La croissance du PIB réel devrait ressortir à 1.8 % en 2023 et à 1.4 % en 2024. Le durcissement des conditions financières et un ralentissement de la progression des revenus réels pèseront sur la croissance. Les tensions sur le marché du travail vont s’atténuer, le taux de chômage augmentant pour atteindre 4.6 % d’ici la fin de 2024. L’inflation, qui a probablement culminé à la fin de 2022, devrait continuer de refluer en 2023, à la faveur de l’atténuation des tensions sur les coûts liées aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et à la flambée des prix des matières premières. Une érosion plus notable que prévu de la consommation des ménages dans un contexte d’affaissement des prix des logements constitue un risque de divergence à la baisse.
Il sera nécessaire de poursuivre le resserrement de la politique monétaire pour ramener l’inflation dans la fourchette de 2-3 % retenue comme objectif. La politique budgétaire devrait rester globalement neutre au cours de la période considérée. Il conviendrait d’envisager d’autres réformes budgétaires pour renforcer la viabilité des finances publiques, notamment la refonte du système national d’assurance invalidité et l’amélioration de la gouvernance de la sélection et de la mise en œuvre des projets d’infrastructure. Il est également prioritaire d’améliorer l’intégration des femmes au marché du travail et de réduire les écarts de salaire entre les genres. Dans ce contexte, il faudrait envisager de modifier les paramètres des politiques fiscales et de transfert, de prendre des mesures pour développer l’offre des services d’accueil des jeunes enfants et d’ajuster le dispositif de congé parental.
Australie
1. Personnes âgées de 15 ans ou plus.
2 La moyenne tronquée est le taux moyen de l’inflation après exclusion des biens et services ayant connu les variations les plus sensibles des prix (positives ou négatives). Il s’agit de la moyenne pondérée des biens et services qui sont à l’origine de 70 % du poids du panier au milieu de la distribution.
Source : Bureau australien de la statistique (Australian Bureau of Statistics).
StatLink2 https://stat.link/45kd8q
Australie : Demande, production et prix
de 2020/2021)
L’activité économique a continué de décélérer
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
StatLink2 https://stat.link/5c2xud
La progression du PIB réel australien a poursuivison ralentissement au dernier trimestre de 2022, l’inflation élevée et le durcissement des conditions financières ayant pesé sur la demande. La croissance de la population s’est accélérée, en partie sous l’effet de la réouverture des frontières et du retour des étudiants étrangers après la pandémie, ce qui favorise la croissance économique et atténue quelque peu les tensions sur le marché du travail. L’inflation, bien que toujours forte, semble avoir culminé, l’IPC annuel ayant reflué pour s’établir à 7 % au premier trimestre de 2023, sur fond de ralentissement de la hausse des prix des biens et des produits exportables, bien que celle des services reste élevée. La progression trimestrielle des salaires semble décélérer progressivement, malgré les tensions actuelles sur le marché du travail, le taux de chômage, qui ressort à 3.7 %, étant proche de son plancher historique. Les indicateurs à haute fréquence laissent penser que la consommation a ralenti dans un contexte de durcissement des conditions financières, les taux des prêts immobiliers s’établissant à 5.9 % en mars contre un point bas à 2.9 % en avril 2022.
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
Après la levée des restrictions anti-COVID-19 en Chine, le retour des touristes et des étudiants chinois en Australie a stimulé les exportations de services. Par ailleurs, la reprise de l’économie chinoise a entraîné la hausse des prix de la majorité des matières premières extraites en Australie, en particulier celui du minerai de fer. Ces derniers mois néanmoins, ceux-ci ont généralement continué de se normaliser, mais restent élevés.
Une poursuite du resserrement de la politique monétaire est probablement nécessaire
Face à l’accélération de l’inflation, la Banque de réserve d’Australie a continué de resserrer sa politique monétaire en portant son taux au jour le jour de 0.1 % à 3.85 % en un an. La poursuite de ce durcissement sera probablement nécessaire pour ramener l’inflation dans la fourchette retenue comme objectif, comprise entre 2 % et 3 %, sachant que les projections reposent sur l’hypothèse que le taux au jour le jour culminera à 4.1 % à la mi-2023 et se maintiendra à ce niveau une bonne partie de l’année 2024. Le déficit budgétaire sous-jacent devrait se creuser légèrement au cours de la période considérée, l’accentuation des tensions sur les coûts contrebalançant le recul des dépenses consacrées aux mesures d’aide budgétaire mises en œuvre pendant la pandémie et la crise du coût de la vie. La politique budgétaire devrait donc être globalement neutre au cours de la période considérée.
La croissance économique continuera de s’essouffler
La croissance du PIB devrait continuer de ralentir pour s’établir à 1.8 % en 2023 et à 1.4 % en 2024. Les taux d’intérêt élevés et la hausse du coût de la vie freineront les dépenses des ménages dont l’épargne cumulée s’est érodée. Les baisses passées des prix des logements pèseront d’autant plus sur la consommation en raison de leurs répercussions sur la richesse des ménages et, conjuguée au durcissement des conditions financières, bridera l’investissement immobilier. La poursuite de la forte croissance de la population et la hausse des exportations, alimentée par la reprise des déplacements, compenseront en partie ces vents contraires. Compte tenu du tassement de la croissance du PIB, le taux de chômage devrait commencer à grimper pour s’établir à 4.6 % à la fin de 2024. L’inflation se modérera, à la faveur de l’atténuation des tensions inflationnistes mondiales, en particulier sur les biens, et devrait revenir d’ici la fin de 2024 dans la partie haute de la fourchette retenue comme objectif. Il existe à la fois des risques de divergence à la hausse et à la baisse pour la croissance économique. Sous l’effet d’un reflux plus rapide que prévu de l’inflation, en cas de normalisation plus forte qu’escompté actuellement des prix des biens, la Banque de réserve d’Australie pourrait avoir à moins durcir sa politique monétaire. Toutefois, la poursuite du décrochage des prix des logements et la persistance de l’inflation pourraient inciter les ménages à diminuer leurs dépenses davantage qu’envisagé.
Rendre la croissance économique plus inclusive et durable
Il convient de mettre en œuvre d’autres réformes budgétaires afin d’améliorer la viabilité des finances publiques. Les tensions sur les dépenses liées au vieillissement de la population vont s’accentuer, ce qui engendrera des déficits budgétaires persistants faute de modification des paramètres actuels de la politique publique. Il faudrait envisager d’accroître les recettes fiscales, par exemple en réduisant les allégements sur les retraites privées et en augmentant les prélèvements au titre de l’imposition sur les biens et services. Dans le même temps, il est nécessaire de contenir les tensions sur les dépenses en modifiant certains aspects du système national d’assurance invalidité et en améliorant la gouvernance de la sélection et de la mise en œuvre des projets d’infrastructure. Une plus grande équité entre les genres favoriserait également la croissance et améliorerait les niveaux de vie. Il convient de faire plus pour mieux intégrer les femmes au marché du travail et réduire les écarts de salaire entre les genres. Les autorités australiennes élaborent actuellement une stratégie nationale visant à assurer l’égalité entre les genres. Dans ce contexte, il faudrait qu’elles étudient l’incidence des politiques fiscales et de transfert sur les incitations au travail des femmes, sur l’offre de services d’accueil des jeunes enfants et sur la faculté du dispositif de congé parental à favoriser l’équité entre les genres quant aux responsabilités liées à l’éducation des enfants.