La lettre des Grésillons #07

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La lettre des Grésillons #07 les grés en têtes

avril 2008 Grésdito

Le scoop au coin de la rue

V

oilà le deuxième numéro de la nouvelle formule du journal des Grésillons. Tous les sujets ont été imaginés ou traités par des habitants du quartier. Leur regard se fait curieux, ironique, excédé ou admiratif, selon l’humeur. Et le vôtre ? Passez donc nous faire un clin d’œil !* Venez partager vos questions ou vos coups de cœur, exprimez vos coups de gueule, en rejoignant pour un jour ou pour toujours le comité de rédaction. Là, une fois par mois, les habitants apportent leurs idées, réflexions, envies et autres scoops du coin de la rue. Vous ne pouvez pas vous déplacer ? Appelez l’antenne de quartier, qui transmettra. Le comité de rédaction

* lunPrdioc21hainaverilréàun18iohn :30, ns. à l’Espace des Grésillo Renseignements, tél. : 01 40 85 60 40.

Christiane Accas Découverte ou retrouvée lors de l’expo « Les Grés ont du talent ». Christiane Accas, jadis engagée en politique, a pris le pinceau.

A

crylique et couteau sont ses armes. « Manière de jouer avec la matière », dit Christiane Accas. En ce moment, elle travaille de grands formats : « J’ai besoin d’espace et ça me donne un geste plus libre, ça me fait oser. » Avant ses portraits de femmes en groupe ou seules, aux lignes floues (« Je suis capable de passer mes toiles sous l’eau, ça donne de la vie, quand ça dégouline »), elle a peint, à l’huile, des séries de masques. Comme on se dévoile, au fil des toiles. « Dans ce que l’on crée, on exprime toujours une part de ce que l’on est… » Arrivée, enfant, de la Somme Christiane est devenue militante communiste à 17 ans. « J’avais une revanche à prendre. Construire une autre société, pour obtenir ce que je n’avais pas eu. » Educatrice, elle s’investit à fond dans ses missions auprès des jeunes, notamment du Luth. Puis prend ses distances avec la politique et… renoue avec la peinture, longtemps délaissée. « Peindre, c’est prendre un peu de temps pour moi-même, faire ce qui me plaît. »

dire « La peinture, c’est C’est t. en m tre au les choses e. » un moyen d’échang

Lors de l’exposition « Les Grés ont du talent », qui montrait des œuvres signées d’habitants des Grésillons, Christiane a rencontré d’autres artistes amateurs qui, comme elle, aimeraient travailler dans un atelier. Un lieu de partage et de convivialité que l’office HLM pourrait bientôt mettre à leur disposition, rue Nazet. « Un atelier, ça permet de se poser, de ne pas ranger et déranger sans cesse le salon ou la cuisine. »

 la tribune libre

Et quelles flèches ! Pureté de la ligne et sobriété… Légères et aériennes Sur leur pied de grue…

En dix ans de pratique à l’école municipale des Beaux-Arts, Christiane a bénéficié du regard attentif d’un professeur, conseillant telle exposition en rapport avec le travail amorcé par l’élève. « J’ai appris à explorer des thèmes : la mer, le mouvement… J’ai aimé cette ambiance de partage avec d’autres, sans prétention. Mais dix ans, c’est un peu la limite. Place aux autres ! »  ¶ Laure Morandi

la photo du mois

Flèches et GPS Il y avait les mots fléchés Il y a maintenant les rues fléchées À Gennevilliers…

en peinture

Mises à part la réalisation et la pose S’il fallait évaluer dans ces colonnes Le coût de la conception de l’image… Sans doute dépendrait-il Du temps nécessaire Au mûrissement de la recherche Et de la beauté de l’œuvre. Et comme l’art n’a pas de prix… Gennevilliers aurait-il à jalouser La cour d’honneur du Palais Royal ? Un de nos artistes locaux N’aurait-il pas su nous indiquer le chemin Et aussi nous redonner goût au théâtre ? ¶ Bernard Legrand

Bien visibles et abondantes Rayées de rouge et de blanc Avec elles, plus besoin de GPS Nul doute que les Gennevillois Vont désormais être nombreux À se rendre au théâtre2gennevilliers

Note de l’auteur Suite à des échanges avec des habitants du quartier, j’exprime ici ma perplexité devant cette œuvre. Mais n’étant pas artiste, je ne demande qu’à être éclairé pour mieux l’apprécier.

L’ouverture du passage pour piétons dit « traversant » permet de remarquer plus souvent la façade colorée de certains pavillons. Des tons vifs, tranchant sur la grisaille ambiante, qui renouent avec une tradition populaire au début du XXe siècle. Nombre de petits propriétaires aux moyens trop modestes pour recourir à des matériaux nobles, tels le marbre ou la pierre de taille singularisaient leur maison en la revêtant de couleurs vives…

Où v o n t l e s l é gu mes ? Quel est le destin des légumes produits sur le quartier ? Osons une révélation : ils sont… mangés ! Le potager collectif de la rue Georges, exploité par le centre de loisirs, produit selon la saison betteraves, carottes ou tomates que les enfants rapportent chez eux le soir ou les consomment ensemble au déjeuner, sous forme de crudités… LM


reportage Le Théâtre2Gennevilliers a fait sa mue. Des habitants du quartier vous en ouvrent les portes.

clignote

T

héâtre2Gennevilliers : nouveau nom, nouvelle façade, nouveau directeur… Dirigé pendant 42 ans par Bernard Sobel, le centre dramatique national de l’avenue des Grésillons a été récemment repris par Pascal Rambert, écrivain et metteur en scène. Le but de ce passionné d’art ? Insuffler générosité et diversité au lieu, pour l’ouvrir sur l’extérieur.

Dont acte : le bâtiment, réinventé de manière très originale, est désormais surmonté d’un bloc rectangulaire rouge lumineux que l’on voit de loin. Une « balise » clignotante qui signifie « soir de répétition » (petit battement) ou « représentation » (grand battement). Signal précieux, car le public peut désormais assister aux répétitions ou même participer à des ateliers d’écriture le vendredi soir. On peut aussi grignoter ou boire un verre au restaurant T2G - Food’art intégré ou encore profiter de livres et d’ordinateurs à l’étage et d’une connexion wifi en libre accès au café… Pascal Rambert entend en effet mettre Internet, la vidéo ou la téléphonie mobile au service du théâtre. Les moyens techniques de la civilisation d’aujourd’hui peuvent ainsi contribuer à faire sortir le théâtre de ses murs et à donner au public l’envie d’y entrer. Sur place, les soirs de

représentation, des médiateurs qui ont suivi le travail théâtral répondent aux questions des spectateurs… Les changements ne s’arrêtent pas là, puisque le directeur projette la création d’un espace librairie, un partenariat avec New York et Tokyo et, idée neuve de ce nouveau directeur, la venue à Gennevilliers de la fameuse troupe de la Comédie Française. Réjouissant ! ¶ Esther Serrano et Eric Chayot

 humour

Enfin ! Ça y est, on « piétonne »…

C

ombien de fois a-t-on pu ‘ronchonner’, lorsqu’empruntant la voie piétonne depuis la place Jaffeux vers la place Indira-Gandhi, on se trouvait le nez devant une clôture qui empêchait d’aller plus loin… On trouvait que les travaux étaient bien longs à démarrer pour réaliser la dernière partie de la voie. Eh bien soyez comblés braves gens, le dernier tronçon de la voie piétonne est enfin terminé. Dorénavant, on peut se rendre directement de la rue Georges-Corète au marché et retour dans le calme, bien à l’abri des gaz d’échappement. Saluons cette réalisation qui fait plaisir à tout le monde et en particulier aux handicapés et aux jeunes parents avec leur poussette. Il faut dire que les choses ont été bien faites : revêtement de sol, luminaires et plantations s’inscrivent dans la continuité des deux premiers tronçons. De plus, on appréciera la réalisation

du léger virage de la rue Sainte Marie. Ce dispositif est à l’évidence de nature à freiner l’allure des automobilistes un peu trop pressés et par conséquent à améliorer la sécurité des piétons. Un petit bémol cependant : certains deux roues à moteur semblent trouver cette voie piétonne à leur goût. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude… ¶ Guy Leprieur

Eblouissante et nue Les travaux entre la coulée verte et les espaces verts du Delage ont enfin dégagé l’église Saint-Jean de sa gangue. Elle y acquiert un supplément d’âme, à admirer bien vite, car le mur sera bientôt reconstruit. Profitons de la carte postale avant de dire « Adieu, la belle église ! »


Couverts de fleurs

coup de chapeau

tourner la page À chaque numéro, l’équipe de la bibliothèque Robert-Doisneau nous ouvre quelques livres. En avril, l’invention de l’art contemporain et des polars vénitiens. Frissons.

« J

e trouve remarquable le travail de l’équipe des jardiniers municipaux aux Grésillons ».

Le compliment vient de Roland Pruvost, un participant du journal. Tous les jours, cinq jardiniers s’activent en effet dans le quartier, pour entretenir les 26 hectares d’espaces verts et fleurir 8 000 m2 de massifs et jardinières.

Tonte, ramassage des feuilles, élagage, plantations… Les cinq jardiniers municipaux affectés au quartier des Grésillons ne ménagent pas leur peine. Bravo

« Je les vois régulièrement, rue Georges-Corète et devant l’Espace des Grésillons, planter ou remplacer les fleurs abîmées par les jeux des enfants. Et toujours avec le sourire. Je voulais à mon tour leur lancer des fleurs, en leur disant simplment merci » ¶ LM

Le handicap,

 maison de l’enfance

de l’intérieur

Les peuples de l’Omo

Ces deux tomes de photographies nous emportent vers l’Omo, dans un triangle Ethiopie-Soudan-Kenya. Cette région volcanique fournit une palette de pigments  naturels : ocre rouge, kaolin blanc, vert, jaune, gris des cendres. Les peuples de l’Omo ont ainsi inventé l’art contemporain. Galerie de portraits et gros plans de peintures corporelles deviennent dans ce coffret de véritables œuvres d’art abstrait. Le texte, signé du photographe, Hans Silvester, retrace son périple à travers un monde en voie de disparition.

Se mettre à la place de personnes handicapées, le temps d’une journée, c’est une expérience vécue à la Maison de l’Enfance.

U

Polars vénitiens

n parcours en fauteuil roulant, une partie de handi-basket, la découverte du braille et de la langue des signes… Un mercredi après-midi de la fin de l’hiver, les grands de la Maison de l’Enfance des Grésillons ont été sensibilisés à différentes sources et formes de handicap. Une exposition réalisée par un groupe d’enfants avec Mickael, animateur à l’origine du projet, a répondu aux questions que se posent les plus jeunes sur les causes du handicap. En fin de journée, quelques-uns ont partagé leurs impressions.

de Donna Leon.

Américaine, Donna Leon vit à Venise depuis plus de vingt ans. Elle en fait le décor des enquêtes du commissaire Brunetti, qui rentre déjeuner, tous les midis, chez sa femme Paola. De livre en livre, on déambule à sa suite dans les ruelles de Venise, que l’auteur connaît comme sa poche. Et on découvre un pan de mœurs locales dissolues, où corruption et magouilles financières pullulent. Des enquêtes rondement menées dans une atmosphère bien à elle. À retrouver dans les 14 titres déjà parus. Les bibliothécaires

Amine, qui a compris « que le handicap c’est ne pas pouvoir marcher et que le fauteuil roulant n’est pas facile », estime que « Les handicapés ont un grand courage pour supporter certaines réactions. Il faut être solidaire et les aider. » Doriane, elle, sait « que les sourds sont différents. Mais si je sais parler la langue des signes, alors on peut communiquer. C’est bien. »

Tempête sous 15 crânes Un premier brainstorming (littéralement : orage de cervelle) a abouti à deux propositions de titres pour le journal du quartier : « Echos des Grésillons » et « Les Nouvelles des Grésillons ».

Pacôme regrette : « J’aurais aimé rencontré de vraies personnes handicapées pour discuter avec elles et savoir comment elles vivent. » Tandis qu’Inès a aimé le handi-basket : « Parce que même si on est handicapé, on peut faire un sport en vrai. » Et Macrine conclut : « J’ai bien aimé tous ces ateliers. Ça m’a fait comprendre les difficultés des personnes handicapées tous les jours, dans la rue et dans leur maison. » ¶

Vous pouvez voter pour l’un de ces titres ou proposer votre propre idée par téléphone, avant le 21 avril, auprès de Patricia au 01 40 85 60 40.

L’équipe de la Maison de l’Enfance

On ne mégote pas Face à l’interdiction de fumer au café ou au restaurant, les tas de mégots s’accumulent à certains endroits. Du coup, les services municipaux de nettoiement de la voirie ont adapté leur organisation : après leur tournée de balayage quotidien, les agents reviennent sur les lieux « stratégiques ». Mieux vaut deux fois qu’une !


Aux bons soins Pharmacien depuis 17 ans rue Paul-Vaillant-Couturier, Philippe Reveillé s’est attaché au quartier.

«C

’est presque devenu Levallois, ici ! » La boutade a sa part de vérité : quand il a repris la pharmacie de la rue Paul-Vaillant-Couturier en 1991, Philippe Reveillé y vendait… beaucoup de seringues. Les toxicomanes, c’est terminé. Désormais, ce sont les familles tranquilles du quartier qui fréquentent l’officine. « Le quartier aussi a changé : on va bientôt flâner

Pharmacie de la Concorde, 18 rue Paul-VaillantCouturier, de 8 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 19 h 30, du lundi au samedi. dans le parc Camille-Ronce et, autour de nous, pas mal d’immeubles assez chics se construisent. » L’ouverture des bureaux du Delage va aussi modifier la donne. « Je vais essayer de voir comment on travaille dans les pharmacies proches de bureaux, pour mieux nous adapter aux besoins de ces futurs clients. » Pour l’instant, Philippe et son équipe deux pharmaciens, une préparatrice et une apprentie, sont des commerçants heureux. « Nous avons la chance d’avoir une clientèle populaire et sympathique, qui nous fait confiance. S’il manque une boîte pour délivrer l’ordonnance complète, les gens repassent la chercher plus tard, sans râler. »

Philippe, pharmacien et Soraya, préparatrice : accueil, sens du service et conseils.

Avec certains, même, on se tutoie. « On parle pluie, beau temps ou PSG… C’est un métier à la fois médical et de contact. » D’ailleurs l’équipe connaît presque chacun par son nom. Quand certains patients traités au long cours (cholestérol, hypertension…) oublient de faire renouveler leur ordonnance, « On les dépanne pour qu’ils suivent leur traitement avant toute chose et on régularise après la visite au médecin. » Une clientèle fidèle, donc, mais qui comprend mal lorsque certains produits ne sont, tout à coup, plus remboursés. Même si, de l’aveu du pharmacien, « Depuis cinq ou six ans, le prix

des médicaments remboursés tend à baisser… » Autre souci : le changement de molécule parfois opéré par le pharmacien, ou le passage aux génériques. « Ça étonne toujours. Pourtant nous n’inventons rien : nous ne faisons même que respecter notre devoir de substitution. » Une contrainte de la profession méconnue, tout comme le travail de télétransmission des dossiers à l’assurance maladie ou les commandes et le déballage des livraisons, quotidiennes pour certains médicaments…  ¶ LM

Pratique Récits de vie : tous les mercredis, à l’Espace des Grésillons Dessin, peinture, modelage : tous les samedis, de 15 h à 18 h au local des 3F. Théâtre, danse : tous les samedis de 17 h à 19 h, local de la place Indira-Gandhi. Renseignements : Caroline Thurar tél. 01 40 85 60 42.

en direct de l’antenne

Grésillons en création(s) :

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Ecrire, parler, rassembler des photos puis danser, peindre, jouer la comédie : les Grésillons se racontent dans quatre ateliers.

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aire raconter aux habitants « leurs » Grésillons, c’est le but de quatre ateliers menés dans le quartier depuis fin mars par trois artistes, une ethnologue et une psychologue. Ouverts à tous, ils se déroulent les mercredis et samedis dans différents lieux du quartier. Par ailleurs, un photographe du collectif le bar Floréal photographie va réaliser des portraits d’habitants, posant avec d’anciennes photos ou des objets qui ont compté dans leur parcours… Le mercredi, la psychologue Hélène Gallais et l’ethnographe Agathe Lopez viennent recueillir des récits de vie. Elles les mettront en forme pour aboutir à une publication ou à une exposition courant 2009.

Les samedis, le chorégraphe et vidéaste Raphaël Kaney, aidé de la comédienne et auteur dramatique, travaillent à une mise en scène des fameux récits de vie, tandis qu’Alexandre Akar, plasticien, anime un atelier où on fabrique de quoi déambuler dignement dans le quartier, toujours l’année prochaine. D’autres ateliers sont menés avec la Maison de l’Enfance et la bibliothèque. Avec un objectif commun : produire « quelque chose » d’artistique pour la mi 2009. En attendant, un premier rendez-vous est fixé fin juin pour faire la démonstration de tous ces talents. D’ici là, rendez-vous dans les ateliers… ¶

Raphaël Kaney, chorégraphe et vidéaste.

Magali de Jonckheere, comédienne et auteur dramatique.

Bonne recette Prenez une école maternelle toute neuve, d’espèce Louise-Michel, vous m’en direz des nouvelles. Séparez l’école de la rue Paul-VaillantCouturier. Ajoutez-y une belle portion d’esplanade, que vous aurez au préalable semée de pelouse. C’est prêt ! Toute garniture est superflue : surtout pas de voitures stationnées de guingois entre l’herbe et le cheminement. Il y a des endroits, pour ça. (Photos : Eric Chayot)

La Lettre des Grésillons est éditée par l’antenne de quartier des Grésillons. Responsable de la publication : Nadia Salhi. Conception et rédaction en chef : Laure Morandi. Conception graphique et direction artistique : Olaf Mühlmann · http://design.lgr.free.fr/ Photos : Christophe Couffinhal. D.R. Sujets imaginés, écrits ou illustrés par : l’amicale du 115, Christine Bournet, Eric Chayot, Patrice Leclerc, Bernard Legrand, Guy Le Prieur, Jean Montout, Isabelle Nadal, Roland Pruvost, Sylvie Solana. Impression : LNI sur du papier 100% recyclé (Cyclus print). Et bientôt, ici, votre votre nom.

 la vitrine


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