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Design et IA
by Or Norme
a CULTURE
Véronique Leblanc DR
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DESIGN ET IA
LE PROJET CAMONDO MET LE DESIGN AU DÉFI DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Projet d’étudiant avec une IA.
Ouverte au design depuis 2019, ST-ART entame cette année une collaboration inédite avec l’École Camondo qui présentera les travaux issus d’un Workshop d’étudiants mené en septembre dernier.
Le thème du workshop était l’explosion du Machine learning dans nos métiers » précise Étienne Mineur designer, éditeur et enseignant.
Avec une question : comment se positionner et appréhender ces nouveaux outils de l’Intelligence Artificielle (IA) ?
Neuf groupes de trois étudiants ont donc consacré sept jours pleins à explorer ces terres inconnues où une image peut naître non pas d’un coup de crayon, mais d’un brassage de données réquisitionnées par un texte écrit appelé le « prompt ».
Certains ont travaillé à partir du dernier numéro de Vogue France et sont parvenus
Alexandre Flyneon, fluorescent 22
à en reproduire les photos à partir d’un simple descriptif. D’autres ont demandé à l’IA de proposer des extensions à des bâtiments d’architectes « très connus ».
D’autres encore ont exploré des pistes plus débridées : l’invention d’une nouvelle espèce d’insecte fantastique et fluorescent, un jeu de cartes des sept familles de designers conçu à partir d’objets générés par l’IA « dans le style de », une exposition de photos d’Henri Cartier Bresson jamais prises par l’artiste, mais faisant illusion… de loin, un livre pour enfants dont images et textes sont nés de l’IA, deux scenarii de science-fiction dont les mots-clés ont servi de « prompt » pour la génération d’images, du mobilier et des lampes composés de fruits et légumes à la manière d’Arcimboldo, un compte instagram résumant la vie artificielle d’une personne totalement fictive.
AGILITÉ LANGAGIÈRE VERSUS AGILITÉ DU GESTE
« Le but du Workshop était de jouer avec ces nouveaux outils que doivent ou devront gérer nos étudiants, poursuit Étienne Mineur. Ils en ont découvert les “biais” – “montre-moi une femme très belle” fait systématiquement apparaître une femme ressemblant à Cindy Crawford par exemple – mais ils ont aussi pu comparer les rendus des différentes IA et – dans le cas de l’exercice sur Vogue – appris à affiner leur vocabulaire et mieux structurer leurs textes afin de produire des images ressemblant au plus près à celles du magazine. »
Vertigineux, ce nouveau monde des possibles où l’agilité langagière prime sur l’agilité du geste inquiète-t-il les étudiants de l’École Camondo ?
« Les designers ne se sentent pas en danger », répond leur professeur. « Ils perçoivent que ce n’est que du “bluff”, de jolies images, mais qui manquent de “sens” ».
« Il s’agira sans doute pour eux de manier subtilement les références culturelles, de pousser leur imaginaire aussi loin que
Projet d’étudiant avec une IA.
possible pour sortir de la normalisation, de préserver leurs productions des tentacules de l’IA (stratégie complexe à mettre en œuvre si l’on veut se faire connaître), de développer une IA personnelle centrée sur sa propre production ou ses références pour ne pas se laisser phagocyter par des millions d’autres références, affirmer sa position d’auteur. Sans oublier de se focaliser sur l’empathie, la politique et l’éthique, espaces que les IA ne peuvent – à ce stade – pas appréhender. »
« De nouvelles formes, de nouvelles manières de travailler et de penser le monde vont émerger de ces outils désormais omniprésents », conclut Étienne Mineur qui affiche « une grande confiance en la capacité des jeunes designers de questionner l’IA », de s’y adapter pour lui trouver de nouveaux usages ou la… contourner. a
LES EXPOS STRASBOURGEOISES
ALICE SURRÉALISTE, L’ART BRUT, CES EXPOS QUI VALENT LE DÉTOUR
Alice à la neige, Roland Topor, 1970
Surréalice
En cet automne 2022, Strasbourg devient pays des merveilles et accueille en deux lieux – le musée d’art moderne et contemporain ainsi que le musée Tomi Ungerer – Lewis Carroll et sa blonde héroïne Alice.
D
eux musées, deux expositions et un titre : Surréalice qui invite à aller plus loin à la poursuite du lapin blanc.
Conte complexe défiant la logique pas toujours logique au profit du paradoxe, de l’absurde et du bizarre, Alice et son univers se sont imposés auprès des avant-gardes artistiques des années 1930. Louis Aragon lui fit honneur dans la revue Le surréalisme et la révolution marquant ainsi les prémisses d’un héritage où Lewis Carroll rejoindra Rimbaud, Swift, Marx ou Lautréamont dans le panthéon surréaliste.
Le MAMCS en rend compte au fil d’une centaine d’œuvres présentées dans une surprenante scénographie où elles dialoguent avec des spécimens du musée zoologique. Tout aussi étonnant, le préambule de l’exposition a été confié à l’artiste Monster Chtewynd.
Au musée Ungerer, l’exposition Illustr’Alice est consacrée plus spécifiquement à l’illustration d’ouvrages sur le thème d’Alice. Elle explore l’univers du livre pour enfants, mais également les registres plus inattendus de l’illustration d’humour ou de la satire.
Nonsense tous azimuts, mais avec des expressions graphiques très diverses et des aspects spécifiques selon les sensibilités géoculturelles des artistes.
DEUX EXPOS PHOTOS
Mise à l’honneur par ST-ART, la photographie peut aussi être explorée dans deux expositions organisées dans la ville.
L’une se tient à la galerie Stimultania qui propose Cinq histoires de famille révélées par cinq auteures éditées par Filigranes Éditions.
Familles éclatées, recomposées, lieux de l’intime, espaces du secret révélé, champs d’enquête sur le passé, ces récits recomposent un puzzle qui démontre la richesse d’un thème devenu un genre à part entière ces dernières années.
Autre exposition collective, mais à La Chambre, Paysage Présage met en avant la photographie contemporaine ukrainienne au travers d’œuvres sélectionnées par la directrice du Festival Odessa Photo Days dont la 8e édition qui devait se tenir en mai 2022 a dû être annulée plusieurs fois.
Se mêlent dans ces photos prises avant l’agression armée russe, les sentiments d’identité et d’appartenance, la destruction d’un passé soviétique et la préparation inconsciente à un scénario du pire. a
Musée d’Art moderne et contemporain
1 Place Jean Arp www.musees.strasbourg.eu musee-d-art-moderne-et-contemporain
Musée et centre international de l’illustration Tomi Ungerer
2 rue de la Marseillaise www.musees.strasbourg.eu musee-tomi-ungerer
Galerie Stimultania
33, rue Kageneck www.stimultania.org
La Chambre
4 Place d’Austerlitz www.la-chambre.org
(Ci-dessus) Today’s young people, Johann Fischer, collection Antoine Frérot (À droite) Dans les cols désastreux la folie en montre la raison, Anonyme-Léonie
Musée Würth – Erstein
La splendeur de l’Art brut
Avec Art brut. Un dialogue singulier avec la collection Würth, le musée Würth déploie une exposition puissante qui touche à l’intime, tant chez les artistes exposés que chez les visiteurs.
I mpossible de tricher lorsque l’on est confronté à ces œuvres à vif, créées hors circuit, hors carrière, hors références par des artistes qui n’ont souvent pas conscience de l’être, mais qui ne pourraient pas survivre sans l’être.
«Le vrai art est toujours là où on ne l’attend pas », écrivit Jean Dubuffet en 1949 dans le catalogue de l’exposition montée par la «Compagnie de l’art brut» à la galerie parisienne René Drouin…
Défini par ce même Jean Dubuffet en 1945, l’art brut correspondait à l’époque aux créations réalisées par des patients d’hôpitaux psychiatriques et collectionnées par leurs médecins. Il se complexifia par la suite et s’affranchit du champ strict de l’art asilaire, mais resta largement conservé au sein de fonds privés rassemblés par des passionnés.
C’est à l’un de ceux-ci que l’exposition du musée Würth doit d’avoir vu le jour comme le confirme sa directrice MarieFrance Bertrand en évoquant le galeriste strasbourgeois Jean-Pierre Ritsch-Fish.
«Il nous a amenés vers l’art brut, sans sa connaissance fine et intime du sujet nous ne serions pas lancés. C’est lui aussi qui nous a donné accès aux autres collectionneurs privés. Ils étaient neuf. Tous ont accepté et tous sont venus au vernissage ce qui fut très gratifiant pour nous, mais ce qui prouve aussi leur attachement aux œuvres.»
Ouverte par Ira de Baselitz, l’exposition poursuit un dialogue entre artistes de la collection Würth et artistes de l’art brut. En début de parcours par exemple, Emil Nolde côtoie les travaux de Paul Goesch, victime du programme d’extermination des malades mentaux mis en place sous le IIIe Reich et ceux de Théodore Wagemann.
Près de 160 œuvres sont rassemblées, toutes singulières dans leur expression, leurs techniques, leurs supports, leurs matières. Elles créent un monde d’altérité avec lequel on se sent pourtant en résonnance et racontent dans leur accrochage l’histoire de l’art brut depuis sa mise en lumière par Jean Dubuffet.
Avec aussi, à chaque fois, quelques phrases relatant le chemin de vie de ces artistes enfin visibles. «Des gens brisés qui ont presque pu être sauvés par ces œuvres qu’ils ont produites », relève Marie-France Bertrand infiniment «touchée» par ces êtres et par ces créations qu’elle sera heureuse de côtoyer au quotidien jusqu’au 23 mai prochain.
Aucune excuse donc pour ne pas aller voir cette exposition qui se veut « une respiration sur l’art brut », comme l’écrit Jean-Pierre Ritsch-Fish.
« Notre ambition est d’ouvrir des portes pour donner envie d’aller plus loin, poursuit-il, d’inviter à la découverte ».
En se souvenant que dans «art brut», «il y a le mot art, tout simplement». a
P R Ê T À P O R T E R / C H A U S S U R E S / S A C S F E M M E / H O M M E
ULTIMA 3, 4 ET 8 PETITE RUE DE L'EGLISE 67000 STRASBOURG TÉL : 03 88 32 87 69
ULTIMA HOMME 16 RUE DE LA MÉSANGE 67000 STRASBOURG TÉL : 03 88 64 88 67
ULTIMA BIS 34 RUE THOMANN 67000 STRASBOURG TÉL : 03 90 22 19 23
G U C C I • P R A D A • V A L E N T I N O • D I O R • G I V E N C H Y • C E L I N E • C H L O É • B A L E N C I A G A • F E N D I • S A I N T L A U R E N T • S T E L L A M C C A R T N E Y • D O L C E G A B B A N A • I S A B E L M A R A N T • B A R B A R A B U I • I R O • P A T O U • K A R L L A G E R F E L D • M O N C L E R • D S Q U A R E D 2 • S T O N E I S L A N D • M A I S O N K I T S U N É • B L U E S K Y I N N . O F F I C I N E G É N É R A L • B U R B E R R Y • Z I M M E R M A N N • S E R G I O R O S S I • T H E A T T I C O • J I M M Y C H O O • T O D ’ S • H O G A N • S T U A R T W E I T Z M A N • C A S A D E I • G I U S E P P E Z A N O T T I • A S H • C L E R G E R I E • U G G .