Des checkpoints trop chers pour les camionneurs

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AFRIQUE DE L’OUEST : DES CHECKPOINTS TROP CHERS POUR LES CAMIONNEURS Les Afriques - N° 107 - 11 au 17 février 2010

Avec 37 points de passage, l’axe Dakar-Bamako bat tous les records ouest-africains de contrôles routiers. Le corridor Ouagadougou-Bamako reste le champion de la corruption. Le Togo, lui, mérite sa réputation de Suisse de l’Afrique.

Les routes bitumées ouest-africaines seraient-elles sourdes aux résolutions de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ? Selon une étude réalisée par l’agence américaine USAID, le nombre de checkpoints varie de deux à quatre par 100 km sur les principaux axes routiers de la zone. Le Sénégal dispose du nombre le plus élevé de ces points de contrôle, soit quatre tous les 100 km, suivi du Mali qui en compte trois. Pour dépasser ces points de contrôle, les camionneurs et les automobilistes doivent s’acquitter de dessous de table.

De tous les axes en question, c’est l’axe Dakar-Bamako qui détient la plus forte densité de checkpoints, soit 37 durant tout le trajet. Les auteurs du rapport attribuent la cause à la partie sénégalaise du segment, où l’on dénombre 26 points de contrôle. L’agence américaine estime que le Togo dispose des checkpoints les moins corrompus, avec un niveau moyen de dessous de table de 3,4 dollars là où il faut compter 10,22 dollars au Mali, champion en la matière. Cependant, relativise l’USAID, ces mauvaises pratiques vont en diminuant. Ainsi, le pays d’Amadou Toumani Touré enregistre cette année une chute de 60% du niveau moyen des dessous de table versés lors des passages aux checkpoints. Il y a un an, il fallait payer en moyenne 25,33 dollars tous les 100 km sur le segment malien de l’axe Ouagadougou-Bamako. Au-delà du coût direct, ces points de contrôle répétitifs induisent d’énormes retards pouvant entraîner la dégradation 1


des marchandises et l’allongement des délais de livraison. Sur ce point aussi, le Togo mérite largement sa réputation de Suisse de l’Afrique avec seulement sept minutes de retard tous les 100 km, contre dix-sept minutes pour le Mali et 23 minutes pour le Sénégal. L’USAID note toutefois une tendance à la diminution de ces retards, attribuée aux campagnes de sensibilisation menées dans ces pays. Triste record pour l’axe Dakar-Bamako Ainsi, durant le troisième trimestre 2009, la corruption a chuté de 3,7%, le nombre de points d’inspection de 10,8%, et le temps d’inspection de 22,3%. L’enquête a été menée sur les points clés au Burkina Faso, au Ghana, au Mali, au Sénégal et au Togo. De tous les axes en question, c’est l’axe Dakar-Bamako qui détient la plus forte densité de checkpoints, soit 37 durant tout le trajet. Les auteurs du rapport attribuent la cause à la partie sénégalaise du segment, où l’on dénombre 26 points de contrôle. Autre axe qui ne brille pas pour sa fluidité, le corridor Ouagadougou-Bamako, fort de 31 checkpoints, soit trois arrêts tous les 100 km. La zone qui compte le moins de checkpoints compte les axes Lomé-Ouagadougou et Tema-Ouagadougou, avec respectivement 21 et 22 arrêts par trajet, soit deux stops tous les 100 km, là où il faut compter le double sur Dakar-Bamako. A elle seule, la gendarmerie sénégalaise totalise quinze checkpoints, suivie de la police (neuf checkpoints). Les services douaniers ne comptent, quant à eux, qu’un seul checkpoint par trajet, selon le résultat du sondage. Tout comme sa consoeur sénégalaise, la gendarmerie malienne contrôle la plupart des checkpoints, suivie par la police et les services de taxes routières, dont les prélèvements sont indexés sur les volumes. Quant au Burkina Faso et au Togo, c’est d’abord les services douaniers qui dominent sur les checkpoints, suivis par ceux de la police et de la gendarmerie. Sous l’angle de la corruption, l’axe Ouagadougou-Bamako détient le mauvais record, avec une extorsion de 116,26 dollars par 100 km. Le segment malien de cet axe pèse à lui seul 80,9 dollars, dont 22,46 dollars pour des pénalités de surcharge. En deuxième position vient l’axe Bamako-Dakar, avec 100,26 dollars prélevés par trajet, soit 9,83 par kilomètre (!). Le segment sénégalais de cet axe en supporte le prélèvement le plus élevé, avec 64,17 dollars, contre 36,09 pour la partie malienne. En suivant ce critère, le niveau le plus bas est enregistré sur l’axe Lomé-Ouagadougou, avec seulement 44,23 dollars par trajet. Au Ghana, au Togo et au Burkina, les harcèlements sont d’abord l’oeuvre des services douaniers, suivis de la police. Au Mali, la police est suivie de la gendarmerie et de la douane. MBF - Bamako-Dakar, 1020 km : 229 minutes de formalités, ou 22 minutes de retard tous les 100 km - Bamako-Ouagadougou, 920 km : 167 minutes de formalités, ou 18 minutes de retard tous les 100 km - Tema-Ouagadougou, 1057 km : 154 minutes de formalités, ou 15 minutes de retard tous les 100 km - Lomé-Ouagadougou, 1020 km : 92 minutes de formalités, ou 9 minutes de retard tous les 100 km

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