Portugal
La croissance du PIB réel devrait atteindre 2.5 % en 2023 puis 1.5 % en 2024. Le plan pour la reprise et la résilience devrait fortement dynamiser l’investissement public, malgré des risques que sa mise en œuvre soit encore retardée. Un raffermissement de la demande extérieure stimulera les exportations, notamment de services. Le taux d’emploi restera historiquement élevé et les salaires s’accélèreront. Toutefois, l’inflation globale mesurée par les prix à la consommation, qui s’établira à 5.7 % en 2023 puis à 3.3 % en 2024, réduira le pouvoir d’achat et pèsera sur la croissance de la consommation.
La mise en œuvre du plan pour la reprise et la résilience soutient la croissance, et de nouvelles mesures d’aide en 2023 contribuent à amortir le choc inflationniste sur le pouvoir d’achat des ménages. Si la dette publique est retombée en dessous de son niveau de 2019, il s’agit toujours de la troisième dette la plus élevée dans l’UE. Un cadre budgétaire renforcé et des dépenses plus efficientes permettront de faire face aux pressions budgétaires grandissantes exercées par le vieillissement démographique et d’importants besoins d’investissement. Une mise en œuvre en temps opportun du plan pour la reprise et la résilience renforcera les infrastructures vertes, l’acquisition de compétences et les capacités de soins de santé, ce qui favorisera une croissance durable, mais pourrait aussi freiner le recul de l’inflation.
StatLink2 https://stat.link/625caw
247 PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 © OCDE 2023
Portugal
Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113.
Portugal : Demande, production et prix
StatLink2 https://stat.link/7xjiwz
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
La croissance repart à la hausse
3. Sur la base des comptes nationaux.
4. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
Alors que les prix de l’énergie et de l’alimentation demeurent élevés et que les taux d’intérêt continuent à augmenter, la croissance de la demande intérieure s’est repliée. L’inflation élevée mesurée par les prix à la consommation, qui est redescendue à 6.9 % en glissement annuel en avril, réduit le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, les dépenses au titre du plan pour la reprise et la résilience, les mesures d’aide budgétaire d’un montant d’environ 3.7 % du PIB en 2023 et l’accroissement de l’activité dans les pays partenaires commerciaux stimulent l’activité. Le PIB a progressé de 1.6 % en glissement trimestriel au premier trimestre de 2023, en grande partie sous l’impulsion de la forte croissance des exportations. La confiance des consommateurs a progressé récemment mais reste en berne, et l’indicateur coïncident de la consommation privée de la Banque du Portugal s’est inscrit en hausse en avril. La confiance des entreprises dans les services, le commerce de détail et l’industrie s’est améliorée, mais par rapport à un niveau bas. En dépit de la hausse du taux de chômage, les ménages bénéficient de taux d’emploi historiquement élevés, d’une accélération de la croissance des salaires et de transferts publics en espèces.
Les prix élevés de l’énergie et de l’alimentation sont une source d’augmentation des coûts pour les ménages et les entreprises, même si des mesures budgétaires compensent en partie cette hausse. Les conditions monétaires et financières deviennent moins accommodantes. La hausse des taux d’intérêt
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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Portugal Prix courants milliards de EUR PIB aux prix du marché 214.4 -8.3 5.5 6.7 2.5 1.5 Consommation privée 137.3 -7.0 4.7 5.8 0.6 1.0 Consommation publique 36.4 0.3 4.6 1.7 2.6 1.2 Formation brute de capital fixe 38.8 -2.2 8.7 3.1 3.1 4.2 Demande intérieure finale 212.6 -4.9 5.4 4.5 1.5 1.7 Variation des stocks¹ 0.8 -0.5 0.3 0.1 -1.0 0.0 Demande intérieure totale 213.4 -5.3 5.6 4.5 0.5 1.7 Exportations de biens et services 93.3 -18.6 13.4 16.6 8.0 2.6 Importations de biens et services 92.3 -11.8 13.2 11.1 3.5 3.0 Exportations nettes¹ 1.0 -3.0 -0.2 2.0 2.2 -0.1 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 2.0 1.5 4.4 8.0 3.4 Indice des prix à la consommation harmonisé _ -0.1 0.9 8.1 5.7 3.3 IPCH sous-jacent² _ -0.2 0.2 5.0 4.7 3.4 Taux de chômage (% de la population active) _ 7.0 6.6 6.0 7.4 7.5 _ 3.3 1.3 -1.5 2.0 1.8 Solde financier des administrations publiques³ (% du PIB) _ -5.8 -2.9 -0.4 -0.1 -0.1 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 157.5 143.8 116.6 109.0 105.6 _ 134.9 125.4 113.9 106.2 102.9 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -1.0 -0.8 -1.3 2.9 3.4
de variation, en volume (prix de 2016) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht⁴ (% du PIB) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible)
Pourcentage
alourdit rapidement les remboursements d’emprunts hypothécaires, environ 90 % de ces prêts étant assortis d’un taux fixe pour une période d’un an maximum, ce qui freine la consommation des ménages et l’investissement. Le risque de ruptures d’approvisionnement énergétique semble contenu : environ 60 % de l’électricité a été produite à partir de sources renouvelables en 2022, le Portugal importe du gaz par méthanier et les niveaux des stocks sont élevés.
Les aides budgétaires diminueront
La politique budgétaire, y compris à travers le plan pour la reprise et la résilience, stimulera la croissance en 2023 mais en accentuant aussi les tensions inflationnistes, avant de devenir modérément restrictive en 2024. Les dépenses financées par les subventions au titre du plan pour la reprise et la résilience devraient augmenter pour passer de 0.3 % du PIB en 2022 à 1.5 % du PIB en 2023, puis à 1.3 % du PIB en 2024, ce qui dynamisera l’investissement public. Les mesures visant à amortir le choc inflationniste devraient atteindre 1.9 % du PIB en 2022 puis 3.7 % du PIB en 2023. Elles comprennent des subventions aux prix de l’électricité, du gaz et des carburants ainsi que des transferts sociaux, dont certains sont ciblés sur les ménages à faible revenu et les familles avec enfants, une hausse des prestations de retraite et des allégements temporaires des taxes sur l’énergie et de la TVA. Pour maintenir les fortes incitations à réaliser des économies d’énergie et à opérer la transition écologique, il sera important de cibler de plus en plus le soutien sur les ménages les plus vulnérables et de supprimer progressivement les mesures d’aide énergétique. Le déficit budgétaire devrait diminuer pour s’établir à 0.1 % du PIB en 2023 et en 2024. Une revalorisation de 7.8 % du salaire minimum en 2023 et une nouvelle hausse de 6.6 % attendue pour 2024 ainsi que des incitations fiscales pour que les entreprises augmentent les salaires soutiendront les revenus des ménages. Cependant, la hausse prévue des coûts de main-d’œuvre pourrait freiner l’emploi à bas salaires.
La croissance se raffermira
La croissance du PIB devrait atteindre 2.5 % en 2023 puis 1.5 % en 2024. Les dépenses des fonds européens dynamisent fortement l’investissement public ; néanmoins, une grande incertitude et la hausse des taux d’intérêt continueront à peser sur l’investissement des entreprises et sur l’investissement en logements. L’accélération prévue de l’activité dans les pays partenaires commerciaux stimulera les exportations. Malgré une évolution soutenue des salaires, la croissance de la consommation se modèrera, sachant que la croissance de l’emploi s’essouffle, que l’inflation élevée continue à réduire le pouvoir d’achat et que la hausse des taux d’intérêt augmente le coût du service de la dette. Les mesures budgétaires atténueront en partie ces effets pour soutenir les revenus des ménages vulnérables, même si elles freineront le recul de l’inflation. L’inflation globale mesurée par les prix à la consommation deviendra plus modérée : elle s’établira à 5.7 % en 2023 puis à 3.3 % en 2024, sur fond de stabilisation des prix de l’énergie et de l’alimentation. La suppression progressive des aides énergétiques et des mesures de soutien face à l’inflation et la forte croissance du PIB nominal contribueront à ramener la dette publique à environ 103 % du PIB en 2024 (au sens de Maastricht). Une croissance de l’emploi ou des salaires plus vigoureuse que prévu stimulerait la consommation mais alimenterait aussi l’inflation. Les dépenses liées au plan pour la reprise et la résilience pourraient être exécutées plus lentement que prévu, ce qui entraînerait à la fois une croissance plus faible et une inflation plus basse, mais les événements à venir pourraient aussi accélérer le rythme des décaissements.
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Confronter les défis de long terme conduira à une reprise durable
La dette publique rapportée au PIB demeure élevée. Des dépenses plus efficientes et un cadre budgétaire renforcé s’imposent pour faire face aux pressions budgétaires grandissantes exercées par le vieillissement démographique et de gros besoins d’investissement. Il faudra supprimer progressivement les aides budgétaires temporaires destinées à amortir le choc inflationniste. Un renforcement progressif de la tarification du carbone et une harmonisation des prix entre les secteurs et les combustibles, tout en protégeant les catégories vulnérables, contribueront à atteindre des objectifs climatiques ambitieux. Les réformes et les investissements dans le cadre du plan pour la reprise et la résilience ont un fort potentiel de stimulation de la croissance au moyen d’une gestion plus efficace du secteur public, d’infrastructures vertes et de l’acquisition de compétences plus poussées. Garantir la mise en œuvre de l’intégralité du plan pour la reprise et la résilience en optimisera les retombées positives. Continuer d’améliorer l’accès à des services d’accueil des jeunes enfants de qualité permettrait à davantage de femmes d’entrer sur le marché du travail et contribuerait à en réduire les disparités.
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