Situation economique des pays de l uemoa

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Situation économique des pays de l’UEMOA Toujours des incertitudes sur la croissance La dernière réunion du conseil des ministres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), tenue le vendredi 1eroctobre à Ouagadougou, a fait écho des incertitudes qui planent sur la croissance économique de l'Union. Du coup, la prévision de 3% de croissance annoncée pour le Bénin devient hypothétique. Par Gnona AFANGBEDJI

Alors qu'au niveau mondial, les indicateurs signalent une légère reprise de la croissance économique, les ministres des Finances de l'UEMOA préfèrent quant à eux jouer la carte de la prudence. « Les perspectives de croissance pour les années 2010 et 2011 demeurent faibles et soumises à de fortes incertitudes », a indiqué le communiqué final issu de la réunion du conseil des ministres de l'Union, tenue le 1er octobre dernier à Ouagadougou. Ce faisant, les autorités expriment leur préoccupation sur la fragilité des économies de la sousrégion fortement secouée par la crise économique et financière internationale. Pourtant, elles pensaient avoir déjà fait le nécessaire pour que la région renoue avec le cycle de croissance des années avant les crises alimentaire, énergétique, économique et financière. En dehors des mesures d'urgence prises, individuellement par les pays pour relancer la production agricole et instaurer une rigueur dans la gestion des finances publiques, les institutions communautaires se sont également illustrées, notamment dans l'assouplissement de la politique monétaire à travers la baisse des taux de réserves obligatoires dans plusieurs Etats membres, l'injection suffisante de liquidités et la baisse des taux de réserve directeurs. L'action régionale a consisté également en l'appui aux trésors publics pour apurer les arriérés de paiement intérieurs, par un recours au marché des titres publics, et par l'octroi de ressources adossées à l'allocation générale effectuée par le Fonds monétaire international (FMI). Un montant global de 707 milliards FCFA a ainsi été mobilisé par les Etats membres.

Scénario improbable La vigilance dont les autorités font preuve aujourd'hui est surtout liée au risque du renchérissement du prix des produits alimentaires et énergétiques, en dépit d'une inflation globalement maîtrisée. Pourtant, il y a quelques mois, l'éclaircie semblait se dégager sur l'horizon économique régional au regard des indicateurs issus du dernier rapport de surveillance multilatérale de l'UEMOA, même si les conditions de réalisation d'une croissance économique forte et durable n'étaient pas encore réunies dans l'Union. Ce document tablait sur une relance de la production de l'ordre de 3,8% portée, d'une part, par l'activité minière en plein essor au Mali, au Burkina, au Sénégal et en Côte d'Ivoire et, d'autre part, par le secteur tertiaire et, enfin, à un moindre degré, par l'essor des bâtiments et


travaux publics. Le secteur primaire était annoncé moins performant qu'au cours des dernières années en rapport avec les effets des aléas climatiques dans certains pays de l'hinterland, notamment le Niger confronté déjà à des problèmes de pénurie des produits vivriers. Cette prévision n'avait pas pris en compte les inondations qui sévissent actuellement au Bénin et dans d'autres pays de la sous-région. Selon les statistiques officielles, plus de 21 000 hectares de cultures sont ravagées par les flots. La conséquence à court terme d'une telle catastrophe naturelle se traduit par la flambée des prix des produits alimentaires sur les marchés locaux.

Croissance à 3% Au Bénin, le rapport semestriel de surveillance multilatérale misait encore, à fin juin dernier, sur un taux de croissance de 3% en 2010. Cette évolution de la croissance serait soutenue par l'ensemble des secteurs. Ainsi, la croissance dans le secteur primaire s'établirait à 4,0% contre 2,2% en 2009, en liaison avec les mesures d'accompagnement adoptées par le gouvernement et portant notamment sur la distribution gratuite des intrants agricoles, la poursuite de la mécanisation des opérations agricoles et le développement des fermes semencières pour les variétés à haut rendement. Quant au secteur secondaire, il progresserait de 3,6% sous l'impulsion des activités de l'industrie manufacturière, des BTP et de la branche «Eau et énergie» qui progresseraient respectivement de 4,0%, 3,2% et 3,0%. Le regain d'activité dans l'ensemble du secteur serait soutenu par les réformes telles que l'accroissement des capacités de production de l'énergie électrique et la poursuite des travaux de construction d'infrastructures. L'évolution du secteur tertiaire résulterait de la poursuite du dynamisme des activités commerciales, des transports et des télécommunications. Le commerce enregistrerait une croissance de 2,9% à la faveur de l'accélération des réformes portuaires et de la reprise attendue des activités commerciales avec le Nigeria et les pays de l'hinterland. La branche «Transport et Télécommunications» progresserait de 3,4% en relation avec la relance du secteur ferroviaire et la construction d'un port sec à Parakou. Ces divers leviers de croissance n'ont toujours pas donné l'impulsion escomptée. Du coup, l'objectif de 3% de taux de croissance économique reste encore une énigme. A trois mois de la fin de l'année 2010, beaucoup d'inquiétudes subsistent quant à la possibilité des pays de la région, y compris le Bénin, d'atteindre le niveau de croissance attendu. Le conseil des ministres de l'UEMOA ne veut pas trancher tout de suite mais attend les derniers développements de l'actualité économique de la région pour se faire sa religion.

Tiré de La Nation N° 5091 du Mardi 5 octobre 2010


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