Irlande
AprĂšs deux annĂ©es de croissance supĂ©rieure Ă 10 %, le PIB devrait refluer, avec des projections de croissance de 4.4 % en 2023 et de 3.7 % en 2024, sous lâeffet de lâaffaiblissement progressif du dynamisme des exportations des secteurs dominĂ©s par les multinationales. En dĂ©pit de lâinflation persistante, les dĂ©penses de consommation seront relativement Ă©levĂ©es en 2023, sous lâimpulsion de la forte hausse de lâemploi et de la saison touristique estivale. Par suite de lâamĂ©lioration de la confiance, les carnets de commande des entreprises se rempliront, les incitant davantage Ă investir. La demande intĂ©rieure modifiĂ©e, qui annule certaines distorsions dues Ă la proportion Ă©levĂ©e dâentreprises multinationales, progressera de 1.8 % en 2023 et de 3.0 % en 2024.
Dans un contexte de recettes fiscales toujours abondantes, les autoritĂ©s ont annoncĂ© dĂ©but 2022 des aides liĂ©es au coĂ»t de la vie reprĂ©sentant au total 2.4 % du PIB (soit 4.4% du RNI*, ou revenu national brut, hors effets de la mondialisation) et leur ciblage de plus en plus important. Pour amĂ©liorer la viabilitĂ© Ă long terme des finances publiques et accroĂźtre la rĂ©sistance aux chocs, lâaffectation des recettes fiscales exceptionnelles au Fonds de rĂ©serve de stabilisation devrait ĂȘtre poursuivie et lâapplication de la rĂšgle du plafonnement des dĂ©penses Ă 5 % rapidement restaurĂ©e. Les rĂ©formes structurelles visant Ă renforcer la productivitĂ© devront permettre de faire face au vieillissement rapide de la population et Ă dâautres enjeux budgĂ©taires Ă long terme.
Irlande
1. Hors transactions importantes rĂ©alisĂ©es par des entreprises Ă©trangĂšres et nâayant pas dâeffet sensible sur lâactivitĂ© Ă©conomique intĂ©rieure.
2. Calculs reposant sur un ensemble commun de 213 sous-indices non pondérés.
Source : Base de donnĂ©es des Perspectives Ă©conomiques de lâOCDE, n° 113 ; et Eurostat.
Irlande : Demande, production et prix
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la premiĂšre colonne
StatLink2 https://stat.link/7gb3fs
2. HorsaĂ©ronefsacquis pardes sociĂ©tĂ©s de location en IrlandemaisexploitĂ©s dans dâautrespays et investissementsrĂ©alisĂ©s par des entreprises multinationales dans des biens de propriĂ©tĂ© intellectuelle importĂ©s
La faiblesse de lâinvestissement pĂšse sur lâĂ©conomie intĂ©rieure
3 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
4 Le dĂ©ficit inclut lâeffet des mesures ponctuelles de recapitalisations dans le secteur bancaire
5. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépÎts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
PortĂ© par le rattrapage de la demande de consommation consĂ©cutif Ă la pandĂ©mie et par le dynamisme des secteurs dominĂ©s par les multinationales, le PIB a progressĂ© de 12 % en 2022. La consommation des mĂ©nages a continuĂ© de bien rĂ©sister au premier trimestre de 2023, soutenue par la forte hausse des salaires et de lâemploi, et par lâexcĂ©dent encore ample de lâĂ©pargne accumulĂ©e pendant la pandĂ©mie. Toutefois, lâassombrissement des perspectives Ă lâĂ©chelle mondiale, la hausse des prix de lâĂ©nergie et des intrants et lâaugmentation des coĂ»ts dâemprunt ont rĂ©duit les incitations des entreprises Ă investir, en particulier dans le secteur manufacturier. ConjuguĂ©e au faible niveau des exportations, cette Ă©volution a entraĂźnĂ© une contraction du PIB au premier trimestre de 2023.
Avec une inflation sous-jacente Ă 4.3 % en avril, les tensions inflationnistes sous-jacentes perdurent. En glissement annuel, lâinflation globale, mesurĂ©e par les prix Ă la consommation, a refluĂ© pour sâĂ©tablir Ă 6.3 %, en dĂ©pit dâune certaine accĂ©lĂ©ration de lâenvolĂ©e des prix de lâĂ©nergie et de la persistance de la forte hausse des prix des denrĂ©es alimentaires, en partie due Ă des renĂ©gociations de contrats avec des fournisseurs de longue date. En fĂ©vrier, le gouvernement a lancĂ© son troisiĂšme train de mesures liĂ© au coĂ»t de la vie (0.3 % du PIB de 2022 ; 0.5 % du RNI*), qui comprenait le versement de prestations sociales
ponctuelles aux retraitĂ©s et aux mĂ©nages Ă faible revenu, la prolongation des allĂšgements provisoires de la TVA et des droits dâaccise dans le domaine de lâĂ©nergie jusquâĂ la fin du mois dâoctobre, et une refonte du dispositif temporaire dâaide Ă©nergĂ©tique destinĂ© aux PME, prolongĂ© jusquâĂ la fin du mois de mai.
La prudence est de mise concernant les recettes provenant de lâimpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, abondantes mais en partie provisoires
Depuis dĂ©but 2022, le gouvernement a mis en place des mesures dâaide liĂ©es au coĂ»t de la vie, reprĂ©sentant 2.4 % du PIB (4.4% du RNI*). En grande partie temporaires, ces mesures, dont un tiers environ Ă©taient ciblĂ©es, ont attĂ©nuĂ© la charge de lâenvolĂ©e des prix de lâĂ©nergie pesant sur les mĂ©nages et les petites entreprises. Les recettes provenant de lâimpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, qui ont reprĂ©sentĂ© un cinquiĂšme des rentrĂ©es fiscales totales, ont aidĂ© Ă dĂ©gager un excĂ©dent budgĂ©taire reprĂ©sentant 1.6 % du PIB de 2022 (3.0% du RNI*). Toutefois, compte tenu des incertitudes concernant lâimpact, sur les stratĂ©gies dâimplantation des entreprises multinationales, du relĂšvement de 15 % du taux effectif dâimposition sur les sociĂ©tĂ©s, qui devrait ĂȘtre instaurĂ© en 2024, une partie des Ă©ventuelles recettes fiscales exceptionnelles Ă venir devrait continuer dâĂȘtre affectĂ©e au Fonds national de rĂ©serve, en plus des 6 milliards EUR dĂ©jĂ encaissĂ©s depuis 2022, ou encore Ă un nouveau fonds dâĂ©pargne Ă long terme, donc la crĂ©ation est Ă lâĂ©tude. Selon le Programme national de dĂ©veloppement, les dĂ©penses dâinvestissement public devraient rester soutenues, notamment dans le logement. LâexcĂ©dent budgĂ©taire devrait toutefois augmenter pour atteindre 2.4 % du PIB en 2024, Ă la faveur de la diminution des aides publiques dans un contexte dâattĂ©nuation de lâincertitude Ă©conomique.
Le durcissement des conditions financiĂšres suscite certains risques
La consommation des mĂ©nages va bien rĂ©sister, soutenue par la progression continue des salaires sur fond de pĂ©nuries de compĂ©tences, et Ă la faveur de la saison touristique estivale. La hausse de la demande, notamment dans le domaine des services, stimulera lâinvestissement des entreprises. Lâinflation globale devrait refluer, mĂȘme si ce recul sera freinĂ© par la suppression progressive des rĂ©ductions temporaires des impĂŽts indirects liĂ©s Ă lâĂ©nergie au cours du second semestre de 2023. Lâinflation sousjacente continue de sâenliser, ce qui pourrait se traduire par des niveaux dâĂ©pargne de prĂ©caution plus Ă©levĂ©s que prĂ©vu de la part des mĂ©nages en 2024. Le durcissement des conditions financiĂšres et la hausse des prix des intrants pourraient rĂ©orienter les investissements programmĂ©s afin dâaccroĂźtre lâoffre de logements et encourager la rĂ©novation des habitats, dans le cadre notamment de grands programmes publics. De nouvelles augmentations des taux dâintĂ©rĂȘt pourraient entraĂźner de fortes corrections de prix dans les portefeuilles de fonds dâinvestissement dans lâimmobilier industriel et commercial, ce qui serait un facteur de risque pour la stabilitĂ© financiĂšre. Point positif, la mise en application effective du cadre de Windsor est susceptible de favoriser davantage la croissance, en levant certaines incertitudes relatives aux Ă©changes commerciaux avec le Royaume-Uni.
La prudence budgétaire et les réformes structurelles sont déterminantes pour améliorer la protection sociale dans la durée
La viabilitĂ© Ă long terme des finances publiques et la mise en Ćuvre effective des rĂ©formes structurelles sont dĂ©terminantes pour que le gouvernement puisse mener Ă bien son programme de rĂ©formes reposant sur des investissements considĂ©rables, qui couvre entre autres les transitions climatique et numĂ©rique et vise Ă garantir Ă une population qui vieillit rapidement lâaccĂšs Ă des logements et des services de santĂ© de qualitĂ© Ă des prix abordables. Le respect de la rĂšgle du plafonnement des dĂ©penses Ă 5 % et lâaffectation dâune partie des Ă©ventuelles recettes fiscales supplĂ©mentaires au Fonds national de rĂ©serve
ou Ă un nouveau fonds dâĂ©pargne Ă long terme, si celui-ci voit le jour, sont donc essentiels. Les politiques visant Ă accroĂźtre la productivitĂ© devraient aussi donner prioritĂ© Ă la rĂ©duction des dĂ©sĂ©quilibres entre les genres, par exemple en renforçant les incitations Ă lâactivitĂ© fĂ©minine, afin de tirer parti de la tendance en ce sens consĂ©cutive au COVID-19. Il est crucial de continuer dâaccorder des aides financiĂšres publiques suffisantes au titre de la garde des jeunes enfants, tout en prenant des mesures visant Ă dĂ©velopper les capacitĂ©s dâaccueil, tout comme il est essentiel de promouvoir une plus grande flexibilitĂ© de lâorganisation du travail. Toute aide publique supplĂ©mentaire aux revenus, si de nouveaux chocs des prix de lâĂ©nergie le justifient, devrait prĂ©server les signaux-prix, ĂȘtre temporaire et cibler les mĂ©nages Ă faible revenu par le biais des dispositifs existants de protection sociale.
PERSPECTIVES ĂCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMĂRO 1 © OCDE 2023