Suisse note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Suisse La croissance du PIB réel devrait s’établir à 0.9 % en 2024 et à 1.4 % en 2025. Le durcissement des conditions financières, l’exacerbation des incertitudes et l’affaiblissement de la croissance des échanges mondiaux pèseront sur l’investissement privé et les exportations. Du fait de la hausse des loyers et des prix de l’électricité, l’inflation grimpera au-dessus de 2 % en 2024, avant de revenir, en 2025, dans la fourchette cible de 0-2 % retenue comme objectif par la Banque nationale suisse (BNS). Cette hausse des prix modérera la consommation des ménages. Une demande extérieure toujours faible, des perturbations dans l’approvisionnement en énergie et des corrections brutales des prix des logements sont les principaux risques qui menacent l’activité. La politique monétaire devrait conserver une orientation restrictive pour assurer l’atténuation des tensions inflationnistes. Le maintien d’excédents budgétaires faibles est approprié. Des réformes structurelles sont nécessaires pour faire face au vieillissement de la population et aux défis que représentent les transitions écologique et numérique. Relever le taux d’activité, notamment celui des mères et des travailleurs âgés, permettrait d’atténuer les pénuries de main-d’œuvre. La réduction plus rapide des émissions et des efforts accrus d’électrification amélioreraient la durabilité environnementale et renforceraient la sécurité énergétique. Suisse

Source : Banque nationale suisse ; Centre de recherches conjoncturelles KOF ; et Office fédéral de la statistique. StatLink 2 https://stat.link/qri25b

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 2 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2023


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Suisse : Demande, production et prix 2020

Suisse PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks¹ Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes¹ Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent² Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2021

Prix courants milliards de CHF

2022

2023

2024

2025

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

695.8 361.3 84.5 187.9 633.7 18.4 652.1 445.8 402.1 43.7

5.4 1.8 3.3 2.8 2.3 -2.2 0.0 13.6 5.6 5.4

2.7 4.2 -0.8 1.2 2.6 -0.6 1.8 6.3 6.0 0.9

0.8 2.2 0.6 -1.2 1.0 -1.2 -0.5 3.7 2.6 1.2

0.9 0.8 0.5 -1.6 0.1 -0.5 -0.6 1.9 0.2 1.4

1.4 1.0 1.0 1.0 1.0 0.0 1.0 3.2 3.2 0.5

_ _ _ _

1.2 0.6 0.3 5.1

2.5 2.8 1.7 4.3

1.1 2.2 1.9 4.1

1.9 2.1 1.8 4.4

1.6 1.5 1.4 4.4

_

20.5

19.3

19.1

19.0

18.8

_ _ _

-0.3 41.5 8.9

1.2 37.7 9.9

0.8 37.0 9.8

0.5 36.6 10.4

0.4 36.4 10.8

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114.

StatLink 2 https://stat.link/ga7r0m

L’économie a stagné dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale La croissance économique a fléchi en 2023. Les mesures de resserrement monétaire prises par le passé pour lutter contre l’inflation ralentissent l’économie et tout particulièrement les dépenses d’investissement. L’activité manufacturière a marqué le pas, et la faible demande des partenaires commerciaux pèse sur les exportations. Le baromètre conjoncturel du KOF, l’indice des directeurs d’achat et l’indicateur conjoncturel de la Banque nationale suisse font apparaître une baisse de régime dans l’économie. La consommation des ménages est restée relativement forte malgré un très faible niveau de confiance des consommateurs, soutenue par un marché du travail dynamique. L’inflation globale est revenue dans la fourchette cible de 0-2 % depuis juin 2023, après avoir culminé à 3.5 % en août 2022. Ce recul reflétait en grande partie la baisse des prix des importations, la hausse des prix à la consommation des biens et services nationaux étant restée supérieure à 2 %. Les anticipations d’inflation à plus long terme des entreprises et des analystes financiers se sont maintenues dans la fourchette de 0-2 %. Le rythme des exportations de biens a ralenti depuis le début de l’année, étant donné que la croissance des marchés d’exportation s’est modérée. La vigueur du franc suisse, soutenue également par les interventions en devises de la BNS, a érodé la compétitivité des exportations, atténué les tensions sur les prix à l’importation et contribué à modérer l’inflation domestique. Malgré la solidité de la monnaie, l’afflux de touristes s’est poursuivi et est maintenant proche des niveaux d’avant la pandémie, ce qui soutient l’activité dans les secteurs de l’hébergement et de l’hôtellerie.

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La politique macroéconomique a été restrictive Le principal taux directeur de la BNS a été porté à 1.75 %, soit 250 points de base d’augmentation au total depuis juin 2022. Les taux d’intérêt sont supposés augmenter pour atteindre 2 % au cours du quatrième trimestre 2023 et demeurer ensuite inchangés jusqu’au début de 2025 afin que l’inflation revienne durablement dans la fourchette de 0 à 2 %. Les administrations publiques devraient enregistrer un nouvel excédent de 0.8 % du PIB en 2023, malgré le ralentissement de la croissance économique. Les perspectives budgétaires se sont nettement améliorées en 2023, sous l’impulsion d’éléments extraordinaires. Par exemple, il n’a pas été nécessaire de mettre en place le mécanisme de sauvetage du secteur de l’électricité (0.5 % du PIB). En 2024, d’autres dépenses sont prévues pour les réfugiés ukrainiens, ainsi que pour les infrastructures et les sources d’énergie renouvelables. La dette publique devrait se réduire à 36.4 % du PIB d’ici 2025.

La croissance du PIB restera modeste Selon les projections, la croissance du PIB réel devrait rester inférieure à son niveau potentiel jusqu’au milieu de 2024, reflétant l’impact du resserrement de la politique monétaire sur la demande intérieure et extérieure. La reprise de l’activité devrait porter la croissance de l’économie de 0.9 % en 2024 à 1.4 % en 2025. La croissance de la consommation devrait ralentir en 2024 en raison du faible pouvoir d’achat des ménages. L’augmentation des loyers, liée à la hausse du taux de référence hypothécaire, et l’augmentation des prix de l’électricité sur le marché de détail intérieur début 2024 feront grimper les prix à la consommation. L’inflation globale devrait repasser au-dessus de la barre des 2 % en 2024, avant de refluer en 2025. Des risques liés à l’approvisionnement et aux prix de l’énergie subsistent pour l’hiver qui approche. Des incertitudes demeurent également quant à la persistance de l’inflation sous-jacente et à l’impact du resserrement de la politique monétaire sur la croissance. Le durcissement des conditions financières pourrait accroître les risques d’endettement élevé et de réajustement des prix des biens immobiliers, ce qui pourrait avoir des répercussions sur le secteur financier.

Des réformes sont nécessaires pour accélérer la transition écologique et renforcer l’inclusion Malgré le faible niveau d’endettement public et un retour aux excédents budgétaires, des tensions montent à moyen terme concernant le vieillissement de la population, la transition écologique et les dépenses liées à la défense. Compte tenu de l’affaiblissement de l’économie, un léger assouplissement budgétaire est approprié à court terme, tandis que les défis à moyen terme exigent une réforme structurelle pour compenser la hausse des coûts et accroître les recettes fiscales. La Suisse devra soit comprimer ses dépenses en particulier sur les retraites, soit augmenter sensiblement ses recettes publiques au cours des prochaines années. La croissance économique bénéficierait d’une hausse du taux d’activité. L’allongement de la durée de la vie active et la levée des obstacles qui empêchent les mères de travailler à plein temps seraient utiles à cet égard. De plus fortes incitations et des procédures d’approbation plus rapides pourraient contribuer à accélérer la réduction des émissions, surtout dans les secteurs des transports et du bâtiment et faciliter l’électrification de l’économie, ce qui rendrait la croissance plus durable.

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