Perspectives Economiques de l'OCDE Mai 2019, Note de pays: Canada

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Canada La croissance devrait se redresser pour atteindre un taux annualisé de 2 % environ au second semestre de 2019. Les exportations vont regagner en vigueur suite à un assouplissement des obligations de réduction de production imposées au secteur pétrolier de l’Alberta et à une accélération de la croissance des marchés d’exportation. L’investissement des entreprises progressera à mesure que les entreprises augmentent leurs capacités et leur productivité et en réaction à de nouvelles incitations fiscales. La croissance de l’emploi est en passe de ralentir, mais le taux de chômage devrait rester proche de ses minima historiques. La Banque du Canada va probablement maintenir la relance monétaire à son niveau actuel, ce qui devrait être suffisant pour garder l’inflation autour du point médian de la fourchette de 1 % à 3 % définie comme objectif à moyen terme. L’orientation de la politique budgétaire devrait rester globalement neutre et, les déficits budgétaires étant modestes, le ratio dette/PIB devrait poursuivre son lent repli. Des mesures macroprudentielles ont contribué à apaiser la surchauffe du marché du logement et permis de réduire les prêts accordés aux emprunteurs à haut risque. Il conviendra de développer une offre de logements d’un prix abordable, de mieux entretenir le parc de logements sociaux et de mieux cibler leur attribution.

Canada 1 La dégradation des termes de l'échange a entraîné une diminution des revenus

La hausse des prix des logements s'est brusquement ralentie

Glissement annuel en % 10 Croissance du PIB réel

Glissement annuel en % 35 Vancouver

Variation des termes de l'échange

8 6

30

Toronto

Croissance du revenu intérieur brut¹ réel

Canada

25

4

20

2

0

0

0

15 10

-2

5

-4

0

-6 -8

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2014

2015

2016

2017

2018

-5 2019

1. Le revenu intérieur brut réel est égal au PIB réel corrigé des variations des termes de l'échange. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105 ; Teranet ; et Banque nationale du Canada.. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934109

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Canada : Demande, production et prix 2015

2016

Prix courants milliards de CAD

Canada PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1

2017

2018

2019

2020

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2012)

1 990.4 1 150.8 415.6 474.7 2 041.1 - 1.4 2 039.6 629.1 678.3 - 49.2

1.1 2.2 1.8 -4.3 0.6 0.0 0.7 1.3 0.0 0.4

3.0 3.5 2.1 3.0 3.1 0.8 3.9 1.1 4.2 -1.1

1.8 2.1 2.5 0.8 1.9 -0.2 1.7 3.3 2.9 0.1

1.3 1.4 2.0 -2.8 0.6 0.0 0.6 1.6 -0.1 0.5

2.0 1.5 1.8 2.2 1.7 0.0 1.7 3.2 2.7 0.1

_ _

0.8 1.4

2.5 1.6

1.7 2.2

0.7 1.8

1.7 2.0

_ _

1.8 7.0

1.6 6.3

1.9 5.8

1.9 5.8

2.0 5.8

_

1.6

1.5

1.1

1.7

1.7

_ _ _

-0.4 98.2 -3.2

-0.3 94.3 -2.8

-0.4 93.7 -2.6

-0.4 93.6 -2.9

-0.2 92.9 -2.7

Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors alimentation et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.

StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935173

Canada 2 L'investissement des entreprises a diminué

Les intentions d'investissement et d'emplois restent positives

Glissement annuel en % 20

Solde d'opinions 60

Investissement minier¹

50

Autres investissements des entreprises

10

40 30

0 0

0

20

-10

10 0

-20

Intentions d'investissement en machines et matériel² Intentions d'emplois²

-30

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2014

2015

2016

2017

2018

-10 -20 2019

1. Y compris dans les secteurs du pétrole et du gaz. Sont également inclus certains investissements dans des ouvrages de génie civil qui peuvent concerner d'autres secteurs. 2. Pourcentage d'entreprises qui prévoient une hausse de l'investissement (ou du niveau de l'emploi) diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire. Source: Banque du Canada (2019), Enquête sur les perspectives des entreprises, printemps ; Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105 ; et Statistique Canada, tableau 36-10-0108-01. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934128 PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019


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La croissance économique a ralenti La croissance économique a ralenti à mesure que les ménages adaptaient leurs dépenses de consommation à la modération de la croissance des revenus et à la hausse des taux d’intérêt, et les entreprises ont réduit leurs investissements en réponse à la montée de l’incertitude entourant la politique commerciale mondiale. La croissance a également été pénalisée par un net repli des prix du pétrole à l’exportation à la fin de 2018, qui a fait reculer le revenu intérieur, et par des réductions de production imposées au secteur pétrolier dans l’Alberta. Outre ces réductions, le ralentissement de la croissance de la demande d’importations aux États-Unis a également contribué au fléchissement de la hausse des exportations. L’essoufflement du marché immobilier a pesé sur l’investissement résidentiel et aggravé le ralentissement des dépenses de consommation. Les indicateurs de la confiance des consommateurs et des entreprises se sont détériorés, laissant présager une faible activité économique dans les mois à venir. Toutefois, les intentions d’investissement et d’emploi des entreprises restent solides en dehors du secteur de l’énergie. Les obligations de réduction de la production pétrolière ont entraîné ces derniers mois une forte diminution de la décote du pétrole canadien, faisant progresser les revenus et ouvrant la voie à un assouplissement du régime de réductions de production. La croissance de l’emploi s’est sensiblement redressée et le taux de chômage est demeuré en deçà de 6 %, soit pratiquement son niveau le plus bas depuis 40 ans. Le rythme de progression des salaires, déjà modéré, a ralenti, du fait des évolutions intervenues dans les provinces productrices de pétrole. Le taux de renouvellement des emplois est en hausse, annonciateur d’une accélération future de la hausse des salaires. L’inflation mesurée par les prix à la consommation a fléchi sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie. La moyenne des indicateurs d’inflation sous-jacente retenus en priorité par la Banque du Canada est lentement revenue à 1.8 %. Les anticipations d’inflation ont été revues à la baisse, la majorité des entreprises tablant désormais sur une inflation s’inscrivant pour les deux prochaines années dans la partie basse de la fourchette de 1 % à 3 % fixée comme objectif à moyen terme, les autres opérateurs considérant pour la plupart qu’elle s’établira autour de 2 % à 3 %.

L’orientation des politiques macroéconomiques deviendra progressivement neutre Face au durcissement de la politique macroprudentielle, aux mesures prises par les provinces en vue de freiner la demande de logement (notamment les taxes sur les acheteurs étrangers de logement à Vancouver et à Toronto et une taxe sur la spéculation foncière et sur les logements vacants dans les grands centres urbains de Colombie-Britannique) et à la montée des taux d’intérêt hypothécaires, le marché du logement semble avoir atterri en douceur, même si la situation varie fortement d’une région à l’autre. À l’échelle nationale, les prix se sont stabilisés (en glissement annuel) au début de 2019, en grande partie sous l’effet de la hausse d’environ 3 % enregistrée à Toronto, premier marché immobilier du Canada, du recul observé à Vancouver (le deuxième marché) et à Calgary et de faibles augmentations sur la plupart des autres grands marchés urbains. À Vancouver, le marché est encore en phase d’ajustement suite aux mesures destinées à en ralentir la hausse, et un nombre considérable de nouveaux chantiers sont en projet, ce qui augure une nouvelle détente, alors qu’à Calgary, les prix devraient se stabiliser lorsque l’ajustement au recul des prix du pétrole aura pris fin. Un atterrissage en douceur du marché du logement favorisera le désendettement progressif des ménages, un processus qui est déjà enclenché puisque la hausse du crédit aux ménages est revenue à des niveaux bas. Pour l’heure, aucun nouveau tour de vis de la politique macroprudentielle n’est nécessaire. Pour lutter contre la faible accessibilité financière des logements et écourter les délais d’attente pour obtenir un logement social, il conviendrait de développer

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84  une offre immobilière abordable, de mieux entretenir le parc de logements sociaux et de mieux cibler leur attribution. Le retrait progressif des mesures de relance monétaire en cours depuis la mi-2017 marque le pas depuis la fin de 2018, suite au ralentissement de la croissance et à la détérioration de l’économie mondiale. L’inflation sous-jacente étant légèrement inférieure au point médian de la fourchette retenue comme objectif et les tensions sur les salaires étant mesurées, le taux directeur va probablement demeurer inchangé jusqu’à la fin de 2020 avant d’être porté à 2.0 %, soit toujours en deçà de l’estimation du taux jugé neutre par la Banque du Canada (2.25 %-3.25 %). Les taux à long terme devraient augmenter modérément face à la hausse des taux au niveau mondial. L’orientation de la politique budgétaire devrait rester globalement neutre en 2019-20, le solde financier primaire sous-jacent devant avoisiner la stabilité en pourcentage du PIB potentiel. Cette évolution témoigne d’un léger assouplissement au niveau fédéral et d’un durcissement dans l’Ontario, où le déficit budgétaire devrait reculer à hauteur de 0.3 point de PIB national sur les deux prochaines années.

La croissance devrait gagner en vigueur Un grand nombre des facteurs qui ont pesé sur la croissance dernièrement – notamment la baisse des prix du pétrole, les obligations de réduction de production pétrolière, le durcissement des politiques macroprudentielles et la hausse des taux d’intérêt – ne joueront plus d’ici la mi-2019, ouvrant ainsi la voie à une accélération de la croissance qui s’établirait à environ 2 %. Outre un assouplissement des obligations de réduction de la production de pétrole, une croissance plus forte des marchés d’exportation devrait favoriser une réorientation à la hausse des exportations. L’investissement des entreprises devrait aussi monter en puissance à mesure que les entreprises chercheront à développer leurs capacités, à accroître la productivité et à bénéficier des déductions pour amortissement accéléré, après la faiblesse des investissements de ces dernières années. Si la croissance de la consommation privée s’affermit, elle restera toutefois un peu plus faible que précédemment, ce qui est cohérent avec un désendettement modéré. Le taux de chômage devrait rester aux alentours de ses valeurs minimes actuelles et la croissance des salaires réels devrait augmenter lentement, mais rester modérée. Une augmentation plus importante que prévu des taux hypothécaires constitue un risque majeur de révision à la baisse des prévisions. En effet, celle-ci pourrait compromettre la capacité́ de nombreux ménages d’assurer le service de leur dette hypothécaire, entraîner une correction du marché́ immobilier et faire baisser les dépenses de consommation. Un autre risque de révision à la baisse réside dans la nonratification de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), ou dans des conditions d’accès moins favorables au marché́ des États-Unis, même si l’AEUMC est ratifié. À l'inverse, une hausse des prix du pétrole doperait les revenus, de même que la levée des difficultés que la réglementation oppose à l’accroissement des capacités de transport de pétrole par oléoduc.

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