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Interview exclusive de Philippe Katerine
INTERVIEW
PHILIPPE KATERINE
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L’Ovni vendéen est de retour !
Un look improbable, des musiques inclassables : l’ovni de la musique française Philippe Katerine débarque aux Sables-d’Olonne ! Pour le projet musical « Francis et ses peintres », l’artiste vendéen et ses musiciens seront en résidence avant un concert donné aux Atlantes le 29 juin. Voici quelques mots que l’artiste nous a livrés..
Vous êtes accueillis en résidence aux Sables-d’Olonne en juin. Sur quoi allezvous travailler ? C’est dans le cadre du projet musical « Francis et ses peintres », avec lequel nous reprenons des classiques de la chanson française des années 30 à aujourd’hui. Un triple album est sorti il y a deux ans et on a beaucoup tourné avec ce répertoire. La résidence aux Sablesd’Olonne, c’est la préparation d’une tournée qui va se dérouler juste après, au Canada et aux États-Unis. C’est une façon de conclure cette aventure en beauté puisqu’on va finir par NewYork. Alors chanter en français à New-York, c’est toujours une aventure évidemment, qui j’espère ne nous conduira pas à l’échafaud.
Les Sables-d’Olonne, c’est une ville que vous connaissez ? Oui je connais bien, mes parents y ont un appartement, et je suis moi-même de Chantonnay. Donc j’y viens régulièrement, pour me baigner ou autre chose. Et puis la lumière est une merveille ici. Vers vingt heures ou vingt-et-une heures, c’est ce qu’il y a de plus fou en Europe.
Quelle est l’origine de ce projet, « Francis et ses peintres » ? On a voulu partir de chansons que tout le monde connaît. Pour apporter une lumière différente sur des classiques et revisiter qui on est, en quelque sorte. On reprend Johnny Halliday, Jean-Jacques Burnel, Mylène Farmer... Le répertoire est très écartelé. Le principe étant qu’on ait déjà, nous, une expérience avec ces chansons passées. Ensuite, c’est la rencontre avec le public, capitale, qui peut vous orienter vers un cauchemar ou un rêve. Ça on ne sait pas. Ces artistes, vous les incarnez sur scène ? Ah je ne me déguise pas en Mylène Farmer ! Mais oui, je suis une libertine à l’intérieur.
Après les Bretons pour la banane, estce que les Sablais seront mis aussi à contribution ? Oh je pense qu’il faut toujours réinventer autre chose. Disons que les Sables, ça invite plus à l’intimité qu’aux mouvements de foule ou à une rave. Les Sables c’est parfait pour le murmure, la confidence avec l’être aimé, au soleil couchant. Donc ce serait un trip très différent.
Vous êtes plutôt sardine sablaise, poulet de Saint-Fulgent ou canard de Challans ? Oh, j’aime aussi beaucoup le maquereau. Mais la sardine est un poisson très sous-estimé. C’est tout simple, mais sur un petit barbecue, c’est ce qu’il y a de plus délicieux ! Avant une bonne baston avec les gars de la Chaume.
Comment vous arrivez à concilier chanson française et tubes assez délirants (VIP, Louxor...) ? En revisitant la chanson française, je me suis aperçu qu’il y avait un manque. Et je me suis dit alors que j’avais peut-être une raison d’être : écrire des chansons qui n’ont jamais existé. Bien sûr, la chanson française, ça paraît très impressionnant, mais finalement, à réécouter ces titres et à les chanter de nouveau, on s’aperçoit que ce n’est que le début d’une longue histoire. Donc c’est une façon pour moi de me rassurer. Et de me dire qu’il faut continuer à écrire des chansons qui n’existent pas. Que tout reste possible. Dans l’une de vos chansons, vous dites vouloir faire de votre vie une œuvre d’art. Est-ce que cela prend forme ? Je pense que toute vie est une œuvre d’art. Et tout dépend de celui qui regarde cette œuvre. Donc ce qui est un chef d’œuvre pour l’un est une misère pour son voisin. Ça reste extrêmement relatif. Moi je suis plutôt dans le présent, j’avance presque en aveugle finalement. Ce qui est important c’est de provoquer des rencontres, ou alors de les accepter quand elles viennent à vous. En cela, cette expérience avec Francis et ses peintres est merveilleuse puisque ce sont des musiciens d’une qualité exceptionnelle et extraordinaires à côtoyer.
L’exposition que vous avez faite aux galeries Lafayette, « Comme un ananas »(1) est née d’une rencontre justement ? Oui, c’est quelqu’un de cette galerie qui m’a demandé. Et j’ai plongé dans cette aventure comme si je faisais un disque ou comme si c’était normal de faire ça. Sans honte. Et j’ai vendu tous mes post-it.
Est-ce que vous vous sentez des cousins dans le milieu artistique actuel ? Il y en a beaucoup ! Le chorégraphe Yves-Noël Genod, l’acteur réalisateur Vincent Macaigne... Ce sont des aventuriers en quelque sorte. Et c’est ce que j’aimerais être. Un pirate qui part des Sables pour revenir six mois plus tard. Non pas avec des esclaves, mais avec des trésors dans les yeux.
(1) Exposition carte blanche donnée par les Galeries Lafayette à Philippe Katerine d’avril à juillet 2012. On pouvait y voir une sculpture, des dessins de personnalités politiques, des aquarelles... et de l’art sur post-it.