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AUZET, ALPES DE HAUTE-PROVENCE, 87 HABITANTS PERMANENTS. UN PROJET D’URBANISME RURAL MÉMOIRE DE DIPLÔME INSA STRASBOURG 2010 OLIVIER MÉNARD
e r i o m u mé
a n o i t c u d o r t n i
Rédiger ce mémoire est pour moi l’occasion de satisfaire plusieurs exigences : compléter mes présentations orales par ce recueil de documents, qui montre mon travail de recherche de façon plus large, et ses évolutions ; pouvoir communiquer à tout moment sur l’avancement de mon projet de façon conventionnelle ; et enfin me contraindre à une rigueur dans la présentation et la rédaction. Il s’est composé en suivant la chronologie des étapes demandées par les enseignants : problématique, contexte, esquisses, avant-projet, projet ; mais il les complète aussi en montrant les pistes suivies en parallèle, les références trouvées et les envies personnelles qui, je l’espère, apparaissent dans le projet final. Aussi sa structure est légèrement modifiée par rapport à la chronologie des étapes : choix du sujet, contexte, problématique, projet, conclusion. Ce projet de fin d’études est un projet personnel de fin d’études. Ce mémoire est donc rédigé à la première personne, en présentant à la fois des faits et des analyses aussi bien que des réflexions personnelles au travers du projet. Bonne lecture !
Olivier Ménard Août 2010 olivier.menard@gmail.com
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Ce mémoire est consultable et téléchargeable en ligne sur http://issuu.com/olivierm
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS 6 CHOIX DU SUJET 10 DÉMARCHE CONTEXTE 14 SITUATION GÉNÉRALE 16 TERRITOIRE 18 HISTOIRE 20 XIXÈME SIÈCLE 22 DÉBUT DU XXÈME SIÈCLE 24 1970 ENJEUX & PROBLÉMATIQUES 26 ENJEUX DE L’ÉVOLUTION DU VILLAGE 28 DÉMOGRAPHIE & ÉCONOMIE 30 POPULATION 32 ARCHITECTURE & PATRIMOINE 34 URBANISME PROJET - LE VILLAGE 36 INTENTIONS 38 FORÇONS LE TRAIT 40 QUELLE UNITÉ D’ACTION ? 42 HAMEAUX OU QUARTIERS ? 48 PRINCIPES D’ACTIONS PAYSAGÈRES & URBAINES 50 COHÉSIONS & DISTINCTIONS 54 TISSER DES LIENS VISUELS 58 TISSER DES LIENS PHYSIQUES 60 QUELS ENJEUX POUR CHAQUE QUARTIER ? 62 UN PADD POUR LE VILLAGE 64 REGROUPER LES ACTIONS PROJET - DEUX QUARTIERS 66 INTENTIONS 68 LE SERRE : CARACTÉRISTIQUES DU QUARTIER 74 ENJEUX D’UNE INTERVENTION 76 PROJET 82 LE VILLAGE : CARACTÉRISTIQUES DU QUARTIER 86 ENJEUX D’UNE INTERVENTION 88 PROJET CONCLUSION & REMERCIEMENTS 96 QUEL AVENIR POUR AUZET ? ANNEXES 98 ESPACES NATURELS 100 LE VILLAGE 108 LE SERRE 116 LE GRAVAS 124 LE FOREST 132 LES AUBERTS 140 LA SALCE
AVANT-PROPOS t e j u s u d x i o h c
Le choix du sujet, décision difficile à prendre et lourde de conséquences, est révélateur de ma démarche en tant qu’étudiant mais aussi et surtout en tant qu’individu : une envie de découvrir et d’appréhender des domaines dont je ne suis pas maître, de communiquer ces envies et de trouver des interlocuteurs passionnés, un besoin de reconnaissance de mes compétences et un questionnement sur l’avenir. À l’origine de cette décision de travailler sur un village si petit, et dans un cadre aussi particulier et restreint, il y a deux envies : travailler sur un sujet que je n’aurai jamais l’occasion de traiter dans ma vie professionnelle (je suis urbain malgré tout, et je me plaît en ville), et pouvoir, avec une échelle aussi petite, appréhender un projet et le maîtriser dans sa globalité. Je voulais travailler à l’échelle architecturale, proposer un unique bâtiment de la taille d’une maison et le traiter intégralement. En réalité et maintenant que la fin du processus de création est proche, mon projet s’est transformé en une analyse poussée d’un village et en la constitution de documents d’urbanisme, dont les principes peuvent être illustrés au travers de la proposition de projets architecturaux ou sur des espaces publics, qui ne sont plus les sujets du projet mais une sorte de vérification de sa pertinence, ou du moins sa cohérence. Dois-je le regretter ? Auzet, 87 habitants en hiver, est un village reculé des Alpes de Haute-Provence. Le département est très peu peuplé, j’y ai passé quelques vacances ces dernières années car un membre de ma famille habite dans le village voisin, Barles. C’est une zone de moyenne montagne, avec des espaces naturels somptueux, où la présence humaine est quasi invisible : le visiteur peut randonner pendant des jours sans apercevoir quiconque. La zone est - relativement - connue par les spécialistes pour ses édifices géologiques remarquables. Les habitants des montagnes travaillent essentiellement à la préfecture, Digne les Bains, ou exercent des professions d’arti-
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La départementale menant au village depuis Gap. En arrivant de nuit, les phares découvrent des portions de la route qui serpente en traversant de rares hameaux.
AVANT-PROPOS
sanat. Peu d’exploitations agricoles subsistent, la morphologie des terrains étant incompatible avec les techniques d’agriculture intensive. La seule ressource qui pourrait dynamiser une économie locale morose serait le tourisme. Le village d’Auzet ne souffre pas particulièrement de son isolement, qui est dans une certaine mesure un atout. La population est relativement active, porteuse de projets modestes. Mon idée de départ était de concevoir un lieu d’accueil dont le village a besoin, pour les quelques manifestations qui s’y déroulent et pour relayer les structures extra-communales comme la Réserve Géologique de Haute-Provence, et le futur Parc Naturel des Monges, projet lancé par Auzet et maintenant porté par plusieurs communautés de communes. Pourquoi avoir choisi un tel lieu pour mon projet de fin d’études ? Né en ville, je n’ai jamais vraiment vécu à la campagne et je regrette que les urbains soient aussi déconnectés de la réalité de la vie rurale, aussi éloignés des lieux de production de notre nourriture à tous, aussi détachés des problématiques de la protection de la nature. Travailler dans un tel contexte allait me permettre d’apprendre beaucoup sur la gestion des ressources, l’entretien de la nature, la vie selon les saisons, l’élevage et l’agriculture, et surtout de rencontrer tous ceux dont ce type de vie est le quotidien. Je me demandais aussi si, finalement, il était plus « écologiquement responsable » de vivre à la campagne ou à la montagne qu’en ville. Ces mois de travail et des allers et retours fréquents m’ont permis d’apprendre beaucoup, et de trouver certaines réponses aux questions que je me posais. Concernant l’écologie, je crois maintenant que la réponse est plutôt dans la façon que chacun d’entre-nous à de vivre, de consommer et de se déplacer. Ce n’est pas parce qu’on a un potager et qu’on boit l’eau de la source proche que l’on est plus responsable que son voisin de la ville.
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Jeff, le boulanger du village au travail. Arrivé il y a quelques années seulement à Auzet, il a monté avec l’aide de la municipalité une boulangerie qui est un élément incontournable du village maintenant. Il fait partie des néoruraux, qui ont choisi de s’exiler.
AVANT-PROPOS e h c r a dém
Dès le début, et avec les objectifs personnels de découverte que je m’étais fixés, ma démarche était orientée vers une immersion aussi totale que possible dans le projet, avec de multiples séjours sur place, à tous les moments de l’année. L’objectif était de provoquer la rencontre avec les habitants, les acteurs du territoire, avec le terrain, le climat, avec la route et l’isolement. Mon regard extérieur de novice me donnait à la fois une certaine naïveté et me forçait à faire l’effort de comprendre les enjeux de chaque chose. En parallèle, les échanges avec les professeurs et professionnels m’imposaient un cadre et une rigueur difficile à faire comprendre aux habitants du village - mais l’exercice était réellement enrichissant. Comment faire comprendre le caractère « conceptuel » d’un tel projet, expliquer que rien ne serait construit ? Finalement les échanges ont été très bons, même avec des personnes dont la vie et le milieu sont très différents du mien. Comment stimuler la créativité ? Au départ j’ai fait un travail de recherche à partir d’une collection de mots dans des registres très larges qui me semblaient avoir un rapport avec mon projet : des mots comme « campagne », « traditions », « saisons », « environnement »... Je les ai regroupés par registre puis par thème, de façon à former un organigramme. J’ai cherché des références dans des domaines comme la photographie, le cinéma, la musique ou l’art pour illustrer chacun de ces mots. J’ai regardé la série « La vie moderne » de Raymond Depardon, où il filme des agriculteurs dans des régions reculées, les interroge sur leur vie et revient à différentes saisons et années pour sentir le poids du temps, la lente adaptation des familles ou parfois leur basculement. J’ai lu sur l’agriculture intensive, les OGM ; j’ai rencontré des jeunes urbains qui s’étaient installés à la montagne pour tenter de vivre en exploitant le sol ou un élevage ; j’ai parcouru beaucoup de livres sur le land art.
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Sur un mur, les mots qui me servaient d’inspiration étaient éparpillés, puis regroupés selon des thèmes. Les mots repérés par une croix me semblaient être les plus porteurs de sens.
AVANT-PROPOS
Ce travail un peu déconnecté du projet d’architecture m’a permis de balayer au travers de références très diverses les domaines auxquels touchait mon sujet, de me faire une idée sur le milieu dans lequel je travaillais. Un travail personnel pendant un temps aussi long nécessite aussi une nourriture permanente, à la fois par des entretiens avec des professionnels de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage, mais surtout par l’introduction à tous les niveaux du projet d’autres domaines. Je suis intéressé par le design, l’art en général, le graphisme, les échanges humains, l’économie, les nouvelles technologies dans leurs interactions avec notre quotidien et les nouvelles possibilités qu’elles offrent. J’ai essayé au cours de mes présentations d’intégrer ces différents domaines, et j’aimerais pour la présentation finale présenter mon projet avec des documents pertinents mais améliorés par rapport aux documents conventionnels. C’est-à-dire utiliser des dispositifs expérimentaux tels que la vidéo-projection sur maquette, les maquettes à plusieurs couches interchangeables, la vidéo, la présentation avec un support informatique, éventuellement interactive. Je regrette qu’à l’heure où tous ces moyens sont très répandus et accessibles ils ne soient pas intégrés à la mesure de leur potentiel dans nos productions. Si mon projet, qui se voulait au départ être strictement architectural, se retrouve finalement être un projet d’« urbanisme rural », ce n’est pas avec des regrets que la transition s’est faite mais plutôt parce que le site et le sujet l’imposaient, et avec un intérêt croissant.
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Ma deuxième maquette du village, à l’échelle 1/2000ème, pour l’étape « esquisse ». Elle peut servir de support de vidéo-projection.
CONTEXTE e l a r é n gén
o i t a u t i s
Auzet se trouve dans les Alpes de Haute Provence (04), département de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La région est forte de 4,8 millions d’habitants, principalement concentrés sur la côte, dans un chapelet de villes presque ininterrompu qui compte pour 90% de la population totale. L’arrière-pays montagneux, au Nord, reste peu densément peuplé, malgré l’étalement urbain depuis le Sud, qui tend à rééquilibrer la population sur le territoire. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur reste très attractive, même pour ses départements les moins peuplés.
Provence-Alpes-Côte d’Azur
4 800 000 habitants 1
04 Alpes de Haute Provence 05 Hautes-Alpes 06 Alpes Maritimes 13 Bouches du Rhône 83 Var 84 Vaucluse
154 000 130 000 1 070 000 1 935 000 985 000 530 000
Les Alpes de Haute Provence, 6ième département le moins peuplé de France, a néanmoins le solde migratoire le plus élevé nationalement. Sa préfecture, Digne-les-Bains (anciennement Digne) abrite 19 100 habitants, et vit principalement du tourisme et de l’administration. Le département se trouve dans une zone intermédiaire entre les Alpes très montagneuses et la Provence au relief très plat. Cette zone est appelée Basses-Alpes (ancien nom du département), ou pré-alpes. Elle possède des caractéristiques géologiques exceptionnelles, avec de nombreuses constructions naturelles apparentes, préservées par la faible occupation du territoire. Mise à part la vallée de la Durance, axe majeur de communication, tout l’arrière pays est physiquement isolé. Au delà de Digne, les routes sont des départementales où les véhicules se croisent difficilement, les villages se font rares, le terrain s’élève rapidement.
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1 Données arrondies INSEE 2006, disponibles sur http://www.insee.fr/ Situation d’Auzet dans le quart sud-est de la France. Images de fond Géoportail & ifrance
HAUTES ALPES Gap
Auzet
VAUCLUSE
Digne-les-Bains
Avignon
ALPES DE HAUTE PROVENCE
BOUCHES-DU-RHテ年E Aix-en-Provence
Nice Cannes
VAR
Marseille
Toulon
Gap
Vallテゥe de la Durance Auzet
0
30 km
ALPES MARITIMES
CONTEXTE e r i o t i r r te
16
À l’échelle locale, Auzet se trouve dans un paysage de moyenne montagne, entre 1000 et 2000 m. Cinq kilomètres plus au sud, les paysages font encore penser à la Provence ; mais le village se trouve dans une vallée très boisée, et le paysage ne s’ouvre que lorsqu’on monte en altitude, dans les pâturages. Auzet appartient à la vallée du Bès, du nom du cours d’eau qui la forme. C’est une vallée très enclavée, où la route passe dans des gorges étroites et remarquables (voir photo des clues de Barles, annexe Espaces Naturels). De ce fait, elle est très isolée, et les quatre villages de la vallée totalisent moins de 500 habitants. Au nord, la vallée de la Blanche est plus prospère, le bourg de Seyne réunit quelques services et les villages de la vallée sont des lieux de villégiature, tournés vers le lac de Serre-Ponçon au nord. Auzet, avec son territoire communal de 3500 hectares, est traversé par une départementale qui suit la Grave, un petit cours d’eau qui se jette dans le Bès au sud. Le village comporte une petite dizaine d’ensembles construits et habités, dont la majorité se trouvent regroupés en position centrale, un le long de la route à quelques kilomètres du « centre » et un à la limite du territoire communal, sur le col qui sépare Auzet de Seyne, point difficile à franchir en hiver.
Le territoire communal, les villages avoisinants et leur population, fond de carte IGN
Selonnet 424 Seyne 1426
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Ligne d e
Auzet 87
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e
Va llé ed nc Va e la Bla he llé ed u Bès
Le Vernet 131
Barles 144
0
2km
Verdaches 63
CONTEXTE
e r i o t s i h
Alors que depuis le XXième siècle la région est enclavée, isolée, méconnue, la situation était différente au cours des siècles précédents. Les sentiers des crêtes étaient entretenus et fréquemment parcourus par des mulets, assurant des liaisons commerciales entre les villages de toutes les vallées et avec les villes des alentours. La région était alors connue pour ses élevages de mulets, réputés dans toute l’Europe, et pour le bois que l’on y exploitait. Les troncs étaient acheminés en radeau le long de la Durance, et servaient pour les chantiers maritimes du port de Marseille. Dès la moitié du XIXième siècle, les effets de l’exploitation forestière (pour Marseille et par le fait d’une exploitation locale comme matériau de construction et comme combustible) sont tels que la région est presque déboisée. Ce phénomène de déboisement massif se retrouve à cette période dans de nombreux départements français. Suite à d’incessantes inondations, les autorités locales prennent conscience du phénomène d’érosion et de l’urgence d’un reboisement généralisé. Dès 1860, l’empereur Napoléon III promeut une loi qui constitue un organisme chargé de l’entretien des forêts 2 : c’est l’ancêtre de l’ONF. Une de ses premières prérogatives est de favoriser le reboisement des pré-Alpes, qui sont particulièrement affectées et où les forêts se reconstituent naturellement de façon lente du fait du climat aride. À Auzet, ce reboisement forcé a des effets radicaux et rapides. Alors que le village était sectionné en deux par le lit de la Grave, au tracé fluctuant selon les saisons et qui grignotait les flancs de la vallée de part et d’autre, les nouvelles plantations permettent de limiter le ruissellement et de contenir le cours d’eau. Les berges sont stabilisées, le lit se réduit de plus en plus, le village peut s’étendre vers le fond de la vallée. À certains endroits, le cours d’eau ne mesure plus qu’une dizaine de mètres ; des ponts sont construits rapidement.
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18
FOURCHY, P. Les débuts de la lutte contre l’érosion au XIXe siècle dans les Alpes Françaises, Revue forestière française, Paris, 1966, p. 467 et suivantes. Texte complet disponible sur http://documents.irevues.inist.fr/ 1870, photo d’archives. 2010, photo R. Isoard
1870
2010
CONTEXTE
ième
XIX
20
siècle
Au XIXième siècle, Auzet possède une structure typique des villages bas-alpins. Dans ces régions, les ressources sont limitées et les reliefs difficiles. Les familles vivent toutes d’activités pastorales. Le cycle des saisons impose une vie en deux temps : l’été, quand le temps est clément, les familles migrent vers les plateaux, où les troupeaux peuvent paître en liberté. Chaque famille y possède un cabanon utilisé pendant l’estive. L’hiver, les hauts plateaux sont trop exposés aux intempéries : les familles rejoignent leurs habitations principales, dans le fond des vallées. Les maisons sont construites avec des matériaux locaux : des pierres non équarries et du bois. Elles s’organisent sur trois niveaux : les étables au rez-de-chaussée, les quelques pièces de vie au premier étage, les greniers où sont entreposés le fourrage et le blé sous les toits, au deuxième étage. Les maisons s’inscrivent dans la pente, pour faciliter la descente des récoltes depuis les champs. Elles sont regroupées en petits hameaux, directement sous des terres agricoles, à l’abri du vent, bien exposées au soleil, et à proximité immédiate avec une source. Au sein du hameau, les maisons ont toutes une taille comparable. Elle se côtoient sans logique apparente, à part celle de la meilleure orientation. Il n’existe pas de rues ou de places, seulement des chemins ou des interstices entre les maisons. La circulation entre les villages se fait par les crêtes : ce sont les chemins les plus faciles à entretenir et à baliser, les fonds de vallées étant soumis aux cours d’eau qui effacent les tracés chaque printemps. L’absence de massifs forestiers provoque un ruissellement important. Au XIXième siècle, Auzet compte sept hameaux principaux. L’un abrite l’église, un autre la forge, un troisième un moulin... Les services sont répartis, mais chaque hameau possède un four à pain. Les trajets en hiver entre les hameaux sont difficiles et sont réduits au minimum.
Sentiers liant les villages par les crêtes
Le Forest
Le Village
Le Haut du Serre
Les Isoards La Salce Le Bas du Serre
Les Auberts
rs vie a r g e de Grav t i L la de
Accès au village par les crêtes
Pratique de l’estive : vie sur les plateaux en été
Hameaux denses sous les terres agricoles
Typologie rustique des bâtiments
CONTEXTE ième
X X u d ébut
d
22
siècle
Le début du XXième siècle coïncide avec l’ouverture de la départementale. À cette époque, les effets de la campagne de reboisement se font sentir : les accotements du lit de la Grave sont stabilisés, il devient possible de construire en dur. Les premiers véhicules motorisés apparaissent. La construction de cette départementale correspond à un basculement de la logique d’organisation du village : alors que l’on circulait par les crêtes, le fond de la vallée est maintenant privilégié ; les nouvelles constructions ne se font plus sous des terres agricoles mais directement le long de la voie, puisque c’est elle qui amène les nouvelles richesses. C’est pour le village une époque faste : il y a suffisamment d’habitants pour que l’on ouvre deux écoles ; une épicerie, un café et un bureau de poste voient le jour. La majorité de l’économie reste centrée sur l’agriculture et l’élevage, mais les produits sont maintenant vendus quelques vallées plus loin, le marché s’agrandit, les conditions de vie s’améliorent. Le hameau dit « le Village » bénéficie le plus des transformations engendrées par la réduction de la Grave. De nombreuses habitations et commerces sont construits, l’église qui était placée plus en hauteur pour éviter les glissements de terrain se trouve décalée par rapport aux nouvelles constructions.
En rouge, les bâtiments construits à cette période.
Hameau principal en croissance : école, mairie, commerces
Premières extensions
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7
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Ouverture de la départementale
Reboisement progressif : ruissellement réduit
Population importante : 250 habitants
Services et commerces supplémentaires
CONTEXTE
1970
Alors qu’en France le phénomène d’exode rural entamé à la fin de la seconde guerre mondiale prend fin officiellement en 1975 3, la désertification des Alpes de Haute-Provence continue pendant presque une décade. En 1970, la situation est déjà préoccupante à Auzet : 60 % des logements ne sont plus occupés à l’année. Ils deviennent des résidences secondaires, vendus à des acquéreurs lointains ou appartiennent toujours à des familles d’Auzétans, qui ne s’y rendent que quelques semaines par an. Le départ des habitants signifie aussi la fermeture des services qui existaient dans le village : l’école, la poste, l’épicerie et le café ferment. Les quelques agriculteurs qui restent construisent des hangars agricoles le long de la départementale, sans souci esthétique. Les terres disponibles au dessus des hameaux ne suffisent plus à des modes d’exploitation intensive du territoire, certaines sont mises en vente, et quelques résidences secondaires viennent s’ajouter aux vieilles demeures converties mais non entretenues. Il en résulte un mitage généralisé, assez peu visible du fait de l’absence d’entretien des haies : les arbres poussent, la forêt gagne du terrain, les paysages se referment. Encore aujourd’hui, l’ONF a émis des avis préconisant le déboisement de certaines zones du territoire communal. Dans les années 1980, une question majeure se pose : Faut-il accepter de voir Auzet se convertir en un village-vacances ? Les conditions de vie difficiles en hiver et la tendance naturelle semblent jouer en faveur de ce scénario.
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1975, date retenue par l’INSEE. Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_rural_en_France En rouge, les bâtiments construits à cette période.
Nouvelles extensions du village Construction entre les hameaux sur des terrains exploitables
Entrée de village non maîtrisée
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Mitage du territoire
Population en déclin
Transformation en résidences secondaires
Services et commerces réduits
ENJEUX & PROBLÉMATIQUES
x u e j n e
26
ge a l l i v n du
o i t u l o de l’év
L’histoire du village depuis deux siècles illustre les problématiques que l’on rencontre dans ce genre de milieu : la transition d’une fragile économie rustique et d’une vie en quasi autarcie vers une appartenance à un réseau plus grand dans une économie moderne, où les contraintes de la vie en milieu rural apparaissent au grand jour. Dans le modèle rural ancien, c’est l’ensemble distendu de hameaux compacts qui forme un village, par la mise en commun de « services » : église, mairie, mais aussi et surtout moulin, lavoir, forge, fours à pain. À l’intérieur des hameaux les liens sont forts entre les familles, les habitations sont petites et très proches, il n’y a pas de jardin. La proximité est synonyme de confort en hiver. Chaque hameau appartient bien au village car tous se retrouvent régulièrement, ou circulent les uns chez les autres pour des besoins particuliers. C’est une organisation en constellation. Aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, « habiter à la montagne » (ou à la campagne) signifie posséder un grand terrain isolé, bien orienté, sur lequel se trouve une grande maison, peut-être une ancienne ferme. La route n’est pas très loin, et en prenant la voiture pour quelques kilomètres on trouve dans un bourg des commerces et des services. Ce système forme une étoile, le bourg étant au centre et les logements au bout des branches. Tout l’enjeu de l’évolution d’un village comme Auzet est dans le paradoxe formé par ce nouvel idéal : totalement incompatible avec les formes construites, comment le village peut-il s’adapter ? Quelles règles fixer pour soient conservées les qualités du tissu et des bâtiments anciens tout en les rendant compatibles avec nos modes de vie contemporains ? Faut-il faire table rase du passé ? Nos modes de vie doivent-ils être remis en question, et surtout pourrait-on à vivre différemment ?
Modèle générique : organisation en constellation
ORGANISATION TYPIQUE D’UN VILLAGE TRADITIONNEL BAS-ALPIN s versu
ÉVOLUTION ACTUELLE DU MODÈLE RURAL
Modèle générique : organisation en étoile
ENJEUX & PROBLÉMATIQUES e
i m o n o c é & e i
h p a r g démo
En réalité, des éléments de réponse à ces questions d’évolution ont déjà été avancés. Alors que la population du village était au plus bas, dans les années 1980, une équipe municipale dynamique et pro-active a remporté les élections. À la question « Faut-il laisser le village se dépeupler ? », sa réponse a été un franc « Non ». En s’appuyant sur l’unique ressource locale, la nature, son premier projet a été de construire un centre « Musique et Découverte », fédéré à une association des Centre de Musique Ruraux active en France. Un lieu d’accueil a été construit, il permet d’héberger jusqu’à 80 visiteurs et propose notamment à des groupes scolaires des activités sur plusieurs jours. Il a généré 10 emplois permanents à Auzet, et l’arrivée d’autant de « néoruraux ». Plus tard, un projet de menuiserie et d’implantation d’une boulangerie ont été menés à bien, et aujourd’hui en 2010 mon décompte de la population permanente me donne environ 104 habitants. Certes, ce village n’aura jamais plus de 180 habitants à l’année. Quand je parle d’« évolution » pour ce village, elle est toute relative. Mais aujourd’hui, il y a une réelle demande en logements, à la fois pour des individus désireux de s’installer et pour des visiteurs, qui ne profitent pas des résidences secondaires qui ne sont pas mises en location. Dans le village, des associations diverses (chasse, musique, association pastorale, clubs...) sont actives ; les habitants réclament un lieu pour pouvoir se réunir, qui servirait de même à la Réserve Géologique de HauteProvence, aux diverses entités de la vallée, à la municipalité et aussi aux habitants. Il y a donc dans le village des enjeux de logement de nouveaux arrivants, des besoins de lieux d’accueil et de rencontre, et un travail à mener sur les résidences secondaires inoccupées. Mon projet initial de salle polyvalente suffirait-il à répondre à ces questions ? Alors que mon sujet restait le même, plus mon analyse avançait et plus mon projet devait s’adapter.
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4 exploitations agricoles
Centre Musique et Découverte
10 emplois 80 lits
1980
63
1990
57
Menuiserie
Boulangerie
2 emplois
2 emplois
2000
73
2010
87
6 associations actives dans la commune
Futurs habitants en attente d’opportunités de logement
Vacanciers cherchant des hébergements saisonniers
104*
ENJEUX & PROBLÉMATIQUES n o i t a l u pop
Aujourd’hui, la population auzétane se divise en trois groupes : - les anciennes familles, aux patronymes bien reconnaissables et issues des milieux agricoles ; - les « néoruraux », porteurs de projets et désireux de vivre loin de la ville, même si cela signifie une certaine austérité dans le train de vie ; - les propriétaires de résidences secondaires, qui viennent à la belle saison et s’impliquent peu dans la vie du village, même si leurs parents y habitaient. Ces trois populations cohabitent sans conflit, et les deux premières catégories se fondent même assez bien : après un premier temps de méfiance, les anciennes familles ont fini par intégrer les nouvelles. Le sujet de tensions le plus important est la propriété : la plupart des maisons et des terrains d’Auzet appartient à une petite dizaine de familles. Pour l’instant, les nouveaux Auzétans louent des logements à ces familles. La situation actuelle va dans le sens des intérêts de ces deux groupes, mais il se peut que dans quelques années les « jeunes » désirent devenir propriétaires, et à ce moment-là l’équilibre sera perdu. Il reste nécessaire de fixer ces nouveaux habitants. La commune tente de mettre en place des logements aidés, notamment au travers d’un projet de maisons passives ; mais le problème de l’accès à la propriété reste majeur. Comment débloquer la situation ? Le village ne possède aucun lieu réellement propice à la rencontre des habitants. Il existe un café, mais il est peut fréquenté et souvent fermé ; des conflits en interne ne semblent pas se résoudre. Il ne peut de toute façon pas subsister à long terme, 400 habitants étant souvent le seuil de rentabilité d’un café. Spontanément, c’est la boulangerie qui est devenue le lieu où l’on se croise : des producteurs locaux y vendent aussi leurs fromages et c’est là, près du four à pain où il fait chaud, que l’on se retrouve quelques instants en hiver. Mais la boulangerie reste un lieu privé, non neutre. Des tensions entre les familles font que certaines ne s’y rendent déjà plus.
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Simone, doyenne du village. Jean-François, le boulanger, récemment installé. Michel, retraité, propriétaire de résidence secondaire.
ENJEUX & PROBLÉMATIQUES e r u t c e archit
e
n i o m i r & pat
Entre vieilles bâtisses laissées à l’abandon et constructions récentes au style exotique, la variété des bâtiments est grande à Auzet. Le style des constructions est pourtant plutôt homogène au sein de chaque hameau, comme nous le verrons plus tard. Dans certains hameaux, des ensembles de maisons ont très peu été modifiés ou même entretenus au cours des cinquante dernières années. Ils constituent un patrimoine intéressant et à préserver, car ils sont des exemples typiques d’architecture montagnarde rustique. Ici le maîtremot était l’économie de moyens : les ornementations sont rares voire absentes, les maçonneries sont laissées à nu, les ouvertures sont réduites au minimum. La construction se fait avec les matériaux disponibles sur place : pierres ramassées dans le lit du torrent, chaux obtenue grâce à un gisement de calcaire proche, bois taillé à proximité. Le rez-de-chaussée, qui abrite l’étable, a un sol de terre battue qui souvent suit la pente ; on accède au niveau supérieur par un escalier en bois, mais dont les premières marches sont en pierre à cause de la neige. Au premier étage, la circulation se fait à l’extérieur, sous un débord de toiture ; elle distribue des pièces simples, presque sans fenêtres. Les cloisons intérieures sont en bois. À l’étage, le grenier se trouve sous la toiture de chaume, de lauze ou de bois. Certaines bâtisses ont été restaurées, dans un style traditionnel et avec des matériaux locaux ; mais d’autres logements qui dénotent totalement avec le milieu local ont aussi vu le jour : pavillons de type lotissement dans la pente sur d’anciennes terres agricoles, grandes bâtisses isolées à l’écart du village. Jusqu’ici, les constructions se sont faites de façon anarchique. Depuis 2008, une carte communale délimite la zone constructible. Faut-il fixer de nouvelles règles, faire des préconisations, imposer un style ?
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Une bâtisse ancienne, assez bien entretenue. Perdue dans la forêt et à la sortie du village, une construction récente dans un style exotique. À certains endroits ont eu lieu des rénovations de qualité, qui respectent le style local en l’adaptant aux contraintes actuelles.
ENJEUX & PROBLÉMATIQUES e m s i n urba
Depuis quelques années, le laxisme des dernières décades et sa conséquence principale - le mitage - apparaissent de façon majeure. Pour éviter que la situation ne perdure, la commune s’est équipée en 2008 d’une carte communale, document d’urbanisme simple qui délimite des périmètres constructibles, en s’appuyant sur une étude préalable. Les critères retenus pour la réalisation de ce document (schématisé sur l’illustration de droite, les aires vertes étant constructibles) sont d’abord de l’ordre du bon sens : absence de risques naturels sur ces terrains, orientation intéressante, éloignement réduit par rapport aux réseaux de fluides, etc. Ils visent aussi à renforcer la position de centre du hameau dit « le Village », couplé au « Graveyron », en l’étendant vers le nord. Enfin, l’objectif est de relier les hameaux dans le prolongement du Serre pour créer un grand ensemble construit sur un éperon bien exposé. En réalité, je ne pense pas que ces figures de constructibilité soient optimales. Elles ouvrent la voie à un mitage encore plus intense du territoire : si l’on remplit légèrement chacun des terrains constructibles, on augmente certes la densité globale, mais on ne donne aucune cohérence à la structure du village, qui n’est pas le fruit du hasard. L’image générale du village ne sera jamais celle d’un bourg de forme circulaire, où chaque bâtiment côtoie le voisin : la morphologie du terrain, les voies, les anciens hameaux construits ne participent pas à cette logique. De plus, cette carte communale ne propose pas de solutions aux problèmes locaux : les résidences secondaires resteront majoritaires, aucune clé n’est donnée pour résoudre les tensions liées au foncier, l’hétérogénéité des populations occupant les maisons n’est pas prise en compte. La permissivité dénoue-t-elle les tensions ? Est-ce en offrant à tous la possibilité de construire que l’on obtient un village plus cohérent ? Mon hypothèse est plutôt que c’est en considérant une à une les problématiques locales que l’on obtient une réponse appropriée à la totalité.
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Carte communale établie en 2008 : sur la carte, les terrains en vert sont les constructibles.
2008 Coeur de village au développement privilégié
Construction possible sur la croupe bien exposée, liant tous les ensembles construits
La carte communale ouvre la voie à un mitage complet, lecture impossible du village
60% des logements sont des résidences secondaires
Foncier verrouillé : Pas de logements vacants, Peu de ventes, peu de projets
PROJET - LE VILLAGE s n o i t n inte
Comment mon projet peut-il s’inscrire dans les vraies problématiques locales, qui ne sont finalement pas de l’ordre d’un simple lieu de rencontre, en proposant simplement un unique bâtiment ? Alors que mon sujet restait le même, mon projet évoluait vers de l’urbanisme rural. Mes intentions ont donc évolué : proposer des éléments de réponse aux problèmes urbanistiques du village en prenant en compte les besoins d’évolution du village, en considérant des thématiques liées à la population, au paysage, à l’économie, au patrimoine architectural et urbanistique, à l’histoire. J’ai pris le parti de m’attaquer à la grande échelle avec des outils d’urbanisme et de paysage, puis de rentrer dans la petite échelle en proposant des aménagements de placettes et de petits bâtiments, à l’échelle de l’architecture, voire de la microarchitecture. Finalement, ces propositions à petite échelle sont des sortes de préconisations que je fais pour ancrer mes principes urbains, les concrétiser et les pérenniser. Pour vérifier la pertinence des problématiques que je m’étais fixées, je suis allé à plusieurs reprises sur le site, pour rencontrer les habitants de chacun des hameaux, discuter avec eux, leur présenter mes pistes. Les échanges étaient très enrichissants, la découverte du mode de vie totale. Je m’étais aussi mis en tête de vérifier par la pratique le besoin en lieux de rencontres que j’avais cru pressentir. Pour cela je me suis inspiré des travaux d’une jeune designer, qui propose de provoquer la rencontre à partir de « MacGuffin » 4. Pour Auzet, j’ai imaginé de coudre plusieurs parapluies oranges ensemble, et de me placer à divers points du village, la nuit, avec une lampes sous mes parapluies, un thermos et des tabourets, pour inciter les habitants à venir me parler. Finalement, je ne l’ai pas fait, et je pense que ça aurait été une erreur. Dans ces villages, il suffit d’être étranger en un endroit pour provoquer la rencontre, être un événement. L’artifice du « MacGuffin » est totalement urbain, il n’aurait pas été compris et peut-être même facteur de rejet. Des lieux où les habitants pourraient se retrouver seraient par contre, eux, bien nécessaires.
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4 « Imaginé par Hitchcock, le terme de MacGuffin est un concept utilisé pour désigner l’objet qui sert de prétexte à déclencher une intrigue. L’intérêt réside non dans la forme du MacGuffin, mais dans l’événement qu’il peut provoquer. » Perrine Boissier, designer. Principes d’intervention à grande et à petite échelle. Les parapluies, projet abandonné.
À GRANDE ÉCHELLE Urbanisme & Paysage
À PETITE ÉCHELLE Architecture
Organisation & cohérence
Intervenir dans les hameaux avec des thématiques adaptées
Anticiper et faciliter les évolutions du village
Créer des lieux de convivialité et des bâtiments incitateurs de projet
PROJET - LE VILLAGE t i a r t e l s n o ç r fo
Même si j’ai précisé plus tôt que le village n’allait pas doubler sa population dans les vingt ans qui viennent, il va subir des transformations et doit se préparer à accueillir de nouveaux habitants. Pourrait-on aussi imaginer que certaines résidences secondaires se transforment en habitations permanentes, et surtout que des constructions aient lieu ? Pour envisager les évolutions du village, je propose d’imaginer des scénarios exagérés de densification d’Auzet, selon plusieurs logiques d’organisation. Si les nouveaux bâtiments suivaient la logique sous-jacente à toutes les constructions réalisées depuis une cinquantaine d’années, le fond de la vallée serait investi sur toute sa longueur. Auzet deviendrait un village-rue, à l’inverse de toute son histoire et au détriment de son organisation : le visiteur suivrait une départementale longée par des constructions, les autres hameaux seraient mis à l’écart, le bâti ne serait pas structuré. En imaginant de densifier le hameau dans lequel se trouvent les quelques éléments de vie du village, on met en avant la logique viaire d’Auzet et l’on crée un « centre », qui a pour avantage de marquer la traversée du village mais qui déséquilibre le rôle des autres hameaux. Ajouter un hameau au village permettrait de renforcer la logique d’organisation originelle du village ; cela n’a pas véritablement de sens aujourd’hui dans la mesure où personne n’est prêt à construire autant, et surtout parce que des nouveaux habitants voudraient des habitations isolées et de grands terrains quand les hameaux actuels ne proposent que des petites parcelles, plus ou moins imbriquées. L’actuelle carte communale ouvre la voie à un étalement encore plus important que ce qui existe aujourd’hui, où aucune forme n’apparaît clairement. Dans un contexte les projets sont rares, peut-on tolérer une liberté qui met en danger le fragile équilibre actuel ?
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TRANSFORMATION EN UN VILLAGE-RUE
Disparition de l’identité traditionnelle, effacement des polarités déjà fragiles
CRÉATION D’UN NOUVEAU HAMEAU
Mise en évidence de l’unité du hameau comme secteur d’intervention
COEUR DU VILLAGE DENSIFIÉ
Marquage renforcé du coeur de village, enjeu de l’intégration du nouveau bâti
DENSIFICATION MAXIMALE SELON CARTE COMMUNALE
Marquage de la traversée du village en son centre à renforcer, croissance plus ou moins maîtrisée, mitage relatif
?
PROJET - LE VILLAGE ? n o i t c a ’ d é t i n u e l l e qu
Les différents schémas que j’ai dressés de la composition du village au cours des siècles derniers et les scénarios de la page précédente permettent de comprendre la structure et la logique de fonctionnement du village, un peu perturbées au cours des 50 années passées. La carte communale toute récente et son traitement quasi uniforme du village propose de créer un ensemble bâti étendu. Faut-il décomposer le problème ou traiter le village comme une entité unique ? Les visites répétées dans le village et les rencontres m’ont fait comprendre la singularité de chaque hameau dans la structure du village. Chaque élément construit possède un nom, comme indiqué sur l’illustration de droite. Certains lieux existent depuis le XIXième siècle, d’autres sont plus récents, comme « le Gravas » ou « le Graveyron », dont les noms sont dérivés de celui du cours d’eau (la Grave), qui vient lui même du mot « gravier ». Les habitants procèdent à certains regroupements, quand ils parlent du lieu où il se rendent et où ils habitent, mais globalement, chaque lieu est indépendant. À partir de là, en étudiant chacun de ces hameau et ses caractéristiques, mon intention n’a plus été de proposer des scénarios applicables à l’ensemble du village, mais bien de considérer le village comme un ensemble de hameaux tous singuliers et de proposer des projets adaptés à chaque endroit, dans un projet cohérent pour l’ensemble du village.
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L’Adret Le Forest Le Chapelenc
L’Auche
Le Haut du Serre Les Isoards
« le Serre »
Le Village
La Salce Le Graveyron
Le Pied du Serre e
«l
Le Gravas
as av Gr
»
Les Auberts
Souvent, les habitants associent le haut du Serre et les Isoards en les appelant le Serre. De la même façon, ils associent le Gravas au pied du Serre en les appelant le Gravas. Les autres hameaux restent la plupart du temps différenciés.
PROJET - LE VILLAGE ? s r e i t r u qua
o x u a e ham
Il est intéressant de remarquer que les Auzétans ne parlent pas de « hameaux » mais plutôt de « quartiers », or la différence est grande. Un hameau est regroupement de bâtiments dont un au moins est habité, alors que le mot « quartier » recouvre un sens beaucoup plus large : cela peut être une unité topologique, d’usage, une unité historique, sociale, ou morphologique. Il ne qualifie pas seulement un lieu pour ce qu’il est physiquement, mais aussi pour ses habitants, et son histoire. En étudiant chacun des hameaux, je me suis permis une remise en question des unités constitutives du village, pour créer des nouveaux groupements, des quartiers, aux propriétés communes. C’est la base de mon projet sur ce village : mon interprétation des lieux (et non plus celle qui est communément admise par les habitants, ou par la carte communale) pour avancer des éléments de projet basés sur mes analyses de la situation. Travailler avec ces quartiers suppose de faire des choix : des regroupements ou des séparations, et de choisir un nom approprié pour les désigner. Trois hameaux - les Auberts, la Salce, le Gravas - sont pour moi des quartiers, car ils ont chacun leur spécificité. Le quartier « les Auberts » est uniquement habité par des anciennes familles auzétanes, qui possèdent de grosses maisons rénovées régulièrement mais sans luxe ; la Salce est un lieu à l’écart du village, et ses habitants ont toujours voulu rester à l’écart, bien que proches du Graveyron, ils ne s’y déplacent que peu ; les constructions du Gravas sont toutes récentes, ce sont des bâtiments en parpaings dans un environnement sans structure, l’entrée du village est très disgracieuse. Mes trois autres quartiers sont tous des regroupements de hameaux : le Serre regroupe trois hameaux qui ne comprennent que des résidences secondaires magnifiques mais non entretenues ; le Forest a une situation particulière en surplomb, et n’est habité que par des néoruraux ; enfin, le Village a un tissu construit particulier, peu dense et sans structure, et ses habitants louent pour la plupart leur logement à la municipalité.
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Le Forest Le Village
Le Serre La Salce
Le Gravas
Les Auberts
Les quartiers que je considère dans mes regroupements ne comprennent pas toutes les constructions habitées du village. À la sortie du village au nord se trouvent notamment des constructions isolées. Comme elles ont été construites volontairement à l’écart du village, et que ce type de réalisation entraîne un étalement néfaste (je considère que lorsqu’un village aussi petit est le lieu d’un projet, celui-ci doit participer à la logique globale), je choisis de ne pas les inclure dans mes quartiers. Il en va de même avec les deux hameaux qui ne se trouvent pas à cet endroit de la vallée (l’un est à trois kilomètres au nord, et le deuxième à six dans la même direction).
PROJET - LE VILLAGE
Voici donc ma nouvelle carte du village, une carte où chaque entité a son identité. Le principe est de considérer chaque élément de façon égale, sans polariser ou donner plus de poids à un élément (ce que la carte communale faisait avec « le Village »). Chaque quartier suppose une étude spécifique pour déterminer ses besoins, ses potentiels, et donc un projet. La réunion de ces éléments forme un ensemble cohérent, facilement lisible pour le visiteur comme pour l’habitant. Le travail à l’échelle du village d’Auzet suppose de se donner des grandes lignes pour que ces identités apparaissent, et ne soient pas considérées comme des divisions mais comme des distinctions. Pour justifier mes choix concernant les quartiers, j’ai étudié beaucoup de critères illustrés dans l’annexe (classés par quartier), mais j’ai aussi essayé de simplifier le caractère de chaque quartier en quelques mots:
Le Forest
« Les Guetteurs »
Unité topologique et sociale Quartier des jeunes néoruraux louant un logement à deux grands propriétaires ; situation en surplomb du village et bâti cohérent.
Le Serre
Le plus beau quartier d’Auzet Unité morphologique et d’usage
Trois groupements construits alignés sur un éperon, uniquement occupés par des résidences secondaires, avec des bâtiments anciens et caractéristiques mal entretenus.
Le Gravas
Une entrée de village ?
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« Le Village » Le coeur d’Auzet ? Unité spaciale et d’usage
Quartier traversé par la départementale en partie basse, il était en partie haute un ancien microcentre du village. Très peu structuré, il comporte les quelques services du village.
La Salce
Volontairement isolés
Unité morphologique et humaine Quelques bâtiments situés dans une dépression, de l’autre côté de la rivière. Les habitants ont en commun leur volonté de rester isolés.
Les Auberts
Bastion des familles Auzétanes
Unité spatiale et de temps
Unité sociale et topologique
Quartier des jeunes néoruraux louant un logement à deux grands propriétaires ; situation en surplomb du village et bâti cohérent.
Occupé par les anciennes familles Auzétanes, le hameau a une structure caractéristique et présente un front bien entretenu.
La carte des quartiers, et le schéma d’action globale. Double page suivante, photos des quartiers.
Le Forest
Le Village
Le Serre
La Salce
Les Auberts Le Gravas
Traiter chaque hameau comme une entité singulière mais équivalente en importance par rapport aux autres : Absence de hiérarchisation dans un système unique et cohérent
Le Forest
Le Serre
Le Gravas
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Le Village
La Salce
Les Auberts
PROJET - LE VILLAGE
s e n i a b r u & s e r è g a ) s e g y a a ill p s le du v l n e h c o i é ’ t (à l c a ’ d s e p i c n i r p Définir cette logique de « distinction des quartiers dans un ensemble formant un village cohérent » suppose de se donner les moyens de la réaliser, et de justifier localement le choix de cette logique. Pour justifier et renforcer, je propose de travailler selon trois logiques : - Différencier les quartiers dans la lecture du village, c’est à dire repérer, définir, entretenir les limites. Que les espaces entre les quartiers soient boisés ou non, bâtis ou naturels, en pente ou sur du terrain plat, chaque séparation doit être marquée pour que se lisent les limites et qu’elles soient durables ; - Ouvrir des vues sur le village et sur ses quartiers. Comment comprendre l’organisation d’un territoire si on ne le lit pas ? Il faut générer des vues, à la fois pour les visiteurs de passage comme pour les résidents permanents ; - Lier les quartiers : la logique de distinction n’est pas une logique de séparation. Auzet doit rester uni, on doit pouvoir circuler librement entre ses parties ; la route départementale et les sentiers de randonnée doivent participer à la cohérence du village. Dans la suite, je propose de traiter ces trois points comme des portes d’entrée pour la définition de principes d’actions paysagères et urbaines, qui mèneront à la constitution d’un Plan d’Aménagement et de Développement Durable, qui s’appuiera sur une nouvelle carte communale, plus restrictive que l’existante. Dans un territoire où le nombre de projets (constructions, rénovations, acquisitions...) est aussi réduit, il me semble que chaque projet doit être juste, en adéquation avec l’ensemble. Peut-être que certaines règles prises à l’échelle du village peuvent guider ces projets. Se fixer des contraintes peut stimuler la créativité.
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Vue satellite du village, les bâtiments et les routes sont passés en noir. Échelle 1/4000ème.
PROJET - LE VILLAGE s n o i t c n ti s i d & n o i s é h co
lage ) il v u d helle ( à l’éc
Le premier principe à l’échelle du village est celui de la lecture des limites. Pour cela, à partir des regroupements des quartiers et de leur analyse, j’ai pu déterminer : - Les limites à marquer clairement, qui sont plutôt conceptuelles dans leur tracé mais qui se retrouvent illustrées concrètement par les zones constructibles, et par des lieux de traitement paysager ; - Les limites naturelles, qu’il s’agisse d’éléments liés au relief ou au végétal ; - Des zones constructibles, basées sur le cadastre donc sur les propriétés foncières et en évitant de diviser celles-ci. Elles donnent des zones d’extension pour les quartiers qui sont susceptibles de s’agrandir (le Forest, le Serre, les Auberts, le Village) et restreignent la constructibilité des quartiers dont l’extension ne semble pas souhaitable (la Salce et le Gravas) ; - Des zones à reboiser, ou plutôt des zones où il serait souhaitable de masquer certains éléments. C’est le cas entre les quartiers du Forest et du Serre notamment. La double page qui suit montre à partir de photos des exemples de ces traitements de limites.
Limite de zone constructible Extensions des quartiers envisagées Limites à marquer clairement Limites naturelles Zones à reboiser
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Vue schématique des zonages, sur fond simplifié. Échelle 1/4000ème.
PROJET - LE VILLAGE
Image 1 : Sous le quartier du Forest, et directement au dessus du Serre, se trouvent des constructions assez récentes et qui ne participent pas à la logique d’organisation du village : elles sont construites sur d’anciens terrains agricoles, et sont d’une architecture de lotissement. Par leur occupation, elles appartiennent au Serre, mais je choisis de les masquer pour conserver la lecture de quartiers séparés. Aussi les terrains intermédiaires, sur lesquels aujourd’hui la commune a le projet de construire des logements, ne sont plus constructibles. L’implantation de maisons à cet endroit n’aurait d’ailleurs bénéficié à aucun des quartiers : il paraît plus judicieux de faire profiter de la dynamique d’introduction de nouveaux habitants dans un endroit qui en a besoin. Image 2 : Ici aussi apparaissent les logements à masquer. Par ailleurs on lit bien la situation en surplomb du quartier, qui forme une limite naturelle. Image 3 : Le hameau des Auberts, vu depuis le flanc de vallée opposé. Il possède au premier plan une limite naturelle liée au relief ; et en arrière-plan se trouve une cuvette bien exposée mais peu visibles où des constructions seraient possibles. On peut envisager aussi de masquer les bâtiments agricoles récents, mais qui sont seulement visibles depuis les hauteurs.
Limite de zone constructible Limites à marquer clairement Limites naturelles Zones à reboiser
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Trois illustrations des zonages à effectuer.
PROJET - LE VILLAGE s l e u s i v s n e i l s e d r e s tis
lage ) il v u d helle ( à l’éc
Une fois que les limites sont posées, il devient important de pouvoir les lire, et de générer des vues faciles depuis la départementale (pour les visiteurs motorisés) et depuis les hauteurs (pour les habitants et les randonneurs). Aujourd’hui les vues sont très réduites : il existe seulement deux points de vue sur les hameaux depuis la départementale, et deux endroits à partir desquels on a une vue panoramique sur un des flancs de la vallée. Le visiteur a ainsi peu de repère pour comprendre qu’il traverse un village, et surtout pour le comprendre. Le petit nombre de vues s’explique par l’absence d’entretien du paysage : les anciennes haies entre les parcelles ne sont plus taillées, alors qu’elles servaient auparavant de bois de chauffage en hiver ; les paysages sont en cours de fermeture, car les activités agricoles et pastorales ne sont plus suffisantes. L’ONF a même émis un avis préconisant un déboisement de certaines parties du territoire communal. Il est impossible pour le village de procéder à des tailles régulières et à des déboisements à répétition. Cependant des actions ponctuelles ont lieu, et j’ai déterminé quelques endroits ou elles seraient nécessaires pour créer de nouvelles vues, ou plus simplement pour réouvrir d’anciennes vues existantes, par exemple entre les hameaux. La double page qui suit montre à partir de photos des exemples de ces traitements de limites.
Vue existante Vue à créer Vue panoramique depuis une hauteur La petite extrémité du cône est le point à partir duquel la vue existe ; la grande extrémité est le paysage embrassé. Vue « ponctuelle » Zone actuellement boisée et à ouvrir 54
Représentation schématique des vues, sur fond simplifié. Échelle 1/4000ème.
PROJET - LE VILLAGE
Image 1 : En arrivant depuis le nord par la route départementale, les vues sur le quartier « le Village » sont très réduites. Cette image montre qu’en hiver une percée visuelle existe, que la végétation vient refermer en dès le printemps. Il suffirait d’une petite intervention pour que l’église du village, qui est d’ailleurs inutilisée mais n’appartient pas à la commune, deviennent visible depuis la route : le visiteur aurait alors véritablement l’impression de traverser un village habité. Image 2 : Les anciens du village se souviennent que le hameau « le Graveyron », que je rattache au quartier « le Village » aujourd’hui, était auparavant visible depuis le Serre, et réciproquement. L’endroit où est garée la voiture pourrait être une petite place à partir de laquelle on aurait toute l’année une vue sur le bas du village, et sur tous les quartiers de l’autre flanc de la vallée. Image 3 : À l’entrée du village, dans l’ancien lit de le Grave, les nouvelles constructions bordent la route (ici le centre de musique). Les bords du cours d’eau sont maintenant très boisés, et masquent les Auberts, auxquels ont peut par ailleurs accéder à cet endroit. Les autres constructions n’ont rien de remarquable ; l’entrée sud du village est à réaménager.
Espace à dégager Vue créée Espace à boiser
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Trois illustrations des vues à dégager.
PROJET - LE VILLAGE s e u q i s y h p s n ie l s e d tisser
lage ) il v u d helle ( à l’éc
La randonnée est la principale raison pour laquelle le village est fréquenté par des visiteurs extérieurs. Plusieurs sentiers commencent de part et d’autre de la vallée, et relient les montagnes avoisinantes, pour des randonnées courtes ou longues. Les sentiers se trouvent sur les cartes IGN, mais ils empruntent les routes quand souvent ils pourraient emprunter des sentiers qui traversent les hameaux, qui pour la plupart sont d’anciens passages utilisés avant la construction des routes. La réhabilitation de ces sentiers pourrait se faire facilement, avec un balisage simple et une mise à jour des cartes de randonnées : la fréquentation devrait suffire pour les entretenir. Les quartiers du Serre, du Village et des Auberts bénéficieraient pour leur visibilité de ces sentiers de traversée. Ces derniers passent souvent par des endroits à partir desquels les points de vue sont magnifiques, ou par des petites placettes à l’abandon au charme pittoresque.
Sentier existant Sentier à créer ou à mettre en valeur
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Représentation schématique des sentiers, sur fond simplifié. Échelle 1/4000ème.
PROJET - LE VILLAGE x u e j n e uels
q
? r e i t r e qua
u q a h c pour
Une fois la politique globale d’action sur le village déterminée, c’est l’étude locale des problématiques et des caractéristiques de chaque quartier qui permet de mettre en lumière les enjeux locaux spécifiques. J’ai fait une étude selon des critères fixés : topologie et toponymie, présentation générale, usage, morphologie, réseau viaire et enfin architecture, pour parvenir à déterminer les interventions à faire localement. Ainsi apparaissent les enjeux suivants :
Le Forest
« Les Guetteurs » Lieu d’implantation privilégié pour de futurs logements
Le Serre
Le plus beau quartier d’Auzet Un quartier à réhabiter : Organisation interne et programmes à implanter
Le Gravas
Une entrée de village ? Traitement paysager en point d’entrée de village
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« Le Village »
Le coeur d’Auzet ? Un quartier à rééquilibrer : Organisation interne et programmes à implanter
La Salce
Volontairement isolés Conservation des qualités paysagères.
Les Auberts
Bastion des familles Auzétanes Lieu d’implantation privilégié pour de futurs logements
Aperçu du tableau d’étude des quartiers. Ces documents se trouvent dans l’annexe sur les quartiers.
Le Village
Le “coeur” d’Auzet ?
Ancien lieu de vie du village
Deux “centres de vie” cohabitent, sans aucun lien entre eux. L’un, récent, longe la départementale ; l’autre, perché, se trouve isolé et ne jour plus de rôle dans la vie du hameau ou du village. Quelques bâtiments sont des logements sociaux de la commune, occupés à l’année. Les autres bâtiments sont soit des résidences secondaires, soit des logements permanents privés.
Logement
Unité spaciale et d’usage
Du fait de l’implantation de l’église dans ce hameau, il porte le nom de “village”.
< Usage
Lieu de vie du village
Église Mairie École
Ce hameau est plus récent que tous les hameaux hautperchés : sa partie basse était le cône de déjection d’un petit cours d’eau et les abords directs de la Grave, aujourd’hui bien maîtrisée. Sa partie haute se trouve sur une croupe orientée vers l’est, sur laquelle ont été construits l’église, l’école et la mairie, puis une deuxième école au début du siècle. La pente qui suit va rejoindre l’ancien lit du cours d’eau principal, sur des terrains finalement plats mais non constructibles. Le hameau est envahi par la végétation, dont la taille n’est plus assurée.
Morphologie >
Tous les bâtiments ultérieurement à l’église, l’école et la mairie sont implantés selon la logique actuelle: bâtiments positionnés librement dans leur parcelle, sans liens entre eux, sans aucune relation de volume ou de style. À ces deux logiques s’ajoutent des espaces publics aux formes très différentes : en hauteur tout est espace public, même si dans la réalité les passages sont difficiles, et en contrebas c’est la départementale qui est espace public, complétée par deux placettes goudronnées et un jardin communal, seul terrain plat accessible dans le village. Ces deux entités ne communiquent pas entre elles, sauf par un petit sentier caché, mal en entretenu et très peu emprunté.
Le Serre Le plus beau quartier
Résidence secondaire Four communal Résidence principale
d’Auzet
Bâtiment agricole
Unité morphologique et d’usage
Toponyme. Crête formant contrefort d’une montagne, colline élevée. Situé sur une croupe très bien exposée, le quartier est aujourd’hui envahi par la végétation sur ses limites et ne permet pas d’être vu depuis le fond de la vallée, alors que sa position le lui permettrait. Il se compose de trois groupes construits anciens, complétés en hauteur par des bâtiments d’habitation récents, à la volumétrie pauvre. Les terrains bordant le quartier sont très pentus et quasiment inexploitables. Sur le flanc donnant vers la vallée s’inscrivent des routes pentues qui déservent les trois groupes construits indépendamment.
< Usage
Ce hameau, ancien haut lieu du village par le nombre important d’habitations qui s’y trouvent, est maintenant entièrement converti en un lieu de villégiature : à l’exception d’un logement habité à l’année, toutes les maisons sont des résidences secondaires, très peu utilisées et mal entretenues. Les propriétaires sont souvent des familles issues du village, mais qui ont migré plus au sud pour des raisons professionelles et qui conservent ces bâtiments pour des raisons familiales sans pour autant les occuper souvent. Un four communal en ruine et un bâtiment agricole viennent compléter le tableau.
Morphologie >
Le quartier se compose à l’origine de trois hameaux, groupements d’anciens bâtiments non accolés mais très proches spatialement. Ils n’ont aucun mur en commun et on peut toujours circuler autour. Il n’y a pas d’espaces privés directement adjacents aux maisons. Chaque groupement possède sa source.
Le Gravas
Une “entrée de village” ?
Hébergement touristique Bâtiment agricole Résidence secondaire
Unité spatiale et de temps
< Usage Ce hameau ne possède pas de réelle caractéristique démographique ou d’usage : les quelques bâtiments qui s’y trouvent ont des usages différents, sans cohérence.
Résidences principales
Ancien lit du cours d’eau la “Grave”, il en tire son nom. Situé à l’entrée Sud du village, le lieu-dit du “Gravas” n’est pas un véritable hameau, parce qu’il n’en a pas la structure. Construit récemment, aucun bâtiment ne date d’avant 1950. La départementale qui le traverse a été en partie construite en grignotant un flanc de la montagne ; le reste des terrains du lieu-dit est plat, ancien lit de la rivière maintenant réduite en un mince cours d’eau maitrisé.
Morphologie >
Les bâtiments s’organisent de part et d’autre de la départementale, légèrement en retrait. Ils sont placés alignés sur les limites de terrains, dans une logique moderne qui n’a rien à voir avec celle des autres hameaux du village.
Le Forest
Les guetteurs”
Grand propriétaire 1 Grand propriétaire 2 Bâtiment communal Autres propriétaires
Unité topologique et sociale
“Forest” signifie “Hameau dans les pâturages”, en provençal. Point le plus élevé du village, le hameau du Forest domine tous les autres. On y accède par une route en lacet qui a remplacé une callade très pentue mais directe. Sa situation en surplomb lui confère un ensoleillement maximal, des vues paysagères larges mais qui ne couvrent pas le fond du village. Les terrains qui le séparent des autres hameaux sont pour l’instant des abords vides de constructions. On intègre à ce hameau un groupe construit indépendant, situé dans une dépression et auquel on accède à partir du Forest.
Morphologie >
< Usage En blanc, anciennes familles et leurs descendants. Seuls un jeune couple avec enfants et des retraités sont parvenus à s’installer dans le hameau. Le hameau est véritablement le “bastion des familles auzétanes”. Sur les quatre agriculteurs d’Auzet, deux vivent à cet endroit.
“Bastion des familles Auzétanes” Unité sociale et topologique
Morphologie >
Patronyme.
Les bâtiments s’organisent traditionnellement autour de deux places, l’une haute, l’autre basse, les maisons donnant sur ces places. Les constructions ne répondant pas à cette logique sont ultérieurs ; ils correspondent à une mutation de la vie du village : résidences secondaires ou bâtiment agricole indépendant de la batisse principale, qui dans le temps ne faisaient qu’un.
Situé sur un relief rocheux en dessous de terres cultivées, le hameau se constitue d’une placette haute et d’une rue très en pente qui la longe. Bien protégées et exposées, les constructions sont visibles de loin, bordées d’arbres qui poussent en contrebas. Juste derrière le hameau se trouve une petite cuvette protégée dans laquelle quelques bâtiments récents ont été implantés.
Volontairement isolés
La majeure partie des bâtiments du hameau est possédée par deux grands propriétaires Auzétans. Ces logements sont loués aux jeunes néoruraux employés par le Centre Musique Rural, où qui ont trouvé un travail dans la région. Ce hameau est le lieu de la confrontation des anciens habitants et des nouveaux ruraux, qui se veulent précurseurs d’un retour aux sources. La confrontation est positive dans la mesure où il n’y a pas de conflit ouvert ; mais elle est positive uniquement parce qu’il n’y a pas de concurence possible pour l’accès à la propriété, pourtant préalable à une installation durable.
Les bâtiments s’organisent en un noyau très serré autour de grandes bâtisses quasiment encastrées, jouxtées par des constructions plus petites. Ces dernières forment un front de bâtiments bien rénovés, une façade de mise en valeur du hameau.
Les Auberts
La Salce
< Usage
Chambres d’hôte Résidences principales
< Usage
Les seuls bâtiments du hameau sont des habitations, mais un propriétaire a transformé ses bâtiments en un établissement de chambres d’hôte, très fréquenté.
Unité morphologique & humaine
Une source salée aurait existé à cet endroit. La Salce est un minuscule hameau positionné sur le contrefort d’un massif, et bordé par un cours d’eau qui marque un vallon entre deux versants. Très bien exposé, le hameau est très circonscrit : au dessus de lui la pente est trop abrupte pour construire, au dessous se trouve la Grave et ses abords inconstructibles, au sud un terrain exploité pour l’agriculture ne changera pas d’usage avant longtemps. Sa position relative par rapport aux autres quartiers lui donne une grande visibilité, et les vues depuis la Salce sont aussi remarquables.
Morphologie >
Les bâtiments s’organisent selon une logique liée à l’orientation et à la pente : leurs façades sont orientées sud-ouest. Chaque habitation possède sa ou ses dépendances, de petite taille et directement à proximité.
Bâtiment rén
Bâtiment qui une rénovatio
PROJET - LE VILLAGE e g a l l i v le r u o p D D A P n u
lage ) il v u d helle ( à l’éc
Comment synthétiser toutes ces considérations ? Le village possède une carte communale que je propose de revoir, mais qui ne peut pas intégrer toutes mes préconisations ; un PLU serait trop détaillé et contraignant pour Auzet : il dicterait des contraintes spécifiques alors que ce sont des lignes directrices qui semblent nécessaires. Je propose donc de réaliser un Plan d’Aménagement et de Développement Durable, qui définit de façon schématique des principes à intégrer lors de la réalisation de documents d’urbanisme ou de projets. Sur ce document apparaissent clairement les différents quartiers que j’ai choisi de considérer, les aménagements à effectuer pour affirmer mon parti de traiter les quartiers comme des îlots, les rapports visuels à entretenir et des directives pour l’aménagement interne des quartiers. Il fixe pour les vingt ou trente années prochaines des principes à respecter pour la réalisation de projets de tout ordre, pour des initiatives privées comme pour des initiatives communales. Je propose de le présenter en deux parties : une partie qui expose et justifie les principes de cohésion interne des quartiers et leur inscription dans une organisation du village aux pôles égaux, et une partie qui présente les éléments de projet ou de développement qui sont autant de préconisations pour encadrer les évolutions du village.
Terrains constructibles
Zones à déboiser
Zones à boiser
62
En fond, la nouvelle carte communale. Courbes de niveaux tous les 10 m. Échelle 1/4000ème.
le Village
le Forest
la Salce
le Serre
le Gravas les Auberts
PROJET - LE VILLAGE s n o i t c a s e l r upe
regro
64
Les enjeux locaux peuvent se regrouper en trois catégories : 1. Interventions rapides à mettre en oeuvre : tailles de certains talus, incitation à laisser pousser la végétation dans d’autres zones. Le quartier du Gravas, à l’entrée sud du village, nécessite un traitement paysager pour que ce premier hameau soit plus accueillant. Dans le quartier de la Salce, l’enjeu est seulement de conserver les qualités paysagères existantes ; 2. Aménagement des sentiers, de places à partir desquelles des vues sont possibles, revitalisation de certaines zones. Les quartiers du Village et du Serre rentrent particulièrement dans ces critères. Ils peuvent recevoir des petits programmes que la commune a en projet (salle communale, quelques logements passifs qui seraient mis en location, éventuellement des petits espaces publics), et apporteraient des solutions aux problématiques de population dans chacun de ces hameaux ; 3. Si certains logements devaient se construire dans les décades qui viennent (initiatives privées ou plus éventuellement publiques), les quartiers du Forest et des Auberts pourraient les recevoir, sans mettre en danger l’équilibre de ces quartiers mais en contraire en le fortifiant. Les terrains sélectionnés sont aptes à recevoir des constructions, sont bien orientés et desservis, et les nouvelles constructions n’auraient pas de position frontale dans les vues paysagères. Dans les faits on obtient donc un classement des actions à entreprendre ou à encadrer dans le village. Les interventions à court terme sont faciles à envisager ; elles ont déjà été en partie détaillées dans les pages précédentes d’analyse du territoire. Les interventions à construire ont un réel sens puisqu’elles auront un impact sur le village dans les dix ou vingt années à venir. Les interventions à long terme (implantation de nouveaux logements) sont pour l’instant trop hypothétiques pour que je m’y intéresse.
Proposition de phasage en fonction des enjeux locaux.
1
< 1 : Interventions paysagères légères. > 2 : Quartiers où des interventions construites sont justifiées pour introduire une dynamique et faire évoluer le village : aménagement de sentiers, de placettes, insertion de petits bâtiments communaux porteurs de projets.
>
3 : Si dans les prochaines décades le village doit recevoir de nouveaux habitants, ces quartiers peuvent recevoir de nouvelles constructions.
LA SALCE
2 “LE VILLAGE” LE GRAVAS
LE SERRE
3 LE FOREST
LES AUBERTS
PROJET - DEUX « QUARTIERS » s n o i t inten
66
Maintenant que les principes à l’échelle du territoire sont fixés, et qu’un nom est mis sur les enjeux locaux de chaque quartier, je me propose d’étudier et de proposer des projets dans deux quartiers spécifiques. Il me semble pertinent de travailler sur les deux quartiers porteurs de projets (le Serre et le Village) pour proposer par une initiative publique des transformations aptes à dynamiser ces quartiers, et les faire évoluer dans un sens profitable à tout le village (en incluant des projets que la commune envisage actuellement). Les enjeux d’une intervention sur ces quartiers sont du même ordre, et ce sont des secteurs dans lesquels un architecte ou un urbaniste peuvent proposer des éléments de réponse : - Enjeux paysagers d’insertion, de frontière, de lecture, comme montré précédemment (et ce sera détaillé par la suite) ; - Enjeux liés aux espaces publics : dans les deux cas, il existe un besoin de liaison de certains espaces entre eux par des passages publics à aménager ; - Enjeux liés au bâti : Dans le cas du Serre, les constructions ne sont pas entretenues et se dégradent progressivement ; dans le cas du Village, l’absence de cohérence dans les différents bâtiments présents est flagrant ; - Enjeux liés à l’implantation de nouveaux programmes : la commune a plusieurs projets en cours. Les positionner dans ces quartiers semble stratégique ; - Enjeux humains liés à la population de ces quartiers. Des réponses aux précédents problèmes peuvent-ils résoudre les questions de dépeuplement, d’homogénéité totale ou au contraire d’hétérogénéité totale des populations ? Tous ces projets doivent montrer l’appartenance du quartier à Auzet : je souhaite employer un vocabulaire architectural contemporain unique, une sorte de « signature » de mes projets, qui soit porteuse de sens et témoigne de la grande échelle de mon projet au travers de petites interventions.
“LE VILLAGE”
LE SERRE
PROJET - DEUX « QUARTIERS » r e i t r a u q u d s e u q i t s i r é t c a r a c : e r r e S le
Le Serre est à mon avis le plus beau quartier d’Auzet. Le mot « serre» est un toponyme : il désigne une crête formant le contrefort d’une montagne. C’est exactement la situation de ce quartier, qui regroupe trois hameaux : « le haut du Serre », « les Isoards », et « le pied du Serre ». Les constructions se trouvent sur la crête, bordées par des terrains très pentus difficiles à investir. Elles bénéficient de vues magnifiques, d’une orientation optimale, et s’inscrivent dans la pente le long d’un sentier qui s’interrompt par endroits. Le quartier se trouve en dessous d’anciennes terres agricoles, aujourd’hui investies à la limite haute du Serre par quatre maisons qui s’intègrent difficilement avec le reste du quartier. Les autres bâtiments sont tous d’époque, et l’absence quasi systématique d’entretien des maisons les a préservées de transformations qui auraient pu mettre en danger leur caractère pittoresque. Tous les bâtiments sont des résidences secondaires, occupées quelques semaines par an, à l’exception d’une unique maison habitée à l’année, d’un petit bâtiment agricole et d’un four à pain mal en point (voir double page suivante). Le caractère de ce quartier, et la raison pour laquelle j’ai choisi de regrouper ces hameaux (voir p. 41) , tient donc dans toutes ces caractéristiques communes : topologie, occupation, état et époque des bâtiments, cachet du lieu. Les bâtiments, très peu entretenus, sont restés dans leur état originel : la différenciation des niveaux n’a pas été modifiée, les accès au grenier par l’arrière sont toujours existants. Le niveau d’habitation est accessible par une circulation extérieure protégée par une avancée de toiture, sur la façade principale orientée vers le soleil. Souvent les façades ne sont pas enduites, et montrent les pierres provenant du fond de la vallée. L’ancienne calade qui reliait les groupements par la crête n’existe plus, sauf sur un segment où des travaux de reconstruction sont en cours. Les accès entre les bâtiments, qui sont toujours publics, sont tellement peu entretenus qu’ils paraissent aujourd’hui privés, et le visiteur ne sait pas où il peut circuler. Cela laisse en retrait des espaces qui mériteraient d’être accessibles. L’accès par les véhicules est possible mais certaines maisons ne sont pas directement desservies.
68
Photo prise depuis le Forest, en vue plongeante sur le Serre. Maquette 3D du quartier.
Le haut du Serre
Les Isoards
Le pied du serre
Résidences secondaires Résidence principale Bâtiment municipal Bâtiment agricole
Vue Satellite 70
Occupation du bâti
Le haut du Serre
Murets délimitant d’anciennes maisons
Les Isoards
Terrains constuctibles Zones à déboiser Zones à boiser
Le pied du Serre
Trois groupes mal reliés
Définir des zones constructibles
Une vieille bâtisse, rénovée sommairement, et qui est caractéristique de l’architecture traditionnelle locale.
La partie rénovée de l’ancienne calade. La voie est tellement peu empruntée qu’elle n’est pas enduite. 72
Un espace public difficilement accessible, où se trouve un ancien lavoir.
L’accès aux greniers depuis la pente permettait de rentrer facilement les récoltes pour l’hiver.
PROJET - DEUX « QUARTIERS » n o i t n e v r e re ) t n i ( le Ser e n u ’ d x u enje
Plusieurs enjeux apparaissent pour accompagner l’évolution de ce quartier et s’assurer de son inscription dans la logique globale retenue pour le village : - Une lecture paysagère améliorée, qui peut se réaliser par gommage des lisières boisées présentes alors même que le relief suffit pour délimiter géographiquement le quartier ; - Une nouvelle dynamique pour fixer des habitants permanents, en proposant la construction de logements (projets municipaux prévus pour être placés dans la pente entre le Serre et le Forest, sur un terrain que je juge préférable de conserver intact), et si possible en incitant les propriétaires des résidences secondaires à vendre leur bien au profit d’habitants à l’année ; - Un entretien du patrimoine bâti, éventuellement encouragé par des subventions publiques ou par le biais d’un système de location mis en place par la municipalité, et qui obligerait les propriétaires à entretenir leur bien ; - Une meilleure lisibilité des espaces publics, un entretien accru et la création de lieux publics agréables, pour inciter les particuliers à en faire autant et aider les visiteurs à comprendre et parcourir le lieu en respectant les limites de propriété ; - La liaison des anciens hameaux pour unifier des lieux aux caractéristiques qualitatives similaires, en marquant mieux un sentier existant mais quasi abandonné, et à très long terme en construisant entre ces hameaux si la demande existe. Les interventions que je propose dans ce hameau visent, par une initiative publique, à redynamiser le quartier : le rendre habité à l’année, développer la location des résidences secondaires, les événements communautaires, et tisser des liens entre les ensembles construits. Cela se traduit par des logements communaux positionnés entre des groupes existants, par des cheminements marqués par éléments minéraux, des placettes ou lieux d’intérêts mis en valeur, par la réfection d’un sentier.
74
Placette à traiter Logement à implanter Point d’intérêt à valoriser Vue privilégiée à ouvrir
Solidarités construites & marquages à définir
Éléments de projet construits
PROJET - DEUX « QUARTIERS » re ) ( le Ser
projet
Pour entamer le processus dynamique que je prétends vouloir insuffler au Serre, je propose la réalisation par la municipalité de : - Quatre logements répartis en deux bâtiments (projet municipal repositionné), qui s’implanteraient entre des hameaux existants sur des terrains vacants ; - Un parcours liant les hameaux, en utilisant un vocabulaire architectural très simple ; - Des petits aménagements autour de points pouvant servir de lieux de rassemblement pour les habitants, comme par exemple l’ancien four à pain ou une petite place à partir de laquelle une vue sur « le Village » est possible. Le positionnement de nouveaux logements dans le quartier se veut une illustration de la maxime « tout projet doit être un projet utile » que j’entends mettre en oeuvre à Auzet. Puisqu’il y a peu de projets, alors autant que les réalisations aient un impact positif. Dans ce cas, rendre le hameau habité à l’année aura des effets positifs : entretien des voies publiques et déneigement ; prise de conscience des propriétaires de la valeur de leur bien, et rénovation puis vente dans le meilleur des cas ; effet de la présence de nouveaux habitants : dynamisme, convivialité... Les quatre logements doivent respecter les préconisations architecturales de gabarit, de liaison au viaire et de positionnement formulées dans mon PADD. Leur orientation est en particulier à considérer : dans le cas du Serre et en fonction de leur hauteur, la logique interne d’organisation des hameaux varie. Pour m’implanter je choisis deux terrains dans les espaces interstitiels entre les hameaux. Ils permettent tous deux de se rattacher à une logique existante, et sont suffisamment bien desservis. La volumétrie des bâtiments est simple, les façades sont bien orientées, la vue est dégagée, tous les critères ancestraux de confort sont respectés.
76
Diverses illustrations des logements que je propose d’implanter dans la commune.
Etage courant 0
0
10 m
5m
PROJET - DEUX « QUARTIERS »
Les interventions sur les espaces publics visent quant à elles à offrir une meilleure lisibilité des séparations espace public/espace privé. Aujourd’hui il est très difficile pour le visiteur extérieur de savoir à quels endroits il a le droit de pénétrer ; hors certains lieux publics inaccessibles sont magnifiques, et pourraient aisément devenir des placettes où des microévènements pourraient avoir lieu. L’entretien des espaces publics dans les quartiers est quasi inexistant : cela confère du charme au lieu mais renforce aussi une impression de délabrement : intervenir suppose donc de préserver des qualités du lieu tout en ajoutant une couche de lecture, une trace contemporaine à l’existant. Un bel endroit existe dans la partie haute du quartier : la source du hameau alimente un lavoir qui trône dans un rectangle d’herbe sauvage, entre de vieux murs en pierre qui étaient autrefois des maisons habitées. Pour y accéder, on marche sous une passerelle qui donne accès à un grenier, et on peut ensuite ressortir par un chemin différent ou partir dans la montagne, en suivant un sentier communal. Je propose d’intervenir en plaçant au sol des éléments facilitant la promenade : quelques marches, un muret qui longe un chemin, un socle allongé pour souligner le lavoir, une partie du sol qui est comme une dalle immergée. Le vocabulaire est contemporain ou au moins moderne, avec une pierre calcaire gris clair locale plutôt résistante découpée précisément avec des techniques actuelles. L’objectif de cette intervention est de mettre en avant les qualités existantes du patrimoine bâti, en employant un registre contemporain propre à faire comprendre l’investissement de la municipalité dans un tel projet de valorisation, et ainsi de participer à l’évolution globale du village dans le sens de quartiers forts dans un village équilibré.
78
Dans la partie haute du Serre se trouve une placette magnifique desservie par un crochet de puis la route principale du quartier à cet endroit Double page suivante : illustration de mes interventions dans cet endroit.
Pour accéder à une placette publique, le visiteur doit emprunter un passage sous la passerelle,
80
qui se prolonge en forçant à longeant un ancien four à pain,
qui pourrait être réhabilité et devenir un lieu de convivialité pour le village,
autour d’une source qui coule dans un ancien lavoir, dans un endroit très pittoresque.
PROJET - DEUX « QUARTIERS » ge a l l i V le
82
r e i t r a u q u d s e u q i t s i r é t c a r a :c Le « Village » est un quartier relativement récent, composé du regroupement de deux hameaux : un premier en partie haute, où se trouve l’église (qui est d’ailleurs à l’origine du nom du quartier), et qui comprend la mairie et les deux anciennes écoles maintenant converties en logements locatifs, et un deuxième en partie basse, dans une ancienne zone sujette à des éboulements, qui est stabilisée depuis une cinquantaine d’années. Le tissu est assez distendu, les constructions ont toutes des styles différents. Les maisons particulières sont majoritaires dans ce quartier. Elles sont majoritairement implantées au centre de leur parcelle ; leurs volumétries et orientations sont similaires, mais leur style varie. La route qui dessert les habitations contourne le quartier. Proche du cours d’eau, la départementale traverse le quartier. Elle a sur ses flancs les quelques lieux de vie du village : boulangerie, jardin communal (le seul terrain plat de la commune), café (qui survit difficilement), répartis à une certaine distance. Deux aires de parking goudronnées et des habitations complètent le tableau de la partie basse du quartier. Un sentier non entretenu et très peu visible le relie à l’église. Depuis la départementale, les vues sur celle-ci sont inexistantes. L’image traditionnelle du village français ne se retrouve pas à Auzet. Les habitants s’affirment majoritairement comme athées. L’église devait être utilisée pour des petits concerts mais le diocèse s’y est opposé, et elle reste inoccupée, alors qu’elle a été rénovée récemment. Le quartier est habité par une population mixte : anciennes familles et nouveaux arrivants, locataires et propriétaires, actifs et chômeurs, enfants, adultes et retraités.
Vue sur le Village depuis l’autre flanc de la vallée. Croquis du quartier, où apparaît mieux son organisation.
Lieu « vivant » Ancien lieu vivant Logement
Église
Mairie Ancienne École
Café
Buvette
Boulangerie Jardin communal
Vue Satellite
84
Lieux de vie anciens & actuels
Terrains constuctibles Zones à déboiser Zones à boiser
Deux « pôles » sans équilibre, avec des espaces publics amorphes
Définir des zones constructibles
Partie haute : La mairie, l’église (désafectée, mais apparteant toujours au diocèse) et l’ancienne école, aujourd’hui transformée en logements. Les espaces publics sont peu accessibles.
De l’autre côté de l’église, une placette investie par les voitures longe la route qui monte vers les autres hameaux. 86
Partie basse : En arrivant depuis le sud, la boulangerie marque l’entrée dans « le village ». À droite après l’intersection se trouve le jardin communal.
La fin du jardin municipal coïncide avec l’emplacement du café d’Auzet, qui cache une aire de stationnement.
PROJET - DEUX « QUARTIERS » n o i t n e v r e t n i e n u ’ d x u enje
age) ( le Vill
Inscrire ce quartier dans ma logique urbanistique globale suppose de lui donner une cohérence interne forte, mais aussi de ne pas le placer comme le centre du village, même si il est le quartier dans lequel les activités se concentrent. La présence de ces activités et la mixité de ses habitants lui donne son caractère ; ils doivent être la base sur laquelle s’appuie le projet local qui vise à : - Donner à ce village une délimitation propre : on y rendre et on en sort, ce n’est pas un chapelet sans structure. Ainsi on peut comprendre que les autres quartiers appartiennent à Auzet, et qu’ils se structurent de la même façon ; - Redonner un certaine importance à la partie haute du quartier, tout en restructurant la partie basse, et en liant ces deux parties : il doit être construit en interne, et aussi pouvoir se parcourir facilement pour les visiteurs ; - Entretenir la végétation du quartier et percer certaines vues : rendre visible l’église depuis la départementale, et s’assurer que le Village est visible depuis les autres quartiers. L’analyse morphologique du hameau montre qu’il possède deux micro-centres : l’un, en partie haute, n’a plus d’attractivité; celui en partie basse, le long de la départementale, est, bien que déstructuré, le plus actif aujourd’hui. Dans la logique de protection et de renforcement de la cohésion interne aux quartiers, il est important de réaffirmer l’équilibre de ces deux micro-centres. Celui le long de la départementale nécessite un réarrangement, car il est composé d’éléments sans liens entre eux, et à une certaine distance physique. Celui en partie haute souffre de son effacement; l’implantation d’un équipement pourrait lui rendre sa visibilité. Un parcours aménagé et attractif permettrait de lier l’un à l’autre. Des vues de l’un vers l’autre peuvent aussi être générées, en particulier sur l’église. Ce
88
Plans schématiques au 200ième.
Bâtiments importants Espaces publics
Solidarités construites & marquages à définir
Bâts. à implanter Lieux liés à l’activité du village Espaces publics à traiter
Éléments de projet construits
PROJET - DEUX « QUARTIERS » age) ( le Vill
projet
90
quartier marque l’entrée nord de la partie vraiment habitée du village, il est important que l’on sache que l’on traverse un espace habité. Le village cherche actuellement à construire une salle polyvalente de petite taille, qui servirait à la commune et aux entités plus larges, à la Réserve Géologique et à la communauté de communes notamment. Cet équipement, pour des raisons liées à son usage, à son accessibilité et à sa visibilité, ne peut être positionné qu’en partie basse, le long de la départementale. Cependant l’enjeu de revitaliser la partie haute est fort, et nécessite l’implantation d”un équipement propre à faire découvrir le lieu, l’habiter, le rendre attractif. Puisque aujourd’hui les offres d’hébergement sont insuffisantes, je propose l’implantation d’un gîte rural à proximité de la mairie, ou d’un équipement propre à insuffler un peu d’activité ou de passage dans ce village. Mon projet se décompose donc en deux types d’interventions : des espaces publics en parties haute et basse, avec un lien aménagé entre les deux, et deux bâtiments municipaux. Ces interventions doivent utiliser le même vocabulaire architectural que celui employé dans le quartier du Serre, pour participer à l’unité globale et à la lecture de l’appartenance au village. Dans la partie basse du village, je propose de mettre en place une circulation piétonne le long de la départementale, mais sans réelle séparation : un ruban pavé différemment, avec de temps en temps des bancs qui transforment ce lieu de passage en un lieu d’arrêt. La salle communale, simple bâtiment de moins de 100 mètre carrés, pourrait aussi s’ouvrir largement sur la voie : de grands panneaux se soulèveraient, le parvis traverserait la route pour le connecter avec le ruban piétonnier. Ce dernier contournerait le café pour traverser l’aire de parking redessinée et indiquer le point de départ du sentier vers le haut du quartier. Le long de la dépar-
En vert, les interventions dans le Village.
Espaces publics à qualifier PARTIE HAUTE Gîte à implanter
Sentier à qualifier
Salle communale à construire Abords de la départementale à qualifier
PARTIE BASSE
N
O!
La salle communale
Bureau EntrĂŠe
Tech.
Sanitaires Rgt
Cuis.
Salle principale, fractionnable Parvis
0
La salle communale, et son parvis qui se prolonge en traversant la dĂŠpartementale. 92
1
3
5
Le début du sentier qui monte vers la partie haute du Village
Le sentier aboutit sur un plateau où se trouvent les anciens lieux d’activité du village.
PROJET - DEUX « QUARTIERS »
tementale se trouvent aussi, sur une aire de stationnement derrière le café, des containers pour les déchets ménagers, un abri pour le bus scolaire, un monument aux morts et une cabine téléphonique. Je propose de traiter ces lieux et d’en faire basculer une partie de l’autre côté de la route, sur l’emplacement actuel d’un petit hangar communal en bois inutilisé. Cela permettrait de traiter l’entrée nord de ce quartier : un dispositif comme la plantation d’arbres à la couverture boisée basse formerait un portail végétal propre à faire ralentir les véhicules. Le sentier qui part de l’aire se stationnement emprunte un tracé déjà existant, mais peu entretenu et non praticable en hiver. Il n’est pas balisé ni indiqué, et trop envahi par la végétation pour dégager des vues. Je propose de le paver sur certains secteurs, et d’encadrer ses circonvolutions par des murets : quand aucun dispositif n’est mis en place, un appel visuel indique la direction à prendre. En partie haute, investir le parvis de l’église permet de créer un espace facilement lisible, à partir duquel on a des vues sur d’autres quartiers. Cet espace est aujourd’hui relégué au second plan : il n’est pas fréquenté car il est en dehors de toutes les circulations. Le positionnement d’un équipement (type gîte rural) permet de désenclaver cette placette : même si elle ne devient pas centrale à proprement parler elle appartiendrait aux lieux fréquentés par les visiteurs. L’objectif de ces interventions est de renforcer la cohérence du Village, qui est aujourd’hui fragile ; d’affirmer son statut de hameau actif et de traiter les problèmes locaux, qui sont essentiellement de l’ordre de la circulation ; et enfin de l’inscrire dans l’organisation globale d’Auzet.
94
Dans la partie haute village, propositions d’interventions.
CONCLUSION ? t e z u A r u o p r i n e v a quel
Si le futur du village n’est pas une croissance exponentielle et l’accueil de tourisme de masse, mais bien l’arrivée réussie de quelques habitants et une fréquentation touristique légèrement supérieure, et que mes dispositifs peuvent jouer un rôle dans ce processus, alors mes objectifs sont remplis. La stratégie que j’ai choisie - diviser le territoire en quartiers - va à l’encontre de la pensée que beaucoup d’habitants ont du village, et aussi de ma pensée originelle sur ce projet ; mais je la trouve pertinente, valorisante, dynamique. C’est la ligne directrice qui structure mon projet, un projet de micro-territoire et de développement local, dans un contexte où la notion de projet est presque inexistante et où les éléments sont immobiles par la force des choses. C’est aussi le choix de reconnaître et de mettre en scène les particularités locales, plutôt que de proposer un traitement uniforme et réducteur. Les milieux ruraux sont des lieux où, paradoxalement, l’individualité peut s’exprimer, même sans public pour l’apprécier. Auzet, 87 habitants, n’est pas une entité unique mais 87 personnalités affirmées, bien forgées. On ne peut pas se fondre dans la masse si celle-ci n’existe pas. Pour le projet de territoire des regroupements sont nécessaires et générateurs de structures : structures végétales, construites, humaines. Les projets de diplôme sont toujours « fictifs », dans la mesure où ils ne sont jamais réalisés. J’espère que le dialogue entamé avec les habitants aura un impact même léger sur leur façon d’envisager leur territoire ; il aura eu un impact profond sur moi en tout cas. En me confrontant régulièrement aux habitants du lieu et en leur présentant mes étapes de projet, j’ai saisi l’intérêt qu’il y avait à proposer un regard neuf et extérieur sur lieu : des idées fraîches, un désintéressement des contraintes financières et foncières pour définir un projet plus humain, une vision à plus long terme que les difficultés du quotidien.
96
Mes propositions permettraient-elles une évolution de qualité ? Dans vingt ou trente ans j’imagine un village plus affirmé, aux identités établies. En le parcourant on n’aurait plus l’impression de traverser des lieux construits sans liens entre eux, les limites végétales seraient mieux écrites, des constructions contemporaines auraient vu le jour, et d’anciens bâtiments délabrés auraient été rénovés. Dans tous les quartiers on verrait la nuit de la lumière aux fenêtres.
Olivier Ménard Août 2010 Olivier.menard@gmail.com
Je tiens à adresser mes remerciement à : - Mes amis et professeurs de l’INSA, et en particulier à Bruno Steiner, mon directeur de diplôme, pour sa disponibilité et ses ressources, et à Maximilien, Marion & Anouck, pour leur implication dans ce projet et les bons moments que nous allons passer ; - Ma famille, pour son soutien inconditionnel et ses conseils avisés ; - Françoise, de Barles, le village voisin d’Auzet, pour m’avoir recommandé de travailler sur ce village et de rencontrer Roger Isoard, sa famille, ses amis, et de nombreux Auzétans avec lesquels j’ai passé des moments mémorables. À tous, merci.
XE S AN NE
espaces naturels
SAINT JEAN DE MONTCLAR
SAINT MARTIN SELONNET
SEYNE BAYONS AUZET
LE VERNET
BARLES VERDACHES AUTHON
5 km 98
A N N
S
EX E
XE S AN NE
(les quartiers : analyse complète)
le village
100
Le Village
Le “coeur” d’Auzet ? Unité spaciale et d’usage
Du fait de l’implantation de l’église dans ce hameau, il porte le nom de “village”. La partie basse de ce hameau est plus récente que tous les hameaux haut-perchés : c’était le cône de déjection d’un petit cours d’eau et les abords directs de la Grave, aujourd’hui bien maîtrisée. Sa partie haute se trouve sur une croupe orientée vers l’est, sur laquelle ont été construits l’église, l’école et la mairie, puis une deuxième école au début du siècle. La pente qui suit va rejoindre l’ancien lit du cours d’eau principal, sur des terrains finalement plats mais non constructibles. Le hameau est envahi par la végétation, dont la taille n’est plus assurée.
A N N S
EX E
AN NE
XE S
< Usage Deux “centres de vie” cohabitent, sans (les quartiers : analyse complète)
le village
aucun lien entre eux. L’un, récent, longe la départementale ; l’autre, perché, se trouve isolé et ne joue plus de rôle dans la vie du hameau ou du village. Quelques bâtiments sont des logements sociaux de la commune, occupés à l’année. Les autres bâtiments sont soit des résidences secondaires, soit des logements permanents privés.
Lieu de vie du village Ancien lieu de vie du village Logement
Église Mairie École
Café Buvette
Boulangerie Jardin communal 102
Morphologie >
Tous les bâtiments ultérieurs à l’église, l’école et la mairie sont implantés selon la logique actuelle : bâtiments positionnés librement dans leur parcelle, sans liens entre eux, sans aucune relation de volume ou de style. À ces deux logiques s’ajoutent des espaces publics aux formes très différentes : en hauteur tout est espace public, même si dans la réalité les passages sont difficiles, et en contrebas c’est la départementale qui est espace public, complétée par deux placettes goudronnées et un jardin communal, seul terrain plat accessible dans le village. Ces deux entités ne communiquent pas entre elles, sauf par un petit sentier caché, mal entretenu et très peu emprunté.
A N N S
EX E
AN NE
XE S
< Viaire La départementale (les quartiers : analyse complète)
le village
fait-elle partie du viaire ? Elle peut être considérée comme une “contournante” qui traverserait par erreur un morceau de village. Le viaire n’a plus ici la logique des anciens hameaux : il se déploie de part et d’autre, ne distribue pas les espaces entre les habitations, contourne l’ensemble bâti au lieu de s’y infiltrer. La départementale ne crée pas de rapport positif entre les constructions, mais marque plutôt une division.
104
Architecture > Les bâtiments de ce hameau se distinguent de ceux des autres quartiers anciens par leur styles, et leurs techniques de construction. L’église, l’ancienne école et un autre bâtiment ont en commun une construction en maçonnerie classique, des volumes simples et une inscription dans des espaces non privatisés. Au contraire, les bâtiments qui descendent vers le cours d’eau sont de type “chalet”, tous différents mais avec des éléments en bois, et positionnés au centre de leur parcelle. Aucune exploitation ou ferme n’est présente.
L’église, reconstruite fin XIXème
S
EX E
Résidence secondaire implantée dans la pente
A N N
La Mairie
“Chalet” en fond de vallée
AN NE
XE S
< Projet (les quartiers : analyse complète)
le village
L’analyse morphologique du hameau montre qu’il possède deux microcentres : l’un, en partie haute, n’a plus d’attractivité ; celui en partie basse, le long de la départementale, est, bien que déstructuré, le plus actif aujourd’hui. Dans la logique de préservation des hameaux sans hiérarchisation entre eux, il est important de conserver l’équilibre de ces deux microcentres. Celui le long de la départementale nécessite un réarrangement, celui en partie haute l’implantation d’un équipement pour lui rendre sa visibilité. Un parcours aménagé et attractif permettrait de lier l’un à l’autre.
Bâtiments importants Espaces publics
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Projet >
Le village cherche actuellement à construire une salle polyvalente de petite taille, qui servirait à la commune et aux entités plus larges, à la Réserve Géologique et à la communauté de communes notamment. Cet équipement, pour des raisons liées à son usage et à sa visibilité, ne peut être positionné qu’en partie basse, le long de la départementale. Cependant l’enjeu de revitaliser la partie haute est fort, et nécessite l’implantation d”un équipement propre à faire découvrir le lieu, l’habiter, le rendre attractif. Puisque aujourd’hui les offres d’hébergement sont insuffisantes, je propose l’implantation d’un gîte rural à proximité de la mairie.
Bâts. à implanter Lieux liés à l’activité du village Espaces publics à traiter
A N N S
EX E
XE S AN NE
(les quartiers : analyse complète)
le serre
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Le Serre
Le plus beau quartier d’Auzet Unité morphologique et d’usage
Toponyme. Crête formant contrefort d’une montagne, colline élevée. Situé sur une croupe très bien exposée, le quartier est aujourd’hui envahi par la végétation sur ses limites et ne permet pas d’être vu depuis le fond de la vallée, alors que sa position le lui permettrait. Il se compose de trois groupes construits anciens, complétés en hauteur par des bâtiments d’habitation récents, à la volumétrie pauvre. Les terrains bordant le quartier sont très pentus et quasiment inexploitables. La végétation qui y pousse bloque les vues depuis les habitations sur le reste du village. Sur le flanc donnant vers la vallée s’inscrivent des routes escarpées qui desservent les trois groupes construits indépendamment.
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< Usage Ce hameau, ancien haut lieu du vil(les quartiers : analyse complète)
le serre
Résidence secondaire Four communal Résidence principale Bâtiment agricole
lage par le nombre important d’habitations qui s’y trouvent, est maintenant entièrement converti en un lieu de villégiature : à l’exception d’un logement habité à l’année, toutes les maisons sont des résidences secondaires, très peu utilisées et mal entretenues. Les propriétaires sont souvent des familles issues du village, mais qui ont migré plus au sud pour des raisons professionnelles et qui conservent ces bâtiments pour des raisons familiales sans pour autant les occuper souvent. Un four communal en ruine et un bâtiment agricole viennent compléter le tableau.
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Morphologie > Le quartier se compose à l’origine de trois hameaux, groupements d’anciens bâtiments non accolés mais très proches spatialement. Ils n’ont aucun mur en commun et on peut toujours circuler autour. Il n’y a pas d’espaces privés directement adjacents aux maisons. Chaque groupement possède sa source. Muret = Ruine Bâtiment récent Bâtiment ancien
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< Viaire L’accès aux trois groupes se fait indé(les quartiers : analyse complète)
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pendamment. Une route vient les connecter au fond de la vallée à la départementale. L’ancienne calade qui reliait les groupements par la crête n’existe plus, sauf sur un segment où des travaux de reconstruction sont en cours. Les accès entre les bâtiments, qui sont toujours publics, sont tellement peu entretenus qu’ils paraissent aujourd’hui privés, et le visiteur ne sait pas où il peut circuler. Cela laisse en retrait des espaces qui mériteraient d’être accessibles. L’accès par les véhicules est possible mais certaines maisons ne sont pas directement desservies.
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Architecture > Le quartier est magnifique, malgré son état avancé de délabrement. Les bâtiments, très peu entretenus, sont restés dans leur état originel : la différenciation des niveaux n’a pas été modifiée, les accès au grenier par l’arrière sont toujours existants. Le niveau d’habitation est accessible par l’extérieur par une circulation protégée par une avancée de toiture, sur la façade principale orientée vers le soleil. Souvent les façades ne sont pas enduites, et montrent les pierres provenant du fond de la vallée collectées pour la construction. En surplomb du hameau sont construites des maisons sans intérêt architectural, sur d’anciennes terres agricoles. Elles s’intègrent mal au hameau, par leur style très neutre et leur implantation.
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< Projet Dans ce quartier se réunissent plu(les quartiers : analyse complète)
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sieurs enjeux d’importance : - Une lecture paysagère améliorée, par gommage des lisières boisées - Une nouvelle dynamique pour implanter des habitants permanents - Un entretien du patrimoine bâti - Une meilleure lisibilité des espaces publics, un entretien accru et la création de lieux publics agréables - La liaison de ces anciens groupements pour unifier des lieux aux caractéristiques qualitatives similaires.
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Projet > Les interventions que je propose dans
Placette à traiter Logement à implanter Point d’intérêt à valoriser Vue privilégiée à ouvrir
ce hameau visent, par une initiative publique, à redynamiser le quartier : le rendre habité à l’année, développer la location des résidences secondaires, les événements communautaires, et tisser des liens entre les ensembles construits. Cela se traduit par des logements communaux positionnés entre des groupes existants, par des cheminements marqués par éléments minéraux, des placettes ou lieux d’intérêts mis en valeur, par la réfection d’un sentier.
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(les quartiers : analyse complète)
le gravas
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Le Gravas
Une “entrée de village” ? Unité spatiale et de temps
Ancien lit du cours d’eau la “Grave”, il en tire son nom. Situé à l’entrée Sud du village, le lieu-dit du “Gravas” n’est pas un véritable hameau, parce qu’il n’en a pas la structure. Aucun bâtiment ne date d’avant 1950. La départementale qui le traverse a été en partie construite en grignotant un flanc de la montagne ; le reste des terrains du lieu-dit est plat, ancien lit de la rivière maintenant réduite en un mince cours d’eau maîtrisé.
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< Usage Ce hameau ne possède pas de réelle (les quartiers : analyse complète)
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caractéristique démographique ou d’usage : les quelques bâtiments qui s’y trouvent ont des usages différents, sans cohérence.
Hébergement touristique Bâtiment agricole Résidence secondaire Résidences principales
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Morphologie > Les bâtiments s’organisent de part et d’autre de la départementale, légèrement en retrait. Ils sont placés alignés sur les limites de terrains, dans une logique moderne qui n’a rien à voir avec celle des autres hameaux du village.
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< Végét° & vues (les quartiers : analyse complète)
le gravas
La végétation constitue une barrière visuelle permanente à cet endroit, ce qui ne permet pas la mise en relation directe avec le hameau des Auberts, accessible depuis la route vers la droite, ou même une visibilité sur le cours d’eau ou sur le prochain hameau du village. Le Centre de Musique Rural se positionne par contre comme un front depuis la départementale, visible de très loin. Il marque avec le premier bâtiment agricole en tôle et parpaings l’entrée du village mais ne facilite pas le passage par la route vers les Auberts, en contrebas par rapport à la départementale, visible au dernier moment.
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Architecture > Les bâtiments sont tous récents, réalisés avec des techniques dites “traditionnelles”, sans réel intérêt. Leur logique interne est celle de l’utilitarisme. Certaines façades ou pans de façades sont couverts de bardage de planches, pour imiter les parties du pignon sous toiture qui étaient souvent une cloison en planches dans les bâtiments anciens pour des questions de ventilation.
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< Projet La configuration spatiale du Gravas ne (les quartiers : analyse complète)
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permet pas de le considérer comme un hameau à part entière : il s’agit simplement des abords d’une route, sans qualité d’entrée de village. Pour résoudre ce problème et dégager des vues permettant de comprendre l’arrivée dans un ensemble construit, je propose un séquençage des espaces, et une ouverture de l’espace devant le Centre de Musique Rural.
Mise à distance et masquage du centre et du gîte avec un massif boisé
Pe ve rcée rs les visu Au elle be rts
Traitement de seuils face aux bâtiments
Plantations : Impression de franchissement Séquence dégagée 122
Projet > L’objectif est de parvenir à créer un effet de seuil : un ralentissement des véhicules, qui s’accompagne par des percées visuelles mettant en évidence la présence des autres hameaux du village et leur caractère insulaire.
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(les quartiers : analyse complète)
le forest
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Le Forest
Les “guetteurs” Unité topologique et sociale
“Forest” signifie “Hameau dans les pâturages”, en provençal. Point le plus élevé du village, le hameau du Forest domine tous les autres. On y accède par une route en lacet qui a remplacé une calade très pentue mais directe. Sa situation en surplomb lui confère un ensoleillement maximal et des vues paysagères larges mais qui ne couvrent pas le fond du village. Les terrains qui le séparent des autres hameaux sont pour l’instant des abords vides de constructions. On intègre à ce hameau un groupe construit indépendant, situé dans une dépression et auquel on accède à partir du Forest.
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< Usage (les quartiers : analyse complète)
le forest
La majeure partie des bâtiments du hameau est possédée par deux grands propriétaires Auzétans. Ces logements sont loués aux jeunes néoruraux employés par le Centre Musique Rural, où qui ont trouvé un travail dans la région. Ce hameau est le lieu de la confrontation des anciens habitants et des nouveaux ruraux, qui se veulent précurseurs d’un retour aux sources. La confrontation est positive dans la mesure où il n’y a pas de conflit ouvert ; mais elle est positive notamment parce qu’il n’y a pas de concurrence possible pour l’accès à la propriété, pourtant préalable à une installation durable.
Grand propriétaire 1 Grand propriétaire 2 Bâtiment communal Autres propriétaires
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Morphologie >
Les bâtiments s’organisent en un noyau très serré autour de grandes bâtisses quasiment encastrées, jouxtées par des constructions plus petites. Ces dernières forment un front de bâtiments bien rénovés, une façade de mise en valeur du hameau.
Bâtiment rénové récemment Bâtiment qui nécessiterait une rénovation
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< Viaire (les quartiers : analyse complète)
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La logique du hameau est celle qui prévaut dans la majorité des configurations spatiales du village : Les bâtiments sont distribués le long d’une voie principale par des allées perpendiculaires qui forment l’interface entre les bâtiments. Ces allées publiques sont souvent investies par les habitants.
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Architecture >
Les bâtiments donnent tous sur la vallée & sont incrustés dans la pente. Les constructions de petite taille sont contemporaines, entièrement utilisés pour l’habitation. Les anciens bâtiments au volume plus important n’ont pas été réadaptés : seul l’étage du milieu est habité, les deux autres servant au stockage, ou étant maintenant inutilisés. Dans ce type de logements la distribution intérieure est simplissime : une profonde pièce distribue deux chambrettes de part et d’autre, ainsi que dans le fond des pièces utilitaires quasi insalubres.
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< Projet Il est primordial de préserver les qua(les quartiers : analyse complète)
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lités paysagères du hameau : son isolement, la frontalité de ses constructions, son organisation en séries de plans. Le hameau peut être étendu sur le flanc et par l’arrière, sur des terrains qui présentent des qualités propres à la construction : bon ensoleillement, absence de risques notamment. La partie située en arrière du hameau doit être l’objet de rénovations, ou d’un renouvellement plus profond.
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Projet > Ce hameau est l’un des plus attractif par sa position en surplomb : bien qu’éloigné du coeur et avec des parcelles réduites, il mérite d’être investi et doit continuer à contribuer à l’équilibre de l’organisation du village, en prenant de l’ampleur.
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les auberts
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Les Auberts
“Bastion des familles Auzétanes” Unité sociale et topologique Patronyme.
Situé sur un relief rocheux en dessous de terres cultivées, le hameau se constitue d’une placette haute et d’une rue très en pente qui la longe. Bien protégées et exposées, les constructions sont visibles de loin, bordées d’arbres qui poussent en contrebas. Juste derrière le hameau se trouve une petite cuvette protégée dans laquelle quelques bâtiments récents ont été implantés.
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< Usage En blanc, anciennes familles et leurs (les quartiers : analyse complète)
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descendants. Seuls un jeune couple avec enfants et des retraités sont parvenus à s’installer dans le hameau. Le hameau est véritablement le “bastion des familles auzétanes”. Sur les quatre agriculteurs d’Auzet, deux vivent à cet endroit.
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Morphologie > Les bâtiments s’organisent traditionnellement autour de deux places, l’une haute, l’autre basse, les maisons donnant sur ces places. Les constructions ne répondant pas à cette logique sont ultérieures ; elles correspondent à une mutation de la vie du village : résidences secondaires ou bâtiment agricole indépendant de la bâtisse principale, qui dans le temps ne faisaient qu’un.
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< Viaire (les quartiers : analyse complète)
les auberts
Les bâtiments sont distribués le long d’une voie principale par des allées perpendiculaires qui forment l’interface entre les bâtiments. Ces allées publiques sont souvent investies par les habitants, quasi privatisées ; le visiteur ne sait pas si il peut les emprunter ou non.
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Architecture >
Les bâtiments sont tous de grosses batisses épaisses, avec de petites ouvertures, des toitures à une croupe, qui se terminent avec une cassure de toit pour protéger les circulations extérieures. Les façades principales sont orientées direction sud-est. L’organisation traditionnelle de la maison a évolué et les bâtiments sont entièrement habités, jusque sous les toitures. Les niveaux sont souvent dévolus à des générations différentes. Les maisons sont entretenues avec peu de préoccupations esthétiques. La logique de l’économie prévaut.
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< Projet Les constructions récentes dans ce (les quartiers : analyse complète)
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hameau se sont faites dans un site en cuvette, qui pourrait recevoir un nouveau noyau : une placette autour de laquelle s’organiserait un ensemble de bâtiments d’habitation. Cette implantation permettrait de construire des logements bien exposés, bien desservis, et qui ne mettent pas en danger la cohérence du hameau, ni son inscription paysagère.
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Projet > L’absence de dynamique de projet dans le village repousse ce projet d’extension à une évolution à long terme du village.
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(les quartiers : analyse complète)
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La Salce
Volontairement isolés Unité morphologique & humaine Une source salée aurait existé à cet endroit.
La Salce est un minuscule hameau positionné sur le contrefort d’un massif, et bordé par un cours d’eau qui marque un vallon entre deux versants. Très bien exposé, le hameau est très circonscrit : au dessus de lui la pente est trop abrupte pour construire, au dessous se trouve la Grave et ses abords inconstructibles, au sud un terrain exploité pour l’agriculture ne changera pas d’usage avant longtemps. Sa position relative par rapport aux autres quartiers lui donne une grande visibilité, et les vues depuis la Salce sont remarquables.
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< Usage Les seuls bâtiments du hameau sont (les quartiers : analyse complète)
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des habitations, mais un propriétaire a transformé ses bâtiments en un établissement de chambres d’hôte, très fréquenté.
Chambres d’hôte Résidences principales 142
Morphologie > Les bâtiments s’organisent selon une logique liée à l’orientation et à la pente : leurs façades sont orientées sud-ouest. Chaque habitation possède sa ou ses dépendances, de petite taille et directement à proximité.
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< Viaire (les quartiers : analyse complète)
la salce
Les bâtiments sont distribués par des allées perpendiculaires au lacet principal, qui sont privatives sauf au niveau supérieur.
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Architecture > Les maisons de ce hameau sont
toutes d’anciens bâtiments, rénovés dans les vingt dernières années, sans préoccupation esthétique. L’unique édifice atypique est cette bâtisse : elle possède un étage supplémentaire, des ouvertures au troisième niveau qui n’ont pas d’écho dans les formes construites avoisinantes. Il existe deux bâtiments de ce style à Auzet : ils ont été construits par des personnes originaires de la commune qui se sont exilées au Mexique pour faire fortune au début du XXième siècle. Ils ont érigé ces maisons à leur retour, inspirés par l’architecture Mexicaine.
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< Projet Le seul réel enjeu de ce quartier est (les quartiers : analyse complète)
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la conservation de ses qualités : il ne peut pas être densifié ou agrandi pour des raisons topologiques évidentes, et seul sont environnement végétal doit être entretenu pour que la Salce reste visible de loin.
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