Lettonie
La croissance économique ralentira pour s’établir à 1.1 % en 2023, avant de rebondir pour atteindre 2.4 % en 2024. La forte inflation pèsera sur la consommation privée. L’investissement des entreprises faiblira en raison de conditions financières moins favorables et d’une forte incertitude. Les exportations s’amélioreront progressivement du fait de l’augmentation de la demande extérieure. L’inflation refluera mais restera élevée, les prix élevés à la production se répercutant sur les consommateurs. Bien que le chômage augmentera légèrement, les revendications salariales élevées et la hausse du salaire minimum soutiendront une forte croissance des salaires.
Les mesures non ciblées destinées à atténuer l’impact du renchérissement de l’énergie devraient être progressivement abandonnées comme prévu pour circonscrire de nouvelles pressions inflationnistes, encourager les économies d’énergie et restaurer des marges de manœuvre budgétaires permettant de soutenir des changements structurels. Augmenter le prix effectif du carbone dans les secteurs non couverts par le système d’échange de quotas d’émission de l’UE (SEQE-UE) et supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles tout en augmentant l’investissement public pourrait contribuer à accélérer la transition écologique et à accroître la sécurité énergétique. Enfin, il faudrait renforcer les politiques actives du marché du travail afin de réduire l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences et de faciliter les réallocations d’emplois.
Lettonie
Source : Base de données de l’OCDE sur les prix ; et Bureau central des statistiques (Centrālā statistikas pārvalde) de Lettonie.
StatLink2 https://stat.link/4df2a3
Lettonie : Demande, production et prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
L’inflation reste élevée
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
L’économie lettonne est entrée en récession après le début de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, le conflit ayant nui aux chaînes d’approvisionnement, à l’investissement privé et aux échanges. La consommation privée s’est toutefois avérée plus résiliente que prévu durant l’hiver, en dépit de la forte inflation et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Le climat économique s’est amélioré depuis septembre 2022, en particulier la confiance des consommateurs. Au premier trimestre de 2023, le PIB a progressé de 0.6 % en glissement trimestriel, tiré par le dynamisme de l’investissement non résidentiel. Malgré l’atténuation progressive des pressions s’exerçant sur le marché du travail, celui-ci reste tendu. Le nombre d’emplois vacants, qui a connu une baisse de 14 % au quatrième trimestre de 2022, est désormais inférieur à son niveau de 2019. Le taux de chômage a néanmoins reflué, passant de 7 % en août 2022 à 6.5 % en mars 2023. Si l’inflation globale mesurée par les prix à la consommation a chuté depuis septembre 2022 du fait du recul des prix de l’énergie, elle reste néanmoins élevée, s’établissant à 15.0 % en avril 2023. Après avoir connu une croissance rapide depuis le début de 2021, les prix des logements ont baissé au quatrième trimestre de 2022.
La flambée des cours de l’énergie et des matières premières et la guerre en Ukraine se répercutent sur l’économie, générant une forte hausse des prix de l’énergie, accroissant l’incertitude et perturbant les échanges de matières premières et de matériaux, ainsi que la logistique et les transports. En 2022, les conséquences sur les exportations vers la Russie et le Bélarus ont été limitées. La hausse des prix reste
guidée par l’évolution des cours de l’énergie et des produits alimentaires, dont la part dans le panier de l’IPC est supérieure à ce qu’elle est dans d’autres pays de la zone euro. Bien que les prix de l’énergie aient baissé par rapport au sommet qu’ils avaient atteint, ils restent environ 30 % supérieurs à leur niveau de fin 2019. À la fin de 2022, près de 40 000 réfugiés ukrainiens étaient entrés en Lettonie (2.1 % de la population lettonne), parmi lesquels 30 % d’enfants.
Le déficit public devrait baisser
Le déficit budgétaire va se réduire au cours des deux prochaines années, qui seront marquées par un resserrement budgétaire cumulé d’environ 2 % du PIB en 2023-24. La plupart des mesures de soutien mises en place pour atténuer l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les ménages doivent prendre fin en avril 2023, et le recul des prix de l’énergie réduit les coûts budgétaires. De plus, l’essentiel des dépenses de soutien engagées durant la pandémie de COVID-19 ont été progressivement supprimées. On suppose que des dépenses s’élevant à environ 0.9 % du PIB seront financées par des subventions accordées par la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience en 2023 et 2024. Les dépenses de défense seront portées de 2.2 % du PIB en 2022 à environ 2.4 % en 2024. Le salaire minimum a été relevé de 22 % en janvier 2023, passant de 500 EUR à 620 EUR.
La hausse des taux d’intérêt pèsera sur l’investissement privé
À mesure que la forte inflation freine la consommation privée, la croissance du PIB ralentira en 2023, et l’incertitude élevée conjuguée au resserrement de la politique monétaire modérera l’investissement des entreprises et les investissements immobiliers. L’investissement public compensera en partie ce ralentissement via un déploiement accéléré des fonds de l’UE. La hausse du chômage sera modeste, car le rebond attendu de l’activité et les pénuries de main-d’œuvre liées au déclin démographique encouragent les entreprises à garder leurs employés. L’augmentation du salaire minimum entraînera une hausse de la croissance des salaires en 2023. Les exportations tireront la reprise, la baisse des prix de l’énergie accroissant la demande des principaux partenaires commerciaux. L’un des principaux risques entourant les perspectives serait un hiver 2023-24 rigoureux qui entraînerait une hausse des prix de l’énergie supérieure aux attentes. La hausse rapide des taux d’intérêt pourrait engendrer des vulnérabilités macrofinancières croissantes, tandis qu’une absorption lente des fonds de l’Union européenne pourrait ralentir l’investissement public.
Investir dans la transition écologique et remédier aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée
Accélérer l’investissement dans les énergies renouvelables et dans la transition écologique est une nécessité pour accroître la sécurité énergétique, mais cela supposera de remédier aux pénuries de maind’œuvre qualifiée. Il est essentiel d’accorder aux étudiants de l’enseignement supérieur des aides financières plus généreuses et d’améliorer l’accès aux formations et la qualité de ces dernières (notamment via la création de fonds pour la formation). Pour accroître la migration de travailleurs qualifiés, il faudrait simplifier et accélérer les procédures administratives, notamment la reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger. L’amélioration de l’offre de logements plus abordables et de meilleure qualité et la modernisation des services de transport en commun contribueraient à stimuler la mobilité de la main-d’œuvre. La lutte contre les stéréotypes liés au genre et le respect des dispositions législatives contre la discrimination sont essentiels pour combler l’écart salarial grandissant entre les genres.