L’indispensable réforme de l’agriculture mondiale Face à la flambée des prix des produits agricoles, plus de 400 scientifiques ont élaboré un rapport qui préconise de profondes réformes pour un mieux être agricole. Par Robert Adandé, Dakar Dans le souci de juguler la crise alimentaire qui sévit dans plusieurs coins de la planète, l’IAASTD a rendu public, le 15 avril dernier, au siège de l’UNESCO, un rapport sur l’état de l’agriculture dans le monde. Ce document qui s’articule autour des biocarburants, des OGM, du recours aux savoirs traditionnels, de l’impact des changements climatiques, souligne l’urgence de changer les règles régissant l’agriculture moderne. Depuis le premier trimestre de l’année 2007, les prix de denrées telles que le soja, le blé, pour ne citer que ceux-là, ont augmenté respectivement de 87% et de 130%, tandis que les réserves mondiales de céréales ont atteint leur plus bas niveau. Quant aux prix du riz, du maïs et du blé, ils pourraient encore augmenter, en raison des demandes de plus en plus croissantes notamment en Chine et en Inde. Or, 35% des terres les plus endommagées au monde sont soumises à des activités agricoles. Péril en la demeure Le premier constat fait par le rapport est que, ces cinq dernières décennies, la productivité s’est vue impulsée par les sciences agricoles. Seulement, les bénéfices n’ont pas connu un partage équitable, et ces avancées se sont soldées, la plupart du temps, par un impact social et environnemental conséquents. Cela pousse les concepteurs du document à préconiser que les sciences agricoles puissent tenir davantage compte de la protection des ressources naturelles et d’opter pour des comportements qui concilient agriculture et écologie. Ces pratiques peuvent se traduire par l’utilisation d’engrais naturels, de semences traditionnelles, et une meilleure prise en compte des mécanismes naturels avec une plus grande proximité entre la production des matières agricoles et des consommateurs auxquels elles sont destinées. Interdire les OGM L’Asie centrale et de l’ouest et l’Afrique du Nord disposent encore d’une diversité génétique unique, mais qui est en train de disparaître lentement. Ces zones de la planète sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques, et risquent de subir de plein fouet la rareté des ressources en eau dans les années à venir. Malgré la substantielle augmentation de la productivité agricole, depuis les années 1950, la pauvreté ne s’est pas réduite de manière conséquente. Elle affecte encore 37% des habitants. Aussi, l’importation des produits alimentaires a-t-elle désorganisé la production locale et rendu dépendantes ces populations. Il est recommandé dans ce rapport que les gouvernements interdisent la consommation et la culture d’OGM dans ces pays, afin d’éviter la contamination et de préserver leur diversité génétique. L’agriculture, dans son état actuel, devrait porter un coup sérieux à son développement, notamment à cause de la pollution par l’azote. Les bouleversements climatiques provoqueront probablement d’importants mouvements migratoires. D’ici 2020, le niveau de l’eau disponible par personne devrait avoisiner un tiers de ce qu’il était en 1950, voire moins. Sérieuse menace
1
En Afrique subsaharienne, l’agriculture représente 32% du PIB, alors que les pénuries en eau affectent près de 80% des terres agricoles. Cette situation constitue une sérieuse menace, dans la mesure où de nombreuses espèces et céréales, qui représentent une part très faible des échanges sur le plan mondial, représentent des aliments de base sur le plan local. Ce rapport est un labeur de trois ans de travail. Il a été réalisé grâce à la contribution importante de près de 400 scientifiques, de gouvernements des pays industrialisés, de pays en voie de développement, de représentants de la société civile et du secteur privé.
Publié par www.lesafriques.com, le 12/07/2011
2