Mémoire, centralité et territoires Mémoire de diplôme de l’ESA Grade 2 Sous la direction de Jacques Pochoy
Du centre commercial ... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Olivier CAUDAL École Spéciale d’Architecture / Printemps 2014
Mémoire, centralité et territoires Mémoire de diplôme de l’ESA Grade 2 Sous la direction de Jacques Pochoy
Du centre commercial ... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Olivier CAUDAL École Spéciale d’Architecture / Printemps 2014
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Mémoire de diplôme de l’ESA Grade 2 Filière thématique de diplôme: Mémoire, Centralité et Territoires Date de soutenance: Octobre 2014
Membres du jury Directeur de diplôme : Jacques Pochoy / architecte, urbaniste, professeur à l’ESA Vice-Président du jury Enseignant ESA: Thérèse Delavault-Lecoq / architecte, urbaniste, professeur à l’ESA Professeur d’Université: Serge Wachter / professeur d’urbanisme ENSAPLV Personnalité extérieure 1: Albert Levy / architecte, urbaniste, chercheur à l’AUS Personnalité extérieure 2: Jean-Pierre Laute / Ingénieur Architecte DESA de - de 10 ans: Anne-Laure Hincker / architecte, DESA-HMNOP, doctorante
Olivier Caudal Étudiant en 5ème année à l’Ecole Spéciale d’Architecture Mail: olivier.a.caudal@gmail.com olivier.caudal@esa-paris.net Tel: +336.67.31.39.48 Portfolio: http://issuu.com/olivier.caudal/docs/portfolio_olivier_caudal
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Remerciements
J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidé et soutenu dans la réalisation de ce mémoire. En premier lieu, j’exprime ma gratitude à Jacques Pochoy (directeur de diplôme), Thérèse Delavault-Lecoq (Enseignante ESA) et Anne-Laure Hincker (architecte DESA moins de 10 ans). Grâce à leur suivi et leur soutien tout au long de cette année, ils m’ont guidé dans mon travail et m’ont aidé à trouver des solutions pour avancer. Je remercie également les membres de mon jury d’avoir accepté d’en faire partie, ainsi que toutes les personnes rencontrées lors des recherches que j’ai effectuées et qui ont répondu à mes questions avec gentillesse. Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à mes parents, mes grands-parents, Léa, Laurent, Guillaume, Pauline ainsi que tous mes camarades d’Atelier pour leur bonne humeur, leur soutien et leur convivialité.
Une pensée émue pour ma Grand-mère.
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Soleil Vert ?
«Soleil vert», film-prophétique réalisé par Richard Fleisher dans les années 70, nous dévoile un monde dépourvu d’humanité, où les Hommes sont désormais traités comme du bétail. L’action se déroule en 2022, dans une ville ultra-matérialiste à laquelle on ne peut échapper car toutes les villes sont semblables, et les campagnes réservées aux puissants. Le monde est dirigé par une seule entreprise: Soylent, géant de l’agro-alimentaire qui produit les pilules de synthèse sans goût appelées «soleil vert». Métaphore d’un progrès sans joie, ces pastilles censées être à base de plancton sont distribuées à la foule pour faire face à la famine due à la surpopulation et au manque de ressources naturelles. Mais, sans le savoir, le peuple se nourrit d’êtres humains... Les personnes âgées, lassées de vivre, se rendent d’elles même au Foyer, centre où un personnel en blouse blanche leur offre une mort douce, sur commande, avant de recycler leurs cadavres dans les usines Soylent. Richard Fleisher exprime parfaitement la peur de vivre dans un monde semblable à la mort1, et force est de constater que les rapprochements que l’on peut faire avec notre monde réel sont multiples. Dans une société basée sur le profit, les cités tendent à n’être composées que de personnes actives, des unités de production tout juste bonnes à être remplacées une fois devenues inutilisables. Les «nécessiteux» sont repoussés en dehors de la ville, et notamment les personnes âgées dépendantes, source de dépenses sans contrepartie. Ces personnes sont isolées de leur famille, arrachées de leur quartier, de leur territoire, pour 1. KRISHNAMURTI Jiddu, Se libérer du connu, édition Le Livre de Poche, 1995, 126 p.
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être placé dans des établissements médicalisés de plus en plus reculés, de véritables «machines à mourir», des produits finis mécaniques qui ne tiennent pas compte du contexte dans lequel ils sont implantés, et encore moins de ses occupants. Certes, les progrès en Médecine repoussent sans cesse les limites de la mort et permettent de vivre de plus en plus longtemps. Mais dans ces conditions, ils permettent surtout de mourir plus longtemps...
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SOMMAIRE Remerciements Soleil Vert ? C’est l’histoire... Introduction
p.3 p.4 p.6 p.8
2. Le Chesnay: richesse matérielle / pauvreté sociale
p.40
a. Homogénéité sociale et enclavement b. Des possibilités de rencontres inexistantes: la ville sectorisée c. Une situation qui rend amorphe
p.40 p.46 p.64
CHAPITRE I / Des Aînés laissés pour compte
p.13
1. Représentation de la vieillesse
p.14
CHAPITRE III / Intentions et outils pour le projet: lier, ralentir et habiter
p.65
a. La vieillesse vue par la société b. La dépendance chez les personnes âgées c. L’hébergement collectif des personnes âgées: une demande de plus en plus forte.
p.14 p.15 p.17
p.66
p.21
2. Isolement social et géographique des Aînés
a. Un isolement voulu: la tentation de l’entre-soi b. Un isolement subi: l’exclusion c. Les conséquences: pertes et liens entre les générations
p.21 p.22 p.23
CHAPITRE II / Le cas de Parly 2: temple moderne de la consommation
p.27
p.28
1.Présentation de la ville du Chesnay
a. Situation géographique b. Du village du Chesnay.. au projet de Parly 2 c. La copropriété de Parly 2
p.28 p.30 p.35
1. Se réapproprier la ville
a. Désenclavement et transformation du territoire automobile b. Créer des liens pédestres: des axes de promenade liants et structurants de la ville
p.66
p.85
2. Se réapproprier le quartier
p.75
a. Des pôles gérontologiques au cœur de la vie urbaine b. Urbaniser les limites du centre commercial
p.85 p.88
3. Se réapproprier le logement
p.94
a. L’habitat participatif b. Retrouver un caractère vernaculaire c. «50 hôpitaux d’une chambre»
p.94 p.95 p.97
Conclusion Références
p.99 p.102
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C‘est l ‘histoire...
...d’une grand-mère qui vivait paisiblement sa retraite à Parly 2. Elle y avait emménagé à la fin des années 70, attirée par cette fameuse ville nouvelle, dont les promoteurs vantaient une qualité de vie incomparable; le bonheur de vivre à l’ouest parisien, disaient-t-ils... Vivant à quelques blocs d’immeuble de son fils et de sa belle-fille, elle gardait son petit-fils quand les parents travaillaient tard ou étaient en déplacement.
Mais la grand-mère vieillissait: elle avait de plus en plus de difficulté à marcher, à sortir de chez elle et à accomplir les tâches quotidiennes. La rampe qu’il fallait grimper en sortant de son immeuble suffisait à la décourager, ne serait-ce que pour prendre l’air. La famille tenta de s’adapter... au début. Ils l’aidèrent à faire ses courses, à sortir, tentant de lui rendre la vie moins difficile. Rapidement les soucis de santé apparurent et s’enchaînèrent. Des allers-retours à l’hôpital, des consultations de spécialistes... La grand-mère devint de plus en plus dépendante. Sa famille ne pouvait plus assumer la charge. Ils engagèrent une auxiliaire de vie. Elle faisait les courses, l’aidait à sa toilette, la sortait... Elle était au près d’elle la moitié de la journée. Sa retraite ne lui suffisant pas à la payer, la famille lui venait en aide. La dépendance s’accentuait, Elle tombait fréquemment, ne pouvait plus se relever... Rester seule chez elle représentait un trop gros risque. L’appartement, la résidence... Son environnement n’était plus adapté pour elle. Le placement en établissement spécialisé devint inévitable.. Cependant, il n’y avait plus aucune place dans les établissements pour les dépendants dans la ville, ni même aux alentours.. La seule place disponible était à une quarantaine de kilomètres. Le loyer dans cet établissement coûtait une fortune. Arrachée à son appartement, à son quartier, à sa ville. Séparée de ses proches. En-
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fermée dans ce lieu lugubre, avec des gens dans la même détresse, elle commençait à perdre le fil du temps... La famille venait la voir le week-end mais ne restait pas bien longtemps. Le moral sombrait. Cette situation dura plus de trois ans. Elle mourait à petit feu. Son corps continuait à lutter, le mental lâchait. Elle perdait goût à la vie. Les médecins l’ont laissée partir. Elle aussi. Elle mourut seule, pendant son sommeil. Elle a vécu les trois dernières années de sa vie loin de tout, loin de tous, dans sa chambre aux allures d’hôpital, aux murs crépis jaunâtres.
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...d’un groupe d’adolescents qui grandissaient tranquillement à Parly 2. Ils passaient le plus clair de leur temps libre au skatepark de la ville, situé près de leur collège et du commissariat. Deux terrains de basket et quelques modules pour les sports de glisse. Plus de vingt jeunes s’y retrouvaient pour jouer au basket, faire du skate, mais aussi, discuter, draguer, rire, vivre. Rares sont ceux qui manquaient à l’appel. Un jour le skatepark ferma. Il semblait que ça soit pour des raisons de mise en conformité. Les mois passèrent, mais la grille restait fermée. Des rumeurs de parking circulaient... Pourtant un an plus tard, le skatepark rouvrit. Seuls les modules de glisse avaient changé; les mêmes mais en deux fois plus petit... Un mois plus tard, il referma. La cause: un graffiti sur un des modules. Dégradation de matériel, pouvait-on lire sur la grille d’entrée cadenassée. Seulement ce tag avait sûrement plus sa place d’être peint au skatepark qu'ailleurs. Il représentait un moyen de s’approprier ce lieu. Si les tagueurs ne peuvent plus taguer dans un lieu qui leur est «dédié», ils iront le faire sur l’église à côté. Les jeunes trouvaient cette décision démesurée. Et ça recommença, les mois passèrent et la grille restait toujours fermée. Un jour, un poteau fit son apparition. Un lampadaire? Pourrait-on rester plus tard le soir? Mais ce n’est pas une ampoule qui fut installée en haut de ce po-
teau, mais une caméra de sécurité... En plein milieu du skatepark. Pourtant beaucoup de choses auraient été bien plus utiles que l’installation de cette caméra... La priorité n’était pas à l’amélioration de l’accès pompier ou à la restauration des modules de jeu, mais à la surveillance. «Ils nous regarderont jouer!» se moquèrent les jeunes. Seulement les clefs furent directement confiées à la police. Elle fut nommée responsable de l’ouverture du skatepark, mais n’en respectait pas les horaires. Les jeunes harcelaient la mairie: «que la police passe et leur ouvre!» Quand ça leur chantaient, ils passaient. Sinon, tant pis. Les jeunes ont disparu.. Il ne reste plus qu’une grosse dalle de béton en plein milieu de la ville.
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Introduction
Ce sont les conditions dans lesquelles ma grand-mère a vécu les dernières années de sa vie qui m’ont poussé à aborder, dans le cadre de mon projet de fin d’études d’Architecture, le sujet de la prise en charge des personnes vieillissantes dans la ville du Chesnay. En effet, devenue trop dépendante pour rester chez elle, ma grand-mère a vécu les dernières années de sa vie en institution médicalisée, à une quarantaine de kilomètres de son domicile de Parly 2 et de ses 18 000 habitants, la plus vaste copropriété d’Europe, située sur la commune du Chesnay, dans le département des Yvelines. Le cauchemar, pour elle et toute la famille, a duré quatre ans. Cette étape du vieillissement est en effet une double expérience: un jour on l’accompagne et l’autre on la vit. C’est une expérience qui peut s’avérer très douloureuse à la fois pour la personne âgée mais aussi pour les accompagnants, la famille en premier lieu mais aussi tous les intervenants du secteur gérontologique.
La problématique urgente de la dépendance En France, environ 700 000 personnes vivent en institution, dans des maisons de retraite, des foyers-logements ou des services hospitaliers d’unité de soins de long séjour. L’âge moyen y est de 85 ans et 300 000 d’entre elles souffrent d’une dépendance lourde. C’est là que se situe le réel problème: une demande en soin qui nécessite beaucoup de moyens humains et financiers et qui ne va pas cesser de croître: la popu-
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lation française des 75 ans et plus sera multipliée par 2,5 en 2040, pour atteindre plus de 10 millions de personnes. La proportion entre actifs et retraités sera unique dans l’histoire de l’Humanité: de plus en plus de personnes avec un besoin d’assistance et beaucoup moins d’assistants. Ce vieillissement rapide de la population nous pousse à nous interroger sur la place qu’occupent les personnes âgées dans une société basée sur le profit. Les institutions publiques, bases d’une société qui se veut civilisée, ont longtemps été garantes d’une solidarité envers chacun, notamment envers les personnes vieillissantes. Seulement voilà, l’État providence est en crise, notre système social au bord du gouffre: plus personne ne veut payer pour «l’autre»: aussi bien le riche que le pauvre, le bien portant que le malade, l’actif que le retraité. C’est l’ère du repli sur soi: les gens se regroupent entre eux, volontairement ou de manière subie, selon des critères sociaux, communautaires, identitaires, sécuritaires... Les mutuelles privées prennent peu à peu le pas sur la sécurité sociale, l’école publique s’affaiblit, la prise en charge de la dépendance est laissée entre les mains de groupes privés... La politique du «champ de betterave», ou la recherche d’un foncier toujours moins cher, repousse les établissements médicalisés d’accueil des personnes âgés toujours plus loin. Elles se retrouvent isolées de leur famille, arrachées de leur quartier et du territoire où elles ont vécus. Cet isolement favorise la dépression et l’apparition de différents troubles psychiatriques.
Dans ce contexte, le facteur économique -qui, nous le verrons, est pourtant très mal apprécié- tend fortement à l’emporter sur l’éthique...
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L’état sauvage, le chacun pour soi, l’emporte sur la citoyenneté1, le vivre ensemble. Nous sommes dans une position très dangereuse où l’argent peut facilement devenir le critère régissant le choix de qui a le droit de vivre. Il nous faut adopter une toute autre attitude face au vieillissement, libre de tout préjugé financier et social. C’est pourquoi je souhaite m’interroger sur le sens du vieillir dans notre société.
Richesse matérielle / pauvreté sociale Pourquoi, dans une «ville» à l’apparence si «riche» comme celle du Chesnay, une grand-mère n’a t-elle pas pu vivre la fin de sa vie auprès des siens? Est-ce à cela que l’on aspire en vieillissant? Seul le consommateur a le droit de cité au sein de cette copropriété de Parly 2, produit urbanistique reproductible et standardisé livré clé en main et articulé autour d’un énorme centre commercial régional du même nom. Cet ensemble immobilier et commercial a privatisé les 3/4 du territoire du Chesnay. Des piscines, des tennis, des boutiques de luxe... Ce concept, largement diffusé, qui était censé offrir un nouveau style de vie répondant aux espérances de l’Homme moderne - la villégiature urbaine enfin accessible aux classes moyennes aisées grâce à l’essor de l’automobile - est à l’image de notre société actuelle de «consummation». Comme l’écrit Jean-Christophe Rufin2, «plus la ville est douce et plus elle offre au consommateur une palette de possibilités, moins elle exige de lui d’atten-
1. Centre national de ressources sur les questions de civisme, définition de la citoyenneté: le fait pour une personne d’être reconnue comme membre d’une cité en nourrissant un projet commun auquel elle souhaite prendre une part active. http:// www.cidem.org/index.php?page=qui, consulté le 19/06/2013. 2. RUFIN Jean-Christophe, La ville doit forger des solidarités contre l’hyperindividualisme, entretien, Le Monde Hors-série, L’atlas des villes, 2013, pp 178-181.
tions et d’efforts. Un hyperindividualisme se développe, l’individu mène une vie hédoniste lui permettant de satisfaire tous ces désirs et besoins aux dépens du groupe et se préoccupe peu de l’espace commun. La solidarité, quant à elle, est reléguée aux institutions». Mais quand le rôle même des institutions est remis en cause... Au même titre que l’on peut être pauvre autrement3, c’est-à-dire pauvre matériellement mais riche culturellement, sujet sur lequel a travaillé mon camarade Laurent Taelman, à travers son mémoire de diplôme «Métamorphose de la pauvreté», n’est il pas possible d’être riche autrement ?
Escalade de la violence =
Sentiment d’exlusion +
Peur de l’inconnu
La tentation de l’entre-soi et l’exclusion conduisent à la violence sociale La ville du Chesnay affiche une volonté de se «protéger» de l’extérieur. Les transports publics sont volontairement peu développés et il n’y a pas d’équipements publics qui seraient susceptibles d’attirer une population qui ne rentre pas dans le schéma de consommation frénétique. L’enclavement de zones urbaines telles que Parly 2, en favorisant l’exclusion sociale, entraine un rapport agressif entre les gens. Cela se traduit 3. TAELMAN Laurent, Métamorphose de la pauvreté, mémoire de fin d’études d’Architeture, Ecole Speciale d’Architecture, Septembre 2013.
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par une escalade de la violence, qui n’a rien à voir avec la richesse ou la pauvreté, mais avec un comportement social. L’un développe un sentiment d’insécurité lié à la peur de «l’autre» inconnu, étranger, et «l’autre», se sentant rejeté devient agressif. Les projets en cours pour le développement de la ville ne pourraient qu’aggraver la situation. Le gérant Unibail-Rodamco prévoit d’étendre les 70 000 m2 de surfaces commerciales existantes de Parly 2 et veut se tourner essentiellement vers le secteur du haut de gamme. Un projet de 14 000 m2 supplémentaires est déjà lancé tandis qu’un autre de plus de 5000 m2 est bloqué: la mairie de Versailles, commune limitrophe du Chesnay, tente pour l’instant de contenir et de limiter ces projets de commerce de masse, qui signeraient l’arrêt de mort des petits commerces de proximité. Ce projet, vision mercantile à court terme, perpétue un modèle de centres commerciaux obsolètes alors même que ces derniers cherchent à se réinventer en se diversifiant. Cette proposition ne s’inscrit pas dans une logique de développement durable de la ville et renforcerait l’exclusion sociale.
La vie devient un produit de consommation Comme nous l’explique Thierry Paquot, «notre société minutée, et bien souvent chronophage, qui vise à aller toujours plus vite, se désynchronise de la chronobiologie, propre aux mondes vivants, et donc aux humains». Nous sommes dans une logique du toujours plus et plus vite au détriment du toujours mieux. La notion «d’artisan» (celui qui met son art au service d’autrui) disparaît; où est passé l’odeur du pain chaud sortant du four de la boulangerie? Où est passé le spectacle vivant, toute la convivialité, la richesse culturelle et sociale qu’il véhicule? La musique,
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l’audiovisuel en général, est devenu téléchargeable instantanément et jetable sitôt consommé. N’avons nous pas perdu quelque chose en chemin? Il est urgent de ralentir. La ville, devenue elle-même un produit de consommation, s’est aseptisée et a perdu de sa sensualité. Seul le produit fini et bien emballé nous est montré. Les processus de fabrication et de destruction sont complètement cachés, à l’image de la vie: la naissance et plus particulièrement le vieillissement humain sont devenus tabous ; ils sont des étapes de l’existence qui ne trouvent pas leur place dans ce schéma et sont dénués de sens dans ce temple moderne de la consommation.
Loger, consommer... mais habiter4 ? En ne gardant que les actifs consommateurs et en excluant le «reste», le lien entre les générations est rompu et la ville ne témoigne plus du temps des êtres humains qui l’ont habitée. Nous nous retrouvons avec d’un côté la ville-produit, homogène, simplificatrice, et de l’autre avec la ville-musée, patrimoine que nous tentons désespérément de préserver alors que finalement la vieille pierre finit par ne plus rien raconter... La ville ne gagne pas en épaisseur et en complexité ; elle ne se réinvente plus. Au contraire, la ville qui se reconstruit sur elle-même, la ville palimpseste5, grâce aux traces laissées par les différentes générations qui y ont vécu et qui s’entremêlent, permet de créer chez ses habitants un senti-
4. LUSSAULT Michel, PAQUOT Thierry, CHRIS Younès (dir.), Habiter, le propre de l’Humain, ville, territoires et philosophies, éditions La Découverte, Mai 2007, 380 p. 5. MONGIN Olivier, La condition urbaine, la ville à l’heure de la mondialisation, Le Seuil, 2005 ; rééd. coll. poche Points Seuil, 2007, p.50
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ment d’appartenance à un ensemble plutôt qu’à sa propre condition. Le destin d’un individu est intimement lié à celui de l’autre, et ce sont ces âges successifs qui rendent la vie et la ville intéressantes et attractives.
Redonner du sens à la ville en redonnant du sens à la vieillesse Si l’on veut revaloriser la place des personnes vieillissantes dans la société, il nous faut bien comprendre les multiples étapes et facettes que peut revêtir le processus du vieillissement. Michel Philibert6, philosophe français, connu notamment pour ses travaux en gérontologie, nous rappelle que la mort peut nous surprendre à chaque instant depuis notre vie intra-utérine. Vieillir, ce n’est donc pas se rapprocher chaque jour de la mort, mais la reculer. Le vieillissement peut être considéré comme un phénomène heureux, à ne pas confondre avec les effets négatifs du vieillissement. Il faut retisser les liens entre les différentes séquences de la vie et comprendre que la solidarité intergénérationnelle ne fonctionne pas seulement dans le sens de l’aide en faveur des aînés. Beaucoup de personnes âgées, actives et disponibles, souhaiteraient pouvoir prendre davantage part à la vie de la société. Cela ne se traduit pas seulement en associant une maison de retraite avec une crèche, mais en remettant en évidence l’apport que nos aînés pourraient avoir pour la société. L’exclusion et la ghettoïsation des dépendants et en particulier des personnes du 4ème âge vont à l’encontre de cette idée et participent au déséquilibre de la société, 6. PHILIBERT Michel, Les échelles d’âge dans la philosophie, la science et la société. De leur renversement et des conditions de leur redressement, Le Seuil, Paris, 1968, 419 p.
socialement et même économiquement. Le maintien d’un rôle au sein de la communauté, d’une activité quotidienne et de responsabilités ne sont-ils pas le premier remède, avant les médicaments et les centres de soin, contre l’apparition des troubles mentaux et dépressifs? Revaloriser la notion de doyen, avec toute la sagesse, la mémoire, le savoir-faire qu’il représente est un challenge qu’il nous est primordial de relever. Au delà du contexte économique et social actuel, l’affaiblissement des croyances spirituelles et religieuses ainsi que la médicalisation de la mort ont entraîné la disparition de divers rites funéraires ; ces systèmes symboliques permettaient à l’ensemble de la communauté d’affronter l’angoisse liée à la mort, d’apporter un sens à l’existence de l’Humanité, au delà de la condition humaine individuelle. Se préoccuper des personnes vieillissantes, les aider à accomplir le passage vers un au-delà et apprendre à vivre au travers de leur mémoire, c’est se préoccuper de l’autre et non pas que de sa propre existence. Cela crée une forme de bienveillance et de solidarités naturelles envers les uns et les autres.
Recréer des solidarités par le dialogue: caractéristique de l’urbain. Luc Ferry écrit « Aux transcendances de jadis – celle de Dieu, de la patrie ou de la révolution – nous n’avons nullement substitué l’immanence radicale, le renoncement au sacré en même temps qu’au sacrifice, mais bien plutôt des formes nouvelles de transcendance, des transcendances ‘horizontales’ et non plus verticales, si l’on veut : enracinées dans l’humain et non plus dans des entités extérieures et supé-
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rieures à lui. »7. Il parait en effet évident qu’il faut reforger des solidarités, plus «horizontales», entre humains. Force est de constater que plus les temps sont durs, plus des formes de solidarités collectives apparaissent spontanément. Mais pour que celles-ci se concrétisent, les gens doivent pouvoir se rencontrer, échanger, dialoguer pour créer des possibles. C’est justement ce dialogue entre les gens qui constitue la ville8, l’urbanité9 . Qu’est-ce que l’urbanité? Urbanitas signifie en latin «vivre à Rome», la ville cosmopolite par excellence, par oppostion au monde sauvage. Mais c’’est en Mésopotamie, dans la région de Sumer (actuel Irak) qu’est apparue la première trace d’une civilisation dite «urbaine», vers 4000 avant J-C. Ce sont en effet les communautés sumériennes qui, à travers l’essor de l’agriculture et des progrès techniques, vont progressivement développer un réseau d’échange et de relations sur un vaste territoire. Ceci va considérablement modifier le rapport entre les hommes et leur manière d’aménager le territoire. Des centres administratifs, politiques, et commerciaux se forment à la croisée des routes commerciales : le centre décisionnel se détache du centre de production. Le mode de vie villageois simple, défini par une agglomération restreinte de personnes et dont l’activité est essentiellement agricole, va laisser place au mode de vie «urbain». La ville est née, l’espace public se dessine: l’homme y est amené à rencontrer des gens qui ne sont pas ses semblables et à échanger avec eux, à dialoguer pour établir des règles de vivre-ensemble. L’écriture, la comptabilité se développe... L’Homme est créatif. 7. FERRY Luc, Qu’est-ce qu’une vie réussie?, 2002, Paris, Grasset p. 447 8. VILLE, n.f: Agglomération relativement importante et dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées. Administrativement, une ville compte au moins 2000 habitants agglomérés. 9. URBANITÉ n.f : caractère urbain, de la ville (opposé à ruralité). 2. Politesse, manières où entrent beaucoup d’affabilité naturelle et d’usage du monde.
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Nous dresserons dans un premier temps un état des lieux de la situation actuelle des personnes vieillissantes et des véritables enjeux liés à la dépendance. Nous verrons ensuite en quoi la ville du Chesnay, à travers un espace public éclaté au sein d’un territoire automobile, n’est pas un espace «urbain»; en dépit de réels potentiels, il ne permet pas à chacun, et en particulier aux personnes âgées en difficulté, d’avoir le droit de cité. Pour le rétablir, nous verrons qu’il est nécessaire de venir habiter le centre commercial Parly 2, à bout de souffle, mais qui reste un centre important de la vie sociale au Chesnay, afin qu’il devienne un véritable centre urbain. Enfin nous étudierons, sur la base d’exemples concrets, les outils urbanistiques et architecturaux sur lesquels nous nous appuierons pour développer un projet. Celui-ci s’inscrit dans une contre-proposition au projet d’extension et de rénovation du centre commercial, afin de rendre cet espace plus pédestre, accessible, inattendu et convivial: habitable.
La vraie richesse ne serait-elle pas de savoir vivre ensemble dans un monde où la vieillesse est reconnue et acceptable ?
CHAPITRE I
Des aînés laissés pour compte
Photographie extraite du livre Le Chesnay 2000 retouchée par l’auteur
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1. Représentation de la vieillesse
1.a. La vieillesse vue par la société Un droit à la retraite à été instauré en France, notamment par la création de l’assurance vieillesse qui sera rattachée en 1945 à la Sécurité Sociale. Cela a institutionnalisé une nouvelle catégorie sociale, celle des retraités. L’âge légal du départ à la retraite est fixé aux alentours de 65 ans, limite qui varie selon les cas. Cette conception de la retraite, qui représentait un «droit de repos» à la base, semble maintenant conduire à une notion illégitime du travail et d’exclusion du retraité de la vie économique et sociale1. Notre société a «daté» la vieillesse2 afin de créer une marge temporelle permettant d’anticiper la mort. C’est-à-dire que la retraite représentait l’étape de la fin de vie d’une personne, entre le monde de la vie active et le monde des morts, où le «vieillard» trouvait sa place. Mais la retraite semble aujourd’hui se placer bien trop tôt dans la vie par rapport à la mort. L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) utilisait toujours au début des années 2000 cette catégorie pour définir les «personnes âgées»3. Avec les progrès en matière de longévité, on a tendance à différencier le 3ème âge - ou senior - (65-89 ans) avec le 4ème âge (plus de 90 ans), voir du 5ème âge (plus de 100 ans). En effet, si les progrès de la médecine continuent d’accroître l’espé1. CARADEC Vincent, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, édition Nathan, 2001. 2. CHAUVIN Daniel, DURAND Gilbert, L’imaginaire des âges de la vie, édition ELLUG, Grenoble, 1996, 322 p. 3. KERHUEL Nicole, Vieillissement et habitat, rapport final du ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, 2001, 140 p.
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rance de vie, nous pouvons imaginer qu’il sera possible de vivre jusqu’à 110 voir 150 ans à l’avenir (le nombre de centenaires dans le monde est passé d’une vingtaine de milliers en 1950, à près d’un demi-million en 20104). Donc administrativement et socialement, une personne est encore considérée comme «âgée» à partir de 65 ans. Les différentes institutions, alternatives au maintien à domicile sur lesquelles nous reviendront plus en détail, n’acceptent en général personne en dessous de cet âge. Que ce soit dans les esprits ou dans les institutions, l’attitude à l’égard de la vieillesse va plus précisément se façonner avec le degré de dépendance de la personne, c’est-à-dire le besoin d’une personne de faire appel à une aide extérieure pour effectuer les actes de la vie courante : se laver, s’habiller, s’alimenter, se déplacer, etc. Administrativement, c’est la grille AGGIR (Autonomie, Gérontologie Groupe Iso Ressources) qui permet d’évaluer à un médecin le degré de dépendance. Elle détermine par une série de questions la perte d’autonomie d’une personne e tson appartenance à un des 6 groupes de la nomenclature, de GIR 1 (le plus lourd) à GIR 6. L’aide financière de l’état accordée à une personne âgée, l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), est ensuite calculée en fonction de son GIR et du montant de sa retraite ainsi que celle du conjoint si la personne est mariée. C’est la direction de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Santé du département de la personne qui définit le montant nécessaire aux besoins de la personne (aide humaine quotidienne, téléalarme, matériel pour incontinence etc.) et l’allocation à laquelle elle a droit. (voir le détail du plan d’aide en annexe). Son montant varie entre 10% pour 4.KANNISTO Väinö, les centenaires dans le monde, Population n°45, avril 1990, p.423-426.
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les plus aisés à la prise en charge de la totalité du montant des besoins mensuels évalués pour des pensions de retraite mensuelles inférieures à 712 euros. La notion de «personne âgée» est donc extrêmement réductrice tant le processus de la vieillesse est complexe. Tenter de «catégoriser» ce
processus d’un point de vue purement chronologique n’est pas possible. Le degré de dépendance n’est pas nécessairement lié à l’âge même si la perte d’autonomie s’accentue naturellement chez les personnes d’un grand âge. L’exclusion sociale commence à partir de la retraite et s’accentue jusqu’à la mort de la personne. C’est pourquoi les réponses concernant la problématique du vieillissement doivent être multiples et prendre en compte le degré de dépendance (physique et intellectuelle) de la personne, principal facteur du processus de vieillissement. Selon les études de l’INSEE, la tranche d’âge des plus de 65 ans représente en 2013 17.5% de la population française, soit 11.5 millions de personnes. Quasiment la moitié d’entre elles, soit un peu moins de 6 millions et 9% de la population totale, ont 75 ans et plus. La projection de l’évolution de la population française en 2050 (voir tableau à gauche) nous montre que le pourcentage des 65 ans et plus va augmenter considérablement (26.2 %) alors que le nombre «d’actifs» (20- 65 ans) tend à diminuer (58% en 2013 contre 51.9% en 2050).
1.b. La dépendance chez les personnes âgées L’INSEE a publié une étude sur la dépendance chez les personnes âgées (65 ans et plus) et réalisé une projection de son évolution pour 20405. La dépendance lourde correspond aux GIR 1 et 2 (personne confinée au lit et/ou ayant perdu l’autonomie mentale); la dépendance moyenne aux GIR 3 et 4 et la non-dépendance aux GIR 5 et 6 (personnes 5. DUÉE Michel, REBILLARD Cyril, La dépendance des personnes âgées: une projection en 2040, INSEE, santé et protection sociale, 2006, 7 p.
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complètement autonomes ou nécessitant d’une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et/ou le ménage). 1,2 millions de personnes seront dépendantes en 2040 contre 800 000 aujourd’hui. Les différentes études montrent que la quasi-totalité des personnes de plus de 65 ans souhaiterait rester à leur domicile6 jusqu’à leur dernier souffle. Mais la dépendance peut devenir trop forte, le domicile ainsi que l’environnement immédiat ne permettent plus à une personne d’assurer les gestes de la vie quotidienne et de garantir sa sécurité et une bonne hygiène. Quelles sont alors les alternatives possibles? Avant, la famille prenait en charge de manière informelle cette dépendance. Mais avec l’évolution des modes de vie et l’éclatement de la cellule familiale, cette responsabilité tend à être endossée par la collectivité. Les hospices et les premières maisons de retraites n’accueillaient que les personnes vieillissantes les plus esseulées et les plus pauvres. Alors qu’aujourd’hui, nous traitons la dépendance de manière plus globale au travers de trois solutions complémentaires: les aides au maintien à domicile, un habitat plus adapté et enfin les institutions7 (Le terme institution désigne une structure d’origine légale, faite d’un ensemble de règles tourné vers une fin, qui participe à l’organisation de la société ou de l’État8). C’est cette troisième solution s’adressant aux plus dépendants qui est au cœur de la problématique du vieillissement de la population. En effet, les différents scénarios envisagés au travers de ces études démontrent toutes que la demande en établissements collectifs permettant de prendre en charge la lourde dépendance va croître fortement, malgré des efforts en faveur du maintien à domicile. Or, ces établissements coûtent très cher au niveau
6. Sondage Sofres réalisé en 2005 pour la Fédération Hospitalière de France. 7. DEHAN Philippe, L’habitat des personnes âgées: du logement adapté aux Ehpad, USLD et unités Alzheimer, Le Moniteur, 2007. 8. INSTITUTION, définition du dictionnaire Larousse.
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de leur fonctionnement (coût d’exploitation) et c’est le secteur privé qui semble investir le plus dans la prise en charge de la dépendance, qui représente un marché estimé très juteux. Le tableau à droite démontre que l’entourage familial (et en particulier le conjoint), qui constitue les aidants primaires informels, est un facteur extrêmement important dans le choix de vivre en institution. Plus globalement, 65% des personnes dépendantes (GIR 1 à 4) restent à leur domicile (le GIR 1 ne sont plus 10% dans cette situation). La moyenne d’âge d’entrée en institution en 2006 est de 85 ans. Quasiment 30 % des personnes de plus de 85 ans vivent en institution.
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1.c. L’hébergement collectif des personnes âgées (9) Pendant plusieurs siècles en France, un vaste réseau d’hospices permettaient d’accueillir les nécessiteux et en particulier les «vieillards», quand ils étaient très pauvres et esseulés. C’était une manière «d’enfermer» dans une institution une population jugée indésirable par la société. La loi du 7 août 1851 fait la distinction entre l’hôpital réservé aux malades et l’hospice, qui regroupe les nécessiteux10, les vieux et les infirmes. Après la première guerre mondiale, des personnes vieillissantes de catégorie plus aisée commencent à envisager l’hospice pour finir leur vieux jours: des aménagements et des règlements commencent à apparaître. Par exemple, certains hospices demandent aux résidents de leur céder la quasi-totalité de leur retraite et proposent des chambres individuelles avec la possibilité d’apporter du mobilier. La politique hygiéniste du début du XXème siècle va imposer des normes sanitaires et médicales au sein des hospices. En 1958, le Code de la Santé fait la distinction entre les hospices, qui hébergent vieillards, infirmes et incurables, et les maisons de cure médicale, qui hébergent les personnes âgées dont l’état requiert une surveillance médicale et des soins permanents. Le modèle de l’hospice est vivement critiqué, notamment au travers du rapport Laroque11: ce texte de 1962, faisant le constat sur la situation des personnes vieil9. ARGOUD Dominique, L’habitat et la gérontologie: deux cultures en voie de rapprochement?, rapport PUCA pour le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire et le Ministère du Logement et de la Ville , 2008, 137 p. 11. LAROQUE Pierre, Rapport de la Commission d’étude des problèmes de la vieillesse, 1962.
lissantes en France, dénonce la concentration excessive des personnes âgées, logées avec les infirmes et les indigents dans de vastes salles communes dans des conditions sanitaires précaires et montre la nécessité d’humaniser et de moderniser les établissements d’hébergement pour la vieillesse. Ce rapport va promouvoir une politique gérontologique basée sur le maintien à domicile des seniors ainsi que sur une offre en hébergement collectif réservée aux plus dépendants. Il parait alors nécessaire pour la collectivité d’apporter une prise en charge spécialisée et indépendante de l’hospice ou de l’hôpital. Des maisons de retraite publiques et des foyers-logements ouvrent leur porte à la fin des année 50. Ces derniers sont destinés aux personnes âgées indépendantes, qui peuvent louer de véritables logements articulés autour de quelques services collectifs. La maison de retraite publique offre une prise en charge plus collective, avec des chambres d’une quinzaine de mètres carrés généralement sans sanitaire privatif et propose plus de service, notamment au niveau de la restauration. En 1980, le ministère de la santé organise un concours d’architecture afin d’établir un modèle de construction standardisé des établissements liés à la vieillesse afin de baisser les coûts de production. Il en résultera, d’une part, le programme de maison de retraite baptisé MAPA et MAPAD (Maison d’Accueil pour Personne Âgée Dépendante): leur capacité ne doit pas excéder 80 places. Les chambres sont individuelles, ont une superficie de 16 mètres carrés minimum et comportent une salle d’eau avec des toilettes. D’autre part, des Unités de séjour de longue durée (USLD) vont apparaître dans les hôpitaux. Devant les nombreux types de structures et statuts que représente le terme «maison de retraite», les pouvoirs publics décident en 1997 d’uniformiser les différents établissements sous un nouveau statut,
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l’EHPAD: l’établissement d’Hébergement pour personne âgée dépendante.
3 catégories d’institutions aujourd’hui Le logement-foyer ou Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées (EHPA): c’est une alternative entre le domicile et la maison de retraite médicalisée. Les personnes doivent être indépendantes (GIR 5 et 6) et louent des appartements individuels (studio ou salon+chambre) au sein d’un cadre sécurisant, avec des locaux communs et des services collectifs (restauration, blanchisserie et animations). Le personnel n’est pas apte à prodiguer des soins médicaux aux résidents (certains disposent d’un service qui coordonne les besoins au niveau de la santé). Les résidents restent libres d’aller et venir.
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L’Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD): c’est la forme d’institution pour les personnes âgées la plus répandue en France. Ces établissements peuvent accueillir des personnes dépendantes à très lourdement dépendantes (GIR 1 à 4); ils doivent avoir des équipements adaptés et un personnel médical et paramédical dont le nombre est fixé selon la capacité d’accueil de l’établissement et par négociation en convention tripartite (EHPAD-Conseil Général-Assurance Maladie) après calcul de la prise en charge moyenne par résident. L’ Unité de soins de Longue Durée (USLD): c’est une structure le plus souvent rattachée à une établissement hospitalier destinée à accueillir les personnes âgées très dépendantes nécessitant d’une surveillance et des traitements médicaux constants.
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le secteur privé qui investit le plus dans la prise en charge de la dépendance avec 309 EHPAD privés à but lucratif en Ile-de-France contre 135 publics. A l’inverse, les EHPA restent très majoritairement publics.
La dépendance, un marché juteux
La plupart des EHPAD et logements-foyer proposent un mode d’hébergement temporaire pour une personne âgée qui doit faire face à des difficultés passagères telles que l’absence momentanée de la famille, l’isolement ou la convalescence.
L’offre en EHPA et en EHPAD Les différentes enquêtes menées par la DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales) indiquent qu’il existe une forte disparité régionale, et même départementale, au niveau de l’offre en EHPA ainsi qu’en EHPAD. Il y a 89 places en EHPAD en France pour 1000 personnes de 75 ans et plus, alors qu’il est de 79 places en Ile-deFrance et 34 places à Paris. L’offre en EHPA est au contraire plus importante au niveau de la capitale, avec 43 places pour 1000 personnes de 75 ans et plus contre 39 pour la moyenne nationale. Les EHPA et EHPAD peuvent être publics, privés à but non lucratif ou privés à but lucratif. Les tableaux ci-après nous renseignent sur la répartition de l’offre en EHPA et en EHPAD dans la région Ile-de-France entre le secteur privé et le secteur public et nous montrent bien que c’est
L’offre en terme de prise en charge de la dépendance est donc essentiellement privée. La structure publique qui serait capable de financer des établissements médicalisés publics est bien trop faible et il n’y a pas de véritable prise en charge par la solidarité nationale. Mais alors qui sont les responsables? Qui sont les décideurs? Qui supporte quel coût? Les acteurs économiques sont: d’un côté, le propriétaire de l’établissement (qui peut être aussi l’exploitant) qui finance l’étude et la construction du projet , et de l’autre, l’exploitant de l’établissement, la personne hébergée en difficulté, la famille, la structure médicale et l’État (à travers la sécurité sociale pour le remboursement des soins médicaux ou les différentes aides sociales comme l’APA) qui vont être les acteurs du financement de l’exploitation de l’établissement. Dès lors que les décideurs cherchent à minimiser leur investissement de départ (étude et construction du projet) afin d’en tirer un maximum de profits au détriment de la qualité architecturale et urbanistique du projet, cela va avoir un impact sur le bon fonctionnement de l’établissement. La politique dite du «champ de betterave», qui consiste à s’éloigner des lieux de vie à la recherche d’un foncier toujours moins cher, va entrainer un isolement géographique et social à la fois pour le patient (solitude et perte de repère qui favorisent l’apparition de troubles psychiques), pour les accompagnants, qu’ils soient informels comme la famille (éloignement avec un être cher), ou bien formels comme le personnel lié à la structure gérontologique (éloignement du lieu de travail), mais
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aussi pour toute la structure médicale dans sa globalité (éloignement avec les hôpitaux et les autres services gérontologiques). La pauvreté de la conception de l’édifice due au manque d’études architecturales et d’urbanisme, d’emploi de matériaux de mauvaise qualité et d’espaces réduits au minimum et agencés dans un souci de rentabilité (par exemple, le plan panoptique de certaines maisons de retraite afin qu’un minimum de personnels puissent s’occuper d’un maximum de patients) va renforcer le mal-être chez la personne, mais aussi chez le personnel (mal-être sur le lieu de travail pour un métier qui est déjà très éprouvant moralement et physiquement) et empêche le bon fonctionnement de la Schéma du système économique •Propriétaire •Constructeur •Patient •Exploitant
•Famille
structure médicale. Toutes ces notions vont induire des coûts d’exploitation supplémentaires au niveau de l’établissement, qui vont eux-même se répercuter par des frais supplémentaires pour les patients (loyer plus élevé), pour les accompagnants, qu’ils soient informels, comme la famille (coût de transports, aide aux frais médicaux et d’hébergement) ou formels comme le personnel soignant (coût de transport pour se rendre au lieu de travail) ainsi que pour l’État (coût des transports en ambulance lors des passages à l’hôpital des patients, frais de sécurité sociale pour le remboursement des médicaments liés aux maladies psychiques favorisés par l’isolement social).
Le problème se trouve dans le fait que les décideurs qui sont à l’origine du projet n’ont pas à supporter les coûts d’exploitation et les frais supplémentaires induits par leurs choix initiaux dictés par la seule notion de profits immédiats, alors que paradoxalement le coût de construction d’un établissement médicalisé est un grain de sable par rapport à son coût de fonctionnement.
•Structure médicale •Personnels (transport) •État (subvention)
•État (sécurité sociale)
Coût de construction (fixe)
Coût
Frais
d'exploitation
supplémen-
(variable)
taires
Schéma réalisé par l'auteur
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Nous sommes dans une logique de pur marché: la somme des rentabilités vues par chacun n’est pas égale à la rentabilité globale de l’opération. La collectivité délaisse la prise en charge de la dépendance au secteur privé alors qu’elle continue à en assumer financièrement les conséquences induites par des choix qu’elle ne contrôle pas! Et puisque c’est le secteur privé qui détient l’offre, il risque de ne satisfaire que la demande solvable, c’est-à-dire seulement celle de ceux qui en ont les moyens. En france, les principaux groupes privés spécialisés dans la prise en charge de la dépendance tournent avec des objectifs de marge de 20%. Nous sommes dans une offre purement hôtelière et dans une logique de profit.
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Conserver un «chez soi»?
gique exclusivement dédié implique.
La stratégie de l’État est de repousser au plus tard l’entrée des aînés en établissement médicalisé en améliorant les conditions en faveur d’un maintien à domicile. De nombreux progrès sont faits dans ce sens: services à la personne, télésurveillance, télémédecine, services locaux de renseignement gérontologique12... Il existe de nombreuses expériences concluantes, en France ou à l’étranger, d’habitats alternatifs pour les personnes âgées, favorisant l’intergénération ou la socialisation des occupants: les foyers-soleil, les collocations entre jeunes et seniors, des résidences à surveillance partagée...
Nous verrons en chapitre 3 des exemples de résidences avec services innovantes, implantées au coeur de la vie active (aussi bien dans les grandes villes que dans les villages de campagne) et fonctionnant avec un pôle gérontologique au rayon d’action élargi. Ce dernier n’est plus considéré comme une entité fermée: il participe à la fois à la prévention de la perte d’autonomie (le maintien à domicile) et à la prise en charge de la dépendance.
Mais il arrive inéluctablement un stade où la grande dépendance nécéssite un autre type de prise en charge beaucoup plus médicalisée. L’offre actuelle s’apparente à une hospitalisation, au mieux améliorée. Il n’y a pas de transition, nous passons du «chez soi», à une «chambre» isolée. Que la personne soit riche ou pauvre, cela reste un mouroir: elle a perdu son environnement social, les valeurs affectives liées à son domicile, ses proches et bien souvent son conjoint.
2. Isolement social et géographique de nos aînés
Certaines résidences permettent notamment à des couples qui ne sont pas au même stade de vieillissement, de continuer à vivre ensemble dans un véritable logement, leur permettant de garder une certaine autonomie tout en bénéficiant de services à la personne et de soins médicaux. Cette offre n’est cependant réservée qu’à une clientèle extrêmement aisée au vu des charges considérables qu’un pôle gérontolo-
1. Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC): Ce sont des lieux d’accueil de proximité destinés à fournir aux personnes âgées et à leurs familles information, conseil et orientation. On en dénombre 451 sur le territoire français en 2004., clic-info.personnes-agees.gouv.fr, consulté le 20/09/13.
2.a Un isolement voulu: la tentation de l’’ entre-soi Il existe de nombreux quartiers, même des villes entières, exclusivement réservés aux personnes âgées. Cette ségrégation sociale par tranche d’âges a vu le jour aux États-Unis ainsi qu’au Japon. L’exemple le plus connu est celui de Sun City, «ville» privée américaine située dans la banlieue de Phoenix en Arizona et réservée aux plus de 55 ans. La moyenne d’âge y est de 75 ans pour environ 40 000 habitants, tous retraités. On ne trouve pas d’enfants, aucune école dans cette ville privée gérée comme une copropriété. Elle est autogérée par ses habitants et ne dépend d’aucune ville (alors qu’en France, le territoire dépend obligatoirement d’une commune). Elle est protégée de l’extérieur par une enceinte et un accès contrôlé...
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2.b. Un isolement subi: l’exclusion Exemple en Allemagne: délocalisation des personnes âgées (1)
Vue Google Earth de Sun City, Arizona
L’image du cercle en plan, avec le centre commercial entouré d’habitations, elles-même ceinturées par un golf, définit parfaitement la façon de vivre au sein de cette «ville»: tout y est déterminé, les gens tournent en rond et voient à travers les autres habitants une image d’eux même à l’infini... Voilà ce à quoi on peut aspirer quand on vieillit en Arizona, à condition d’être riche bien évidemment. Il existe aujourd’hui en Amérique du Nord de nombreux «villages» de seniors, allant de 500 à plus de 10 000 habitants. Certains promoteurs français essaient de copier ce modèle destiné aux personnes âgées, véritable succès commercial outre-atlantique. Ces tentatives ne dépassent généralement pas plus de 100 logements (20 000 places réparties dans 250 résidences et villages seniors) et visent une catégorie sociale très aisée. Il existe donc une volonté de vivre «entre soi» chez certaines personnes âgées de catégorie sociale aisée, au sein de «ghettos de riches pour vieux», bien que le terme «ghetto» fasse référence à un une ségrégation subie. Et l’offre en établissement médicalisé tend à se privatiser. Qu’en est-il alors des personnes âgées dépendantes qui ont des moyens financiers insuffisants ou un environnement social inadapté? Nous allons voir que certaines personnes subissent un isolement social et géographique.
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L’Allemagne connaît l’un des plus rapides vieillissements de sa population (3ème derrière le Japon et l’Italie). Une place en maison de retraite coûte extrêmement cher (comme en France) et 400 000 personnes âgées dépendantes allemands ne pourraient pas y accéder. Durant des années, l’hébergement collectif des personnes âgées a fonctionné en Allemagne grâce à l’emploi massif d’une main d’oeuvre peu chère et non-qualifiée venue des Pays de l’Est. Ce système atteignant ces limites, ce sont maintenant les personnes âgées dépendantes en manque de moyens qui s’en vont vivre leur fin de vie dans des pays comme la Hongrie, la République Tchèque et plus récemment la Grèce. Des associations allemandes dénoncent une « déportation inhumaine ». Une partie de ces retraités partent pour avoir accès à des soins moins chers, d’autres subissent cette délocalisation, comme les personnes atteintes de maladies dégénératives qui sont souvent inconscientes de ce transfert. L’état allemand verse une aide aux personnes âgées et peut contraindre les descendants de payer la somme restante si la retraite de leur proches âgés ne suffisaient pas. La loi européenne interdit pour l’instant un pays de financer des maisons de retraite en dehors de l’Europe. Mais face à la situation, la législation pourrait évoluer. Et demain, tous les retraités européens, dépendants ou malades, seront-ils contraints de passer leurs vieux jours en Grèce ou en Thaïlande ?
1. Rousseau Agnès, Modèle Allemand, et si on délocalisait nos vieux?, www.bastamag.net, Janvier 2013.
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Exemple en Chine : Loi sur la négligence des personnes âgées (2) La Chine connaît ces dernières années un bouleversement économique qui entraîne un éclatement de la cellule familiale. 15 % de la population chinoise a plus de 60 ans (20% en France) et de nombreuses affaires d’abandon de personnes âgées par leurs enfants ont scandalisé le pays. Face aux inquiétudes grandissantes des personnes âgées, une loi a été promulguée en juillet 2013 sur la protection des droits et intérêts des personnes âgées qui stipule que les membres de la famille doivent rendre «fréquemment» visite à leur proches âgés de plus de 60 ans. Une famille qui ignorerait ou négligerait leur parents s’expose alors à de lourdes amendes voire à de la prison. Plusieurs verdicts ont déjà été rendus. Dans la plupart des cas, le fils ou la fille se voit condamné à rendre visite au moins tout les deux mois et certains jours fériés à leur parent à la maison de retraite qui leur a intenté un procès. On imagine bien l’atmosphère chaleureuse lors des visites...
2.c. conséquences; perte de liens entre génération L’importance des aînés: exemple à travers la culture Mongole (3) Le sol mongol renferme une importante réserve en uranium, un gigantesque trésor que tentent de s’accaparer les pays comme les 2. www.france24.com, En Chine, les personnes âgées obtiennent gain de cause face aux enfants indignes, Juillet 2013. 3. Arte, Mongolie, la passion du Cheval, Japon, diffusion en France en 2007.
États-Unis, la Russie, la Corée ainsi que la France. Des entreprises étrangères envahissent le territoire et créent des cités minières qui sortent de nulle part, tandis que les mongols assistent impuissants au pillage de leur ressources naturelles. Cette prise de contrôle des pays étrangers participent grandement au bouleversement ultra-rapide du mode de vie et de culture qu’est en train de connaître ce pays, de tradition nomade depuis des siècles. La capitale Oulan-Bator s’occidentalise et se développe, pour une infime partie de la population devenue riche, tandis que les plus pauvres s’agglutinent tout autour de la ville et sédentarise dans le mince espoir d’y trouver du travail. Le reportage japonais Mongolie, la passion du Cheval difusé sur Arte pour la première fois en 2007 évoque l’histoire d’un jeune mongol de 11 ans doté d’un incroyable don pour l’acrobatie à force de grimper sur la structure de sa yourte, l’habitat traditionnel mongol. Repéré par le cirque national de Mongolie, situé en plein centre d’Oulan Bator, il va entreprendre une formation afin de devenir voltigeur à cheval. Le cirque national est sur le déclin et tente de retrouver de sa superbe en voulant offrir un spectacle digne de la tradition ancestral du cirque mongol. Il s’en suit un voyage extraordinaire en quête des savoirs-faire et traditions acquis depuis des siècles comme le dressage de chevaux ou encore les costumes traditionnels. Le cirque ainsi que ce jeune mongol vont parcourir tout le pays à la recherche des plus vieux mongols qui ont continué à vivre de manière traditionnelle en plein cœur de la steppe. Grâce à ces personnes, le cirque a pu redonner vie à travers son spectacle à une tradition qui perdurait depuis des siècles et qui risquait de s’éteindre en à peine une génération. À travers toutes ces rencontres et récits, Le jeune mongol, devenu cavalier, a découvert l’Histoire et la culture d’un pays qu’il, finalement, ne comprenait pas. Il en est ressorti avec une conscience et un sentiment d’appartenir à une culture, ainsi qu’une fierté d’être mongol inébranlable.
Cette histoire démontre combien la culture et l’identité d’une so-
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ciété sont fragiles et souligne l’importance des aînés pour préserver cette richesse. Les aînés sont primordiaux pour la transmission du savoir, la transition entre les générations et la capacité d’une société à se fabriquer et préserver une mémoire collective.
Une société pour tous les âges à bâtir (4) Les progrès en médecine ont fait progresser l’espérance de vie de près de 30 ans en un siècle. Afin que ce gain devienne une chance et non un problème, c’est «une société pour tous les âges» qu’il nous faut bâtir ; une société où chaque âge, jeunesse, âge adulte et vieillesse, retrouve une véritable valeur et soit porteur de sens. Pour y parvenir, une évolution des mentalités est nécessaire. Faire percevoir et comprendre dès l’enfance que «Grandir, c’est Vieillir et Vieillir, c’est Grandir» est la clé («Grandir-Vieillir» est un programme d’études initié en 1993 par la Fondation Nationale de Gérontologie, centre de ressources au niveau national sur les questions relatives à la vieillesse et au vieillissement). Les enfants et les jeunes d’aujourd’hui vont passer environ le tiers de leur vie dans la catégorie des gens âgés et jamais au cours de l’Histoire, tant de gens d’âges différents n’ont pu vivre en même temps; quatre à cinq générations vont cohabiter. Ces différentes générations peuvent et doivent entretenir des relations actives malgré des préoccupations et des occupations différentes. La solidarité intergénérationnelle n’agit pas seulement en faveur
4. LAROQUE Geneviève , présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie, Grandir, c’est vieillir. Vieillir c’est Grandir, chapitre de La gérontologie sociale, héritages et réflexion contemporaines, de Catherine Gucher, edition L’harmattan, 2012.
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des Aînés. Elle a toujours existé, sous des formes très variées: solidarité familiale spontanée, échanges extra-familiaux mais qui restent informels, entre amis ou entre voisins. Comme le souligne Geneviève Laroque, présidente de la FNG, la première action en faveur de la solidarité intergénérationnelle est simplement de permettre aux différentes générations de se rencontrer. Se connaître chasse la peur et les préjugés sur l’autre, l’inconnu. C’est la base pour établir une société basée sur la solidarité et la confiance, du prendre soin de soi ainsi que de l’autre.
La publicité ci-dessus5, faisant la promotion du modèle éducatif 70/20/10, est tirée d’une étude réalisée par une équipe de l’université de Princeton qui a démontré que 70 % des connaissances acquises par un individu tout au long de sa vie se faisait grâce aux expériences informelles. Cet apprentissage permanent n’est possible qu’à travers un environnement propice à la rencontre. 5. EICHINGER Rober W., MCCALL Morgan, LOMBARDO Michael M, modèle 70/20/10,Center for Creative Leadership, Université de Princeton.
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ayant reçu une formation appropriée.
Quand le mieux devient l’ennemi du bien: l’euthanasie active
« La qualité d’une société se reconnaît à la façon dont elle traite ses mourants»
Le sujet des soins palliatifs apportés en fin de vie et l’acharnement thérapeutique fait énormément débat ces derniers temps, surtout en période de crise et d’austérité... Ils en résultent différents projets de loi sur le sujet mentionnant «un parcours de soins de fin de vie dans une unité hospitalière spécialisée», une «mort programmée», «un suicide assisté». Mais l’idée reste la même : rendre légale et acceptable l’idée d’une euthanasie activement pratiquée. Sous prétexte de diminuer les coûts dans la santé, on écourte la vie du patient. Bien entendu, les unités de soins palliatifs sont une très bonne chose, sauf lorsqu’elles sont détournées dans des buts autres que ceux pour quoi elles ont été crées.
Amadou Hampâté Bâ, philosophe malien (1901-1991).
L’Angleterre a déjà ouvert la boîte de Pandore.. «Le vieillissement de la population et le fardeau croissant des maladies non transmissibles sont à l’origine d’une forte demande mondiale de soins palliatifs à laquelle de nombreux pays ne sont pas en mesure de répondre» comme l’affirme l’Organisation Mondiale de la Santé dans un récent communiqué (Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé 2013). Cependant, l’OMS mentionne dans son rapport annuel de 2013 les soins palliatifs parmi les services de qualité pouvant être fournis à un prix abordable par le système de santé, à tous les niveaux de soins, à l’ensemble de la population. D’après ce rapport, les raisons pour lesquelles les besoins de soins palliatifs ne sont pas satisfaits comprennent notamment: une sensibilisation insuffisante, des politiques nationales inadéquates et le manque d’installations satisfaisantes et de personnel
Le 1er octobre 2012, 22 des grands organismes de soins britanniques ont signé l’accord LCP (Liverpool Care Pathway for the Dying Patient) pour le parcours des soins de fin de vie et déclarent adhérer au protocole de mort assistée mis en place par le docteur Jane Collins du Marie Curie Cancer Care, prestigieux centre de soins. Depuis, de nombreux scandales de négligeance médicale se réfugiant derrière ce protocole ont éclatés: des patients qui auraient pu peut-être être sauvés mais dont les soins ont été volontairement arrêtés et la prise en charge de leur maladie abandonnée faute de moyens.
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de l’état du malade, cette décision peut entraîner la mort de ce dernier, elle n’intervient qu’en concertation avec l’équipe de soins et le malade, et après consultation de la personne de confiance désignée au préalable ou de la famille et, le cas échéant, des directives anticipées. La décision est inscrite dans le dossier médical du malade . »
Ci-dessus, l’article qui a fait scandale en Angleterre suite la mort d’une patiente abandonnée sans soins pendant 2 semaines sous prétexte que son pronostic vital n’était que de 3 jours au plus.
La France à la croisée des chemins: Soleil Vert à l’Horizon? En 2005, le député et président de la Fédération hospitalière de France, Jean Leonetti, va mofifier 2 articles (art. 37 et 38) fondamentaux du code de déontologie médicale et relatifs aux droits des malades en fin de vie. L’article 37 avant modification: « En certaines circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances de son malade, l’assister moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique ». Maisa après les modifications suggérées dans le Rapport Leonetti, il pourrait se résumer ainsi : « Lorsque le traitement apparaît inutile, impuissant à améliorer l’état du malade ou présentant un risque disproportionné par rapport au bénéfice escompté, le médecin doit décider de sa limitation ou de son arrêt. Dans le cas où, après une évaluation précise
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Afin d’éviter les procédures juridiques qui pourraient s’ensuivre, un article a été ajouté au code de la santé, destiné à régir la situation des malades en fin de vie mais encore conscients: «Lorsqu’une personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin doit respecter sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix. La décision du malade est inscrite dans son dossier médical .» Ce dernier article ouvre le voie aux dérives de l’euthanasie d’un malade. Celui-ci sera fortement incité à établir des consignes anticipées en cas d’incapacité majeure.
CHAPITRE II
Le cas de Parly 2: temple moderne de la consommation
Illustration d’une publicité pour l’opération immobilière «Paris 2» retouchée par l’auteur
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1 / Historique de la ville du Chesnay
Situation en Île-de-France
1.a / Situation géographique
HAUTS-DE-SEINE
PARIS SEINE-SAINT-DENIS
Le Chesnay est une commune située dans le département des Yvelines en région Île-de-France. Elle se trouve à environ 15 kilomètres à vol d’oiseau à l’ouest du centre de Paris. Elle est traversé au nord et selon un axe Est-Ouest par l’autoroute A13 qui part de la capitale vers l’Ouest de la France. Le nouveau tunnel à péage qui permet à l’autoroute A86 de former une boucle complète (périphérique de la petite couronne parisienne) passe au niveau de la limite du territoire communal au nord-est. La commune est limitrophe au sud et à l’est avec Versailles (préfecture des Yvelines), au nord avec La Celle-Saint-Cloud et au nord-ouest avec Rocquencourt. Elle est bordée à l’Est par la forêt de Fausses-Reposes et à l’ouest par la route D186 qui la sépare des parcs du domaine du Château de Versailles, notamment de l’Arboreteum national du Chevreloup. Une grande partie du nord-est de la commune est couverte par le bois des Fonds-Maréchaux (chênes et châtaigniers). La ville compte 28 975 habitants au recensement de 2010. Sa densité de population est de 6 834 hab./km² (21 239 hab./km² pour Paris) pour une superficie de 4,24 km² (105,40 km² pour Paris).Elle abrite, avec les logements de Parly 2 construits au début des années 1970, la plus grande copropriété de France et même d’Europe (une petite partie de la copropriété s’étend sur la commune de Rocquencourt). Cette copropriété, comprenant 7 500 lots d’habitation héberge plus de la moitié des habitants de la commune. Le centre commercial régional Parly 2 est l’un des plus grands d’Europe. Il accueille un grand nombre de magasins et boutiques, dont un Printemps, un BHV, une pépinière Truffaut et l’une des plus grandes Fnac de France.
28
VAL D’OISE YVELINES Le Chesnay
VAL-DE-MARNE
Versailles (préfecture)
ESSONNE
SEINE ET MARNE
Cartes réalisées par l'auteur
Situation par rapport à Paris
Seine Saint-Denis A86 Yvelines
Le Chesnay Château de Versailles
A13
Paris
Hauts-de-Seine
Versailles
Val-de-Marne
Essonne
N 0
5
10 km
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2 A13 vers Rouen
La commune du Chesnay ne dispose pas de gare: les plus proches étant celles de Versailles-Rive-Droite, Vaucresson et de La CelleSaint-Cloud (qui mènent toutes trois à Paris Saint-Lazare en passant par La Défense), ainsi que la gare de Versailles-Rive-Gauche (ligne RER C) et la gare de Versailles-Chantiers (vers la gare Montparnasse, La Défense et ligne RER C).
La Défense
N186 vers Saint-Germain en Laye Gare de La Celle Saint-Cloud
VAUCRESSON LA CELLE-ST-CLOUD
ROCQUENCOURT
Gare de Vaucresson
Parc privé de Rocquencourt Centre commercial régional Parly 2
Tour Eiffel
Fôret de Fausses-Reposes
Axe majeur Le Chesnay / Versailles
Arboreteum National du Chèvreloup
Périphérique
A86 vers Nanterre (La Défense)
Pont de Saint-Cloud
D1
86
A13
ver
sV ers
ail
Le Chesnay
les
Parc du Château
Centre commercial Parly 2
A86 vers Anthony Gare Versailles-Rive droite
Château de Versailles
Château de Versailles
Vue aérienne Google Earth
Gares
Le Chesnay
Gare Versailles-Rive Gauche
VERSAILLES
Ave n
ue
Chemins de fer
Versailles
de
Par is
Gare Versailles-Chantiers
Axe majeur Le Chesnay / Versailles Carte réalisée par l'auteur
Autoroutes
N
RN /RD
0
0,2
1 km
N12 vers Trappes N12 vers Vélizy
29
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
1.b / Du village du Chesnay.... au projet de Parly 2 La naissance d’un village
Château de Bel Air
« Qu’il fait bon de vivre au Chainoy », pouvait-on entendre au 12ème siècle dans de petits villages au milieu d’une forêt peuplée de bûcherons et de cultivateurs, remontant à l’époque de Charlemagne, le Chesnay «l’endroit où il y a des chênes». L’abbaye de Saint-Germain des Prés, propriétaire des terres, concède aux Chamoines de Saint-Benoit de Paris le terrain nécessaire pour bâtir une église. Le toponyme «Le Chesnay» est une forme archaïque en ancien français dérivée de «La Chênaie», qui servait à désigner un ensemble d’arbre appartenant à la même espèce: le chêne. C’est au 17ème siècle que se développe réellement le village du Chesnay, à l’ombre du Roi, avec la construction du château de Versailles et l’installation du gouvernement dans cette ville. Menuisiers, charpentiers, bûcherons, cultivateurs... Le village est peuplé d’artisans ainsi que quelques de châtelains qui s’installent en bordure du parc de Versailles. On recense 374 habitants en 1793 (base Cassini). Une première église fût bâtie à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Antoine de Padoue, comme nous pouvons le voir ci-contre avec la carte de Cassini de 1793.
30
Eglise Saint-Antoine au Chesnay
Château de Versailles
Carte de Cassini de 1793 http://www.geoportail.gouv.fr/
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
La réunion de 2 villages
Le Chesnay compte environ 1900 habitants au recensement de 1872. Le village s’est agrandi doucement depuis le 1er recensement de 1793 pour arriver à plus de 3 500 habitants au début du 20ème siècle. Il s’est développé au nord du Château selon une logique de défrichement de la forêt. De nombreux tracés que l’on peut retrouver aujourd’hui sont reconnaissables, ainsi que la limite administrative de la ville actuelle. Mais, comme nous pouvons le remarquer sur la carte des États-majors (1871) ci-contre, le village s’est particulièrement «construit» au niveau du tracé de l’actuelle rue de Versailles, qui est la principale voie qui relie Le Chesnay à Versailles encore aujourd’hui. La route tracée à travers la forêt va finir par rejoindre un petit village au nord, avec son église, près de l’emplacement actuel du centre commercial.
Rue de Versailles Le Chesnay
Limite administrative actuelle du Chesnay Axe du village (logique de défrichement de forêt) / actuel tracé de la rue de Versailles
Château de Versailles
Emplacement actuel du centre commercial Parly 2
N 0
0,2
1 km
Carte des Etats-Majors de 1871 Archives du Chesnay
31
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
1ère opération de lotissements en 1930 Une première opération immobilière de 19 hectares en 1930 commence à grignoter les terres agricoles avec la construction de grandes demeures autour du plateau de l’église Saint-Antoine de Padoue, à l’est de la rue de Versailles et de l’ancien village. La commune du Chesnay compte environ 9000 habitants au recensement de 1946. Les limites administratives de la ville sont celles d’aujourd’hui.
Cimetière du vieux Chesnay
Publicité
Plan de la commune en 1946 Archives du Chesnay Limite administrative du Chesnay
Plan parcellaire du lotissement
Limite administrative du Chesnay Vue de l’église Saint-Antoine
Emplacement actuel du centre commercial Parly 2
Axe de développement du village du Chesnay
Ancien tramway de marchandise
Passage de l’ancien tramway N 0
32
0,2
1 km
Maison du lotissement
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Transporter Paris à la campagne, comme l 'avait fait 300 ans plus tôt le Roi Soleil : L’opération immobilière "Paris 2"
Les pépiniéristes et maraîchers qui participent au début du siècle à alimenter l’agglomération parisienne délaissent peu à peu leurs champs pour laisser place à l’urbanisation. Mais c’est au début des années 60 que la ville du Chesnay va être totalement transformée: M. de Balkany, promoteur immobilier, acquiert 110 hectares de terrains sur la commune du Chesnay et de Rocquencourt avec l’intention d’y bâtir le plus grand ensemble immobilier jamais vu. Il achète ce terrain en 1964 aux sœurs Poupinet, filles de l’ancien maire, qui le cédèrent à l’unique condition qu’un lieu de culte y soit construit et qui deviendra l’actuelle église de Notre-Dame de la Résurrection. M. de Balkany importa en France un concept qui vient des ÉtatsUnis: créer des villes «comme à la campagne» entièrement dédiée à la consommation en réunissant plusieurs enseignes de commerces de
détail dans une seule galerie ouverte avec autour des immeubles d’habitation. Il crée en 1960 la résidence de luxe à La Celle Saint-Cloud baptisée «Elysée 1», sorte de version «champêtre» des Champs-Elysées parisiens. Une seconde résidence appelée «Elysée 2» sera construite trois ans plus tard autour du premier centre commercial français. Le projet de «Paris 2» est donc lancé sur la commune du Chesnay, toujours à l’ouest parisien (on parle alors de «ruée vers l’Ouest»), avec cette fois le projet d’un centre commercial à vocation régional qui deviendra le premier grand centre commercial français. Comme pour Elysée 2, l’idée est de créer un nouveau cœur de ville exclusivement consacré au shopping, sorte d’annexe du centre-ville historique. Mais la ville dont Parly 2 pense être l’annexe commerçante n’est pas la modeste commune du Chesnay mais bien Paris. C’est face à l’opposition des élus parisiens que le nom de Parly2, contraction de Paris et de Marly, en référence à la forêt de Marly, située à quelques kilomètres du centre, a finalement été trouvé. La partie résidentielle s’articule autour du centre commercial et est constituée de 278 bâtiments répartis en 36 résidences portant toutes le nom de grands lieux parisiens tel que «Trocadéro», «Concorde» ou encore «Auteuil». Cela représente 7500 logements dont 2000 studios, ainsi que divers équipements dont l’église promise aux sœurs Poupinet. «Ce nouvel art de vivre» à une demi-heure de Paris forme la plus grande copropriété d’Europe. Le premier bâtiment sort de terre en 1968 et le centre commercial ouvre ses portes en 1969.
33 maison du lotissement
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Le projet prévu pour Parly 2
Perspective d’une résidence
Vue aérienne de la résidence Elysée 2 le «prototype»
Centre commercial Parly 2
Projet de l’église de Notre-Dame de la Résurrection, à la demande des soeurs Poupinet
Eglise Notre-Dame de la Résurection
Pavillon-témoin Discothèque Hôtel Grand magasin Piscine-club Jardins suspendus Super-marché
Emprise de Parly 2 Archives du Chesnay
Prisunic Grand magasin Parking Bowling Cinéma Théâtre de 2700 voitures
34
Limite administrative du Chesnay magasins alimentaires
N 0
0,2
1 km
Emprise du projet de Parly 2
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
1.c / La copropriété de Parly 2
16,50 mètres de hauteur autorisés. Ce périmètre, dit "en trou de serrure"1, s'étend sur une superficie gigantesque d'environ 100 km² autour du Château et empiète sur 22 communes. La loi n°62-284 du 21 juillet 1962 permet en effet la création, à titre exceptionnel, d'un périmètre étendu au delà des 500 mètres préalablement admis par la loi sur les abords des monuments historiques de 1943. Les projets à l'intérieur de cette zone sont soumis à l'avis de l'architecte des bâtiments de France.
Les résidences de Parly 2 Les résidences forment des "squares" de verdure autour desquels s'articulent les immeubles de logement, tous orientés Est-Ouest et quasiment identiques (3 typologies: type 1,2 et luxe). Les parkings (5870 places ainsi que 1780 boxes enterrés) entourent et forment les rues entre les résidences. 8 piscines (implantées dans les résidences) ainsi que 7 courts de tennis (en périphérie de la copropriété) sont réservés aux résidents de Parly 2.
1. Barlet Émilie, Le périmètre de protection du domaine de Versailles: une particularité obsolète?, Thèse de fin d'études à la formation des architectes et urbanistes de l'État, École de Chaillot, Juin 2012, 89 p.
L’ensemble de la commune du Chesnay est couvert par le périmètre de protection du domaine classé de Versailles et du Trianon (classé monument historique par le décret du 15 Octobre 196). Les immeubles des résidences de Parly 2 ne pouvaient donc pas dépasser les
Vue depuis un square
Périmètre de protection du château de Versailles
Seine Saint-Denis
Yvelines
Vue d'une des 8 piscines
Paris Le Chesnay Château de Versailles
Versailles
Hauts-de-Seine Val-de-Marne
N
Carte réalisée par l'auteur
Essonne
0
5
10 km
Vue satellitte Bing Maps
35
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
réglable par étage (une chaufferie centrale pour l'ensemble de la copropriété).
Les immeubles de Parly 2 Les premiers bâtiments sortent de terre en 1968 et la dernière résidence est achevée en 1978, faisant de Parly 2 la plus grande copropriété d'Europe avec plus de 18 000 habitants, soit plus de 50% de la population du Chesnay. Les 256 immeubles sont répartis selon 3 types allant du « confort » au « luxe » avec salon à double exposition, loggias, chambres de service, jardins et parking privés pour attirer une clientèle de jeunes cadres. Les appartements bénéficient de cuisines et de salles de bains entièrement équipées. Le chauffage s'effectue par le sol et est Plan d’étage type d’un immeuble de Parly 2
Plan réalisé par l’auteur, à partir des plans originaux du permis de construire de l’opération immobilière de Parly 2. 3,60
Terrasse
Cuisine
Ch. 3
s.d.b. 2
asc.
Terrasse 1
Balcon
STUDIO // 16 m²
s.d.b.
22,60 m
Ch. 2
Ch. 1
Ch. 1
3,05
T5 // 112 m²
Cuisine
Cuisine
Séjour
T3 // 74 m² Séjour
18,50m
36
s.d.b.
La copropriété de Parly 2 a eu 40 ans en 2009. Contrairement à de nombreuses copropriétés minées par l'absentéisme, Le cas de Parly 2 est souvent cité comme une référence, tant au niveau de sa taille que de son modèle de gestion. La fonction de syndic est assurée par un professionnel dont Parly 2 est l'unique client. Le rôle du syndic est d'assurer une responsabilité financière (23 millions d'euros de budget annuel), juridique et de conseil. Il est accompagné par un service de gérance composée d'une soixantaine de personnes (gestion, entretien et gardiennage) toutes salariés de la copropriété. Les 7500 copropriétaires de Parly 2 sont réunis en 37 syndicats secondaires (1 par résidence). Ces derniers assument 60% des charges, soit tous les travaux et améliorations des immeubles, le gardiennage (un intendant par résidence), l'entretien des espaces verts ainsi que la consommation d'eau froide. Le syndicat principal, réuni lors de l'assemblée générale annuelle et composé des représentants élus dans chaque syndicat secondaire, prend en charge le reste, c'est-à-dire les coûts d'administration, du chauffage et de la consommation d'eau chaude. Le conseil syndical principal et les conseils syndicaux secondaires exercent un contrôle de gestion et constituent une force de proposition pour le syndic.
Ch. 2
s.d.b.
s.d.b. 1
Ch. 2
3,05
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Ch. 1
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3,60
T3 // 74 m² Séjour
Ch. 4
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Cuisine
3,40
Ch.
3,05
3,05
T2 // 57 m² Séjour
2,20 2,20
Coursive
3,60
3,40
Comment fonctionne la plus grande copropriété d 'Europe ?(1)
Terrasse
N
1. Chapotot Patrick , Parly 2 fête ses 40 ans, entretien, La revue de l'Habitat, Septembre 2009, p.24 à 27.
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Le centre commercial régional de Parly 2
Vue aérienne
Photographie satellite Google bing maps
L'inauguration du premier grand centre commercial d'une puissance et d'un attrait considérable a lieu le 4 Novembre 1969. C'est le premier complexe commercial de France à réunir des enseignes qualitatives et variées d'habillement, de décoration et de loisirs, visant à fournir le maximum de satisfactions et de services à la clientèle. Une importante extension est réalisée en 1986 et le centre accueille aujourd’hui en moyenne plus de 13 millions de visiteurs par an1. Le centre commercial est stratégiquement placé à la sortie de l'autoroute A13 et le long de la nationale N186. Les 191 commerces du centre commercial s'étalent sur 104 000 m² de surfaces commerciales réparties sur 3 niveaux et ceinturées par 5050 places de stationnements. Les entrées piétonnes pour la galerie commerciale (à l’exeption de l’entrée de l’extension de 1986, avec un bâti donnant sur la rue) se font à partir des zones de stationnement. On y trouve de grands magasins (la Fnac, Go sport, Decathlon, Zara, H&m, un applestore, Toys'r'us, Habitat, etc.), 2 super-marchés (monoprix et symply market), des boutiques de prêt-à-porter ainsi que divers commerces. En Septembre dernier s’est achevée la réalisation d’un nouvel accès route de Saint Germain, afin de faciliter l’accès routier au centre commercial et de permettre une meilleure répartition des flux de véhicules sur l’ensemble du parking. Comme nous allons le voir plus tard, cette première rénovation marque le début d’un vaste projet de réhabilitation et d’extension visant à redonner un souffle nouveau à un centre commercial vieillissant, afin qu’il reste une vitrine importante à l’échelle régionale, face à une concurrence grandissante. 1. Données recceuillies sur le site internet de Parly 2, Nos actions sociales, http://www.parly-2.com/W/do/centre/actions-sociales, consulté le 24/09/2013.
N186 (vers Saint- Germain-en-Laye et jonction A13)
Accès véhicule Accès piéton Limite parcelle Extension 1986
BHV Cinémas
Simply Market
Monoprix Decathlon Fnac
Nouvel accès par la D186
Truffaut Habitat
D186 vers Versailles
Espaces "détente" dans le centre commercial
37
Résidences Parly 2
Mairie Eglise Notre-Dame Collège Charles-Péguy de la Résurrection
Jardins de la mairie
Résidences Parly 2
Site du projet
La Celle Saint-Cloud
Arboretum National
Autoroute A13 Site du projet Bois de Fausses-Reposes Limite administrative du Chesnay
Résidences Parly 2 Rue de Versailles «le vieux Chesnay»
Parc du Château
Lotissements pavillonnaires
Fôret de Fausses-Reposes
Place de la Loi
Château de Versailles Place du marché VERSAILLES
Place d’Armes Photographie satellite axonométrique Bing Maps
Avanue de Paris
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
2 / Le Chesnay: richesse matérielle / pauvreté sociale
%
Evolution de la population par tranche d'âge au Chesnay
24 20
2.a/ Homogénéité sociale et enclavement
16 12
Une forte concentration de cadres et de retraités %
8
Pourcentage de la population par tranche d’âge
24
4
20
0 0-14 ans
16
1999
12
15-29 ans
30-44 ans
45-59 ans
60-74 ans
75 ans et +
2009
Graphiques réalisés par l'auteur, à partir des données statistiques de l'INSEE, au recensement 2009.
8 4 0 0-14 ans
15-29 ans
Le Chesnay %
30-44 ans
Yvelines
45-59 ans
60-74 ans
75 ans et +
Ile-de-France
Pourcentage par catégorie socio-professionnelle
25 20 15
Les statistiques INSEE basées sur le recensement national de 2009 montrent que le pourcentage de la population de plus de 60 ans (14%) est sensiblement plus élevé au Chesnay qu'au niveau des Yvelines (12%) et de l'Ile-de-France (10%). Ce phénomène s'accentue si l'on se concentre sur la tranche de la population âgée de 75 ans et plus, avec 10% au Chesnay, soit quasiment 2 fois plus que les 6% pour les Yvelines et l'Ile-de-France. À l'inverse, le pourcentage de la population des moins de 15 ans au Chesnay est légèrement inférieur au niveau départemental et régional.
10
En regardant le tableau de répartition des catégories socio-professionnelles, nous pouvons remarquer qu'il y a une part nettement plus
5 0 Agriculteurs
40
Artisans, Cadres commerçants
Professions Employés intermédiaires
Ouvriers
Retraités
Inactifs
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
élevé de cadres supérieurs1 au Chesnay avec un pourcentage de 25% contre 13% dans les Yvelines et 11% en Ile-de-France. Le pourcentage d'ouvriers au Chesnay est lui beaucoup plus faible que la moyenne départementale (9%) et régionale (11%), avec 2,5%.
et les tennis sont aussi réservés aux résidents. Le Chesnay compte seulement 12,5% de logements sociaux, bien en dessous des 25% obligatoires fixés par la loi sur le logement social, dite loi «Dufflot» en application depuis Juillet 2013.
La part des retraités est nettement plus élevée au Chesnay avec 22,5% alors qu'elle est aux alentours de 15% en Yvelines et en Ile-deFrance. Ce chiffre peut en partie s'expliquer, tout comme l'évolution vieillissante de la population du Chesnay, par l'arrivée des premiers foyers au début de Parly 2 dans les années 1970 et qui y sont depuis restés.
Une grande partie de la population est salariée et a des revenus assez élevés qui lui permet d’avoir un pouvoir d’achat conséquent penOffre gérontologique au Chesnay
Centre hospitalier de Versailles (135 places en unité de soins longue durée).
EHPAD PUBLIC les chênes d’or 69 lits, 2100 euros/mois
Foyer-logement «Les Chênes Verts» 81 logements
L’esprit Club / Pression sociale Parly 2 a été réalisé en fonction des désirs supposés d’une catégorie sociale bien déterminée : les cadres. Avec une vocation précise: celle de temple moderne de la consommation. Nous pouvons donc observer une ghettoïsation d’une certaine classe sociale. Un esprit «club» plane dans la copropriété, à l’image des cartes «club» initialement prévues pour faciliter le shopping et la location de véhicules. Les piscines 1. Article L 3111-2 du code du travail, définit les cadres supérieurs comme étant des salariés caractérisés par 3 critères: une indépendance dans leur emploi du temps, une autonomie dans leur prise de décision ainsi qu'une rémunération se situant dans les niveaux les plus élevés des systèmes de rémunération, http://www. legifrance.gouv.fr/, consulté le 20/09/2013.
Résidence privée avec services «Les symphoniales» 85 lits, prix d’un studio: 1500euros/mois
EHPAD PRIVÉ Korian 100lits, 3200euros/mois
41
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
dant la vie active. Mais une fois arrivée à la retraite, ses revenus chutent d’au moins 25%. Tant que cette partie de la population continue à pouvoir consommer, elle a le droit de cité. Mais à partir du moment où une personne vieillit, accumule les problèmes de santé et commence à être trop dépendante pour rester chez elle au point d’envisager d’être hébergée dans un établissement médicalisé, l’étau se resserre. Ses perspectives sont très réduites, au vu de l’offre gérontologique au Chesnay (voir carte ci-dessous): très peu de chance de trouver un établissement public et si elle opte pour un établissement privé, son argent, son patrimoine et parfois même celui de la famille risque d’y passer.
Une ghettoïsation par classe sociale et par classe d’ âges... On observe donc au Chesnay une ségrégation par rapport à la classe sociale mais aussi par rapport à l’âge. Ce sont notamment les jeunes et les personnes âgées qui ne trouvent pas leur place au sein de cette ville, considérant sûrement que ce sont des âges de la vie qui ne sont pas «rentables»... Rien est fait pour tenter d’attirer une population plus jeune, à la recherche d’un certain dynamisme, avec des équipements publics culturels et sportifs faciles d’accès financièrement, des transports développés (nous aborderons la problématique des transports un peu plus loin), une offre d’habitat mieux adapté. L’académie de Versailles est pourtant aujourd’hui la plus grande académie de France par le nombre d’élèves qui y sont scolarisés (9 % des élèves scolarisés en France en 20062). La ville de Versailles rassemblent énormément de jeunes venus de toute la région et même de 2. Données recueillies sur le site internet du ministère de l'éducation nationale, http://www.education.gouv.fr/cid2507/versailles.html.
42
toute la France pour étudier au sein des nombreux Lycées et classes préparatoires très reconnus ainsi que dans les divers écoles comme l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles).
...Et un centre commercial, à bout de souffle, qui souhaite miser sur le luxe Initialement, le centre commercial à vocation régionale entendait se positionner comme l’annexe commerciale des parisiens et de toute la banlieue ouest. Il visait donc un public très large tout en offrant une gamme variée de magasins regroupés en un même lieu. C’était le début du commerce de masse et cette nouvelle façon de faire du «shopping» était unique dans la région. Mais aujourd’hui les centres commerciaux, notamment dans la banlieue ouest parisienne, se sont multipliés et la concurrence est beaucoup plus forte (voir carte ci-après). Malgré cela, le centre reste encore rentable mais a changé de ligne de conduite pour se concentrer sur le luxe, en particulier dans le secteur du prêt-à-porter avec des marques de renom en exclusivité. Le groupe Unibail-Rodamco, propriétaire du centre et 1er groupe immobilier commercial d’Europe (il exploite 77 centres commerciaux en Europe et possède aussi entre autres Velizy 2, Rosny 2, les 4 temps à La Défense et So Ouest à Levallois-Perret) a doublé les baux en 2009, faisant place à de nouvelles grandes enseignes au détriment des petits commerces, et affiche une volonté d’étendre encore plus ses surfaces commerciales: un premier projet d’extension de 14 000 m² qui viendront s’ajouter aux 90 000 existants a d’ores et déjà été accordé à Unibail-Rodamco. Elle sera entièrement occupée par des enseignes de prêt-à-porter de luxe. Un second projet d’extension de 5000 m² représentant 33 boutiques qui viendraient s’insérer dans les anciens locaux de l’inspection académique de l’éducation nationale situés au cœur de Parly 2, est pour
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
l’instant bloqué par la mairie du Chesnay et de Versailles, ainsi que par l’association des petits commerçants de Versailles. La commission départementale d’aménagement commercial (CNAC) a d’abord refuser de transformer des locaux réservés à accueillir des bureaux en surfaces commerciales, mais la même instance au niveau national (la CNA) a jugé le projet recevable en appel. Actuellement, le permis de construire est bloqué par la mairie du Chesnay avec le soutien de Versailles, qui a fait
de la défense du commerce de proximité versaillais une priorité (3). La décoration a récemment été refaite, de nouvelles grandes enseignes (Apple store, Bang & Olufsen, Laura todd, etc.) se sont déjà installées dans le centre et des services tels que la mise à disposition d’un voiturier ou encore d’un conseiller «shopping» sont apparus. La part occupée par les boutiques d’habillement est grandissante depuis quelques années et le commerce de proximité peine à trouver sa place. Le groupe Unibail-Redamco souhaite clairement attirer les grandes marques de luxe à s’installer dans les futures extensions du centre commercial.
Les centres commerciaux en Ile-de-France Carte réalisée par l'auteur
Seine Saint-Denis
Les 4 temps ( 136 000 m²)*
Velizy 2
Le Millénaire (56 000 m²)
So Ouest (53 000 m²) Beaugrenelle (45 000 m²) Parly 2 (104 000 m²)
Le Chesnay
Espace Saint-Quentin + Sqy Ouest (90 000 m²)
C’est un pari qui, pour ma part, n’est qu’une vision d’un avenir qui pourrait s’avérer gagnant financièrement seulement à très court terme. Plusieurs scénarios sont en effet envisageables, dont le plus catastrophique serait semblable au futur décrit dans «soleil vert», référence cinématographique utilisée pour le titre de ce mémoire. En tout cas, il parait certain que cette nouvelle politique adoptée par le centre commercial ne peut que renforcer l’effet de ségrégation sociale observée précédemment ainsi que le détachement du centre commercial avec son contexte géographique qu’est le territoire de la ville du Chesnay.
Rosny 2 (106 000 m²)
Les Halles (60 000 m²)
Paris
Italie 2(56 000 m²)
Hauts-de-Seine Créteil-Soleil (124 100 m²)
Yvelines
Des réseaux de transport en commun peu développés...
Belle Epine (140 900 m²)**
Val-de-Marne
Velizy 2 (108 000 m²)
Essonne
N 0
*Le centre commercial "Les 4 temps" a une superficie de 117 000m² à laquelle il faut ajouter les récents 19 000m² de surfaces commerciales du CNIT. C'est le 1er centre commercial français par le chiffre d'affaires (824 millions d'euros en 2009), devant Velizy 2.
Le réseau de transport en commun est uniquement constitué par un réseau de bus géré par la société Phébus, qui dessert notamment Ver-
5
**Le centre commercial "Belle Epine" est le 1er centre commercial français par la superficie (140 900m²) et la fréquentation (18 millions de visiteurs / an).
10 km
3. Chauvet François-Xavier et Mansart Laurent, Les villes unies contre le projet d’extension de Parly 2, article sur le site internet du journal Le Parisien, juillet 2013. http://www.leparisien.fr/espace-premium/yvelines-78/les-villes-unies-contrele-projet-d-extension-de-parly-2-17-07-2013-2986885.
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Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
sailles et ses 3 gares. Ce réseau, pourtant dense au premier regard (voir carte du réseau ci-contre), peine à être efficace. D’une part car il s’arrête à partir de 20h30 (une ligne de nuit existe mais il y a peu de passage et le parcours est beaucoup trop grand), et d’autre part, la circulation automobile et celle des bus cohabitent difficilement et se nuisent mutuellement. Ceci a pour effet de rendre difficile la mobilité et l’accessibilité de la ville mais aussi d’embouteiller le centre de Versailles. La carte du réseau de transport ci-après montre bien la convergence des réseaux, un effet «entonnoir». L’exemple le plus notable est celui de la place du Marché (ou place Notre-Dame) située en plein cœur de Versailles. Ce «carré», centre du commerce de proximité de Versailles, avec le plus grand marché de la commune 3 fois par semaine ainsi que ses halles couvertes, est complètement saturé de voitures et d’autocars, ce qui nuit complètement au caractère piétonnier auquel se prête le lieu. Ce manque de réseau de transport est volontaire: elle découle de la volonté de rester entre soi. Mais 60% des actifs du Chesnay disent utiliser leur voiture quotidiennement pour se rendre sur leur lieu de travail (source: PADD du Chesnay approuvé en février 2005). 8 personnes sur 10 actifs au Chesnay ne travaillent pas dans la commune et 15% de ces dernières utilisent quotidiennement les transports en commun. Bien que ces statistiques datent maintenant de 8 ans, nous pouvons dire qu’il s’agit sensiblement des mêmes chiffres aujourd’hui puisque rien n’a évolué au niveau de l’offre en transport en commun. Cela entraine une saturation automobile avec toutes les effets négatifs qui en découlent: pollution, perte d’espace et absence d’interactions humaines...
44
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
0
0,5
La place de la Loi : carrefour entre Le Chesnay et Versailles
1,0
1,5
2,0
Le "carré" de la place du marché :centre du commerce de proximité 2,5
3,0
3,5
Le parvis devant le Château :parc de stationnement 4,0
4,5
La gare des "Chantiers"
5,0 km N
0
0,5
1,0
1,5
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2,5
3,0
3,5
4,0 km
45
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
2.b/ Des possibilités de rencontre inexistantes: la ville sectorisée1 Nous avons vu que la ville s’est construite par étape, par zone et non pas par couche. Le plan parcellaire ci-contre montre bien les différents tissus urbains successifs: - Avant 1900, le long de la rue de Versailles, qui correspond à l’axe qui du défrichement de forêt et de naissance de la ville.
- Entre 1900 et 1970, nous observons essentiellement un tissu parcellaire individuel qui correspond à du lotissement pavillonnaire, à l’est de la rue de Versailles. - Après 1970, à l’ouest de la rue de Versailles, les parcelles sont beaucoup plus vastes et sont occupées par du logement collectif. La copropriété de Parly 2 a privatisé des pans entiers de territoires.
0
Historique du bâti
à partir des documents du PADD du Chesnay approuvé en 2005
Avant 1900
0,25
De 1900 à 1970 Après 1970 Copropriété de Parly 2
0,50
0,75
Centre commercial
1,00
Parly 2
1,25
1,50
1,75
1 MANGIN David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, éditions de la Villette, 2004, 480p.
2,00 km
N
0
46
0,25
0,50
0,75
1,00
1,25
1,50
1,75
2,00 km
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
À travers cette carte, nous observons qu’il subsiste uniquement une forme d’urbanité le long de la rue de Versailles, l’axe historique de la ville. Nous trouvons du logement collectif avec des commerces de proximité et des activités en RDC, directement sur rue, en un bâti continu. L’essentiel du commerce est sectorisé, absorbé par le centre commercial Parly 2, tout comme les activités et les loisirs (cinéma, restauration etc.).
0
0,25
0,50
La carte et les schémas ci-après démontrent de façon plus détaillée que le bâti est détaché de l’espace public, réduit à un simple espace de circulation.
Entrée
CHU de Versailles
Arboretum
Clinique privé de Parly 2
National
0,75
Centre
à partir des documents du PADD du Chesnay approuvé en 2005 Lotissements pavillonnaires
Fôret de Fausses-Reposes
Cinéma
Occupation des sols
commercial
1,00
Parly 2
Logment semi-collectif à individuel Logement collectif Copropriété de Parly 2
1,25
Logements collectif avec commerces en RDC Commerces / Services Services publics
1,50 Entrée
Parcs / Forêts Hôpital / Clinique
Parc du Château
1,75
Eglise Saint-Antoine
de Versailles
Collège Équipements sportifs Églises Cimétière
2,00 km
N
0
0,25
0,50
0,75
1,00
1,25
1,50
1,75
2,00 km
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Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Des flux piétons trop faibles...
0
Bâti et voies de circulation
à partir des documents du PADD du Chesnay approuvé en 2005
Comme nous pouvons le constater, la densité est très faible au niveau des zones de lotissements pavillonnaires et de la copropriété de Parly 2. L’absence de bâti sur rue ainsi que la séparation des voies routières et piétonnes au niveau de Parly 2 rendent les flux piétons trop faibles (itinéraires privilégiés). Ceci empêche le commerce et les activités de proximité d’exister face au commerce sectorisé du centre commercial.
Autoroute A13 0,25
Départementales Routes principales Routes secondaires Voies de dessertes
0,50
0,75
1,00
1,25
1,50
1,75
2,00 km
N
0
48
0,25
0,50
0,75
1,00
1,25
1,50
1,75
2,00 km
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Ville passante / Ville sectorisée...
-Rue de Versailles: continuité du bâti, alignement sur rue et commerces en Rez-de-Chaussée. La ville «passante»
-Lotissements pavillonnaires: constitution d’ilôts par tracés rectilignes, construction en retrait de la voirie.
-Copropriété de Parly 2: Voies de desserte routières autour des îlots, qui forment des boucles. Construction en cœur d’îlots et dessertes piétonnes internes à l’ilôt (non rectiligne). La ville «sectorisée».
49
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Un centre commercial qui tourne le dos à la ville...
sont discontinus et difficilement accessibles.
Le centre commercial est entièrement ceinturé de zones de stationnements, excepté une façade de l’extension (fnac) datant de 1986 qui donne sur rue. La galerie commerciale va de «nulle part à nulle part»: elle invente son propre flux au lieu de capter le flux existant de l’espace public. Comme nous l’explique David Mangin, la ville devient «sectorisée» et non plus «passante». Le territoire se résume en une succession d’îlots déconnectés les uns des autres et l’espace public devient anxiogène: le piéton, à travers un espace dépourvu d’activité et d’animation, est loin de tout et déconnecté de la ville. Le flâneur se sent comme «intrus» dans cet espace totalement surdéterminé où l’automobile, comme nous allons le voir, règne.
Des espaces verts et de détente... mais morcelés.
De plus, les emplacements prévus pour l’extension des surfaces commerciales sont accolés au centre existant et ne rétabliront pas un lien pédestre avec l’espace public.
Paradoxalement, on ne retrouve aucune végétation sur la parcelle occupée par le centre commercial, alors que celui-ci concentre l’essentiel des flux et de la vie sociale. Les jardins suspendus de la plaquette de publicité de Paris 2 ont disparus...
Parly 2 était censé répondre à l’envie de vivre en ville comme à la campagne. Cette idée ne s’est en fait traduite que par le remplissage des petits vides engendrés par cet urbanisme de «plots» et ses quatre façades. La «nature» se résume à un bout de gazon, un buisson, voire un arbre dans le meilleur des cas. Les squares des résidences sont des jardins à l’intérieur d’lôts privatisés. Deux grands espaces verts publics existent: d’une part les jardins de la mairie et d’autre part l’arboretum national (dans le domaine du château de Versailles). Ce dernier est séparé de la ville par la route départementale qui longe le centre. Il n’existe pas de liens pédestres entre ces deux espaces.
Un territoire automobile... L’espace réservé à la circulation routière est disproportionné. Les rayons de courbure, qui favorisent la vitesse, ne sont pas adaptés à un espace urbain où doivent cohabiter voitures et transports doux (piétons et cyclistes). Ces rayons de courbure et cette succession de rond-points fragmentent l’espace public, ne laissant que trop peu de place au piéton. La séparation des voies participe à cette logique de vitesse, pour que chaque moyen de déplacement soit le plus rapide possible, rendant l’espace public dangereux. La ville n’est pas pédestre, les différents ilôts
50
Résidences Parly 2
Mairie Eglise Notre-Dame Collège Charles-Péguy de la Résurrection
Jardins de la mairie
Résidences Parly 2
Emplacements envisagés par le promoteur pour les projets d’extension (permis de construire 2010)
ORGANISATION DU RDC - centre commercial Parly 2 CINEMA TRUFFAUT
PRINTEMPS PIZZA DEL ARTE
FNAC BHV MONORPIX
Entrée principale
Galerie commerciale Surface commerciale Administration Cinéma
52
Entrée principale
PRINTEMPS
ORGANISATION DU R+1 et R+2 Entrée principale PRINTEMPS
DECATHLON / HABITAT
BHV
FNAC C&A
MONORPIX
BHV
53
Un territoire automobile
Pistes cyclables Squares de rĂŠsidences Bancs publics ArrĂŞt de bus
Aire de jeux
54
Flux automibiles = Flux piétons
Flux automible Flux piéton Espaces verts privatisés Espaces verts publics
55
PLAN MASSE BÂTI
B A C
C’
A’ B’
56
Avenue Schweitzer stationnement centre commercial Parly 2
Centre commercial Parly 2
53.5
+ 15,5m
Aire de jeux (Skatepark + 2 Terrains Basketball + Anneau Avenue Dutartrede course)
113.8
64.8
Rue Grillon (Voirie résidence) Collège Charles-Péguy
72.8
14.2
17.2 26.2
+ 15,5m
+ 15,5m
+ 11,4m
+ 10,0m
+ 5,2m + 0,0 m
Coupe AA’
0
Nouveau centre Vers D186 Centre commercial Parly 2 9.7
stationnement centre commercial Parly 2centre commercial Parly 2 stationnement
35.1
64.8
Centre commercial Parly 2 104,7
10
stationnement centre commercial Parly 2 Avenue Dutartre
72.8
25
50m
Avenue du Général Leclerc Jardin privé Collège Charles-Péguy
28.0
28.0 14.2
17.2
19.1
+ 15,5m + 11,4m
+ 10,0m
+ 5,2m + 0,0 m
Coupe BB’ Centre commercial CentreParly commercial 2 Parly 2
0 0
stationnement centre commercial Parly 2 stationnement centre commercial Parly 2
64.8 64.8
10 10
25 25
Avenue Dutartre Avenue Dutartre
50m 50m
Collège Charles-Péguy Collège Charles-Péguy
72.8 72.8
14.2 14.2
17.2 17.2
+ 15,5m + 15,5m + 11,4m + 11,4m
+ 10,0m + 10,0m
+ 5,2m + 5,2m + 0,0 m + 0,0 m
Coupe CC’
0 0
10 10
25 25
50m 50m
57
1 / vue depuis la départementale D186
2 / Vue sur le centre et l’entrée du cinéma
1 11
3 2
10
4
7 8 5 6
9
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
3 / Rond-Point devant le centre commercial
4 / Hippopotamus
5 / Entrée de l’extension de 196
6 / Avenue Dutartre vers le parc du château
7 / Vue du collège et du skatepark
8 / Vue du centre commercial depuis l’avenue Shweitzer
9 / Entrée des jardins de la mairie
10 / Vue d’une voie de desserte routière d’une résidence
11 / Vue depuis le collège
59
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Rayonnement d'action d'un piéton / d’un cycliste / d’une personne vieillissante Schémas réalisés par l’auteur
Comme nous pouvons le voir à travers les schémas de rayonnement d’action d’un piéton et d’un cycliste dans les pages précédentes, il est assez rapide de parcourir la ville du Chesnay, et même d’accéder à Versailles, à pied ou à vélo. Or, les voies cyclistes sont très peu développées et certains passages sont difficiles pour le piéton. Gare de la Celle-St-Cloud
Gare de la Celle-St-Cloud
Gare de Vaucresson
Gare de Vaucresson Entrée Arboreteum
Entrée Centre commercial Arboreteum régional Parly 2
Centre commercial régional Parly 2
A
A
A
5 min
10 min
20 min
ur Le Chesnay / saill Ver es
Entrée du Parc du Château
saill Ver es
saill Ver es
ur Le Chesnay /
ur Le Chesnay /
Entrée du Parc du Château
10 min
maje
Voie cyclable
Centre commercial régional Parly 2
xe
20 min
maje
maje
10 min
Gare de Vaucresson Entrée Arboreteum
xe
xe
Entrée du Parc du Château
Gare de la Celle-St-Cloud
Gare Versailles-Rive droite Gare Versailles-Rive droite Château de Versailles
Château de Versailles
Château de Versailles Aven u
Gare Versailles-Rive Gauche
Gare Versailles-Rive droite
e de
Paris
Gare Versailles-Chantiers
Aven u
Gare Versailles-Rive Gauche
e de
Paris
Gare Versailles-Rive Gauche
Gare Versailles-Chantiers
Aven u
e de
Paris
Gare Versailles-Chantiers
N 0
60
0,5
1
2 km
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Etalement urbain Comme nous pouvons le voir à travers ce photo-montage, la piazza del Campo pourrait «tenir» entre le collège Charles Péguy et le début de la zone de stationnement du centre commercial Parly 2. 0
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0
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N
61
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Comparatif du bâti de Parly 2, Versailles et Sienne, à la même échelle Schémas réalisés par l’auteur
Centre commercial Parly 2 Château de Versailles
Place d’armes Piazza del Campo
Parly 2
Les parkings de Parly 2
62
Sienne
Versailles
La piazza del Campo
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Comparatif avec la nouvelle place de la République à Paris Photo-montage réalisé par l’auteur
La nouvelle place de la République est très intéressante car c’est, pour ma part, une franche réussite au niveau de l’accessibilité pédestre: par tout temps la place est bondée (piétons, flâneurs, jeux de glisse etc.). Une des voies est réservée aux piétons mais aussi aux bus qui y circulent à très basse vitesse. Depuis 2001, la voiture a perdu 20% d’espace de circulation à Paris. 0
50
100
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450 m
0
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N
63
• •
Une évolution atypique : seule ville à ne pas avoir connu de baisse de population (en comparaison avec trois autres communes). Une croissance qui est le fait dans un premier temps de l’accueil de nouveaux ménages. Depuis 1982, le solde naturel permet de maintenir cette croissance.
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
2.c / Une situation qui rend amorphe Nous pouvons donc conclure qu’il n’y a pas de rencontres et d’échanges possibles à travers l’espace public au Chesnay. La privatisation d’espaces censés être publics, tels que les squares des résidences de Parly 2, brouillent la distinction entre l’espace public et l’espace privé. Ce ne sont pas les impôts locaux qui sont utilisés pour entretenir les espaces verts et les chemins entre les immeubles mais les charges liées à la copropriété: cela conduit à un sentiment de clientélisme. Le dialogue entre les habitants est rompu. De plus, l’homogénéisation sociale au Chesnay (due en grande partie à la copropriété de Parly 2) entraine une forte pression sociale de par une nécessité d’appartenance à une certaine catégorie sociale pour faire partie de ce «club», sous peine d’exclusion. Cette homogénéisation se traduit aussi de manière architecturale, à travers ces 256 immeubles et ces squares complètement identiques et qui n’ont de différents que le nom. Tout y est semblable à tel point qu’un Parlysien ne trouve pas les mots pour indiquer son chemin à un éventuel passant! Les appartements se répètent, aucune variation n’est perceptible dans le paysage. Les habitants ne s’identifie pas à leur logement. Comme nous le dit Lucien Kroll, «Il est irrationnel d’imposer des éléments identiques à des habitants divers, cela les rend identiques, amorphes ou révoltés». Or, pour reprendre un proverbe allemand médiéval bien connu, «l’air de la ville rend libre», il n’ y a que dans une ville hétérogène que l’on peut ressentir la liberté, l’anonymat, loin de tout jugement social. Mais aussi, l’inattendu rend l’habitant attentif, son œil s’amuse dans la diversité, il est stimulé et créatif.
64
Le centre commercial est l’unique lieu de rencontre et de spec-
•
Le dynamisme démographique s’estompe.
Le nombre d’habitantsabaisse sensiblement. tacle de la ville. Mais seul •le consommateur le droit de représentation • Cette baisse est constatée à l’échelle de toutes les LES EVOLUTIONS communes dans cet espace où tout va trop vite. de référence (7 communes), à l’exception de
Sèvres. Les départs du Chesnay sont plus importants que les arrivées. Ce Développement constat, réalisé dès 1982, s’accentue entre Le plan d’Aménagement et de Durable (PADD) 1990 et 1999. du Chesnay (approuvé en •Février 2005) précise les besoins et les Les communes voisinesdans enregistrent également ce phénomène d’accélération des mouvements de population. perspectives d’évolution qu’il est nécessaire de fixer les populations • Seul le solde naturel permet d’atténuer la baisse en restant positif. jeunes et les populations du démographique 3ème et 4ème âge en développant des RECENTES
•
moyens d’accueil pour des nouveaux résidents ainsi qu’en diversifiant l’habitat afin de l’adapter à la demande de populations avec des moyens et des ressources variables.• Une stabilisation de la population au niveau du seuil démographique.
LES BESOINS
•
ET LES PERSPECTIVES D’EVOLUTION •
Extrait du PADD du Chesnay
Un besoin de fixer les populations jeunes au Chesnay : développement de moyens d’accueil de nouveaux résidents. diversification d’un habitat adapté à la demande de populations jeunes et de moyens et ressources variables. Une démarche similaire pour les populations plus âgées.
Dans cette optique, il semble nécessaire de transformer ce centre commercial en un centre urbain «habitable», passant, accessible et aux Dossier approuvé par délibération en Conseil Municipal le 15 Février 2005 usages divers. Reconnecter ce lieu à la ville et permettre à l’ensemble des habitants de se l’approprier, de se rencontrer et de forger ensemble des solidarités. En habitant ce centre commercial, les gens vont transformer cette architecture-produit de consommation en un lieu unique, de par son contexte. Le centre urbain sera catalyseur de citoyenneté. Nous étudierons dans le chapitre 3 des outils urbanistiques et architecturaux au travers d’exemple qui vont dans ce sens et sur lesquels je m’appuierai pour mon projet.
42
Jardins de la mairie du Chesnay
CHAPITRE III Intentions et outils pour le projet: lier, ralentir et habiter
Arboretum National du Cèvreloup (Musée National d’Histoire Naturelle de Paris)
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
1 / Se réapproprier la ville « Les qualités fondamentales de l’espace public sont donc son accessibilité et sa continuité. Reconstituer un espace public, c’est d’abord restaurer cette continuité et cette accessibilité. » Christian Devillers Domicile
Quartier
Ville
-Repère -Intimité -Affection -Sécurité
-Convivialité -Solidarité
-Vie sociale -Vie culturelle
Les 3 cercles de la vie sociale d’une personne1 Le schéma ci-dessous résume les 3 cercles -les 3 échelles- de nos espaces de vie quotidiens. Plus une personne devient dépendant, plus ces 3 cercles tendent à se réduire: la perte de sa mobilité et de son autonomie entraine une rupture des liens de solidarité et affectifs qui peut aller jusqu’à une situation d’isolement total. Les outils et les exemples répertoriés ci-après rentrent dans la logique de préserver, et ce jusqu’à la fin de la vie, les 3 cercles de vie sociale d’une personne.
1. MECHKAT Cyrus, L’architecture adapté, entretien (propos recueilli par DREYER Pascal), Février 2010, http//www.leroymerlinsource.fr, 5 p.
66
1.a / Désenclavement et transformation du territoire automobile Développer les transports en commun La condition première pour désenclaver la ville, la rendre accessible et minimiser le trafic routier est le développement des transports en commun. La communauté d’agglomération Versailles Grand Parc (VGP), dont fait partie Le Chesnay, regroupe 18 communes dans les départements des Yvelines et de l’Essonne, soit plus de 180 000 habitants, dont 86 000 habitants à Versailles (INSEE, 2010). Cette agglomération pourrait développer un réseau de transport de type tramway ou petit métro urbain (partiellement souterrain) pour se connecter au projet à plus grande échelle du métro grand paris express. Ce dernier envisage d’établir un arrêt à la gare de Versailles-Chantiers, prévu à l’horizon 2025. La ville du Chesnay et plus particulièrement le centre commercial devrait bénéficier de ce type d’infrastructure. Le choix du mode de transport tel que le tramway semble pertinent. Il est efficace, si l’on maximise sont trajet en site propre, peu polluant, et surtout permet de porter un regard sur la ville. Il privilégie l’itinéraire plutôt que la destination, tout en restant rapide, ce qui semble particulièrement indispensable pour une ville aussi touristique que Versailles.
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Concernant la commune du Chesnay, ce réseau permettrait de relier plus facilement les 3 gares de Versailles ainsi que la gare de la Celle Saint-Cloud. Le tracé empruntera les principales voies routières (qui sont largement surdimenssionées et disposent d’un terre-plein central) et connectera les différentes centralités existantes: le centre Hospitalier de Versailles, le centre commercial (et le collège et les jardins de la mairie à proximité), l’entrée du parc du Château de Versailles côté Chesnay (et les infrastructures sportives à proximité) et enfin la place de la Loi (noeud d’intersection entre la ville de Versailles, la zone de lotissements pavillonnaires du plateau Saint-Antoine et la rue de Versailles, centre historique du Chesnay). Concernant Versailles, le tracé longera le château (avec un arrêt au niveau de la place d’Armes), afin d’éviter le centre de Versailles (notamment la place du Marché). Il empruntera ensuite l’avenue de Paris (plus large avenue de France) pour se rendre jusqu’à la gare des Chantiers. L’objectif est de créer des noeuds multimodaux, en prenant en compte les réseaux de transport existants (ferroviaire et bus) pour lier renforcer les centralités existantes.
Carte de Versailles Grand Parc / Source: http://essor-de-versailles.fr
Exemple du tramway de Rouen (mis en service en 1994)1
Tramway Citadis d’Alstom à Rouen
1. Tramway de Rouen, source wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_ de_Rouen, consulté le 22 /10 /13.
Carte du Grand Paris Express / Source: wikipédia
67
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Gare de La Celle Saint-Cloud
Le tramway de Rouen est une véritable réussite. Dénommé «métro de Rouen», bien qu’il soit à 89% construit en surface, c’est un réseau de tramway circulant intégralement en site propre, composé de 2 lignes d’une longeur total de 15km de rames (31 stations) Il dessert la ville de Rouen (111 000 habitants) ainsi que 4 autres communes de son agglomération. Rouen est l’une des plus petites villes françaises à être équipée d’un transport en commun urbain. Ce tramway transporte en moyenne 67 000 voyageurs par jour, à la vitesse moyenne de 19 km/h (60km/h max.). Le modèle actuel de tramway est le Citadis de la société Alstom, qui comporte un plancher bas, idéal pour les personnes à mobilité réduite, et a une emprise totale comprise entre 5 et 6m de largeur (double sens).
Pour de Nouveaux Soleils Verts: Projet de réseau de transport en commun
0
ROCQUENCOURT
0,5
Gare de Vaucresson
1,0
CHU de Versailles EHPAD public «Les chênes Verts»
Arboretum National
1,5
collège Charles-Péguy 2,0
Centre commercial régional Parly 2 centre sportif
2,5
Parc du Château
Place de la Loi
3,0
Gare Versailles-Rive droite
3,5
Limite administrative du Chesnay tracé envisagé pour le tramway / bus à haut rendement
Château de Versailles
Place du Marché
4,0
Arrêts du tramway / centralités existantes Gares
VAUCRESSON
LA CELLE-ST-CLOUD
Gare Versailles-Rive Gauche
4,5
VERSAILLES
Ave n
ue
Lignes ferroviaires existantes
de
Par is
Arrêts de bus importants existants Lignes de bus importantes existantes
Gare Versailles-Chantiers
5,0 km N
0
68
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0 km
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Transformation du territoire automobile Il est nécessaire d’optimiser l’espace requis pour les zones de stationnement réservées aux voitures. Le stationnement robotisé2 semble être une solution des plus intéressantes. En silo ou en barre, il existe de nombreux systèmes qui permettent tous d’économiser de l’espace et d’absorber l’excès de l’étalement des zones de stationnement dont souffrent actuellement les villes. Ces systèmes offre un confort à l’usager: ils ont une grande capacité de stockage (80 véhicules par bras mécanique) et permettent de gérer un volume d’entrée et de sortie de véhicules conséquent et de manière très rapide (ce système régule les flux et évitent les effets «entonnoirs», notamment en sortie de zone commerciale). Ils permettent aussi de réaliser des économies dues au faible coût de construction (structure légère, pas de sortie de secours ni d’éclairage et ventilation réduite). Enfin, ils contribuent à améliorer la sécurité en réduisant le caractère anxiogène des aires de stationnement ou des parkings souterrains classiques.
L’emprise au sol d’un parking robotisé en silo est d’environ 22 m de diamètre tandis que ceux en «barre» (avec 2 côtés de stationnement) ont une largeur d’environ 17m. De nombreux éco-quartiers ainsi que des zones commerciales (notamment en Allemagne) optent pour cette solution.
Système proposé par la société Whör (Allemagne)
Parking dans un éco-quartier qui participe à l’éclairage urbain
Parking automatisé Volkswagen, Wolfsburg, Allemagne
2. Mecalux, constructeur de système robotisé, http//www.mecalux.fr
Possibilité d’animer la façade (source inconnue)
69
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
... Mais une bonne opportunité pour créer des centres-ville!
5000 places de stationnement ! (6 sous -sols)
2500 places de stationnement en plein air...
Zones de stationnement du centre commercial Parly 2
Au cours d’une conférence TED datant de Janvier 2010 et intitulée «Revitalisation des banlieues»1, Ellen Duham-Jones nous explique que la revitalisation des banlieues est l’enjeu architectural et urbanistique majeur des 50 prochaines années pour répondre à la croissance de l’urbanisation. La revitalisation des centres commerciaux moribonds en des centres-ville est essentielle et la réhabilitation des zones de stationnement qui s’étendent à perte de vue est une grande opportunité pour densifier la ville et transformer les zones commerciales en zones urbaines grâce à la diversité d’usage (commerces, services, habitats, sport et espaces verts) que l’on peut y injecter. La meilleure façon de réduire les gazs à effet de serre est d’urbaniser les banlieues: en moyenne, un «citadin» produit 1/3 de CO2 que ce que produit un individu vivant dans des banlieues, à l’étalement urbain énorme et organisé en zoning. Ceci est dû essentiellement aux trajets automobiles rendus indispensables et au fait que les immeubles soient séparés les uns des autres et donc consomment plus d’énérgie.
Des zones de stationnement sous-utilisés... Les zones de stationnement qui ceinturent le centre commercial ne représentent que 1/3 de l’ensemble des places de parking alors qu’ils occupent bien plus des 2/3 de l’emprise au sol du centre commercial. Les parkings en sous-sol construits sous l’extension de 1986 représentent 5000 places sur les 7500 au total. 1. DUHAM-JONES Ellen, Retroffiting Suburbia, Conférence TEDxAtlanta, Janvier 2010, www.ted.com/talks/ellen_dunham_jones_retrofitting_suburbia#t-24647
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Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Vers un sol partagé Le principe urbain «d’espace partagé» vise à mettre fin à la ségrégation entre les différents modes de transport et à repenser en particulier la signalisation.
Belmar
1975
Belmar
Le but est de responsabiliser les automobilistes, les piétons mais aussi tout autre mode de transport doux pour les rendre acteurs de leur propre sécurité. Pour cela, on réduit la signalisation en ne laissant que l’information vitale voire aucune information signalisée. L’objectif visé est un comportement plus attentif, courtois et une responsabilisation de chacun. De plus, cela a l’avantage de rendre le paysage moins chargé par la signalisation et d’éviter l’effet «forêt de poteaux». Par exemple, à Londres, la signalisation a été considérablement réduite sur Kensington High Street (photos ci-dessous) et les barrières de sécurité pour piétons ont été enlevées avec un résultat de 60 % d’accident en moins. La vitesse y est limitée à 30 km/h et le traffic a diminué de 30 % grâce a plus de fluidité.
2015
From dead mall to green Downtown, Belmar, Lakewood, Colorado. Avant / Après.
Le projet «From dead mall to green Downtown» (voir plan masse ci-dessus), par l’agence d’architecture Elkus / Manfredi Architects, est un bon exemple d’une zone de stationnement autour d’un centre commercial (étalé sur 40,5 hectares) et réhabitée en centre urbain. 22 bloc urbanisés, à l’échelle du piéton, 2 parcs publiques et 8 lignes de bus sont prévus. Kensington High Street, Londres. Avant / Après
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Une place partagée La place Jemaa el-Fna, place principale de Marrakech au Maroc, située au sud-Ouest de la Médina est un bel exemple d’espace partagé de différentes manières selon les heures de la journée. Ce haut-lieu traditionnel, populaire et animé attire plus d’un million de visiteurs par an. Elle est animée d’une importante vie populaire de la fin de l’après midi jusqu’à l’appel à la prière à l’aube. Vers 17 heures, de nombreux forains, camelots et artistes de rue installent leurs nombreux restaurants ambulants et attractions et la place devient rapidement noire de monde avec une ambiance festive familiale. Véhicules, vélos et piétons s’y croisent sans problème à une vitesse quasi-similaire. Il n’y a pas de délimitation pour le passage des véhicules, qui doivent adapter leur vitesse et leur parcours en fonction de ce qui se passe sur la place.
La Place de la République est une des plus grandes places parisiennes (280mx120m, 3,6 ha). Cependant, la fonction de circulation est devenue prépondérante au détriment de la qualité urbaine et de la diversité des usages. La Mairie de Paris a donc lancé un projet pour son réaménagement ambitieux en 2008, autour de 3 objectifs : -réaffirmer le symbole républicain et revaloriser le patrimoine historique. -intégrer les nouvelles mobilités et mieux partager l’espace public. -renforcer la convivialité de la place et dessiner un lieu de rassemblement. Le parvis est rattaché au côté Nord de la place et se prolonge jusqu’au début de la rue du Faubourg du Temple. Une liaison piétonne est ainsi amorcée vers le Canal Saint-Martin. De plus, le projet intègre les déplacements des vélos et des autobus, avec la création d’une voix de circulation douce en site propre au Nord du parvis piétonnier. Les déplacements sont ainsi simplifiés pour tous.
Plan masse de la place de la République
Place Jemaa el-Fna, Marrakech, Maroc. Différents ryhtmes selon l’heure de la journée
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Vue aérienne de la place
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Pour de Nouveaux Soleils Verts: Une nouvelle place publique «Dans un contexte d’interconnaissances très faibles dans l’espace public, ce dernier produit ce qu’il entend combattre : l’individualisme»1 L’objectif est de transformer le «nœud routier» entre l’entrée du centre commercial et le collège en une place publique piétonne: l’utilité de l’espace public est ici réduite à sa fonction d’espace de transport et des flux automobiles. Malgré le fait que cet espace soit très emprunté par les piétons grâce à l’attractivité du centre commercial. Le «bouger l’emporte sur l’habiter», où le mot habiter signifie l’ensemble de nos pratiques quotidiennes (habitus) d’un espace. Or il n’y a aucun usage de cet espace à part le fait de le traverser, piétons et automobilistes, le plus vite possible. Nous ne pouvons pas nous résigner et dire que désormais nous habitons seulement dans les transports ,les flux et que notre rapport avec notre territoire, l’espace public et notre habitat s’appauvrit. Il semble nécessaire de recréer des zones de temporisation dans les villes, où la lenteur prédomine. C’est en effet la condition pour recréer un dialogue entre les citoyens et redonner sa force à l’espace public. Il faut voir en cet espace l’occasion de créer un lieu de temporisation dans la ville et un lieu de rassemblement. Il ne s’agit pas de lui donner une fonction particulière mais seulement de le rendre accessible, pédestre, partagé et partageable afin d’en faire un lieu d’urbanité (qualité des rapports so1. BERDOULAY Vincent, da COSTA Paulo C. et LOLIVE Jacques (dir.), L’espace public à l’épreuve. Régressions et émergences, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2004, p. 80.
Vue aérienne de l’entrée de Parly 2 (existant)
Pour de Nouveaux Soleils Verts: vue aérienne de la place publique
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ciaux dans une ville), un lieu qui permet de rencontrer et de dialoguer avec l’autre, mais aussi, ne l’oublions pas, de pouvoir se dégager de l’emprise de l’autre sur soi (l’air de la ville rend libre). «L’espace public est tout le contraire de l’espace privé : «c’est le lieu où n’est pas mise en question la légitimité des autres à être là»2.
L’accès piéton au centre commercial est modifié afin qu’il s’ouvre sur la place et supprimer la limite physique et visuelle des zones de stationnement. Les points de restauration, qui veulent échapper à l’enferment du centre commercial, se tournent alors vers la place et la rendent attractive. Il est nécessaire pour le centre commercial de capter le flux existant de la ville qui devient «passante» et non plus «sectorisée».
La trame du pavage au sol (qui, nous le verrons, se retrouve le long de toute la promenade et reprend les nuances de l’arboretum) devient plus lâche à l’approche de la chaussée et déborde même sur cette dernière. Cela permet de créer une «alerte» au niveau du marquage au sol aussi bien pour le piéton que pour l’automobiliste qui deviennent plus attentifs. La place est traversée par un passage pour les transports en commun. Dans cette zone, la trame du pavage au sol se resserre et les nuances virent vers les couleurs chaudes pour signaler le mouvement. Une ligne plus épaisse que celles qui constituent la trame délimitent très légèrement cette zone, tout comme la rangée d’arbres, afin de ne pas favoriser la vitesse des transports en commun tout en alertant le piéton.
2. CHEMETOV Paul, 20 000 mots pour la ville, Flammarion, 1996, p. 62.
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1.b / Créer des liens pédestres: des axes de promenade liants et structurants de la ville Il est donc nécessaire de créer plus d’espace piétons et pour les transports doux afin de faire un «pas» vers l’autre. Comme le disait le paysagiste Michel Desvignes, il est primordial de définir les grands axes verts et de promenade des grands projets urbains. Ce sont en effet des projets comprenant de nombreuses phases s’étalant sur plusieurs années et très souvent l’architecture et les besoins programmatiques évoluent, mais la «colonne vertébrale» que représente l’axe de promenade doit être respectée pour un aménagement unitaire qui relie généralement 2 points important de la ville.
La création de mails Un mail est une large voie plantée d’arbres souvent réservée aux piétons. Sa composition classique comprend une large pelouse centrale bordée de chaque côté d’un chemin piétonnier. Ce terme provient d’une reconversion du terrain propre au jeu de mail (ancêtre du golf et du croquet) en voie publique. La diversité des sols et le mobilier urbain créent des espaces de jeux agréables pour les enfants tout en offrant des lieux de promenades à travers la ville, où se succèdent place publique minérale, jardins, équipements publics etc... La rue n’est plus un espace uniquement de circulation: elle est habitée dans le sens où elle adopte d’autres usages, ralentit les flux et favorise la rencontre.
"Superkilen" par l'agence BIG, Copenhague, Danemark, 2012.
Superkilen Le parc urbain linéaire «Superkilen» situé à Copenhague dans le quartier de Nørrebro et créé par Superflex, Bjarke Ingels Group et Topotek1 est un bel exemple d’espace public partagé par et pour les habitants. Grâce à l’utilisation de différentes gammes de mobilier urbain, issues d’une multitude de pays et d’usages, les habitants s’identifient à ce parc singulier, propre à son contexte. « Superkilen est une sorte de collection surréaliste de la diversité urbaine globale qui reflète en réalité la vraie nature du voisinage local – plutôt que de perpétuer une image pétrifiée d’un Danemark homogène ». BIG.
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Les terrasses de Nanterre
La promenade du Paillon à Nice
Le projet des jardins de l’Arche à Nanterre est, quant à lui, un bon exemple d’une volonté d’articulation de l’aménagement autour d’un axe de promenade, ici entre La Défense et Seine Arche. Il s’agit d’un parvis large d’une quarantaine de mètres, continu et bordé par du bâti mêlant habitations, hôtelleries avec le rez-de-chaussée réservés au commerces et services. Ce grand axe crée des liens pédestres entre les différents quartiers et apporte une respiration et une animation urbaine.
Cette promenade suit le tracé du fleuve du Paillon enfoui. Réalisée en 2013 par Michel Péna crée une coulée «verte» où se succède places minérales et jardins publics jusqu’à la mer.
Vue du lien entre les terrasses de Nanterre et la rue // Vue 3D du grand axe de promenade // Vue aérienne des terrasses
Place minérale et jeux d’eau le long de la promenade du Paillon // Vue aérienne sur les jardins // Plan masse de la promenade
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Favoriser les transports doux La séparation des voies, nous l’avons vu, est un faux remède: l’ensemble les modes de transports (routiers et doux) doivent cohabiter en ville et s’adapter les uns les autres. Cela augmente la vigilance de chacun.
Le parcours l’emporte alors sur la destination. Ces différents types de transport sont très simple à mettre en place le long de grands axes de promenade.
Il existe de nombreux exemples innovants de transports doux pour répondre au manque de mobilité des personnes vieillissantes et/ou handicapées. Le cyclopousse est un moyen de transport inspiré du pousse-pousse totalement écologique mis en place à Villeurbanne ainsi qu’à Lyon. Largement développé, ce système ne coûte que 20 euros par an pour une personne justifiant d’une mobilité réduite. De plus, ce vélo est généralement conduit par des étudiants ou des gens e phase d’insertion professionnelle, ce qui favorise l’intergénérationnalité et la convivialité. D’autres systèmes existent comme le petit train urbain de strasbourg ou encore les petits trains qui circulent généralement à travers les lieux touristiques. Ils représentent une alternative aux transports en commun, en étant mieux adapté aux personnes à mobilité réduite, tout en offrant un autre regard sur la ville et une circulation plus lente.
Cyclopousse de Villleurbanne
Petit train urbain à Strasbourg
Petit train touristique à Boulogne-sur-Mer
Exosquelette pour facitiler la marche
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Pour de Nouveaux Soleils Verts: Un axe de promenade continue entre l’arboretum National et le jardin de la mairie
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Cette promenade urbaine, en franchissant la route nationale RN186 , permet la continuité de l’Arboretum national qui pénètre au cœur de la ville et crée un espace public continu et végétalisé, connecté aux potentialités du site. Sur les anciens parkings du centre commercial, devenus automatisés et sous-terrains, (les places de stationnement côté route départementale sont conservés pour les commerces d’échelle régionale), le bâti est composé de commerces et d’équipements publics (bibliothèque, terrains de sport) en Rez-de-Chaussée, pour apporter de la diversité et de la vie, et d’habitations en R+4. Les espaces verts et le bâti sont liés et accompagnent le promeneur dans une promenade bucolique le long des commerces, des aménagements publics et des habitations.
•
Promenade «minérale» le long des habitations et des activités qui reprend dont le pavage du sol reprend les nuances des couleurs de la végétation de l’Arboretum.
•
Espace public bordé par le bâti, continu et jouant sur différents niveaux de hauteur pour multiplier les points de vue, afin de donner une dimension théâtrale.
Le but étant de favoriser la marche ou tout autre mode de déplacement actif, l’allée piétonne est la colonne vertébrale du projet. Elle relie l’Arboretum, le centre commercial et son cinéma (autrefois ceinturés de parkings), débouche sur une place urbaine partagée (les voitures ne peuvent la traverser qu’à des horaires précis) avec ses aires de jeux, cafés, restaurants et ses transports en commun (bus en site propre). Elle continue ensuite vers le collège ainsi que vers l’aire de jeux (ancien skatepark) et se prolonge jusqu’aux jardins de la mairie, en passant par l’église Notre-Dame de la Résurrection. Côté rue, le bâti est aligné sur rue pour former une ligne forte et structurante. Côté jardin, l’allée ondule pour se faufiler entre les différentes espèces d’arbres et les bosquets fleuris, où l’on trouve tout au long du parcours des terrasses et des commerces. Cette allée piétonne est agrémentée de bancs, luminaires et mobiliers qui lui confèrent un caractère urbain.
•
• Promenade qui favorise les déplacements doux et permet au corps d’être en éveil. • Convergence des différents flux vers la place publique. Centre commercial qui se rattache à la rue tout en gardant un côté (le long de la route nationale) à vocation régionale nécessitant des infrastructures routières.
• Trame du pavage au sol qui s’élargit et déborde jusqu’à la voirie, rendant floue la limite entre entre espace piéton et automobile. Le conducteur ralentit et est plus attentif, ainsi que le piéton qui voit le pavage s’écarter.
PLAN MASSE PROJET - Intentions
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VUE SUR LA PROMENADE
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PLAN MASSE PROJET
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CHARTE GRAPHIQUE L’arboretum national de Chèvreloup, situé dans la commune de Rocquencourt (voisine du Chesnay) est un établissement botanique du Muséum national d’histoire naturelle d’une surface de 200 hectares, qui comprend l’arboretum de 2 700 espèces et variétés d’arbres, des serres botaniques et des serres horticoles. Le traitement de sol de la promenade minérale reprend les nuances de l’arboretum.
Déambulation
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Repos
Mouvement / Flux
Déambulation
Jeux d’eau
Déambulation
Faire ce que l’on veut
Aller à l’hopital rapidement Aller à la bibliothèque
Recevoir des soins chez soi
Enguirlander les jeunes
Aller chez le coiffeur
Aller à la pharmacie
Faire de l’exercice Aller au cinéma
Faire le marché
Aller au restaurant
Théâtre urbain Jardiner Rencontrer des gens de tous âges
Faire du shopping Avoir une aide à domicile
Se promener Cuisiner
Aller à la poste
Battre au billard les jeunes du coin
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
2 / Se réapproprier le quartier
Le centre gériatrique Leo Polak Huis, en limite urbanisée d’Amsterdam, est un bel exemple d’une ouverture intergénérationelle «naturelle» ainsi qu d’un pôle gérontologique qui ne se limite pas à la maison de retraite en couvrant l’ensemble du quartier.
2.a / Des pôles gérontologiques au cœur de la vie urbaine Des établissements au cœur de la vie communautaire L’établissement médicalisé ne doit pas être vu et utilisé comme une entité fermée mais au contraire comme un espace et un outil tournés vers l’extérieur, au cœur de la vie communautaire et du programme gérontologique qui couvre toute la ville. • Avantage social: les personnes en difficulté sont moins isolées socialement et géographiquement.
• Avantage économique: le réseau gérontologique est plus efficace.
Architectes: Felix Claus Jaap Gräber Construite en 2006 JARDIN PUBLIC
Programme
LOGEMENTS
PATIO CENTRAL ouvert au public
-Une résidence de logements -Une maison de retraite -Un centre de soin pour le quartier •Un grand Hall relie les 2 ailes du bâtiment comprenant: -Une cafétéria -Un piano et des billards en libre accès (ouvert au public)
Schémas réalisés par l'auteur
•La résidence est agrémentée d’un jardin qui sert de jardin thérapeutique.
MAISON DE RETRAITE
CENTRE DE SOINS pour le quartier
Plan RDC (sans échelle)
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La médiathèque de Sendaï de Toyo Ito, construite en 2001 au Japon, bien qu’elle n’est aucun lien avec la gérontologie, est un bel exemple d’ouverture sur le quartier: les associations de citoyens consultés sur le programme ont insisté sur le fait que l’édifice devait être libre d’accès, sans barrière1. Ouvert tous les jours de 8h à 22h, le Rez de Chaussée est un volume vitré de 7 mètres de haut dont une façade articulée de 8 panneaux pouvant entièrement se replier (système en accordéon). Le revêtement de sol étant le même à l’extérieur et à l’intérieur, le rez-dechaussée devient une continuité de l’espace public .
Mixité programmatique pour les établissements médicalisés
Architectes: Gabetti et Isola Construite en 1994
La résidence des Cinque Torre à Settimo-lorinese, dans la banlieue de Turin en Italie, est un bel exemple de réussite de mixité programmatique verticale. Chaque programme est organisé autour d’une promenade circulaire et d’un patio qui libère les vues sur les autres programmes ainsi que sur la jardin public. • Avantage social: les personnes en difficulté sont moins isolées socialement et géographiquement. • Avantage économique: ralentissement de l’apparition de troubles et maladies psychiques, donc moins de prise de médicaments.
•Avantage spatial: gain d’espace par densification des programmes.
Vue du Rez-de-Chaussée
1.COPANS Richard, La médiathèque de Sendaï, Architecture volume 4, Arte Vidéo, 2005.
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Schémas réalisés par l'auteur
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Des logements adaptés et des services collectifs intégrés dans les résidences
Programme •5200m2 comprenant: -une résidence de 95 studios dont une unité Alzheimer de 19 logements (au dernier étage). -Boutique, restaurant, Bar -Auditorium, Bibliothèque -Un centre de Fitness •Pas de couloir: promenade intérieure circulaire ponctuée de petits salons. (librePlan masse (sans échelle) déambulation pour les personnes atteintes d’Alzheimer, propice au rencontre)
Architectes: Jean-Yves Guillemin, Claude Grosjean et Anne-José Hilaire Construit en 2000.
L’exemple de la résidence Saint Appolinaire à Dijon est une belle réussite d’intégration des personnes dépendantes et de mixité intergénérationnelle. Organisée autour d’une rue intérieure, la résidence offre un panel de logements adaptés pour tous. Des programmes liés à la petite enfance ainsi que des espaces communs se trouvent au Rez-deChaussée, le long de la rue intérieure, pour favoriser les rencontres.
•Situé dans un jardin public
Plan étage (sans échelle)
Unité d’Alzheimer
Résidence de 95 studios
Centre de fitness
Coupe (sans échelle)
Auditorium
Bibliothèque
Schémas réalisés par l'auteur
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• Avantage social et économique: favorise l’entraide informelle.
• Avantage économique: favorise le maintien à domicile avec des services plus proches et mutualisés. •Avantage culturel: lien intergénérationnel Programme -Une résidence de 76 logements répartis en 4 immeubles. -Un étage aménagé pour 14 personnes très dépendantes. -Le RDC adapté pour 6 personnes désorientées. -Un point central «café» pour les rencontres -Un centre de soin -Une structure pour la petite enfance relié aux logements pour personnes dépendantes par un coin «contes».
Coin «café et journaux» Centre de soins Equipement petite enfance
Plan du RDC des logements protégés pour personnes désorientées
2.b / Créer des espaces intermédiaires entre public et privé: des espaces privés d’usage collectif. Ces espaces intermédiaires (cours, jardins, entrée d’immeuble de logement etc.) sont ainsi ce qui résiste à la rigidification des rapports public/privé : ils expriment la volonté d’une urbanité pensée sans discontinuité, d’une urbanité de toute la ville, et pas seulement de l’espace dit « public ». L’urbanité est aussi l’affaire de ces « profondeurs » de la ville que sont les cours et jardins.1
La Résidentialisation L’urbanisme en «plot» tel que celui de Parly 2, les tours et les grands ensembles engendrent des vides considérables entre le bâti: ces vides, souvent peu aménagés ou comblés par de la végétation, se sont révélés être générateurs de maux sociaux très importants. Pour remédier à cela, il existe le concept de «résidentialisation» -action de transformer en résidence- qui consiste à créer des espaces intermédiaires, c’est-à-dire des espaces privés d’usage collectif. Concrètement, cela consiste pour le propriétaire à racheter à la collectivité une bordure de 10, 20 ou 30 mètres autour du bâti pour créer un seuil d’entrée dans la copropriété. La résidentialisation doit se rattacher à un espace public il faut qu’il y ait une différence nette entre l’intérieur et l’extérieur de la copropriété.
Logements collectifs
Plan du 1er étage des logements collectifs
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1. FAILLEBIN Thomas, Les espaces intermédiaires comme projet d’urbanité, Centre de Ressources Prospectives du Grand Lyon, Février 2007.
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Des jardins familiaux comme espace privatif de partage
Bien ques les parcelles soient effectivement privatives, cela crée de l’entraide et des rencontres entre les différents usagers.
Aujourd’hui plus que jamais «avoir» son petit bout de jardin est devenu un privilège. Pour des raisons économiques, écologiques, de loisirs, de détente ou encore par passion, cultiver soi-même quelques dizaines de mètres carrés de terre est devenu un besoin que de plus en plus de personnes éprouvent. Les jardins familiaux, parcelles privatives entre 10 et 20 mètres carré, sont souvent installer pour créer de la résidentialisation au pied des immeubles et offrent un bon compromis à la maison individuelle.
Les Locaux Communs Résidentiels
Bien qu’ils ne soient pas représentatifs du concept de résidentialisations, l’exemple des jardins familiaux «La Quintinie» de Versailles à proximité du château constituent une belle réussite qui démontre l’engouement pour ce type d’espace: 200 parcelles privatives avec un puit d’eau pour les habitants de Versailles et gérées par une association. L’adhésion coûte 50 euros par an. On y trouve aussi une aire de jeux pour les enfants ainsi que des locaux pour les réunions de l’association.
Les locaux communs résidentiels(L.C.R) sont obligatoires au delà de 80 logements sociaux. On y fait de la gymnastique, de l’alphabétisation et les jeunes trouvent un endroit pour faire de la musique ou du théâtre. Malheureusement, ces locaux se retrouvent souvent fermés du fait d’une gestion difficile. Mais Il y a des exemples où cela marche tout à fait bien. Le problème des L.C.R. est que leur utilisation et leur appropriation par quelques-uns peu poser problème : il faut une autorité régulatrice (association, concierge, gardien d’immeuble etc.). Les L.C.R. sont des espaces intermédiaires que l’architecture de l’habitation cherche à faire émerger. En ce sens, restreindre la présence des L.C.R. aux seuls logements sociaux pose question: il n’y aurait que les habitants des logements aidés qui nécessiteraient ces supports du collectif, ces lieux d’initiatives, ces lieux de rassemblement ?
Château de Versailles
Jardins familiaux
Vue Google Earth des jardins familiaux // Vue d’une parcelle // Mobilier adapté pour les personnes en difficulté
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Frontage vivant Les frontages des habitations sont une bonne opportunité de créer des espaces intermédiaires entre espace public et privé. Il s’agit de créer des espaces tampons entre la rue et le bâti pour assurer une continuité de l’espace. Les habitations s’ouvrent sur la rue, les bancs trouvent leur place au seuil des portes, on y jardine... Les habitants retrouvent une capacité d’action spontanées.
Afin de remédier à cette situation, il faudrait créer un espace intermédiaire entre la rue et les résidences le long de la limite de parcelle et y installer des locaux communs résidentiels. En effet, les locaux à vélos se trouvent actuellement à l’intérieur des immeubles, difficilement accessibles et largement sous-dimensionnés. Le fait d’installer le local vélo en entrée de résidence faciliterait son usage. Une salle commune, un écran d’information interactif et du mobilier urbain participeront à transformer cette limite en espace de rencontre.
Photo de gauche: Ecoquartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau qui met en valeur les frontage. Photo de droite: Maisons mitoyennes bi-orientées, bancs au seuil des portes
Pour de Nouveaux Soleils Verts: Résidentialisation et frontage vivant Nous avons vu que les jardins des résidences de la copropriété de Parly 2 étaient seulement des espaces paysagers et non plus d’usage. Cela représente une privation d’une part très importante du territoire. Ces jardins, trop enclavés, sont des espaces flous entre public et privé, où le flâneur ne semble pas forcément être le bienvenu sans que l’accès lui soit refusé. Vue d’une entrée existante de résidences de Parly 2
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Seuil des copropriétés / Locaux communs résidentiels
Local à vélos
Ecran d’information interactif Banc public
Passage piéton
Salle à manger commune
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Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
Pour les habitations créées le long du centre commercial, le rez -de-chaussée est réservé pour les personnes en difficulté, afin de leur donner un accès facilité depuis la rue et un balcon en R+1 côté promenade. La coursive sur trouvera côté rue (nord) et sera traité comme un frontage vivant.
A
A’ Habitats intermédiaires R+1 et R+2 Parcours de l’arboretum
Habitats intermédiaires R+1 et R+2
Centre commercial Activités
Activités
Parcours de l’arboretum
Plan de situation Rue de desserte / frontage vivant
Centre commercial Potager partagé
Parkings automatisés
Habitats intermédiaires Frontage vivant
Rue de desserte
Coupe AA’
Coupe perpective du projet
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Perspective du frontage vivant
Plan RDC (nord) / R+1 côté promenade (sud)
Avenue Charles de Gaulle
Rue de desserte
Frontage vivant
Espace commun
T2
T2
Coursive extérieure
Parcours de l’arboretum
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3 / Se réapproprier le logement 3.a / L’habitat participatif L’habitat participatif permet à des groupes de citoyens de concevoir et gérer leur habitat collectivement, en cohérence avec leurs moyens et leurs aspirations. Il permet au groupe de se réapproprier les décisions et responsabilités de l’acte de construire ou de rénover, d’adapter leur habitat à leur mode de vie. Les personnes qui intègrent le groupe sont avant tout guidées par une volonté de vivre ensemble dans un esprit de solidarité et de convivialité. C’est un modèle social avant d’être un modèle urbain qui tend à renouer le lien social entre voisins et à inventer un lieu de mixité et de solidarité. Ouvert à tous, il est particulièrement adapté aux personnes âgées vieillissantes, qui au lieu de subir l’entrée en institution, peuvent prendre le choix du lieu où elles désirent terminer sa vie. Couplé à un pôle gérontologique, ce système peut être une alternative à la maison de retraite. Cela permet, grâce à une vigilance partagée, de préserver une forme d’autonomie en mutualisant les efforts et d’éviter l’isolement et l’infantilisation que l’on retrouve souvent en institution (quête du risque zéro au détriment de la qualité de vie). Il existe des groupes de personnes vieillissantes désireuses de combiner harmonieusement vie privée, autonomie et vie communautaire. Concrètement, les volontaires constituent un groupe qui se fédère autour d’un projet de vie et fait appel à un architecte/maître d’œuvre afin de concevoir ensemble un lotissement d’habitation collectif. Chaque habitat participatif est différent, la créativité et la personnalité des habitants apportant des ambiances très diverses. Les habitats participatifs existants sont généralement des lieux agréables, verdoyants, conviviaux, où les
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habitants ont plaisir à vivre. Économiquement, c’est un montage selon lequel des particuliers réunis par un projet de vie commun, jouent le rôle de maître d’ouvrage en concevant, finançant et réalisant leur logement au sein d’un bâtiment collectif sans passer par un promoteur. L’économie est d’environ 20% par rapport à un logement classique, à qualité égale, du fait de la réduction du nombre d’intermédiaires et d’intervenants, de la mutualisation de moyens et des économies d’échelle. Une économie pouvant aller jusqu’à 20% supplémentaires peut être réalisée si le groupe prend en charge un certain nombre de travaux. Ensuite, les coûts de maintenance sont moins élevés du fait de l’adaptation des locaux aux besoins et de leur gestion par le groupe. Ce concept rencontre un vrai succès dans le nord de l’Europe et notamment en Allemagne où certaines villes réservent aujourd’hui 15% du foncier destiné au logement à ces groupes : 150 projets ont été réalisés dans la seule ville de Fribourg depuis 15 ans. Le premier projet français d’auto-promotion est né en 2007 à Strasbourg et de nouvelles initiatives émergent un peu partout en France..La loi ALUR (pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové), adoptée le 20 février dernier, a crée un cadre légal pour l’habitat participatif, en reconnaissant son existence aux yeux de la loi, des banques, des notaires, et de tous les partenaires. De tels projets ne peuvent émerger au Chesnay sans une forte impulsion donnée par les acteurs locaux. Cela implique d’une part qu’une partie du foncier soit réservé dans le PLU à ce type d’habitat. D’autre par des groupes de travail devront être formés à l’initiative des représentants locaux pour favoriser la constitution de groupe d’habitants désirant s’engager dans l’habitat participatif.
Du centre commercial... à un nouveau centre urbain à Parly 2
participative, dont le plus grand représentant actuel est Patrick Bouchain. Cette façon d’apréhender l’acte de construire rend plus riche le fait d’»habiter» un lieu. Ce processus permet notamment d’apporter un caractère vernaculaire au logement.
3.b / Retrouver un caractère vernaculaire «Dans une maison, on a un habitant, un sujet une famille, des récits. dans le logement collectif, on est obligé de rendre les choses plus neutres pour qu’elles soient davantage détournées par les vies des utilisateurs.» Paul Chemetov
Neue Hamburger Terrassen
Le projet de 33 logements Neue Hamburger Terrassen1 de l’agence LAN à Hambourg en Allemagne, a permis, grâce au système de «Bau Gruppen» (groupe d’habitants), à ces habitants de payer leur logement 2000 euros du mètre carré contre plus de 8000 euros avec un système de promotion immobilière classique. Biensûr, il faut financer les études architecturales, mais en achetant les matériaux à prix coûtants, l’économie reste conséquente. C’est à la fois un gain économique mais aussi social puisque tous les habitants, impliqués en amont du processus de projet, se connaissaient déjà avant d’y habiter. En france, de nombreux architectes ont tenté, bien avant que cela ne devienne réglementé, de bousculer les codes et d’adopter une autre philosophie plus «humaniste» face à l’acte de construire. Comme nous allons le voir, Lucien Kroll a été un des pionners de l’architecture 1. www.lemoniteur.fr, L’architecture participative racontée par Umberto Napolitano, article, Janvier 2014.
Illustration dans «Life magazine» par le caricaturiste A.B. Walker , 1909
En 1909, le caricaturiste AB Walker dessine quatre-vingt quatre terrains artificiels superposés où se succèdent cottages et maisons traditionnelles empilées verticalement. La légende annonçait: «Acheter un cottage confortable dans notre structure construite en acier, et à moins
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d’un mile de Broadway. A seulement dix minutes en ascenseur. Tout le confort de la compagne sans aucun de ses inconvénients. Céleste Real Estate Company. »
Complexe résidentiel à Vienne, 1985 / Waldspirale à Darmstadt, 1985, Hundertwasser
Ecole publique «Flotte», Marseille, 2009, par Marzials et Geel.
La Mémé, Bruxelles, 1970, par Lucien Kroll
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L’architecture à travers ce concept offre simplement une structure pérenne et des circulations verticales (fluides, électricité, ascenseurs etc..).Le logement est flexible, éphémère et évolutif. Chaque habitant, chaque génération peut y laisser sa trace. L’architecture évolue par couche successive mais reste liée et forme une entité unique grâce à la structure qui elle traverse le temps. En permettant à l’Habitant de s’approprier l’architecture en la modifiant selon ses désirs et ses besoins, le logement retrouve un caractère vernaculaire et peut s’identifier autrement que par une simple terminologie nominative. L’artiste et architecte Handertwasser avait comme principe que tout ce que pouvait toucher l’habitant dans son logement avec comme limite la longueur de son bras lui appartenait. C’était à lui d’en choisir l’aspect, notamment la fenêtre (menuiserie, coouleur, ornementation). Chaque façade de logement, bien que cela reste du collectif, devient unique et personnel. Suivant le même objectif, Lucien Kroll, à travers son projet de la Mémé (Maison médicale) à Bruxelles,avait fait tirer au sort les étudiants pour déterminer les chassis de la façade de leur logement afin qu’aucun ne soit identique à l’autre côte à côte. L’exemple ci-dessus de l’école publique maternelle «Flotte» à Marseille, construite avec 29 modules de l’entreprise Algeco, est très intéressant et revisite l’architecture modulaire. De par les cloisons amovibles et personnalisables grâce à leur préfabrication l’espace devient flexible et s’adapte aux besoins des habitants. C’est finalement grâce à la contrainte d’une trame rigoureuse et orthogonale que l’architecture, par
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un jeu de cloisons à l’infini, peut devenir vernaculaire évolutive et non pas figée. De plus, grâce à la préfabrication des modules, la construction de l’école n’a duré que 6 mois, dont seulement 2 mois sur chantier; ce qui représente un avantage économique et écologique conséquent.
3.c / Pour de Nouveaux Soleils Verts: «50 hôpitaux d’une chambre» (Patrick Bouchain) L’objectif est «d’étirer» l’établissement médicalisé le long de la promenade afin de rendre toutes les habitations différentes en fonction de la multitude de scénarios possibles. Il s’agit d’habitat intermédiaire (entre individuel et collectif, dans le sens où chaque habitation a sa propre entrée) continu et en bande. à travers ce contexte du centre commercial et de l’arboretum, ce type d’habitat est particulièrement adapté aux personnes vieillissantes en situation de dépendance qui cherchent une alternative aux établissements d’hébergement médicalisés, ces derniers étant souvent qualifiés de mouroir... En effet, la médicalisation, la surprotection due à la recherche du risque zéro au sein de ces établissements empêche la vie d’y rentrer et participent à la perte d’autonomie et à l’isolement des personnes dépendantes. Les résidents habitent dans le lieu de travail du personnel alors qu’il faudrait que cela soit l’inverse. La personne vieillissante doit pouvoir rester chez soi, vieillir dignement et paisiblement, que ce soit dans le domicile de toujours ou bien un nouveau mieux adapté aux besoins. Autour de ce domicile vont graviter discrètement des «satellites» gérontologiques. Lieux de soins, services d’infirmerie mobiles, lieux d’hébergement temporaire, kinésithérapeutes, dentistes, coiffeurs etc. viennent s’intégrer au centre commercial et sont accessibles à l’ensemble de la population. Les passerelles et les chemins qui relient directement les habitats au centre commercial, en traversant
l’allée piétonne et le parcours de l’arboretum, facilitent les allers-retours pour dépendantes et les professionnels. La «maison de retraite» est ainsi éclatée et la «couche» médicale se veut discrète. • Habitats au Rez-de-Chaussée (avec un balcon côté promenade) réservés aux personnes vieillissantes, facilitant l’accès mais aussi favorisant les interactions sociales avec les autres habitants (patios / interstices au rdc). Organisation qui rend les personnes âgées «visibles», leur permettant de jouer un rôle plus ou moins formels au sein de la société. •
Passerelles entres les habitations, le centre commercial et les services permettant un accès facile aux personnes vieillissantes et créant des balcons sur la promenade et les commerces.
• «50 hôpitaux d’une chambre» (Patrick Bouchain): étirement des habitats pour les personnes vieillissantes le long de la rue et de la promenade afin de multiplier les scénarios de vie quotidienne. • Couche «médicalisée» diluée le long de la promenade et gravitant autour des habitations. Accessible à l’ensemble de la population de la ville.
La maison de retraite à Masans en Suisse, par Peter Zumthor, 1993. Ce projet de Peter Zumthor m’a particulièrement intéressé, notamment l’organisation spatiale des logements. Ces derniers sont bi-orientés avec l’entrée et la cuisine qui s’ouvrent sur une coursive large et baignée de lumière naturelle pour devenir le prolongement de l’habitat
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Maison de retraite à Masans, Suisse, par Peter Zumthor (1993) // vue sur la coursive // Plan du logement // Plan général
Pour de Nouveaux Soleils Verts Les habitations sont orientées vers le sud avec des balcons qui donnent sur la promenade et sont desservies par le Nord avec un frontage vivant côté rue. Un studio, qui peut aussi être une pièce commune et être utilisée par les invités ou les aidants (qui peuvent ainsi s’occuper de deux foyers), est disposé entre deux T2. La configuration spatiale peut aussi devenir un T3 + un T2 en enlevant une cloison.
T2
T1
T2
PATIO
Plan des habitations réservées aux personnes en difficulté au Rez-de-Chaussée
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Conclusion
«On ne vit bien que là où l’on respire à son rythme, en harmonie avec les temporalités cosmiques.» Thierry Paquot
Sans temporalité, la vie n’a plus de sens Il est nécessaire pour une société de se préoccuper du bien vieillir et du bien mourir de ses citoyens. Or, la société occidentale, devenue très individualiste, affiche de plus en plus de mépris pour la condition humaine. C’est paradoxalement à une époque où les progrès de la science ont considérablement rallongé l’espérance de vie que les problématiques liées à la vieillesse sont le moins bien appréhendées. Les croyances spirituelles et religieuses qui permettaient à l’ensemble de la communauté d’affronter l’angoisse liée à la mort se sont considérablement affaiblies. Or, se préoccuper des mourants, les aider à accomplir le passage vers un au-delà et apprendre à vivre au travers de leur mémoire, c’est se préoccuper de l’autre et non pas que de sa propre existence. « La mort d’un individu n’est pas une fin, elle est au contraire la marque de l’infinité de l’existence humaine » disait Descartes à travers ses travaux sur la finitude de la condition humaine. En effet, cette finitude est la condition même d’une volonté de créativité et d’un développement à la fois personnel et collectif.
Bien vieillir: un enjeu territorial La mise en œuvre de solutions de prise en charge des personnes dépendantes s’inscrit tout à fait dans les nouvelles exigences de développement durable instaurées par la réforme des documents d’urbanisme. La loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains, décembre 2000) a en effet institué le Plan Local d’urbanisme (PLU) et le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) avec une innovation majeure : il ne s’agit plus seulement de réguler l’occupation des sols mais d’élaborer un Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). C’est donc toute la dimension territoriale et spatiale des stratégies communales et intercommunales qui doit être désormais abordée dans la perspective du développement durable. Les Sommets de la Terre de Rio (1992) et de Johannesburg (2002) ont rappelé le rôle primordial des collectivités locales dans l’impulsion de projets et de pratiques nouvelles en faveur du développement durable. Proches de la population, les communes sont en capacité de mobiliser les acteurs socio-économiques. Le Sommet de la Terre de Rio a notamment adopté un plan d’action pour le XXIème siècle « Agenda 21 », qui énonce une série d’objectifs globaux face aux enjeux planétaires du développement durable. Les collectivités territoriales sont appelées , à mettre en place un programme d’Agenda 21 à leur échelle, à partir d’un mécanisme de consultation de la population : c’est l’Agenda 21 local.
Les solutions proposées dans ce mémoire ne peuvent trouver leur concrétisation que dans un cadre montrant une réelle volonté politique partagée par tous les acteurs. Au Chesnay, celle-ci pourrait s’inscrire dans une démarche projet et un processus participatif de type Agenda
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211. Cette démarche, complémentaire à celle du PLU, permettrait d’organiser et de suivre la mise en œuvre des propositions. L’agenda 21 local a une approche thématique tandis que le PLU propose une approche territoriale, plus fine, par zone. Il permet en outre de répondre à des enjeux de développement durable non traités dans le PLU, qui n’aborde que les questions relatives à l’aménagement. L’association des deux démarches, couplant approches thématique et territoriale, leur permet de se compléter et s’enrichir mutuellement. Le PLU donne des orientations, autorise ou interdit certaines opérations, mais ne prévoit ni les moyens ni les outils de mesure de leur réalisation. Le PADD du Chesnay prévoit par exemple de « fixer » les populations à la fois jeunes et vieillissantes, mais sans mettre en regard les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cet objectif . L’Agenda 21 local, au contraire, doit être décliné en projets opérationnels qui sont régulièrement évalués et font l’objet si nécessaire d’une réorientation. Le PLU peut apporter la force du droit aux actions de l’Agenda 21 local, qui n’a pas de portée réglementaire. Le PADD n’est pas opposable au permis de construire, mais les dispositions des Orientations d’Aménagement et de programmation qui en sont la traduction sont obligatoires. Une solution que l’on peut préconiser est d’exposer les objectifs dans les Orientations d’aménagement et de détailler les moyens à mettre en œuvre dans l’agenda 21 qui lui serait annexé.
1. Ni la ville du Chesnay, ni celle de Versailles (hormis le CROUS) ne sont entrées à ce jour dans cette démarche.
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Engagement solidaire La réussite de cette démarche passe avant tout par la mise en place d’un processus participatif ; il doit être un moment privilégié de concertation et de communication entre les responsables politiques et administratifs et les habitants. Des groupes de travail mixant élus locaux et habitants peuvent approfondir certains sujets spécifiques, souvent les plus complexes. De même, la mise en place de réunions publiques, de « forums 21 », favorisent la construction d’accords et de partenariats. Les bénéfices de cette concertation, qui contribue à renforcer la cohésion sociale autour du Projet, sont évidents : appropriation de la démarche par la population, réduction des conflits par la dialogue en amont, renforcement du lien des parties prenantes avec leur territoire…
Des lois d’aménagement du territoire Au-delà de l’Agenda 21 qui reste volontariste, seule une loi d’urbanisme peut imposer aux politiques locales d’aménagement du territoire de prendre en charge la dépendance. L’engagement de l’État se traduit aujourd’hui par la convention tripartite qu’il passe avec des organismes d’accueil des personnes âgées dépendantes pour leur conférer le statut d’EHPAD et leur attribuer des subventions. Ceux-ci devant s’engager sur des critères de qualité, ce contrat est censé garantir un certain droit éthique (projet de vie, bien-être…). Mais cette politique n’aborde pas l’aspect territorial, or c’est là nous l’avons vu que sont les véritables enjeux. Tout comme le législateur a imposé aux communes de gérer la mixité sociale en exigeant 20% de logement sociaux, il doit leur imposer d’avoir une réelle politique de prise en charge des personnes âgées dépendantes. Le conseil général de la région du Rhône est à ce jour une réfé-
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rence: il a signé une charte avec des promoteurs et des bailleurs sociaux qui les engagent à inclure des logements adaptés dans son ensemble de logements réservés. Ces derniers doivent être réalisés dans un environnement géographique favorable, décrit à travers le rapport «Vivre Chez soi»2 issu d’une mission initiée par le secrétariat d’État chargé des Aînés: existence de services médicaux et réseaux de soins à domicile, présence de commerces et services de proximité accessibles à pied dans un rayon maximal de 500 mètres, proximité d’un arrêt de transport en commun (150 m) et présence d’un espace vert équipé.
Adaptation de la société au vieillissement - Projet de loi Le projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement débute son parcours parlementaire après une adoption en Conseil des ministres le 3 juin 2014. Ce texte législatif propose d’aborder la double dimension du bien vieillir et de la protection des plus vulnérables. L’ambition qu’il porte est d’anticiper les conséquences du vieillissement de la population et d’inscrire cette période de vie dans un parcours répondant le plus possible aux attentes des personnes en matière de logement, de transports, d’accompagnement et de soins en cas de perte d’autonomie, de vie sociale et citoyenne. Concrètement, ce projet de loi vise à favoriser le maintien à domicile des personnes en difficulté; par exemple en augmentant les plafonds d’aide aux personnes âgées (APA) d’environ 25 %, en créant une aide publique pour permettre l’accès aux nouvelles technologies de domotiques, en finançant une partie des travaux d’adaptation du logement à l’handicap ou bien encore en développant l’offre d’habitats intermédiaires et regroupés.
Changement de paradigme Ecologie sociale mais aussi et surtout mentale Comme le souligne le philosophe Michel Serres, la période dans laquelle nous vivons peut ne pas être seulement vu «comme une crise, mais comme un changement de paradigme». Nous avons en effet basculé en à peine 50 ans dans un nouveau monde en passant de 2 milliards à 7 milliards d’individus avec une espérance de vie qui a plus que doublé. Cela entraine des changements et des problématiques énormes qu’il nous faut prendre en compte. Des progrès doivent être faits mais pas seulement d’un point de vue médical, avec la victoire sur la douleur... Pour réellement parler d’un progrès, il faut faut que tout le monde puisse en bénéficier et pas seulement un tout petit nombre. L’individualisme et notre façon de consommer nous mène droit dans le mur, quelque soit le côté où l’on se trouve. Certains disent «les riches ont gagné»... Mais qu’ont ils gagné? Le fait de vivre entre-soi? La culture, le plaisir, la diversité sont de vraies richesses et le rôle des personnes âgées est indispensable pour les préserver. La ville et son espace public ont un rôle essentiel à jouer dans notre manière de vivre-ensemble, de retrouver ce qui fait de nous des êtres civilisés, le dialogue.
2. FRANCO Alain, Vivre chez soi, rapport de mission confiée par le secrétariat d’État chargé des Aînés, Juin 2010.
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Typographie utilisée: Swis721 Lt BT, police 10,5 Imprimé en Septembre 2014.