Inde note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Inde Après avoir été vigoureuse pendant l’exercice budgétaire 2022-23, la croissance du PIB réel devrait ralentir pour s’établir respectivement à 6.3 % et 6.1 % durant les exercices budgétaires 2023-24 et 2024-25, en raison d’événements météorologiques extrêmes et de la détérioration des perspectives internationales. L’envolée des exportations de services et des investissements publics continuera de stimuler l’économie. L’inflation refluera progressivement, ce qui améliorera d’autant le pouvoir d’achat. Parallèlement à la fin du phénomène climatique El Niño, aux gains de productivité résultant des récentes réformes de l’action publique et à l’amélioration de la situation mondiale, cette évolution devrait contribuer à renforcer l’activité économique et porter la croissance du PIB réel à 6.5 % lors de l’exercice budgétaire 2025-26. L’assouplissement de la politique monétaire devrait débuter au second semestre de 2024, favorisant l’investissement des entreprises et les dépenses discrétionnaires des ménages. L’investissement public se maintiendra à des niveaux élevés. Néanmoins, un nouvel assainissement des finances publiques devrait avoir lieu, ce qui accroîtra la marge financière disponible pour le secteur privé. Les défis encore à relever pour éradiquer la pauvreté, atténuer l’impact du changement climatique et accélérer la convergence des revenus exigent des efforts budgétaires considérables afin de mobiliser un surcroît de ressources et renforcer les réglementations, les institutions et les normes de façon à orienter les consommateurs vers des pratiques inclusives et durables. Inde 1

1. Le PIB réel par habitant est calculé à partir du PIB à prix constants de 2015 en USD, à PPA. Les données trimestrielles sur la population sont calculées par interpolation des données annuelles. Estimations de l’OCDE à partir de données sur la population pour 2023. 2. Correction des variations saisonnières faite par l’OCDE à partir de l’indice mensuel des prix à la consommation et de l’IPC sous-jacent (indice 2012 = 100) du ministère indien des Statistiques et de la Mise en œuvre des programmes (Ministry of Statistics and Programme Implementation ou MOSPI). Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114 ; base de données de l’OCDE sur la population ; et CEIC. StatLink 2 https://stat.link/q1vxab

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Inde : Demande, production et prix 2020 Prix courants trillions de INR

Inde PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks¹,² Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes¹ Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation Indice des prix de gros³ Solde financier des administrations publiques⁴ (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2021

2022

2023

2024

2025

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2011/2012)

198.3 121.5 23.0 54.0 198.6 0.5 199.1 37.1 37.9 - 0.8

9.1 11.2 6.6 14.6 11.5 0.8 8.0 29.3 21.8 0.9

7.2 7.5 0.1 11.4 7.8 0.0 8.1 13.6 17.1 -1.0

6.3 4.6 3.3 5.5 4.7 0.0 9.7 -3.3 11.3 -3.7

6.1 6.9 5.2 5.5 6.3 0.0 6.2 7.0 7.4 -0.5

6.5 7.2 3.7 6.3 6.6 0.0 6.5 6.4 6.6 -0.4

_ _ _ _ _

8.5 5.5 13.0 -10.4 -1.2

8.2 6.7 9.4 -8.9 -2.0

1.6 6.1 0.2 -8.4 -2.2

4.7 5.3 4.3 -7.5 -2.4

5.0 4.2 3.6 -7.0 -2.2

Note: Les données se réfèrent à l'exercice comptable commençant en avril. 1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Le montant effectif dans la première colonne inclut la divergence statistique et les opérations sur objets de valeur. 3. Tous biens. 4. Solde budgétaire brut du gouvernement central et des états. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114.

StatLink 2 https://stat.link/3jrpev

La demande intérieure soutient l’activité économique L’exercice 2023-24 a débuté sous le signe d’une forte croissance tirée par l’investissement public et la consommation privée. Toutefois, le ralentissement économique mondial a porté un coup aux échanges de marchandises. La situation diverge selon les secteurs et les territoires : les services (en particulier dans la finance et ceux tournés vers les exportations) sont plus dynamiques que l’industrie manufacturière et les zones urbaines s’en sortent mieux que les régions rurales. Les statistiques économiques récentes envoient des signaux contradictoires. Selon les comptes de revenus issus de la comptabilité nationale, le PIB réel a progressé de 7.8 % en glissement annuel au trimestre couvrant les mois d’avril à juin, alors que sa progression a été nettement moindre selon les comptes de dépenses. De même, les récentes données de marché concernant la consommation montrent que les ventes de voitures particulières et le trafic aérien se portent bien, tandis que les ventes de véhicules utilitaires et de tracteurs, ainsi que le transport ferroviaire de passagers et le fret aérien, reculent ou progressent lentement. La Banque de réserve de l’Inde et les enquêtes réalisées auprès des directeurs d’achat du secteur manufacturier font apparaître une amélioration des perspectives pour les entreprises, mais d’autres enquêtes prospectives sont moins optimistes quant à la situation de la demande. Le durcissement des conditions sur les marchés financiers et un certain tassement des prix des matières premières, qui réduit la demande globale d’emprunts de fonds de roulement, modèrent la croissance du crédit bancaire.

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Inde 2

1. Les années correspondent aux exercices budgétaires. Le ratio d’endettement correspond à la somme des dettes intérieures et extérieures de l’administration centrale et des États, exprimée en pourcentage du PIB. L’échéance moyenne pondérée est obtenue à partir des échéances des titres à long terme émis par l’État indien. 2. Y compris les autres sources d’énergie renouvelables. Source : Banque de réserve de l’Inde (Reserve Bank of India) ; et ministère de l’Énergie. StatLink 2 https://stat.link/ge4asn

Les événements internationaux jouent considérablement sur les perspectives de croissance intérieure, même si le ratio échanges/PIB de l’Inde est relativement faible. En dix ans, la part de marché de l’Inde dans les exportations mondiales a augmenté, principalement grâce aux services. Le déficit de la balance courante s’est réduit au cours du premier semestre de l’année civile 2023 et, en avril-octobre 2023, le déficit du commerce de marchandises a été inférieur de 12 % en valeur à celui de la période correspondante de 2022. L’Inde a saisi l’occasion d’acheter du pétrole de l’Oural à prix fortement réduit. La part de la Russie dans les importations de pétrole brut a progressé de moins de 5 % à plus d’un tiers.

La politique monétaire se resserre et l’assainissement budgétaire reste une priorité Le resserrement de la politique monétaire permet de gérer les tensions inflationnistes tout en pesant sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. L’inflation globale s’est modérée au premier semestre de 2023 et est tombée en deçà de la limite supérieure de la fourchette de 2-6% retenue comme objectif par la banque centrale en septembre. Les prix des produits alimentaires et de l’énergie restent sensibles aux conditions météorologiques et aux tensions géopolitiques. Le gouvernement a pris des mesures d’urgence supplémentaires pour juguler la flambée des prix des produits alimentaires de base, notamment en autorisant les importations de tomates du Népal et la vente de tomates à des prix subventionnés, ainsi que la mise sur le marché d’oignons provenant des stocks régulateurs. Les résultats financiers et les coefficients de solvabilité des banques se sont améliorés, grâce à l’amélioration de l’efficacité de la réglementation et de la surveillance, ce qui a amplifié la marge de manœuvre de la politique monétaire. Un surcroît d’efforts pourrait être nécessaire pour accélérer l’activation des récentes réformes du régime d’insolvabilité et faciliter la sortie du marché des entreprises non viables. Le taux d’activité, l’emploi et les salaires laissent entrevoir une amélioration de la situation du marché du travail, notamment pour les femmes et dans les zones rurales, mais compte tenu des réserves encore importantes de travailleurs dans ces régions, le risque de voir s’enclencher une spirale des salaires et des prix est minime. PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 2 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2023


104  L’assainissement budgétaire reste l’une des principales priorités d’action étant donné la nécessité de préserver la viabilité de la dette publique. En pourcentage du PIB, celle-ci a augmenté de 15 points de pourcentage depuis l’exercice budgétaire 2018-19, malgré l’allongement de sa maturité moyenne. Compte tenu des hypothèses raisonnables relatives à l’inflation et aux taux d’intérêt, une croissance du PIB supérieure à son niveau potentiel ou une réduction du déficit nettement supérieure à celle observée ces derniers temps seront indispensables pour arrêter la hausse du ratio dette/PIB. Au cours des deux prochaines années, les objectifs du gouvernement devraient être atteints, mais il devra déployer des efforts accrus pour contrôler les dépenses de l’État, et il lui faudra intervenir afin de réduire l’écart de taxation. Pour cela, il faudra élargir la base d’imposition du revenu des personnes morales et physiques, simplifier la structure du taux d’imposition des biens et des services, mettre fin aux exonérations d’impôt et combler les brèches du système fiscal. Il est également possible de parvenir à des gains d’efficience en procédant à des cessions partielles ou totales d’entreprises publiques.

L’économie sera résiliente en dépit des tensions internationales La croissance du PIB réel devrait ralentir pour s’établir respectivement à 6.3 % et à 6.1 % pendant les exercices budgétaires 2023-24 et 2024-25, avant de rebondir légèrement lors de l’exercice budgétaire 2025-26. Sur fond de ralentissement de la croissance, les anticipations d’inflation, les prix des logements et les salaires se modéreront dans l’ensemble peu à peu, si bien que l’inflation globale pourra tendre vers 4.2 %. Cette évolution permettra à la Banque de réserve de l’Inde de commencer à baisser les taux d’intérêt à compter de la mi-2024 pour les ramener à 5.5 % d’ici la fin de 2025. Les restrictions aux échanges (dont les interdictions d’exporter diverses variétés de riz) imposées en 2022 pour lutter contre l’inflation seront supprimées, ce qui contribuera au redressement de la croissance des exportations. Le déficit de la balance courante se maintiendra à des niveaux gérables. Les risques sont orientés de manière prédominante à la baisse. Si les indicateurs laissent penser que la croissance de l’Inde est stable pour le moment, il existe de grandes difficultés causées par l’accentuation des incertitudes à l’échelle mondiale. En outre, l’impact décalé du resserrement de la politique économique au niveau intérieur, conjugué à la dynamique décevante de certains indicateurs socioéconomiques dans les zones rurales, tels que les ventes de biens de consommation, continuera de faire sentir ses effets. Une saison de la mousson en deçà de la normale pourrait aussi avoir des répercussions négatives sur la croissance. Une accélération des sorties d’investissements de portefeuille, qui pourrait avoir des conséquences sur le taux de change, l’inflation et la politique monétaire, constitue un risque supplémentaire.

La politique budgétaire peut contribuer à accélérer la transition vers la neutralité en gaz à effet de serre La lutte contre la dégradation de l’environnement et le changement climatique exige des investissements et des changements de comportement considérables. Une plus forte mobilisation des recettes et une nouvelle amélioration de l’efficacité des dépenses publiques peuvent libérer des ressources pour l’investissement dans des infrastructures plus propres et écoénergétiques. Afin d’encourager le développement des énergies renouvelables, les subventions ciblées pourraient être revues à la hausse. Les taxes sur les émissions décourageraient l’utilisation des énergies sales, tout en diminuant la dépendance vis-à-vis des combustibles importés. Outre les interventions budgétaires, les campagnes à destination du public visant à favoriser l’adoption de styles de vie durables ont prouvé leur efficacité. Les effets sur la consommation, les coûts et les émissions énergétiques des mesures proposées par le gouvernement dans son initiative pour un style de vie écologique (Lifestyle for Environment ou LiFE) pourraient être considérables et conforter l’avancée de l’Inde, qui a réussi à atteindre son objectif de

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 105 produire 40 % de sa capacité électrique à partir de combustibles non fossiles. L’investissement dans les compétences et aptitudes écologiques, le transfert international plus facile des technologies vertes et le renforcement des réglementations, institutions et normes atténueraient le changement climatique et soutiendraient la croissance.

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