Colombie note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

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Colombie

Le PIB devrait enregistrer une croissance modérée de 1.5 % en 2023 et de 1.8 % en 2024, après un long redressement qui a hissé la production au-dessus de son niveau potentiel. La consommation et l’investissement resteront atones compte tenu du durcissement des politiques macroéconomiques et de la fragilité de l’économie mondiale, en particulier en 2023. L’inflation globale a amorcé un repli en avril et devrait continuer de refluer vers l’objectif d’ici à 2025. La conjonction du resserrement des conditions financières mondiales et des déséquilibres extérieurs préexistants constitue le principal risque de divergence à la baisse par rapport aux projections.

La politique monétaire restera restrictive afin de réduire l’inflation et de réancrer les anticipations en la matière. L’assainissement budgétaire prévu est nécessaire pour garantir le respect des règles budgétaires. Étant donné les risques, il serait prudent de constituer des marges de manœuvre budgétaires supplémentaires. Dans le même temps, les récentes réformes fiscales offrent une certaine latitude budgétaire pour mettre en œuvre les réformes proposées en matière de retraite et de santé, qui visent à remédier aux inégalités observées de longue date et à la faible couverture de la protection sociale. Il conviendrait de réduire l’emploi informel et de promouvoir l’égalité des genres pour placer la Colombie sur la voie d’une croissance plus inclusive.

Colombie

Source : Département administratif national de la statistique (Departamento Administrativo Nacional de Estadistica, DANE) ; Banque de la République de Colombie (Banco de la República de Colombia, BRC) ; CEIC ; et Fondation pour l’enseignement supérieur et le développement (Fundación para la Educación Superior y el Desarrollo, Fedesarrollo).

StatLink2 https://stat.link/h21ikz

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Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

StatLink2 https://stat.link/c6ur9m

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2 Indice des prix à la consommation hors alimentation de base, services publics et combustibles

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

La forte inflation et le resserrement des politiques macroéconomiques freinent la croissance

Le resserrement des politiques budgétaire et monétaire a commencé à freiner la croissance, les taux de croissance moyens en glissement annuel ayant fléchi pour s’établir à environ 2.6 % au cours des deux derniers trimestres, contre plus de 10 % au début de 2022, et la confiance des consommateurs et des entreprises continue de se dégrader. En avril, l’inflation a commencé à refluer après s’être stabilisée au cours des trois premiers mois de 2023, mais elle s’établit toujours à 12.8 %. Les anticipations d’inflation ont déjà atteint leur sommet – à l’horizon pertinent pour la politique monétaire, soit deux ans, elles ressortent à environ 4 %, c’est-à-dire à la limite supérieure de la fourchette de 2-4 % retenue comme objectif d’inflation –, ce qui laisse penser qu’elles sont en train de se réancrer progressivement. La forte augmentation des salaires, notamment la hausse de 16 % du salaire minimum en janvier 2023, et un marché du travail toujours résilient amortissent l’effet de l’inflation élevée sur le pouvoir d’achat.

Le durcissement des conditions financières extérieures a accentué les tensions sur les prix des actifs colombiens et leur volatilité. Toutefois, la dépréciation sensible du peso au second semestre de 2022 a été endiguée. La Colombie est fortement tributaire de l’investissement direct étranger pour financer son important déficit de la balance courante. Les taux d’intérêt élevés, du fait du durcissement de la politique monétaire, ont contribué à la hausse du coût du service de la dette. La possibilité d’unrenchérissement du pétrole au niveau mondial aurait pour effet d’accroître les recettes extérieures et budgétaires, mais les subventions aux carburants atténuent les gains budgétaires nets.

Les politiques budgétaire et monétaire demeureront restrictives

La banque centrale devrait avoir atteint la fin de son cycle de resserrement monétaire, au cours duquel elle a porté son taux directeur à 13.25 %. Celui-ci devrait commencer à être abaissé au début de 2024.

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Colombie : Demande, production et prix
2019 2020 2021 2022 2023 2024 Colombie Prix courants trillions de COP PIB aux prix du marché 1 060.1 -7.3 11.0 7.3 1.5 1.8 Consommation privée 727.9 -4.9 14.5 9.5 0.8 0.8 Consommation publique 167.2 -0.8 9.8 0.3 2.6 3.8 Formation brute de capital fixe 225.5 -24.0 17.3 11.4 -1.5 0.7 Demande intérieure finale 1 120.6 -8.0 14.4 8.6 0.6 1.2 Variation des stocks¹ 1.2 0.6 -0.8 1.0 -2.3 -0.3 Demande intérieure totale 1 121.8 -7.5 13.4 9.4 -2.4 1.0 Exportations de biens et services 168.2 -22.7 15.9 14.8 3.8 3.6 Importations de biens et services 229.9 -19.9 26.7 22.3 -9.3 -0.9 Exportations nettes¹ - 61.7 0.7 -3.4 -2.9 3.4 0.9 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 1.5 7.7 14.3 8.2 6.4 Indice des prix à la consommation _ 2.5 3.5 10.2 11.8 6.1 IPC sous-jacent² _ 2.0 1.8 6.4 10.0 6.2 Taux de chômage (% de la population active) _ 16.5 13.8 11.2 10.6 10.5 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -3.5 -5.7 -6.2 -4.1 -4.0

Après deux années consécutives de net resserrement budgétaire, le déficit budgétaire devrait s’établir à 3.8 % du PIB en 2023, c’est-à-dire légèrement en dessous de la limite prévue par la trajectoire de réduction de la dette fixée dans la règle budgétaire. Les engagements cumulés au titre des subventions aux carburants non ciblées creusent le déficit. L’augmentation progressive et bienvenue des prix réglementés des carburants, qui est en cours, permettra de préserver les ressources budgétaires limitées et de les consacrer aux futures priorités de l’action publique, tout en renforçant les incitations à réduire la consommation d’énergie. Il conviendrait de constituer de nouvelles marges de manœuvre budgétaires en 2024, compte tenu des risques orientés à la baisse. Dans le même temps, deux réformes successives de la fiscalité devraient contribuer à une augmentation durable des recettes fiscales, qui passeront de 16 % en 2021 à 19 % du PIB à partir de 2023, ce qui offrira une certaine latitude pour financer des dépenses sociales supplémentaires.

Après avoir été faible en 2023, la croissance se redressera partiellement en 2024

La croissance se tassera considérablement en 2023. Le resserrement budgétaire, les taux d’intérêt élevés, le durcissement des critères d’octroi des crédits et la persistance d’une forte inflation nuiront à l’investissement et à la consommation. Les exportations soutiendront la croissance et le solde de la balance courante, mais les exportations de biens sont limitées par les perspectives mondiales fragiles. À partir du début de 2024, le reflux de l’inflation, le ralentissement du resserrement budgétaire et le début de l’assouplissement monétaire favoriseront la demande intérieure. L’emploi devrait rester relativement résilient, les entreprises ayant fait preuve de prudence dans la reconstitution de leur main-d’œuvre après la pandémie. Les déficits jumeaux de la Colombie (déficit budgétaire et celui de la balance courante) étant élevés, son économie est particulièrement vulnérable à un durcissement des conditions financières à l’échelle mondiale ; les réductions prévues des déficits permettraient de réduire ces risques. La poursuite du resserrement des conditions financières dans les pays avancés pourrait accentuer les pressions sur le taux de change, qui est déjà volatil. Une hausse de l’incertitude à l’échelle internationale ou une recrudescence des incertitudes liées aux politiques nationales pourrait nuire à la demande, et surtout à l’investissement privé. Les risques financiers intérieurs semblent contenus, les banques étant bien capitalisées, en particulier dans le sillage de l’adoption des normes de Bâle III.

Les réformes proposées réduiront les inégalités, mais ne suffiront pas à remédier à l’emploi informel

Les propositions de réformes ambitieuses dans les domaines de la santé, des retraites, du travail et de l’énergie contribueront à réduire les fortes inégalités, à élargir la couverture de la protection sociale, à améliorer les conditions de travail et à favoriser la progression de l’économie colombienne dans la transition écologique. Les autorités doivent mettre en œuvre les réformes selon un calendrier attentif, garantissant la viabilité budgétaire à long terme, et continuer de montrer leur engagement en faveur d’un cadre macroéconomique solide. Les réformes du marché du travail, des retraites et de la santé devraient tenir compte du niveau élevé de l’emploi informel, qui s’explique notamment par les coûts de main-d’œuvre non salariaux élevés et par la rigueur de la réglementation de l’emploi. Le renforcement accru des incitations à la création d’emplois dans le secteur formel, ainsi que la multiplication des possibilités d’emploi des femmes sur le marché du travail, qui passe par des services d’accueil des enfants abordables et de qualité ainsi que par le congé parental partagé, seraient susceptible d’augmenter la productivité et l’équité. La formulation des modalités, des étapes et des mesures de la stratégie définie concernant la transition énergétique accélérerait les investissements dans les technologies vertes.

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