Un trait de côte mobile pour l’estuaire de la Canche -
Accepter l’inéluctable et travailler avec les dynamiques naturelles
Ambroise Jeanvoine Projet de fin d’Études 2019
Membres du jury Richard Klein Sabine Ehrman Agnès Bochet Jean-Luc Brisson Stéphane Loosevelt Thomas Wattez École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille Atelier Matérialité 2019 Encadré par Yves Hubert et Bertrand Le Boudec Projet de Fin d’Études - Ambroise Jeanvoine.
Me voilà Là où le bleu de la mer Est sans limite Tanede Santoka
Le cœur libre Les vagues furieuses S’approchent se retirent Tanede Santoka
Le long du rivage Roulent avec fracas Les vagues déferlantes Leafar Izen
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Avant-Propos Pour ce dernier atelier de paysage menant au diplôme de paysagiste concepteur, j’ai fait le choix de l’atelier Matérialité encadré par Yves Hubert et Bertrand.Ayant déjà suivi cet atelier l’année passée, je savais que la méthodologie proposée me serait adaptée. L’atelier permet d’avoir une analyse à la fois complète et sensible du site, de prendre le temps de comprendre tous les tenants et les aboutissants du site de projet. C’est pour moi une des clés d’un projet de paysage réussi car il pourra s’insérer au mieux dans le territoire concerné. La matérialité du projet de paysage permet de jouer avec les échelles, passant du territoire aux « microdétails ». De plus, cet atelier de diplôme nous offre la possibilité de nous confronter à un paysage littoral. Les questions des dynamiques estuariennes et de mobilité du trait de côte ne sont que très rarement abordées dans le cadre de la formation. C’est donc là une opportunité de nous confronter à de nouvelles
problématiques. L’autre spécificité de cet atelier est la question de la participation citoyenne. Dès le début de ma formation en École de Paysage, c’est une caractéristique du projet qui me passionne et que je souhaite développer dans ma vie professionnelle future. L’intégration des acteurs locaux est une clé de compréhension du territoire, ce qui, couplée à une analyse sensible, permet de proposer un projet dès plus adapté. Enfin, cet atelier nous offre l’immense opportunité d’être est un atelier public, issu de la commande de la DREAL Hauts-de-France. Répondre à une commande réelle nous donne ainsi un avant-goût de notre vie professionnelle future. Questions littorales, concertation, commande publique voilà de quoi ouvrir de belles perspectives pour ce dernier atelier et conduire à un diplôme passionnant.
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Sommaire Avant-propos ...............................................................7 Introduction..................................................................11
Paysage originel..........................................13 Situation.................................................................................14 La forme de l’eau....................................................................17 Des paysages emblématiques................................................18
Dunes d’oyats Estuaire Marais de fonds de vallée Bas champs Plateau Villes d’Histoire
Côte d’Opale et estuaires : du risque lié à l’eau à la pression touristique..............................................................................26 L’estuaire de la Canche, un écosystème fragile.....................28
Mouvements .....................................................31 Le socle géologique..................................................................32 Le trait de côte........................................................................49 La Canche, un fleuve naturel puis anthropisé....................51
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Mutation de la baie : du naturel à l’anthropisation.............54
De Quentovic à Etaples, histoire de ports Cultiver plus, gagner des terres Le tourisme, économie principale
Une baie en sursis .................................................................63
Sédimentation/Érosion Les ouvrages Submersion
Anticiper et s’adapter.............................................................72
Acceptation.........................................................75 Les Services Écosystémiques.................................................76 Une nature au service de l’Homme Des services supports d’enjeux
Une stratégie globale.............................................................85
Un nouveau paysage de l’eau................................................87 Protéger les milieux côtiers
Retrouver la dune protectrice Accepter l’incursion marine Sensibiliser Attractivité Références
Conclusion ....................................................................96 Remerciements .........................................................99 Lexique ............................................................................100 Bibliographie ..............................................................102
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Introduction Dérèglement climatique, réchauffement planétaire sont des termes employés et constatés quotidiennement par tous. Érosion et tempêtes frappent les côtes en modifiant durablement le paysage littoral. L’Homme continue de lutter face aux éléments naturels et ne semble pas encore prêt à accepter la pénible vérité de la montée des eaux. Faire avec la nature et non pas lutter contre semble être une des clés pour demain.
alors pour le paysagiste, une piste de projet sur laquelle il peut compter pour résoudre et améliorer la situation afin d’offrir aux habitants un nouveau cadre de vie. Dans un contexte de paysage aux dynamiques naturelles complexes, quel est l’avenir de l’estuaire de la Canche et du littoral de la Côte d’Opale ? Ce projet de fin d’étude est l’occasion de transmettre une vision personnelle de ce paysage existant mais aussi d’en esquisser l’avenir : un paysage dont les dynamiques naturelles guident le paysagiste et y associent les services écosystémiques, la concertation. C’est un projet de paysage s’adaptant à la mobilité du trait de côte qui est réfléchi pour redonner à l’estuaire toute sa puissance que l’on se doit de ne plus dompter.
La spécificité de cet atelier est de proposer une démarche expérimentale. Elle permet de nous questionner sur les services écosystémiques. Les Services Ecosystémiques sont les services qui nous sont rendus par la nature. Ce contexte s’insère dans un cadre anthropocentré*. Ces services rendus par la nature permettent à l’Homme de profiter et de jouir du paysage et de bien d’autres avantages. Ils peuvent servir l’Homme mais aussi le desservir ; c’est
* Lexique page 100-101
11 Enrochement tous azimuts Camiers Photographie personnelle.
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Paysage Originel Première partie
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Côte d’Opale
Situation La vallée de la Canche et son estuaire. Paysage littoral Picard de la Mer Manche qui fait partie d’un ensemble de trois baies (la baie de Somme au Sud, la baie d’Authie et la baie de Canche qui est la plus au Nord). Cette baie marque le trait de côte du Nord-Pasde-Calais et s’insère dans la région Hauts-de-France. La baie de Canche est incluse dans ce que l’on appelle la Côte d’Opale, nom qui a été évoqué pour la première fois par le peintre Édouard Lévêque en 1911. De nombreuses écoles de peintures se sont installées le long du littoral picard, fuyant Paris et recherchant de nouveaux paysages et de nouveaux éclairages. La Côte d’Opale s’étend de la Baie de Somme au Sud à Calais qui marque la frontière avec la Belgique au Nord. Le littoral représente approximativement 120km. La « capitale » de la Côte est Boulogne. De nombreuses stations balnéaires sont implantées le long du littoral,
dont la plus connue reste Le Touquet-Paris-Plage. C’est au niveau du Cap Gris-Nez que la distance entre la France et l’Angleterre est la plus faible. Les caps Gris-Nez et Blanc-Nez sont les points d’orgues des falaises de craies situées entre Boulogne et Calais. Ces paysages de falaises laissent place au sud au paysage de dunes et de plage de sable des baies de Canche et d’Authie. Le littoral picard est soumis aux forts courants de la mer Manche, dont les marées et les zones intertidales* sont importantes. La Côte d’Opale est donc sujette aux dynamiques d’érosion mais abrite une immense biodiversité. * Lexique page 100-101
14 Les trois estuaires picards Carte dessinée par l’auteur.
Calais Cap Gris Nez Baie de Wissant Cap Gris Nez
Boulogne-sur-Mer
Baie de Canche
Le Touquet-Paris-Plage
Berck-Plage Baie d’Authie
Baie de Somme
St Valéry-sur-Somme 0
5km
Affluents du littoral
Le Witrepin
Canche Slikke Mollière
La grande Tringue
Drainage des bas-champs
Marais et drainage
16 0
2km
La Dordonne
La Forme de l’eau La vallée de la Canche et son estuaire font partis d’un ensemble plus large appelé les Trois estuaires Picards. La vallée de la Canche est innervée par de nombreux affluents serpentant en fond des vallées connexes. Le fond de vallée est maillé par de nombreux canaux et fossés de drainage afin de rendre les marais exploitables. Les marais peuvent être cultivés mais ils sont aussi naturels servant ainsi de réservoirs de biodiversité. L’estuaire nous offre les paysages de la slikke* et du schorre*, soumis aux variations marines. Les mollières* (forme anthropisée du schorre) forment un chapelet de marres directement connectées à la Canche et à la marée. Il abrite une flore halophile* et son cortège faunistique associé dans lequel l’on retrouve de nombreux oiseaux limicoles*. Enfin, l’estran ouvre sur l’horizon marin, un infini d’eau, dans lequel au loin le soleil se noie.
La Course
* Lexique pages 100-101
Marais et drainage
17 La Forme de l’eau Carte dessinée par l’auteur.
Des paysages emblématiques La découverte de la baie de Canche fut totale. Les paysages du montreuillois sont bien loin de la plaine urbaine de Lille. Ici, je me sens un peu comme à la maison, même si je suis bien loin de ma Franche-Comté. Ce passage de la montagne au littoral me laisse rêveur et me permet de découvrir la baie de Canche et de profiter des paysages littoraux. Je passe d’un paysage de plateaux vallonné à un fond de vallée boisé et marécageux, puis d’un fleuve aux dunes et soudain la mer. Je contemple, j’avance les yeux grands ouverts en profitant de tous les paysages qui se succèdent ; passant tour à tour de paysage fermé à ouvert. L’attrait touristique pour la Côte d’Opale prend tout son sens, car la diversité des paysages de la baie sont autant d’éléments d’attractivité et ont été peints et photographiés.
18 Les entités paysagères de la Côte d’Opale Carte dessinée par l’auteur.
Dunes de la Mer Du Nord
Falaises d’Opale
Boulonnais
Montreuillois Baie de Canche
Dunes et Estuaires d’Opale
Baie d’Authie
Val d’Authie
Baie de Somme
0
5km
Dunes d’oyats D’une part la mer et son immensité, d’autre part la dune. Le haut de la plage lentement s’habille de toupets d’oyats. Le sable s’agglutine. Le bourrelet croit, s’engraisse. Naissance de la dune. Engraissements successifs, croissance en hauteur, tu bouges au grès des vents et des tempêtes. Tu grandis puis
soudain tu t’effondres. Les oyats dansent sur tes flancs et tes sommets. Puis, tu te figes progressivement lorsque les argouses te colonisent avant de céder leurs places aux pins. Libre à toi de retrouver ta liberté, si une tempête vient te ronger.
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Estuaire Tu ouvres sur l’immensité de la mer. On te devine, on sent ta présence iodée, mais tant que je ne suis pas en ton cœur, je ne fais que t’imaginer. Tu es battu par la marée ; tantôt émergé, tu dévoiles le lit sinueux de la Canche ; tantôt immergé, il ne t’a suffi que de très peu de temps pour recouvrer ta nappe
marine. Ton fond est tapissé de vase, mais tes abords se couvrent progressivement de végétation. Estuaire, tu nous offres une multiplicité De paysage changeant au gré du temps.
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Marais de fonds de vallée Au fond de la vallée serpente la Canche. Ce fond quasiment plat la fait méandrer. Elle se cache, elle se montre, accessible ou non la Canche est mystérieuse. L’eau stagnante transforme le paysage en marais. Ce paysage humide géré par l’Homme a tendance à perdre son aspect naturel au profit
des peupleraies bien plus rentables. Bien heureusement, des poches de biodiversités résistent et offrent un aperçu des marais littoraux ancestraux. Étangs, mares, flaques, ruisseaux, ruisselets sont autant de formes que l’eau adopte dans le fond de la vallée.
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Plateaux
De vastes plateaux encadrent et surplombent la vallée. Le plateau est sud est plus bas et moins vallonné que son voisin nord. Le Nord est sillonné de nombreuses vallées et cours d’eaux. Des coteaux abrupts nous passons aux grandes étendues où l’horizon se déploie à perte de vue. Autrefois il n’était que
forêt, aujourd’hui il est cultivé et ne subsiste que quelques reliquats de ces boisements passés. Plateaux agricoles sans intérêt diront certains ! Bien au contraire ce sont des plateaux aux multiples facettes qui nous font découvrir au détour d’un mouvement de terrain de magnifiques villages.
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Villes d’Histoire
En arrivant dans l’estuaire de la Canche, c’est Montreuil qui s’offre à nous, perchée sur son promontoire. Entourée de ses remparts, Montreuil domine l’estuaire. De son vrai nom Montreuilsur-Mer, le passé rejaillit et nous rappelle qu’il y a fort longtemps, la marée baignait les pieds de la cité médiévale. Ici la mer est bien loin mais l’on
peut distinguer les variations paysagères qui montrent le passage des plateaux au littoral. Plus proche de l’estuaire se trouvent Étaples et Le Touquet-Paris-Plage, deux villes différentes mais pourtant complémentaires. L’une est une station l’autre un port, des jumelles qui s’opposent sur de nombreux aspects...
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Côte d’Opale et estuaire : du risque lié à l’eau à la pression touristique La baie de Canche n’est pas épargnée par les risques d’inondation liés à la Canche et ses affluents mais aussi par les aléas de submersion. Une très large partie de la baie a été endiguée par l’homme pour l’habiter, la cultiver. Dans un contexte de montée des eaux en cas de tempêtes, toute la zone des bas-champs peut se retrouver sous les eaux. Si l’on se penche sur l’histoire de la vallée, les traces des catastrophes sont anciennes et depuis le XVIIIème siècle, les récits relatent les différents épisodes d’inondation, couplés ou non à une submersion marine. Au XIXème siècle et au XXème siècle, de nombreux aménagements témoignent de la lutte contre les inondations par crue de la Canche. Des digues ont été mises en place le long des cours d’eau pour protéger infrastructures
et habitations. Un réseau de fossés a été creusé pour que l’évacuation des eaux d’inondation soit accélérée, qui en raison de la très faible topographie de la vallée ne permet une évacuation rapide des eaux. De 1984 à 2005, l’état de catastrophe naturelle a été déposé une année sur deux suites aux évènements climatiques consécutifs. De plus, la pression urbanistique met en danger le littoral. Les stations balnéaires souhaitent toujours être au plus près de la plage. Elles construisent dans les dunes niant la dynamique naturelle d’évolution du trait de côte. Par conséquent, les stations font face aux problèmes de recul des côtes et tentent de se protéger derrière des digues et des enrochements.
26 Une baie entre pression touristique et risques liés à l’eau. Carte dessinée par l’auteur. Source : contrat de baie de Canche
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2km
Station balnéaire
Zone de submersion Inondation, aléas moyen Inondation, aléas fort Inondation, aléas très fort
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L’estuaire de la Canche, un écosystème fragile La baie de Canche est riche de nombreux milieux naturels, offrant une faune et une flore très diversifiées. Afin de protéger ces différents milieux, des protections sont mises en place sur la baie de Canche. Ainsi, des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) viennent couvrir la baie de leurs protections. Elles permettent de protéger les espaces naturels, en maintenant les secteurs de grand intérêt biologique ou écologique d’une part et les grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Elles sont aujourd’hui un outil majeur dans la protection des milieux naturels. Natura 2000 est un dispositif européen visant à préserver des espèces protégées et à conserver des
milieux tout en tenant compte des activités humaines. Les zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des sites d’intérêt majeur dans la protection ornithologique, car ils hébergent des effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importances communautaire ou européenne. L’ensemble de ces protections se superposent et couvrent le territoire non urbanisé de la baie. De prime abord, elles paraissent être une réelle contrainte pour son développement. Bien au contraire, cette diversité de protection prouve que la baie de Canche possède une richesse faunistique et floristique exceptionnelle. C’est une réelle opportunité et un facteur d’attractivité pour la baie de promouvoir des milieux naturels riches.
28 Un estuaire fragile sous protections réglementaires. Carte dessinée par l’auteur. Source : contrat de baie de Canche
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2km
Natura 2000
Réserve Naturelle Biologique
ZNIEFF 1 ZICO
ZNIEFF 2
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Mouvements Deuxième partie
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Glacier
Paysage côtier : entre variations du niveau marin, tempêtes et accalmies L’estuaire de la Canche n’a pas toujours été dans sa configuration actuelle. Pour cela, il nous faut remonter au début de l’Holocène (fin de la dernière glaciation il y a environ -20000 ans). À cette période, le niveau de la mer était 120m en dessous de notre niveau actuel. La mer Manche n’existait pas, elle ne se résumait qu’à un large fleuve traversant de grandes steppes. L’ensemble des fleuves charriaient des sédiments provenant de l’érosion des plateaux crayeux. Les dépôts sableux s’accumulaient le long des falaises de craies et dans les steppes.
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e nch a ve M Fleu
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L 0
2.4km
ne aron G a
-20000 ans
La transgression Flandrienne marque le paysage par une remontée rapide de la mer entre -8000 et -6000 avant JC. La remontée rapide du niveau marin transforme le paysage la Manche. Tout au long de la remontée du niveau de la mer, le paysage côtier s’est transformé en laissant tour à tour apparaître puis disparaître des marais inondables, des tourbières boisées, d’autres ouvertes, qui se sont tous progressivement retrouvés sous les eaux marines. La fosse et le fleuve sont noyés, laissant place à la mer telle que nous la connaissons aujourd’hui. La mer vient frapper les falaises de craies et l’eau salée remonte jusqu’à 30km à l’intérieur des terres. Les dépôts sableux accumulés dans les steppes sont ainsi protégés sous la nappe d’eau. Dans les vallées perpendiculaires à la Canche, une végétation de milieu humide (marais saumâtres*, tourbières, roselières, forêts humides). Le maximum de transgression Flandrienne est atteinte en -3950 av JC. * Lexique pages 100-101
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5km
-3950 ans
La transgression Flandrienne laisse place à une période de régression marine qui s’installe dès -3850 av JC. En -3200 av JC, la mer se retire vers l’Ouest et un large estuaire se forme. Il s’étend sur la rive droite de Saint Frieux/ Hardelot au Sud (rive gauche) à Trépied/Cucq et vers l’Est jusqu’à la Calotterie. Dans les vallées et sur le littoral, des vastes zones marécageuses, de tourbières et de forêts humides poussent.
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5km
-3200 ans
Vers 1900 av JC, l’environnement marin (estuaire/côte) se généralise. Le trait de côte tend à se stabiliser mais il demeure fragile. Le cordon dunaire* s’installe de façon discontinue. Il est alimenté ponctuellement par les vents, favorisant ainsi le développement de lagunes soumises à la marée. Des incursions marines ponctuelles témoignent encore d’un trait de côte instable, soumis à des ruptures suites à des déplacements de chenaux ou des tempêtes. * Lexique page 100-101
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5km
-1900 ans
La dynamique éolienne devient supérieure aux régressions et transgressions marines aux alentours de 1300 av JC. Le cordon dunaire littoral peut ainsi s’installer durablement. Il se généralise sur l’ensemble du trait côtier Picard. Le littoral est ainsi protégé des dynamiques marines. Des marais et tourbières se développent ponctuellement à l’arrière des dunes. Le premier cordon dunaire ancien est en place. La rive droite de la Canche commence à acquérir sa configuration actuelle. Entre Camiers et le Lornel, le cordon dunaire commence à se former. Tandis qu’à l’embouchure, le comblement de la rive droite est matérialisé par la formation entre 810 et 510 ans av. JC. d’un système transitoire entre un marais littoral peu actif (tourbes et sols organiques) et un massif dunaire en construction. A la Calotterie, un domaine estuarien relativement protégé se met en place, soumis très ponctuellement à une influence marine plus importante.
0
5km
-1300 ans
Au Moyen-Age, sous l’effet de vents intenses, le cordon dunaire s’accroît vers l’Ouest. Les tempêtes et les périodes ventées apportent successivement et abondamment du sable, qui est progressivement fixé par la végétation. Le système dunaire remplit pleinement son rôle protecteur. Ainsi, des tourbières et marais d’eau douces se développent dans les zones arrières-littorales. Les assauts de la marée et du sel sont alors évités. Le second cordon dunaire ancien s’installe de façon pérenne.
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5km
600 ans
Dès 1500, les cordons dunaires sont fortement mobilisés, voire détruits. Mais l’importance des vents continuent de mettre en place le système de dunes vers l’Ouest. L’Homme quant à lui prend possession des marais et progressivement poldérise l’estuaire pour pouvoir s’y implanter et cultiver les sols jusque-là inexploités. La diminution contemporaine des apports de sables tend à fragiliser le cordon dunaire qui s’érode sous l’effet des vents et des tempêtes. La dynamique éolienne étant toujours supérieure aux apports de sable, les dunes se déplacent, disparaissent. La végétation continuant de jouer son rôle fixateur permet au cordon sableux de se pérenniser.
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5km
1500 ans
De gauche Ă droite : le poulier, la dune blanche, le cordon littoral Touquet-Paris-Plage Photographies personnelles
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1947
1969 1979
1997 Actuel
1878 État-major Cassini
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2km
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Mobilité du trait de Côte. Carte dessinée par l’auteur. Source : cartes et photographies anciennes.
Un trait de côte fluctuant et imprévisible En analysant les cartes et vues aérienne depuis Cassini, on peut largement remarquer que le trait de côte* est mobile. Cette dynamique naturelle est toute aussi imprévisible car elle dépend de nombreux facteurs comme le vent, les apports en sable, les tempêtes... On observe une avancée du trait de côte et de la dune côté Touquet alors que la dune de la rive droite (Camiers) en nette régression. En revanche, lorsque l’homme est intervenu, le trait s’est stabilisé comme c’est le cas dans les mollières, hippodromes et aéroport au Touquet et au niveau d’Étaples avec la mise en place du port le long de la Canche. L’avancée du poulier* côté Touquet va provoquer naturellement un comblement de la baie. Cette dynamique est typique des estuaires Picards. La mobilité du trait permet au paysage du littoral d’évoluer et de se transformer. * Lexique pages 100-101
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Actuel 1998
1955 1980 1963 État-Major Cassini
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2km
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Mobilité du trait de Côte. Carte dessinée par l’auteur. Source : Atelier EUCC baie de Canche.
La Canche, un fleuve
naturel puis anthropisé La Canche, tout comme l’ensemble des fleuves possède sa propre dynamique d’évolution liée au contexte dans lequel il s’insère. Dans le cas de l’estuaire, la Canche a été contrainte par l’Homme lorsque le port d’Étaples s’est installé. Pour les besoins de la navigation, le chenal* de la Canche a été redressé. Régulièrement curée pour éviter son ensablement, la Canche fait l’objet d’une attention particulière. Afin de contrôler une fois encore le fleuve et ses dynamiques, la Canche est endiguée (éviter l’érosion des côtes lors du déplacement du chenal). Mais lorsque la Canche retrouve son cours naturel, plus en aval dans la baie, c’est une diversité des positions du chenal que l’on peut observer. Elle n’est plus entravée et peut enfin retrouver un cours naturel et décrire des nombreux méandres aléatoires. * Lexique page 100-101
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La base nautique de la baie de Canche Touquet-Paris-Plage Photographies personnelles
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Mutation de la baie : du naturel à l’anthropisation De Quentovic à Etaples, histoires de ports L’histoire portuaire de la baie de Canche est directement liée aux fluctuations du niveau de la mer. Directement soumis aux marées, les ports de la Canche ne peuvent pas être en eau tout le temps comme c’est le cas dans d’autres ports de la côte française. Sur la Canche, ce sont des ports d’échouage qui voient le jour dès la Préhistoire. L’Homme se déplace au gré des variations de la mer. L’estuaire de la Canche permet donc le développement d’une activité portuaire importante dès l’Antiquité. C’est au Vème siècle que les premiers écrits relatent le port de Quentovic (situé au niveau de la Calotterie). Ce port sera ensuite déplacé au niveau de Montreuil (certainement pour le protéger des attaques barbares, mais aussi à cause de la remontée du niveau de la mer). Le port va rester à Montreuil jusqu’à la fin du
XVème siècle. Il sera relocalisé à Étaples suite au comblement de la baie. La baie permet le développement d’une activité professionnelle de pêche. C’est au XXème siècle que le port d’Étaples-sur-Mer prend son essor. La flotte était alors composée d’une centaine de bateaux et le petit millier de marins habitaient sur place. La fermeture de la baie associée au développement du port international de Boulogne a fini par vider le port d’Étaples de ses pêcheurs dans les années 50. Aujourd’hui encore, les pêcheurs d’Étaples travaillent à Boulogne et il ne reste sur le port que des pêcheurs pratiquant une pêche de loisir1.
1. BÉTHOUART Bruno, Histoire de Montreuil-sur-Mer, Étaples, Le TouquetParis-Plage : du val de canche à la Côte d’Opale, Éditions Privat, 2006, 255p.
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Quentovic, plan vers 800. Carte ancienne. Source : Histopale
Vue d’Étaples, au pied du château le port. Gravure. Source : Histopale
Le retour de la pêche. Carte postale ancienne. Source : Histopale
Cultiver plus, gagner des terres sur l’estuaire La Canche a subi de nombreuses modifications de son tracé engendrées par le besoin de cultiver le sol. Le fond de vallée jusque-là inexploité va subir des modifications et les dimensions de l’estuaire vont progressivement diminuer. C’est au niveau des baschamps actuel, que l’estuaire a le plus été transformé. L’estuaire endigué est dédié à l’élevage car les champs sont trop humides pour cultiver des céréales comme cela est le cas sur les plateaux. Les chemins couvrant les bas-champs sont autant d’indices sur les différents tracés successifs des digues. L’avancée du réseau de digues s’est faite vers le nord et a lentement rejoint la Canche. Des traces de rectifications du tracé de la Canche atteste de la volonté d’agrandir toujours plus les terres exploitables. Ainsi, dès le XVIème, l’Homme commence à poldériser* la
vallée. Mais l’activité du fond de la vallée remonte à l’Antiquité. À cette époque, la principale activité se résume à de la poterie (présence d’argile dans le sous-sol). Au Moyenâge, de nombreux moulins sont construits le long de la Canche. Toujours dans l’optique de contrôler la Canche et l’effet des marées, l’homme creuse des canaux et de fossés afin de réguler les hautes eaux et met en place des fascines qui avec le temps participent au colmatage des terres ; poldérisant inlassablement l’estuaire2.
* Lexique page 100-101 2. BÉTHOUART Bruno, Histoire de Montreuil-sur-Mer, Étaples, Le TouquetParis-Plage : du val de canche à la Côte d’Opale, Éditions Privat, 2006, 255p.
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XVIIIème
XIXème XVIème
Le secteur des bas-champs et les renclôtures successives. Carte dessinée par l’auteur. Source : PPIGE Nord-Pas-de-Calais, Livret EUCC-France
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Le tourisme, économie principale de la Côte Bien que la pêche fût une manne financière pour l’estuaire, c’est avec l’arrivée du chemin de fer en 1847 que le renouveau de la baie est amorcé. En 1837, Alphonse DALLOZ, notaire parisien, achète les actuels terrains du Touquet, qui ne sont alors que des dunes. Il y plante des pins maritimes, des peupliers et des aulnes. Puis, en 1882, il créée dans les dunes le premier lotissement. Il le nommera Paris-Plage. La présence toute proche des îles britanniques en feront un lieu prospère pour la plaisance franco-britannique. S’en suivront la construction d’autres lotissements et de nombreux hôtels plus luxueux les uns que les autres. La quintessence même du luxe et des « années folles » sera incarnée par le Royal Picardy, inauguré le 12 août 1929. L’apogée en 1912 marquera le début de l’autonomie de la station balnéaire et prendra le nom du Touquet-Paris-Plage. D’autres stations balnéaires vont naître sur la côte d’Opale,
apportant tour à tour toujours plus de touristes. Ces stations balnéaires construites au plus près de la côte veulent offrir un site privilégié, un cadre naturel exceptionnel aux vacanciers, mais elles ont trop souvent nié les dynamiques naturelles du littorale sur lequel elles se sont implantées. La baie compte trois stations : Le Touquet, Étaples, Camiers. Stellaplage au sud du Touquet est le prolongement naturel de la côte. Elles continuent toujours de s’agrandir pour faire face à la pression touristique et accroître leurs profits. Les sites naturels sont nombreux sur la Côte d’Opale. Ils sont autant d’éléments d’attractivités pour l’estuaire de la baie de Canche. La réserve naturelle de la baie de Canche, la pointe du Touquet sont les deux grands points d’attractivité de la baie. L’ensemble des trois estuaires Picards offre une grande diversité de paysage naturel dont les touristes sont friands.
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Le Touquet-Paris-Plage, station balnĂŠaire. Affiche ancienne. Source : internet
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De gauche Ă droite : enrochement du camping, le musoir et accrĂŠtion dunaire, le camping des Dunes Camiers Photographies personnelles
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Dérive sédimentaire
Érosion côtière
Musoir Poulier Contre-poulier
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2km
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Dynamique côtière, entre sédimentation et érosion. Carte dessinée par l’auteur. Source : Atelier EUCC baie de Canche.
Une baie en sursis Sédimentation / Érosion Lorsque l’on parle de sédimentation* ou d’érosion*, nous nous imaginons que ce sont des maux du XIXème siècle. Or c’est tout le contraire, ces phénomènes existent depuis toujours. La mobilité du trait de côte est due à la concomitance de ces phénomènes naturels. Toutefois, la tendance à l’érosion s’est accentuée ces dernières années sous l’effet de l’Homme. L’érosion des plateaux encadrant la vallée sous l’effet des conditions climatiques a donné naissance aux bancs de sédiments présents dans la Manche. Cependant, l’Homme en cherchant à redresser le chenal de la Canche ou en construisant des routedigues, des épis modifie les dynamiques naturelles agissant sur l’estuaire. L’estuaire de la Canche est soumis directement aux courants de la Seine. La dérive littorale s’effectue vers le Nord et transporte de
grandes quantités de sable qui s’accumulent en amont du barrage formé par la Canche. Un poulier* se forme. Le banc de sable est enraciné sur la rive Sud et est le prolongement de la dune du Touquet. À marée montante, le courant de flot* tend à longer la rive Nord en l’érodant : c’est le musoir*. Ainsi, le trait de côte recule naturellement. Le sapement de la berge sableuse du musoir déplace de grandes quantités de sable qui se déposent en amont et donnent naissance au contre-poulier*. L’évolution poulier-musoir est la dynamique naturelle caractéristique des estuaires picards. La tendance globale est au comblement de la baie par l’apport de sédiment en amont du poulier par la Canche et en aval pour les sables. De plus, le déplacement aléatoire du chenal de la Canche associé aux différents ouvrages * Lexique page 100-101
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Érosion
Accrétion
Mouvements sédimentaires de la côte. Bloc diagramme personnel
construits par l’Homme modifie et rendent complexe les perspectives d’évolution de la baie. Si la main de l’Homme n’était pas intervenue, le pointe du Touquet continuerait d’avancer, formant un cordon sableux à l’arrière duquel des mollières se seraient développées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la Côte d’Opale est l’une des plus préservée de littoral français. La disponibilité du sable permet d’atteindre un équilibre dans la dynamique de déplacement du trait de côte. Bien que les apports de sables aient considérablement diminués, la réserve disponible permet de maintenir un
équilibre fragile du trait côtier. L’évolution naturelle du grain de sable est de passer de la plage, s’y accumuler sur les parties hautes via la laissede-mer*, le grain de sable donne naissance à la dune blanche puis la dune grise remplace la végétation herbacée par une strate arbustive. Enfin la dune boisée est le stade final d’évolution. La végétation fixe le sable dunaire, jusqu’à ce que les forces de la nature décident de reprendre ce qu’elles ont donné. Le littoral oscille donc en accrétion* et érosion.
* Lexique page 100-101
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Dune boisée
Dune grise
Dune blanche
Laisse de mer*
Évolution de la dune Bloc diagramme personnel * Lexique pages 100-101
Épis sur la rive droite, ouvrage tentant de fixer le sable sur la plage. Photographie personnelle
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1842-1866
Première digue submersible
sur la rive gauche au niveau du Touquet. Minimiser l’érosion des terrains communaux. Arrêt de l’érosion et linéarisation du trait de côte.
1882-1889 Digue sur la rive droite.
Facilité la navigation sur la Canche, protection du littoral de Camiers. Arrêt puis reprise de l’érosion du trait de côte.
1924
Renclôture pour l’hippodrome. Diminution d’un quart de l’estuaire. Ensablement.
1987-1990 Prolongement de la digue en rive droite, redressement du chenal de la Canche pour pérenniser la navigation. Amplification du flot et du musoir.
1994-1995 Cinq épis sont mis en place sur la côte de Camiers. Trois sont implantés en arrière de la digue submersible.
2003-2007 Enrochement au niveau de la pointe du Touquet. Le déplacement du chenal a mis en péril la route en corniche.
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L’homme et son ingénierie Depuis 1840, l’estuaire de la Canche a subi les assauts de l’Homme. C’est dans le but premier de lutter contre l’ensablement de l’estuaire et permettre à l’activité portuaire d’Étaples de continuer que l’Homme est intervenu ; mais surtout pour lutter contre la dynamique d’érosion qui s’est mise en place depuis le XVIIIème siècle. Ainsi, le chenal de la Canche a été endigué afin d’être redressé et de permettre une évacuation plus rapide des sédiments. Des digues submersibles sont alors construites pour éviter à la Canche d’éroder les terrains du Touquet lorsque le chenal se déplace. D’autres digues ont été mises en place pour lutter contre l’érosion de la côte de Camiers en 1882. En 1924, la renclôture* pour l’hippodrome grignote un quart des mollières. Cette réduction de l’estuaire a diminué la surface de l’estuaire, réduisant ainsi les forces érosives du jusant*. Cependant, la réduction de l’estuaire a réduit l’effet « chasse » : le volume d’eau dans l’estuaire est moins important donc la force du jusant* qui entraine les sédiments au
large est beaucoup moins forte. Le colmatage de la baie rend de plus en plus compliqué la navigation sur la Canche. De ce fait, les ports de Boulogne et de Calais décident de prolonger la digue en rive droite, il décapite le banc du pilori. En redressant le chenal, il pense amplifier le tirant d’eau de la Canche. Un effet contraire se produit : le flot et le musoir sont amplifiés. Le sable libéré provoque un déplacement du cône de flot à l’intérieur de l’estuaire. Les enrochements, eux aussi, ne sont pas laissés de côté. De 2003 à 2007 pour éviter la chute de la Route en Corniche dans l’estuaire, Le Touquet fait déposer des tonnes de gravats au pied de la route pour enrayer le phénomène d’érosion. Quant à Camiers, la commune décide de construire des épis* en arrière de la digue submersible* afin de contrer l’érosion de ses plages et de mettre en place une dynamique d’accrétion au début des années 90. Elle enroche également ses côtes pour tenter de maintenir sa station balnéaire hors d’eau.
* Lexique page 100-101
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De gauche à droite : enrochements au niveau de la base nautique et de l’ancien camping, promenade de la route en corniche, l’ancien camping et ses bunkers Touquet-Paris-Plage Photographies personnelles
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0
2km
Élévation du niveau marin, +2m, scénario Submersion. Carte dessinée par l’auteur. Source : Flood map.
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Submersion
la remontée de la nappe phréatique, de l’élévation du niveau de la mer, des tempêtes et des marées à fort coefficient fragilisent le trait côtier qui n’assure plus son rôle protecteur. C’est à partir de cet instant que l’entrée de la mer dans les terres devient critique. Pour certains, c’est une réelle catastrophe, pour d’autres, cela devient une opportunité. Nous avons vu que le littoral de la baie de Canche est mouvant et ne cesse de se transformer. La submersion n’est qu’une phase supplémentaire dans la transformation du trait de côte. Se cacher derrière un réseau de digue ne garantit pas une réelle sécurité. Il est plus prudent d’accepter l’inéluctable et de composer avec la nature plutôt que de lutter contre ; elle finira tôt ou tard par nous rappeler que nous ne sommes pas aussi forts que nous pouvons le penser.
Inéluctable fatalité. Le niveau marin global monte inexorablement. Beaucoup semble « pas prendre conscience des enjeux liés au dérèglement climatique » et ne souhaite pas affronter la vérité en face. On lutte contre l’érosion, on continue d’endiguer, de protéger ce qui semble être en danger et l’Homme continue de construire au plus proche du littoral. Le GIEC ou Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat alerte la population mondiale sur l’urgence de la situation. Un niveau marin augmentant de +2m d’ici à la fin du siècle n’est plus une hypothèse et nous nous en rapprochons dangereusement. L’augmentation du niveau marin associé aux risques d’érosion provoqués par les effets conjugués de
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Anticiper et s’adapter Adaptation, anticipation, acceptation deviennent les leitmotivs de notre époque. L’Homme doit composer avec l’environnement qu’il a créé, modifié, perturbé. L’anthropocène* doit marquer un tournant décisif dans la façon de penser les interactions humaines dans l’environnement. L’homme doit repenser sa position autocentrée et être plus humble face à Mère-Nature. Il s’agit alors d’adopter une posture résiliente* qui devrait permettre à l’Humanité de faire face au dérèglement climatique. Composer avec la nature, apprendre à la respecter sont les enjeux futurs. Depuis toujours la planète se relève des périodes de dérèglements. La nature s’adapte, nous devront faire de même, sans quoi nous sommes voués à nous adapter sinon notre avenir risque d’être plus qu’incertain. * Lexique page 100-101
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Quand le Touquet-Paris-Plage devient l’Atlantide du XXIème siècle. Photomontage personnel.
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Acceptation Troisième partie
Les Services Écosystémiques Une nature au service de l’Homme L’histoire du Millenium Ecosystem Assessment (MEA) ou l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire découle des exigences exprimées par des scientifiques et décideurs par rapport aux informations scientifiques. Au milieu des années 90 lors de la Convention sur la Diversité Biologique et de la Convention sur la Lutte Contre la Désertification, les scientifiques ont réalisé que les mécanismes d’évaluation ne permettaient pas de répondre à leurs nombreuses attentes ainsi qu’à celles d’autres acteurs publics. Les scientifiques ont cependant réalisé qu’une évaluation internationale des écosystèmes était nécessaire. Ils ont tenté de mettre en place ce qu’ils ont intitulé « Protecting our Planet, Securing our Future : Linkages Among Global Environmental Issues and Human Needs ».
Elle a permis de faire ressortir le lien entre les problématiques du climat, de la biodiversité, de la désertification et de la forêt. Le MEA est finalement officialisée en juin 2001 par les Nations Unies. Il est caractérisé comme l’une des initiatives ‘‘ Pour un avenir viable ’’3. Les premiers rapports, publiés en juin 2001, cherchent à savoir comment l’homme a modifié les écosystèmes, quels sont les incidences sur le bienêtre humain, quelles sont les influences sur les humains au cours des prochaines décennies et quels types de réponses l’on peut adopter aux échelles locales, nationales ou mondiales pour améliorer la gestion des écosystèmes et ainsi assurer le bien-être humain. 3. Kofi Anna, Secrétaire Général des Nations Unies en 2001
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L’évaluation pour le millénaire est une nouvelle ressource inestimable pour les professionnels et les décideurs. Elle va effectivement leur permettre d’intégrer les questions d’environnement et de ressources biologiques au sein de leurs projets et de leurs décisions politiques à toutes les échelles, locales, régionales et nationales en collaboration avec des spécialistes et scientifiques. « Les écosystèmes et le bienêtre de l’Homme » est une introduction essentielle au projet. Les services écosystémiques sont définis comme étant les bénéfices que les êtres humains tirent du fonctionnement des écosystèmes. Cette notion met en évidence les liens de dépendance de l’Homme vis à vis des milieux naturels. C’est une approche anthropocentrée*, puisque les services écosystémiques
profitent à la société et au bienêtre humain. « Sans partie prenante humaine, il n’y a pas de services. » Les services écosystémiques rendent la vie humaine possible, par exemple en fournissant des aliments nutritifs, et de l’eau potable, en régulant les maladies et le climat, en contribuant à la pollinisation des cultures et à la formation des sols, et en fournissant des avantages récréatifs, culturels et spirituels. On distingue donc trois types de services écosystémiques : régulation, approvisionnement et culturels4.
* Lexique page 100-101 4. http://www.millenniumassessment. org/fr/History.html, Historique de l’Evaluation pour le millénaire, Evaluation des Ecosystèmes pour le millénaire, consultable sur http://www. millenniumassessment.org/en/index. html, date de mise en ligne 2005.
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Camiers
Le Touquet-Paris-Plage
Étaples
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2km
Montreuil-sur-Mer
Les Services Écosystémiques, une nature anthropisée. Carte élaborée collectivement et reprise par l’auteur.
Des services supports d’enjeux Les services écosystémiques sont autant de leviers de projets aussi divers que variés. Dans le cas de la baie de Canche, les services écosystémiques, au nombre de 49, ont permis de couvrir le territoire et de définir l’ensemble des services rendus par la baie. Après avoir effectué des réunions avec les acteurs locaux, une série d’enjeux issus des services écosystémiques ont pu être mis en lumière. Ils sont donc à l’origine de l’élaboration du schéma directeur de la vallée de la Canche. Ce master-plan donne alors une vision à moyen terme de la vallée de Canche, une vallée viable, agréable et résiliente ; une vallée de la Canche qui sait accepter le tourisme, le réinvente et qui devient un havre de paix pour la biodiversité. Le schéma directeur se base donc sur quatre grandes valeurs du territoire : l’eau, la dune protectrice, la fertilité des sols et les infrastructures vertes. Ces quatre valeurs permettent d’adopter des postures en lien avec les actions que l’on
peut mener sur le territoire. Ainsi, penser «amont/ aval» nous permet d’agir à l’échelle du bassin versant ; en raisonnant à l’échelle territoriale, nous pouvons réfléchir à la décentralisation des décisions, la solidarité des territoires mais aussi à leurs complémentarités, leurs connexions et au fait qu’ils doivent porter et promouvoir une image commune de l’estuaire et plus largement de la vallée ; développer une économie sociale et de proximité donne la possibilité de penser les circuits courts et le local tout en intégrant la question des déplacements alternatifs et doux. Toutes ses postures prennent en compte la saisonnalité de l’estuaire afin de ne pas avoir un territoire vide en basse saison et au contraire une hyper fréquentation en haute saison. C’est donc donner de la profondeur à territoire de la vallée de la Canche, donner de l’importance à l’arrière-pays et aux plateaux et surtout dépressuriser le littoral, afin de retrouver une image forte, attractive et emblématique de l’estuaire de la Canche.
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Camiers
Le Touquet-Paris-Plage
0
2km
Étaples
Schéma directeur de la Vallée de Canche. Carte réfléchie collectivement et dessinée par l’auteur.
0 Schéma d’intention, 2100 Mouvance estuarienne Carte dessinée par l’auteur.
2km
Une stratégie globale Dans le cas de l’estuaire, les services supports d’enjeux sont principalement liés à l’eau, sa gestion, à l’ingénierie qui perturbent les dynamiques naturelles et activités relatives au milieu marin. Les loisirs sont quant à eux pris en compte car ils font partie intégrante de l’estuaire et plus largement du littoral. Nous pouvons ainsi citer à titre d’exemples : la dune protectrice, le maintien des habitats naturels et de reproduction, la pêche dans l’estuaire, les espèces végétales et animales symboliques, les digues et enrochements ou encore l’éducation à la nature dans le territoire.
forces naturelles s’exprimer librement. La stratégie de l’estuaire résilient va permettre au projet d’enclencher le retour des dynamiques naturelles des milieux qui permettent à l’homme de jouir des paysages tout en les respectant. Des milieux sont redonnés à la baie, au littoral ; les dynamiques sont amorcées dans le but de mettre l’homme à l’abri du risque. Ce schéma n’est pas qu’un simple caprice de projeteur, il se veut être en harmonie avec les forces naturelles, travailler avec elles et non contre elles. L’homme se doit donc d’être modeste dans un milieu aussi complexe que l’estuaire. Un travail en toute modestie, observant les dynamiques à l’œuvre afin d’aider au mieux l’estuaire à évoluer et poursuivre sa mouvance : un travail d’écologie festive5.
Une stratégie mettant en œuvre tous les moyens pour que l’estuaire soit résilient est pensée. C’est un nouveau schéma qui se met en place, un schéma qui efface toutes interventions humaines perturbant la dynamique naturelle de l’estuaire et du trait de côte. Ainsi, l’ensemble des digues et enrochements est démantelés pour laisser les
5. Ecologie festive, Alfred Peter
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Un nouveau paysage de l’eau Protéger les milieux côtiers
Réfléchir à une protection du littoral peut souvent faire penser que l’on ajoute une couche supplémentaire dans le mille-feuille réglementaire. Bien au contraire, c’est une opportunité de valoriser le paysage, la faune et la flore, les renforcer et de faire tendre le milieu vers un réservoir de biodiversité. Ces milieux jouent un rôle régulateur dans l’absorption du « carbone bleu6 », carbone provenant de la mer. De plus, ces milieux côtiers sont trop souvent malmenés par l’Homme. Ici ce n’est pas une mise sous cloche intégrale que nous proposons : l’idée serait de rendre à la nature ces espaces tampons qui jouent naturellement un
rôle protecteur et de réservoir à biodiversité. C’est aussi le moyen de lutter contre les menaces anthropiques telles la pêche industrielle de la coque. Ainsi, l’estuaire retrouve un état naturel préservé qui devient un réel élément fédérateur de territoire.
6. HAWKEN Paul, Drawdown : comment inverser le cours du réchauffement planétaire, chapitre Affectation des terres, milieux côtiers humides, Éditions Actes Sud Domaine du possible, 2018, 568p.
87 Marais arrière littoral Réserve Naturelle de la Baie de Canche, Camiers Photographie personnelle.
Les épis traditionnels
Les casiers plantés
La ganivelle
Les épis éphémères Réiventons l’épi, Blocs diagrammes personnels
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Retrouver la dune protectrice. Travailler avec la nature et non lutter contre elle, voici la nouvelle méthodologie à employer pour l’estuaire. En donnant un coup de pouce à la dune, le but est de réenclencher la dynamique d’accrétion dunaire et sa progradation*. La dune protège naturellement le littoral des agressions climatiques. Ainsi, la dune retrouve son caractère protecteur et naturellement protège les activités et les hommes situés en arrière de la dune. Pour cela, la méthode de l’épi est réinventée : plusieurs solutions sont associées à un travail de la palette végétale du milieu dunaire pour permettre à la dune de reconstituer et de s’engraisser. Carex arenaria, Euphorbia paralias, Ammophila arenaria ou Lycium barbarum seront d’excellents auxiliaires à la fixation de la dune. Cette gestion souple du trait de côte s’insère dans la continuité des travaux du Conservatoire du Littoral et sa méthode Adapto.
* Lexique pages 100-101
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Accepter l’entrée de la mer, Bloc diagramme personnel
Accepter l’incursion marine L’élévation du niveau de la mer doit être prise en compte et devenir une opportunité plus qu’une menace. La résilience du territoire de l’estuaire de la Canche doit être un moteur de projet pour les prochaines décennies, une résilience naturelle des milieux qui vont accepter la submersion. Cela passe par l’entrée naturelle de l’eau salée dans les zones les plus basses suite à l’érosion prolongée de la dune ou par la dépoldérisation. Laisser
entrer l’eau sur le littoral permet de réduire les risques en amont de la vallée mais aussi permet de restaurer de nombreux milieux tels que les marais arrière littoraux. Penser le risque de la submersion comme une opportunité donne à l’Homme les moyens de s’adapter, réinventer ses modes d’occupations du territoire et de « réparer » les différentes erreurs qu’il aurait pu faire en ignorant les dynamiques naturelles du littoral.
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Sensibiliser
La sensibilisation du grand public ne doit pas être ignorée. Trop souvent, les personnes ne comprennent pas ou ne connaissent pas les interdictions qui peuvent être mises en place afin de protéger les milieux. L’ignorance est la plus grande faiblesse dans la prise en compte des dynamiques littorales. Apprendre, sensibiliser, éduquer le public est une des clés d’une meilleure prise en compte des problématiques actuelles mais surtout d’un plus grand respect des milieux. Les relais doivent être suffisamment importants pour qu’un quadrillage maximal du territoire soit réalisé. Ce maillage du territoire passe par les points relais tels que des maisons de réserve, des panneaux d’informations, du balisage et avant tout une vulgarisation de l’information. La sensibilisation ne peut se faire en un seul jour, c’est sur du long terme qu’il faut penser ce genre d’actions.
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92 Schéma Attractivité, 2100 Mouvance estuarienne Carte dessinée par l’auteur.
0
2km
Attractivité Un territoire attractif est un territoire vivant. Il faut toutefois veiller à ne pas en faire un parc d’attraction, ce qui à coup sûr le dé-servirait. L’estuaire de la Canche, mais avant tout le littoral doit être dépressurisé. L’hyper fréquentation nuit aux milieux côtiers. Il faut donc trouver un équilibre littoral/arrière-pays afin de redynamiser l’ensemble de la vallée. Concernant le littoral, l’activité doit être repenser et devenir une activité respectueuse des milieux. Cette activité profite des milieux naturels dans lesquels elle s’insère. Le camping doit se réinventer, amorcer le camping écoresponsable. Cela est valable pour les activités nautiques ou les sentiers de découverte. L’ensemble des mesures de protections participent de concert à l’attractivité de la baie de Canche ; un estuaire résilient qui met à l’abri les activités et surtout de proposer un cadre unique de récréation.
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Références
Réserve Naturelle Régionale du Grand Voyeux (77), Sentier d’observation, Territoires.
Réserve Naturelle Régionale du Grand V Territoires, Charles-Henri Tachon archi
Les bains de Kastrup, Copenhague, White arkitektur.
Room for the River, Nijmegen, Pays-Bas H+N+S Landscape architects.
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Voyeux (77), Maison de la Réserve, itecture&paysage.
Bunker 599, RAAF et Atelier Lyon.
s
‘Living with the bay’, Nassau County (New-York), H+N+S Landscape architects.
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Conclusion Mouvement, évolution, le paysage du littoral est en perpétuelle transformation. Il cristallise les nombreux enjeux du XXIème siècle en matière de dérèglement climatique et de submersion. En premier lieu lors des évènements climatiques, par sa nature protectrice, il peut nous mettre à l’abri de catastrophes. En revanche, s’il est malmené, il perd son rôle protecteur et c’est à ce moment que l’Homme prend conscience des erreurs qu’il a commise.
modification du trait de côte. Le littoral oscille naturellement entre progradation et régression, mais en urbanisant la côte, les effets liés à l’érosion littorale ont des conséquences catastrophiques. Cela conduit inévitablement l’Homme à réagir et sortir « l’artillerie lourde » pour se protéger des évènements à venir. C’est à grands renforts de digues et autres enrochements qu’ils s’abritent derrière, tout en pensant être totalement épargnés.
Le trait de côte et les paysages littoraux sont face à la pression urbanistique des stations balnéaires qui souhaitent coûte que coûte construire au plus près de la mer. Ces stations ne tiennent que très rarement compte des dynamiques naturelles régissant le littoral. Par conséquent, les stations traversent littéralement les dunes sans se soucier des conséquences d’une telle
Il est donc temps de « requestionner » la gestion du trait de côte et l’urbanisation littorale pour qu’enfin l’Homme cesse sa lutte contre les éléments naturels. La résilience du territoire et plus précisément de l’estuaire de la Canche est l’enjeu principal du site. L’homme doit abandonner son statut de maître pour laisser à nouveau la nature opérer dans l’estuaire. C’est en travaillant
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avec les éléments naturels et en les comprenant qu’il est envisageable de se projeter sur le littoral de la Canche. Travailler avec la nature et non contre ses dynamiques permettrait de restaurer les milieux, les développer et de faire de l’estuaire un sanctuaire de la biodiversité ; un estuaire qui saurait faire face aux dérèglements climatiques et mettrait l’Homme et ses activités à l’abri de tous dangers.
nature dicte ses règles et nous composons avec. Cette nature qui nous offre tant de services au quotidien se doit d’être préservée pour continuer à nous procurer tous ses bienfaits. Le projet de paysage proposé ici vient donner un coup de pouce à l’estuaire pour réenclencher à nouveau les dynamiques contrariées et ainsi restaurer les milieux et leurs fonctions protectrices. L’Homme pourra donc dans les décennies à venir profiter des paysages littoraux et du cadre qu’il va apporter aux activités.
Ce projet de paysage n’est pas une simple lubie de projeteur, il s’inscrit dans une étude et une compréhension du milieu estuarien et tente de composer avec les dynamiques naturelles. Le paysagiste, mais plus généralement les personnes habitant et gérant l’estuaire doivent s’adapter à la nature changeante et réinventer les formes d’occupations du territoire. Ainsi, les aménagements lourds sont proscrits, la
L’estuaire de la Canche et le trait de côte formeront un ensemble dynamique, résilient, protégé dans lequel l’Homme pourra jouir de tous les avantages offerts par la nature. Mais avant toute chose, nous nous devons de retrouver notre place et être humble face à Mère-Nature.
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Remerciements De nombreux mercis, À Yves Hubert et Bertrand Le Boudec pour ce deuxième atelier plein de bonne humeur, vos conseils, votre aide et votre suivi qui m’a conduit jusqu’au diplôme. Aux acteurs de l’estuaire de la Canche pour leurs participations à nos ateliers, leurs regards sur le territoire ainsi que le partage de leurs connaissances. À Johan, pour ton accompagnement sans failles, ton aide, tes conseils et ta présence. À mes amis, pour ces trois années passées à l’école, pleines de souvenirs, à se soutenir en toutes circonstances. À mes parents, mon frère pour votre amour et soutien ; à vous Mémère et Mamie, qui de là où vous êtes, pouvez voir que je continue d’entretenir la passion que vous m’avez transmise.
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Lexique Accrétion : Progression de la ligne de rivage par accumulation de sédiments. Anthopocène : Terme relatif à la chronologie de la géologie proposé pour caractériser l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème. Anthropocentrée : Vision qui place l’Homme au centre de tout. Chenal : Passage resserré entre des écueils, des hauts fonds, des terres et donnant accès à un port ou permettant la navigation près des côtes. C’est aussi la partie la lus profonde de la rivière. Contre-poulier : Sur les côtes de la Manche, banc de sable à l’intérieur d’un estuaire et formant un cordon qui peut gêner la navigation. Cordon dunaire : Forme littorale constituée d’une accumulation de sable, parallèle à la côte. Digue submersible : Longue construction destinée à faire obstacle aux eaux, soit pour protéger les côtes de l’érosion marine et les terrains bas de l’envahissement par la mer, soit pour régulariser un cours d’eau et protéger ses rives, mais qui accepte que l’eau la recouvre. Épi : Ouvrage hydraulique rigide construit au bord de l’océan ou sur une berge de rivière pour freiner les courants d’eau et limiter les mouvements de sédiments. Érosion : Entraînement de particules de terre, de sable par l’eau ou par le vent. Estran : Zone comprise entre les plus hautes et les plus basses mers connues. Flot : Courant généré par la marée montante. Halophile : Organisme vivant tolérant ou exigeant une forte concentration en sel, souvent rencontré en haut de plage ou sur les prés-salés. Intertidale : Se dit de l’espace côtier compris entre les limites extrêmes atteintes par la marée. Jusant : Marée descendante. Laisse de mer : Dépôt d’algues et de matériaux organiques divers abandonnées par la mer à marée haute ou après tempête.
Limicole : Famille d’oiseaux qui vivent aux abords des plages et des marais. Poulier : Sur les côtes de la Manche, banc de sable à l’entrée d’un estuaire et formant un cordon littoral qui peut gêner la navigation. Progradation : Progression du trait de côte vers la mer par accrétion de sédiments. Mollière : Forme anthropisée du schorre. Musoir : Sur les côtes du nord de la France, partie d’une baie en face de laquelle s’édifie un poulier. C’est une zone d’érosion. Polder : Terre gagnée sur la mer. Poldériser : Action d’endiguer et d’assécher des marais littoraux ou des zones basses gagnées sur la mer afin d’étendre les terres cultivables. Renclôture : Endiguements par lesquels on annexe à la terre des portions de marais marins littoraux. Résilient : Capacité d’un milieu à résister à des agressions ou à retrouver son intégrité. Saumâtre : Qualifiant l’eau d’une lagune, d’un estuaire, d’une mer fermée, qui est composé d’un mélange d’eau douce et d’eau de mer, et présente un degré de salinité intermédiaire. Sédimentation : Processus selon lequel des particules se déposent sous forme de sédiments et éventuellement se consolident pour former une roche sédimentaire. Shorre : Partie supérieure d’un marais maritime, submergé exclusivement par pleine mer de vive-eau et constitué de vasières colonisées par une végétation exigeant une forte concentration en sel. Synonyme : Herbus, pré-salé. Slikke : Partie inférieure d’un marais maritime, inondée à marée haute et constituée de vasière nues découvertes à marée basse. Trait de côte : Ligne d’intersection de la surface topographique avec le niveau des plus hautes mers astronomiques. Limite entre la mer et la terre Sources : dictionnaire Larousse, Centre Nationale des Ressources Textuelles et Lexicales, Encyclopédie Universalis.
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Bibliographie Ouvrages ACQUAVIVA Raphaële, MONTHIERS Louise, SOUILLARD Agnès, Atelier Pédagogique Régional, Les paysages de la baie d’Authie, un terrain d’entente pour projeter un nouveau rapport terre-mer, 2016, 221p. BÉTHOUART Bruno, Histoire de Montreuil-sur-Mer, Étaples, Le TouquetParis-Plage : du val de canche à la Côte d’Opale, Éditions Privat, 2006, 255p. CARNET DU PAYSAGE N°35 Îles en projet, Éditions Actes Sud/École Nationale supérieure de Paysage, 2019, 236p. DUVAT Virginie, BATTIAU-QUENEY Yvonne, CLUS-AUBY Christine, PRAT Marie-Claire, Rolland PASKOFF et les littoraux : regards de chercheurs, Éditions de l’Harmattan, Collection Milieux Naturels et société Approches géographiques, 2010, 361p. GALLIAU Clémence, PERREAU Charline, Atelier Pédagogique Régional, Baie de Wissant, 2018, 191p. HAWKEN Paul, Drawdown : comment inverser le cours du réchauffement planétaire, chapitre Affectation des terres, milieux côtiers humides, Éditions Actes Sud Domaine du possible, 2018, 568p. LABEYRIE Laurent, Submersion, comment gérer la montée du niveau des mers, Éditions Odile Jacob Sciences, 2015, 164p. LE COADOU Mathilde, Historique de la gestion du trait de côte dans l’estuaire de la Canche, et gestion du risque d’inondation dans la basse vallée de la Canche, Mémoire de master, 2011, 96p. PICORIT Johan, Quand la menace devient une opportunité, l’île de Noirmoutier mutation d’un paysage de l’eau, Mémoire de Diplôme de PFE, 2018, 157p.
Documents divers CONTRAT BAIE DE CANCHE, Dossier préalable au contrat de la baie de Canche, 211p. BATTIAU-QUENEY Yvonne, Les plages de la Côte d’Opale : maîtriser la nature ou agir avec elle ? Université des sciences et techniques de Lille 1, 2014, 28p. BAUSIR Estelle, CLERC François, FRANCK Jean-François, Direction Régionale
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de l’Environnement NORD-PAS-DE-CALAIS, Synthèse bibliographique s’inscrivant dans le projet de caractérisation des aléas naturels côtiers en intégrant les conséquences du changement climatique, 2007, 161p. CONSERVATOIRE DU LITTORAL, Adapto, vers une gestion souple du trait de côte, Rochefort, 2018, 4p. CONSERVATOIRE Rochefort, 30p.
DU
LITTORAL,
Stratégie
d’intervention
2015-2050,
EUCC-France, Atelier de terrain en baie de Canche, pour une gestion intégrée et un développement durable de l’estuaire, 2010, 74p. MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’ÉNERGIE ET DE LA MER, Stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte, programme d’action 2017-2019, Paris, 28p.
Sites internet http://www.hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr/?-Atlas-despaysages-du-Nord-Pas-de-Calais-, Atlas des Paysages du Nord-Pas-de-Calais, Direction Régionale Environnement Aménagement et Logement Hauts-deFrance, consultable sur http://www.hauts-de-france.developpement-durable. gouv.fr/, date mise en ligne inconnue. https://www.brgm.fr/activites/eau/brgm-geosciences-mobilisees-eau, Géologie, Projets, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, consultables sur https:// www.brgm.fr/, date de mise en ligne inconnue. http://www.millenniumassessment.org/fr/History.html, Historique de l’Evaluation pour le millénaire, Evaluation des Ecosystèmes pour le millénaire, consultable sur http://www.millenniumassessment.org/en/index.html, date de mise en ligne 2005. https://data.shom.fr/donnees, Données sur le littoral français, consultable sur https://data.shom.fr, date de mise en ligne inconnue. http://data.ifremer.fr/, Données sur le littoral français, Portail des données marines Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, consultable sur http://data.ifremer.fr/, date de mise en ligne inconnue.
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