Danemark
Après un ralentissement à 0.7 % en 2023, la croissance économique devrait se redresser pour s’établir à 1.4 % en 2024. Un marché du travail dynamique et un excès d’épargne considérable soutiendront la consommation privée. En revanche, la hausse des coûts d’emprunt et l’incertitude élevée pèseront sur l’investissement en logements et l’investissement des entreprises. L’inflation refluera, passant de 4.9 % en 2023 à 3.2 % en 2024, à la faveur du recul des prix des matières premières. Une hausse des prix et des salaires plus forte que prévu fait partie des principaux risques entourant les perspectives. Par ailleurs, une chute plus marquée des prix des logements nuirait à l’activité économique.
Le relèvement des taux d’intérêt en fonction de l’évolution de ceux de la zone euro, afin d’assurer l’ancrage de la monnaie nationale à l’euro, contribuera à stabiliser l’inflation en freinant la demande intérieure. La politique budgétaire restera marquée par la prudence, avec des excédents budgétaires des administrations publiques en 2023 et 2024. Un certain resserrement budgétaire sera toutefois nécessaire l’an prochain si les tensions inflationnistes se révèlent plus fortes que prévu. La mise en œuvre de mesures structurelles visant à faciliter le recrutement de travailleurs étrangers et à réduire l’imposition effective du travail concourrait à étayer l’offre de main-d’œuvre. Le renforcement, ainsi qu’il est prévu, de la tarification des émissions de carbone et l’accélération de la mise en œuvre des projets d’infrastructures contribueraient à appuyer l’investissement et à faciliter la transition écologique.
DanemarkSource : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113. StatLink
Danemark : Demande, production et prix
Pourcentage
StatLink2 https://stat.link/93core
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
La dynamique de croissance s’est ralentie
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
L’activité économique a ralenti depuis le second semestre de 2022, sauf dans le secteur pharmaceutique, qui se caractérise par un fort dynamisme. La croissance du PIB a marqué le pas au premier trimestre de 2023, pour s’établir à 0.2 %. La production industrielle a diminué depuis le début de cette année. Le choc sur les prix de l’énergie, la hausse des coûts d’emprunt et le faible niveau de confiance ont pesé sur la consommation privée et l’investissement en logements. La hausse des taux d’intérêt s’est traduite par un ralentissement des transactions sur le marché du logement, et les prix des logements ont chuté d’environ 8 % par rapport à leur point culminant atteint à la mi-2022. Avec une augmentation du chômage et une croissance contenue des salaires, les tensions sur le marché du travail ont commencé à s’atténuer, mais les difficultés de recrutement restent notables. L’inflation globale a reflué à 5.3 % en avril, sur fond de fléchissement des prix de l’énergie. L’inflation sous-jacente reste élevée, du fait de la répercussion progressive de la hausse des coûts de production sur les prix à la consommation. Dans un contexte marqué par de forts signaux-prix, par des investissements dans les économies d’énergie et par la douceur des conditions météorologiques hivernales, la consommation d’électricité et de gaz a nettement diminué. Les mesures de soutien liées à l’énergie ont été moins généreuses que dans les autres pays de l’OCDE (représentant environ 0.4 % du PIB en 2022 et 2023). Elles ont essentiellement consisté en des chèques exonérés d’impôts destinés aux retraités à faible revenu, en des versements forfaitaires aux familles vulnérables, en une aide au déploiement du chauffage urbain et en un abaissement du taux
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
de taxation de l’électricité au niveau minimum prévu par l’UE pendant 6 mois, soit jusqu’en juin 2023. Les risques de pénurie d’énergie durant l’hiver prochain sont limités, compte tenu de la faible dépendance du Danemark à l’égard des approvisionnements en gaz et de la réouverture prévue des champs gaziers de la mer du Nord à l’hiver 2023-24.
Des politiques macroéconomiques judicieuses contribueront à ancrer l’inflation
Les politiques monétaire et budgétaire concourront à réduire les tensions inflationnistes. Le taux d’intérêt directeur devrait être relevé parallèlement aux taux directeurs de la zone euro, de façon à maintenir l’ancrage à l’euro, et s’établir à 3.35 % au deuxième trimestre de 2023 puis rester à ce niveau jusqu’à la fin de l’horizon des projections. Les conditions financières se resserreront sur fond de hausse des taux d’intérêt et de durcissement des critères d’octroi de crédit. L’orientation budgétaire devrait être globalement neutre en 2023 et légèrement expansionniste en 2024. Le solde budgétaire devrait rester excédentaire au cours des deux prochaines années. Les mesures d’aide mises en œuvre en réaction à la forte inflation et les dépenses supplémentaires consacrées à la défense seront intégralement financées par la contribution de solidarité fixée par l’UE, une redéfinition des priorités en matière de dépense et une utilisation des réserves budgétaires. Le soutien supplémentaire apporté à l’Ukraine représentera 0.2 % du PIB mais ne dopera pas l’activité intérieure.
L’inflation se modérera sous l’effet du ralentissement de la croissance
La croissance du PIB refluera à 0.7 % en 2023, avant de se redresser pour s’établir à 1.4 % en 2024. L’investissement ralentira du fait du durcissement des conditions financières et de l’atonie de la demande extérieure. Le retour à la normale dans le secteur du transport de marchandises et le secteur pharmaceutique modérera les exportations en 2023. La reprise sera tirée par la consommation privée, compte tenu de la hausse du revenu disponible réel. Les salaires continueront d’être revalorisés selon l’inflation, mais l’augmentation du chômage devrait rester limitée du fait de la rétention de main-d’œuvre par les employeurs. L’inflation devrait refluer à 2.8 % à la fin de 2024, en raison du fléchissement des prix des matières premières et d’une augmentation des capacités inutilisées. Une accélération de l’inflation en cas de relèvement des salaires au-delà des niveaux négociés constitue l’un des risques entourant les perspectives. Une chute plus marquée des prix des logements pourrait en outre nuire au pouvoir d’achat des ménages et à la demande intérieure.
Favoriser la transition écologique constitue une priorité
Dans la mesure où la politique monétaire s’appuie sur l’ancrage à l’euro, la politique budgétaire a un rôle essentiel à jouer dans l’atténuation des tensions inflationnistes, et il conviendrait de la resserrer si les prix ne reculent pas comme prévu. Des réformes structurelles pourraient limiter le risque de pénurie de main-d’œuvre dans les principaux secteurs économiques. La levée des obstacles à l’occupation d’emplois très qualifiés par des femmes et à l’embauche de travailleurs étrangers est susceptible d’agrandir le vivier de compétences. Mettre en place des prestations liées à l’exercice d’une activité professionnelle en vue de réduire la fiscalité élevée du travail pesant sur les ménages à revenus moyens bénéficiant de prestations sociales et remédier à la pénalité de rémunération liée à la maternité sont deux mesures qui peuvent également étayer l’offre de main-d’œuvre. Pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de carbone, le Danemark devra réduire encore sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles en accélérant les investissements en infrastructures consacrés au déploiement des sources d’énergie renouvelable. Il est en outre essentiel, aux fins de la transition écologique, d’émettre des signaux-prix explicites et crédibles. La réforme fiscale écologique, qui représente un pas dans la bonne direction, devrait
être complétée par des mesures de tarification des émissions dans le secteur agricole, ainsi que par des mesures de compensation visant à limiter les éventuelles répercussions socioéconomiques négatives.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023
NUMÉRO 1 © OCDE 2023