168
Australie L’activité économique s’est effondrée au deuxième trimestre de 2020. En effet, les mesures de confinement visant à lutter contre la pandémie ont contraint de nombreuses entreprises à suspendre leurs activités et les consommateurs à rester chez eux. Le confinement a toutefois été moins strict qu’ailleurs car l’épidémie de COVID-19 a été relativement modérée. Le soutien massif de la politique macroéconomique, dont une subvention salariale provisoire, limite l’ampleur du choc économique. D’après les prévisions, les restrictions économiques devraient pour la plupart disparaître peu à peu d’ici à juillet. Cependant, en cas de reprise de la contagion à grande échelle, avec de nouveaux confinements à la clé, la confiance en pâtirait et la trésorerie serait obérée. Dans ce scénario de deux chocs successifs, le PIB pourrait chuter de 6.3 % en 2020. Même en l’absence d’une deuxième vague, il pourrait reculer de 5 % en 2020. Le pays dispose d’une grande marge de manœuvre budgétaire pour soutenir la reprise économique le cas échéant. Il faudrait atténuer les effets stigmatisants du chômage, notamment pour les jeunes travailleurs, à travers l’éducation et la formation mais aussi en amplifiant les programmes de recherche d’emploi. Les entreprises devraient continuer à être aidées, y compris au moyen de garanties d’emprunt étoffées et de procédures d’insolvabilité accélérées. Les autorités devraient réfléchir à de nouvelles mesures de relance qui pourraient s’imposer une fois que les mesures actuelles prendront fin à l’issue du troisième trimestre de 2020. Ces aides devraient privilégier l’amélioration de la résilience et des infrastructures sociales et matérielles, dont le renforcement du système de protection sociale et l’investissement dans l’efficacité énergétique et le logement social. Australie Une deuxième vague épidémique affaiblirait la reprise Indice T4 2019 = 100, c.v.s. 110
PIB réel
Les pertes d'emploi ont été massives % de la population d'âge actif 64
Scénario du choc unique Scénario de deux chocs successifs
100
← Taux d'emploi
Taux de chômage →
63
105
% de la population active 7 6
62
5
61
4
60
3
59
2
58
1
95 90 85 80
2019
2020
2021
0
57
2014
2015
2016
2017
2018
2019
0
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 107 ; et OCDE, Statistiques du marché du travail à court terme.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888934138986
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2020, NUMÉRO°1 © OCDE 2020
169
Australie : Demande, production et prix (scénario de deux chocs successifs) 2016
Australie: scénario de deux chocs successifs PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
2017
Prix courants milliards de AUD
2018
2019
2020
2021
Pourcentage de variation, en volume ( prix de 2017/2018)
1 703.5 983.3 319.3 417.3 1 719.9 - 2.6 1 717.3 337.1 351.0 - 13.9
2.5 2.5 3.9 3.6 3.0 -0.1 2.9 3.7 7.8 -0.9
2.8 2.6 4.0 2.5 2.9 0.1 2.9 5.0 4.2 0.2
1.8 1.5 5.3 -2.3 1.3 -0.2 1.0 3.1 -1.2 1.0
-6.3 -9.5 5.7 -11.0 -6.9 -0.3 -7.2 -6.9 -11.2 0.7
1.0 1.1 3.9 -2.1 1.0 0.2 1.2 2.1 3.0 -0.1
_ _ _ _ _ _ _
3.6 2.0 1.7 5.6 -0.7 43.6 -2.6
2.3 1.9 1.7 5.3 0.1 43.5 -2.0
3.1 1.6 1.6 5.2 0.0 45.8 0.6
1.2 0.1 0.8 7.6 -12.2 62.4 1.5
0.7 0.7 0.8 8.8 -6.8 65.8 1.1
1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors alimentation et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 107.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888934137219
Pour le moment, l’Australie a été relativement épargnée par l’épidémie de COVID-19 En Australie, les premiers cas ont été identifiés dans deux États de l’est du pays le 25 janvier. Les cas d’infection ont augmenté sensiblement durant les trois premières semaines de mars. Toutefois, le dépistage s’est rapidement développé et le nombre de nouveaux cas semble avoir culminé fin mars. Les sollicitations du système de santé ont pu être gérées, ce qui a permis de contenir le nombre de décès à des niveaux relativement bas. Au départ, les mesures d’endiguement limitaient les déplacements vers l’Australie en provenance de certains pays. Cependant, à compter du 20 mars, seuls les résidents et les membres de la famille proche ont été autorisés à entrer dans le pays, avec une obligation d’isolement volontaire. Plusieurs États ont découragé la circulation des personnes entre les États et des villages indigènes reculés ont fermé leurs accès afin de protéger leurs populations plus vulnérables. Au moment de la propagation du virus en mars, les mesures de distanciation se sont multipliées. Le 29 mars, les rassemblements de plus de deux personnes (à l’exception des membres d’un même foyer) ont été interdits et certaines activités commerciales non essentielles et lieux de réunion publics ont été fermés. Certains États ont fixé des conditions plus strictes. Pour soutenir le système de santé, les pouvoirs publics ont débloqué des financements supplémentaires, redéfini les méthodes de prestation de service et noué des partenariats avec des prestataires de soins privés. Fin avril, une application facultative a été lancée en vue de faciliter le suivi et le traçage des chaînes d’infection. En mai, les autorités ont commencé à assouplir les mesures antérieures avec pour objectif de supprimer la plupart des restrictions économiques d’ici à juillet.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2020, NUMÉRO°1 © OCDE 2020
170
Australie : Demande, production et prix (scénario du choc unique) 2016
Australie: scénario du choc unique PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
2017
Prix courants milliards de AUD
2018
2019
2020
2021
Pourcentage de variation, en volume ( prix de 2017/2018)
1 703.5 983.3 319.3 417.3 1 719.9 - 2.6 1 717.3 337.1 351.0 - 13.9
2.5 2.5 3.9 3.6 3.0 -0.1 2.9 3.7 7.8 -0.9
2.8 2.6 4.0 2.5 2.9 0.1 2.9 5.0 4.2 0.2
1.8 1.5 5.3 -2.3 1.3 -0.2 1.0 3.1 -1.2 1.0
-5.0 -7.6 5.4 -9.8 -5.6 -0.2 -5.8 -5.4 -9.5 0.7
4.1 5.7 3.3 1.8 4.3 0.2 4.5 5.1 7.0 -0.2
_ _ _ _ _ _ _
3.6 2.0 1.7 5.6 -0.7 43.6 -2.6
2.3 1.9 1.7 5.3 0.1 43.5 -2.0
3.1 1.6 1.6 5.2 0.0 45.8 0.6
1.3 0.2 0.9 7.4 -10.2 57.1 1.4
1.0 1.4 1.2 7.6 -3.1 57.7 1.0
1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors alimentation et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 107.
StatLink 2 https://stat.link/xkziqs
L’activité a subi une forte contraction en raison de la pandémie La pandémie a frappé une économie qui subit un ralentissement de l’investissement et les effets d’une grave sécheresse et de feux de brousse catastrophiques, mettant ainsi un terme à 29 ans d’expansion économique. La confiance des entreprises et des consommateurs a chuté, en deçà des niveaux datant de la crise financière mondiale, mais semble s’être en partie rétablie avec l’assouplissement des restrictions en mai. De nouvelles subventions salariales temporaires, le programme baptisé JobKeeper, contribuent à endiguer le chômage. Toutefois, les suppressions d’emplois ont été massives, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration et du divertissement. Le taux de chômage officiel mesuré a bondi à 6.2 % en avril, ce qui est allé de pair avec une baisse sensible du taux d’activité. Les exportations de services, dont ceux de tourisme et d’éducation, ont diminué de manière particulièrement brutale ces derniers mois.
Une politique macroéconomique expansionniste soutient les ménages et les entreprises Entre mars et mai, les administrations fédérales et régionales ont annoncé un soutien budgétaire direct représentant plus de 8 % du PIB 2020, qui se concentre sur les deuxième et troisième trimestres de 2020. La subvention salariale du programme JobKeeper équivaut à plus de 3 ½ pour cent du PIB. Une aide de trésorerie pour les entreprises et un doublement du montant des allocations chômage avec un élargissement des conditions d’accès soutiennent aussi les revenus. Parmi les autres annonces figurent
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2020, NUMÉRO°1 © OCDE 2020
171 une augmentation des dépenses de santé, des garanties d’emprunt pour les petites entreprises, des moratoires sur les expulsions et un accès facilité à l’épargne-retraite. En mars, la banque centrale a procédé à une baisse de 50 points de base, à 0.25 %, de son taux directeur et fixé un objectif de rendement pour l’emprunt d’État australien à 3 ans de 0.25 %, parallèlement à d’autres mesures. L’autorité de réglementation des services financiers a assoupli les réglementations prudentielles, ce qui a permis aux banques d’accorder aux PME et aux ménages pénalisés une suspension provisoire du remboursement des prêts pendant 3-6 mois.
Une reprise rapide est possible mais les effets négatifs subsisteront Les restrictions économiques sont supposées continuer à disparaître progressivement et les mesures de garantie de revenu prendre fin en septembre. Dans le scénario de deux chocs successifs, le rétablissement des restrictions est supposé allé de pair avec de nouvelles garanties de revenu et d’autres mesures de moindre ampleur. Compte tenu de la persistance de restrictions aux déplacements internationaux jusqu’à fin 2020 et de la situation géographique de l’Australie, une deuxième vague pourrait être plus petite qu’ailleurs. La contraction de l’économie se concentre sur le deuxième trimestre. L’activité se redresse à mesure que les restrictions s’atténuent et que les possibilités se multiplient pour les consommateurs. Cependant, la perte de revenus, la montée du chômage et la prudence actuelle modèrent la consommation. La réduction de la demande, la situation financière plus fragile et l’incertitude pèsent sur l’investissement des entreprises. Ces vents contraires sont plus puissants dans le scénario de deux chocs successifs en raison des difficultés financières durables et de la plus grande incertitude, alors que la confiance facilite une reprise plus rapide dans le scénario du choc unique. Par conséquent, d’après les projections, le PIB 2020 devrait chuter de 6.3 % dans le scénario de deux chocs successifs et de 5 % dans celui du choc unique. Dans les deux scénarios, les exemptions de frais de garde d’enfants et autres dépenses ainsi que la diminution des prix des carburants font provisoirement baisser les prix à la consommation. Le taux d’inflation sous-jacente restera faible. Un risque majeur pour les perspectives est que l’endettement élevé des ménages pose des problèmes de remboursement des dettes, potentiellement amplifiés par un repli du marché du logement, et compromette la reprise. À l’inverse, la reprise s’accélèrerait en cas de rebond rapide de la confiance.
De nouvelles mesures gouvernementales contribueraient à garantir la reprise Une grande marge de manœuvre budgétaire permet à l’Australie de riposter avec force à une deuxième vague du virus ou à un éventuel essoufflement de la reprise. Certaines mesures de garantie de revenu en particulier devront peut-être être prolongées au-delà de leur date de fin en septembre. Pour doper la croissance de l’emploi, le gouvernement projette d’améliorer le système de formation professionnelle et d’encourager une réforme des relations du travail. Il pourrait aussi promouvoir davantage le recyclage professionnel et le développement des compétences en misant sur l’éducation des adultes et amplifier les programmes de recherche d’emploi. Des garanties d’emprunt étoffées et des procédures d’insolvabilité accélérées pourraient réduire les effets stigmatisants pour les chefs d’entreprise et faciliter une reprise plus dynamique. Le gouvernement a annoncé récemment des plans de soutien en faveur de secteurs particulièrement touchés, dont un plan de relance pour le secteur du bâtiment. Les autorités devraient aussi veiller à ce que le système de protection sociale soit satisfaisant et songer à investir davantage dans l’amélioration de l’efficacité énergétique et le logement social. La poursuite des efforts de dépistage, de suivi des malades et de traçage de leurs contacts et le développement des outils numériques d’accès aux soins de santé pourraient améliorer les résultats et renforcer la capacité de faire face à d’autres épidémies.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2020, NUMÉRO°1 © OCDE 2020