Roumanie note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

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Roumanie

La croissance économique fléchira à court terme, traduisant la faiblesse de la demande face à une forte inflation persistante, des taux d’intérêt élevés et une croissance timide chez les partenaires commerciaux du pays. La reprise, qui s'amorcera au second semestre de cette année, sera tirée par un raffermissement de la consommation des ménages et de la demande extérieure. L'augmentation annuelle de la production sera de 2.6 % en 2023 et de 3.2 % en 2024. Le taux de chômage diminuera en 2024, mais restera supérieur à son niveau d'avant la pandémie. L’inflation mesurée par les prix à la consommation devrait ralentir au cours des dix-huit prochains mois, mais rester supérieure à l’objectif.

Les conditions monétaires ont été considérablement durcies et il conviendrait de maintenir le taux directeur à son niveau actuel jusqu'à ce que les anticipations d'inflation soient durablement réancrées. L'assainissement budgétaire sera modeste en 2024. À plus long terme, il est nécessaire d'élargir la base d’imposition pour financer les dépenses à consacrer aux réformes structurelles, notamment dans la santé et l'éducation, tout en garantissant parallèlement la viabilité des finances publiques. La réduction des émissions de gaz à effet de serre exige davantage d'investissements dans les énergies renouvelables et des bâtiments plus économes en énergie. La marge de manœuvre pour amener un plus grand nombre de femmes sur le marché du travail reste substantielle.

Roumanie

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 113.

StatLink2 https://stat.link/drxe0l

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Roumanie : Demande, production et prix

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2010)

Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie

La hausse des taux d'intérêt tempère la demande et modère l’inflation

3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

De récents indicateurs mettent en évidence une nouvelle baisse de la croissance de la production à court terme. Le rattrapage entamé dans le sillage du COVID-19 est terminé, et la hausse des prix et des taux d'intérêt pénalise la demande. Selon des informations préliminaires, la croissance du PIB a ralenti au premier trimestre, se repliant à 0.1 % (en glissement trimestriel). Entretemps, toutefois, une augmentation annuelle de 17.6 % du salaire minimum est entrée en vigueur en janvier, ce qui a eu pour effet d'améliorer les revenus des ménages et de stimuler la demande agrégée et l'inflation. Les tensions qui en résultent sur les coûts de main-d'œuvre ont probablement pesé sur la croissance de l’emploi. L’inflation globale a semble-t-il atteint un pic, revenant à 11.4 % en avril alors qu’elle dépassait les 16 % à la fin de 2022. Du fait des mesures de plafonnement des prix prises par les autorités, les ménages et certains segments du secteur des entreprises ont été tenus à l’écart de la volatilité des prix de gros européens de l’énergie, y compris de la baisse des prix observée ces derniers mois. En mai 2013, environ 131 000 réfugiés ukrainiens (soit l’équivalent de 0.7 % de la population roumaine) se trouvaient toujours en Roumanie selon des estimations des Nations Unies. Cela étant, la plupart des réfugiés arrivant dans le pays sont en transit vers d’autres. La hausse temporaire du nombre d’habitants a eu un effet stimulant sur la consommation.

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StatLink2 https://stat.link/v9r67u
2019 2020 2021 2022 2023 2024 Roumanie Prix courants milliards de RON PIB aux prix du marché 1 063.8 -3.7 5.8 4.7 2.6 3.2 Consommation privée 662.5 -3.9 8.1 5.5 3.6 2.3 Consommation publique 186.6 1.1 1.3 4.3 2.2 2.5 Formation brute de capital fixe 244.5 1.1 1.9 8.0 2.8 4.6 Demande intérieure finale 1 093.5 -1.8 5.4 5.9 3.2 2.8 Variation des stocks¹ 13.9 -0.9 1.1 -0.8 0.0 0.0 Demande intérieure totale 1 107.4 -2.4 6.6 5.2 3.4 2.8 Exportations de biens et services 427.6 -9.5 12.6 9.6 3.9 3.3 Importations de biens et services 471.3 -5.2 14.9 9.9 4.8 2.4 Exportations nettes¹ - 43.6 -1.5 -1.5 -0.7 -0.7 0.2 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 4.1 5.2 13.4 8.3 5.5 Indice des prix à la consommation harmonisé _ 2.6 5.0 13.8 9.9 4.8 IPC sous-jacent² _ 3.7 4.5 10.1 11.9 4.9 Taux de chômage (% de la population active) _ 6.1 5.6 5.6 5.8 5.7 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -9.2 -7.1 -6.2 -6.9 -6.7 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 58.9 57.4 51.7 55.8 60.0 _ 46.9 48.6 47.3 51.4 55.6 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -4.9 -7.2 -9.3 -10.0 -9.4

Les déficits budgétaires devraient perdurer

Des dispositifs distincts de soutien aux ménages et aux entreprises sont en vigueur pour atténuer l’impact de la forte inflation. On estime qu’ils vont rajouter environ 2 % de PIB aux dépenses budgétaires sur la période 2023-24, principalement en 2023. Le plafonnement des prix de l’énergie qui a également été mis en place devrait prendre fin en mars 2025. Ces aides ont pour effet de prolonger un niveau de dépenses en transferts supérieur à la tendance et sont la raison principale pour laquelle il n’y aura pas de nouvelle baisse du déficit en 2023. Les relèvements de taux directeur par la banque centrale ont commencé en octobre 2021. Le taux n'a pas varié depuis la hausse de 25 points de base qui l’a porté à 7 % en janvier. Dans le contexte économique décrit dans les projections, il conviendrait de maintenir le taux directeur à son niveau actuel jusqu’à la fin de 2024 pour réancrer les anticipations d'inflation et ramener la hausse des prix vers son objectif. Toutefois, la possibilité de devoir procéder à de nouvelles hausses de taux n’est pas exclue.

La croissance de la production se renforcera en 2024

Après un fléchissement au premier semestre de cette année, la croissance du PIB devrait peu à peu se renforcer sur la durée restante de la période considérée. L’économie devrait croître au rythme de 2.6 % en 2023 et de 3.2 % en 2024. La reprise de la croissance sera générale et marquée par une hausse de la consommation des ménages, de l’investissement des entreprises et des exportations. L’inflation devrait refluer du fait du ralentissement de la hausse des prix des importations et de la baisse de l’utilisation des capacités. Toutefois, la forte augmentation du salaire minimum freinera à court terme le rythme de baisse de l’inflation en augmentant les coûts de main-d'œuvre des entreprises et le pouvoir d'achat des ménages. D’après les prévisions, l’inflation devrait encore se situer au-dessus de la limite supérieure de l’objectif retenu par la banque centrale (2.5 % dans une fourchette de +/- 1 point de pourcentage) d’ici à la fin de 2024, pour s’établir à 3.4 % en valeurs annualisées. Les risques qui entourent les prix de l’énergie et la sécurité énergétique restent conséquents.

Une féminisation accrue de la main-d'œuvre réduirait les inégalités et renforcerait le potentiel de production

L'amélioration du niveau de vie et de la croissance à long terme en Roumanie passe par de nouveaux progrès structurels sur différents fronts, notamment le recouvrement de l’impôt, l'aide sociale, la bureaucratie, les mesures de lutte contre la corruption et l’investissement dans les infrastructures. La réussite de ces derniers objectifs dépend en partie de l’amélioration de la capacité à absorber les fonds de l’UE. L'écart entre les hommes et les femmes en matière d’emploi est important ; en 2022, le taux d’emploi des femmes était inférieur d’environ 17 points de pourcentage à celui des hommes, une disparité importante comparée à celle observée dans les pays de l’OCDE. Une amélioration plus rapide de l’offre de services abordables de garde d’enfants contribuerait à développer l’emploi féminin. La trajectoire de la Roumanie vers la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre comprend une suppression progressive des énergies encore basées sur le charbon et le développement des énergies nucléaire et renouvelables. Il existe des possibilités considérables de gagner en efficacité énergétique via une augmentation des exigences de performance des nouveaux bâtiments et des aides aux rénovations.

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