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Suisse Vigoureuse en 2018, la croissance du PIB devrait être plus modérée en 2019 et 2020. Le ralentissement de la croissance de la demande extérieure pèsera sur les exportations et sur l’investissement. La consommation des ménages s’affermira sur fond d’accélération de la création d’emplois et de la progression des salaires réels. L’inflation devrait augmenter, mais rester faible. L’orientation de la politique monétaire est accommodante. Les taux d’intérêt devraient rester à leurs niveaux négatifs d’aujourd’hui jusqu’à la fin de 2020, date à laquelle un resserrement monétaire devrait être amorcé. Un durcissement du cadre régissant les prêts bancaires contribuerait à limiter les risques d’instabilité financière. La politique budgétaire est neutre à l’heure actuelle et devrait prendre une orientation expansionniste en 2020. Quant au solde budgétaire, il est excédentaire depuis 2015 et devrait le rester jusqu’en 2020. Les autorités pourraient atténuer l’augmentation de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en ouvrant plus largement l’immigration et en encourageant plus de femmes à poursuivre des études dans les filières scientifiques. Suisse L'inflation reste modérée
Les tensions se sont accentuées sur le marché du logement en 2018
Glissement annuel en % 1.5
% du PIB 146
← Prêts hypothécaires
Indice 2015 = 100 110
Prix réel des logements² →
Inflation globale
1.0
144
108
142
106
140
104
-0.5
138
102
-1.0
136
100
Inflation sous-jacente¹
0.5 0.0
-1.5
0
2010
2012
2014
2016
2018
2020
134
2015
2016
2017
2018
98
1. L'inflation sous-jacente exclut les prix des produits alimentaires frais et saisonniers, de l'énergie et des carburants. 2. Les prix réels des logements sont leurs prix nominaux corrigés par le déflateur de la consommation privée, tiré des statistiques de comptabilité nationale. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105 ; Banque nationale suisse (BNS) ; Base de données analytique de l'OCDE sur les prix des logements. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934964
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Suisse: Demande, production et prix 2015 Prix courants milliards de CHF
Suisse PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
654.2 348.7 78.1 155.6 582.4 - 4.8 577.7 406.9 330.4 76.5
2016
2017
2018
2019
2020
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2010)
1.6 1.5 1.2 3.4 2.0 -1.4 0.3 6.7 5.9 1.2
1.7 1.2 0.9 3.4 1.7 -0.1 1.5 -0.1 -0.7 0.3
2.5 1.0 1.0 1.7 1.2 -0.9 0.2 2.0 -1.8 2.3
1.0 1.2 0.8 0.7 1.0 -0.1 0.9 0.0 -0.4 0.2
1.5 1.5 1.2 2.2 1.7 0.0 1.7 3.4 4.2 0.0
_ _ _ _
-0.6 -0.4 -0.3 4.9
-0.4 0.5 0.3 4.8
0.7 0.9 0.5 4.7
0.2 0.5 0.5 4.7
0.8 0.7 0.7 4.5
_
18.7
17.8
17.7
17.7
17.5
_ _ _
0.4 42.1 9.4
1.3 42.9 6.7
1.6 41.6 10.2
1.4 40.3 9.6
1.1 39.5 9.4
1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors alimentation et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935857
La croissance a ralenti au cours de l’année 2018 La croissance, qui avait nettement ralenti au deuxième semestre de 2018, s’annonce modeste. Les investissements en capital fixe semblent reprendre après avoir atteint un point bas à la fin de 2018. Les exportations de biens ont été dynamiques ces derniers temps, particulièrement en début d’année 2019. La confiance des consommateurs se situe autour de sa moyenne sur longue période. Après avoir atteint son point le plus bas, la confiance des entreprises repart, mais demeure relativement faible. L’inflation tant globale que sous-jacente reste contenue. Les salaires réels demeurent stables, ce qui pèse sur la consommation et l’épargne des ménages. Les déséquilibres sur le marché du logement se sont aggravés en 2018 alors que les prêts hypothécaires atteignaient de nouveaux sommets et que les prix des logements augmentaient sur fond de stagnation des loyers et de hausse du taux d’inoccupation. L’affaiblissement de la demande intérieure en 2018 a pesé sur les importations, portant l’excédent des paiements courants à plus de 10 % du PIB.
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Des mesures sont nécessaires pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre et à la hausse des prix des logements L’inflation est faible, mais conforme à l’objectif de la banque centrale de la maintenir entre 0 % et 2 %. La politique monétaire est expansionniste et les taux d’intérêt, toujours négatifs, accroissent les risques d’instabilité financière. Un premier relèvement du taux directeur, qui s’élève aujourd’hui à -0.75 %, est attendu pour la fin de 2020. Une proposition des autorités, qui fait actuellement l’objet d’une consultation publique, a pour but d’augmenter les pondérations-risque pour les objets résidentiels de rendement à quotité de financement élevée. Les banques envisagent également de durcir leur propre système d’autorégulation en jouant sur les quotités de financement. Afin de réduire les risques d’instabilité financière, il conviendrait de mettre en application un cadre adéquat permettant de fixer des plafonds de prêt selon le principe « se conformer ou expliquer ». La politique budgétaire devrait prendre une orientation expansionniste en 2020, faisant baisser l’excédent des finances publiques, à mesure que s’amorce le processus de normalisation de la politique monétaire. Les recettes fiscales vont diminuer, ce qui s’explique par la réforme de l’imposition des entreprises et par un abaissement du taux d’imposition fixé par les cantons. Une réduction de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, prévue pour 2021, aurait pour effet d’inciter davantage les seconds apporteurs de revenu à travailler. L’accompagnement de ces réformes d’un relèvement de la taxe sur la valeur ajoutée, ainsi qu’il a été proposé, et l’augmentation des taxes environnementales, permettraient d’accroître l’efficience de la fiscalité et de réduire les nuisances sur l’environnement. Enfin, l’accroissement de l’investissement public, relativement faible, pourrait aider à relever les défis de demain, notamment le vieillissement démographique et le changement climatique. Les pénuries de main-d’œuvre qualifiée s’accentuent, en particulier dans les domaines techniques et scientifiques et dans les technologies de l’information. Les emplois non pourvus continuent d’augmenter, tandis que l’immigration, qui alimente depuis longtemps la Suisse en travailleurs qualifiés, recule et que le vieillissement démographique commence à faire sentir ses effets. À moyen terme, les pénuries pourraient être atténuées en encourageant davantage les femmes à étudier les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. À court terme, il pourrait également être utile d’ouvrir plus largement l’immigration en provenance de pays hors Union européenne.
La croissance devrait retrouver son rythme tendanciel en 2020 En 2019, l’atonie de l’investissement et des exportations freinera la croissance du PIB. Tant les investissements que les exportations devraient progresser en 2020 parallèlement au redressement des échanges mondiaux. La consommation des ménages va progressivement gagner de la vigueur sur fond d’accélération de la création d’emplois et de progression des salaires. Les futures relations entre la Suisse et l’Union européenne dépendent des négociations sur la mise en place d’un accord cadre institutionnel, qui sont actuellement en panne. Leur échec pourrait nuire aux secteurs exportateurs. La perspective d’une prolongation de ces négociations pourrait fragiliser la confiance des entreprises et l’investissement. Une escalade des tensions mondiales pourrait entraîner une appréciation de la monnaie refuge que constitue le franc suisse et peser sur les exportations. À l’inverse, la modération passée des salaires pourrait donner une impulsion plus forte que prévu aux exportations.
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