Bulgarie
La croissance devrait ralentir pour s’établir à 1.9 %, en 2023, freinée par les vents contraires à l’échelle internationale, notamment la décélération de l’activité chez les principaux partenaires commerciaux, mais elle se redressera ensuite pour atteindre 3.2 % en 2024. La hausse de la consommation privée se modérera, sous l’effet de la moindre progression de l’emploi. Le décaissement des fonds de l’UE a été retardé en 2022, mais devrait s’accélérer en 2023. L’inflation devrait refluer en 2023 et 2024, mais risque de persister en cas de fortes revalorisations des salaires.
Étant donné l’envolée des prix et l’instabilité politique, à l’origine du report de plusieurs réformes importantes, la Bulgarie a reculé la date de son entrée dans la zone euro à 2025. La plupart des mesures budgétaires relatives à l’énergie resteront en vigueur, financées par les recettes exceptionnelles considérables engrangées par les grandes compagnies d’électricité. Toutefois, il conviendrait d’améliorer leur ciblage et leur conception. Le taux de chômage est faible et les pénuries de main-d’œuvre persistent. Les politiques migratoires et d’activation du marché du travail doivent être plus ambitieuses afin d’inciter les émigrés à rentrer au pays et de s’assurer que ceux qui sont en capacité de travailler intègrent le marché du travail. La montée en compétences des Bulgares est indispensable pour favoriser la croissance et continuer à améliorer les niveaux de vie.
Bulgarie
1. L’indicateur de confiance dans l’industrie est une moyenne arithmétique des soldes des opinions sur les prévisions de production recueillies par les enquêtes auprès des entreprises opérant dans le secteur industriel.
2 Inflation globale, mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH).
3. Anticipations des prix pour les trois prochains mois fondées sur le solde moyen des opinions recueillies dans les enquêtes auprès des entreprises opérant dans l’industrie, le commerce de détail et les services en ce qui concerne les anticipations relatives aux prix de vente. Source : Institut national de la statistique.
Bulgarie : Demande, production et prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
La reprise vigoureuse de la Bulgarie a ralenti
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
L’économie bulgare a enregistré de bons résultats en 2022, la croissance du PIB réel ressortant à 3.4 %, tirée par la hausse de la consommation des ménages et des exportations, notamment d’électricité. Toutefois, la formation brute de capital fixe est restée faible. Au premier trimestre de 2023, la croissance annuelle a ralenti pour s’établir à 2 % en raison de la modération de la consommation finale et des exportations. Les effets de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine se sont surtout fait sentir à travers l’envolée des prix mondiaux de l’énergie et des matières premières. Même si l’approvisionnement énergétique provient en majeure partie du charbon et de l’énergie nucléaire produits dans le pays, les interconnexions avec les pays voisins ont provoqué une hausse des prix de l’électricité. La dépendance à l’égard du gaz russe a été moindre que dans de nombreux autres pays. À l’exception du combustible nucléaire et du pétrole, la Bulgarie avait peu de liens commerciaux avec la Russie. L’inflation globale a commencé à refluer à la fin de 2022 par suite de la modération des prix mondiaux de l’énergie et des matières premières et elle est descendue à 10.3 % en avril. Le marché du travail a continué de bien résister, l’emploi ayant progressé et le taux de chômage restant faible. Les salaires nominaux ont augmenté à un rythme rapide. La production industrielle a commencé à marquer le pas en août 2022 et, au premier trimestre de 2023, a été inférieure à son niveau d’il y a un an. La baisse de la production a été généralisée, notamment dans les industries extractives, le secteur de l’électricité et du gaz, les industries alimentaire et textile et les secteurs de la métallurgie et des produits chimiques.
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
La Bulgarie étant une petite économie ouverte dont les principaux partenaires commerciaux sont les autres pays de l’UE, elle est actuellement pénalisée par le ralentissement de la croissance de la demande extérieure. Compte tenu de la persistance de l’instabilité politique, des réformes essentielles ont été reportées. À l’avenir, une gestion et un déploiement plus efficaces des fonds de l’UE soutiendraient l’activité. La Bulgarie bénéficie actuellement d’une dérogation spécifique à l’interdiction imposée par l’UE sur l’importation de pétrole brut russe. Ses exportations de produits pétroliers n’ont donc pas encore été pénalisées. L’afflux de réfugiés ukrainiens reste faible. En outre, la Bulgarie peine à les retenir dans le pays et à leur faire intégrer son marché du travail.
Les mesures d’aide sont prolongées
L’envolée des prix mondiaux de l’énergie et des produits alimentaires en 2022 a alimenté l’inflation, qui a culminé à des niveaux inédits depuis des décennies. Les taux d’intérêt ont augmenté parallèlement à ceux de la zone euro, conformément à l’accord de la caisse d’émission. Les aides budgétaires à grande échelle sont maintenues en 2023, notamment l’indemnisation des entreprises utilisatrices finales d’électricité et la compensation des coûts technologiques versée aux entreprises de distribution d’électricité, ainsi que l’allègement du taux de TVA sur le gaz naturel et le chauffage central et le taux nul sur le pain et la farine. Les importantes revalorisations des retraites, des prestations familiales et du salaire minimum intervenues l’année dernière continuent de soutenir la consommation. Le pays n’a toujours pas de gouvernement et aucune nouvelle politique budgétaire n’a été définie, mais l’objectif est de maintenir le déficit en deçà de 3 % en 2023, conformément aux règles budgétaires de l’UE. Selon les projections, l’orientation budgétaire globale devrait être généralement neutre en 2023 comme en 2024.
Après avoir ralenti en 2023, l’activité devrait rebondir
La croissance va s’accélérer en 2024, sous l’impulsion de la hausse prévue de la demande extérieure, ainsi que de l’investissement public et privé, soutenu par les fonds de l’UE. Le décaissement des fonds de l’UE a été retardé, mais devrait s’accélérer en 2023 et 2024, ce qui contribuera à une croissance de 3.2 % du PIB en 2024. Le relèvement des taux d’intérêt à long terme des obligations d’État pèsera sur l’activité. L’inflation globale refluera à quelque 9.5 % en 2023 et à 4.4 % en 2024. Le marché du travail continuera de bien résister, le chômage ne progressant que marginalement en 2023, alors que la revalorisation des salaires nominaux devrait ralentir peu à peu, parallèlement au taux d’inflation. Une nouvelle dégradation des conditions de financement briderait l’investissement privé, notamment les investissements étrangers. L’incertitude politique continue de menacer les réformes et les projets d’investissement prévus.
La mise en œuvre des réformes structurelles doit s’accélérer
Il est essentiel de gérer efficacement les fonds de l’UE pour soutenir l’activité et doper la croissance potentielle. La consolidation du processus de convergence exige de poursuivre et d’approfondir les réformes, afin d’encourager et d’augmenter les investissements dans les infrastructures, d’alléger les formalités administratives et de renforcer les efforts de lutte contre la corruption. Il conviendra aussi de prévoir des financements pour faire face aux tensions croissantes sur les dépenses liées au vieillissement démographique, aux infrastructures et à la montée en compétences, tandis que les aides énergétiques devraient être mieux ciblées et supprimées progressivement. Par ailleurs, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques plus judicieuses pour inciter la population à ne pas émigrer et ceux qui se sont expatriés à rentrer au pays. En outre, bien que la proportion de femmes occupant des postes de direction soit élevée et que l’écart des salaires lié au genre soit faible, de nombreuses femmes s’occupent exclusivement de leurs enfants ou de personnes âgées et ne font donc pas partie de la population active.
Il faudrait renforcer les dispositifs de garde des enfants et de prise en charge des personnes âgées, notamment en améliorant les formations dispensées aux professionnels, afin de permettre aux parents et aidants familiaux de travailler, mais aussi pour répondre à la demande liée au vieillissement rapide de la population. Enfin, la sécurité énergétique est actuellement garantie, mais des efforts considérables devront être déployés pour parvenir à décarboner l’économie.