Mexique
La croissance du PIB réel devrait atteindre 2.6 % en 2023, avant de refluer lentement à 2.1 % en 2024. La consommation sera soutenue par l’amélioration de la situation du marché du travail mais bridée par la forte inflation. L’atténuation des goulets d’étranglement dans les chaînes de valeur mondiales et la relocalisation d’activités manufacturières vers le Mexique profiteront à l’investissement. La croissance des exportations sera freinée par le ralentissement économique aux États-Unis. L’inflation reculera pour s’établir à 5.9 % en 2023, puis à 3.7 % en 2024.
L’inflation diminuant, la suppression des aides budgétaires mises en place pour atténuer l’impact de la hausse des prix de l’énergie devrait offrir une marge de manœuvre budgétaire pour accroître les dépenses dans l’éducation et les infrastructures. Il conviendrait de maintenir une politique monétaire restrictive pour faire en sorte que l’inflation revienne durablement vers son objectif. Une plus grande sécurité juridique, notamment dans le secteur énergétique, permettrait de tirer le meilleur parti possible de la délocalisation de proximité de la production vers le Mexique.
Mexique
1. Taux trimestriels corrigés des variations saisonnières.
2. Ensemble des femmes âgées entre 15 et 64 ans.
Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113 ; et Statistiques à court terme de l’OCDE sur le marché du travail.
StatLink2 https://stat.link/hfi82c
Mexique : Demande, production et prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2013)
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
StatLink2 https://stat.link/c84nld
2. Indice de prixà la consommationàl’exclusion des produitsvolatiles :agriculture,énergie et tarificationsapprouvées par les différents niveaux gouvernementaux
L’économie intérieure demeure résiliente malgré les tensions inflationnistes
3 Données établies sur la base de l'enquête nationale sur l'emploi
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
L’activité a progressé de 1.1 % au premier trimestre de 2023. La consommation demeure résiliente, grâce à la croissance de l’emploi formel et des salaires réels. Les envois de fonds des migrants et le crédit à la consommation reprennent peu à peu, même s’ils restent inférieurs aux niveaux observés avant la pandémie. L’activité manufacturière a commencé à faiblir en raison du fléchissement de la demande extérieure en provenance des États-Unis. L’investissement consacré aux machines et aux équipements se renforce, porté par la délocalisation de proximité. En revanche, la construction reste inférieure de plus de 10 % à son niveau d’avant la pandémie. Le taux de chômage est historiquement bas et le taux d’activité continue de croître. L’inflation globale a amorcé son déclin, atteignant 6.2 % (en glissement annuel) en avril, tandis que l’inflation sous-jacente persiste à un niveau de 7.7 %, l’inflation dans les services liés à la restauration restant orientée à la hausse.
Un mécanisme de stabilisation des prix de détail des combustibles, mis en place pour réduire les tensions sur les coûts et soutenir le pouvoir d’achat des ménages, a permis de maîtriser l’inflation globale moyennant un coût budgétaire de 1.4 % du PIB en 2022. On suppose que ce mécanisme restera en place en 2023 et 2024. Si la hausse des recettes pétrolières a couvert le coût du mécanisme de stabilisation en 2022, laisser l’évolution des prix mondiaux des combustibles se répercuter sur les prix de détail intérieurs inciterait davantage à réaliser des économies d’énergie et créerait une certaine marge de manœuvre budgétaire pour renforcer les programmes sociaux ou les dépenses en faveur de l’éducation. Les banques mexicaines dépassent les exigences réglementaires en matière de liquidités et de fonds propres, ce qui les a aidées à traverser les turbulences financières qui ont récemment affecté le système bancaire mondial. Les risques associés au durcissement des conditions financières à l’échelle mondiale sont atténués par les amples réserves de change du pays, par sa gestion active de la dette publique, par le faible niveau d’endettement du secteur privé et par l’existence de lignes de crédit préventives.
La politique monétaire devra rester restrictive
Pour remédier à la montée des tensions inflationnistes et ancrer les anticipations d’inflation, la banque centrale a progressivement relevé son taux directeur pour le porter à 11.25 %. L’inflation globale a commencé à fléchir, mais compte tenu de la persistance de l’inflation sous-jacente et du niveau des anticipations d’inflation, qui dépasse encore l’objectif, la politique monétaire devrait rester restrictive. On suppose que le taux directeur restera inchangé jusqu’à la fin de 2023, avant d’être abaissé progressivement. La politique budgétaire reste prudente et axée en priorité sur certains programmes sociaux, en particulier les pensions non contributives, et des projets d’infrastructures prioritaires dans le sud du pays. Le déficit budgétaire devrait se hisser de 3.4 % du PIB en 2022 à 3.7 % du PIB en 2023, et la mesure officielle de la dette publique devrait se stabiliser aux alentours de 50 % du PIB.
La croissance va se tasser
L’économie devrait croître au rythme de 2.6 % cette année et de 2.1 % en 2024. La consommation privée sera un facteur de croissance essentiel, soutenu par un chômage faible. Les exportations pâtiront du ralentissement de la croissance des principaux partenaires commerciaux du Mexique, mais elles continueront de bénéficier de l’intégration en profondeur du pays dans les chaînes de valeur manufacturières. L’inflation refluera peu à peu en 2023 et 2024, à mesure que l’effet de la hausse des taux d’intérêt se fera sentir et que les tensions extérieures diminueront. Les perspectives d’inflation demeurent toutefois très incertaines. L’inflation pourrait perdurer plus longtemps que prévu si, par exemple, une spirale salaires-prix venait à se matérialiser. Des épisodes de turbulences financières à l’échelle mondiale pourraient déclencher une plus grande aversion pour le risque et accroître les coûts de financement et la volatilité sur les marchés des changes. À l’inverse, une reconfiguration plus rapide des chaînes de valeur mondiales pourrait accroître l’investissement dans des proportions plus importantes que prévu.
L’augmentation de la productivité et du taux d’activité des femmes constitue une priorité essentielle
Un élargissement de la base d’imposition contribuerait à financer les besoins de dépenses croissants dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures, et à renforcer la productivité et la croissance, tout en maintenant le cap de viabilité de la dette. Améliorer l’accès aux services d’éducation et d’accueil des jeunes enfants et leur qualité favoriserait l’activité féminine et réduirait les inégalités en matière d’éducation. La réduction des coûts de régularisation des entreprises liés à la réglementation, en particulier au niveau infranational, et la poursuite de l’amélioration des mécanismes de règlement des conflits du travail favoriseraient un renforcement de l’emploi formel. La promotion des énergies renouvelables et des transports publics urbains et interurbains réduirait les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation de combustibles fossiles.