mètres... Non mais on pourrait très bien faire changer l’architecture des bâtiments et intégrer ces notions de végétaux dès le début avec des systèmes d’alimentation en eau, de drainage, des systèmes d’évacuation et de récupération d’eau sur le toit par exemple. On pourrait imaginer des citernes, il n’y a pas non plus besoin d’avoir des quantités d’eau énormes, tout dépend de l’exposition bien sur aussi. Mais malheureusement aujourd’hui je ne suis pas sur que ça soit bien intégré. Mais dans votre projet j’ai l’impression qu’il y a plus la volonté de travailler avec de l’existant. Vous dites plutôt que vous subissez une architecture existante et vous essayez de trouver des solutions non ? Oui parce que la seule chose que je peux faire éventuellement aujourd’hui c’est ça. C’est s’adapter à l’existant effectivement, on espère que par la suite quand on parlera d’architecture, on ne parlera pas simplement de béton, un immeuble c’est aussi la nature, c’est aussi de la verdure, les gens ont tous besoin de verdure, aujourd’hui tout le monde est conscient, chacun a besoin d’un peu de verdure, des plantes d’appartement…Trois plantes sur un balcon ça change la vie parce que c’est pas simplement le fait de les avoir c’est aussi s’en occuper, voir quelque chose vivre. Une plante c’est vivant, donc à partir du moment où on va la planter, le moment où elle va germer, le moment où elle va pousser, il va y avoir pleins de soins à apporter et y’a une grande satisfaction quand on part d’une graine et qu’on la voit fleurir, ça paraît bête mais il y a énormément d’adultes qui sont encore étonnés de voir ce cycle et du coup y’a une attache avec cette plante. Je trouve ça encore plus fort avec les légumes. On les mange après, il y a un goût… Tout à fait, aujourd’hui ça paraît naturel d’acheter une boîte de thym et du romarin et un peu de laurier. Mais n’importe qui peut très bien avoir un pied de thym ou de laurier sur sa fenêtre sauf que les gens ne pensent pas que derrière le composteur on peut mettre une rangée de plantes aromatiques, au moins les plantes les plus courantes qu’on utilise dans sa cuisine. C’est quand plus sympathique de se dire qu’on va chercher son thym sur sa fenêtre, plutôt que dans son congélateur… C’est vrai que ça répond aujourd’hui à une demande par rapport à une architecture existante, si à l’avenir on intègre dans les architectures un lieu de compostage sur le balcon et
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éventuellement un lieu de culture aussi et quelques jardinières, tant mieux ! Si on pouvait faire évoluer les gens dans ce sens là c’est super, après il faudra certainement les accompagner pour savoir comment les utiliser. Ca paraît simple mais celui qui n’a jamais jardiner, il va s’apercevoir rapidement que quand il part en vacances d’été par exemple, si on n’a pas demandé à un voisin de venir les arroser et surveiller, quand on revient y’a plus rien. C’est aussi un lien dans les immeubles, je fais partie de jurys dans certaines villes, et je le vois, il suffit qu’il y en ai un qui commence à fleurir dans une barre d’immeuble pour que très rapidement autour de ce même appartement les voisins demandent conseil et fleurissent aussi leur balcon, on se retrouve avec 4 appartements fleuris au lieu d’un. Et parfois même ça peut prendre l’immeuble en entier, c’est plus rare mais ça peut arriver. Il y a toujours des gens qui considèrent que c’est une contrainte, bon on ne peut pas tous avoir la même passion c’est pas grave. Mais si on se dit que la moitié de l’immeuble, parce qu’il y a toujours plus de la moitié des gens qui sont sensibles à la nature, si dans cette moitié on a des gens qui sont capables de s’échanger des plantes, des boutures, des conseils… c’est génial, ça permet aussi de tisser des liens entre les personnes et de trouver des échanges. C’est un bon moyen de créer un lien et d’engager une conversation avec des gens qu’on ne côtoie pas au quotidien. La fête des voisins c’est pareil et puis on pourrait très bien s’imaginer récupérer des légumes ou fruits que chacun a cultivé, on pourrait faire cultiver de la vigne sur un balcon. Celui qui a une terrasse c’est pas un problème, on peut retrouver les conditions de pleine terre, mais simplement sur un balcon déjà on peut faire beaucoup de choses. Même sur une fenêtre on peut arriver à faire des choses. Je comprends que les gens qui ne sont pas conseillés soient vite déçus, ils vont s’apercevoir que si on est mal conseillé au départ on va essuyer des échecs et y’a plein de gens qui vont se dire qu’ils n’ont pas la main verte. La main verte ça n’existe pas, c’est juste : on s’intéresse ou on ne s’intéresse pas ! Effectivement celui qui réussit plus facilement ses boutures c’est juste qu’il a déjà une certaine sensibilité, c’est pas quelqu’un qui a la main verte. Dans quelle mesure on peut être formé ou conseillé ? Y’a tout à mettre en place, parce que si c’est au sein d’un immeuble, puisqu’on a des conseils de copropriétaires, on peut très bien imaginer un conseil de jardin, de gestion de jardin, on pourrait penser que ça fait partie de la copropriété parce que quand on a une plante sur un balcon certes on en profite, mais ça met aussi en valeur l’immeuble et tout le monde en profite. Donc je pense que ça concerne tout le monde. On voit des immeubles qui ne sont vraiment pas beaux par contre quand on voit des fleurs dessus c’est vraiment extraordinaire. Il y a un immeuble juste là derrière qui n’est vraiment pas extraordinaire, mais en été y’a quasiment des jardins sur les balcons, ce sont de petits balcons mais y’a des fleurs partout.
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C’est vrai que c’est beau, ça croule sous les fleurs, et puis c’est pas un balcon, c’est au moins une quinzaine qui sont fleuris comme ça sur peut être 50 appartements. On parle des plantes, mais quand on parle de biodiversité, il n’y a pas que ça, il y a aussi les animaux, c’est vrai que sur un balcon on peut s’adapter, une fois qu’il y a un peu de végétation, on peut y installer un petit nichoir pour les oiseaux ou des mangeoires pour les oiseaux en période d’hiver par exemple. C’est agréable d’avoir une mésange ou un rougegorge qui vient manger l’hiver sur notre jardinière. Tout ça c’est une approche assez sensible de la nature, ça démarre des fois par pas grand chose, même avec les enfants, quand ils plantent une graine et qu’ils voient que si on apporte les soins nécessaires elle grandit, c’est super, mais c’est pas évident comme logique quand on est né en ville. C’est plus évident pour les gens qui viennent de la campagne parce qu’ils l’ont toujours vu. C’est aussi une façon d’expliquer le cycle de la vie, le vivant, la mort, le terreau c’est aussi ce qui va servir à faire renaître la vie, ce cycle c’est aussi intéressant de l’inculquer aux enfants. Quand vous dites que vous faisiez les formations pour les écoles, ce sont des élèves d’école qui viennent dans le cadre d’une sortie ? C’est ça, j’ai des élèves qui viennent avec leurs écoles, ça peut être des centres culturels aussi qui cherchent des animations. On leur fait découvrir ce que c’est qu’une plante, on leur fait planter, éventuellement ils peuvent voir la plante grandir par des photos qui leur seront envoyées ou revenir sur site. On voit tout de suite que les enfants sont ravis et curieux. En même temps ça permet de manipuler et de toucher, ce n’est pas juste une leçon théorique, c’est aussi le fait de participer, on ne fait pas de culture sans toucher à une graine, sans l’enfoncer dans la terre, on manipule. On leur explique plein de choses, comment mettre une graine dans le sol… Est ce que vous pensez que ce sont des principes essentiels et inhérents pour des mégalopoles comme Paris ? Ou d’autres d’ailleurs. Intégrer la nature dans les villes, je pense que ça va devenir très important, parce qu’autrefois on sortait facilement des villes, maintenant on en sort plus. Il suffit de voir le nombre de gamins qui ne partent plus en vacances, ils ne savent même plus ce que c’est qu’un pied de maïs, on l’a vu ici au Jardin. Ils étaient venus au Muséum pour une journée, on leur avait montré des fruits et légumes et y’en avait qui ne reconnaissaient même pas un pied de maïs, je n’en revenais pas moi-même… Ils n’ont aucune notion des cycles de la nature, ils ne savent pas ce qu’ils mangent, ils ne savent pas où ça pousse…plus les villes vont être grandes moins il y aura de gens qui auront cette connaissance de la nature. Et elle
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est importante, il faut l’intégrer dans la ville. Pour s’y sentir bien on a besoin de nature, on a besoin d’oiseaux, de papillons… Est ce que vous pensez qu’avoir des échantillons de nature dans un tissu urbain, c’est préférable ? C’est préférable à rien, bien sur que ça ne remplace pas une vraie nature, c’est évident, mais c’est préférable à ne rien avoir du tout. De toute façon on n’a pas assez de surface pour se permettre d’avoir de grands espaces naturels et en même temps d’avoir des bâtiments partout, donc il faut faire avec ce qu’il y a. On ne va pas raser et recommencer des villes, donc je pense que par rapport à rien, on peut faire beaucoup de choses. Après il y a toute cette sensibilité que les architectes et urbanistes pourraient avoir, pour le choix des végétaux par exemple. Il y a les paysagistes pour ça ! Quand ils sont impliqués dans les projets … ! On prend souvent les paysagistes pour dire que… un peu de vert. C’est rarement inclus dans le processus complet. Aujourd’hui tout le monde parle de biodiversité mais souvent c’est ramené à pas grand chose, beaucoup de gens pensent qu’il s’agit de mettre un peu de sédum sur le toit d’un immeuble pour en être débarrassé, ça y’est c’est vert, c’est de la biodiversité. Ca n’apporte rien, une maquette synthétique apporte à peu près la même chose, j’exagère mais pas beaucoup. On pourrait très bien transformer ces lieux et vraiment avoir de la vie, la vie c’est pas simplement la plante qui a été cultivée chez Truffaut, c’est de la plante naturelle, c’est les animaux qui vont venir spontanément trouver refuge, spontanément se reproduire, des oiseaux qui vont venir manger des insectes. Certes ce n’est pas de la vraie nature puisqu’on est en ville mais entre une mer de béton et quelques points de verdure… Je suis sur qu’il y aurait beaucoup d’immeubles auxquels ça ne couterait pas grand chose de trouver une forme sympathique en rajoutant un peu de verdure. Je pense qu’à choisir entre un appartement nu et un appartement avec un peu de nature, les gens préfèrent mille fois acheter un appartement avec une petite terrasse. C’est vrai que je ne comprends pas pourquoi cette notion de végétal n’est pas pris en compte dès le départ avant même la construction, parce qu’après c’est trop tard. Le problème c’est que le végétal demande de l’eau, l’eau c’est l’étanchéité, et on revient à la structure. Mais au fond c’est pareil pour les jardinières, l’eau coule sur le béton et finit par ne plus être étanche, si ça gèle ça peut éclater. Si ce n’est pas pris en compte dès le départ on peut toujours rajouter mais ça sera toujours mal fait. Souvent les paysagistes viennent après et végétalisent ce qui a déjà été fait.
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Il faut aussi inclure la ville dans le paysage, aujourd’hui le choix des végétaux, je l’ai vu pas plus tard qu’hier, en traversant le Savoie et quelques grandes villes, on végétalise les centres villes, alors qu’autour on a des montagnes…tout à fait naturelles et en centre ville on a toujours des végétaux de la gamme horticole qu’on avait dans les années 70, avec des végétaux originaires de Chine, d’Amérique du nord, mais pourquoi ne favorise-t-on pas des végétaux régionaux, ça n’empêche pas le travail des horticulteurs, c’est très difficile de replanter en bac par exemple une plante qui vient de la nature parce qu’elle n’a pas été prévue pour ça. Le travail du pépiniériste restera le travail d’un pépiniériste. Mais quand on voit ces fleurs qui n’ont pas de sens au milieu d’un rond point, on ne sait pas pourquoi, qui n’apportent pas plus de décor que des essences régionales, qui n’intéressent pas les animaux et qui n’intègrent pas la ville dans le paysage, alors qu’il suffirait de changer la gamme des végétaux et puis mieux la répartir, ça changerait tout ! Pourquoi aller chercher des chênes d’Amérique pour les mettre au milieu de la ville alors qu’on a de très beaux chênes en France, et qui seraient une continuité de la nature dans la ville. C’est du à quoi ce phénomène ? Je pense que c’est encore dans la culture de tous les paysagistes et puis y’a la production horticole, les brevets déposés, y’a de l’argent à faire… On comprend bien qu’il y a beaucoup d’intermédiaires… si on est indépendant de tout ça, qu’on a rien à gagner et qu’on veut proposer quelque chose, pourquoi pas. On pourrait végétaliser, pas tout bien sur, mais la gamme horticole a encore son rôle à jouer dans le centre de la ville, mais on pourrait donner une plus grande part surtout aux abords des villes, avec une végétalisation plus en accord avec la nature environnante, qu’il n’y ait pas cette barrière d’un coup de passer d’une forêt avec des noisetiers et des chênes à des érables originaires du Canada qui contrastent complètement avec la nature environnante. Ce contraste on pourrait le faire, on pourrait partir du centre ville, qui est vraiment éloigné de la nature avec une végétation horticole, donc complètement remaniée par l’homme, mais que vers l’extérieur des villes on se rapproche de quelque chose de plus naturel. Maintenant il faut intégrer ces notions de trame verte et trame bleue, on en parle beaucoup mais on ne fait toujours rien. Ce n’est toujours pas conçu, à part quelques rares projets, d’une continuité écologique, des corridors écologiques. Il faudrait que des espèces puissent se déplacer à travers la ville, pourquoi ne pas intégrer tout ça ? Je pense que c’est de la méconnaissance puisque ce n’est pas une question de coût, rajouter un arbre, qu’on y mette telle ou telle essence, ce ne sera pas plus cher, voire même ça pourrait être moins cher puisque ce sont des essences locales et qu’on devrait avoir moins de difficultés à produire. Y’a pas cette prise en compte de la nature dans le paysage par les urbanistes et y’a pas de place donnée aux
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paysagistes pour qu’ils puissent travailler. Je ne désespère pas ! Je pense que c’est de plus en plus présent. Oui c’est de plus en plus dans les tuyaux mais c’est pas pour ça qu’on applique les choses derrière. Là on est dans la phase « génération prise de conscience », c’est déjà ça ? Oui c’est vrai c’est bien, beaucoup de jeunes vont être demandeurs. Mais s’il n’y a personne pour répondre derrière… Ce que je ne comprends pas c’est qu’on pourrait en faire une telle plus value, ça pourrait tellement apporter à la vente d’un immeuble par exemple. D’ailleurs quand on voit un immeuble on l’imagine toujours dans un écrin de verdure, il suffit de voir les présentations et dessins de projets qui sont réalisés, c’est toujours dans un noyau de verdure imaginaire. A côté de la grande Mosquée y’avait des peupliers qui commençaient à être proportionnels par rapport à la taille de l’immeuble, mais ils ont été retaillés en sorte de porte manteaux et aujourd’hui ne ressemblent plus à rien. Ils ont été complètement retaillés, alors oui les gens des étages bas ont du se plaindre de l’ombre, et du coup on a juste un gros bloc de béton qui était masqué par les peupliers devant, alors peut-être qu’ils étaient pas mis à bonne distance… Quand on accepte un arbre on accepte aussi l’ombre qui va avec. Bon avec les jardinières on n’a pas vraiment ce problème d’ombre portée, sur les façades on peut mettre des plantes grimpantes aussi. J’ai fait l’essai du composteur chez moi j’avais un grand balcon avec aussi beaucoup de plantes d’ailleurs, mais très vite je me suis aperçu du volume de déchets végétaux et le volume de la poubelle a sacrément réduit… C’était aussi un peu long parce que je n’avais pas mis de lombrics, mais de l’activateur de compost… Pour moi il ne faut rien mettre, je pense qu’une poignée de terreau avec des lombrics, les premiers déchets végétaux et un peu de carton, papiers et un peu de café. Pas la peine de rajouter des activateurs, ça va se développer tout seul. Les vers effectivement si ils n’y sont pas, ils ne vont pas arriver tout seuls, parce que en général ils arrivent par le sol, mais les mouches vont déposer les larves, les acariens vont venir, je ne sais pas exactement comment, on voit même des cloportes arriver, y’a plein de bestioles qui vont participer à la dégradation de la matière organique.
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Du coup moi je me suis vite rendu compte que le volume était trop petit… Les déchets sont quand même conséquents… Selon l’usage qu’on en fait, on pourrait aussi imaginer avoir plusieurs composteurs sur chaque fenêtre puisque de l’autre côté ce serait des végétaux, après on est peut-être limités aussi par la place… La solution de la collectivité est peut-être plus rentable et plus efficace dans le sens ou il peut y avoir de l’entretien commun, de l’apport commun… Ca permet aussi de conserver les liens sociaux au sein même d’un immeuble parce que à la limite il n’y a pas beaucoup de choses qui lient les gens, c’est tellement simple d’aller poser une question à son voisin parce qu’on voit qu’il a une belle plante sur son balcon. Vous savez si les municipalités mettent à disposition des moyens ? Parce qu’on peut aller acheter son composteur chez Truffaut mais… Oui alors y’a des communes qui mettent à disposition des composteurs, qui les donnent, je sais que même la ville de Paris, pour les collectivités les donne et c’est accompagné d’une certaine formation, y’a quelqu’un qui vous explique comment les utiliser… Ce sont des composteurs pour l’immeuble à mettre dans un jardin, donc il faut avoir un jardin et puis l’autre problème c’est que ce sont des déchets, il faut descendre les mettre dans le composteur commun, monter, descendre… Mais l’un n’empêchera pas l’autre, je pense que le compostage individuel est plus facile à faire, après on peut aussi participer à un compostage collectif. Le tas de compost peut aussi être fait de tous les déchets individuels qu’on dépose dans une boîte dans le jardin. Y’a pas mal de communes qui proposent, aident financièrement ou carrément donnent le composteur dans les banlieues ou en province. Ils donnent des composteurs de jardin, mais ça permet par exemple d’évacuer le gazon, quand on voit la quantité qu’il y a de gazon, ce sont des sacs entiers. Ce gazon on va pouvoir à la fin de l’année le réutiliser, ça veut dire qu’on a même plus besoin d’évacuer, c’est quand même génial. Ca prend pas de place. Y’a plein de choses à développer. Mais c’est vrai que parallèlement au compostage, il faudrait aussi développer des cultures dans les immeubles. En dehors de l’intérêt qu’on trouve à composter, il faut avoir un intérêt à en faire quelque chose de cette terre et produire quelque chose, les fleurs c’est bien mais les légumes, c’est quand même sympathique de se dire qu’on va ramasser des petits fruits
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et légumes. On peut très bien cultiver dans une petite jardinière des poivrons, des tomates… voilà. C’est très porteur, je ne connais personne qui soit opposé à ce genre d’idée, c’est un sujet sur lequel tout le monde s’accorde, tout le monde a envie d’avoir des oiseaux sur son balcon… C’est à nous de pouvoir influencer cette tendance, ça commence à se développer. C’est encore contraint, ce sont des obligations, ce n’est pas encore intégré directement au départ. Ce sont des coûts qui s’équilibrent aussi… Oui bien sur les gens seraient prêts à mettre un peu plus si ils récupèrent une surface de culture ou de verdure. Ça c’est une question de mentalité aussi, d’investissement, de long terme… Les entreprises qui sauront faire des modèles de bâtiments où on intègre complètement la nature, une fois qu’elles l’auront fait pour un bâtiment, elles pourront le faire pour 50 bâtiments. Parce qu’après c’est sur qu’il ne faut pas se tromper, c’est de l’eau à gérer, qui dit eau, dit écoulement, récupération d’eau, c’est pas toujours évident à faire au départ, en tout cas aujourd’hui on nous dit qu’on sait le faire. Si on en est capable, je ne vois pas où est le problème. Le paysagiste devrait être là dès le départ pour pouvoir intégrer un regard « végétalisé » assez rapidement dans le projet. S’adapter après c’est plus difficile. J’ai hâte de voir votre projet ! Oui moi aussi, j’espère que ça peut changer un peu les mentalités, maintenant peut-être que ça va s’arrêter là, si personne ne veut le produire !
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Interview Benoît Wulveryk, réalisée le 28 décembre 2014 à Colombes sur le site R-Urban : Benoît Wulveryk est le président de « L’Ecole du Compost » et maître composteur. Et ça, ça se fait directement avec le bailleur social ? Oui directement, Je l’avais déjà fait une fois, j’avais monté un compostage en pied d’immeuble chez moi. Donc on avait fait toute une opération tripartite, c’est-à-dire ; les habitants, le bailleur et la mairie. La mairie fournissait le matériel, le bailleur fournissait les travaux dont on avait besoin, et on a pu installer un petit composteur. Et c’était pour le fonctionnement des habitants de l’immeuble ? Oui, c’était ça. C’est un petit immeuble, chez moi, il y a une quarantaine d’appartements, et une vingtaine de personnes qui compostent. Et ça marchait ? Vous avez du former les gens un peu pour qu’ils comprennent la démarche ? Oui, en fait c’est la Mairie qui a formé puisque sur Colombe on a une aide composteuse qui est là pour apprendre aux gens, donc on avait fait une petite formation, mais moi je connaissais déjà pas mal le sujet, en ayant fait des jardins partagés, en ayant travaillé dessus et en en ayant fait ici. Et ça continue à fonctionner ? Oui, ça continue, ça fait maintenant trois ou quatre ans. Et comment ça fonctionne ? Les gens jettent, le compost se fait, comment c’est réutilisé ensuite ? En fait on a un peu de jardin, comme une cour avec quelques bosquets, donc on l’utilise ici, sinon les gens récupèrent pour leurs jardinières ou balconnières. Et puis on a des coursives et une cour carrée à l’intérieur, les immeubles ont été refaits et il y a maintenant des accès par l’extérieur pour agrandir la surface habitée et du coup les coursives servent pour mettre les jardinières. Donc il y a plein de choses qui poussent dessus, les gens sont assez jardiniers dans l’âme. Du coup ça sert beaucoup comme ça, et un peu pour leurs plantes à l’intérieur. Y’a une association qui s’appelle le Sens de l’Humus et qui fait du jardin partagé et ils font du compostage de quartier. C’est assez sympa à voir.
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Et comment vous avez été amené à travailler ici ? Moi j’habite à Colombe… Avec des amis, on a monté un jardin partagé sur un terrain vague en friche depuis une quarantaine d’années, de façon sauvage, sans rien demander on s’est installés dessus. Après on a essayé de régulariser, mais ça n’a pas fonctionné. C’est parce qu’on avait ce jardin là qu’on a rencontré l’atelier d’architecture autogérée et ils avaient ce projet là en tête donc on s’est rapprochés comme ça. Logiquement il était prévu ailleurs, mais comme on était « squatteurs » c’était pas possible de toucher des subventions sur un terrain qui n’était pas légal. Donc le projet s’est monté plutôt avec la Mairie et c’est la Mairie qui a fourni ce terrain là pour pouvoir démarrer le projet. Et ça a pris du temps ? Oui c’était long, parce que là on a démarré en 2009, c’est là qu’on a commencé à travailler sur ce projet là avec l’atelier, après eux ils cherchaient un endroit et comme il y avait une volonté commune on a trouvé un bon endroit. Et puis le projet est pas mal. Et là vous êtes sur le site à temps plein pour le gérer ? Non, pour moi c’est un peu compliqué, dans ma boîte il y a eu un plan social cet été et donc la je suis en reconversion. Je suis là parce qu’il y a la formation mais sinon je suis en train de me reconvertir sur l’agriculture urbaine, le compost et tous ces projets là. C’est pour ça aussi que je monte le projet xxx à Colombe, pour m’apprendre un peu à animer ce genre de choses, même si je l’ai déjà fait un peu c’est pas le même niveau. Et puis le compost, une fois qu’on rentre dedans ça devient addictif, c’est super sympa à faire, et comme j’avais l’occasion de me reconvertir, autant aller vers des choses qui me plaisent. Quel volume vous avez ici en compost ? Je serais incapable d’évaluer, ce n’est pas énorme, en fait le côté maraichage n’est pas suffisant pour avoir une activité économique pérenne, je ne crois pas qu’il y ait d’endroit où ça marche vraiment très bien. Après sur de la transformation, de la cuisine derrière ça peut fonctionner mais il faut des activités complémentaires. Comme par exemple… ?
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Des ateliers, des animations culturelles, voilà il faut trouver d’autres sources de financement. Les légumes c’est énorme à produire et ça ne coûte pas grand chose enfin ça se revend très peu cher, je ne pense pas que ce soit un modèle économique viable. Du coup la première portée d’une action collective comme ici, elle est où ? C’est plutôt culturel et éducatif. Au niveau des habitants, c’est ce qui fait la richesse du projet, c’est pas sur l’agriculture en elle-même, c’est un peu juste. Après y’a des gens qui savent faire, mais en agriculture urbaine on peut s’en sortir qu’en ayant des niches, en faisant des choses qui sortent un peu de l’ordinaire, genre des fleurs comestibles, des légumes aromatiques à plus grosse valeur ajoutée, des choses comme ça…mais sur du légume de base c’est pas évident. Est ce que vous cherchez ici à cultiver des légumes oubliés ou des variétés peu communes ? Oui, en fait ici ils ont un partenariat avec Kokopelli et donc ils ont que des semences bio et pas mal de variétés assez anciennes. Le profil des personnes qui viennent ici pour apprendre ou cultiver, il ressemble à quoi ? C’est assez mixte, il y a beaucoup de personnes du quartier quand même, quand je dis quartier, c’est quartier assez élargi et y’a quelques personnes qui viennent du centre ville ou d’un peu plus loin. Donc les milieux socio-économiques sont très différents, c’est comme les origines, c’est très mixé. Mais c’est souvent très mixé, que ce soit les âges, les cultures, les milieux de vie, c’est assez disparate, c’est ce qui fait la richesse du projet aussi. Vous pensez qu’ils recherchent quoi comme expérience ? Y’a déjà le côté nature qui est fort surtout quand on habite « à la verticale » c’est pas évident, gratouiller un peu la terre comme ça c’est ce que recherchent les gens. Ou même simplement se balader, sortir de chez eux. Ceux qui cultivent, ça leur sert vraiment dans leur quotidien ? C’est anecdotique… Ils se font plaisir surtout… Eventuellement avec des aromatiques des choses comme ça, ce sont des petits terrains aussi…1m50 sur 2m50, donc niveau production ça ne ramène pas grand chose.
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Est ce qu’ils viennent avec leurs déchets ceux qui ont leur parcelle ? Oui, et y’a beaucoup d’apports volontaires. En tout, il doit y avoir pas loin d’une centaine de personnes qui apportent régulièrement ou moins régulièrement leur compost mais quand même. On est assez contents de ça parce que ce n’est pas évident au départ. C’est des personnes qui ont déjà cultivé ou composté ? Pas forcément non. Y’en a plein qui n’ont pas de jardin et qui viennent apporter leur petit sceau, leur petit sac. Et pour les poules aussi, y’en a beaucoup qui viennent donner. Vous pensez que le compostage peut se faire à l’échelle de l’habitat ? Oui je pense, ça se fait déjà, en lombricompost par exemple. Oui mais si on prend un appartement, avec une famille dont la production de déchets est suffisante pour composter… Oui facilement, oui. J’avais travaillé en école de design sur un composteur de balcon et on réfléchissait à la quantité de déchets par rapport au rendement… Après c’est très fluctuant selon les familles et ce qu’ils mangent, enfin, comment ils consomment. Moi par exemple je suis sur une AMAP, j’ai beaucoup de déchets organiques, beaucoup plus que pour des voisins qui n’ont pas racheté quelques carottes pour la soupe de la semaine. Mais c’est tout, ça dépend. Je suis au moins à 5kg par semaine pour 4 personnes. Mais on consomme aussi beaucoup de légumes. Mais ça marche mieux à l’échelle collective plutôt qu’individuelle ? Pas forcément, après ce dont il faut se méfier c’est l’hiver, parce qu’on peut pas vraiment laisser les vers dehors, ils aiment bien les températures entre 10 et 25 degrés… Donc soit ils arrêtent soit ils meurent, donc après il faut trouver des solutions pour isoler ou des choses comme ça. Pour vous la meilleure solution c’est le lombric-compost ?
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En intérieur oui, mais c’est moins facile d’accès, c’est moins facile à faire qu’un compostage plus classique. Le compostage du quartier c’est pas mal je trouve parce que les gens peuvent apporter volontairement, donc ça marche et il peut y avoir du volume, la réglementation limite à 5m3 de volume en traitement par site. Donc ça commence à faire du volume déjà, on peut faire pas mal de choses. Après y’a un flou, en traitement est ce que c’est en maturation, est ce que c’est en première phase…c’est un peu flou. Et là quelles sont les formations que vous faites ? Là c’est plutôt des professionnels, on a beaucoup d’ambassadeurs du tri, des chargés de mission ou de chargés de prévention. Après il y a d’autres profiles, des gens en reconversion, des paysagistes, des artistes même des fois, c’est assez mixte avec une grosse prédominance de ceux qui sont dans les collectivités dans le traitement des déchets. Aujourd’hui c’est que des professionnels, mais c’est parce que c’est une commande pour le département de la Seine et Marne, normalement c’est une formation intra mais qu’on a réussi à délocaliser ici parce que c’est plus sympa avec le matériel qu’on a et ce qu’on peut aller voir autour. Là on a trois ou quatre sites où on peut amener les gens et leur montrer le compostage en pied d’immeuble, le compostage dans un jardin…y’a pas mal de possibilités. C’est bien parce qu’au moins ils voient des choses qui fonctionnent parce qu’apprendre à composter avec des composteurs de villes ou pas de matériel c’est plus compliqué…surtout qu’il y a une grosse partie analyse pour rappeler les choses qui ne marchent pas… En général on s’amuse un peu à dérégler les composteurs pour qu’ils puissent rectifier derrière et que ça soit vraiment formateur. Et vous travaillez quoi ? L’acidité par exemple ? Non simplement on dérègle en mettant trop de sec ou pas assez, ça dérape vite de toute façon si on le laisse quelques jours sans s’en occuper… On a vite des fermentations anaérobiques, ça va très vite quand on veut les dérégler, en 3 ou 4 jours c’est faisable. Ca demande un entretien presque quotidien ? Non, pas tant que ça, normalement, selon les apports et comment sont formés les gens qui apportent, au niveau retournement au départ une fois par semaine c’est suffisant et après toutes les trois semaines ça suffit quand il est déjà en maturation, il n’y a plus besoin de s’en occuper autant. Par contre il faut que ça soit fait dès qu’il y a un apport, qu’il y ait une compensation avec un peu de carbone et tout, c’est ce qui est le plus compliqué, et que les gens aient le réflexe de
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rajouter un peu de matière sèche et de retourner un peu. Des fois, y’en a qui viennent avec leur sac plastique et qui laissent le sac dedans… Mais quand on peut prévenir un peu, ça se passe assez bien, le tout c’est de former les gens et leur expliquer le pourquoi. Ce qu’il y a c’est qu’on n’est pas tout le temps là, donc on ne peut pas tout le temps expliquer non plus. Est ce que c’est un format qui marche bien parce que c’est périurbain ? Y’a des expériences de compostage au sein des villages qui marchent très très bien en rural, ça marche bien aussi. Je ne crois pas qu’il y ait d’endroit particulier, là par exemple ici on arrive à avoir une centaine de personnes qui apporte mais on est 15000 habitants sur le quartier, donc il faut relativiser aussi… Mais ça marche bien parce qu’il y a des gens qui peuvent expliquer, et puis y’a du personnel qui travaille sur site donc ça aide. Après je sais qu’à Montreuil au Sens de l’Humus, eux ils n’ouvrent que deux demies journées par semaine, donc il y a toujours des référents qui sont là. Moi ce que j’ai fait sur mon immeuble, c’est qu’il y a des référents qui sont formés un peu spontanément, des personnes un peu plus impliquées qui vont chercher de la matière sèche, qui font un peu le travail en plus de moi, j’ai même quasiment pas à m’en occuper puisque quand j’y vais en général c’est nickel, ça tourne bien. Moi ce que j’ai fait c’est que j’ai une gestion un peu différente, mais chacun fait un peu comme il veut, je l’ai ensemencé de vers donc c’est quasiment un lombri-compost, en extérieur, comme les volumes sont assez gros, ça fonctionne comme ça, donc en fait je ne fais pas de retournement. Je retourne que la partie supérieure et tout ce qui est en dessous je laisse faire les vers et ça marche bien. Quel est le volume ? On a des bacs de 150 litres donc là actuellement en traitement il y a environ 150 litres, il est plein et dans l’autre il est en maturation quasiment fini. Sur les quantités je ne sais pas trop, je crois qu’on est à une tonne et demie par an, sur une vingtaine de familles. Et vous faites la récupération du jus ? Y’a très peu de jus, comme il est à l’extérieur, si y’a un peu d’écoulement, ça s’écoule directement au pied. Au démarrage j’en ai eu un peu mais maintenant plus du tout. On n’est pas comme sur un lombric-compost en intérieur, là c’est en extérieur donc si la matière est bien répartie, y’a très peu d’écoulement.
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Vous pensez que le fait d’avoir eu cette initiative, d’avoir installé ça dans votre immeuble, ça a vraiment changé les habitudes des familles ? Sur le compostage oui puisqu’ils ne le faisaient pas avant, donc oui. Après ça n’a changé que là dessus, puisque j’ai la chance d’être dans un immeuble où y’a peu de rotation et je connais presque tous mes voisins depuis longtemps donc y’a tout le côté lien social qui est lié au compost et qui était déjà là. Là dessus ça n’a pas changé grand chose. Mais ailleurs ça peut changer c’est évident. Mais est ce que ça peut pousser les gens à consommer plus de légumes ? Oui forcément puisqu’il y a toujours une réflexion autour de l’alimentation. A chaque fois qu’il y a un site de compostage, il y a toujours une réflexion sur l’alimentation, sur le gâchis alimentaire, sur le jardinage…en général ça vient quasiment automatiquement. Après tout le monde n’est pas prêt à changer d’alimentation mais chacun fait ce qu’il veut. Mais c’est vrai qu’il y a quand même cette réflexion là qui vient. C’est un peu ce qui est appliqué ici, on a le jardin où on peut cultiver, le compost où on peut traiter les déchets, l’AMAP… Oui tout ça entre en ligne de compte et c’est vrai que ça peut aller dans un sens ou dans l’autre. C’est-à-dire que les gens des AMAP compostent et des gens qui compostent qui vont vers les AMAP aussi, y’a tout un circuit dans les deux sens et qui est lié à la réflexion sur la consommation et ses aliments. Ce sont des gens qui ont conscience qu’il faut aller un peu plus vers le BIO, vers les marchés… Oui, généralement c’est clair. Ça marche ensemble, après le bio c’est surtout des questions de santé, même sur la consommation de viande, ça arrive très vite d’avoir des gens qui disent qu’ils réduisent leur consommation de viande, avec les AMAP ça marche bien, y’a une vraie réflexion derrière, les gens sont convaincus et adhèrent à ce principe. Après même sur la dimension locale, le fait de consommer localement ça touche pas mal de gens, c’est une vraie tendance. Pour certains c’est même la motivation première, c’est plus que bien se nourrir. Après ça dépend de l’approche. C’est quoi, c’est une question de traçabilité … ?
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Plutôt d’empreinte écologique je pense, plus bilan carbone on va dire. Moi c’était pas mon approche première au départ, si je baisse mon empreinte carbone c’est bien mais c’était plutôt pour bien manger, le côté santé et gustatif aussi, parce que franchement y’a pas photo, je suis un peu gourmand et c’est un angle intéressant aussi à mon sens. Et puis cultiver ses produits c’est sympa, on peut faire des expériences marrantes aussi, qu’on a pas l’habitude de faire. Au niveau des jardins partagés, ce qui était drôle c’est que suivant les origines des personnes, on avait tout un tas de légumes ou autres qu’on avait pas l’habitude de manger et donc c’était assez génial parce qu’on arrivait à faire des expériences. J’avais des copains Péruviens qui faisaient leurs épices péruviennes, des herbes, des trucs qu’on n’a pas du tout l’habitude de consommer. On avait aussi un ami Kabil qui faisait pousser une variété de chardons comestibles, qu’ils mangent beaucoup en montagne chez eux. Ils ramènent leurs graines de chez eux ? Oui oui. Et ça s’acclimate bien. Bon sur les plants du Pérou c’est pas très étonnant parce que quand on regarde les plantes qui viennent de là bas, enfin d’Amérique du Sud en général, mais le Pérou c’est le terroir de la pomme de terre, de la tomate, du piment, tout ça vient de là, donc c’est déjà acclimaté depuis longtemps ici, en plus c’est en altitude donc on a à peu près le même climat ici. Pareil la Kabylie c’est plutôt montagneux donc ça s’acclimate bien aussi. Y’a des choses plus compliquées à faire pousser mais bon… On peut essayer ça ne coute pas grand chose, des graines du fruit et voilà. Est ce que vous pensez qu’ici, pour l’évolution d’un projet comme ça il faudrait une étape supérieure ou est ce que l’étape supérieure ce serait de multiplier ce schéma massivement dans les tissus urbains ? Le concept du projet c’est pas de faire une nouvelle zone mais plutôt de progresser de façon rhizomique, en s’accaparant tous les interstices et en faisant des liaisons entre ces interstices qui permettent de changer de l’intérieur on va dire, c’est ça l’idée du projet. Moi je trouve ça très intéressant, c’est assez pragmatique aussi, c’est vrai que c’est plus simple de modifier de l’intérieur que de tout raser, ça a plus de sens. C’est vrai que quand on voit les écoquartiers qu’ils font, on ne sait pas si c’est une super réussite… Vous pensez que ça a une influence autre que le social dans le quartier? Architecturale par exemple ou commerciale ? Je pense que ça peut oui, mais alors là peut-être plus avec l’autre site qui est la Ressourcerie
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où on peut induire d’autres façons de consommer ou de faire les choses. Certainement. Ça c’est pas mal aussi ces projets de recyclerie ou de ressourcerie. Quand on voit le gâchis, on a vu passer les encombrants ce matin encore une fois…y’en avait partout… C’est assez hallucinant, c’est vrai qu’on a une grosse densité mais bon quand même, on peut se poser des questions sur notre mode de consommation et surtout quand on voit que ce sont des gens à faible revenus, le revenu moyen du quartier là il est en dessous de 10.000 euros par an…quand on voit tout ce qui est jeté ça pose des questions. C’est important de s’implanter dans un quartier un peu défavorisé ? Je pense que ça a du sens, oui, de se mettre dans un quartier plus défavorisé parce qu’il y a de vrais besoins derrière. De changer les choses, sur des économies un peu marginales, on peut plus changer les choses... Ici on va souvent au marché pour récupérer des légumes, et c’est pareil quand on voit tout ce qui est jeté, ça c’est la sensibilisation qu’on peut faire. Quand on s’aperçoit des volumes derrière et du pourquoi c’est jeté c’est assez hallucinant. Vraiment. Là Samedi on a été chercher, surtout pour la formation, mais sur les 200 kg à peu près qu’on a ramenés, y’avait plus de la moitié qu’on a pu consommer. Largement plus même. C’est juste que la pomme a une petite tâche alors on la jette, même sur les marchés… Je pense qu’il y a quelque chose à faire dans cette idée là, d’associer compostage et culture en même temps. Nous on avait un petit projet comme ça d’appareil, enfin une réflexion en tout cas, on a pas été beaucoup plus loin. Mais c’était intéressant. Parce qu’en fait dans la nature y’a pas de composteur. Est ce qu’il peut y avoir un réel impact sur le compostage si les aliments ont été traités par exemple ? Tout dépend de la façon de composter, parce que si on est sur du lombric-compostage ça pose problème, y’a pas d’hygiénisation par la nature. Ici là sur le composteur de quartier, on arrive à monter à quasiment 70 et donc on hygiénise, donc y’a plus de souci, et on peut même arriver à stopper la germination mais ça règle pas le problème des métaux lourd et tous les autres… Après c’est aussi la façon de consommer qu’on a en aval, d’où l’idée de faire un compost bio aussi, ça serait peut-être intéressant de faire des analyses dessus pour voir un peu les qualités qu’il peut y avoir.
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La terre que vous avez, vous avez fait un travail dessus ou pas ? La terre était pas terrible parce que c’était du remblai et donc il a été beaucoup travaillé au départ en lasagnes pour le construire et après ce sont les apports de compost qui font le reste, plus le travail manuel. Maintenant en trois ou quatre ans on commence à avoir des sols qui ressemblent à quelque chose. Ce qui n’était pas évident au départ. Et vous faites des analyses ? Y’en a eu de faites au départ et là je ne crois pas qu’il y en ait eu depuis, mais on le voit, la couche d’humus est…enfin c’est assez flagrant. Est ce que la Mairie… vous avez des comptes à rendre ou pas ? Vous faites un peu de production pour les gens du quartier, y’a pas de problème ? Non ce sont les analyses au départ, qui ont montrées que malgré l’état du sol ça allait, ce n’était pas trop catastrophique, ce qui était une bonne nouvelle parce que ce n’était pas évident, on était un peu borderline. Mais y’avait pas de présence de métaux lourds ou de choses comme ça. Ce qui n’est pas le cas à Nanterre par exemple, à la Ferme du Bonheur c’est super pollué…là sur du remblai comme ça de chantier c’était quasiment sur. Des initiatives comme la Ferme Lufa à Montréal, je ne sais pas si vous connaissez, c’est un genre de culture hors sol sur un toit en pleine ville. D’ailleurs le gars doit en installer un à Paris, je crois qu’il y a un projet comme ça. Je suis assez sceptique moi, enfin ça peut fonctionner mais on est plus sur la même chose. On parle plus de terroir… Et puis eux ils ont vraiment une visée économique… Oui mais après ça peut avoir du sens, mais on rentre dans un circuit de produits qui n’ont pas forcément de goût, on peut arriver à produire pas cher, c’est bien mais c’est pas l’idée que je me fais de l’agriculture même urbaine. Après y’a d’autres choses en hors sol, par exemple ça peut être bien pour faire du champignon. Les tomates ou les salades ne vont pas avoir de goût, je suis plus sceptique. Après sur les toits c’est encore une chose différente, on peut avoir des choses intéressantes, mais en étant sur des toits on peut être sur des vrais sols. C’est plutôt là dessus que j’irais.
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Interview de Yvon Pradier, réalisée le 28 décembre 2014 à Colombes sur le site R-Urban : Yvon Pradier co-fondateur de « L’Ecole du Compost » et maître composteur. Comment on met de la matière organique parce que c’est l’essence même de comment on fait pousser des plantes. Les ressources, on les a autour de nous, réfléchir comment on amène de la matière organique ici. Il se trouve que la mairie nous a bien facilité le travail, quand la pompe est amorcée ça roule tout seul. Le projet leur a bien plu, on a essayé d’organiser la venue de matière organique, tout de suite, ils ont vu l’intérêt que ça pouvait susciter, d’avoir un exemple qui pourrait être dupliqué ailleurs. C’est une vraie problématique pour la municipalité le traitement des déchets ? C’est plus qu’une problématique, c’est que ce sont des quantités faramineuses ! En lui même le déchet organique de notre propre production est une infime partie comparé à l’ensemble des déchets, c’est colossal. Le déchet ménager et le déchet organique, jusqu’à maintenant, part à l’incinérateur, il y a une volonté de la région de faire une mécanisation, donc ils ont ouvert les crédits pour ça, il y a des structures qui se mettent en place pour rechercher la matière organique là où elle se trouve et la transformer. Y’a des choses qui se font, y’a des déchets qui sont transformés en chaleur en Ile de France… Mais par rapport à la problématique de l’agriculture urbaine c’est effectivement la première question qu’il faut se poser, j’ai un bout de terrain, j’ai un jardin, je vais faire pousser des plantes, qu’est ce que je peux faire pour fertiliser mes sols ? Y’a des sols qui ne sont pas à même de recevoir des cultures de consommation, y’a des exemples comme la Ferme du Bonheur, ils ont hérités d’un terrain complètement pourri, ils ont la chance d’avoir des animaux, c’est pas loin, ils ont donc pas mal de fumier et de la matière organique qui est mal gérée, qui pourrait être mieux gérée. Le problème c’est que quand on arrive à certaines quantités, la question de l’espace se pose… C’est le problème. Ici on a eu la chance d’avoir un mi-temps donné par la mairie pour que quelqu’un s’occupe des déchets. Malheureusement cette expérience de la culture urbaine a ses limites, la limite c’est pas la limite humaine. On n’arrive pas, on n’a pas de résultats probants, c’est clair, il n’y a pas de résultat d’ailleurs. Il suffit de se balader dans le jardin pour voir qu’il n’y a rien d’exploitable aujourd’hui. Ça demande du temps, et puis il aurait pu y avoir une synergie avec les copropriétaires mais faut il encore…ils sont plus dans leurs petites propriétés, les jardins qui sont là et participer
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à une œuvre collective, c’est plus difficile à mettre en place. Il faut les motiver. Il faut enlever les mauvaises herbes, peut-être que si on leur avait dit « vous prenez 5 ou 10% » ils seraient venus le faire ! Du coup qui s’en occupe là ? Personne ! On est passé de deux salariés au mois d’Août à personne aujourd’hui. C’est la limite de l’humain et la façon dont on peut engager des…enfin sur le papier c’est nickel mais en réalité, la gestion c’est toujours compliqué. L’architecte a construit un espace intéressant, on pourrait critiquer l’ouverture du jardin sur l’extérieur, c’est toujours un peu mystérieux ce qui se passe par là derrière mais il est fonctionnel et chaleureux. Dans le projet il y a un espace qui a été dessiné par l’architecte avec des options sympathiques, mettre du compost, faire des expériences de récupération de l’eau, y’a un chauffe eau solaire, y’a des panneaux solaires sur le toit…y’a que des bonnes intentions, sauf que l’architecte laisse des clés quand il a fini le boulot, là il ne l’a pas fait. Il est en train de faire l’inverse de ce qu’il a écrit dans ses documentations. Et maintenant il occupe quelle place l’architecte ? Il est patron de tout ça. Il gère sous forme d’association, il gère le budget de fonctionnement de l’affaire, c’est lui qui a fait des demandes de subventions pour avoir des postes, c’est lui qui gère les adhésions au jardin partagé, ça fonctionne un peu sous forme d’emplois stagiaires aujourd’hui, il a deux stagiaires qui sont là, et ils font leur mémoire en parallèle, souvent ça se finit par un mémoire incomplet parce qu’ils ne peuvent pas tout dire. Comment vous êtes arrivé à participer à un projet comme ça ? Je suis arrivé là un peu par hasard et par connaissance, un peu comme tout le monde, quand y’avait juste l’embryon de projet j’ai eu la chance de connaître une adjointe au Maire écolo qui s’occupait de l’environnement, de la prévention des déchets…etc et on se connaissait depuis pas mal d’années et on s’est recroisés et elle m’a présenté l’architecte qui m’avait mis des étoiles plein les yeux en fait. Une table ronde pour essayer de trouver les premiers acteurs, Benoît est arrivé aussi à ce moment là ou même un peu avant. Et toujours est il qu’on s’est tous retrouvés dans ce projet avec plein d’allant et on a fait les choses avec des gens qui avaient beaucoup de talents…C’était vraiment bien mais l’issue n’est pas sympathique quoi… Mais l’implication du quartier, des gens qui participent, dans le fonctionnement est ce qu’il y a des Assemblées Générales ?
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Oui enfin c’est orienté, ce sont des fausses assemblées générales, des espaces de discussions plutôt, on rend service à ces dames qui sont là quasi tous les jours. C’est juste une question de dialogue, de synergie et puis de donner envie aux gens de le faire. Tu ne peux pas piloter à distance, c’est trop compliqué. A priori le projet est fini en Septembre de l’année prochaine, qu’est ce qu’on va faire de tout ça ? Vous préparez le printemps un peu ? On y songe, on se pose des questions. On profite d’un endroit formidable, de plein de choses et demain ça va peut-être être démantelé et redevenir une friche en attendant qu’il y ait quelque chose d’autre dessus ça dépendra de la volonté municipale. Comment ça a marché, vous avez une jouissance du terrain définie ou pas ? Non c’est un bail annuel. Y’a quand même un contrat parce qu’il y a eu des financements européens donc y’a eu des engagements sur le projet et sa pérennité. C’est à dire que la Mairie a quand même signé une convention en disant qu’ils s’engagent relocaliser s’ils avaient besoin du terrain. Le principe c’est que tout est mobile, le bâtiment donc peut être déménagé ailleurs. Mais ça ne va pas se faire en deux minutes, ça va être compliqué. C’est quand même volumineux. Ils ne vont pas le sortir de terre comme ça et le promener sur un camion. Puis c’est sur pilotis, c’est en zone inondable ici donc ils peuvent y mettre des projets de restructuration importants ici, la refonte du quartier, en partenariat avec la ville, il va y avoir des changements sociaux dans ce quartier. L’école du compost a été créée dans le cadre de cette intervention ou ça date d’autre chose ? Au début j’étais tout seul, je m’appelais nature écologie, j’étais auto entrepreneur et ça fait 6/7 ans que je vends du compost et c’était surtout à travers une boîte. Puis on a pensé à faire une association pour pouvoir résister. C’était pour que je ne supporte pas le poids seul. C’est parfois la limite des projets un peu collaboratifs, participatifs, il y a une volonté initiale de vouloir monter quelque chose en groupe et puis après y’a toutes les difficultés de communication… Oui c’est la vie, c’est les problèmes humains, ça se voit partout mais effectivement là cet aspect a été compliqué. On arrive encore à faire des choses mais bon…
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C’est plus de la stratégie aujourd’hui que de dire qu’on a envie de faire des choses ensemble. Vous, la gestion que vous avez c’est principalement le compost ? C’est que le compost. Moi je bricole le petit jardin pédagogique. Je m’occupe aussi un peu de l’apiculture avec l’apiculteur pour former un peu les gens à tout ça. Sur le plan agricole, on aurait pu apporter des choses mais bon c’est compliqué parce qu’il n’y a pas d’initiatives possibles. Même les salariés ne sont plus contents de venir là. Pas la place pour l’initiative personnelle. Vous aviez pensé à autre chose que les poules ? Bin les poules je ne les voyais pas comme ça, 8 poules, d’abord elles n’ont même pas été pensées dans l’esprit de traiter de la matière organique. Ici ce qui était sympa c’était de se dire que les poules on pouvait les avoir en transit et pouvoir les mettre ou les gens en avait besoin pour réduite leur déchet, et puis c’est un animal sympathique, c’est pas rien. Et vous participez à d’autres initiatives comme ça ? Oui ça m’arrive de travailler sur d’autres communes, dans le domaine de l’expertise et organiser des compostages à plusieurs, dans les immeubles, dans les crèches, dans les écoles, c’est ce qu’on fait depuis presque 5 semaines. Les enfants ont un peu une journée de centre aéré le vendredi et y’a un atelier jardin, l’école est équipée d’un petit jardin, d’une serre, y’a un petit compost, les enfants récupèrent les éléments compostables du midi et les mettent sur le tas et ce depuis 5 semaines. C’est une école à Garenne Colombe. On pourrait aller plus loin, à l’échelle de tous les repas, mais il faudrait travailler avec la municipalité et mettre en place un projet conséquent mais ça se concrétise que si on a réuni tout le monde autour de la table. Ils sont sensibles à ça les politiques ? Ça dépend lesquels mais oui, ça dépend. Dès l’instant où ça ne coûte rien au contribuable, par exemple quand une municipalité engage un PLPD (plan local de prévention des déchets) il se trouve que le contribuable verse une petite somme et ça permet de faire l’école du compost pour abriter leur PLPD et faire des actions comme distribution de composteurs, mettre des composteurs dans les squares, essayer de former les gens etc… Quand les villes ont un PLPD c’est plus facile et puis y’a les aides de la région aussi, c’est pas anecdotiques. Quand on arrive avec un projet de prévention des déchets il faut toujours
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contacter la région pour voir comment ils peuvent nous aider aussi parce que c’est leurs prérogatives, ils ont un plan de collecte et de prévention assez conséquent. Y’a des gens à la région qu’on peut aller voir. J’ai essayé de contacter l’ORDIF pour l’agriculture urbaine mais ils m’ont dit que c’était pas eux qui s’occupaient de ça. L’agriculture urbaine curieusement c’est une agence d’Ile de France qui s’appelle Nature Paris. Après y’a peut-être pas la connexion entre l’agriculture urbaine et la prévention des déchets. Mais aujourd’hui ce n’est pas concevable de faire un jardin sans composteur. Ca tombe sous le sens aujourd’hui, c’était pas vrai y’a 5 ans. Dans les initiatives urbaines ? Oui y’avait pas de connexion entre le compost et le jardin. En réalité c’est quelque chose qu’on fait naturellement en campagne. Bin oui il faut bien nourrir les sols. Tous les agriculteurs ont de la matière organique, après la question c’est comment on la gère. C’est sous forme de mouvement aussi, y’en a qui produisent du fumier animal, si y’en a trop, ça a une valeur marchande, il peut toujours la revendre à ceux qui la transforme ou l’utilise, 14 euros la tonne de fumier non transformée. Si tu la transforme en lombric-compost, la valeur a été multipliée plus que par 10, ça revient à aujourd’hui 180euros/200euros la tonne de lombric-compost, de fumier transformé par exemple. Après y’a les plateformes de transformation aussi, quand on trie. A Colombe ils récupèrent les déchets verts grâce à une collecte parce que les gens ne veulent pas les garder dans leurs jardins, et deux fois par an ils font une manifestation et ils commandent deux bennes de compost de là où ils ont fait traiter leur déchets et ils le distribuent gratuitement à ceux qui en veulent. Le compost produit ici n’est pas suffisant ? Non c’est anecdotique, même si on a beaucoup de volume, on fait 10 tonnes en entrant, il en reste à peine 3 tonnes, on pourrait faire plus. Ça pourrait être mieux géré. Comment vous complétez cet apport de vos terres ? L’architecte a commandé des camions de terre végétalisée ce qui nous a permis d’enrichir
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nos variétés. On peut essayer de trouver un design, un moyen plus simple pour préparer le moment où on est censé jeter, on peut changer le processus. Là tu mets dans ta jardinière et c’est bien, ça pousse tout seul. Oui c’est intéressant c’est le meilleur des raccourcis, après ça dépend des quantités qu’il faut gérer. 5/6 kg sur 10 jardinières ça va très bien. J’ai fait un prototype que j’ai testé à la maison, et c’est fou la quantité de déchets qu’on accumule. Oui c’est sur le fait de trier du coup on fait attention à ce qu’on jette, ça amène des réflexions sur son mode de fonctionnement. C’est vrai que la limite du tri elle est vite faite, on a pas grand chose, on a trois poubelles et voilà. On pourrait le faire un peu mieux. Ça remet en question notre mode de consommation aussi… C’est sur qu’on est très assistés, aujourd’hui la facilité l’emporte sur la peine on va dire.
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Interview de Michel Madina et autres intervenants autour réalisée le 29 mars 2014 : - Les ordures ménagères, c’est géré par la ville pas par Paris Habitat, et la ville c’est un nombre de vide par habitant. Et comme en plus ici on a des vides ordures, beaucoup de gens ont des vides ordures donc ici on se sert du tri sélectif vraiment pour ce qu’ils ne mettent pas au vide ordure. - Les vides ordures il faut les boucher c’est sur… - Oui mais tu peux pas, Paris Habitat les bouche pas parce que ça compte pour un mètre carré cinquante dans ta surface corrigée…donc… - Oui bien sur mais… Donc sur dix étages… - Dans ton logement ça compte pour un mètre carré cinquante, donc tu payes un loyer pour ton vide ordures, si tu le bouches on t’enlève 1,5m2… Du coup vous avez un retour ? Y’a quelque chose qui est mis en place et qui ne fonctionne pas très bien, on voit qu’il y a des problèmes, y’a un retour qui est fait par rapport aux habitants et à ces usages là ? - Allez sur le blog vous verrez ! Le blog de l’association. Y’a les lettres d’information. On essaye de dire aux gens au maximum, en particulier sur le tri sélectif. Et les jardins sur les toits de Paris Habitat ? Ça marche ou pas ? - Je ne sais pas s’il y en a. Si y’en a ! On pourrait végétaliser le toit de l’immeuble mais c’est difficile de végétaliser avec les panneaux solaires. Est ce que vous avez une politique à terme pour les jardins, pour voir si ça peut évoluer… ? - C’est mon souhait personnel mais après l’association c’est un ensemble de gens, y’a un bureau… Moi je voudrais qu’on ouvre le jardin complètement, qu’on supprime toutes les clôtures, qu’on fasse un jardin de fleurs. Parce que le jardin de légumes, on a 4 tomates à distribuer… On ne distribuera jamais 4 tomates à 100 personnes, autant qu’on en fasse autre chose, qu’on le fleurisse, un petit bassin, faire un truc d’agrément, une tonnelle, un banc…c’est ça que je voudrais faire.
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- Pourquoi dans les rues quand on plante des arbres fruitiers ils sont toujours stériles pourquoi ? - Il doit y avoir une responsabilité… Là au coin de la rue ils ont replanté des poiriers. - Ici c’est ce qu’il faudrait faire, planter des cerisiers… - Y’a des groseilliers déjà, y’ a un pêcher, on a mis un pêcher parce que ça fait de jolies fleurs pas pour les 4 pêches… Du coup ce dont vous vous rendez compte c’est qu’il y a un accord difficilement viable dans la communauté ? - Bien sur c’est impossible, sur une petite surface comme ça on ne peut pas, si on met des haricots verts, des pommes de terre, des blettes et des citrons il nous faut un champ… Pour 600 personnes il faut un champ. Si en plus on en distribue au gens des HLM ça multiplie les quantités…on ne peut pas faire ça dans notre petit jardin. L’essentiel de ces jardins c’est que les gens remuent de la terre, c’est ça le but. Pour planter des patates ou pour mettre des fleurs, c’est aussi bien de mettre des fleurs ! C’est plus joli ! - Y’aura plus de gens disponibles si tu mets des fleurs, plus que pour les légumes. - Oui j’ai un peu peur, par exemple les gens on leur a dit qu’il y avait des herbes aromatiques, qu’ils pouvaient en couper, mais ils arrachent, si on met des fleurs les gens vont les arracher. C’est le danger ! - Pourtant quand il y a des roses, les gens n’y touchent pas. Il faut éduquer les gens, faire un jardin pédagogique. - C’était le but au départ, c’était un jardin pédagogique mais y’a aucun enfant qui y allait… Pourquoi y’a pas d’enfants, y’a les HLM autour mais chez nous c’est une maison de retraite, ça change, les enfants des HLM n’avaient pas le droit de venir. Nous notre jardin c’est vraiment un agrément, juste du plaisir. Mais pour être objectif, y’a des gens qui ne sont pas pour le jardin, ils aimeraient récupérer de la pelouse.
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Si un habitant voulait avoir son lopin de terre ? - Non c’est un jardin collectif c’est pas un jardin partagé. Ca ne fonctionne pas par îlot. On peut travailler dedans, mais ce n’est pas juste son carré de terre. Comment ça se passe avec Paris Habitat quand vous faites ces demandes ? - Très bien ! Parce que ça fait partie de leur politique ? - Oui ! Ils ont un budget pour les associations, donc des fois ils nous disent même qu’on ne demande pas assez ! Sinon après les budgets ne sont pas renouvelés !
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à ma mère.
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