Chili
L’activité économique se contractera de 0.1 % en 2023 et progressera de 1.9 % en 2024. Le durcissement des conditions financières et le démantèlement des aides liées à la pandémie réduiront la consommation des ménages au cours du premier semestre de cette année. En outre, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude pénaliseront l’investissement en 2023. À mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire se répercuteront sur l’activité, l’inflation continuera de refluer tout le long de 2023 et reviendra à la fin de 2024 au niveau de l’objectif retenu.
La politique monétaire restera restrictive, mais le solde budgétaire redeviendra déficitaire. Pour rehausser l’investissement dans les programmes sociaux et les infrastructures, afin de satisfaire les revendications sociales et de renforcer la productivité, il faut une fiscalité plus progressive permettant d’accroître les recettes. Pour que la productivité augmente, il conviendra également de réduire les obstacles à la concurrence, de veiller à ce que l’autorité de la concurrence dispose de financements adéquats, ainsi que de cibler les aides à la recherche-développement (R-D) sur les programmes les plus efficaces.
Le ralentissement de l’activité se poursuit
Le PIB a augmenté de 0.8 % au premier trimestre de 2023, mais l’activité économique a diminué en mars et en avril, d’après l’indice mensuel d’activité économique (IMACEC, Índice Mensual de Actividad Económica). En outre, la faiblesse des ventes au détail et de voitures laisse à penser que le niveau de la consommation est en train de s’ajuster à la baisse après le démantèlement des mesures d’aide liées à la pandémie. L’inflation estpersistante malgrél’atonie de la demande, l’inflation globale et l’inflation sous-jacente diminuant légèrement tout en restant aux alentours de 10 %. Toutefois, les anticipations d’inflation à un an diminuent et les anticipations à deux ans restent ancrées dans la marge de fluctuation définie par la banque centrale. Les salaires réels ont commencé à se redresser au cours des premiers mois de 2023.
Chili
1. La zone ombrée représente la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la banque centrale.
2. Indice des prix à la consommation hors énergie et produits alimentaires.
Source : Banque centrale du Chili ; et Institut national de statistique (INE, Instituto Nacional de Estadísticas). StatLink
Chili : Demande, production et prix
StatLink2 https://stat.link/i23elk
*Basésur desdonnées trimestriellescorrigées des variationssaisonnières etdes joursouvrés; peut différer desdonnées annuelles officielles qui n’incluent pas de corrections pour les jours ouvrés
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
En 2022, le resserrement de la politique monétaire de divers partenaires commerciaux du Chili a freiné la progression des exportations, mais la reprise des activités économiques qui avaient été suspendues en Chine devrait accroître la demande d’intrants nécessaires au secteur technologique, et donc de minerais exportés par le Chili. Les autorités ont atténué les répercussions de la hausse des prix de l’énergie résultant de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, en relevant le salaire minimum, en accordant des subventions aux personnes vulnérables, en gelant les tarifs des transports publics, et en mettant en œuvre des mesures destinées à stabiliser les prix des combustibles fossiles et de l’électricité. Le gel des tarifs des transports publics a été prolongé jusqu’en juin et, dans certains cas, jusqu’en décembre 2023. En outre, un allégement des taxes sur le gazole prélevées sur le transport terrestre de marchandises a été instauré en janvier 2023 et expirera en décembre.
La politique monétaire va rester restrictive et le solde budgétaire va redevenir déficitaire
Les dépenses publiques vont légèrement augmenter en termes réels, pour financer des programmes sociaux et des investissements dans un contexte d’écart de production négatif, tandis que les recettes fléchiront sous l’effet du repli de l’activité en 2023. Le déficit de l’administration centrale s’établira à 2.0 % du PIB en 2023 et à 2.1 % du PIB en 2024, ce qui ne constituera pas une menace pour la viabilité de la dette. La banque centrale a continué de resserrer la politique monétaire pour freiner l’inflation et maîtriser les anticipations d’inflation, portant son taux directeur à 11.25 % et s’engageant à le maintenir à ce niveau jusqu’à ce que l’inflation converge clairement vers l’objectif retenu. À mesure que ces hausses se répercuteront sur les autres taux d’intérêt, leurs effets sur la consommation et l’investissement et, in fine, sur l’inflation se feront sentir surtout en 2023 et au début de 2024. Les projections reposent sur l’hypothèse de baisses modérées du taux directeur au second semestre de 2024.
Après une contraction en 2023, l’économie se redressera en 2024
Le PIB réel se contractera de 0.1 % en 2023, mais progressera de 1.9 % en 2024. Le démantèlement des mesures d’aide liées à la pandémie et les conditions monétaires restrictives freineront la consommation et l’investissement en 2023, mais ces effets devraient se dissiper au début de 2024. Le renforcement de la demande extérieure, notamment de la Chine, devrait étayer la croissance des exportations. Les risques sont orientés de manière prédominante à la baisse. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine pourrait accentuer les tensions sur les prix de l’énergie, retardant l’assouplissement des politiques macroéconomiques. Un enlisement de la reprise en Chine, qui est le principal partenaire commercial du Chili, réduirait les exportations et l’investissement, freinant du même coup la croissance. Une aggravation de la sécheresse se répercuterait sur le secteur de l’extraction de cuivre et l’agriculture. L’absence d’adoption d’une nouvelle Constitution et un manque de clarté quant à la future réforme fiscale pourraient accentuer l’incertitude liée à l’action publique, ce qui serait préjudiciable à la confiance des entreprises et des consommateurs et se traduirait par une atonie de la consommation et de l’investissement.
Des réformes sont nécessaires pour renforcer la productivité et les dépenses sociales
Afin d’améliorer les programmes sociaux et les infrastructures, il conviendrait d’accroître les recettes, dont le niveau est faible comparé à celui des pays de l’OCDE considérés dans leur ensemble, au moyen d’une fiscalité plus progressive. On rehausserait la productivité en renforçant la concurrence, grâce à une réduction des obstacles à l’entrepreneuriat et un financement adéquat de l’autorité de la concurrence, et en investissant davantage dans des initiatives efficaces de recherche-développement (R-D). Un élargissement de l’accès aux services d’accueil des jeunes enfants et une augmentation des fonds consacrés à l’éducation préscolaire peuvent améliorer les résultats scolaires des enfants appartenant à des familles à faible revenu et renforcer le taux d’activité des femmes.