Lituanie note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

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Lituanie

Le PIB devrait stagner en 2023, avant de rebondir à 2.6 % en 2024. La forte inflation continuera de freiner la consommation privée. Les perspectives médiocres concernant les échanges à l’échelle mondiale, ainsi que les incertitudes et les tensions géopolitiques qui touchent les principaux partenaires commerciaux, se traduiront par un fort ralentissement des exportations. L’inflation commencera à refluer sous l’effet de la baisse des prix à l’importation du gaz et du pétrole. L’investissement public, renforcé par les fonds de l’UE, soutiendra la croissance. Le chômage devrait augmenter légèrement à court terme, mais la croissance des salaires restera sans doute rapide compte tenu des pénuries de main-d’œuvre.

Les aides budgétaires ont permis aux ménages et aux entreprises de faire face à la flambée des prix de l’énergie. Les aides devraient cibler de plus en plus les personnes insuffisamment couvertes par le système général de protection sociale. Un enseignement obligatoire plus qualitatif aiderait à réduire le décalage entre l’offre et la demande de compétences, tandis qu’une meilleure gestion des entreprises publiques soutiendrait la productivité. Compléter les efforts de réduction des émissions par la mise en place d’une taxe carbone permettrait à la fois de diminuer la dépendance vis-à-vis des importations de pétrole et de gaz, mais aussi de soutenir la transition verte.

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Source : Eurostat, Indicateurs de la confiance des entreprises ; et base de données de l’OCDE sur les prix à la consommation.

Lituanie : Demande, production et prix

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015) Dette

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

Face à des vents contraires, l’économie ralentit

2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac

3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

L’activité économique a ralenti au second semestre de 2022, lorsque les effets de la hausse de l’inflation, des incertitudes liées aux tensions géopolitiques, du relèvement des taux d’intérêt et de la dégradation de la confiance des entreprises sont devenus perceptibles. Le PIB a diminué de 2 % au premier trimestre de 2023 par rapport au dernier trimestre de 2022. L’inflation s’établissait à 13.3 % en avril 2023. La confiance des entreprises a reculé tout au long de 2022, et a été de nouveau négative lors des premiers mois de 2023. La production manufacturière s’est contractée de 8 % en février 2023 et les ventes au détail se sont tassées lors des trois premiers mois de l’année. Le chômage a légèrement progressé, tout en restant inférieur à sa moyenne de long terme, la croissance des salaires demeure vigoureuse et les coûts de main-d’œuvre augmentent.

Le coût économique de la réorientation en cours vers de nouveaux partenaires commerciaux est conséquent. Le remplacement des importations d’énergie en provenance de la Russie, qui représentaient respectivement 73 % et 42 % des importations lituaniennes de pétrole et de gaz en 2020, a contribué au pic d’inflation le plus élevé depuis 25 ans, amplifiant les effets de l’envolée des prix des produits alimentaires. La désorganisation des chaînes d’approvisionnement pèse sur l’activité dans la mesure où le Bélarus et l’Ukraine jouent un rôle majeur dans la fourniture de certains biens intermédiaires, tels que les métaux et le bois. Jusqu’en mars 2023, près de 80 000 réfugiés ukrainiens ont été inscrits en vue de bénéficier d’une protection temporaire.

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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Lituanie Prix courants milliards de EUR PIB aux prix du marché 48.9 0.0 6.0 1.9 0.0 2.6 Consommation privée 29.4 -2.4 8.0 0.5 0.2 3.1 Consommation publique 8.3 -1.4 0.9 0.5 -0.7 0.7 Formation brute de capital fixe 10.5 -0.2 7.8 2.6 8.3 1.3 Demande intérieure finale 48.1 -1.8 6.6 0.9 1.8 2.3 Variation des stocks¹ - 1.8 -1.8 -0.2 0.7 -2.9 0.8 Demande intérieure totale 46.3 -3.8 7.2 2.4 -0.3 3.1 Exportations de biens et services 37.8 0.4 17.0 11.9 -1.0 3.8 Importations de biens et services 35.2 -4.5 19.9 12.3 -2.9 4.7 Exportations nettes¹ 2.6 3.5 -0.3 0.2 1.7 -0.6 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 1.9 6.3 16.7 10.1 4.3 Indice des prix à la consommation harmonisé _ 1.1 4.6 18.9 13.1 5.7 IPCH sous-jacent² _ 2.6 3.4 10.5 12.0 5.6 Taux de chômage (% de la population active) _ 8.5 7.1 5.9 7.5 7.1 _ 9.1 2.2 -2.1 4.6 7.7 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -6.5 -1.2 -0.6 -1.4 -1.0 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 55.2 50.6 38.2 38.6 38.9 _ 46.3 43.7 38.4 38.9 39.2 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 7.6 1.3 -5.1 -0.2 -0.6
brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible)

Le recul des prix de l’énergie allègera les dépenses publiques

L’orientation budgétaire sera globalement neutre en 2023, mais modérément restrictive en 2024. Afin d’alléger le fardeau que représente l’inflation, en septembre 2022, le gouvernement a prolongé la suppression de la TVA pour le chauffage urbain pendant deux saisons hivernales supplémentaires. En décembre 2022, une indemnité visant à compenser partiellement les effets du renchérissement de l’électricité et du gaz naturel sur les consommateurs a été prolongée jusqu’à la mi-2023. Le repli des prix de l’énergie permet aujourd’hui de réduire le coût fiscal de ces mesures et, conjugué au recul du nombre de demandes de prestations liées aux nouvelles arrivées de réfugiés, il entraînera une diminution des dépenses publiques, malgré la hausse des dépenses militaires. À l’avenir, les mesures de soutien pour faire face à l’augmentation des prix de l’énergie devraient être de plus en plus remplacées par des mesures de soutien qui cibleront davantage les ménages vulnérables, avant d’être progressivement supprimées. L’investissement sera stimulé par une accélération de la mise en œuvre des projets liés au plan de de l’UE pour la reprise et la résilience et des les projets déployés dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Le resserrement des conditions monétaires fige le marché du logement et entraîne un ralentissement de l’investissement. Le nombre de demandes de permis de construire a chuté de 26 % en 2022.

L’inflation va freiner la croissance

Le PIB va stagner en 2023 en raison du niveau historiquement élevé de l’inflation, qui reculera toutefois en 2023 et en 2024 sous l’effet du resserrement de la politique monétaire et de la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires. La croissance des exportations s’infléchira en raison des incertitudes liées aux tensions géopolitiques qui touchent les principaux partenaires commerciaux. La baisse de la confiance des entreprises et les fortes incertitudes actuelles freineront les investissements des entreprises et les investissements immobiliers. Cela sera en partie compensé par l’investissement public, avec une accélération du déploiement des fonds de l’UE, bien qu’il y ait un risque d’amplification des tensions inflationnistes. La progression des salaires sera limitée par une légère remontée du taux de chômage. Toutefois, de nombreux problèmes de pénuries de compétences perdurent et les employeurs sont peu disposés à se séparer de leur personnel et à miser sur des recrutements ultérieurs. Le PIB rebondira en 2024, sous l’effet d’un fléchissement de l’inflation globale, voire de l’inflation sous-jacente, en raison de la baisse des prix de l’énergie, ce qui se traduira par une reprise de la consommation et des exportations. Le principal risque tient à un reflux de l’inflation plus lent que prévu qui effriterait la confiance et briderait la croissance.

Assurer une croissance économique plus forte et plus durable

Le décalage persistant entre l’offre et la demande de compétences, et la médiocrité des résultats scolaires freinent de plus en plus la croissance et les possibilités d’emploi ; de nouvelles politiques publiques pourraient y remédier en améliorant la qualité de l’enseignement obligatoire, notamment au moyen de formations plus qualitatives pour les enseignants. Au sein des écoles et des universités, une efficacité accrue en matière d’orientation professionnelle pourrait contribuer à un meilleur équilibre entre les genres en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM). Au regard du rôle majeur des entreprises publiques, une plus grande transparence du cadre réglementaire et l’amélioration de la gestion et de la gouvernance de ces entreprises aideraient à soutenir la productivité. Compléter les efforts de réduction des émissions par la mise en place d’une taxe carbone permettrait à la fois de diminuer la dépendance vis-à-vis des importations de pétrole et de gaz, et de soutenir la transition verte. Cette taxe permettrait d’aligner progressivement les prix du carbone dans l’ensemble des secteurs, notamment ceux qui n’entrent pas dans le cadre du Système européen d’échange de quotas d’émission.

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