Plan de l’exposition
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SOUS-SOL 9 Exposition de poche 2
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10 Sculpture instrumentale 11 Métamorphose
REZ-DE-CHAUSSÉE 1 Nature et géométrie
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7 Studiolo
2 Obsolescence
5 Récits de voyage
8 Carte
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Introduction L’exposition de Raphaël Zarka et d’Aurélien Froment découle d’une invitation mutuelle formulée par deux artistes qui ont une connaissance réciproque de leurs travaux respectifs. Les intéressés ont participé à de nombreuses manifestations tant dans le cadre d’expositions personnelles que collectives, en France et à l’étranger (Centre Pompidou, Vancouver Contemporary Art Gallery, Biennale de Venise...), mais cette exposition des Abattoirs est - pour l’un comme pour l’autre - une de leurs plus importantes, tant par sa surface que par le nombre de pièces rassemblées. Et ils en proposent une traversée commune. Pour le musée, cette réunion est un évènement inédit. Il est à la fois la somme de deux monographies, un projet commun de deux des artistes français 04
les plus reconnus de leur génération et une exposition collective. Appréhension large des œuvres de chacun, l’exposition est une découverte croisée et simultanée des principaux motifs de celles-ci. Déployée dans les espaces principaux des Abattoirs, elle regroupe une centaine de pièces, dont plusieurs inédites. Par sa double signature, la proposition approche la structure d’un chant en canon, mais elle se signale rapidement par une polyphonie exponentielle. Car sur une base stéréophonique, leur projet est aussi une exposition collective. Sujets, figures et auteurs s’y multiplient. Aurélien Froment et Raphaël Zarka ne sont pas les seuls auteurs ici. Ils convient les spectateurs à la visite d’un
musée imaginé, un endroit dans lequel les collections ne seraient pas protégées dans des vitrines mais réinventées par les œuvres qui les conservent. Olivier Michelon
Aurélien Froment est né en 1976, il vit et travaille à Dublin. Si l’image peut être considérée comme le moteur principal de son œuvre, celle-ci s’envisage comme une recherche poétique dont les formes se renouvellent à chaque sujet. Le cinéma, le Facteur Cheval, les arts de la mémoire et la danse sont quelques-uns des prétextes qu’il met en situation ici.
Raphaël Zarka est né en 1977, il vit et travaille à Paris. La sculpture est le socle commun de son œuvre, mais celle-ci se réalise également par la photographie, la peinture, le dessin ou encore la vidéo. Elle a été influencée par des horizons aussi divers que le skate-board, les objets mathématiques et bien sûr l’histoire des arts. Contemporain, le travail de Raphaël Zarka est en conversation avec les époques saisies dans ses œuvres.
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Nature et géométrie
Influencé par Rousseau, Friedrich Fröbel (1782-1852) conçoit au début du XIXe siècle un projet pédagogique inédit. Basées sur le jeu et la reconnaissance visuelle, les activités proposées dans le jardin d’enfants (Kindergarten) dont il est l’initiateur visent à une compréhension du monde par des formes manipulables. À travers des combinaisons géométriques simples, la méthode de Fröbel ressemble à un manuel de l’abstraction à venir. Avant le « traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône » de Paul Cézanne, il y a eu les « cylindres, sphères et cubes » de Fröbel. C’est avec ces éléments que la génération de Piet Mondrian et Vassily Kandinsky a saisi son environnement. Fröbel est tombé dans un oubli relatif, mais sa méthode est
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un des socles de nos outils d’appréhension du monde. Aurélien Froment s’est emparé de la méthode de Fröbel pour concevoir une exposition dans laquelle le pédagogue est autant un sujet qu’un acteur. Fröbel est « Fröbelé », traduit par ses outils. C’est à partir de ceuxci, que l’artiste compose ses photographies et recrée des objets pour introduire l’œuvre du pédagogue. Les images photographiques de Froment sont autant des compositions que des représentations. Dans ce gigantesque jardin d’enfants, joué à l’échelle d’une nef, le visiteur déambule visuellement et physiquement. Relais visuels, les photographies forment une grille de lecture que l’on peut poser sur l’ensemble de l’exposition et du bâtiment.
Dans cette présentation sont intégrées des œuvres de Raphaël Zarka, mais également une peinture de PierreHenri de Valenciennes (1750-1819) représentant Cicéron découvrant le tombeau d’Archimède. Sur son tombeau, le scientifique grec (287 av.JC – 212 av. JC) aurait demandé - bien avant Fröbel - que soit gravée une sphère inscrite dans un cylindre. Parmi d’autres inventions, Archimède est le découvreur de la vis sans fin, une forme que l’on retrouve dans les Cénotaphes que lui a dédiés Raphaël Zarka à partir d’une cheminée Tudor du XVIe siècle. À Archimède l’on doit aussi la première découverte du rhombicuboctaèdre, ce volume géométrique qui obsède l’œuvre de Zarka et dont l’on trouve deux occurrences ici. Les deux grands
volumes de bétons et de bois, intitulés Les récifs, sont des sculptures recueillies. Abandonnés au bord d’une nationale, ils ont été partiellement restaurés et consolidés par l’artiste. D’abord inconnus dans leurs usages, ces rhombicuboctaèdres se sont avérés être des récifs artificiels, une géométrie propre à recréer la nature.
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Obsolescence
2 Les formes du repos de Raphaël Zarka traitent de constructions, de volumes, d’« ouvrages d’art » délaissés, de rampes de skateboard reprises par la nature ou de rail de train à grande vitesse resté dans le paysage. Photographiés, ces morceaux ne sont pas des ruines mais des sculptures, suspendues dans le temps. En 1982 dans Fitzcarraldo, le cinéaste Werner Herzog raconte la passion dévorante d’un homme pour l’opéra. Avec sa modeste fortune, il rêve de bâtir une salle de concert dans la jungle péruvienne. Cette folie lyrique l’amène à faire passer un bateau entre deux bras de fleuve. Aurélien Froment a repris cet épisode sous la forme d’un plan-relief. Cette maquette est proche dans
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sa facture et ses motivations de celles présentes dans les musées d’histoire naturelle. La maquette matérialise un point de bascule dans le film et dans le destin de son personnage. Un bateau est monté au sommet d’une montagne et y repose un instant. L’obsolescence dorée est un moment particulier dans lequel une technologie, jadis pleinement occupée par sa fonction, se révèle dans toute sa beauté et ses possibles. Au début du XXe siècle, le cinéma a rencontré le théâtre et le roman. Depuis il n’a cessé de raconter des histoires avec un début et une fin, là où il était avant tout une histoire de temps et de lumière. Balance des blancs de Froment est un film invisible qui dure le temps d’une exposition et disparaît dans celle-ci.
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Non alignés
« Somnath Mukherjee s’est installé à Pikine, ville satellite de Dakar en 1987. Avec Ram Chandra Biswas, Mukherjee quitte Calcutta en 1982, en vue de réaliser un tour du monde à bicyclette afin d’œuvrer pour la paix et l’amitié entre les peuples. Cinq années plus tard, après avoir traversé les villages et les villes de vingt-quatre pays du continent africain, après avoir appris les langues, partagé les repas en échange de performances et de spectacles improvisés, Somnath et Ram arrivent au Sénégal. Leur prochaine destination prévue : le Brésil. Amadou Badiane, chanteur sénégalais indophile invite alors Mukherjee à enseigner les danses indiennes. Appelé également à programmer et à diffuser la musique indienne via radios et
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télévisions, Mukherjee se fait rapidement un nom et décide de rester au Sénégal. Il crée une association culturelle Bharatindo-sénégalaise, (L’identité de Pehchane l’Inde), qui réunit autour de lui une petite communauté de passionnés à qui il continue de transmettre sans relâche depuis 25 ans la langue et les gestes de l’Inde, à travers le chant, la culture et la danse ». Aurélien Froment
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Mobiles
Dans son ouvrage Contes de la Lune (2011), l’historienne des lettres et des sciences, Frédérique Aït-Touati parle de « voyage optique » pour décrire la manière dont le père de l’astronomie moderne, Johannes Kepler, considérait ses observations de la Lune. C’est grâce à son télescope qu’il pouvait voyager jusqu’à la Lune, y camper ses expériences et ses récits. À la fin du XVIIe siècle, Emanuele Tesauro parlait même d’« ailes de verre » au sujet de l’optique du télescope. Nombre des œuvres de Froment et Zarka sont des instruments de navigation et de voyage. L’intérêt de Raphaël Zarka pour les formes de mesure, instruments scientifiques devenus pièces de musée, souligne ce point. Depuis 2010, il a entrepris la réalisation
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d’un catalogue raisonné du rhombicuboctaèdre, de la classification par Archimède de ce volume à 26 faces à son utilisation contemporaine, sans omettre ses nombreuses représentations picturales et scientifiques. À travers le répertoire qu’il dresse, Zarka fait des rhombicuboctaèdres volumes par ailleurs nommés de la sorte par Kepler - une suite de balises posées dans le temps et l’espace. L’optique (le cinéma, la photographie) occupe une place importante dans le travail d’Aurélien Froment. Avec ces outils, il déplace son regard et projette le spectateur dans d’autres espaces temps. Mais là, ce sont des tirages de cloches de terre, moulées à Arcosanti (Arizona), qui annoncent et se souviennent d’un des voyages de Froment.
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Récits de voyage
À l’origine, les récits de voyage étaient ce que l’on ramenait faute d’autre chose. À la fin du XVIe siècle, dans Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil, l’explorateur Jean de Léry regrette que son perroquet ait été mangé par les marins lors de son retour.
Rhombus Sectus de Zarka et The Apse, the Bell and the Antelope de Froment sont des récits de voyage. Le premier film prend pour sujet la bibliothèque nationale du Belarus à Minsk, une construction monumentale héritière accidentelle de l’architecture moderne et le plus grand rhombicuboctaèdre jamais construit. Dans son film, Zarka filme le bâtiment mais surtout sa présence massive et étrange. Il est posé dans le paysage mais sans certitude
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de pérennité ou de datation exacte. Le second film a pour sujet une autre architecture, celle conçue par Paolo Soleri à partir de la fin des années 1960 dans le désert de l’Arizona. Le projet est celui d’une cité réconciliée avec la nature. La ville est ici racontée par un de ses principaux habitants et constructeurs : Roger Tomalty. Malgré le recours à l’image, la ville est davantage décrite qu’elle n’est montrée. Au centre, un banc de béton est partagé par les deux projections. Celui-ci a été réalisé il y a un peu plus d’un an à Toulouse lorsque Roger Tomalty est venu pour apprendre aux étudiants des beaux-arts de la ville et aux deux artistes à travailler selon les méthodes de Soleri.
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Conversations
Le cabinet d’amateur est un genre pictural qui s’épanouit au début du XVIIe siècle. Un des plus célèbres est l’Allégorie de la vue réalisée en 1617 par Pierre Paul Rubens et Jan Brueghel, conservée au Musée du Prado (Madrid). Dans ces tableaux, les artistes s’approprient les œuvres d’autres en les peignant dans des intérieurs savamment agencés, des galeries imaginaires ou des lieux d’étude. Parfois même, les œuvres originales sont modifiées pour répondre à l’agencement. Le changement d’échelle, le passage d’un format à un autre, de la toile à la miniature, de la sculpture à la peinture, s’accompagnent de bouleversements plus substantiels. Certaines œuvres peuvent aussi être inventées pour être insérées dans de véritables
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conversations entre pièces conservées.
les
Froment et Zarka situent tous deux leurs travaux dans un après. Ils reprennent des formes déjà existantes, prolongent des histoires. Cette salle noue par une série de panneaux, de volumes et de transparences, un dialogue entre deux lieux, deux répertoires de forme et de vie : le monastère bénédictin de Monte Oliveto (Toscane) et le site d’Arcosanti (Arizona). Du premier lieu, Raphaël Zarka a « emprunté » les panneaux décoratifs insérés au début du XVIe siècle par Signorelli et Sodoma pour rythmer la fresque de la vie de Saint Benoît. Habituellement reléguées dans la partie inférieure du cycle, ces compositions géométriques,
véritable répertoire de figures abstraites, sont reprises par Raphaël Zarka et accrochées à hauteur de tableau. Ces grands dessins, qui évoquent dans leur technique aussi bien les gouaches découpées de Henri Matisse que la marqueterie, respectent la taille originale du
chef-d’œuvre renaissant. La vingtaine de planches s’apprécie indépendamment mais également comme panneaux ornementaux d’une salle où sont disposées par Froment des photographies et des maquettes de deux des principales structures construites à Arcosanti.
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Studiolo
Raphaël Zarka a plusieurs fois utilisé le terme de « sculpture documentaire » pour qualifier son travail. Par cette expression, il souligne qu’il travaille volontairement à partir de formes déjà existantes ; des formes qu’il n’invente pas mais qu’il découvre. À la manière d’un archéologue exhumant un objet, l’artiste s’intéresse autant aux contours de celui-ci qu’à son contexte d’extraction, à l’histoire dont il témoigne. À partir de 2008, Raphaël Zarka a entrepris une série de maquettes qui trouvent leurs sources dans la peinture italienne du XVe siècle. Une des plus complexes d’entres elles, Studiolo modélise le cabinet de Saint Jérôme tel qu’il a été imaginé par Antonello da Messina dans un célèbre tableau conservé à la
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National Gallery de Londres. Un studiolo est davantage qu’un lieu d’étude, il est aussi un lieu de conservation, une des variations des cabinets de curiosités et de merveilles qui se développent à la Renaissance et qui annoncent la classification du monde à venir. Aurélien Froment et Raphaël Zarka partagent un intérêt tout particulier pour la période renaissante. Elle est, du XVe au XVIe siècle, un moment très particulier dans l’histoire de l’art et des idées, une période dans laquelle la vision « moderne » du monde s’installe. Elle place l’humain en son centre, par l’art et les sciences. Cet instant est aussi celui d’une crise dans laquelle s’épanouissent d’autres formes de connaissances qui n’ont finalement
pas connu de suite. Ainsi, L’idée de Camillo d’Aurélien Froment s’attache à un texte, celui de Giulio Camillo, un philosophe hermétique qui, nourri par « l’art de la mémoire » de l’Antiquité a développé un projet de mémorisation du monde à
partir d’une suite de lieux et de figures disposés dans un théâtre. À travers la voix et les gestes de l’actrice Olwen Fouéré, Froment projette ce théâtre sur la scène du Teatro Olimpico réalisé d’après Palladio à Vicence à la fin du XVIe siècle. 19
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Carte
En 1968, un tremblement de terre a détruit la ville sicilienne de Gibellina. Une vingtaine d’années plus tard, le peintre italien Alberto Burri réalise un monument à l’échelle de la ville, une œuvre de près de 300 mètres sur 400. Il grande Cretto est une immense sculpture de ciment, un bloc qui recouvre le passé, mais conserve dans ses formes le souvenir de la ville. Le dessin de ses rues est devenu un réseau de craquelures. Raphaël Zarka emprunte souvent le terme de « documentaire » pour qualifier son travail, mais son film n’en est pas un. Il est une transformation, une déduction, celle d’une sculpture physique refondue en un film, un bloc de temps et d’image projeté, immatériel. Dans Gibellina Vecchia, le film de Zarka, un géomètre passe comme un double possible de
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l’artiste. À lui de relever un paysage arrêté, coulé dans le ciment, mais aux frontières indéfinies.
Tutto nero est une œuvre de Burri réalisée en 1955 et entrée dans la collection des Abattoirs en 1993. Elle appartient aux cycles réalisés par l’artiste à partir de sac de jute, un matériau organique dont les mailles éparses lui permettent d’atteindre une qualité organique, informe, aux bords indéfinis. Dans Sylvie et Bruno, l’écrivain Lewis Carroll, auteur d’Alice au Pays des Merveilles, évoque une carte détenue par un roi. Aussi grande que son royaume, elle n’a jamais pu être dépliée. Les paysans avaient peur que cela ne plonge leurs terres dans le noir.
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Exposition de poche
Théâtre de Poche d’Aurélien Froment est inspiré des prouesses du magicien Arthur Lloyd, un prestidigitateur de l’entre-deux guerres, dont le numéro consistait à exhiber à la demande toute sorte de documents imprimés. Lloyd jouait avec les images, mais aussi avec la mémoire. Il gardait en tête la classification d’un répertoire de plusieurs milliers de documents qui tenaient dans les poches de sa robe. Ici, un homme manipule une série de cartes face aux spectateurs. Il positionne des reproductions sur un écran transparent entre lui et nous. Inspirée de l’interface du film de science-fiction de Steven Spielberg Minority Report (2002), l’action rappelle les balayages d’images que nous réalisons quotidiennement sur nos écrans tactiles.
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Froment a réalisé son œuvre en 2007, l’année de la commercialisation de l’iphone et plusieurs mois avant celle de l’ipad. Mais l’œuvre trouve ses sources dans un temps bien plus long. Au XVIIe siècle, Cassiano et Carlo Antonio de Pozzo constituèrent sous le nom de Museo cartaceo (ou musée de papier) une collection de plusieurs milliers de feuillets, un recueil d’images destiné à rendre visible le savoir des hommes. Au fur et à mesure du film, le magicien s’entoure d’un monde d’images, un aquarium iconographique où se conjuguent associations et récits à la manière d’un film en plans fixes ou d’une exposition.
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Sculpture Instrumentale
L’expérience du skateboard a été décisive dans l’œuvre de Raphaël Zarka, non pour son iconographie, mais par le rapport particulier à l’espace qu’elle induit. La pratique du skate consiste en une série de détournements. Par « Une journée sans vague » – pour paraphraser le titre de l’ouvrage que Zarka a consacré à l’histoire du skateboard –, des skateurs ont transformé la rue en terrain de glisse. Ils ont utilisé des piscines vides pour y rouler, investi des espaces publics et privés pour rouler et sauter. La série Riding Modern Art est emblématique de cela. Collectées dans les magazines spécialisés, ces photographies montrent des sculptures utilisées comme obstacles ou appuis, souvent de manière spectaculaire. Les angles et les plans deviennent des
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surfaces et des points d’équilibre, les courbes des lieux d’accélération. Comme à rebours, l’artiste a conçu des sculptures « skatables » à partir des objets scientifiques du mathématicien Arthur Schönflies (18531928), des petits éléments géométriques plus ou moins réguliers qui s’emboîtent les uns dans les autres pour paver l’espace sans jamais laisser de vide. Agrandis à l’échelle du mobilier urbain, ils sont qualifiés de « sculptures instrumentales » par Raphaël Zarka qui les a confiés à des skateurs pour plusieurs journées, à charge pour eux de venir les patiner par figures interposées. Ces sculptures en bois valent pour leur forme, mais elles sont aussi des obstacles négociables par les skateurs.
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Métamorphose
Réalisée de manière parallèle à l’ensemble dédié à Friedrich Fröbel, l’installation photographique consacrée par Froment au Facteur Cheval (1836-1924) s’apparente à une galerie de portraits, ceux des créatures qui habitent l’architecture fantasmagorique de Ferdinand Cheval. Le Facteur a commencé à édifier son Palais à Hauterives en 1879. Il lui aura fallu plus de 30 ans pour bâtir un chef-d’œuvre dans lequel la structure du bâtiment n’est qu’excroissance sculpturale. Froment a isolé ces motifs grâce à un drapé noir. Cet artefact est également un accessoire qui renforce la théâtralité des êtres imaginés par le Facteur Cheval. À la grille et la clarté géométrique de Fröbel semble répondre le monde fantastique de Cheval.
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Par contamination, Les Prismatiques, sculptures présentées par Raphaël Zarka dans la salle, s’assimilent à une suite de fétiches aux allures anthropomorphes ou zoomorphes. Ces sculptures sont pourtant déduites avec rigueur par l’artiste à partir de modules identiques, une méthode qui aurait pu avoir cours dans les jardins d’enfants de Fröbel. Un jour, alors qu’il patientait dans l’atelier d’un ami peintre, Raphaël Zarka a mis la main sur un jeu de clés de châssis, ces petites pièces de bois énigmatiques qui se posent au dos du tableau, par paires, aux quatre angles du cadre pour tendre la toile. C’est à partir de cette forme trouvée que l’artiste a déduit une série de sculptures, un hommage concret aux illusions à venir.
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Les œuvres d’Aurélien Froment ont été coproduites avec : Badischer Kunstverein (Karlsruhe), Bunkier Sztuki (Cracovie), Clark House Initiative (Bombay), FRAC Îlede-France/Le Plateau (Paris), Irish Museum of Modern Art (Dublin), ISDAT (Toulouse), NCAD Gallery (Dublin) En collaboration avec : 12e Biennale de Dakar, Bharat-Pehchane (Pikine), Cinéma Le Cratère (Toulouse), Cosanti Foundation (Scottsdale), Palais Idéal du Facteur Cheval (Hauterives), National College of Art and Design (Dublin), Red shoes (Paris) Avec le soutien de : Arts Council of Ireland Galerie Marcelle Alix (Paris) Temple Bar Gallery + Studios (Dublin)
Aurélien Froment remercie : Isabelle Alfonsi, Sue Anaya, Cécilia Becanovic, Rob Clyde, Anne Dallant, Marie-José Georges, Tessa Giblin, Mary Hoadley, Anne Kelly, Marc Lagouarre, Stephen Marsden, Aurélien Mole, David Mozziconacci, Somnath Mukherjee, Pierre-Alexandre Nicaise, Chris Ohlinger, Camila Renz, Olga Rozenblum, Sumesh Sharma, Maki Suzuki, Roger Tomalty, Dominic Turner et les équipes des Abattoirs. Ainsi que les étudiants ayant participé au workshop Silt Casting qui s’est tenu du 1er au 8 décembre 2014 à l’ISDAT à Toulouse : Ismail Alaoui-Fdili, Audrey Brugnol, Antonin Detemple, Claudine Dumas, Anaïs Hay, Rebecca Konforti, Céline Lachaud, Jeanne Macaigne, Liza Maignan, Isamu Marsden, Ambre Muller, Marion Molinier, Aurélie Perderizet,
Leslie Ritz, Julie Saclier et David Vaucheret. Sauf mention contraire, Raphaël Zarka toutes les œuvres d’Aurélien Froment, courtesy Marcelle Alix, Paris. Les œuvres de Raphaël Zarka ont été coproduites avec : Mudam (Luxembourg), Musée Sainte Croix (Poitiers), Le Miroir (Poitiers), BPS22 (Charleroi), Atelier Calder (Saché), Galerie Michel Rein, Paris/Brussels. Raphaël Zarka remercie : Calder Foundation, Alfred Pacquement, Maxime Guitton, Corinne Bouvier, Guillaume Blanc, Pierre-Olivier Rollin, Pascal Faracci, Jean-Luc Dorchies, Laurence Gateau, Enrico Lunghi, Christophe Gallois, Clément Minighetti, Marie-Noëlle Farcy, Michel Rein, Loïc Chambon, Luciana Brito, deValence, Aurélien
Mole, Zohreh Zavareh, Ronan Lecreurer, Ernesto Sartori, Cécilia Becanovic, Raymond Azibert, Colette Barbier, Jacques Barbier, François Blanc, Daniel Bosser, Benoît Doche de Laquintane, Nicolas Libert et Emmanuel Renoird, Arnaud Oliveux, le Frac Basse-Normandie, le Frac Alsace, le CNAP, le Musée régional d’art contemporain (Sérignan), les photographes de Riding Modern Art et les équipes des Abattoirs. Sauf mention contraire, toutes les œuvres de Raphaël Zarka, courtesy Michel Rein (Paris/ Bruxelles), Luciana Brito (Sao Paulo). Remerciements au Musée des Augustins, au Musée de Lavaur et au Musée du Louvre pour leurs prêts exceptionnels. Cartels : Åbäke
Clark House Initiative
Programmation culturelle en lien avec l’exposition Jeudi 01/10 à 21h30 Auditorium - Entrée libre Concert de Caroline Bergvall “Vigil” Sentinelles (performance - création) avec la participation de Bruno Coffineau (chorale Le Cri du Chœur). Jeudi 20/10 à 18h30 Auditorium - Entrée libre Rencontre avec Aurélien Froment et Frère Jean-Michel Maldamé Lors de cette rencontre, il sera question de l’art de la mémoire. Les stratégies mnémotechniques, dont les dominicains firent un usage particulièrement important, sont au cœur de ”L’idée de Camillo”, installation d’Aurélien Froment. Mercredi 23/11 à 18h30 et 20h30 Cinéma le Cratère Projections uniques de trois films chiliens de Raùl Ruiz, présentées par Aurélien Froment et Pierre-Alexandre Nicaise 18h30 - Tres tristes tigres (Trois tristes tigres), Chili, 1968 20h30 - La Colonia penal (La colonie pénitentiaire), Chili, 1970 Suivi de : Ahora te vamos a llamar hermano (Désormais nous allons t’appeler frère), Chili, 1971
Couverture : Aurélien Mole, 2016 - Tous droits réservés Textes : Olivier Michelon Images : Aurélien Froment (5, 9, 13, 25), Raphaël Zarka (7, 11, 19), Stephan Baumann (15), Sully Balmassière (17), Aurélien Mole (21), Hendrik Herzmann (23)
L’exposition d’Aurélien Froment et de Raphaël Zarka fait l’objet d’une coproduction avec le Printemps de septembre. Avec le soutien de D’après une proposition d’Olivier Michelon.
les Abattoirs / ART MODERNE ET CONTEMPORAIN l ’ar t contemp or ain en Midi-P y r éné e s www.lesabattoirs.org