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EN QUÊTE D’ESPACE
Histoires d’entrepreneurs du secteur spatial
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Inaugurée en 2002 par Catherine Trautmann, l’International Space University (ISU) d’Illkirch-Graffenstaden, a pour mission de former les futurs acteurs de la conquête spatiale. Cette université tournée vers les étoiles, abrite depuis peu un incubateur inclus dans le réseau QUEST FOR CHANGE, l’opportunité pour les start-up locales de prendre part au voyage. Juan de Dalmau, président de l’ISU, se réjouit de la fusion de la connaissance et de l’entrepreneuriat. Quand l’ensemble est plus que la somme des parties.
DR
Aurélien Montinari
Or Norme. Le campus de l’ISU incorpore un incubateur. En quoi cet emplacement peut-il être stratégique pour les start-up ?
L’incubateur est un dispositif récent à l’ISU. C’était, à la base, une initiative des collectivités territoriales il y a maintenant trois ans, et qui a abouti à une inauguration formelle en septembre 2018, pour une installation des premières entreprises en 2019. L’objectif est de joindre les atouts qui existent sur place avec les nouvelles tendances de l’économie du spatial. Nous aimons dire que 1+1, ça peut faire plus que 2 ! L’existant, c’est la présence sur la région d’un tissu extrêmement développé de recherches et de technologies dans de nombreux domaines : le secteur médical, industriel, informatique, numérique... Notre incubateur combine la culture de la recherche et celle de l’entrepreneuriat. De plus, cette région, de par son empreinte européenne, demeure un endroit attractif pour les entrepreneurs. Notre autre atout c’est bien évidemment l’enseignement du spatial depuis 1995. La philosophie de l’ISU spatial qui devient d’ailleurs de plus en plus privé... Les entreprises qui s’installent dans l’incubateur trouvent ici tous les ingrédients du savoir-faire scientifique et technologique, mais aussi une vraie qualité de vie, ainsi que les connaissances d’experts qui viennent régulièrement. se base sur une équipe réduite de professeurs permanents, résidant ici, et un réseau mondial d’experts qui sont invités à intervenir pour le Master ou l’école d’été. Cela fait venir des spécialistes du monde entier à Strasbourg ! L’université et son incubateur ont une approche très interdisciplinaire.
Il y a les matières classiques, spatiales, comme les sciences physiques, l’ingénierie, les satellites, etc., mais la philosophie de l’ISU telle qu’elle a été conçue par ses fondateurs, est fondamentalement interdisciplinaire. Pour préparer cette 63 génération de responsables spatiaux qui devront construire un monde meilleur et pacifique, les fondateurs ont voulu que tous ces gens-là découvrent des disciplines qui ne sont pas les leurs, pour rendre ces personnes plus ouvertes à la collaboration et à la compréhension des autres. Il y a par exemple des cours sur le droit de l’espace, la politique du spatial, l’éthique... On peut également se former à l’économie de l’espace, l’investissement
Juan de Dalmau
Or Norme. Comment l’incubateur de l’ISU s’inscrit dans le paysage des incubateurs de la région Grand Est ?
Avec SEMIA, nous avons un accord qui a été signé en mai dernier, qui permet d’accueillir des entrepreneurs qui s’intéressent à l’implantation dans le Grand Est. Nous sommes en capacité d’offrir donc également le savoir-faire de SEMIA avec leur panel de services. Quand des entrepreneurs se présentent à nous, nous pouvons consulter SEMIA et évaluer ensemble l’état d’avancement du projet d’entreprise et voir s’il faut d’abord leur offrir 2/3 mois de pré-incubation pour les aider à maturer leur idée d’entreprise ou s’ils peuvent directement postuler à une incubation individuelle chez SEMIA. On se concerte et cela apporte beaucoup de valeur au projet.
www.isunet.edu
LEANSPACE Cette start-up s’est lancée comme une fusée
Guillaume vient du monde de l’ingénierie logicielle. En 2010, il tente sa chance dans le spatial, ça le fait rêver. Bonne surprise, il est accepté à l’ISU (International Space University) qui se trouve à Illkirch. Ce moment est un tournant dans sa vie. Il travaille ensuite avec la NASA, l’Agence Spatiale Européenne, Thales et Airbus, entre autres.
Après les États-Unis, la France et sept ans passés en Allemagne, il revient début 2020 à Strasbourg pour créer son entreprise, version « New Space ». Quinze personnes sont employées à temps plein dans son entreprise tout juste créée. Depuis début 2020, plus d’un million d’euros ont déjà été levés pour le projet. La start-up de Guillaume se lance comme une fusée. L’équipe est internationale, le seul français c’est lui. Les autres sont espagnols, canadiens ou indiens. Il faut une compétence mondiale pour s’attaquer à un marché international. « Quand on a décidé de quitter notre job extrêmement confortable au sein d’un grand groupe, on a voulu sortir du modèle établi, repartir de zéro, constituer une nouvelle équipe pour essayer de proposer des réponses à certains problèmes que nous observions depuis des années ».
Leanspace surfe sur le « New Space » , mouvement mis en marche par Elon Musk et SpaceX. Guillaume en parle comme « le monde des start-up appliqué au spatial, rejoint par des milliers d’entreprises privées ». C’est aussi « une mentalité d’agilité » pour créer un accès moins cher et public au spatial. Avec leur solution innovante qui permet aux acteurs de rationaliser leurs missions spatiales grâce au numérique, Guillaume et son équipe ambitionnent d’avoir un gros impact sur toute la filière. Mais chut, vous n’en saurez pas beaucoup plus sur leur solution, elle doit rester top secret pour le moment.
Pour Guillaume, agir sur la transformation numérique de la filière c’est « permettre au spatial de jouer davantage son rôle fondamental pour notre société. Le spatial fournit déjà de la donnée utilisée pour se déplacer avec Google Maps, pour faire de l’agriculture de précision, pour fournir des réseaux de communication, pour surveiller et optimiser les flux de transports maritimes, et biens d’autres usages. Peu de gens en ont conscience. Plus de la moitié des variables ciblées pour suivre le réchauffement climatique ne peuvent être suivies que depuis
Guillaume Tanier
l’espace ! Le spatial a un rôle à jouer pour s’occuper de notre planète. »
Et si un tissu économique dédié se développait et participait à la renommée de notre territoire ? C’est l’un des rêves de Guillaume. L’ISU est « une mine d’or, un leader mondial dans l’éducation spatiale, des talents viennent du monde entier et repartent parce qu’il n’y a pas d’industrie, pas d’emplois ici ». Avec le soutien des acteurs du territoire et LEANSPACE, on n’a pas l’impression que ça serait demander la lune.
www.leanspace.io