Estonie
LâĂ©conomie estonienne devrait se contracter de 1.3 % en 2023, avant dâenregistrer une croissance de 3.2 % en 2024, favorisĂ©e par la baisse des prix de lâĂ©nergie. Lâinflation refluera aux alentours de 5 % dâici Ă la fin de lâannĂ©e et restera orientĂ©e Ă la baisse en 2024. La consommation privĂ©e restera atone dans un contexte de pression persistante sur les revenus rĂ©els. Compte tenu de la hausse des taux dâintĂ©rĂȘt, les prix des logements diminuent et lâinvestissement rĂ©sidentiel est faible. Le renforcement de la demande extĂ©rieure soutiendra la reprise initiale. Les principaux risques rĂ©sident dans lâinstabilitĂ© des prix de lâĂ©nergie et lâimpact incertain de la guerre dâagression menĂ©e par la Russie contre lâUkraine.
Si les aides accordĂ©es aux mĂ©nages vulnĂ©rables insuffisamment couverts par le systĂšme gĂ©nĂ©ral de protection sociale et le soutien Ă lâinvestissement dans lâefficacitĂ© et la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tiques sont justifiĂ©s, la politique budgĂ©taire ne doit pas aggraver les tensions inflationnistes. Le gouvernement devrait aussi axer son action sur lâeffet redistributif des mesures prĂ©vues dâassainissement des finances publiques, ainsi que sur lâamĂ©lioration des compĂ©tences, afin de favoriser la poursuite du processus de convergence et la transition Ă©cologique.
Estonie
Source : Base de donnĂ©es des Perspectives Ă©conomiques de lâOCDE, n° 113.
StatLink2 https://stat.link/t129sn
Estonie : Demande, production et prix
Taux
nette des ménages (% du revenu disponible)
brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
StatLink2 https://stat.link/ckopnr
Lâinflation Ă©levĂ©e et la forte incertitude ont pĂ©nalisĂ© lâactivitĂ© Ă©conomique
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la premiĂšre colonne
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépÎts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
LâĂ©conomie estonienne sâest contractĂ©e au second semestre de lâannĂ©e passĂ©e, et le PIB a enregistrĂ© une baisse dâenviron 1 % sur lâensemble de 2022. Cette contraction a rĂ©sultĂ© dâun recul considĂ©rable des exportations, notamment en dehors de la zone euro, liĂ© aux effets nĂ©fastes de la guerre en Ukraine sur les Ă©changes. La consommation privĂ©e a chutĂ© en raison de la hausse des prix de lâĂ©nergie, et le durcissement des conditions financiĂšres commence Ă transparaĂźtre dans lâaffaiblissement de lâinvestissement en logements. Lâinflation globale a culminĂ© Ă 25.2 % en aoĂ»t 2022, puis refluĂ© pour sâĂ©tablir Ă 11.2 % en mai. La contraction Ă©conomique a perdurĂ© au premier trimestre de 2023, quoiquâĂ un rythme plus lent, le PIB ayant reculĂ© de 0.6 % par rapport au dernier trimestre de 2022. La confiance des consommateurs et des entreprises sâest amĂ©liorĂ©e au printemps 2023, mais les niveaux de la production industrielle en mars et des ventes au dĂ©tail en avril ont Ă©tĂ© plus faibles quâun an auparavant.
Le marchĂ© du travail a bien rĂ©sistĂ©, avec un taux de chĂŽmage de 5.3 % au premier trimestre de 2023, alors mĂȘme que le pays a accueilli en grand nombre des rĂ©fugiĂ©s ukrainiens et que lâactivitĂ© Ă©conomique a dĂ©cru lâannĂ©e derniĂšre. Nombre de ces rĂ©fugiĂ©s se sont rapidement intĂ©grĂ©s sur le marchĂ© du travail, en trouvant des emplois dans les secteurs de lâindustrie, du commerce ainsi que de lâhĂ©bergement et de la restauration. Les pĂ©nuries de main-dâĆuvre structurelles, antĂ©rieures Ă la pandĂ©mie de COVID-19, ont contribuĂ© Ă la rĂ©ticence des entreprises Ă licencier du personnel, mĂȘme dans le contexte du flĂ©chissement temporaire de leur activitĂ©.
La politique budgétaire continue à contribuer à la demande
Au cours de lâannĂ©e passĂ©e, les autoritĂ©s ont soutenu lâĂ©conomie en adoptant des mesures budgĂ©taires qui ont pris la forme de rĂ©ductions temporaires des droits dâaccise sur les combustibles et de lâinstauration dâun prix rĂ©glementĂ© de lâĂ©lectricitĂ©, ainsi que dâune revalorisation pĂ©renne des prestations familiales et sociales, dâune augmentation des dĂ©penses de dĂ©fense, dâinvestissements publics considĂ©rables et dâune hausse des salaires dans le secteur public. Le nouveau gouvernement entrĂ© en fonction en avril entend maintenir le dĂ©ficit budgĂ©taire sous la barre des 3 % Ă moyen terme. Cette prĂ©vision prend en compte lâimportant plan dâassainissement budgĂ©taire qui prĂ©voit un relĂšvement de la TVA de 2 points de pourcentage lâan prochain et une hausse de lâimposition du revenu des particuliers et des entreprises en 2025. La conception et lâeffet redistributif de ces hausses dâimpĂŽts et dâautres mesures prĂ©vues devraient ĂȘtre Ă©valuĂ©es avec soin, ainsi que lâimpact sur les tensions inflationnistes.
La croissance va se redresser progressivement au cours de cette année et se renforcer en 2024
LâactivitĂ© restera atone au premier semestre de cette annĂ©e avant de se redresser, parallĂšlement Ă la dissipation des effets de la forte inflation, si bien que lâĂ©conomie se contractera de 1.3 % cette annĂ©e puis rebondira pour enregistrer une croissance de 3.2 % en 2024. Lâinflation refluera Ă environ 5 % dâici la fin de lâannĂ©e, mais devrait repartir modĂ©rĂ©ment Ă la hausse en dĂ©but dâannĂ©e prochaine sous lâeffet du relĂšvement prĂ©vu de la TVA. La consommation et lâinvestissement en logements resteront faibles, la reprise Ă©tant tirĂ©e initialement par les Ă©changes et lâinvestissement public. Le taux de chĂŽmage devrait atteindre 5.9 % en 2023. Ă la faveur du redressement du revenu disponible des mĂ©nages, Ă©tayĂ© par des hausses de salaire tout au long de cette annĂ©e et de la suivante, la consommation privĂ©e se renforcera. Le principal risque pesant sur la reprise de lâĂ©conomie estonienne tient aux Ă©volutions rĂ©gionales et mondiales qui pourraient dĂ©grader les perspectives Ă©conomiques. Les tensions inflationnistes pourraient ĂȘtre plus vives que prĂ©vu, en raison de la vigueur de la demande nominale et de la situation relativement tendue du marchĂ© du travail. La sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique continue de reprĂ©senter un risque, bien que le pays ait maintenant accĂšs Ă des capacitĂ©s de stockage de gaz et quâil investisse pour rendre son rĂ©seau Ă©nergĂ©tique conforme aux normes europĂ©ennes.
Le renforcement de la croissance passe par des politiques durables et inclusives
Les autoritĂ©s budgĂ©taires devraient continuer de soutenir les mĂ©nages vulnĂ©rables et accĂ©lĂ©rer lâinvestissement dans lâefficacitĂ© et la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tiques, tout en se gardant dâaggraver les tensions inflationnistes. Dans le cadre de lâassainissement prĂ©vu, il faudrait trouver un juste Ă©quilibre entre la nĂ©cessitĂ© dâengranger de nouvelles recettes et celle de financer des investissements consĂ©quents ainsi que des mesures de lutte contre les inĂ©galitĂ©s persistantes. Dans ce contexte, lâexamen complet des dĂ©penses qui a Ă©tĂ© proposĂ© est bienvenu, tout comme le dĂ©bat en cours sur les mesures Ă prendre concernant le financement Ă moyen terme des systĂšmes de santĂ© et dâĂ©ducation. Ă court terme, lâaction publique devait ĂȘtre centrĂ©e sur lâeffet redistributif des mesures dâassainissement programmĂ©es. Les politiques du marchĂ© du travail devraient rester axĂ©es sur les moyens de remĂ©dier aux pĂ©nuries de compĂ©tences, de relever le niveau des compĂ©tences de base, qui est faible, dâamĂ©liorer la participation des travailleurs peu qualifiĂ©s Ă la formation tout au long de la vie, et de mieux intĂ©grer les rĂ©fugiĂ©s. Afin de continuer Ă rĂ©duire les Ă©carts de rĂ©munĂ©ration considĂ©rables entre les genres, les autoritĂ©s devraient renforcer la transparence et la collecte des donnĂ©es dans ce domaine, et habiliter lâinspection du travail Ă contrĂŽler lâapplication des dispositions lĂ©gislatives relatives Ă lâĂ©galitĂ© des genres.