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Le Ring

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Maison les Muses

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LE RING

LE VÉLO EN SON ROYAUME…

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Dès qu’on parle vélo, elle est dans son élément, elle qu’on a, à vrai dire, toujours connue se déplaçant à grands coups de pédales, et ce bien avant son élection au sein de l’équipe municipale qui préside actuellement au devenir de Strasbourg. Rencontre avec Sophie Dupressoir, Conseillère municipale de la Ville de Strasbourg déléguée à la ville marchable et cyclable, qui évoque avec enthousiasme ce grand projet du Ring qui devrait redonner un nouvel élan décisif à la petite reine dans la capitale européenne…

Dans quelle philosophie générale s’inscrit le projet « La Ville à Vivre » que vous évoquez dans toutes les réunions publiques auxquelles vous participez ?

Il est assurément à considérer dans la problématique générale des mobilités. L’équipe municipale s’est engagée à répondre aux enjeux de l’urgence climatique et sociale dans laquelle nous sommes, c’est à dire, notamment, de rendre accessible la ville pour tous. Nous sommes aujourd’hui à un tournant, il nous faut affronter les problèmes liés à la pollution, aux difficultés de se déplacer et au partage de l’espace public. Strasbourg a été une ville façonnée pendant plus de trente ans par la voiture, comme toutes les grandes villes de France, puis le tram est arrivé au début des années 90 et a permis une reconquête d’une grande partie de l’espace public au bénéfice des piétons et des cyclistes, mais il est évident que la part modale du vélo stagne depuis des années surtout en première et deuxième couronne où il y a encore énormément de déplacements en voiture. Cette voiture occupe encore sur l’espace public une part supérieure à l’usage qu’en font les gens : on a encore des grands boulevards, on a toujours la voiture qui pénètre

« ON S’APPRÊTE DONC À FRANCHIR UN NOUVEAU CAP EN MATIÈRE DE PARTAGE DE L’ESPACE PUBLIC. »

dans une partie de la Grande Ile. On s’apprête donc à franchir un nouveau cap en matière de partage de l’espace public : on va élargir les trottoirs et les végétaliser, tracer des pistes cyclables nouvelles…

Vous évoquez principalement là le projet du Ring cycliste…

Oui, bien sûr. Le Ring s’est bâti sur le constat que le plateau piétonnier de la Grande Ile, qui est un des plus grands de France, a certes fait de la place aux cyclistes, mais au détriment des piétons. C’est assez flagrant : on a quelquefois mis les pistes cyclables sur les trottoirs, on a créé à la fin du dernier mandat les zones de rencontre avec l’objectif de donner une place confortable à chacun, mais on se rend bien compte que ça ne marche pas. La réalité concrète est simple et évidente : les conflits entre piétons et cyclistes se multiplient. On a donc commencé par ce que l’on appelle des aménagements tactiques temporaires, par exemple sur le quai de Paris où un trottoir a été réservé aux cyclistes, ou encore quelques vélosrues qui ont été tracées.

Dès l’été prochain, la première phase des travaux du Ring va débuter avec le déplacement des parcours de bus de la

Sophie Dupressoir, conseillère municipale.

À gauche : Rue des Glacières, existant À droite : Rue des Glacières, projet

CTS vers les quais extérieurs. L’espace libéré sur les quais intérieurs va ainsi accueillir cette piste cyclable bidirectionnelle de 4 m de largeur qui constituera le Ring cyclable. Les flux piétons et cyclistes y seront donc totalement séparés. Partout là où on le pourra, il y aura de la végétalisation. Ce serait trop long à détailler ici, mais à certains endroits, je pense par exemple au quai Turckheim, on va améliorer considérablement l’univers des cyclistes et des piétons, on va même embellir la ville, je crois…

À terme, hormis les riverains bien sûr ainsi que les indispensables livreurs, la place de la voiture aura considérablement diminué dans l’ellipse insulaire. Concernant plus particulièrement les cyclistes, la philosophie du Ring est très simple : il s’agit d’éviter au maximum la traversée en tout ou partie du plateau piétonnier. Une fois le Ring construit, le cycliste l’empruntera pour ne le quitter ensuite qu’au plus près de l’endroit dans lequel il compte se rendre dans l’hypercentre. Évidemment, nous jalonnerons le Ring par la création des arceaux à vélos nécessaires.

Enfin, je voudrais aussi souligner les aménagements considérables au bénéfice des piétons qui bénéficieront de ce que l’on appelle la Magistrale piétonne qui serpentera le long du Ring, sur les espaces qui seront libérés par rapport à l’existant. On ne le souligne pas assez, mais je le répète ici : la priorité de mon mandat c’est la marche, la grande oubliée des mandats précédents. » a

« À TERME, HORMIS LES RIVERAINS BIEN SÛR AINSI QUE LES INDISPENSABLES LIVREURS, LA PLACE DE LA VOITURE AURA CONSIDÉRABLEMENT DIMINUÉ DANS L’ELLIPSE INSULAIRE. »

CYCLISTES / PIÉTONS : ENFIN UNE COHABITATION PACIFIÉE ?

À terme, ce projet de Ring décrit ici par Sophie Dupressoir porte l’espoir de voir enfin pacifiées les relations plus que conflictuelles (ça ne date pas d’hier…) entre les piétons et les cyclistes dans l’hypercentre de Strasbourg. On ne compte plus les incidents et les accidents dans ce domaine. À vrai dire, on ne comprend même pas pourquoi la Grand-Rue, hyperfréquentée par les piétons en permanence, mais encore plus les jours d’affluence, ne bénéficie pas encore de la réglementation obligeant les cyclistes à marcher vélo à la main comme on le voit rue d’Austerlitz, par exemple. Cela suppose bien sûr des contrôles réguliers par la Police municipale et bien sûr, des amendes à la clé. Pour l’heure, Sophie Dupressoir insiste sur la partie information et communication, mais elle n’élude pas le versant sanction : « On a déjà intensifié les contrôles et la verbalisation » dit-elle, « grâce à de grands contrôles ponctuels très médiatisés pour faire connaître la volonté de sanction, mais on est freiné par le montant des amendes qui, officiellement, ne fait pas la distinction entre un piéton et un conducteur de poids lourd, par exemple. On a connu entre 2012 et 2016 un système d’amende minorée pour les cyclistes, autour de 40 €. Malheureusement, à la demande du Procureur, cette expérimentation a cessé. Nous demandons à ce qu’elle soit remise en place, ça permettrait de verbaliser beaucoup plus et ce serait pour le coup très pédagogique que de pénaliser de 135 € aujourd’hui un étudiant en vélo. On doit en être au troisième ou quatrième courrier envoyé dans ce sens par la maire de Strasbourg et on n’a pas eu la moindre réponse à ce jour… » conclut la conseillère municipale.

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