Études économiques de l’OCDE : Pologne 2025
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ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE : POLOGNE 2025 © OCDE 2025
ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE : POLOGNE 2025 © OCDE 2025
Cette Étude économique a été préparée par Zuzana Smidova et Srdan Tatomir, sous la direction de Sebastian Barnes. Lutecia Daniel et Damien Azzopardi ont fourni une assistance en matière de recherche, tandis que Jean-Rémi Bertrand a apporté son concours pour la mise en forme du document. L’annexe A a été préparée par Miroslaw Błażej et Marius Górajski de l’Office central de statistique (GUS, Glówny Urzad Statystyczny) polonais.
Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE. Le Comité a examiné le projet d’Étude le 19 novembre 2024. Les données utilisées dans ce rapport ont été collectées jusqu’à la date du 24 janvier 2025.
Des informations sur la présente Étude et les précédentes, ainsi que sur la préparation des Études économiques, sont disponibles à l’adresse suivante : https://www.oecd.org/fr/themes/etudes-economiques.html
GRAPHIQUES
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TABLEAUX
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(Les nombres entre parenthèses correspondent à la moyenne de l’OCDE)
dernière période connue) 9.1
Revenu disponible médian des ménages (milliers USD à PPA, 2022 ; OCDE : 2021)
Note : Si l’année à laquelle se rapportent les données diffère de celle qui figure dans le titre de ce tableau, elle est indiquée entre parenthèses. Lorsque l’agrégat OCDE n’est pas disponible dans la base de données utilisée comme source, une moyenne simple des dernières données disponibles pour les pays de l’OCDE est calculée lorsque ces données existent pour au moins 80 % des pays membres de l’Organisation.
1 Les chiffres correspondant à l’agrégat OCDE sont des moyennes pondérées.
Source : Calculs effectués à partir d’informations extraites des bases de données des organisations suivantes : OCDE, Agence internationale de l’énergie, Organisation internationale du travail, Fonds monétaire international, Organisation des Nations Unies et Banque mondiale.
Messages clés :
1. Après de fortes augmentations des dépenses sociales, de santé et de défense, un ajustement budgétaire soutenu s’impose en Pologne pour réduire le déficit et éviter une demande excédentaire, tout en s’attaquant au problème de la montée des dépenses liées au vieillissement de la population.
2. L’efficacité du système de santé et les résultats dans ce domaine peuvent être améliorés par une série de réformes destinées à renforcer les incitations, les effectifs, l’investissement et la prévention.
3. Bien que les émissions de gaz à effet de serre aient diminué, les pouvoirs publics doivent agir plus rapidement dans les secteurs de l’énergie, des transports et du logement pour que les objectifs climatiques puissent être atteints.
4. La poursuite du processus de convergence et de la croissance de la productivité peut être favorisée par une montée en compétences des travailleurs, une amélioration de la gouvernance des entreprises publiques et l’élaboration d’une stratégie migratoire globale.
Poursuivre la convergence économique tout en améliorant de manière pérenne le niveau de vie
Après la pandémie et les répercussions initiales de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, la Pologne devrait à présent faire en sorte de renouer avec une trajectoire de croissance économique vigoureuse, gérer le vieillissement de la population, améliorer les soins de santé et les soins de longue durée, et accélérer la transition écologique.
Les résultats économiques de la Pologne et le niveau de vie de sa population se sont considérablement améliorés au cours des dernières décennies. Un environnement favorable pour les entreprises et le niveau d’instruction élevé de la population ont attiré l’investissement étranger et les entreprises novatrices. Les inégalités de revenu disponible restent faibles, mais le mauvais état de santé de la population réduit l’espérance de vie et la qualité de vie.
Les progrès ont ralenti ces dernières années, la pandémie et la guerre en Ukraine ayant prélevé un lourd tribut sur la société et l’économie. Les résultats en matière de santé se sont dégradés après la pandémie. L’inflation a fortement augmenté et l’activité économique s’est contractée. La sécurité énergétique est devenue une priorité à l’heure où les progrès réalisés en matière de décarbonation sont au point mort, tandis que la guerre a entraîné une hausse des dépenses de défense.
La Pologne devra veiller à ce que l’inflation soit durablement maîtrisée et à ce que les finances publiques suivent une trajectoire prudente afin de soutenir la croissance.
Le gouvernement de coalition, élu en 2023, prévoit d’assainir les finances publiques au cours de la période 2026-28, tout en préservant les politiques de l’investissement, de la santé, de la défense et de la protection sociale.
Pour continuer de rehausser le niveau de vie de la population et pour s’attaquer à des problèmes à long terme tels que le vieillissement démographique et la transition écologique, les autorités doivent prendre des mesures complémentaires. Le vieillissement de la population, qui exacerbe les pénuries de maind’œuvre, risque de freiner la croissance, tandis que les besoins futurs en matière de dépenses de retraite exerceront sans doute des tensions budgétaires. À mesure que la population vieillit, il apparaît de plus en plus important d’améliorer les résultats relativement médiocres en matière de santé. Par ailleurs, une montée en compétences des travailleurs, une amélioration de la gouvernance, ainsi qu’un recours accru et plus judicieux à l’immigration qualifiée, permettraient de réaliser des gains de productivité supplémentaires. Une gestion réussie de la transition d’une économie à forte intensité de carbone vers une économie plus verte aidera les entreprises et les consommateurs à s’adapter.
Piloter la reprise économique, réduire le déficit et améliorer la viabilité budgétaire à long terme
L’activité économique devrait rebondir en 2025-26, sur fond d’atténuation des tensions inflationnistes et d’assouplissement des conditions financières. Les mesures de soutien budgétaire, conjuguées aux dépenses supplémentaires consacrées aux politiques sociales, à la santé et à la défense, ont créé un déficit budgétaire considérable. Pour placer les finances publiques sur une trajectoire prudente, il faudra réduire les dépenses et accroître les recettes fiscales, tout en garantissant la viabilité du système de retraite et en finançant de manière adéquate la transition écologique.
Après avoir subi un choc inflationniste important qui a pesé sur l’activité, l’économie a renoué avec la croissance à la mi-2023 (Graphique 1), soutenue par les échanges et l’investissement public, ainsi que par une modération de la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie. L’inflation globale a fortement diminué par rapport à son pic et s’est établie au niveau de l’objectif visé au début de 2024, mais elle est repartie à la hausse sous l’effet de la suppression de mesures de soutien liées aux prix des produits alimentaires et de l’énergie. L’inflation sous-jacente reste élevée du fait des tensions observées sur le marché du travail et de la forte progression des salaires. Le démantèlement des mesures d’aide énergétique encore en place ayant été reporté au second semestre de 2025, l’inflation globale devrait se hisser à 5 % en 2025, puis refluer à 3.9 % en 2026. La politique monétaire devrait rester restrictive, mais les taux d’intérêt devraient baisser progressivement à mesure que la progression des salaires ralentira et que les tensions inflationnistes s’atténueront durablement. L’amélioration de la demande extérieure, le recul de l’inflation et l’assouplissement des conditions financières soutiendront la croissance. Le PIB réel devrait croître de 3.4 % en 2025 et de 3 % en 2026 (Tableau 1).
Les perspectives économiques demeurent entourées d’incertitudes. Si la forte progression des salaires se poursuit, la consommation pourrait
sensiblement augmenter et l’inflation risquerait de diverger à la hausse par rapport aux prévisions. Le fléchissement de la demande mondiale pourrait plomber les exportations, tandis que l’assainissement budgétaire pourrait peser sur la croissance. La reprise pourrait en outre être mise en péril par les évolutions géopolitiques régionales et mondiales.
Le système financier semble résilient, mais les risques devraient être surveillés de près. Bien que les prêts hypothécaires à taux variable soient très répandus, les ménages ont réussi à s’adapter à la hausse des coûts d’emprunt. L’exposition des banques vis-à-vis du marché de l’immobilier commercial est limitée et le risque de crédit que représentent les entreprises reste faible. Le règlement de litiges relatifs à des prêts en devises, qui constituent de longue date une source de risques juridiques, progresse.
En 2024, le déficit budgétaire a atteint 5.8 % du PIB, et il devrait être très similaire en 2025. Malgré le dynamisme des recettes, l’augmentation des dépenses consacrées aux politiques sociales, à la santé, à la défense, ainsi qu’aux aides liées à l’énergie et aux produits alimentaires a creusé l’écart entre les recettes et les dépenses. Le plan budgétaire à moyen terme du gouvernement prévoit un assainissement des finances publiques sur quatre ans, caractérisé par un ajustement modeste en 2025 suivi d’un assainissement de l’ordre de 1 point de PIB par an de 2026 à 2028.
Tableau 1. L’expansion économique devrait se poursuivre à un rythme soutenu
Taux de croissance annuelle, en %, sauf indication contraire
Source : OCDE, base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 116, novembre 2024.
Graphique 1. L’activité économique est remontée en régime en 2024
Produit intérieur brut, en volume
Index 2019Q4 = 100
Source : OCDE, base de données des comptes nationaux.
Compte tenu de l’ampleur du déficit, l’ajustement budgétaire prévu est bienvenu. L’ajustement programmé sur la période 2026-28 est ambitieux et va probablement peser sur la croissance au cours des années à venir. La réduction du déficit permettra d’établir un plus juste équilibre entre les politiques budgétaire et monétaire. Un élargissement de la base d’imposition contribuerait à accroître les recettes de manière efficiente et équitable. Il est possible de collecter davantage de recettes en utilisant la valeur des biens au lieu de leur superficie comme base de calcul de l’impôt annuel sur la propriété immobilière, comme dans la majorité des autres pays de l’OCDE. La mise en place d’une fiscalité globale des véhicules automobiles fondée sur leurs émissions, le relèvement des droits d’accise sur les carburants, la réduction du nombre de produits auxquels la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) s’applique à des taux préférentiels, ainsi que l’augmentation des taxes environnementales se traduiraient par un surcroît de recettes dont le pays a grand besoin. Il est possible d’améliorer l’efficience des dépenses consacrées à la politique familiale en instaurant une dégressivité des transferts en fonction du niveau de revenu. Le
StatLink 2 https://stat.link/jqpfc0
processus budgétaire devrait inclure des examens complets des dépenses et des examens des dépenses fiscales.
Il faut remédier aux tensions budgétaires à long terme liées au vieillissement de la population et à la transition écologique. Les mesures prévues à l’heure actuelle reposent sur l’hypothèse d’une réduction sensible du taux de remplacement assuré par les pensions au cours des décennies à venir, mais l’épargne-retraite privée restant faible, les dépenses publiques risquent d’augmenter dans l’avenir. L’indexation de l’âge légal de la retraite sur les gains d’espérance de vie et l’alignement progressif de l’âge de départ à la retraite des femmes sur celui des hommes contribueraient à limiter ce risque. Par ailleurs, il faut que la réglementation applicable aux dispositifs de retraite adossés à des actifs soit stable. Des investissements publics dans les infrastructures et l’adaptation au changement climatique, ainsi que des aides destinées aux travailleurs et aux ménages les plus durement touchés, seront nécessaires pour favoriser la transition écologique, et il faut trouver de nouvelles sources de recettes.
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Les dépenses de santé sont relativement faibles depuis fort longtemps, même si elles augmentent actuellement. Par ailleurs, malgré de récentes améliorations, les résultats en matière de santé sont médiocres. Toute dépense supplémentaire devrait être consacrée à l’amélioration des traitements et au renforcement de la prévention, et permettre de réaliser des gains d’efficience. Compte tenu du vieillissement de sa population, la Pologne a besoin d’un cadre durable pour les soins de longue durée.
Malgré les améliorations notables des résultats en matière de santé observées au cours des deux dernières décennies, l’espérance de vie reste parmi les plus faibles de la zone OCDE (Graphique 2). Les hommes vivent moins longtemps que les femmes, tandis que le nombre d’années de vie en bonne santé est inférieur à celui de la plupart des autres pays de l’OCDE. Plus de la moitié des décès sont imputables à des maladies cardiovasculaires et à des cancers. Les services de santé sont largement accessibles, mais les coûts des soins de santé pour les patients ne sont pas entièrement couverts par le système public, ce qui rend les ménages les plus pauvres vulnérables. Les dépenses publiques de santé sont en augmentation et devraient atteindre 7 % du PIB en 2027, alors que leur niveau était estimé à 5.8 % du produit intérieur brut en 2023.
Il est possible d’améliorer l’efficience du système de santé en renforçant la prévention et la coordination des soins, grâce à un recours accru à des mécanismes d’incitation dans le secteur des soins de santé primaires. Une évolution vers des services de santé intégrés est en cours, mais de nombreux praticiens de soins primaires éprouvent des difficultés à trouver des cliniques spécialisées avec lesquelles coopérer, et les incitations à améliorer les résultats sont insuffisantes. Malgré la hausse des dépenses, les délais d’attente n’ont pas diminué, compte tenu de la suppression de la limite du nombre de consultations de médecins spécialistes financées par l’assurance publique.
Le système hospitalier est vaste, complexe et mal coordonné. Le nombre de lits d’hôpital est relativement élevé. Les hôpitaux demeurent endettés et la qualité de leur gestion est variable. Rationaliser le système tout en veillant à ce que les services répondent de manière adéquate aux besoins sanitaires régionaux permettrait de réduire les coûts et d’améliorer les résultats. Des initiatives de formation des cadres et une responsabilisation
accrue à l’égard des résultats des hôpitaux pourraient améliorer la qualité globale de la gestion de ces établissements. Il faut également investir davantage.
La Pologne connaît une pénurie persistante de professionnels de santé en raison du nombre insuffisant de diplômés en médecine et en soins infirmiers, du vieillissement de la main-d’œuvre et de l’émigration. Ce manque de personnel explique en partie la longueur des délais d’attente et réduit l’accès aux soins de santé. Les salaires, qui ont récemment été augmentés, sont désormais compétitifs, mais les conditions de travail doivent être améliorées. Les pénuries de personnel entravent l’accès aux soins de santé, en particulier dans les zones rurales. Les autorités devraient continuer d’augmenter sensiblement le nombre de places de formation en soins infirmiers et élaborer une stratégie globale en matière de main-d’œuvre.
La mortalité évitable grâce à la prévention est relativement élevée. La faible participation aux campagnes de dépistage du cancer devrait être accrue pour augmenter les chances de succès des traitements. Mettre davantage l’accent sur la prévention peut contribuer à réduire les risques pour la santé liés au mode de vie et, partant, les coûts de santé. Il conviendrait de relever encore les droits d’accise sur le tabac et l’alcool et de limiter le nombre et les horaires d’ouverture des magasins vendant de l’alcool.
Actuellement, la plupart des soins de longue durée sont dispensés de manière informelle par les ménages. Il est nécessaire de développer la prise en charge en établissement et la prise en charge professionnelle à domicile, celles-ci pouvant améliorer le bien-être et renforcer la présence des aidants sur le marché du travail formel. Il faut pour cela développer le secteur des soins et adopter une méthode de financement fondée sur les besoins et liée à la fois au revenu et au patrimoine.
Graphique 2. L’espérance de vie a augmenté mais demeure inférieure à la moyenne de l’OCDE
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé.
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Réduire les émissions tout en s’adaptant au changement climatique
Les progrès réalisés par la Pologne en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont lents, et la diminution de la dépendance de son économie à l’égard des énergies carbonées représente un défi considérable. Le projet de plan national énergie-climat à l’horizon 2030 publié l’année dernière constitue une avancée importante en termes d’ambition et de mesures prévues.
Malgré la diminution des émissions, la Pologne ne sera sans doute pas en mesure d’honorer ses engagements internationaux en la matière. Après des années d’action publique limitée, il faut que la Pologne accélère sa progression en matière de réduction durable de ses émissions (Graphique 3), notamment en définissant clairement une trajectoire de tarification du carbone à long terme. Le projet de plan national énergie-climat est bienvenu, étant donné qu’il fixe des objectifs plus ambitieux, en phase avec les engagements internationaux de la Pologne.
En raison de sa forte dépendance à l’égard du charbon, le secteur de l’énergie est à l’origine de plus de 40 % des émissions. La politique actuelle est axée sur le développement des énergies renouvelables et des capacités nucléaires. Une politique plus ambitieuse d’abandon progressif du charbon est nécessaire et devrait également porter sur le lignite. Pour remédier aux éventuels goulets d’étranglement en
matière de raccordement au réseau, il faudrait continuer d’investir de manière soutenue et en temps opportun dans les infrastructures électriques.
Le niveau des émissions des secteurs des transports et des bâtiments est élevé. La réforme actuelle de la fiscalité des véhicules automobiles est loin de correspondre aux meilleures pratiques internationales. Elle devrait porter sur tous les véhicules automobiles, être fondée sur leurs émissions et s’accompagner d’un renforcement des transports collectifs.
Le changement climatique se traduit par une augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes en Pologne, tels que les inondations, les sécheresses prolongées et les tempêtes. Des stratégies d’adaptation existent à tous les niveaux d’administration, mais la coordination et l’évaluation de leur mise en œuvre sont difficiles.
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Graphique 3. Il faut progresser plus rapidement vers la réalisation des objectifs climatiques
Note : L’agrégat PECO correspond à la moyenne des données relatives aux pays d’Europe centrale et orientale suivants : la Hongrie, la République slovaque et la Tchéquie. La trajectoire linéaire représente une trajectoire interpolée correspondant à la réalisation des objectifs de réduction des émissions à l’horizon 2030 (-55 %) et à l’horizon 2050 (neutralité carbone).
Source : Base de données de l’OCDE sur les émissions de gaz à effet de serre ; et Inspection générale de la protection de l’environnement (GIOŚ, Główny Inspektorat Ochrony Środowiska).
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Assurer la convergence de la productivité peut contribuer à entretenir la croissance
La convergence de la productivité a été forte, mais elle ralentira peu à peu. La poursuite de l’amélioration de l’environnement des entreprises, conjuguée à une réforme de la gouvernance des entreprises publiques, à une montée en compétences des travailleurs et à un renforcement de l’innovation, peut concourir à renforcer les gains de productivité. Une stratégie migratoire globale pourrait contribuer à remédier à des pénuries de compétences spécifiques.
L’économie polonaise a doublé de taille au cours des deux dernières décennies, sa croissance ayant été plus rapide que celle des pays voisins d’Europe centrale et deux fois supérieure à la moyenne de l’OCDE. La convergence continue de la productivité portera le taux de croissance à un niveau supérieur à la moyenne de l’OCDE, mais elle ralentira progressivement.
Une amélioration de la réglementation et une réforme de la gouvernance des entreprises publiques pourraient contribuer à stimuler la concurrence et à entretenir une croissance régulière de la productivité. Il conviendrait de réduire les obstacles réglementaires à la concurrence dans les secteurs de services et les industries de réseau et de renforcer le cadre de l’insolvabilité. La présence capitalistique de l’État
demeure importante. Il faudrait que la gouvernance des entreprises publiques soit plus conforme aux lignes directrices de l’OCDE. L’adoption d’une stratégie nationale en matière d’intégrité publique et le renforcement de la mise en œuvre du cadre en place amélioreraient l’environnement des entreprises.
Malgré la hausse des investissements privés dans la recherche-développement (R-D), les capacités d’innovation restent faibles. Les entreprises polonaises sont deux fois moins susceptibles d’introduire des innovations de produit et de processus d’affaires que leurs homologues de l’UE. Il existe des subventions généreuses à la R-D, dont il faudrait surveiller et évaluer les effets, afin de maximiser leur efficacité.
Des pénuries persistantes de compétences, dues au vieillissement de la main-d’œuvre, freinent la croissance continue de la productivité. Bien que ces pénuries aient été en partie compensées par l’augmentation du taux d’activité et de l’immigration, il est possible d’accroître encore l’offre de main-d’œuvre parmi
les seniors et les femmes. Il serait souhaitable de favoriser un développement plus généralisé des compétences des travailleurs et des entrepreneurs. L’immigration pourrait contribuer à atténuer les pénuries de compétences, mais une stratégie migratoire globale, axée sur les mesures d’intégration, sera indispensable.
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Principales conclusions
Principales recommandations
Renouer avec la prudence budgétaire à mesure que la croissance s’accélère et améliorer la viabilité budgétaire à long terme
L’inflation a nettement reflué et a atteint l’objectif visé au premier semestre de 2024, mais elle est depuis repartie à la hausse et reste supérieure à l’objectif. Le marché du travail est dynamique et les salaires augmentent fortement.
Un déficit budgétaire considérable s’est formé ces dernières années en raison de l’augmentation des dépenses consacrées aux politiques sociales, à la santé et à la défense. Le gouvernement a annoncé un plan d’assainissement budgétaire à moyen terme.
La Pologne a modifié son processus d’examen des dépenses, mais il est peu utilisé.
Les prestations familiales universelles en espèces ont considérablement augmenté ces dernières années, ce qui a aidé les familles à faible revenu, mais eu un coût budgétaire non négligeable.
La majeure partie des recettes fiscales provient des impôts sur la consommation, tandis que les impôts sur le revenu jouent un rôle moindre.
La viabilité du système de retraite sera mise à l’épreuve par l’âge de la retraite. Les hommes peuvent partir à la retraite à 65 ans et les femmes, cinq ans plus tôt.
Veiller à ce que la politique monétaire reste suffisamment restrictive pour ramener l’inflation au niveau de l’objectif à moyen terme.
Mettre en œuvre l’assainissement budgétaire prévu à moyen terme.
Réaliser des examens complets des dépenses et mettre en place des examens des dépenses fiscales, en intégrant les deux dans le processus budgétaire.
Réexaminer la nécessité de prestations familiales universelles et instaurer une dégressivité des transferts en fonction du niveau de revenu.
Pour accroître les recettes, rehausser les impôts sur le patrimoine et les taxes environnementales, et réduire le nombre de produits auxquels la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) s’applique à des taux préférentiels.
Aligner progressivement l’âge légal de la retraite des femmes sur celui des hommes et lier l’âge de la retraite aux gains d’espérance de vie.
Renforcer le système de santé
Les médecins de famille sont principalement rémunérés à la capitation. Les incitations financières à la réalisation d’activités essentielles telles que la prévention ne représentent qu’une faible proportion des revenus des médecins.
Le secteur hospitalier est relativement vaste et inefficient. L’organisation des soins hospitaliers est complexe et mal coordonnée. Les hôpitaux demeurent endettés et la qualité de leur gestion est variable.
La main-d’œuvre vieillit et le personnel infirmier est relativement peu nombreux.
La consommation d’alcool est parmi les plus élevées de l’OCDE, et elle a augmenté au fil du temps. La consommation de cigarettes est en hausse depuis 2015, le tabac étant devenu plus abordable. Près des deux tiers de l’ensemble des adultes sont en surpoids en Pologne, soit une proportion supérieure à la moyenne de l’UE.
Les dépenses consacrées aux soins de longue durée sont faibles et l’offre est insuffisante, alors que la demande de soins augmentera à mesure que la population vieillira.
Renforcer encore le recours aux mécanismes d’incitation dans le secteur des soins de santé primaires, pour favoriser la réalisation d’activités essentielles et de gains d’efficience économique.
Rationaliser le système hospitalier tout en veillant à ce que les services de santé répondent de manière adéquate aux besoins sanitaires régionaux.
Continuer d’accroître le nombre de places de formation en soins infirmiers
Continuer de relever les prix de l’alcool, du tabac et des produits alimentaires mauvais pour la santé, et prendre des mesures dissuasives pour réduire leur consommation.
Élaborer un cadre pour les soins de longue durée et développer la prise en charge en établissement et à domicile.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique
Une trajectoire claire d’évolution des prix du carbone définie au niveau national faciliterait la transition de l’industrie et des autres secteurs d’activité.
L’économie reste caractérisée par une forte intensité d’émission de carbone, principalement en raison de l’importance du charbon. Les mines de charbon devraient fermer d’ici à 2049, mais il n’est pas prévu de renoncer progressivement à l’exploitation du lignite.
Les émissions liées au secteur des transports ont augmenté ces dernières années. La Pologne est en deçà des meilleures pratiques de l’OCDE en ce qui concerne la fiscalité des véhicules automobiles.
Des stratégies d’adaptation sont en place à différents niveaux d’administration. La coordination et le suivi des progrès accomplis à tous les niveaux d’administration se révèlent difficiles.
Définir clairement une trajectoire de tarification du carbone à long terme, intégrant une hausse de la redevance nationale d’émission de gaz à effet de serre au niveau du prix résultant du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE).
Accélérer l’abandon progressif de la houille et fixer un objectif pour le lignite.
Mettre en place une taxe globale sur les véhicules automobiles, fondée sur le principe pollueur-payeur.
Renforcer la coordination et le suivi des progrès en matière d’adaptation au changement climatique à tous les niveaux d’administration.
Assurer la convergence de la productivité
La présence capitalistique de l’État demeure importante, notamment dans les industries de réseau.
Il manque à la Pologne une stratégie globale en matière d’intégrité publique depuis 2022.
Malgré l’augmentation de l’immigration ces dernières années, la Pologne ne dispose pas d’une stratégie migratoire globale prévoyant des mesures d’intégration.
Améliorer la gouvernance des entreprises publiques conformément aux lignes directrices de l’OCDE, et réexaminer régulièrement la nécessité de la présence capitalistique de l’État.
Adopter une stratégie nationale en matière d’intégrité publique et affecter des ressources suffisantes à sa mise en œuvre.
Adopter une stratégie migratoire globale intégrant une vision à long terme, ainsi que des programmes de suivi et d’intégration.
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