C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

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maison de la solidarité AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE

29 rue E 9 2 2 3 0 Gd m o n d d a r ∫ o i s e n n e v il lie r s T 0 1 47 9 0 49 0 3 F 0 1 47 m s o lg e n 3 3 6 0 9 3 n @ fr e e. fr

N°31  /

IRE Maison… A M M O S es la s somm 2011 / p. 1

Nou

es oignag m é T 3 / … p. 2 e r n a rd n a rd , B r e B r e d, Ch et Ber nar ine Gab n n a p. 3 /4 e J a ge à Homm er ai ené le 1 m a ge à R t m e u m g o u H s de m ffrez pa Ne m'o m e nt s m e rc i e e r , s e r H o ra i

Pour vous, la maison de la Solidarité c’est quoi ?

FALLAIT-IL POSER LA QUESTION ? par Régis Toulemonde, président

Au moment où elle va boucler sa 16e année d’existence, il a paru intéressant, voire indispensable, de se poser la question de savoir à quoi sert aujourd’hui la Maison de la Solidarité. Est-elle toujours le petit îlot où se poser et se reposer ? Permet-elle à des personnes d’y trouver un peu de chaleur humaine – une écoute, un sourire, une parole – autour d’un café ?

CHER BERNARD par Benjamin Steinberg Comment croire un seul instant que nous ne te verrons plus ? Est-ce vrai ? Comment se passer de ton sourire, de ton sens de l’humour, des petites histoires que tu racontais, comment se passer aussi de tes gentils coups de gueule, de tes moments de sommeil plus apparents que réels, au cours de certaines réunions ? Comment se passer aussi et surtout de tous les services que constamment tu rendais à notre Maison de la Solidarité, services de toutes natures : matériels, sociaux, humains ? Comment, enfin, se passer de tes avis, des conseils toujours plutôt bons que tu savais judicieusement donner ? Combien de personnes vont écraser quelques larmes en évoquant ton souvenir, celui d’une personne si généreuse ?

La MSG répond-elle, malgré l’évolution de la fréquentation, aux différentes attentes des personnes accueillies journellement, mais aussi aux attentes qu’ont, de la Maison de la Solidarité, les partenaires associatifs locaux, les structures officielles, comme les voisins ? Pour répondre à ces interrogations la question leur a été posée. En voici les résultats. À la lecture des réponses, la Maison de la Solidarité peut être satis-

Il va donc bien falloir qu’on s’y fasse. Montant une côte difficile sur ton vélo, compagnon de toutes tes allées et venues et escapades, la vie t’a abandonné. Adieu Bernard, nous ne t’oublierons pas, merci encore pour tout ce que tu nous a donné.

CHÈRE JEANNINE par Régis Toulemonde Toi aussi tu nous quittes, sans prévenir, alors qu’on t’a parlé la veille et que nous t’attendions le lendemain. Tu es partie doucement, silencieusement alors que, même de loin, on avait l’habitude d’entendre ta voix, tes cris, tes exclamations et tes rires.

faite de constater que l’accueil et les services proposés correspondent en très grande partie aux attentes.

Mais les besoins sont immenses, nous en sommes conscients, et c’est pour cela que nous ne désarmons pas. L’ Abbé Pierre ne disait-il pas : " On ne peut pas, sous prétexte qu’il est impossible de tout faire en un jour, ne rien faire du tout. "

! Bienvenue

à Anne Cosquer, la nouvelle directrice de la Maison de la Solidarité !

Fille du Nord, tu avais en toi cette chaleur humaine qui caractérise les gens du Nord, joyeux, ayant toujours un bon mot et des blagues à raconter. Et nous savons combien tu aimais nous parler et chanter en ch’ti. Tu as vécu pendant de nombreuses années au rythme de deux saisons : l’été et l’hiver. L’été, à Valenciennes, à la Boutique Solidarité, et l’hiver à Gennevilliers à la Maison de la Solidarité, comme bénévole et administrateur. Et ce qui te caractérisait, Jeannine, c’est ton implication. Toute ta vie, et où que tu sois, notamment à la CFDT, à la mairie, et dans nos centres, tu t’es insurgée contre les injustices pour les combattre. Et quel cœur ! A la MSG, tu t’intéressais aux accueillis. Tu aimais dialoguer avec eux, en particulier en épluchant les fruits pendant les ateliers confitures que tu animais. Et puis tu t’occupais des bacs à fleurs car tu voulais que la Maison de la Solidarité soit souriante, légère, colorée, parfumée comme tes fleurs. Jeannine, merci pour tout cela. Tu as bien mérité de reposer en paix.


la maison de la Sol

Pour vous

C’est au fond d’une rue, qui se termine en impasse, que nous sommes nichés, sur le territoire de Gennevilliers et presque sur celui d’Asnières. Nous existons depuis près de 16 ans pour aider ceux qui frappent à notre porte et qui sont parmi les plus démunis de notre époque.

s e ’ c

Nous sommes la Maison de la Solidarité. Immergés dans la ville, nous avons des voisins, et c’est nécessité pour nous de nous lier diversement aux associations qui rayonnent dans la cité et au-delà. Nous sommes donc connus, mais quel regard tout un chacun porte-t-il sur nous ?

accueil de jour où La Maison de la Solidarité est un situation, son sa soit toute personne quelque llie chaleureuuei acc être t parcours, son origine peu de salariés au et les évo bén sement par une équipe de r, tu peu x y cœu du ison grand cœur. Ici, c'est la ma la solitude. Tu peu x prendre un café, un thé... Loin de ouver une estime y prendre une douche, te raser, retr culturels innojets pro des de soi. Tu y trouves aussi Solidar ité redonne vants. En un mot, la Maison de la t être perdu. de l'ESPOIR à ceu x qui l'avaient peu

Bien entendu, nous ne sommes pas totalement ignorants mais nous voulons en savoir davantage. Ceci explique notre démarche et le contenu de ce journal qui revêt de ce fait un caractère inédit et exceptionnel.

LE COMITÉ DE LA RÉDACTION

L’idée que je me fais de votre asso  ? Lieu de grande écoute pour personne en difficult é. Motivation à re trouver sa dignité. Apprentissage ou réapprentissage de la vie en société. Recherche de solutions d’héberge ment et aide aux démarches administratives.

PATRICIA MILL ERET LE RELA IS Je ne connais pas, mais ça doit être bien. Ca doit aider les gens.

CC AS ASNIÈRES Je pensais la Maison de la Solidar ité comme un lieu accueillant, particulièrement vivant. La dynamique relationnelle de ce collectif crée une ambiance propice aux échanges.

AICH A

J

EQUIPE MOBILE Pour aider les gens. Les aider dans leurs emplois, pou r chercher un boulot, dans la vie de tous les jours. Je connais pas très très bien, mo i, ça me dérange pas.

qui courent ! Une bonne action par les temps n dont elle est située, J’ai une bonne image. De la faço ça ne me dérange pas du tout. très bonne action. Ma conviction c’est que c’est une y a un paradis, s’il , J’ar rête pas de le dire à Michèle (cer tainement rs ! vous serez certainement les premie pas les policiers…) Continuez ! Continuez ! ourd’hui… faut être Faut pas être dans le besoin auj courageux, être dans le serv ice.

ent les missions Nous ne connaissons pas exactem de la Maison de la Solidar ité. sonnes peuvent Selon nous, c’est un lieu où les per uter. se rassembler pour par tager et disc prendre un café C’est toujours un plaisir de venir itude. le matin, d’ailleurs, c’est notre hab

EBOUEURS

AT HE NA PIZZ A La Maison de la Solidarité lus de la société. Est un lieu de refuge pour les exc Elle redonne espoir aux déprimés… Elle les oriente… a aidé ma famille Je remercie cette association qui A sur monter ses difficultés, Avec du boulot et un logement ! ser aux autres Mais ça ne m’empêche pas de pen e. Qui galèrent en ce moment de cris

MVI SERVICE Pour certains, c’est la maison du bonheur ! Pour le repos Pour les tickets resto Pour aider à trouver un logement Un moyen de se changer les idées : vacances, loisirs, activités… Pour d’autres, c’est la maison de la galère parce que vous êtes trop derrière eux.

KE PASTA

p m c m p s a s t

MA LL EK

La Maison de la Solidarité c’e poser, pour retrouver un peu s

Une personne en difficulté Solidar ité pour demander d pour se laver, pour chercher un endroit d’échange et de tranqu

Plusieurs personnes vont à la l’adresse de la Maison de la Sol

MAIRIE DE GENN

(personnes travaillant à l’accue


lidarité

Et pour vous, la Maison de la Soli darité, qu’est-ce que c’est (vue de l’intérieur) ?

?   i o u q st

e e

sariat, je rencontre Étant assistante sociale au commis grande difficulté : régulièrement des personnes en d’urgence, logement mise à la por te, hébergement insalubre… t difficile de garder Pour ces personnes, il est souven de vie quand on est une certaine dignité et hygiène ditions par fois très logé ou hébergé dans des con difficiles.

qui sont dans cette Pour les personnes que je reçois et vers la Maison de la situation, pouvoir les orienter Je sais que, grâce à Solidar ité est une vraie chance. ches, un vestiaire, cela, ils peuvent accéder à des dou qu’à un accueil dans une laverie et une cuisine, ainsi le plus grand respect. son de la Solidar ité Pour tout ça, la présence de la Mai ispensable. sur la ville de Gennev illiers est ind

Inconnue ? Méconnue ? Connue ? J'habite le quartier, côté Asnières, depuis 1997. Les six premières années, la Maison m'était inconnue. Pas de panneau dans la rue qui l'indique, rien qui renvoi à son existence si on n'habite pas en face. En 2003, nous avons commencé à amener notre fille à la maternelle à Asnières. Nous avons remarqué que quelques gens ne se dirigeaient pas en direction du métro (comme la plupar t pour se rendre à leur travail) mais passaient en « contre-sens ». Un jour, Ghislaine Valadou, qui connaissait nos réalisations graphiques par le service culturel de Fontenay-sous-Bois, nous a invités à la Maison pour nous demander de refaire le journal « les gens de l'oubli ». Une aventure commençait : un journal pas comme les autres, qui raconte la vie de la Maison. Étant dans le comité de la rédaction, ce travail ne consiste pas uniquement « à mettre en page » simplement les textes ou répondre à une commande d'un client lambda, non, c'est une rencontre avec les « gens » que la société préférait oublier. Il y a quelques années, j'ai animé un atelier d'affiche à la Maison, là, c'était encore autre chose : entendre les différentes histoires humaines qu'une société « évoluée » n'a pas le droit d'oublier.

AURORE LECH AT 92,

Assistante sociale ADAVIP missariat de Gennevilliers. com au e permanenc

J'ai été orienté à la Maison de la Solidarité par une famille de Gennevilliers. Pour moi, c'est juste un passage pour pouvoir retrouver mes repéres. Il existe vraiment de l'écoute et un véritable accompagnement car grace à cette association, j'ai réussi à faire mes démarches, retrouver un hébergement et poser des CV partout pour trouver du travail. L'accueil est intéressant et éfficace et se place parmi les meilleurs des accueils de jour. La Maison m'a apporté une certaine stabilité ainsi que des moments d'échanges au travers de différentes sorties.

Aujourd'hui, je sais, pourquoi le matin, certaines gens marchent en contre-sens, souvent avec un regard perdu, mais avec une destination, j'espère, d'espoir.

OLA F MÜHLMA NN voisin de la rue Basly

va à la Maison de la e l’aide, pour manger, n hébergement, c’est un uillité.

Mairie pour demander lidarité, pas bien située.

La Maison de la Solidar ité, c’est du bruit, de la couleur, des conversations hautes en verb e : en français, en arabe, en anglais, voire en italien, de la rigolade, des coups de « gueule » aussi par fois ... Et pour nos voisins proches, bien que plein de sollicitude et de compréhension, peut-être un endroit accueillant… mais bruyant ! Par fois, aussi, nos accueillis sortent de la maison un gobelet de café à la main. Nous leur recommandons de jeter les gob elets vides dans une des poubelles mises à disposition dans les rues. Mais nous savons que nous risquons d’en retrouver un ou deu x dans le caniveau… Sans parler de nuisance, nous app réhendons par fois l’impac t de tout ce qui fait la vie de la maison et sa spontanéité : le respect des accuei llis entre eux et à l’égard des accueillants, de la convivialité, de l’entraide, mais aussi des momen ts de tension, des bousculades lorsque l’un des acc ueillis ne va pas très bien et cherche à évacuer un trop -plein de souffrance. Autant de moments qu’il faut gér er en souplesse et en douceur afin que nos voisins ne retiennent de la maison que son verbe haut et ses couleurs !

AN NE COSQ UER

Directrice de la Maison de la Soli

darité

La Maison est bien située car elle répond à plusieurs demandes de personnes en précar ité. Tant mieux qu’elle se trouve à Gennevilliers, car Gennevilliers a un niveau de précar ité bien élevé. La Maison de la Solidar ité est un endroit qui répond aux besoins des personnes en difficultés.

SAM IR

est un endroit pour se son calme.

NEVILLIERS

Une grille aux couleurs pimpan tes (rouge et violet), une petite cour, une grande sall e d’accueil. Et puis, plein de gars, le gobelet de café dans une main, la cigarette dans l’autre ; deu x ou troi s femmes un peu noyées dans ce flot d’hommes … Un téléphone por table qui diff use de la musiqu e, des petits groupes en pleine discussion à un volume sonore qui per met à tout le monde d’en profiter et emp êcherait presque d’entendre ce que notre correspond ant, au téléphone, nous dit… Un accueilli demand e à sortir, il va en rejoindre un autre qui l’attend de l’autre côté de la grille. Et ils restent là, tous les deu x, en face de la maison, sous les fenêtres du 1er étage de l’immeuble d’en face.

Pour les gens qui sont en difficulté, se ressourcer, manger, se retrouver. J’ai vu que c’était un point de chute, c’est bien car les gens n’ont pas de point de chute. Il faut une maison comme ça dans le quartier. Vous savez, les gens en difficulté y’en a peu qui se mettent à leur place… J’en vois à la Mosquée, on discute, ils m’ont un peu raconté leur vie, c’est pas facile pour eux !

BOUL ANGERIE À COTÉ

eil, par téléphone) Un endroit où il fait bon vivre, conviv ial, familial. Un endroit où il fait bon venir, passer du temps et rire un peu.

CIM

PHA RMA CIE Orienté par les restos du coeur, Hadel perçoit la maison comme un endroit pour se poser, prendre un café chaud, prendre sa douche. C'est un accueil de jour dans lequel on offre une écoute à toute personne en diffi culté. Grâce à la Maison de la Solidar ité, il a pu trouver un hébergement dans un hôtel pour une dur ée de deu x mois et une stabilité importante pou r avancer dans ses démarches. Il apprécie l'écoute de tous les salariés pour l'aider à trouver la solu tion à sa situation précaire. Il trouve aussi que la Mai son est vraiment utile pour toute personne qui habite Gennev illiers. Elle est bien située pour répond re à la précarité. Grâce à elle, il a eu un suiv i à la CVS (Circonscription de la vie sociale) d'Asnières et au CMP (Centre médico psychologique).

HA DEL


UNE ECORCE RUDE AVEC UN CŒUR TENDRE Selon les souhaits de Jeannine un hommage lui a été rendu en l’église Marie-Madeleine le 17 mars 2011. Extraits de l’intervention de Pierre Andrieux

L'HOMME AU VÉLO par Stéphanie Bernard, nous garderons comme première image celle de l’homme au vélo, ce vélo compagnon fidèle qui t’a trahi un jour de février : il faisait froid, la route était un peu abrupte quelque part dans la montée sur Suresnes… Ton départ est brutal et nous avons du mal à réaliser que nous te croiserons plus dans les rues de Gennevilliers ou d’ailleurs. Tu as mené l’un de tes combats dans cette Maison de la Solidarité, celle des sans toit, des sans voix, des sans papiers, disons des exclus de cette Société ; jeudi lorsque pour débuter la réunion hebdomadaire, Anne t’a rendu hommage, les visages se sont faits graves, des larmes ont coulé… ils ne voulaient pas y croire… Tu ne seras plus là lors de nos réunions d’accueillants quand d’un semblant d’endormissement surgissait une remarque toujours pertinente. Tu ne seras plus là pour donner de l’humanité d’un geste, d’une parole, d’un sourire à ces femmes, ces hommes, cassés par la vie. Tu ne seras plus là pour accompagner les projets tel que celui de Voiles Ecarlates où, grâce à ton pied marin, vous avez formé un duo de choc avec Stéphane. Tu ne seras plus là lorsqu’au moindre souci technique, on faisait appel à Bernard. Tu ne seras plus là pour le Comité de rédaction des Gens de l’Oubli lorsqu’il fallait concevoir un nouveau numéro.

TON AUTRE CHEMIN par Stéphane Barbanchon Une petite église dans un village perdu au milieu des champs... Le soleil est radieux et invite aux plus douces des confidences, celles que l'on glisse au détour d'une conversation pour se mettre à nu et refleurir dans le regard de l'autre. La petite église de ce petit village résonne d'une multitude de confidences et les yeux des uns et des autres sont autant de réceptacles. Les fleurs jalonnent les allées et les pensées. Le silence est pesant et forme un manteau autour de celui qui n'est déjà plus... Déjà plus et pourtant si présent au milieu de ces hommes d'église, de ces anonymes d'ici et d'ailleurs, de cette famille d'une dignité à couper le souffle. Ils sont tous là, pour ce dernier hommage, à se nourrir de chaque mot, chaque larme, chaque émotion... Toutes les confessions, les nationalités se mélangent dans une même prière. Si Dieu existe, il s'est arrêté dans ce bout de monde pour communier et mettre en lumière l'amour d'un homme pour son prochain. Le soleil met en scène les reliefs de l'église et apporte une présence fascinante aux graphismes des vitraux. Les esprits baignent dans cette clairvoyance que seule la mort peut mettre en exergue... "Partir pour revenir n'est pas vraiment partir", dit la chanson. Lui ne reviendra pas et c'est dans un petit champ aménagé, à quelques centaines de mètres de l'église que Bernard va dorénavant reposer. Lui, l'homme pressé, va pourtant poursuivre son chemin dans l'esprit de ceux à qui il a tant donné, comme une allégorie de la simplicité, entre tradition et modernité, mais aussi comme ce coquelicot qui refleurit pour témoigner en toute fragilité de la beauté d'une vie lorsqu'elle se tourne sciemment vers l'horizon.

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! » S’il y a quelqu’un qui avait faim et soif de la justice, c’est bien Jeannine ! Sa fibre militante la faisait réagir au quart de tour chaque fois qu’elle se heurtait à une injustice. Elle ne pouvait pas supporter que des gens ne soient pas respectés dans leur dignité. Et, du coup, elle réagissait avec vigueur, mais c’était son cœur qui parlait… Quelqu’un me disait : « Pour moi Jeannine c’était une écorce rude avec un cœur tendre. ». J’ai bien aimé cette comparaison qui décrivait ce qu’elle a été. Une écorce rude à laquelle il fallait parfois se frotter et s’habituer. Mais un Mais il restera les actions, les idées que tu as su semer autour de toi, elles continueront à germer dans nos esprits et lorsqu’on les défendra on dira « Bernard aurait fait ou Bernard aurait pensé ainsi » et à ce moment là tu seras encore là. Gide écrivait « Quand je cesserai de m’indigner, j’aurai commencé ma vieillesse », tu n’auras jamais commencé à vieillir car tu n’auras jamais cessé de t’indigner, au revoir Bernard.

BERNARD - CHER BERNARD par Christiane Acas Mais qu'est ce que tu faisais sur cette côte du Mont Valérien ? Tu sais bien pourtant qu'elle est pentue. Ça, c'est sûr, on aurait pu te le dire cent fois ! Tu es têtu. Tu n'en fais toujours qu'à ta tête. C'est toi que j'ai rencontré, il n'y a pas si longtemps, à la caisse de Leroy Merlin, avec une grosse planche, et plus encore.Je t'ai proposé d'emporter tout cela dans ma voiture, de m'attendre en bas, mais non tu es parti sur ton vélo. Je t'ai cherché te jugeant fou. Peine perdue - pas retrouvé.

cœur tendre avec lequel il faisait bon vivre. Et c’est ce grand cœur qui la rendait combative pour lutter contre les injustices. Je pense qu’à cette heure-ci elle doit être enfin rassasiée ! En ce moment certains de nos quartiers de Gennevilliers et d’Asnières sont embrasés par des scènes de violence. La haine se lit sur des visages et des jeunes le paient de leur vie. Aurons-nous le courage de dénoncer ces violences et, en même temps, de travailler à en supprimer les causes : échecs scolaires entre autres ? …. Il y a encore des hommes et des femmes qui ont su faire avancer la paix non par les armes mais par l’amour et le combat pour la justice. « Une écorce rude et un cœur tendre ». Merci Jeannine.

S'IL VOUS PLAÎT, FAITES-MOI PLAISIR :

NE M'OFFREZ PAS DE MUGUET LE 1ER MAI par Jeannine Gabet dans « Au fil des jours », 2001 Si vous en avez dans votre jardin, ou si vous en avez apporté du Bois de Chaville, un petit bouquet me fera plaisir mais pas forcement le 1er mai. Cette coutume royaliste et libertine aurait dû être abolie en 1789 ! Le 1er mai, pour moi, n'est pas la Fête du travail : c'est la fête des travailleurs. C'est la commémoration des luttes ouvrières qui à Paris, à Chicago, à Fourmies ont coûté la vie à des ouvriers qui revendiquaient leurs droits. Ils ont eu le tort d'être trop nombreux, trop solidaires:la troupe a tiré. Paris les tués : un enfant ! Il était allé voir… Il y a 110 ans*. Le temps passe, on oublie… moi, je ne peux pas oublier ceux qui sont tombés parce qu'ils disaient qu'ils n'étaient pas d'accord, parce qu'ils voulaient vivre mieux. Hier, comme aujourd'hui, c'est avec des actes que l'on change le cours de la vie… pas avec du muguet ! * le texte date de 2001. Donc, ça fait maintenant 120 ans…

HOMMAGE À RENÉ par Lorant

Bernard je te connais depuis tant d'années : du temps des salles pour les jeunes au 115 - de la Soudure pour la prévention - de l'Etrier pour l'insertion – de la Maison de la Solidarité… Tu étais le pont entre ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas. Dis, tu es où maintenant ? C'est comment ton paradis ? Tu étais le plus humain des humains. Toujours à aider. Mais en même temps tu savais crier, gueuler, pointer du doigt ce qui n'allait pas. Tu les a soutenus les jeunes et les autres, tous les autres.

René a rejoint le paradis ce matin du 15 août 2010. Il avait eu 68 ans au mois d’avril. Il a quitté ce monde où il aimait râler sur toutes choses. Il avait un cœur grand comme son appart’, qu’il a su, avec sa gentillesse, partager avec moi. J’ai perdu un ami, que dis-je, un frère.

Est ce que tu dormais seulement d'un oeil à nos réunions pour dire un mot quand on n'attendait pas? Tu voulais changer le monde comme nous mais pas avec n'importe qui, n'importe comment...

Repose en paix, mon ami.

Tu pensais aux autres mais tu étais un franc-tireur. Tu as aimé les choses de la vie. À quoi tu pensais sur ton vélo à cette minute là ? Bernard, je n'arrive pas à y croire ; je répète " mais quel con " à l'infini. On ne te verra plus à n'importe qu'elle heure traverser Gennevilliers à vélo. On ne te saluera plus de loin, on ne taillera plus une bavette au coin de la rue. Bernard, tu nous manques déjà. Toi tu croyais qu'on n'était pas irremplaçable ; c'est sûr la vie va se poursuivre, mais tu vas manquer dans le paysage. Je veux croire qu'un feu follet traversera les Grésillons de temps en temps. Tu ne vas pas nous quitter comme çà.

REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier tous nos partenaires pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité.

HORAIRES D’ACCUEIL D'ÉTE JUSQU'AU À partir du 1er avril 2011 : lundi - vendredi : 8 h - 12 h

après-midi : rendez-vous et ateliers culturels.

LES GENS DE L’OUBLI - n°31 Directeur de publication et président de l’Association Régis Toulemonde Comité de rédaction du n° 31  : Stéphane Barbanchon, Jeanine Boisard, Bernard Legrand †, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg. Notre joyeuse frappeuse de textes  : Michèle Maffre Notre fidèle correctrice  : Jeanine Boisard Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03. Directrice de la Maison : Anne Cosquer Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann Conception graphique : © rübimann design http://www.rubimann.com Impression : LNI Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2


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