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Luxembourg La pandémie de COVID-19 a entraîné une brusque contraction de l’activité économique. Si le virus recule d’ici l’été (scénario du choc unique), le PIB devrait fléchir de 6.5 % en 2020, sous l’effet des mesures mises en place pour contenir la propagation de l’épidémie, puis se redresser de 3.9 % en 2021. En cas de résurgence du COVID-19 dans le courant de l’année (scénario de deux chocs successifs), le PIB chuterait de 7.7 % en 2020 et rebondirait de 0.2 % seulement en 2021. Dans ces deux scénarios, la reprise sera étayée par la demande intérieure et, dans une moindre mesure, par les exportations. Le taux de chômage s’approcherait des 8.6 % en 2021 dans le scénario de deux chocs successifs et de 7.5 % dans celui du choc unique. Les mesures adoptées pour protéger les travailleurs, les entreprises et les ménages – et notamment les subventions en faveur des petites entreprises, les garanties de crédit pour les entreprises et la prolongation des dispositifs de chômage partiel – devraient être maintenues jusqu’à ce que la demande intérieure montre des signes de reprise plus marqués afin de minimiser les éventuels dommages à long terme pour l’économie. Pour réduire le risque de nouvelles poussées épidémiques, les entreprises devraient être incitées à repenser leurs processus de production et de prestation de services de manière à réduire les contacts physiques, en recourant par exemple à des incitations financières. La stratégie de dépistage très large actuellement mise en œuvre devrait être conservée, afin de détecter et de contrôler les nouveaux foyers de contamination possibles. Luxembourg Le produit intérieur brut va se contracter en 2020 avant de se redresser partiellement en 2021
Le taux de chômage augmente
PIB réel
Taux de chômage
Indice T4 2019 = 100, c.v.s. 110 105
Scénario du choc unique
Scénario du choc unique
Scénario de deux chocs successifs
Scénario de deux chocs successifs
% de la population active 14 12 10
100
8 95 6 90
4
85 80
2 2019
2020
2021
0
0
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2020
2021
0
Source: Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n°107. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888934139727
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Luxembourg : Demande, production et prix (scénario de deux chocs successifs)
2016
Luxembourg: scénario de deux chocs successifs PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1
Prix courants milliards de EUR
54.8 16.3 8.7 10.0 35.0 0.5 35.4 116.8 97.4 19.4
Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation harmonisé IPCH sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
2017
2018
2019
2020
2021
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2010)
1.8 2.2 5.2 5.6 3.9 -1.1 2.2 0.7 0.7 0.4
3.1 3.3 4.0 -6.1 0.8 1.0 2.3 0.5 -0.3 1.6
2.3 2.8 4.9 4.0 3.7 -0.2 3.4 0.8 0.9 0.2
-7.7 -9.7 6.5 -14.4 -6.6 0.0 -6.5 -9.7 -9.6 -3.5
0.2 2.3 2.0 0.8 1.9 0.0 1.9 -1.2 -0.9 -1.0
_ _ _ _ _ _
1.7 2.1 1.4 5.9 1.3 29.9
2.5 2.0 0.9 5.5 3.1 29.0
3.4 1.6 1.8 5.4 2.2 29.4
1.4 0.7 1.2 7.2 -6.7 32.9
1.3 0.7 0.9 8.6 -7.7 41.2
_
22.4
21.0
21.4
24.9
33.2
_
4.9
4.8
4.5
2.6
2.8
1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors énergie, alimentation, alcool et tabac. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 107.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888934138321
Des mesures d’endiguement strictes ont permis de maîtriser l’épidémie Le premier cas de COVID-19 dans le pays a été signalé le 29 février. La pandémie s’est répandue rapidement en mars, atteignant un pic début avril. Les mesures d’endiguement adoptées ont permis de limiter sa propagation, le nombre de nouvelles contaminations, d’hospitalisations et de décès diminuant sensiblement. Grâce à une vaste stratégie de dépistage du COVID-19, l’évolution de la pandémie a pu faire l’objet d’un suivi relativement précis et rapide. Le 16 mars, les autorités ont déconseillé tous les voyages non essentiels vers d’autres pays. Un certain nombre de mesures d’endiguement strictes ont été instaurées après la validation de l’état de crise par le Parlement le 21 mars. Ces mesures prévoyaient notamment la fermeture des écoles et de toutes les activités commerciales non essentielles, la suspension de toutes les activités culturelles, sociales et de loisirs, l’annulation de tous les rassemblements, ainsi que l’arrêt de tous les chantiers dans le secteur de la construction, à l’exception de ceux concernant des infrastructures sanitaires ou autres infrastructures dites critiques. Il a été recommandé à l’ensemble des résidents de rester chez eux et de pratiquer la distanciation sociale. Suivant un plan de sortie du confinement en trois phases adopté à la mi-avril, les activités commerciales et les écoles ont rouvert en mai.
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Luxembourg : Demande, production et prix (scénario du choc unique)
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Luxembourg: scénario du choc unique PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation harmonisé IPCH sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
Prix courants milliards de EUR
54.8 16.3 8.7 10.0 35.0 0.5 35.4 116.8 97.4 19.4
2017
2018
2019
2020
2021
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2010)
1.8 2.2 5.2 5.6 3.9 -1.1 2.2 0.7 0.7 0.4
3.1 3.3 4.0 -6.1 0.8 1.0 2.3 0.5 -0.3 1.6
2.3 2.8 4.9 4.0 3.7 -0.2 3.4 0.8 0.9 0.2
-6.5 -7.8 6.8 -12.3 -5.1 0.0 -5.0 -8.6 -8.5 -3.3
3.9 7.4 3.2 7.5 6.2 0.0 6.1 2.6 3.1 0.0
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1.7 2.1 1.4 5.9 1.3 29.9
2.5 2.0 0.9 5.5 3.1 29.0
3.4 1.6 1.8 5.4 2.2 29.4
1.4 0.7 1.2 7.1 -5.8 32.7
1.4 1.0 1.1 7.5 -4.6 39.5
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22.4
21.0
21.4
24.7
31.5
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4.9
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2.8
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1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors énergie, alimentation, alcool et tabac. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 107.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888934138340
La situation économique s’est rapidement dégradée Les indicateurs à court terme font état d’une détérioration rapide de la situation économique au deuxième trimestre de 2020 en raison des mesures prises pour contenir la pandémie. Le taux de chômage a connu une hausse considérable en mars et en avril, et l’enquête de conjoncture du mois de mai a montré que la confiance était au plus bas depuis la crise financière mondiale. Après huit semaines de confinement, la consommation privée devrait chuter de 16 % environ au deuxième trimestre de 2020. Sur la même période, la formation brute de capital fixe des entreprises (hors logement) et des administrations publiques devrait s’inscrire en retrait de plus de 21 %. Ces chiffres sont légèrement plus bas que dans les autres économies avancées du fait de la résilience relative du secteur financier et de son rôle important dans l’économie du Luxembourg.
La réaction des pouvoirs publics a été rapide et vigoureuse Pour réduire les effets des mesures d’endiguement sur l’économie et préserver les emplois et les entreprises viables, un certain nombre de mesures fiscales et financières et concernant les dépenses ont été mises en place. Le report du paiement des impôts et des cotisations sociales a été annoncé, afin d’améliorer la situation des entreprises et des travailleurs indépendants en termes de liquidités. Le gouvernement a instauré un mécanisme de garantie de prêts de 2.5 milliards EUR pour les nouveaux
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298 crédits jusqu’à la fin 2020. Ces dispositions viennent s’ajouter au moratoire de six mois sur le remboursement des prêts spontanément décrété en commun par les banques luxembourgeoises. Les entreprises remplissant les conditions requises peuvent bénéficier d’une avance remboursable introduite pour soutenir les PME qui subissent les conséquences économiques de l’épidémie de COVID-19. Les entreprises de moins de dix salariés peuvent demander à percevoir une subvention forfaitaire. Le dispositif de chômage partiel a été élargi à toutes les entreprises frappées par la crise du COVID-19. Dans l’ensemble, les prévisions font état d’une relance budgétaire discrétionnaire représentant environ 3 % du PIB en 2020.
Les risques de divergence par rapport aux prévisions sont orientés à la baisse Dans le scénario du choc unique, le PIB devrait se contracter de 6.5 % en 2020, contre 7.7 % dans le scénario de deux chocs successifs, qui a la même probabilité de réalisation. Dans ces deux scénarios, le recul de la demande intérieure prévu en 2020 s’explique par l’effondrement de la consommation privée et de l’investissement des entreprises. En 2021, dans le scénario du choc unique, la croissance du PIB devrait remonter à 3.9 %, à la faveur d’un rebond de la consommation et de l’investissement privés et d’un redressement des exportations plus limité en glissement trimestriel. Une reprise plus timide est envisagée dans le scénario de deux chocs successifs, la hausse du PIB en 2021 ne dépassant pas 0.2 %. Le taux de chômage progressera dans les deux scénarios, pour atteindre 7.5 % (scénario du choc unique) et 8.6 % (scénario de deux chocs successifs) en 2021. Les risques de divergence par rapport aux prévisions sont orientés à la baisse et correspondent notamment à la persistance d’un taux de chômage élevé, à une dépréciation des qualifications de la main-d’œuvre et à des répercussions négatives à long terme sur l’investissement privé, conduisant à un fléchissement du potentiel de production. Une faiblesse prolongée de la demande extérieure et une aggravation des difficultés du secteur financier sont également au nombre des facteurs de risque. À l’inverse, une disparition plus rapide de la pandémie pourrait amener un rebond plus marqué.
Il est essentiel que les mesures adoptées s’inscrivent dans la durée Les mesures prises par les pouvoirs publics devraient être maintenues jusqu’à ce que la reprise économique s’alimente d’elle-même. Il faudrait envisager de prolonger les dispositifs de chômage partiel pour préserver les emplois qui seront toujours pertinents une fois la crise passée, notamment en cas de deuxième poussée épidémique. Pour étayer une reprise nécessaire sur le marché de l’emploi, les politiques actives du marché du travail devraient être renforcées pour pouvoir faire face au nombre croissant de demandeurs d’emploi. Les entreprises devraient être encouragées à adopter des modèles de production et de prestation de services qui réduisent les contacts physiques, minimisant ainsi les risques de rebond de l’épidémie. À cette fin, il convient de réfléchir à l’octroi d’aides financières ciblées.
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