REPORTAGES - PORTRAITS AGENDA - ŒNOLOGIE EXPOSITIONS BONS PLANS - INSOLITE
Ô Mon Ô Châ Mon teau ! Châ teau ! AVRIL AVRIL MAI
n°
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2019
" Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail." Léonard de Vinci
Edito Le Printemps est de retour et la nature s’éveille peu à peu. Une renaissance ! Avril marque le réveil de nombreux monuments qui rouvrent leurs portes aux visiteurs pour la saison. La programmation culturelle s’installe et s’étoffe pour notre plus grand plaisir. D’autant plus qu’avec cette année consacrée au cinq-centième anniversaire de la Renaissance, les festivités et évènements sont encore plus nombreux. Pour ce nouveau numéro, bimestriel cette fois-ci, nous avons franchi le seuil de monuments emblématiques de notre Région et découvert des châteaux plus intimes. Notre périple nous a conduit jusqu’au château de Chenonceau, surnommé le château des Dames, à la découverte de son Atelier Floral. Jean-François Boucher, scénographe floral et Meilleur Ouvrier de France, nous a fait découvrir son travail. Nous sommes également allés à la rencontre de Chantal Colleu-Dumond, Directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, avec qui nous avons pu échanger sur la nouvelle saison d’art contemporain. Une saison qui, vous allez le voir, s’annonce poétique et inspirante ! Nous avons pris la route jusqu’à la vallée du Loir pour découvrir le château d’Hodebert, un monument à l’architecture classique datant des XVIIe et XVIIIe siècles et qui propose trois chambres d’hôtes. Ivana de la Bouillerie nous parle de ce château de famille. Enfin, ce nouveau numéro a été, une fois encore, l’occasion de nous émerveiller devant le travail d’un artisan d’art. Carole Lambert, restauratrice de peintures installée à Bourges, nous dévoile les dessous de son métier. Nous espérons que ce nouveau numéro vous inspirera et vous donnera de belles idées de visites. Bonne lecture.
Élodie Filleul
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#500ansChambord
SOMMAIRE Couverture : Andréa Ravo Mattoni, en résidence au Château Royal d'Amboise. Photographie : © François CHRISTOPHE / 2019
Sommaire ACTUALITÉ / Sélection Ô Mon Château © est une publication de l'association Oh Château ! - Blois 10 000 exemplaires - Impression : Rollin - Blois Dépôt Légal à parution - Mars 2019 Numéro ISSN en cours.
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EXPOSITION / Saison d'art contemporain au Domaine de Chaumont
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PORTFOLIO / Andréa Ravo Mattoni au Château Royal d'Amboise
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AGENDA
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INTERVIEW / Jean-François Boucher, scénographe floral à Chenonceau
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REPORTAGE / Carole Lambert, restauratrice de peintures
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VISITE PRIVÉE / Le Château d'Hodebert
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GOURMANDISE / 5 Chefs au piano
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Tous les droits des auteurs des œuvres protégées reproduites et communiquées sur le site et dans ce portfolio, sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation des œuvres autres que la reproduction et la consultation individuelles et privées sont interdites. Toute reproduction ne peut être faite qu’avec l’accord écrit de " Ô Mon Château ! ". Responsable de la publication : Elodie Filleul Conception graphique : François Christophe
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Focus
ORLÉANS 1000 FOIS PLUS BELLE Orléans • Loiret
Photo : © Pashrash - Ville de Blois
Depuis 2002, la mairie d’Orléans est engagée dans une ambitieuse politique d’embellissement de son centre historique initiant ainsi un renouvellement urbain cohérent. L’attention se fixe dans un premier temps sur l’espace public puis dans un second temps sur la révélation de l’histoire des façades. Édité à l’occasion de la 1000ème façade restaurée, ce livre grand public Orléans 1000 fois plus belle, est un témoignage, autant celui du travail mené en collaboration avec les services de l’État que celui de l’intense implication des propriétaires volontaires ou incités. Il témoigne également des savoir-faire des différents corps de métiers et de l’impact d’une politique locale sur la préservation des compétences des artisans… pour une ville plus belle. Orléans 1000 fois plus belle, le patrimoine au cœur de la ville, sous la direction de Laurent Mazuy, Editions du Jeu de l’Oie, 35,00 € www.editions-jeu-oie.com
DES VISITES EN RÉALITÉ AUGMENTÉE AVEC HISTOPAD À LA FORTERESSE DE CHINON Chinon • Indre-et-Loire
À compter du 1er avril 2019, la technologie HistoPad, permettra d’enrichir de manière spectaculaire la découverte de la Forteresse royale de Chinon, avec des reconstitutions 3D à 360°. Plongez au cœur du Moyen Âge ! L’HistoPad, c’est aussi un guide de visite ludique : des objets précieux ont été cachés dans les décors immersifs en 3D (la bague de la reine, la cuillère du maître queux etc.). Les enfants peuvent les collecter au fil de leur visite et participer ainsi à la chasse au trésor. Une récompense sera envoyée par e-mail aux chasseurs de trésors. Les plus grands pourront s’essayer au selfie médiéval en endossant virtuellement les costumes proposés par l’HistoPad. www.forteressechinon.fr www.magazine-omonchateau.com
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LES JOURNÉES EUROPÉENNES DES MÉTIERS D’ART France
Du 1er au 7 avril 2019, se dérouleront les Journées Européennes des Métiers d’Art, la plus grande manifestation internationale dédiée aux métiers d’art. À cette occasion, les artisans d’art ouvrent les portes de leurs ateliers dans toute la France. Cette nouvelle édition est placée sous le signe des Métiers d'art, signatures des territoires . En Région Centre-Val de Loire, plus d’une centaine d’évènements sont programmés. L’occasion idéale de découvrir le Centre de Formation de Restauration du Patrimoine à Tours ou encore un atelier de broderie d’art à Châteauroux. www.journeesdesmetiersdart.fr
ANNÉE BALZAC LA VILLE DE TOUR LANCE LE SITE INTERNET BALZAC-TOURS.FR Tours • Indre-et-Loire
Dans le cadre du 220ème anniversaire de la naissance d’Honoré de Balzac à Tours, la ville de Tours a lancé fin janvier son nouveau site internet balzac-tours.fr. Ce nouveau site permettra aux tourangelles et tourangeaux de (re)découvrir l’auteur, de se l’approprier et de se tenir informés de la programmation qui occupera toute l’année 2019, et d’inscrire durablement Balzac comme icône de la Ville. En parallèle de ce site, une page Facebook @BalzacTours et un compte Instagram @balzactours ont été créés. www.balzac-tours.fr
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FESTIVAL CHAMBORD x CERCLE, 14 HEURES DE DJ SET POUR CÉLÉBRER LES 500 ANS DU CHÂTEAU Chambord • Loir-et-Cher
À l’occasion des 500 ans du château de Chambord, Cercle, média culturel dédié à la promotion d’artistes et de lieux, organise son premier festival en collaboration avec Chambord. À l'affiche samedi 11 mai, la "crème de la crème" de la musique électronique : Stephan Bogzin, Polo & Pan, Solomun ou encore les artistes Bon entendeur et Jean Tonique. Le festival débutera à midi et s’achèvera vers 2 heures du matin. Les places, disponibles uniquement en ligne après pré-inscription, se sont vendues en moins d’une heure : 20 000 places ont été vendues dans le monde entier. Ce n'est pas la première fois que le Domaine de Chambord s'associe avec Cercle et accueille des sets de musique électronique : les terrasses du château avaient reçu Deborah de Luca en 2017 et les jardins à la française, Carl Cox en 2018.
FRAZÉ, FUTUR VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS ? Frazé • Eure-et-Loir
Situé dans le parc naturel du Perche, le village de Frazé de 500 habitants a été retenu pour concourir au titre du village préféré des Français en juin prochain, dans l'émission Le Village préféré des Français présentée par Stéphane Bern. Son château médiéval avec ses douves sèches et son église romane ne manqueront pas de séduire le public. L’aménagement de la terrasse du Foix mettra ainsi en valeur le panorama exceptionnel sur la vieille ville et la Loire, en offrant un lieu de détente inédit aux visiteurs.
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18 NOUVEAUX MONUMENTS SÉLECTIONNÉS POUR LE LOTO DU PATRIMOINE France
Le 10 mars dernier, les 18 premiers monuments historiques sélectionnés pour recevoir une aide à la restauration dans le cadre du prochain Loto du patrimoine ont été révélés au public. Ils figureront sur les tickets à gratter. Parmi eux, treize sont en métropole et cinq en Outre-Mer. En Région CentreVal de Loire, ce sont les deux moulins de la Fontaine de Thoré-la-Rochette, en Loir-et-Cher, qui ont été sélectionnés. Édifiés respectivement aux XVIIe et XIXe siècles, les moulins sont fortement dégradés et ont besoin d’une restauration en urgence. Une centaine d'autres monuments seront sélectionnés au cours du printemps et pourront aussi bénéficier de l'aide à la restauration, collectée dans ce loto. En 2018, le Loto du Patrimoine avait permis de récolter 22 millions d'euros et d'aider 269 monuments en péril.
PRINTEMPS PROUSTIEN Chartres • Eure-et-Loir
Du 11 au 19 mai, le Printemps Proustien, à l’initiative du Conseil Départemental d’Eure-et-Loir, célèbre le centenaire du Prix Goncourt décerné à Marcel Proust pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Ce festival pluridisciplinaire offre dix jours de festivités culturelles et littéraires pour se plonger dans l’univers et l’époque de l’auteur d’À la recherche du temps perdu et s’adresse au grand public autant qu’aux amateurs éclairés de l’œuvre de Marcel Proust. Expositions, conférences, concerts, lectures, projection de films, concours culinaire, visites guidées et autres festivités ont lieu pendant dix jours dans le département, et principalement à Chartres et à Illiers-Combray où Marcel Proust passa ses vacances d’enfance. www.printempsproustien.fr
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EXPOSITION INTERVIEW Portes, 1988 / Cornélia Konrads • Photographie : © E.Sander
du 30 mars au 3 novembre 2019
entre d’Arts et de Nature depuis 2008, le Domaine de Chaumont-sur-Loire est devenu un lieu incontournable de l’art et des jardins. Chaque année, des artistes de renommée internationale, plasticiens et photographes, sont invités à venir créer des œuvres inédites et originales sur le thème de la nature. Réparties sur les 32 hectares du Domaine, les œuvres d’art réalisées, fruits d’une véritable rencontre entre les artistes et l’esprit du lieu, offrent aux visiteurs un parcours initiatique riche de découvertes. Cette année, douze artistes sont invités pour cette nouvelle saison d’art placée sous le signe du Rêve et de la poésie.
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EXPOSITION REPORTAGE
Nouvelle saison d’art contemporain au Domaine de Chaumont-sur-Loire
Chantal Colleu-Dumond Directrice du Domaine Commissaire de la saison d’art Douze artistes sont invités cette année. Comment ont-ils été choisis ? Leurs œuvres sont-elles des créations originales pour Chaumont ? Je choisis les artistes et les œuvres en tant que commissaire de l’exposition. Je pense qu’il est important qu’il y ait un regard unique pour favoriser ce dialogue entre les artistes et le parc, les divers espaces patrimoniaux qui sont ici. À 90%, les œuvres que nous présentons sont réalisées in situ et sont des créations imaginées par des artistes en fonction des lieux dans lesquels je leur ai proposé d’intervenir ou nous avons choisi ensemble d’intervenir. Je pense à Stéphane Thidet qui interviendra dans la grange aux abeilles et dans la galerie basse de la cour des jardiniers. En fonction de ces espaces, dans la continuité de son univers qui est très poétique toujours en lien avec les éléments et notamment avec l’eau, il a conçu des œuvres originales. Par exemple, « Les pierres qui pleurent », ce sont des pierres qui vont recevoir des larmes, des gouttes d’eau, qui vont tomber sur un sol de calcaire. Au fil de la saison, cela va dessiner un tableau avec la présence aléatoire de l’eau. La deuxième œuvre, assez complexe à réaliser, c’est une lampe incroyable qui va se déplacer à la surface de l’eau recouverte de lentilles d’eau. J’ai eu le coup de foudre pour cette œuvre. Comment choississez-vous les artistes ? Je vais dans tous les lieux importants de l’art. Je vais à la Biennale de Venise, je vais à la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain), dans les gale-
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Photo © François CHRISTOPHE
EXPOSITION
Rencontre avec
ries, je visite les ateliers des artistes. Ce qui est important, c’est que je mémorise de façon permanente et comme il y a des liens subliminaux entre les œuvres chaque saison. Une rencontre avec un artiste peut se concrétiser 2 ans ou 3 ans après. Je cite toujours l’exemple de Bae Bien-U, photographe Coréen. J’avais vu son travail à Saint-Pétersbourg, dans un musée, à l’occasion d’une invitation plutôt liée à l’univers des jardins. J’avais eu un coup de foudre absolu et j’ai passé beaucoup de temps à retrouver l’artiste. Et ça été un peu long, mais c’est souvent comme ça. Je ne peux inviter que des artistes pour lesquels j’ai un véritable déclic, un coup de foudre, parce que c’est très important pour bien défendre une programmation, il faut être totalement conquis par les artistes que l’on présente. Et il y a aussi ce que j’appelle le contentieux de subjectivité, c’est-à-dire des artistes qui aiment bien Chaumont et ont déjà créé des œuvres à Chaumont me disent « Je verrai bien tel artiste à Chaumont-sur-Loire ». Donc je vais voir, parfois ça ne débouche sur rien, parfois il y a une parenté incroyable et ça amène à des rencontres.
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EXPOSITION REPORTAGE
Quels sont les points forts de cette nouvelle saison d’art ? Je vous répondrais en terme de "personnalités". Il y a des personnalités que je considère comme tutélaires du monde de l’art qui, par leur âge et leur génération, surplombent un petit peu la scène artistique. J’ai évidemment invité pour la troisième fois El Anatsui. J'insiste sur la chance qu’est la nôtre d’avoir cet artiste qui a eu en 2015 le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour l’intégralité de son œuvre et qui a eu également le Preamium Imperiale en 2017, ce qui est l’équivalent du prix Nobel dans le domaine des arts plastiques. C’est une chance pour nous d’avoir cet artiste qui vient d’avoir 75 ans et qui a une relation privilégiée avec Chaumont-sur-Loire. Deuxième figure tutélaire un peu surprenante, c’est Gao Xingjian qui est un peintre qui travaille avec toutes les subtilités de l’encre de chine, aussi bien sur papier que sur toile. En plus d’être peintre, il est prix Nobel de littérature. C’est très intéressant de montrer ce travail très particulier qui est entre l’abstraction et la figuration. Il a trouvé son cheminement personnel entre ses origines asiatiques et ce qui se passe dans la peinture en Europe. Il a eu l’idée absolument extraordinaire d’appeler cette exposition Appel pour une nouvelle Renaissance», alors qu’il ne savait pas que c’était les préoccupations dans notre région. La troisième c’est Agnès Varda qu’on connaît évidemment comme cinéaste reconnue dans le monde entier pour ses films, ses documentaires, sa fantaisie et ce qu’elle a fait avec JR récemment. Elle est venue visiter Chaumont il y a trois ans et a eu, je crois, un coup de foudre pour ce lieu. J’ai pensé que la fantaisie, l’humour, la délicatesse, la finesse de cette femme extraordinaire était bien en phase avec Chaumont-sur-Loire. Elle va intervenir dans trois galeries de la cour des jardiniers. Dans une galerie, elle va présenter « La Serre du Bonheur » qui est faite avec des pellicules de son film
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Agnès Varda © Julia Fabry 2018 www.omonchateau.com
EXPOSITION
« Le Bonheur ». Je trouve ça très poétique. Elle va également présenter des photographies inédites, une série qu’elle a inventé pour Chaumont avec des mains qui se lient entourées d’éléments végétaux, ça s’appelle « Mains complices ». Et pour la troisième œuvre, on va avoir, posé sur un ton d’arbre, son chat Mimi qui n’est plus de ce monde mais qu’elle réincarne pour Chaumont-sur-Loire à côté d’un jardin qui ressemble à son jardin de la rue Daguerre.
striées et la deuxième œuvre est une fleur incroyable qui semble sortie de l’imaginaire et qu’il a conçu pendant plusieurs semaines en résidence à Chaumont-sur-Loire. Troisième artiste qui fait partie de cette génération est Janaina Mello Landini, une artiste brésilienne. Elle fait un travail sur la forêt amazonienne, qui est de plus en plus menacée, avec un matériau que sont les cordes. On a une forêt toute blanche, immaculée qui est une sorte d’appel, de métaphore en référence à la forêt amazonienne. Comme toujours ici on a des œuvres d’une très grande poésie mais qui véhiculent un message. On a également une autre artiste de cette génération qui est Cornelia Konrads que tout le monde connaît parce qu’elle était venue à Chaumont avec sa porte. Elle vient d’abord pour restaurer la porte et a eu l’idée d’une œuvre qui s’appelle Rupture où le végétal semble rompre, briser un sol de briques.
Puis il y a les artistes "de la matière". J’ai invité un artiste qui s’appelle Christian Cabane du bonheur, détail intérieur © Agnes Varda Renonciat qui vous donne l’impression d’être face à une Je suis contente d’avoir ces trois personnages et étoffe et en fait c’est du bois. C’est vraiment un la quatrième figure tutélaire, c’est Sheila Hicks, génie de la matière. Il y aura plusieurs œuvres c’est la grande commande de la Région pour trois de cet artiste qui seront posées dans l’espace ans, on retrouve ses œuvres dans les chambres du château et également dans les écuries. Il y des invités et dans les cuisines. a 6 ou 7 œuvres de Christian Renonciat qui se trouve être un artiste qui vit dans la Région. La deuxième catégorie d’artistes est "les quarantenaires" avec Stéphane Thidet et Vincent Deuxième artiste, Luzia Simons. Elle fait des Mauger qui est un artiste en pleine recherche scannogrammes en général et là on aura une qui s’intéresse à la concrétisation des pensées. tapisserie extraordinaire. Elle change de support, On a des objets qui sont en correspondance c’est assez magique. On présentera également avec ce que l’on peut avoir dans l’esprit. Il y a une œuvre de Marc Couturier, des orangers qui ces pierres posées sur l’eau qui sont des pierres sont fait avec de la porcelaine de Limoges et de
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REPORTAGE EXPOSITION Glacières © Vincent Mauger
EXPOSITION INTERVIEW Œuvre de Luzia Simons, détail © E.Sander www.magazine-omonchateau.com
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C’est ce que j’aime à Chaumont, c’est toujours surprendre le visiteur. C’est quand on installe une œuvre dans un endroit où l’on ne s’y attendait pas. Pour que le visiteur n’ait pas toujours l’impression de voir les mêmes choses.
et ce sont des investissements très importants. Le mobilier national a également déposé 80 meubles et objets. Il y a un vrai désir de reconstituer l’ambiance du château des Broglie aussi bien dans les espaces d’usage que les espaces muséaux. Le public le sent ça. Et puis les œuvres d’art sont installées dans des espaces où on n’allait pas auparavant. Là où nous installons des expositions de photographies ou de peintures et de dessins au printemps, ce sont des espaces qui étaient fermés quand je suis arrivée. Donc quelque part, l’art a permis d’aller là où on ne pouvait pas aller. J’ai ouvert des lieux où on a mis de l’art. Nous n’avons pas reçu de réactions négatives, au contraire. Je pense que les artistes, qui sont les personnes les plus délicates et intelligentes du monde, le comprennent en tout cas à Chaumont, qu’il y a une âme ici à laquelle il ne faut pas attenter. Et donc ça c’est toujours très bien passé.
Les artistes comprennent qu’il y a une âme ici à laquelle il ne faut pas attenter.
Il y a aussi Ma Desheng, un artiste d’origine chinoise, qui travaille avec du bronze au niveau des montes pierres et on pourrait y voir des figures humaines. Et on voit se dessiner quelque part une sorte de constance subliminale entre les pierres de Ma Desheng, les pierres de Vincent Mauger et celles de Stéphane Thidet. Je suis très sensible à ça car comme nous avons des visiteurs de tous types. C’est une des grandes chances de Chaumont-sur-Loire. Nous avons les connaisseurs, les galeristes, les collectionneurs, les journalistes spécialisés, les artistes évidemment mais aussi un public qui ne va pas forcément fréquenter les lieux de l’art et qui va rencontrer ici des artistes qu’on n’a pas souvent l’occasion de voir. Moi ce qui me plait c’est de toucher les connaisseurs et de toucher les autres.
L’alliance ancien et art contemporain n’est pas toujours acceptée et compris par le grand public. Comment est-elle perçue ici ? Ce n’est pas le cas à Chaumont. Ça fait quand même douze ans que l’art est présent dans ce dialogue avec le patrimoine. Dans la mesure où il y a un immense respect pour le patrimoine. C’est vrai que nous avons totalement rénové le château, on a acheté grâce à un fond régional 600 meubles et objets. On a pu reconstituer le décor grâce à des témoignages photographiques
Nous on est dans la logique de la célébration d’un lieu. On a beaucoup travaillé sur les jardins et sur le château et on travaille beaucoup sur l’art avec des artistes qui comprennent la beauté et la magie d’un lieu. Je pense que les artistes sont des personnages majeurs dans nos sociétés contemporaines, de plus et plus et on ne le dit pas toujours, ce sont des passeurs qui nous entraînent vers une autre vision de notre vie et de notre société. Et quand on a la chance d’être dans la poésie comme à Chaumont-sur-Loire, on peut toucher des adolescents ou des gens qui ne sont pas familiers de l’art. Beaucoup de gens pensent que les musées ou les salles de concert ne sont pas pour eux. Dans un sens, c’est pour chacun d’entre nous. Simplement, on a parfois emprisonné l’art dans un lieu pour spécialiste. C’est un vrai combat à mener. ///
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EXPOSITION
sont fait avec de la porcelaine de Limoges et de Sèvres. Et on aura également une œuvre de Côme Mosta-Heirt qui lui travaille avec du bois avec des nuances de verts très nombreuses.
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@andrea_ravo_mattoni www.ravo.art
La mort de Léonard de Vinci réinterprété par le graffeur Andréa Ravo Mattoni Texte : Elodie Filleul & Photographies : François Christophe
RÉSIDENCE AU CHÂTEAU ROYAL D’AMBOISE De manière à prolonger l’exposition « 1519, la mort de Léonard de Vinci : naissance d’un mythe » présentée cette année en partenariat avec la BNF, le Château royal d’Amboise a demandé à l’artiste-graffeur ItalienAndréa Mattoni alias Ravo de réaliser 5 toiles de grandes dimensions (4,5m x 3m). Elles prennent pour sujet les détails du monumental tableau de François-Guillaume Ménageot exposé au château « Léonard de Vinci mourant dans les bras de François Ier » et trouveront place dans la rampe de la tour cavalière des Minimes, du 2 mai au 2 septembre 2019.
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PORTFOLIO
Andréa Mattoni alias Ravo a débuté en 2016 un ambitieux projet visant à reproduire, in situ et en très grand format, des chefs-d’œuvre de la peinture classique signés de Caravage, Delacroix ou encore De la Tour. Profondeur des couleurs, puissance des lignes et de l’échelle, l’hommage de Ravo aux grands maîtres est d’une modernité réjouissante. Le résultat est stupéfiant et lui vaut aujourd’hui une reconnaissance internationale. Ses œuvres ont notamment déjà pris place dans l’espace urbain à Rome, à Messine mais aussi à l’Université Paris Nanterre dans le cadre d’un partenariat avec le musée du Louvre.
PORTFOLIO
Pour honorer cette commande, l’artiste Ravo a été convié en résidence au château d’Amboise en mars dernier. Pendant une dizaine de jours, il a travaillé ses œuvres en présence du public. Ce qui n’a pas manqué d’attiser la curiosité des petits et des grands, impressionnés par la précision de cette reproduction à la bombe. Méticuleux, la première étape de son travail consiste à réaliser des quadrillages sur sa toile vierge lui permettant ainsi de travailler précisément chaque détail, une fois la toile accrochée au mur. Même si le travail s’annonce plus difficile ici pour Ravo qui œuvre habituellement sur des murs de 30 mètres de haut, le résultat n’en reste pas moins impressionnant et saisissant.
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PORTFOLIO
UNE APPROCHE CONTEMPORAINE, CRÉATIVE ET DÉCALÉE DU THÈME DE LA RENAISSANCE.
Photo © François CHRISTOPHE
PORTFOLIO LÉONARD DE VINCI MOURANT DANS LES BRAS DE FRANÇOIS I ER, UNE FAKE NEWS ?
A
u XVIIIe siècle, sur recommandation du directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui souhaite donner une nouvelle impulsion à la peinture d’Histoire, Louis XVI constitua une collection de tableaux exaltant les grandes figures et les épisodes glorieux de l’Histoire de France. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’œuvre de François-Guillaume Ménageot qui a pour objectif de pontifier le souvenir du génie florentin autant que la stature de François Ier.
Léonard de Vinci a 64 ans lorsqu’il s’installe à Amboise pour se mettre au service de François Ier. Il décède 3 ans plus tard, le 2 mai 1519, dans sa chambre du Clos Lucé. Il est noté que ses funérailles se feront en l’absence du roi de France, alors en résidence à Saint-Germais-enLaye pour la naissance de son second fils. Contrairement à la croyance populaire et aux messages véhiculés par les célèbres tableaux de Ménageot ou Ingres, François Ier n’est pas là lors du décès de Léonard.
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PORTFOLIO DU 2 MAI AU 2 SEPTEMBRE 2019, « 1519, LA MORT DE LÉONARD DE VINCI : NAISSANCE D’UN MYTHE » Articulée autour du tableau de François-Guillaume Ménageot et d’une collection de gravures et ouvrages issus des collections nationales, l’exposition du Château Royal d’Amboise éclaire sur la manière dont les contours de cette relation entre le roi François Ier et Léonard de Vinci ont été progressivement réécrits par les biographes. /// Château Royal d’Amboise Montée de l'Emir Abd el Kader 37400 Amboise www.chateau-amboise.com
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Agenda Sélection
RDV 2019_Mise en page 1 07/03/2019 11:41 Page 1
AGENDA
RENDEZ-VOUS Pays de la vallée du CHER ET DU romorantinais
> 1ER SEPTEMBRE Tours (37) / Exposition ALICJA KWADE « THE RESTING THOUGHT » Pour sa première exposition personnelle institutionnelle en France, l'artiste Alicja Kwade, installée à Berlin, investit le CCCOD avec une œuvre inédite. Depuis plusieurs années, l’œuvre sculpturée d'Alicja Kwade fait preuve d'un développement formel hors pair. Il aboutit aujourd'hui avec cette production monumentale, à l'échelle de la Nef du centre d’art. Le titre de cette installation inédite, que l’on pourrait traduire par « la pensée au repos », nous invite à marquer un temps d’arrêt. En empruntant la forme d’un labyrinthe, Alicja Kwade nous transporte à la fois dans un espace architectural, mais également dans une dimension psychique relative à un cheminement de la pensée. cccod.fr
30 MARS > 3 NOVEMBRE Chaumont-sur-Loire (41) Exposition NOUVELLE SAISON D’ART CONTEMPORAIN Chaque année, le Centre d’Arts et de Nature du Domaine de Chaumont-sur-Loire invite des artistes de renommée internationale, plasticiens et photographes à venir créer des œuvres inédites et originales sur le thème de la nature. Réparties sur les 32 hectares du Domaine, les œuvres d’art réalisées, fruits d’une véritable rencontre entre les artistes et l’esprit du lieu, offrent aux visiteurs un parcours initiatique riche de découvertes, de surprises et d’émotions. Douze artistes sont invités à Chaumont-sur-Loire pour cette nouvelle saison d’art et de nature, sous le signe du rêve et de la poésie. domaine-chaumont.fr
MAI - OCTOBRE 2019
1ER > 7 AVRIL France / Visites JOURNÉES EUROPÉENNES DES MÉTIERS D’ART Du 1er au 7 avril 2019, se dérouleront les Journées Européennes des Métiers d’Art, la plus grande manifestation internationale dédiée aux métiers d’art. À cette occasion,
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les artisans d’art ouvrent les portes de leurs ateliers dans toute la France. Cette nouvelle édition est placée sous le signe des « Métiers d'art, signatures des territoires ». En Région Centre-Val de Loire, plus d’une centaine d’événements sont programmés. journeesdesmetiersdart.fr
Agenda de la musique française et internationale. Événement musical incontournable, Le Printemps de Bourges donne le ton et le rythme en ouvrant chaque année la belle saison des festivals ! printemps-bourges.com
1ER AVRIL > 3 NOVEMBRE Lémeré (37) / Exposition HOMMAGE À LÉONARD DE VINCI Le château du Rivau expose 30 artistes inspirés par Léonard de Vinci et la Renaissance. Conçue comme la mise en curiosité des différents apports de Léonard, l’exposition est consacrée au regard porté par les artistes d’aujourd’hui sur l’œuvre de Léonard de Vinci et l’héritage de la Renaissance, en écho avec le prêt des Musées nationaux des œuvres : Portrait de Gabrielle d’Estrée en Diane chasseresse et Le Jugement de Midas. chateaudurivau.com
16 > 21 AVRIL Bourges (18) / Musique PRINTEMPS DE BOURGES Chaque avril depuis plus de quarante ans, la ville de Bourges se remplit d'artistes et d'événements à la gloire
16 AVRIL Abbaye de Noirlac (18) Musique INSTALLATION "LE CONCERT PROLONGÉ"
6 AVRIL > 22 SEPTEMBRE Loches (37) / Exposition LUDOVICO SFORZA, UN MÉCÈNE AU CACHOT Découverte de la personnalité de Ludovico Sforza à travers plusieurs objets d'art et documents graphiques. Cette exposition retrace son action en faveur de l'épanouissement d'un art nouveau à la cour ducale et notamment de l'attention qu'il porta aux travaux de Léonard de Vinci qu'il fit entrer à son service. Il sera également proposé un focus sur sa déchéance et son emprisonnement au donjon de Loches où il traduira dans les peintures qui lui sont attribuées, le souvenir du château Sforza de Milan dont le décor avait été rehaussé par Léonard. citeroyaleloches.fr
Quand un concert, enregistré à l’abbaye de Noirlac cet hiver se prolonge en une installation sonore interactive, multi sensorielle et immersive… L’auditeur se déplace virtuellement dans l’espace du concert et éprouve ainsi la richesse de a relation entre un lieu et la musique qui s’y joue. abbayedenoirlac.fr
25 AVRIL > 3 NOVEMBRE Chaumont-sur-Loire (41) Jardins 28ÈME ÉDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DES JARDINS
20 > 22 AVRIL Montlouis-sur-Loire (37) Jardins FESTIVAL DES PLANTES ET DES POULES Chaque année, depuis maintenant vingt-cinq ans, le week-end de Pâques est le théâtre au Château de
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la Bourdaisière, de la Fête des Plantes, et depuis 7 sessions, elle est l’occasion de la présence de poules de collections. L’édition 2019, dont la thématique est cette année ‘‘comment entretenir son verger et son potager‘‘ accueillera deux intervenants majeurs, Xavier Mathias et Mathieu Guillon, qui animeront des conférences et répondront aux interrogations des visiteurs sur la culture des fruits et légumes, la taille des arbres fruitiers… Nicolas Toutain, le jardinier en chef du Château, sera également présent pour faire partager son savoir sur la plantation et l’entretien des plants de tomates. labourdaisiere.com
“Jardins de paradis”, tel est le thème de cette 28ème édition, un thème cher à la Renaissance.
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Depuis 1992, le Festival International des Jardins est un laboratoire de la création contemporaine dans le domaine des jardins et de la création paysagère dans le monde. À la fois mine d’idées et pépinière de talents, le Festival redynamise l’art des jardins et intéresse le public et la profession en présentant de nouveaux fleurissements, de nouveaux matériaux, des idées et des approches novatrices. domaine-chaumont.fr
27 AVRIL > 12 OCTOBRE Chartres (28) / Son et lumière CHARTRES EN LUMIÈRE Tous les soirs d’avril à octobre, à la nuit tombée, accordez-vous une balade dans les rues de Chartres. Un spectacle étonnant vous y attend. Le patrimoine se met en lumière et en musique. Un voyage lumineux unique ! N’oubliez pas de télécharger l’application Chartres en lumières pour en savoir plus sur les sites illuminés ou les itinéraires thématiques à suivre. chartresenlumieres.com
29 AVRIL > 8 MAI Orléans (45) FÊTES JOHANNIQUES Le 8 mai 1429, Jeanne d’Arc libère Orléans du siège anglais. Figurant comme la plus ancienne fête commémorative de France, les Fêtes de Jeanne d’Arc sont un événement unique au travers du lien étroit qui existe entre les traditions civile, militaire et religieuse. Depuis ce jour, chaque année, toute la ville se réunit autour de commémorations et de festivités afin de fêter son héroïne et ses alliés. orleansjeannedarc.fr
2 MAI > 2 SEPTEMBRE Amboise (37) / Exposition LA MORT DE LÉONARD DE VINCI L’exposition du Château royal d’Amboise La Mort de Léonard de Vinci : la construction d’un mythe est articulée autour du monumental tableau de
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François-Guillaume Ménageot La mort de Léonard de Vinci, et d’une collection de gravures issues des collections nationales. Elle nous éclairera sur la manière dont les contours de l’amitié entre le roi François Ier et Léonard ont été progressivement réécrits par l’Histoire, et assimilés par elle jusqu’à la construction d’un mythe mis au service de l’image de la monarchie française au XVIIIe siècle. chateau-amboise.com
patrimoine local, une mise en lumière d'Illiers-Combray, des remises de prix... Le public est également invité à la rencontre d'écrivains, de musiciens, de comédiens, de conférenciers, de dessinateurs et de plusieurs spécialistes célèbres de l'univers de Marcel Proust. printempsproustien.fr
11 > 19 MAI Chartres (28) / Festival littéraire PRINTEMPS PROUSTIEN
17 - 19 MAI > 24 - 26 MAI Châteaudun (28) Manifestation LA GRANDE ÉPOPÉE
À l'initiative du Conseil Départemental d'Eure-et-Loir, le Printemps Proustien célèbre le centenaire du Prix Goncourt décerné à Marcel Proust pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs à travers 10 jours de festivités culturelles. Le fil rouge du festival est triple : Proust, le Goncourt et la Belle Époque. L’occasion de se plonger dans l'univers et l'époque de Marcel Proust et d'accueillir tous les publics. Le Printemps Proustien propose un salon du livre, des spectacles, des concerts, des expositions, des conférences, des dîners avec lecture, des évènements en costumes Belle Époque, des visites mettant en valeur le
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Au sein du château de Châteaudun, 400 volontaires, acteurs, figurants, choristes vous entraînent dans l'aventure chevaleresque de l'Histoire de France, qui fera rêver les petits et les grands… Plongez au cœur du Moyen Âge, et traversez un champ de bataille, une cuisine médiévale, une ruelle enchantée, un banquet royal... Découvrez des espaces inédits du château, et suivez les grands personnages de son histoire : Jean de Dunois, Jeanne d'Arc, Charles VII et bien d'autres personnages. lagrandeepopee.com
Agenda 18 MAI > 1ER SEPTEMBRE Blois (41) / Exposition ENFANTS DE LA RENAISSANCE Que mangeait un nourrisson il y a 500 ans ? Comment accouchait la reine ? Les enfants jouaient-ils à la dînette ? L’exposition Enfants de la Renaissance se soumet à ces questions, aux réponses souvent insolites, grâce à une immersion atypique dans une époque aux codes bien éloignés de la réalité imaginée par le visiteur. Nourrie de la richesse des différentes sagas familiales du château royal de Blois et riche d'un corpus d'objets inédits, l’exposition, va réunir plus de 150 œuvres prestigieuses chateaudeblois.fr
18 > 19 MAI Cheverny (41) FESTIVAL DU CHAPEAU Fort du succès du premier festival du chapeau en avril 2018, le Château de Cheverny accueillera la deuxième
édition de cette manifestation unique dans l’univers de la mode. Huit grandes modistes Françaises seront réunies pour exposer et faire défiler leurs chapeaux, tant féminins que masculins. Le clou du festival est le défilé de chapeaux au cours duquel la Renaissance sera mise à l’honneur. En présence d’un prestigieux jury, dont notamment Vaimala Chaves, Miss France 2019, ce show incontournable alliera haute-couture, chic et élégance à la française. chateau-cheverny.fr
leurs ateliers et accueillent le travail de peintres, sculpteurs, céramistes ou photographes, musiciens et peintres de rues animent les rues, des associations liées à l’environnement présentent leurs actions aux visiteurs. chedigny.fr
26 MAI > 1ER SEPTEMBRE Chambord (41) / Exposition CHAMBORD, 1519 - 2019 : L’UTOPIE À L’ŒUVRE
19 MAI Mur-de-Sologne (41) Visite VISITE PRIVILÈGE DU CHÂTEAU DE LA MORINIÈRE
18 > 19 MAI Chédigny (37) / Jardins FESTIVAL DES ROSES Le Festival des Roses de Chédigny fête sa 14ème édition en mai 2019. Chaque année, ce sont quelques 15000 visiteurs qui viennent admirer cet unique village Jardin remarquable, sa remarquable collection de rosiers et, depuis l’an dernier, son jardin de curé. Plus de soixante exposants participent au Festival des Roses : rosiéristes et pépiniéristes producteurs, artisans liés au jardin. Les artistes du village ouvrent
Le château de la Morinière a été édifié au XVIe siècle par René Desroches, seigneur de la Morinière et Renée Chaudrier, sa femme, tante du poète Ronsard. Il a été la propriété d’un autre poète au XIXe siècle : Paul Besnard, qui s’est attaché à valoriser le patois solognot. La visite guidée inédite de château permettra de découvrir ce monument surprenant dont l’architecture est typique des châteaux solognots construits au XVIe siècle. valdecherromorantinais.fr
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L’exposition L’utopie à l’œuvre est la première exposition jamais réalisée à Chambord qui traite du sujet de l’architecture du château et de l’implication de Léonard de Vinci dans l’élaboration des plans d’origine. L’exposition se décline en deux temps, le premier se consacre à l’histoire de la construction de Chambord, le second imagine Chambord inachevé, un Chambord qui aurait vu sa construction poursuivie au XXIe siècle. www.chambord.org
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Bouquets d’exception pour lieu d’exception JEAN-FRANÇOIS BOUCHER, Scénographe floral au château de Chenonceau ________ Texte : Elodie Filleul Photographies : François Christophe
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Comment s’organise une journée de travail ? C’est très simple. On vérifie tous les jours, avant l’arrivée des visiteurs, l’état des fleurs qui sont disposées dans le château. La fleur coupée, c’est une fleur à qui on a mis un produit, et qui tient une semaine sauf quand il fait plus froid. En ce moment, elles tiennent une semaine environ. Tous les matins, on vérifie l’état de fraîcheur. On coupe, on change ce que l’on doit changer et on prévoit ce que l’on doit changer pour le lendemain. En ce moment, nous sommes en train de faire la composition pour le vestibule par exemple.
D’où vous vient cette passion pour les fleurs ? Je n’ai aucun mérite, car ma grand-mère était fleuriste, ma maman également donc c’est un peu une tradition familiale. Je n’ai pas pris cette voie-là par dépit, bien au contraire. J’ai toujours bercé dedans et c’est devenu une évidence. J’étais toujours dans les serres de mes grands-parents, dans le magasin de ma maman. J’ai toujours baigné dans cette atmosphère et ça me plaisait beaucoup. L’Atelier Floral, c’est quelque chose d’unique. De quoi s’agit-il exactement ? L’Atelier Floral, c’est unique en Europe et dans le Monde entier même. On est le seul château au monde à avoir des fleuristes salariés. D’autres monuments fleurissent leurs salles, en revanche, ce sont soit des jardiniers, soit des personnes dédiées un peu comme ça, mais ce ne sont pas vraiment des professionnels. Le conservateur de l’époque qui est conservateur actuel, Madame Laure Menier, a créé cette Atelier Floral il y a 25 ans à Chenonceau. Elle voulait que les visiteurs soient accueillis dans le château de la famille avec des fleurs, comme s’ils étaient reçus comme des hôtes privilégiés.
Combien de compositions pouvons-nous trouver dans le château ? Il y a 17 pièces et elles sont toutes intégralement fleuries. Il n’y a pas toujours qu’un seul bouquet. Parfois, sur les grandes tables de chasse, on met cinq ou six compositions et des fois une vingtaine de petits bouquets ronds. Ce n’est pas toujours le même volume et comme on joue avec le volume, ça varie souvent. Mais nous sommes environ à 200 compositions et bouquets à la semaine. On travaille aussi pour le restaurant gastronomique avec des choses plus modestes comme des petits centres de table. On intervient aussi pour la partie événementielle, quand il y
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ne chose qui ne manque pas de surprendre lorsque l’on visite le château de Chenonceau est la présence de nombreuses compositions florales dans chaque salle du monument. Ces bouquets aux multiples couleurs apportent au château une ambiance chaleureuse des plus accueillantes. Les visiteurs sont comme les « hôtes » d’une demeure habitée, qui n’attend plus que leur venue. Ces bouquets d’exception sont conçus chaque semaine par l’Atelier Floral. Imaginé il y a 25 ans par Laure Menier, conservateur du château, cet atelier unique en Europe est en charge de la décoration florale du château de Chenonceau. Jean-François Boucher, scénographe floral et Meilleur Ouvrier de France, y officie depuis bientôt cinq ans, aux côtés d’Aurélie Fachin et Manon Eloi.
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«Il y a 17 pièces et elles sont toutes intégralement fleuries... nous sommes environ à 200 compositions et bouquets à la semaine.»
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a des mariages ou des séminaires d’entreprise. Parfois, il faut des décors appropriés et il y a des demandes particulières. Donc, nous fleurissons ces événements-là. Et dans cette partie événementielle, on propose aussi des ateliers floraux où les personnes peuvent venir créer, faire un bouquet. Ça peut aller de cinq personnes jusqu’à 80 personnes. Il y a aussi cette facette-là dans notre métier.
Où trouvez-vous l’inspiration pour la réalisation des bouquets ? Pour ce qui est de la forme de bouquet, on invente rien, c’est une forme géométrique. Notre véritable chance est d’avoir des couleurs changeant avec les saisons, les fleurs et les variétés changent. On s’inspire énormément de l’environnement dans lequel on va mettre notre composition. Il y a beaucoup de pièces dans le monument qui ont une identité de couleurs. Je prends souvent l’exemple de la chambre de Diane de Poitiers qui est bleue. On ne peut pas faire n’importe quoi comme assemblage de couleurs. On fait très at-
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tention et comme on aime travailler les couleurs, on essaie de toujours être en harmonie dans les pièces du château. Il n’y a que les cuisines qui sont moins identitaires au niveau des couleurs avec la présence de la pierre de tuffeau. À partir du moment que c’est de la pierre, ça nous permet d’avoir un peu plus de latitude. Le cabinet vert, qui est vert et qui porte bien son nom, permet de faire toutes les associations. On peut mettre du fuchsia, du rose ou de l’orangé. On a quelques moments de liberté. D’où proviennent les fleurs avec lesquelles vous travaillez ? On a la chance à Chenonceau d’avoir un espace dédié pour nous qui est le potager des fleurs. On le partage avec le chef cuisinier du restaurant gastronomique. Il nous prend des fleurs des fois et nous, on lui prend des légumes pour faire des compositions. Mais c’est vrai qu’il y a un hectare qui nous est dédié vraiment, c’est très agréable. La saison commence avec les premières tulipes puis tout va se succéder gentiment. On va avoir des pivoines, puis ce qu’on appelle les fleurs du printemps, jusqu’aux premières gelées on bénéficie de cet espace. C’est une grande chose d’avoir ce potager, bien qu’on soit obligé d’acheter un grand nombre de fleurs. On renouvelle énormément et les volumes sont importants donc on ne peut pas saccager le potager des fleurs car c’est aussi un espace de visite. On a la chance de pouvoir aller piocher juste quelques lignes qui ne sont pas formatées ni standardisées. Quand on regarde les arrivages, tout est calibré. On a une chance de bénéficier de cet espace car comme je le dis souvent, ça amène la touche en plus
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Depuis 2015, Jean-François Boucher-Odent est nommé scénographe floral du domaine. Avec son équipe, il crée chaque semaine de nouvelles compositions florales pour les différentes pièces du château. Ces fleurs « mises en scène » reflètent l’histoire du domaine, au même titre que tout autre objet d’art ou pièce de mobilier. Leurs dessins s’harmonisent parfaitement avec les codes de couleur, les parfums et les fonctions des différentes salles. Parfois, ils font même un clin d’œil à la poésie, à l’art ou aux événements historiques qui s’y sont déroulés.
The impressive Château de Chenonceau is the jewel of the French Loire Valley. The fairytale type castle has had a particulary rich history and has always been inhabited and curated by intelligent, strong-willed women such as Katherine Briçonnet, Diane de Potiers, Catherine de Medici and Louise de Lorraine - hence its nickname ‘Ladies’ Castle’. Through the ages the spaces have been imprinted with the souls of those who built, inhabited and loved the castle. Every part of Chenonceau’s interior and exterior – not in the least the castle’s impressive gardens – exudes peace, harmony and elegance.
de of
CHENONCEAU
Since 2015 Jean-François Boucher-Odent has been appointed floral scenographer of the estate. Together with his small team he creates new floral compositions for the castle’s rooms every week. These ‘staged’ flowers emphasize the history of the estate just like any other piece of art or furniture does. Their designs blend in perfectly with the interiors and are in beautiful harmony with the room’s colour codes, perfumes and functions. Sometimes they even wink at poetry, art or the historical events that took place in these spaces.
Nous vous invitons à vous rendre au Château de Chenonceau pour contempler ce chef-d'œuvre d'architecture et les merveilleux bouquets de Jean-François. /// www.chenonceau.com
Le 15 mai prochain, paraîtra le livre Les Bouquets de Chenonceau. Cet ouvrage présentera les compositions florales réalisés par Jean-François Boucher, Meilleur Ouvrier de France et scénographe floral du château et son équipe, Aurélie Fachin et Manon Eloi. 39,90 €
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Y a-t-il des périodes à part à Chenonceau au niveau de la scénographie ? D’une semaine sur l’autre, l’intégralité des bouquets est changée. À part à Noël, de la Saint-NiLes de The BOUQUETS of CHENONCEAU colas à l’Épiphanie, les visiteurs voient la même chose. On renouvelle l’état de fraîcheur des fleurs, en revanche, les structures restent les mêmes. Les visiteurs voient la même chose pendant un mois et demi environ contrairement au reste de l’année. Noël est une grande rencontre et encore plus avec l’opération Noël au pays des châteaux, ça c’est le gros moment de l’année. On fête aussi Pâques qui cette année, est sur deux week-ends. Juste après, on fête le muguet et on en a met dans tout le château. Ce sont les périodes un peu à part. Nous sommes très attachés aux traditions. Par exemple, nous ne fêtons pas Halloween, mais on aime bien mettre des chrysanthèmes à cette période. C’est une fleur qui a mauvaise réputation alors que c’est une fleur de saison et il y a de très belles variétés dans les tons et les formes. On en met beaucoup en plus des fleurs coupées au moment de la Toussaint.
BOUQUETS deof CHENONCEAU
L’impressionnant Château de Chenonceau est le joyau du Val de Loire. Ce château de contes de fées a une histoire particulièrement riche et a toujours été habité et aménagé par des femmes intelligentes et entreprenantes, telles que Katherine Briçonnet, Diane de Potiers, Catherine de Médicis et Louise de Lorraine, d’où son surnom « Château des Dames ». À travers les siècles, les lieux sont impreints des âmes de ceux et surtout de celles qui ont construit, habité, transformé et aimé le château. Chaque partie de l’intérieur et de l’extérieur de Chenonceau et en particulier les impressionnants jardins, respirent la paix, l’harmonie et l’élégance.
Les The
Les The
dans nos compositions. Ce n’est pas standard, c’est ça qui donne de la vie à nos compositions. L’hiver, on part glaner dans la nature soit dans le parc du domaine soit en extérieur, et on coupe tout plein de branchages. Ce sont les fleurs du moment et ça apporte beaucoup d’âme.
REPORTAGE
Au chevet des peintures
En ce dernier jour d’hiver, nous avons rendez-vous dans l’atelier de Carole Lambert, restauratrice de peintures à Bourges. Quelle surprise de découvrir que le lieu de rendez-vous se situe dans une brasserie. Cette entrevue s’annonce surprenante !
Texte & Photographies : Elodie Filleul
Carole Lambert est restauratrice de tableaux, de peintures murales, de sculptures et objets peints. Un métier passion qu’elle exerce à Bourges depuis trois ans. De la restauration d’objets égyptiens et romains en passant par des chefs-d’œuvre de la peinture tel que "Les Trois Grâces" de Carle Van Loo, chaque support est un nouveau challenge. www.magazine-omonchateau.com
Cela fait cinq ans que Carole exerce le métier de restauratrice et trois ans qu’elle s’est installée au premier étage de cet entrepôt qui faisait partie, autrefois, de la zone militaire de Bourges. Son atelier, vaste et lumineux, est minutieusement rangé. Chaque objet est à sa place. Sur un mur, des pinceaux de toute taille et aux usages différents sont suspendus tandis que des contenants aux multiples nuances sont soigneusement alignés sur les étagères. Sur un chevalet, trône majestueusement un portrait d’Henri d’Artois, comte
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La peinture est une passion qui remonte à l’enfance pour Carole. « Mon grand-père me présentait souvent des tableaux et passait des heures à me raconter toutes les histoires autour. Au-delà de l’aspect esthétique d’un tableau ou d’une représentation, j’aimais bien découvrir d’où il venait, son histoire et le château, le musée ou la famille qu’il y avait autour. Et en grandissant à Bourges, il y a eu toute une période où le parvis de la cathédrale n’était plus du tout accessible au public, car il y avait des chutes de pierres. La façade de la cathédrale était en train de s’abîmer. Et à ce moment-là, dans des yeux d’enfant un bâtiment comme une cathédrale, c’est monumental et indestructible. Elle a toujours été là et elle sera toujours là. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que finalement non, même ces monuments-là sont fragiles et s’abîment avec le temps. Et puis j’ai vu des restaurateurs intervenir sur la façade et je me suis rendu compte qu’il y avait des métiers autour de la restauration et du patrimoine. Et je me suis dit que je voulais faire la même chose. »
Diplômée d’un DEUG en histoire de l’art et archéologie et d’un Master conservation-restauration du patrimoine obtenus à la Sorbonne à Paris, Carole devient conservatrice-restauratrice du patrimoine à la suite de sept ans d’études. Après avoir exercé ce métier pendant deux ans à Paris, elle fait le choix de revenir à Bourges, sa ville d’origine. « Depuis, j’ai une vie qui s’organise en trois temps : le temps à Bourges en atelier, le temps où je suis en déplacement partout en France sur les chantiers, puis il y a les moments liés à l’enseignement et aux conférences et où je vais moi-même suivre des enseignements complémentaires pour continuer à me former sur ce qui se fait. C’est un métier qui est très récent, la restauration des peintures, avec des formations encadrées par l’Etat. Ça n’existe que depuis 1980. Au niveau des techniques, on se sert de tous les nouveaux matériaux et des nouvelles technologies. C’est en pleine évolution et on doit toujours se former. »
La conservation, la restauration et la conservation préventive sont les trois champs d’intervention de Carole. « La conservation, c’est tout ce qui permet de sauver l’œuvre. Quand le portrait du comte de Chambord est arrivé à l’atelier, il était déchiré. Le problème avec une déchirure, c’est que ça peut s’agrandir et casser l’œuvre en deux. Le châssis
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REPORTAGE
de Chambord. Quelques peintures contemporaines sont disposées le long des murs, en attente de restauration. Mais ce qui attire le regard est cette peinture religieuse aux couleurs vives couchée sur une table recouverte d’un drap noir, en attente d’un examen approfondi.
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était aussi abimé et on ne pouvait plus tendre la toile sur l’œuvre. Tout ça fait que si on ne fait pas ces opérations de conservation, la peinture peut être détruite. Donc toutes les opérations telles que reprendre les déchirures, refixer de la peinture, c’est faire de la conservation. La restauration, c’est l’aspect esthétique. C’est tout ce qui va être lié au décrassage, au nettoyage des vernis. C’est de l’esthétique, c’est pour pouvoir apprécier l’œuvre, pouvoir observer les couleurs choisies par l’artiste et l’iconographie. L’aspect conservation préventive, ça va être de ne pas toucher directement à l’œuvre mais plutôt à son environnement pour éviter qu’il y ait des altérations. C’est par exemple faire attention à la température ou encore à la lumière. »
Elle travaille pour des commandes de l’État en menant des restaurations pour des musées, des châteaux et des églises. C’est dans ce cadre-là que Carole va être amenée à se déplacer pour des restaurations in situ. Elle travaille également pour des clients privés, à la fois pour des personnes possédant quelques tableaux de famille reçus en héritage que pour des clients possédant des collections très importantes. « Ça fait un an que je suis en charge de la restauration des collections du château de Chenonceau qui est un monument privé. C’est une collection extraordinaire avec des peintres très différents et talentueux ! » On imagine que de pouvoir travailler dans de tels monuments conduit à de belles découvertes.
«Reprendre une déchirure sur un tableau du XVIIe siècle ou du XXe siècle, ce n’est pas la même chose.» Dans ce domaine qu’est la restauration des peintures, Carole travaille sur tous les supports possédant de la peinture. Cela peut aller de l’antiquité égyptienne à l’art contemporain. « Mais forcément entre une peinture égyptienne et un tableau d’art contemporain, ce n’est pas le même travail. Il y a quelques spécificités à connaître. On m’a toujours dit en formation « Ce n’est pas le restaurateur qui choisit une période, c’est la période qui le choisit ». Durant mes deux premières années, j’ai beaucoup travaillé sur des objets égyptiens et de l’antiquité et à ce moment-là, j’étais un peu spécialisée sur des masques de momies égyptiennes. En ce moment, je travaille sur une série de portraits du XIXe siècle. Ça dépend des moments. C’est un des aspects positifs de ce travail, on ne voit jamais la même chose. Reprendre une déchirure sur un tableau du XVIIe siècle ou du XXe siècle, ce n’est pas la même chose. » Carole possède une large clientèle basée dans toute la France et principalement en Région CentreVal de Loire, en Île-de-France et en Normandie.
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« La restauration qui m’a beaucoup marqué est celle que j’ai faite en novembre dernier au château de Chenonceau sur "Les Trois Grâces" de Van Loo. C’est un tableau que j’ai beaucoup affectionné pendant mes études d’histoire de l’art. Quand ils m’ont demandé d’intervenir dessus, ça a été un mélange d’excitation, mais aussi de crainte. Ce qui est marquant quand on fait des interventions sur place en salle, comme ici, c’est de se rendre compte du nombre de personnes qui voit ce tableau et qui y sont attachées. On voit les gens en contemplation devant. C’est un tableau qui marque ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas travaillé sur un tableau qui est presque à échelle humaine. Quand on est en face-à-face avec ces visages qui expriment beaucoup de choses, c’est impressionnant. Et dans mon travail, ce qui me
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REPORTAGE REPORTAGE
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marque toujours beaucoup, ce sont les objets archéologiques. Au niveau du contexte qu’il y a autour, on forme beaucoup d’hypothèses. Quand je restaure des masques de momies, c’est un contexte très particulier à la fois archéologique et funéraire. »
Carole se dirige vers la table où est posé un magnifique tableau du XVIe siècle peint sur un panneau de bois. Tel un patient sur la table du chirurgien, il est en attente d’un examen approfondi et d’une intervention. Sur l’étagère située à proximité, des flacons, des pipettes et des ustensiles sont autant d’outils indispensables à Carole. Le moment est venu d’analyser la peinture. Carole revêt alors des gants bleus tel un chirurgien et nous montre sa lampe UV. On a l’impression d’être dans la série Les Experts. Notre curiosité est éveillée… La première phase du travail de Carole va être l’étape de constat d’état et de diagnostic. « Lorsqu’un tableau arrive à l’atelier, la première chose va être de diagnostiquer ce qui se pmatériau qui compose l’œuvre. Je regarde la face, le revers. Ici, au revers, je vois que c’est un panneau de bois et non une toile et je vais détailler, strate par strate, pour voir de quelle essence est le bois, de quel matériau il se compose, je regarde la couche de préparation et de peinture, la présence éventuelle de la dorure et des vernis. Je regarde ses différentes couleurs à la lumière du jour et à la lampe UV qui va me permettre de voir s’il y a des reprises. Chaque lumière va nous donner
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des informations. La lumière UV permet de détecter les altérations des vernis, les retouches. Dans certains cas, maisc’est assez rare, on peut aussi demander des radios pour aller voir plus loin les dessins préparatoires. » Sur la peinture ici présente, Carole nous montre grâce à la lumière UV plusieurs taches bleues-noires qui nous informent qu’il s’agit d’une retouche d’une ancienne restauration. Cette phase de diagnostic, indispensable, peut prendre quelques heures à une journée, selon les œuvres. « Pour Les Trois Grâces, j’ai passé une semaine. Ce tableau a été restauré trois fois donc il fallait identifier quelles tâches correspondaient à telle restauration. » Une fois la phase de constat d’état effectuée, Carole poursuit avec la phase de test qui va précéder celle de nettoyage. « Une fois qu’on a observé que le tableau était encrassé, on regarde quels produits utiliser pour pouvoir enlever cette crasse sans abîmer la peinture. C’est pareil pour le vernis, il faut trouver le mélange de solvants qui va permettrede dissoudre de la résine, mais sans dissoudre la peinture. C’est toute une phase de test à mener. Mais en fonction des époqueset de la peinture, on réduit notre gamme de tests. » Carole nous montre le portrait du comte de Chambord posé sur le chevalet à côté de la table, qui provient de l’hôtel de Panette à Bourges. « Ici, la partie retouche contrairement à la surface de l’œuvre, va être minime. C’est juste des accrocs. Au cas par cas, on peut demander de retoucher les usures. Pour les musées, on estime que l’usure fait partie de l’histoire du tableau et on ne reprend pas forcément. » Une fois le nettoyage de la peinture effectué, Carole applique du vernis. Comme ici sur le portrait de la comtesse de Chambord. C’est la couche de finition, la dernière étape dans ce travail de restauration. Il est à présent temps pour ces anciennes peintures qui ont retrouvé, grâce à Carole, leur lustre d’antan, de trouver à nouveau place dans leur demeure et de s’offrir à la contemplation de ses visiteurs. /// www.atelierlambert.com
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EXCEPTIONNEL CHATEAU ROYAL DE BLOIS
ET 6 AVRIL AU 29 SEPTEMBRE 2019*
© photo : Pashrash
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VISITE PRIVÉE
Le château d’Hodebert Le Val de Loire, berceau de la Renaissance, abrite un grand nombre de monuments d’exception. Parmi eux des châteaux privés méconnus du grand public et bien souvent propriétés familiales depuis des générations. Situé dans la vallée du Loir, entre Tours et Le Mans, le château d’Hodebert est une magnifique bâtisse des XVIIe et XVIIIe siècles. Propriété de la même famille depuis plus de 200 ans, il est un cadre idéal pour goûter, le temps d’une nuit, à la vie de château. Texte & Photograhies : Elodie Filleul
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VISITE PRIVÉE
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près avoir quitté la route principale, nous remontons une grande allée bordée d’arbres pour accéder à la propriété. Au détour d’un virage, le château se dévoile enfin, majestueux. Avec son architecture classique, ses lignes harmonieuses, ses grandes ouvertures et ses volets couleur vert d’eau, il est des plus accueillants. Le château est entouré d’un immense parc boisé. Le séjour s’annonce reposant et des plus verdoyants. Ivana de la Bouillerie, la propriétaire des lieux, nous accueille. C’est en 2004 qu’Ivana et Hélie, son mari, rachètent le château d’Hodebert à leur famille. Ils quittent alors Paris avec leur fille ainée pour s’installer en Touraine afin d’entreprendre une lourde et longue restauration du château. En 2012, ils ouvrent les portes du domaine au public en proposant 3 chambres d’hôtes d’exception : les chambres Pivoine, Passiflore et la chambre du Parc. Ivana, propriétaire, nous parle de ce beau projet, de ses motivations et inspirations.
« Au fil des années, en vivant tous les jours à Hodebert, nous nous sommes rendus compte qu’une propriété comme celle-là ne prendrait vraiment de sens que si elle était pleine de vie et ouverte à l’accueil de ceux qui aimeraient profiter de ce cadre unique et où la notion d’« art de recevoir » se vivrait vraiment. C’est à la naissance de notre quatrième fille que nous nous sommes décidés : notre vie de famille et Hodebert avaient besoin d’un souffle nouveau. Depuis 2001, je travaillais chez Keolis à la communication du groupe à Paris puis à Tours, pour préparer l’arrivée du tramway. J’aimais énormément mon métier, mais j’étais bien trop peu à la maison avec mes filles et Hodebert était privé d’une véritable maîtresse de maison, disponible et investie. Nos choix de vie à ce moment-là n’avaient plus trop de sens puisque je n’avais plus de temps à consacrer à ce qui était à nos yeux le plus important. Il fallait vraiment changer de cap pour notre bien à tous !
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VISTE PRIVÉE
des occupants après leur séjour s’est vite avéré un véritable moteur. Nous sentions que notre chantier de restauration les passionnait et de notre côté, nous aimions aussi partager cette expérience. Nous nous sommes alors dit que le moment de restaurer le premier étage de l’aile gauche de la maison était venu et que nos hôtes y seraient tranquilles et indépendants car, nous occupons avec nos enfants la partie opposée.
Avec mon mari Hélie, ouvrir des chambres d’hôtes nous a paru la meilleure solution pour mieux conjuguer vie de famille et entretien d’Hodebert. Nous avions commencé par louer « la maison de la grille » à l’entrée de la propriété et l’enthousiasme
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Ma présence à plein temps à Hodebert m’a aussi donné des ailes pour explorer de nouveaux horizons comme le potager biologique et ses merveilles qui régalent nos hôtes. Je me suis aussi penchée sur les bienfaits de l’épeautre préconisé par Sainte Hildegardeet propose chaque jour un pain fait maison selon sa recette. J’ai à cœur de recevoir en proposant une nourriture saine et équilibrée, c’est essentiel pour moi si je veux prendre soin de chacun.
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En véritables petites fées, mes filles sont très présentes et toujours là pour m’aider à désherber, créer un bouquet avant l’arrivée de nos hôtes ou autres petites attentions pour les occupants des maisons que nous louons. Chacun dans la famille s’investit à sa manière dans ce projet, alors je me dis aujourd’hui que nous avons fait le bon choix de vie car Hodebert est source de bonheur tous ensemble, même si bien sûr il faut se retrousser les manches pour tout mettre en œuvre. Cette vie où l’échange et les rencontres sont au cœur de l’activité est très enrichissante. Depuis 7 ans maintenant, des personnes de tous horizons défilent à Hodebert. Je n’ai pas besoin de courir le monde pour faire des rencontres passionnantes : elles se font chez nous ! ». ///
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Après être passé aux mains de la famille Gouin, une grande famille de banquiers et négociants de Tours, Hodebert est acquis au début du XIXe siècle par Louis-François-deSales de Sarcé et son épouse. Ils agrandiront considérablement le Domaine, mèneront d’importants travaux sur le château et reconstruiront la totalité des communs avec un grand souci d’homogénéité. D’un commun accord, ils légueront Hodebert à leur neveu Robert Roullet de la Bouillerie. En 2004, Hélie et Ivana de la Bouillerie rachètent le château à leur famille et entreprennent un grand projet de restauration. Cette belle histoire s’écrit à présent avec leur 4 filles qui les aident à poursuivre l’aventure. Informations pratiques : Château d’Hodebert 37370 Saint Patern Racan www.chateau-hodebert.com Tarifs entre 130€ et 160€ la nuit Prix dégressifs à partir de la 2e nuit. Petit-déjeuner compris
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VISITE PRIVÉE
Si la mention connue d’Hodebert remonte à 1545, ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que l’on connaît avec précision les possesseurs du château. En 1648, Hodebert est acheté par Henri de Codosny, conseiller et maître d’hôtel du roi, dont la famille est arrivée en France avec Marie de Médicis. Jean Dunoyer, son neveu, rachète le domaine en 1674. Il restera dans la famille jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
GOURMANDISE
Notes partagées En Région Centre-Val de Loire, 2019 sera fortement rythmée par des manifestations liées aux 500 ans de la Renaissance. La 3ème édition « 5 Chefs au piano » s’inscrit dans l’agenda de ces événements en hommage à Léonard de Vinci. Autour de l’art culinaire, « 5 Chefs au piano » sera l’occasion de redécouvrir les restaurants du mouvement Habitat Jeunes (ex foyers des jeunes travailleurs), ouverts à tous, et déguster des plats revisités aux saveurs inédites dans l’esprit d’un menu « RenaissanceS ».
« 5 CHEFS AU PIANO », C’EST QUOI ? Tout a commencé en 2016, quand cinq chefs cuisiniers des associations Habitat Jeunes en région Centre-Val de Loire (URHAJ), se sont lancés le défi d’une production complète à partir de thématiques musicales afin de donner un coup de projecteur sur leurs savoir-faire culinaires respectueux des valeurs de solidarité et de partage du mouvement Habitat Jeunes. Ces chefs proposent une véritable cuisine « faite maison » à partir de produits frais, transformés sur place avec les coûts matière des standards de la restauration collective.
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GOURMANDISE
GOURMANDISE
500
ans de RenaissanceS, l’art de faire renaître les mets traditionnels en musique Inspirés du thème « RenaissanceS », les chefs cuisiniers et leurs équipes vont puiser dans leurs sensibilités culinaires, leurs techniques et expériences pour revisiter les plats et se laisser influencer par les tendances de cette époque : le sucré-salé, les épices et la redécouverte des anciens légumes, tout ce qui fait d’un savoir-faire culinaire un art. Le tout orchestré dans un univers musical revisité, lui aussi, par un trio de professionnels rompus au classique et au jazz. Amis et enseignants à l’école de Jazz à Tours, le pianiste Cédric Piromalli et Jean-Baptiste Réhault, saxophoniste, se croisent régulièrement dans divers projets musicaux avec la chanteuse et musicienne Estelle Réhault-Boisnard. Ils ont formé pour les « 5 Chefs au piano » ce trio inédit autour de l’idée de transcender les styles et les époques. Ici, ils mettent leur complicité au service d’une relecture de chansons et mélodies de la renaissance, issues du répertoire français, italien ou anglais en proposant un univers sonore mêlant musique ancienne, musique folk et jazz intimiste. Une interprétation contemporaine sans complexes, en dépassant les dogmes, pour créer un objet musical original et dont les chefs s’inspirent pour inventer de nouvelles recettes, parmi elles, « la poule au pot », fil conducteur du challenge cette année.
JEUDI 28 MARS À AMBOISE Restaurant de l’Association pour l’Habitat des Jeunes à Amboise VENDREDI 21 JUIN À ROMORANTIN Restaurant de l’association Majo à Romorantin JEUDI 27 JUIN À TOURS Restaurant de l’Association Jeunesse et Habitat à Tours MARDI 17 SEPTEMBRE À BLOIS Restaurant de l’association Escale et Habitat à Blois
UN RENDEZ-VOUS CULINAIRE Pour cette édition, ce seront 6 chefs (et non 5) - David Bourgois, Wilfried Arnoult, David Beranger, Cyrille Vitry, Julien Legros et Manon Carré- qui se retrouveront dans les cuisines de leurs homologues : Amboise, Blois, Bourges, Romorantin, Tours et Saint-Amand-Montrond. Des lieux uniques, investis chacun par des chefs passionnés, qui déclinent une cuisine personnelle inspirée de voyages, de rencontres, de partages, valorisant les produits de leurs territoires. Ces rendez-vous culinaires, organisés du 28 mars au 10 octobre 2019, seront l’occasion de découvrir le travail des chefs qui s’exercent dans la transformation et la valorisation de produits dans le but d’apporter du plaisir aux convives ; la cuisine revêtant une fonction symbolique de transmission et d’éducation au goût, au bien-manger et à la gastronomie. ///
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DATES
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JEUDI 19 SEPTEMBRE À BOURGES Restaurant de l’association Tivoli Initiatives à Bourges JEUDI 10 OCTOBRE À SAINT-AMANDMONTROND Restaurant du Foyer des Jeunes Travailleurs à Saint-Amand-Montrond Réservation auprès des restaurants mentionnés @5chefsaupiano www.urhajcentre-valdeloire.org
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