Finlande note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

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Finlande

La croissance économique devrait marquer le pas en 2023, avant de rebondir pour atteindre 1.2 % en 2024. À la faveur du tassement des prix de l’énergie, la consommation privée devrait se redresser modérément, malgré l’effet négatif de la hausse des taux d’intérêt qui, conjuguée au recul des prix des logements, pèsera sur l’investissement résidentiel. Le chômage devrait augmenter légèrement. La baisse des prix de l’énergie et l’affaiblissement de la demande devraient contribuer à faire reculer l’inflation globale de 7.2 % en 2022 à 5.7 % en 2023, puis à 3.0 % en 2024, même si la croissance soutenue des salaires et les augmentations de coûts pourraient maintenir l’inflation à un niveau élevé.

D’après les projections actuelles, l’orientation de la politique budgétaire devrait être expansionniste, mais elles sont susceptibles d’être révisées une fois le nouvel accord de coalition conclu. Un effort d’assainissement budgétaire modéré est de mise pour contribuer à endiguer l’inflation et à stabiliser le ratio dette publique/PIB puis le ramener sur une trajectoire descendante. Pour parvenir à une prospérité partagée, il est indispensable de remédier aux pénuries de main-d’œuvre en s’appuyant sur l’immigration et en améliorant l’activité féminine, d’investir dans la recherche-développement (R-D) et les compétences, et de poursuivre la diversification des sources d’énergie.

Finlande

1. La consommation correspond à la consommation publique et privée ; la somme des contributions à la croissance est égale à la croissance trimestrielle du PIB réel, à l’écart statistique près. Source : Centre national des statistiques (Tilastokeskus) de Finlande ; Commission européenne ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113.

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Finlande : Demande, production et prix

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht⁴ (% du PIB)

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2. Y compris la divergence statistique.

L’économie se relève de la crise énergétique

3 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac

4. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

La confiance des consommateurs – qui s’est écroulée en raison de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et du risque de pénuries d’énergie – s’améliore progressivement, compte tenu de l’atténuation du risque de pénuries et de la baisse des prix de l’énergie. Après deux trimestres consécutifs de croissance négative, le PIB a enregistré une hausse de 0.2 % au premier trimestre de 2023. La production industrielle a également augmenté ce trimestre-là (+2.1% par rapport à il y a un an), mais l’indicateur de confiance dans l’industrie n’a cessé de faiblir depuis l’éclatement de la guerre. L’inflation globale annuelle, mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), a respectivement reflué à 6.3 % en mars et à 4.9 % en avril 2023, mais est restée élevée. Le marché du travail est dynamique et tendu, et le taux de chômage harmonisé est resté globalement constant et faible au cours des derniers mois. Toutefois, la progression des salaires nominaux a été moins rapide que l’inflation, et les salaires réels ont baissé de 3.6 % en 2022.

Grâce à la douceur de l’hiver et à la diminution de la demande, la Finlande a évité des pénuries d’énergie. Les prix de l’énergie ont baissé, mais restent élevés. La Finlande s’est détournée de la Russie et a diversifié ses sources d’approvisionnement, notamment en augmentant ses investissements dans l’éolien et en mettant en service un nouveau réacteur nucléaire. Les prix des matières premières alimentaires ont diminué, mais les prix de détail des produits alimentaires continuent de s’envoler.

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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Finlande Prix courants milliards de EUR PIB aux prix du marché 239.9 -2.4 3.0 2.1 0.0 1.2 Consommation privée 126.1 -3.8 3.6 2.0 0.1 1.4 Consommation publique 55.6 1.2 3.9 2.9 4.3 0.2 Formation brute de capital fixe 57.1 -1.0 0.9 5.0 -4.7 0.2 Demande intérieure finale 238.8 -1.9 3.0 2.9 -0.1 0.8 Variation des stocks¹ ² 0.6 0.2 0.0 1.9 -3.4 0.0 Demande intérieure totale 239.5 -1.6 3.1 5.0 -3.4 0.8 Exportations de biens et services 95.7 -7.8 6.0 1.7 -0.5 3.0 Importations de biens et services 95.3 -6.2 6.0 7.5 -4.0 2.1 Exportations nettes¹ 0.4 -0.7 0.0 -2.3 1.7 0.4 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 1.6 2.2 4.2 5.5 3.5 Indice des prix à la consommation harmonisé _ 0.4 2.1 7.2 5.7 3.0 IPCH sous-jacent³ _ 0.5 1.2 3.6 4.5 3.2 Taux de chômage (% de la population active) _ 7.8 7.6 6.8 7.0 6.9 _ 4.9 2.8 -1.3 0.4 1.3 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -5.6 -2.8 -0.9 -1.6 -1.6 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 90.8 85.3 80.7 85.4 89.6 _ 74.7 72.6 73.0 77.7 81.8 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 0.3 0.0 -3.8 -0.7 0.2
Taux
revenu
d'épargne nette des ménages (% du
disponible)

La politique monétaire se resserre, tandis qu’une forte incertitude entoure la politique budgétaire

La poursuite du resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a des répercussions sur les conditions de prêt aux ménages et aux entreprises en Finlande. Les prix des logements ont diminué de 4.6 % entre le deuxième et le quatrième trimestre de 2022. Compte tenu de la forte proportion de prêts hypothécaires à taux variable ou révisable, les hausses de taux d’intérêt vont rendre le service de la dette plus difficile à assurer pour les ménages, et elles pourraient réduire davantage les prix des logements et la consommation. Pour l’essentiel, le reste des aides liées à l’énergie accordées de janvier à avril a été démantelé. Ces mesures comprenaient une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée à l’électricité et au transport de personnes, ainsi que des aides ciblées sur les ménages devant assumer de lourdes factures énergétiques. Les fournisseurs d’énergie bénéficieront toutefois de prêts d’urgence et de garanties de crédit jusqu’à la fin de 2023. Il est supposé qu’aucune mesure d’aide ne sera en place en 2024 et il est probable que le prochain budget intègrera un assainissement budgétaire fondé sur une réduction des dépenses publiques, ce qui contribuerait à endiguer l’inflation et à stabiliser le ratio dette publique/PIB. Néanmoins, aucun accord de coalition n’ayant été conclu à ce jour, cet assainissement budgétaire probable n’est pas pris en compte dans ces projections.

Après une légère

récession, une reprise modérée de la croissance est attendue

Après le repli du PIB observé au second semestre de 2022, l’activité devrait rester atone au premier semestre de 2023, avant que la croissance de la consommation ne se redresse parallèlement à la dissipation du choc énergétique, et que le commerce extérieur s’améliore. Le taux de chômage augmentera légèrement en 2023, et refluera lentement à 7.1 % en 2024. La hausse des taux d’intérêt, la contraction du PIB et la progression du chômage devraient concourir à atténuer les tensions inflationnistes en 2023-24. La récente diminution des prix de l’énergie y contribuera également, mais l’expiration des baisses de TVA à la fin du mois d’avril retardera le reflux des prix de détail. Du fait de leurs répercussions sur les prix et les salaires, les prix de l’énergie devraient maintenir l’inflation sous-jacente à un niveau plus élevé que l’inflation globale un peu plus longtemps. Compte tenu de la forte proportion de prêts hypothécaires à taux variable ou révisable, et de l’endettement élevé des ménages (qui représentait 156 % de leur revenu disponible en 2022), les prix des logements pourraient baisser encore sensiblement sur fond de hausses des taux d’intérêt. Une nouvelle envolée des prix de l’énergie aurait également un effet préjudiciable sur la confiance et le pouvoir d’achat, freinant la consommation privée et la croissance.

Il est capital de renforcer la productivité, l’emploi et la sécurité énergétique

Il est crucial d’investir dans la recherche-développement (R-D), la transformation numérique et l’enseignement supérieur pour renforcer la croissance de la productivité et l’innovation. Développer l’activité féminine en améliorant les incitations à travailler, remédier aux pénuries de professionnels de la garde d’enfants et favoriser l’immigration de travailleurs qualifiés pourraient contribuer à accroître l’emploi et à atténuer les pénuries de main-d’œuvre. Enfin, il est également crucial pour la Finlande d’accélérer la transition vers des sources d’énergie décarbonées (éolien, solaire, nucléaire) afin d’améliorer sa sécurité énergétique et d’atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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