Suede note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

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Suède

On s’attend à ce que l’économie se contracte de 0.3 % en 2023, avant de croître de 1.4 % en 2024. L’investissement privé diminuera en 2023, sachant que l’activité dans le secteur de la construction devrait sensiblement chuter sous l’effet de la hausse des coûts de construction et de la baisse des prix des logements. À court terme, la forte inflation continuera d’éroder le revenu disponible réel des ménages. La croissance de la consommation privée devrait s’accélérer quelque peu à partir de la mi-2023, à mesure que le revenu disponible réel commencera à se redresser.

Il conviendrait de poursuivre le durcissement de la politique monétaire autant que nécessaire pour juguler l’inflation et assurer l’ancrage des anticipations d’inflation. Il faudrait éliminer progressivement les aides temporaires liées à l’énergie pour gérer efficacement les tensions inflationnistes et contribuer à la réalisation des objectifs climatiques. Le vieillissement de la population exige de mobiliser les ressources de maind’œuvre sous-utilisées, en particulier les personnes faiblement qualifiées ou nées à l’étranger. Pour atteindre cet objectif, il convient de réformer les prélèvements et les prestations pour renforcer les incitations au travail et décourager la requalification des revenus du travail en revenus du capital, tout en assouplissant les règles d’encadrement des loyers.

Suède

1. Indice des prix de l’immobilier pour les bâtiments à un ou deux logements. L’indice a été corrigé de l’indice des prix à la consommation (IPC). Source : Banque de Suède (Riksbank) ; et Bureau central des statistiques suédois (Statistiska centralbyrån).

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StatLink2 https://stat.link/iw1c68

Suède : Demande, production et prix

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2022)

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

StatLink2 https://stat.link/ygbkr7

La faiblesse de la consommation privée pèse sur la croissance

2 L'indice des prix à la consommation tient compte des charges au titre des intérêts hypothécaires

3 Indice de prix à la consommation à taux d’intérêt fixes

4. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

Après avoir reculé de 0.5 % au quatrième trimestre de 2022, le PIB a rebondi de 0.6 % au premier trimestre de 2023, essentiellement à la faveur des exportations et des stocks. La consommation des ménages et l’investissement en logements ont toutefois continué de diminuer. Les prix de l’immobilier ont considérablement chuté, ce qui a eu pour effet de réduire l’investissement et le patrimoine des ménages. Les indicateurs du climat économique montrent que la confiance des ménages est très faible. La production manufacturière a résisté grâce à des carnets de commandes bien remplis, mais les nouvelles commandes sont en baisse. S’il est resté solide, le marché du travail montre des signes de ralentissement, les préavis de licenciement augmentant et les entreprises se préparant à réduire leurs effectifs. L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation à taux d’intérêt hypothécaire constant (IPCC) a reflué à 7.6 % en avril, mais l’inflation mesurée par l’IPCC hors énergie est ressortie à 8.4 %, signe de la vaste portée des tensions inflationnistes. En avril, les partenaires sociaux du secteur manufacturier sont convenus d’une augmentation modeste du salaire nominal de 4.1 % en 2023 et de 3.3 % en 2024.

La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine pèse sur l’économie suédoise. Les prix élevés de l’énergie et des produits alimentaires continuent de brider l’activité. Le nombre de réfugiés ukrainiens en Suède a atteint environ 56 000 (soit 0.5 % de la population) à la mi-mai. La croissance des exportations a considérablement diminué en raison de l’atonie des marchés des principaux partenaires commerciaux de la Suède, tandis que le resserrement des conditions financières à l’échelle mondiale et l’affaiblissement de la couronne suédoise ont accru le risque de tensions financières.

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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Suède Prix courants milliards de SEK PIB aux prix du marché 5 052.5 -2.3 5.9 2.9 -0.3 1.4 Consommation privée 2 268.6 -3.2 6.2 2.0 -2.7 2.0 Consommation publique 1 300.5 -2.0 2.9 0.1 1.2 1.2 Formation brute de capital fixe 1 235.6 1.6 6.8 6.2 -1.6 0.1 Demande intérieure finale 4 804.7 -1.7 5.4 2.6 -1.4 1.3 Variation des stocks¹ 34.6 -0.7 0.4 1.1 -0.3 0.0 Demande intérieure totale 4 839.3 -2.4 5.9 3.7 -1.6 1.2 Exportations de biens et services 2 419.9 -5.9 10.8 7.1 4.0 3.3 Importations de biens et services 2 206.7 -6.3 11.3 9.4 1.6 3.2 Exportations nettes¹ 213.2 0.0 0.3 -0.6 1.3 0.2 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 2.0 2.6 5.6 6.1 2.5 Indice des prix à la consommation² _ 0.5 2.2 8.4 7.9 2.4 IPC sous-jacent³ _ 0.5 2.4 7.7 6.3 2.4 Taux de chômage (% de la population active) _ 8.5 8.8 7.5 7.9 8.0 _ 17.0 15.5 13.9 13.8 13.6 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -2.8 0.0 0.7 -0.4 -0.6 _ 39.9 36.5 32.8 32.7 32.7 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 5.9 6.5 4.2 5.6 5.6
Taux d'épargne nette
ménages
revenu disponible)
des
(% du
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht⁴ (% du PIB)

Les politiques macroéconomiques ont été resserrées

En réaction à la forte inflation et à la faiblesse de la couronne suédoise, la Banque de Suède (Riksbank) a relevé son taux des prises en pension, le portant à 3.5 %, soit son niveau le plus élevé depuis presque 15 ans. On s’attend à ce que le taux directeur soit relevé de 25 points de base supplémentaires en juin puis qu’il reste à ce niveau au second semestre de 2023 et en 2024. L’orientation de la politique budgétaire devrait être globalement neutre en 2023 et en 2024, du fait de la réduction des dépenses discrétionnaires. La loi de finances du printemps 2023 comprend de nouvelles mesures de l’ordre de 4 milliards SEK (0.1 % du PIB), axées sur la défense et l’éducation. Elle prévoit en outre une augmentation temporaire des aides au logement en faveur des personnes vulnérables sur le plan économique. Elle suit trois budgets adoptés hors cycle, totalisant 2.4 milliards SEK (0.05 % du PIB) et comprenant un plafonnement des recettes pour les producteurs d’électricité, des réductions temporaires de taxes sur les combustibles et une aide militaire à l’Ukraine. Un montant de 57 milliards SEK (1.1 % du PIB) correspondant aux recettes tirées de la congestion du réseau d’électricité pendant la crise énergétique est reversé aux ménages et aux entreprises en 2023, ce qui n’aura toutefois pas d’incidence directe sur le solde budgétaire.

Selon les projections, l’économie devrait se contracter de 0.3 % en 2023 avant de rebondir de 1.4 % en 2024. L’emploi devrait reculer, les entreprises ajustant leurs plans de dotation en personnel face au repli de la production. La construction baissera de façon considérable en 2023 en raison de la hausse des coûts de construction et de l’atonie de la demande. Les ménages continueront d’adapter leur consommation compte tenu de la diminution du patrimoine résidentiel et du revenu disponible réel, ainsi que de la montée du chômage. On s’attend à ce que l’inflation marque le pas et converge vers son objectif d’ici à la fin de 2024, à mesure que l’inflation importée ralentira et que le resserrement monétaire prendra progressivement effet. Un redressement modéré de la consommation est attendu à partir de la mi-2023, à mesure que le choc inflationniste se dissipera et que le marché du logement se stabilisera. Une inflation plus faible que prévu pourrait accroître le revenu disponible réel et contribuer à faire baisser les taux d’intérêt nominaux, ce qui aurait pour effet de relancer les prix des logements, la consommation privée et l’investissement. Une inflation persistante et une hausse des taux d’intérêt plus élevée que prévu auraient l’effet inverse et pourraient générer d’importantes difficultés financières pour les promoteurs d’immobilier commercial lourdement endettés. Une croissance plus faible qu’escompté chez les principaux partenaires commerciaux du pays, notamment les États-Unis et l’Union européenne, pèserait sur l’économie suédoise, tournée vers l’exportation.

Priorités de l’action publique à mener pour assurer la transition écologique et un meilleur fonctionnement du marché du travail

Il convient de continuer à mener une politique budgétaire moins expansionniste pour freiner les tensions inflationnistes, et de supprimer progressivement les aides liées à la crise énergétique. Un retour à la pratique normale, selon laquelle les décisions en matière de dépenses sont prises dans le cadre de la procédure budgétaire ordinaire, renforcerait la discipline budgétaire. La persistance d’un chômage structurel est problématique. Un assouplissement des règles d’encadrement des loyers pourrait améliorer la mobilité de la main-d’œuvre, en particulier parmi les travailleurs à faible revenu. Une révision attentive de l’aide sociale et des autres prestations dont bénéficient généralement des femmes inactives nées à l’étranger et éprouvant des difficultés à entrer sur le marché du travail en raison d’un faible niveau

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La baisse de l’investissement en logements rendra l’économie encore plus morose

d’instruction pourrait accroître les incitations au travail au sein de ce groupe. Réduire le coin fiscal sur le travail, dont le niveau est élevé en Suède, ainsi que l’écart entre les taux d’imposition des revenus du travail et ceux du capital, pourrait renforcer les incitations au travail et affaiblir celles à requalifier les revenus du travail en revenus du capital. La rationalisation des procédures d’autorisation est essentielle pour maintenir la dynamique de la transition écologique actuellement engagée par la Suède, qui nécessitera des investissements considérables dans la production, le stockage et le transport d’électricité. La réduction du taux d’incorporation obligatoire de biocarburants prévue par les autorités nécessite un durcissement général des politiques climatiques afin que l’objectif fixé à l’horizon 2030 pour les secteurs non couverts par le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE) puisse être atteint.

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