Israël
La croissance du PIB devrait s’établir à 2.9 % en 2023, puis à 3.3 % en 2024. Le niveau élevé de l’inflation pèsera sur la croissance de la consommation privée et les exportations seront freinées par la progression modérée de la demande chez les partenaires commerciaux. Le relèvement des taux d’intérêt ralentira l’augmentation de l’investissement. Le taux de croissance devrait remonter vers son niveau potentiel en 2024, sur fond de recul de l’inflation. Orientés à la baisse, les risques sont liés aux fortes incertitudes à l’échelle mondiale et aux tensions politiques dans le pays.
Il conviendrait de maintenir des conditions monétaires restrictives afin de ramener l’inflation dans la fourchette retenue comme objectif. Les autorités budgétaires devraient éviter d’amplifier les tensions liées à la demande et les tensions inflationnistes, et cibler davantage les mesures d’aide visant à atténuer la hausse du coût de la vie. Les réformes engagées pour abaisser les obstacles à l’importation et stimuler la concurrence devraient être poursuivies. Des réformes du marché du travail et du système éducatif s’imposent en outre pour relever les défis d’ordre démographique et réduire les fortes disparités sur le marché de l’emploi.
Israël
Israël : Demande, production et prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
L’activité économique marque le pas mais reste soutenue
2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
La croissance du PIB s’est modérée au premier trimestre de 2023, mais elle est restée soutenue, s’établissant à 2.5 % en rythme trimestriel annualisé. Alors que la consommation privée s’est contractée, la croissance de l’investissement privé a été forte. La confiance des entreprises s’est dégradée, mais elle demeure positive. L’activité sur le marché du logement continue de se modérer, le nombre de transactions de logements diminuant. Les capitaux levés par les entreprises du secteur des technologies de pointe ont fortement baissé par rapport aux niveaux élevés observés en 2021 et au début de 2022. Le shekel s’est déprécié au cours des cinq premiers mois de l’année et la performance du marché boursier a été nettement inférieure à celle des indices mondiaux. Le marché du travail reste tendu, malgré de récents signes de détente. Le taux d’emplois vacants continue de refluer, notamment dans le secteur des technologies de pointe, mais il reste supérieur aux niveaux observés avant la pandémie. L’inflation mesurée par les prix à la consommation, qui s’est établie à 5 % en avril 2023, est supérieure à la fourchette de 1-3 % retenue comme objectif par la banque centrale, et elle est généralisée. L’inflation des produits exportables a ralenti, mais la hausse des prix des logements et des services perdure. Les anticipations d’inflation à un an oscillent autour de 3 %.
L’effet de l’évolution des prix de l’énergie à l’échelle mondiale sur les prix intérieurs est limité en raison de l’autosuffisance d’Israël en gaz naturel, des mesures adoptées par les autorités et de la réglementation de la majorité des prix de l’énergie. Les prix réglementés de l’électricité ont été abaissés récemment en raison du tassement des prix du charbon importé, utilisé pour la production d’électricité, mais les prix de l’électricité restent légèrement supérieurs aux niveaux observés à la fin de 2022. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a entraîné une forte augmentation de l’immigration : quelque 58 000 nouveaux immigrés (soit 0.6 % de la population) provenant d’Ukraine et de Russie ont rejoint Israël en 2022.
Les conditions monétaires se sont resserrées
La banque centrale a relevé son taux directeur, le portant de 0.1 % à 4.75 % entre avril 2022 et mai 2023. La hausse des taux d’intérêt s’est traduite par une baisse marquée du volume des nouveaux prêts hypothécaires. Les recettes fiscales fléchissent du fait de la modération de la croissance du PIB et de la dissipation de certains facteurs transitoires, liés par exemple à la valorisation élevée des biens immobiliers. La loi de finances pour la période 2023-24 prévoit une augmentation modérée des dépenses. Le solde budgétaire passera d’un léger excédent en 2022 à un déficit quelque peu supérieur à 1 % du PIB en 2023 et 2024. Afin de compenser la hausse du coût de la vie, le gouvernement a prolongé l’élargissement des déductions fiscales pour enfant à charge et la réduction des droits d’accise sur le charbon jusqu’à la mi2023, et la réduction des droits d’accise sur l’essence jusqu’à la mi-2024.
La croissance devrait se modérer
Selon les projections, le PIB devrait croître à un rythme plus modéré en 2023 et 2024. La progression des exportations sera freinée par la croissance modeste de la demande extérieure. La forte inflation pèse sur la croissance du revenu disponible réel et de la consommation privée. L’augmentation des taux d’intérêt réels et le niveau d’incertitude élevé devraient brider l’investissement. Le marché du travail se détendra légèrement à mesure que la croissance marque le pas. L’inflation devrait refluer progressivement pour atteindre le point médian de la fourchette retenue comme objectif par la banque centrale, soutenant ainsi une reprise de la demande intérieure en 2024. Les risques sont orientés à la baisse. Une escalade du conflit en Ukraine pourrait peser sur l’économie via un affaiblissement de la demande chez les partenaires commerciaux et un regain de tensions sur les marchés mondiaux de l’énergie se traduisant par une montée de l’inflation. Le relèvement des taux d’intérêt à l’échelle mondiale et nationale pourrait accroître la volatilité sur les marchés financiers. Un ralentissement plus marqué dans le secteur des technologies de pointe nuirait en outre à la croissance israélienne. Une multiplication des incidents de sécurité et la persistance de tensions politiques autour de la réforme judiciaire pourraient accroître la perception des risques, entraîner un durcissement des conditions financières et peser sur la confiance et l’investissement des entreprises.
L’orientation des politiques macroéconomiques devrait rester restrictive
Les conditions monétaires devraient rester restrictives jusqu’à ce que l’inflation soit fermement engagée sur la voie de l’objectif fixé. Les autorités budgétaires doivent faire preuve de prudence pour éviter toute amplification des tensions inflationnistes. Les mesures de soutien public visant à limiter la hausse des coûts de l’énergie devraient cibler davantage les ménages et les entreprises les plus touchés, par exemple sous la forme de versements temporaires et ciblés en lieu et place des réductions des droits d’accise sur l’énergie. Les réformes engagées pour abaisser les obstacles tarifaires et non tarifaires à l’importation et pour favoriser la concurrence devraient être poursuivies dans la mesure où elles permettent de réduire le coût de la vie et de stimuler la productivité. Il est crucial de relever les défis d’ordre démographique, liés à la proportion croissante de groupes ayant des liens ténus avec le marché du travail, afin de préserver la croissance future et la viabilité budgétaire. À ces fins, il sera nécessaire de mettre sur pied des mesures adaptées d’incitation au travail, de mieux accompagner les parents qui travaillent, notamment en multipliant les structures d’accueil des jeunes enfants dans les zones mal desservies, en renforçant les compétences à tous les stades du cycle d’apprentissage, ainsi qu’en favorisant la mobilité vers des emplois et des entreprises à forte productivité.