Croatie
La croissance de la production devrait se modérer pour s’établir à 2.1 % en 2023 et à 2.5 % en 2024. L’augmentation des salaires et la croissance de l’emploi soutiendront les dépenses réelles des ménages.
L’intégration de la Croatie dans la zone euro et l’espace Schengen et l’augmentation des décaissements de fonds européens devraient stimuler l’investissement et les exportations. Actuellement élevée, l’inflation va progressivement refluer sous l’effet du recul des prix internationaux de l’énergie et d’autres produits.
Les autorités prévoient de faire passer le solde budgétaire d’un léger excédent en 2022 à un déficit modeste en 2023, puis plus important en 2024. Elles ont prolongé les subventions conséquentes aux prix de l’énergie, de même que des aides au revenu plus modestes, tout en renforçant les investissements dans l’efficacité énergétique. Réduire plus rapidement les dépenses au titre des subventions non ciblées aux prix de l’énergie, tout en continuant de s’attaquer aux problèmes structurels de la Croatie, par exemple en renforçant la formation des adultes, les prestations familiales et les investissements dans l’efficacité énergétique, contribuerait à rendre la reprise plus durable et inclusive.
Croatie
1. L’inflation harmonisée calculée par médiane pondérée se fonde sur les prix à la consommation harmonisés de 222 produits.
2. Au sens de Maastricht.
Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113 ; Eurostat ; et calculs de l’OCDE.
StatLink2 https://stat.link/ed2q87
Croatie : Demande, production, prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible)
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
StatLink2 https://stat.link/9ky7zn
La flambée des prix a freiné la reprise de la Croatie
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
La croissance du PIB a ralenti sous l’effet de la flambée des prix de l’énergie et de l’incertitude liée à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, même si la douceur et l’arrivée tardive de l’hiver ont favorisé l’activité dans le secteur de la construction et atténué l’effet négatif de la cherté de l’énergie, limitant ce ralentissement. L’inflation mesurée en glissement annuel par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a atteint un pic de 13.0 % au mois de novembre 2022, avant de refluer progressivement pour s’établir à 8.9 % en avril 2023, tandis que les prix de l’énergie reculaient de 6.6 % par rapport à leur point haut de 2022. Les tensions inflationnistes se sont toutefois généralisées. L’augmentation des prix a entamé le pouvoir d’achat des ménages, notamment de ceux à faible revenu. Les ménages maintiennent leur niveau de consommation en réduisant leur épargne. L’emploi a continué de se renforcer, si bien que le taux de chômage est redescendu à 6.5 % en avril 2023. Conjuguée au relèvement de 12 % du salaire minimum pour 2023 par les autorités, cette évolution contribue à l’augmentation des salaires. Les exportations de biens comme de services ont enregistré une croissance soutenue à la fin de 2022 et au début de 2023. Les indicateurs avancés laissent entrevoir un début de saison dynamique pour le secteur du tourisme en 2023.
Le recul des prix de l’énergie à l’échelle internationale a été bénéfique pour la Croatie. Le pays a été préservé des perturbations des approvisionnements énergétiques par ses importations et ses capacités de stockage de gaz et la part importante de sa production d’électricité d’origine renouvelable. L’intégration dans la zone euro, qui s’est accompagnée d’un accès accru aux financements et d’un renforcement des liquidités des banques, a atténué les répercussions de la hausse des taux d’intérêt observée à l’échelle mondiale, même si les taux ont augmenté sur certains marchés et les conditions d’octroi de certains prêts se sont durcies, ralentissant la croissance du crédit. La Croatie contribue au soutien apporté à l’Ukraine et le pays a délivré plus de 21 000 visas de protection temporaire à des réfugiés.
Les politiques budgétaire et monétaire conserveront une orientation expansionniste
La croissance de l’activité et l’augmentation des prix en 2022 ont gonflé les recettes publiques, tandis que les dépenses publiques ont été plus faibles que prévu, notamment en matière d’investissement public, ce qui s’est traduit par un léger excédent budgétaire et un recul du ratio d’endettement public. Le gouvernement prévoit un déficit modeste en 2023, et plus important en 2024, correspondant à une orientation expansionniste de la politique budgétaire. Le quatrième train de mesures liées à l’énergie, annoncé en mars, explique en grande partie ce retour au déficit. Doté de 1.7 milliard EUR (2.3 % du PIB de 2023), ce train de mesures prolonge les subventions aux prix, notamment les subventions en grande partie non ciblées destinées à alléger les factures d’énergie (1.2 milliard EUR), et les aides en faveur des énergies renouvelables, des investissements dans l’efficacité énergétique et des ménages vulnérables. La plupart des mesures devraient s’appliquer jusqu’en octobre 2023 ou avril 2024, ou correspondent à des versements ponctuels. La transmission à la Croatie du resserrement de la politique monétaire de la zone euro devrait s’intensifier peu à peu, parallèlement à l’intégration du pays dans la zone euro.
L’augmentation des revenus, la modération de l’inflation et la hausse des investissements renforceront la croissance
Compte tenu du redressement des revenus réels à la faveur de la hausse des salaires et de la poursuite de la progression de l’emploi, la consommation des ménages devrait se renforcer, et accélérer la croissance globale du PIB. La baisse des prix de l’énergie et l’atténuation des perturbations des approvisionnements à l’échelle mondiale devraient permettre à l’inflation de poursuivre son reflux, même si l’inflation globale se redressera temporairement quand arriveront à expiration les mesures d’aide énergétique. L’investissement, soutenu par la hausse des dépenses publiques et l’investissement étranger, et les exportations, portées par l’amélioration progressive de la demande des partenaires commerciaux de la Croatie, devraient également renforcer la demande. Pour rehausser l’investissement, la productivité et le niveau de vie, il sera déterminant de renforcer la compétitivité, de préserver la crédibilité budgétaire en veillant à ce que le niveau effectif des dépenses et du solde budgétaire corresponde à leur niveau budgété, et de mettre pleinement en œuvre le plan pour la reprise et la résilience de la Croatie. Une nouvelle flambée des prix de l’énergie aurait probablement un effet négatif sur la consommation privée, les finances publiques et la compétitivité internationale. Une forte augmentation des prêts de faible qualité aux agents économiques résidents et une dégradation de la santé des banques à l’échelle internationale mettraient en péril la distribution de crédits permettant de financer l’investissement des entreprises ou l’offre de bâtiments tertiaires et de logements neufs.
Des investissements améliorant l’accès à l’éducation peuvent ouvrir de nouvelles perspectives aux individus
Dans un contexte de reprise de la consommation des ménages et de renforcement de la demande par l’intégration du pays dans la zone euro et l’espace Schengen, une politique budgétaire plus contracyclique serait bénéfique pour la compétitivité de l’économie croate et allégerait les contraintes de capacité. Il est notamment indispensable de veiller à ce que les plus-values de recettes servent à constituer des marges de manœuvre budgétaires, de remplacer les subventions aux coûts énergétiques par des aides ciblées en faveur des ménages, et d’investir dans des initiatives contribuant à la diminution des besoins en énergie – par exemple dans la rénovation des bâtiments ou la modernisation du matériel de transport – pour réduire l’exposition du pays aux risques liés à l’énergie et améliorer la qualité de l’air. Étoffer l’offre de programmes d’enseignement professionnel et de formation des adultes de qualité et améliorer leur accessibilité, par exemple en élargissant les dispositifs de chèque et en assouplissant les horaires et les modalités d’enseignement des programmes, peuvent renforcer les compétences et permettre aux parents et aux aidants de concilier travail, études et vie de famille. De même, augmenter le nombre de places dans les structures d’éducation et d’accueil des jeunes enfants, poursuivre les efforts de standardisation des horaires d’enseignement et des activités de soutien périscolaire, et encourager les employeurs à assouplir les modalités d’organisation du travail peuvent améliorer le capital humain et aider les femmes, en particulier, à avoir des carrières plus productives.