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CLIMAT RÉCHAUFFÉ ET PAYSAGES LA NOUVELLE VAGUE DES JARDINS SECS

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QUI SAIT ÇA ?

QUI SAIT ÇA ?

Écologiques, économiques et pratiques, les jardins font de la résistance.

Peter Fortham

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Les jardins sont comme les sacs des voyageurs d’autrefois. Ils prennent la forme de ce qu’on y met dedans. Ils peuvent être gras ou rigoureux. Ils peuvent être sans contraintes. Libérés de la ficelle et du cordeau. Ou bien géométriques, soumis à l’ordonnancement d’une étiquette que l’on dirait royale. Ou bien foldingues et voués au laisser-faire de la nature. Ou bien encore effroyables, plein de mystères. Ou bien secs comme un soleil froid. Mais inodores ou incolores, jamais.

Même ceux qu’on classifie sous l’étiquette de jardins secs. On les appelle méditerranéens, japonais, désertiques ou de gravier. Ils reviennent dans le paysage, car tous ont au moins un point commun : ils sont économes en eau. Et donc dans l’air du temps. Écologiques, économiques, pratiques. Parce que, face au risque du réchauffement climatique, ils s’adaptent en prenant exemple sur la nature comme elle vit. Tous ont en commun le goût des mousses, des plantes basses. Ainsi le « méditerranéen », sur des reliefs de restanques à faibles pentes étagées qui accueillent volontiers l’olivier classique et l’antique figuier. Et aussi le « japonais » réputé pour sa symbolique qui chipote sur l’usage de la plantation dans la terre pour privilégier, autour de plantes basses et grasses de retenue, le sable râtelé en courbes. Il y a enfin le « désertique » qui s’invente dans la caillasse avec le yucca, les agaves et bien sûr le cactus droit comme un i ou assis au ras du sol : son plus célèbre spécimen est « le coussin de belle-mère », une boule grosse comme une pastèque recouverte d’épines dorées. Enfin, le palmier qui n’est donc pas le seul maître de ces lieux secs. Même si les paysagistes apprécient la tranquille ampleur du palmier bleu du Mexique. Rustique et ornemental. Mais sec.

La durée du temps dira si ces jardins vont conquérir les parcelles de l’Europe occidentale. Être peu gourmand en eau et proposer une esthétique du territoire, ce pourrait être, dans la langue un peu précieuse des paysagistes, du XXIe siècle, la charte des nouveaux jardins. Pour contourner la monotonie des gravel gardens — les jardins de gravier — imaginés voilà plus de trois cents ans par des Anglais ennemis de la botanique. Entre climat réchauffé et paysages, une nouvelle vague porte les jardins secs vers des oasis à imaginer. Poil au cactus.

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